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Coeur de Toundra
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Aventure #1 écrite Mer 27 Avr 2016, 00:13
Ma cellule … je l’ai déjà tant vu, tant exploré, et tant fouillée dans tous les sens possible et imaginables que je doute pouvoir un jour mieux reconstituer mentalement une pièce que celle-ci. Bien sûr, c’est également partiellement dû au fait qu’elle soit d’une relative simplicité : presque aucun meuble, une structure l’un dans l’autre particulièrement simple, et … spartiate. Je ne m’en suis jamais vraiment plaint : je ne suis pas sûr qu’un objet normal aurait supporté le passage du temps – et le mien – et je m’en voudrais de venir à regretter quelque chose, après l’avoir détruit … Enfin. Pour le reste, les yeux fermés et roulé en boule sur le dos, c’est un jeu d’enfant de définir ce qu’il y a autour de moi.

En premier lieu, la cellule en elle-même, parfaitement circulaire. Au total, je dois avoir un cercle d’environ … 45 mètres de diamètres ? Quelque chose comme cela. Il convient d’ores et déjà d’oublier toute notion de « plafond » : si j’en ai un, ce dernier est situé si haut que la lumière pâle et fascinante qui s’élève du sol ne parviendra jamais à l’éclairer : tout au plus, à une époque, un point lumineux  était perceptible quelque part dans les hauteurs … mais plus maintenant. Au centre parfait de ce cercle se trouve, planté dans le sol avec toute la grâce et la superbe d’un cheveu tombé dans la soupe, un miroir de glace. Je dirais bien qu’il a … « poussé » tout seul comme une étrange stalagmite à face plate, mais je ne sais pas très bien s’il est relié au sol ou non. Pourquoi ce doute ? tout simplement parce que le sol de ma cellule, dans son intégralité, et comme on peut le voir seulement dans des environnements particulièrement
froids, est en permanence recouvert de légères brumes qui se meuvent, doucement, sans jamais disparaître. Sur un autre cercle, à environ 10 mètres du centre de la cellule, se trouvent – j’ai dit « sur un cercle », mais comme elles sont 4, vu leurs positions elles forment plutôt un carré – 3 colonnes épaisses de pierre taillée, qui s’élèvent à l’infini … Et une quatrième, qui s’élève à plusieurs mètres de hauteur par rapport au sol. A la base, elle était comme ses 3 sœurs (dont l’une va d’ailleurs bientôt connaître le même destin que je n’ai pas encore abordé), mais hélas … à un point situé dans le temps que je ne saurais plus placé avec exactitude, à part « il y a fort fort longtemps », elle s’est brisée. Je ne sais pas s’il reste des débris éparpillés dans les brumes qui couvrent le sol, mais en tous cas, j’ai du coup un promontoire sur lequel je m’amuse à monter, et duquel je m’amuse tout autant à descendre lorsque l’envie m’en prend. Oui, mes passe-temps divers et variés m’aident à garder une santé mentale totalement parfaite … personne ne me croit quand je dis ça. Dans l’absolu, personne ne m’entend quand je dis ça, il faut dire … car il n’y a personne, ici. Il n’y a jamais eu personne, et à l’exceptions de quelques rares minutes, voir heures diluées dans les siècles, il n’y aura jamais personne …

A part moi.

Si au moins j’avais quelque chose pour me répondre lorsque j’ai envie de sortir une bêtise … … Tiens.

Ma voix a changé. Rouvrant les yeux et me redressant, je note tout de suite un certain nombre d’éléments perturbants. Premièrement, je suis sur ma colonne brisée … non, à vrai dire, cela n’a rien de perturbant : j’y suis en quasi permanence, lorsque je ne suis pas sur le sol. Non, en revanche … Je suis « sur le dos » sur ma colonne. Or, étant donné qu’elle n’est, au final, pas forcément assez large pour totalement me soutenir lorsque je me tiens sur le ventre et que je me replie sur moi-même, ce n’est pas quelque chose de particulièrement malin à faire, pour un quadrupède … Là intervient le 2nd point. Je ne suis plus un quadrupède. Levant doucement mes mains devant mes yeux, j’observe leurs doigts délicats. Ma peau pale. Mes ongles parfaitement nets, bien qu’un peu long … Est-ce que je suis humain ? Est-ce que je suis
humaine ? J’ai beau m’observer, je ne vois pas tellement d’autre solution possible … me relevant et m’étirant légèrement, je pousse un peu mon dos pour le faire craquer … avant de me replier vers l’avant. J’avais oublié à quel point les vertèbres, lorsqu’elles soutiennent le corps d’un bipède, peuvent faire du bien à craquer comme ça, depuis le temps … Cependant, un point me turlupine. Ma métamorphose est toujours bloquée … à moins que je n’ai été transformé – involontairement, en plus – non par ma propre magie, mais par une autre, plus ancienne, et probablement plus puissante … Un éclat de rire retentit dans toute la salle. Pour une fois, il n’est en rien l’éclat de tonnerre grave et intimidant que je suis capable de produire, sous ma forme habituelle … « monstrueuse », diraient certains. Savent-ils qu’à mes yeux, ce sont eux, avec leur infâme peau tendre et rose, leurs cheveux parfois « coiffés » et leurs manies de se vêtir de peaux ou de textiles qui pourraient apparaître comme des atrocités ? Ils pourraient … Mais il serait ironique de ma part de dire une telle chose : après tout, ne fais-je pas moi-même partie de leurs quelques créateurs ?

J’observe le sol. Il y a bien 5 mètres jusqu’à ce dernier … Et je n’ai plus de griffes pour m’accrocher dans la pierre de la colonne sur laquelle je me trouve. Mes cheveux, bien que particulièrement long – j’en sens le poids sur l’arrière de mon crâne – ne feraient en aucun cas une corde assez longue pour descendre … et de toute manière, ils seraient plus utiles pour permettre à quelqu’un de monter. Un instant, suis-je en train de railler un ancien conte humain ? J’ai un doute … qu’importe. De toute manière, même si je voulais tenter une escalade classique, je ne pourrais pas le tenter, dans une tenue si peu pratique … Un soupire sort de mes lèvres pulpeuses. Suis-je donc si pathétique, ainsi transformé et vêtu ? Je n’en sais rien … mais le fait que je trouve une hauteur correspondant à bien 2 fois ma taille naturelle comme « dangereuse » me prouve en tous cas que j’ai encore une étrange capacité à ressentir la peur. Ce n’est pourtant pas comme si la mort pouvait venir me prendre, non … ce serait si facile. Puis, soudainement, un sourire éclaire mon visage angélique. Suis-je imbécile … D’un petit bond, je me retrouve au-dessus du vide, et je tombe … Ma tenue, ralentie par l’air autour de moi, remonte doucement, sans me faire l’injure de me couvrir le visage pour autant. Je percute le sol avec une dureté moindre que lorsque je pèse plusieurs centaines de kilos, mais étrangement je l’encaisse plus brutalement … même si, après quelques secondes à rester, secouée, sur le sol, je finis par me redresser et éclater de rire, seule. Le rire ricoche contre les parois, résonne … Ma voix est celle d’une étrangère, que je présume pourtant connaître si bien … Je fais quelques pas vers le miroir de glace. C’est peut-être la première fois que m’observer dedans sert à quelque chose : il est à ma taille, pour une fois … Voir, peut-être un peu au-dessus. Ainsi, c’est à cela que je ressemble … Je connais une autre entité prisonnière, telle que moi, qui aurait grandement apprécié un tel corps.

Oui, je pense que je peux prétendre répondre à des standards de beauté humaine … je n’ai rien choisi, mais je ne suis en rien vexé par ce que je vois : au contraire.

Puis, soudainement et malgré le fait que j’aurais dû m’y attendre, j’entends dans mon dos une porte qui grince. La porte, bien entendu, de ma cellule … Quelqu’un, un humain, vient passer mon épreuve. C’est logique : l’antique magie qui me permet de remodeler celle-ci à chaque fois elle-même vient de me métamorphoser, ce n’était pas dans l’unique but de me faire observer mon propre reflet … Si je sais ce qu’il ou elle devra faire, une fois ces portes franchies ? Bien sûr … Mais pour l’instant, je ne pense pas que je vais me retenir de jouer un peu avec cette petite créature … Oh, rien de méchant, bien entendu. Ensuite, l’épreuve commencera … Ce qu’elle doit faire ? Hey … Si je le dis tout de suite, où est la surprise ?

Quoique, au fond … Qui pourrais-je bien chercher à surprendre, ici ?
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Aventure #2 écrite Mer 27 Avr 2016, 23:41
Elle s’interrogea brièvement sur le sentiment qu’elle éprouvait en entrant dans le temple. Elle avait congé de son travail et prit part à une petite expédition. Une grande expédition ? Une expédition motivée plus par l’avidité cupide du pouvoir que la foi. Avait-elle la foi ? Lorsqu’elle avait demandé, par le passé, à son capitaine, pourquoi avoir choisi de soumettre un demi-dieu, il avait répondu de manière floue. Un mélange de pouvoir et de gains, un mélange un peu pieux aussi. Il pensait que c’était son destin et que si le demi-dieu l’avait choisi, c’est que c’était ainsi et pas autrement que les choses devaient être. La lancière avait toujours besoin d’un peu d’argent. La milice payait, mais pas assez pour limiter corruption et gains annexes. Pas assez pour avoir une milice réellement zélée. L’argent était-il le seul nerf de la guerre ? Non, pas vraiment, de sa guerre à elle, c’était le sang et l’acier. Chaque jour, elle ne savait pas si sa vie s’arrêterait. Aujourd’hui, après un voyage éreintant, long et un peu nostalgique quant à un retour sur l’eau, elle se tenait là devant ces marches.

Ceux qu’elle avait accompagnés s’étaient engouffrés à l’intérieur. D’autres homme comme elle se tenait en retrait ou agenouillé devant un autel. La peur. Pourquoi avaient-ils si peurs ? Ils étaient réduits à leur état grégaire d’humain apeurés. Les pires c’étaient les quelques citadins qui avait débarqué avec eux. Ridicules paons dans leurs parures aussi jolies que fragiles. Elle n’était pas comme eux. L’idée que l’un de ses coquelets se trouve bien plus puissant qu’elle en sortant accompagnés lui procura un sentiment de rage, de colère frustrée. Elle en avait assez d’être sous le joug de son impuissance, de ne pas pouvoir sortir seule sans craindre de croiser un monstre.

C’est d’un pas décidé qu’elle foula l’entrée du temple. Pas d’offrande, c’était une histoire entre elle et un fils de dieu. Elle ne s’abaisserait pas à quémander soutien ou chance. L’intérieur du temple était sinistre. Finalement, ce lieu était une prison. Elle ressentait les mêmes vibrations que dans les geôles de sa caserne. Elle se persuada que c’était une question de destin que de pousser une porte. Au hasard. Devant la pièce brumeuse, elle réalisa qu’au final, ce n’était que son orgueil colérique qui l’avait poussé à faire ce choix. Sa main se crispa légèrement sur le manche de sa lance et elle ajusta d’un mouvement de corps visant à ajuster son armure. Bon et là, les choses se compliquent.

Il ne lui pas longtemps pour tomber nez à nez avec… une créature humaine. Grognement mécontent. Elle gonfla le torse et avança encore un peu. Au moment où elle avait mis un pied dans cette salle, elle avait engagé son honneur. Il était hors de question qu’elle rebrousse chemin, car la salle était déjà occupée. La nordiste, éduquée à la loi du plus fort sortait les crocs.

« Je pense que tu t’es perdue, gamine, dégage. Sinon ce n’est pas qu’une épreuve que tu auras à affronter… »


Agressive ? Avec plaisir, ce n’est pas une freluquette qui allait lui gâcher un épisode aussi important de sa vie. Elle avança jusqu’à elle. Elle se savait grande, imposante. Son armure cliquetait et son arme était aiguisée. Elle se tenait souple sur ses appuis, alerte. Un animal n’exprimerait pas mieux cette attitude défiante de lutte de territoire. On commence par l’intimidation, si ça ne marche pas, nul doute que la violence physique en sera la prochaine expression. Petite, elle aimait assister à ces combats sauvages et cruels. Le sang et la violence étaient ancrés dans ses gênes. Elle était une fille du nord sauvage, fière d’avoir survécu. Elle voyait les civilisés les coloniser et l’image de ce paon entrant dans ce temple l’avait ulcérée. Elle en avait assez de cette vie de pion fadasse.  Elle avait passé des années dans la piraterie et le sang, dans une violence apaisante. A trop vouloir changer, elle s’était perdue. A cet instant, l’excitation, la peur, mêlées lui procuraient un sentiment heureux. Elle vivait. Elle survivait. Aussi longtemps qu’elle respirait, elle serait liée à cette lance et ce combat. Un combat étrange, mais essentiel. Elle ne savait faire que ça, elle voulait assouvir ce besoin d’évoluer et de combattre encore plus. La seule chose qui comptait, c’était que le demi-dieu soit ouvert à ce genre de vie, sinon, elle ne se donnerait même pas la peine d’essayer.
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Aventure #3 écrite Ven 29 Avr 2016, 18:46
Je n’ai pas fait l’effort de me retourner afin d’observer cet intrus dans mon royaume, et à vrai dire, je ne pense pas malhonnête d’affirmer que je suis relativement absorbé par la contemplation de mon reflet. Pas à cause de raisons plus ou moins perverses qu’on pourrait tenter de me faire coller à la peau : je n’ai pas plus choisi la tenue que le corps et de toute manière je ne suis que peu porté sur ce genre de sujets … Non, ce qui attire tout simplement mes yeux devenus dorés, ce sont tout simplement ces petits détails étranges et amusants dont une magie différente de la mienne m’a doté. A croire qu’elle a une sorte de volonté propre … en a-t-elle une, après tout ? Qui sait. Pas moi. Un sourire grinçant se dessine sur ma petite bouche angélique lorsque j’entends la voix rauque qui s’élève dans mon dos. Le ton est ferme, impérieux, et manque de toute trace de respect … Me serais-je donc, en plus de cette métamorphose, incarné dans une humaine pour venir m’offrir la délivrance ? J’écarte cette théorie pourtant si intéressante bien rapidement, alors que je l’entends se rapprocher. Un coup d’œil dans la glace, par-dessus mon épaule, me donne un aperçu de son allure et de son expression. Elle se veut dure, inflexible … elle se croit en position de force. Parfait, parfait … Ce n’est rien de plus qu’une des règles du jeu, après tout.

Ma chère, je pense au contraire parfaitement savoir où je me trouve, et pour être parfaitement honnête, j’ai bien l’impression d’être la seule. Mais avant que vous ne mettiez à exécution votre siiiiiii    (et je tente de bien placer le « si » emphase pour faire ressortir toute l’ironie grinçante qu’il recèle) subtile menace, permettez-moi de clarifier la situation, voulez-vous ?

Je pivote sans un bruit, le bas de l’étrange robe dont je suis vêtu se perdant dans les fumeroles blanchâtres. Vêtu, ou vêtue ? L’espace d’un instant, le doute me titille … Après tout, ce n’était pas comme si passer tant de siècles en solitaire ne m’amenait pas à remettre certains points de mon identité en question, en particuliers vis-à-vis de ceux n’étant pas clairement définis … Ma voix grave m’avait toujours fait me poser en mâle. Est-ce possible que ce ne soit vraiment le cas ? Bah … Qu’importe. J’ai le plaisir d’entendre une absence que mes oreilles accueillent avec délice : je n’ai pas de chaussures à talon, qui donc ne claquent pas sur le sol lorsque je fais, moi aussi, quelques pas pour m’approcher de la nouvelle venue. C’est certes un détail insipide, idiot même, mais je le savoure à sa juste valeur. Lorsque je suis à peu près à portée pour que la pointe de sa lance puisse me toucher – sous réserve qu’elle tende le bras – je m’arrête, et la toise. Elle me dépasse, mais pas de tant que cela : seuls mes yeux se lèvent, alors que le reste de mon visage reste légèrement incliné vers l’avant. Mes traits sont aussi froids et inexpressifs que les siens expriment le déplaisir causé par ma présence. Je m’humecte rapidement les lèvres à l’aide d’une petite langue rose qui me change bien de l’original, avant de reprendre sur un ton n’acceptant ni interruption, ni répartie, et je prends soin de sélectionner chacun de mes mots de manière à rendre crédible l’histoire que je vais lui servir.

Avant toute chose, Beth Curtis. Mes parents trouvaient « Elizabeth » plus charmant, mais ce n’est en rien mon cas, et dans la mesure du possible, j’aimerais autant vous donner une appellation qui vous dispense de m’appeler « gamine ». Le choix dont a découlé ma présence ici n’était pas le miens : croyez bien que je pense avoir d’autres chats à fouetter que de libérer une énorme créature probablement à moitié folle de solitude et d’isolement qui n’exécutera parfaitement mes ordres que si j’arrive à les formuler sans interprétation possible de sa part … Savez-vous ce qu’on trouve, dans toutes les cellules de ce temple, ma jeune amie ? Des prisonniers. Des esclaves en sursis. Des ombres du passé, déchues de leur gloire et privées d’une immense partie de leurs pouvoirs. Combien de temps pensez-vous que vous auriez survécu, seule, dans cette cellule ? Comment pensez-vous que vous auriez survécu ? Dans quel état ?

Mon ton est peut-être monté plus haut que je ne le désirais : j’ai même fait un pas en avant … fichue tendance à m’égarer. Je finis par pivoter, croiser mes bras sur mon torse, et retourner lentement jusqu’au miroir en marchant. Je ne doute pas que la vue plongeante sur mon dos dénudé et ma croupe probablement mise en valeur par ma robe n’aura probablement pas d’effet sur une demoiselle, et encore moins sur une de ce style : je n’ai cependant pas vraiment la possibilité de changer pour devenir un homme, et dans l’absolu, je ne cherche pas à gagner ou même initier un quelconque jeu de séduction … je laisse cela à d’autres.

Une telle compagnie serait, au mieux, une véritable plaie à gérer correctement … encore que. Mais qu’importe, puisqu’il m’en « faut » une pour la sotte et seule raison que c’est le devoir de tout membre de la noblesse, je prends les dispositions nécessaires pour me rendre ici. J’entre dans cet endroit damné, j’erre quelques instants devant des portes de cellules, je choisis celle derrière laquelle je pense peut-être pouvoir trouver l’être qu’il me faut … Et rien. Rien d’autre que ces colonnes en ruine, ces murs couverts de traces de griffes plus longues et larges que mon bras, et ce miroir de glace qui me nargue. L’enfant d’Aqua que j’attendais n’est pas là …

Je laisse enfin le sourire revenir sur mon visage … Oui. Ce n’est pas « mon » visage à proprement parler, et je ne connais en rien ces traits dont j’ai été doté, mais ce sourire… Ce sourire-là, je le reconnais.  A travers lui, je revois celui de l’animal, de la bête énorme et si désagréable que j’incarne d’habitude. Bien sûr, quelques détails techniques comme mon gabarit et mon allure actuelle le rendent moins effrayant que d’habitude, dans le sens où je ressemble moins à une machine à tuer … Mais en revanche, ce que je perds en terreur « brute » se retrouve dans la subtilité, la finesse… j’ai le sourire d’une tueuse. D’une demoiselle qui ordonne à un autre de tuer pour elle. Une veuve noire … Et c’est paré d’une esquisse de ce même sourire que je pivote une fois de plus, et désigne la porte. Alors que je parlais des invocations prisonnières et de leur sort, la porte d’entrée de la salle s’est couverte de glace. Le mur ainsi formé, épais et compact, semble relativement difficile à détruire : je suis prêt à parier que même en me jetant dessus de toutes mes forces et en le brisant, il se reconstituerait avant que je n’ai eu le temps d’opérer quoi que ce soit. Bah, peu importe … l’important est qu’elle aussi le remarque. Le sourire s’efface petit à petit, mais qu’importe.

En revanche, ceci est apparu, et me bloque toute option de sortie. J’ai bien essayé de sortir … Sans y parvenir. Je tentais de réfléchir à une potentielle solution pour régler ce problème, au moment de votre arrivée … jusque-là, sans grand succès, mais je gage que nous trouverons bien un moyen, sous peu. De découvrir comment sortir d’ici, où se terre le semi-dieu que nous voulons, au moins pour l’une d’entre nous, à notre service, ou peut-être ce qu’il cherche à savoir en piégeant deux femmes dans son antre de telle façon …

Si j’étais en mesure de le faire, je pense que je me décernerais à moi-même un prix pour mon interprétation brillante d’une créature détestable sous absolument tous ses aspects. Certes, certes, mon mérite est relativement minime : j’ai beaucoup d’entraînement. Qui plus est, je crois être tombé sur un excellent spécimen … Lequel me crie littéralement de l’étudier plus. Ou non, ce n’est pas tant elle que mon esprit qui pousse le cri en question, mais en attendant, j’ai l’impression d’être un infâme mioche devant lequel on a planté un énorme gâteau au chocolat en lui promettant qu’il pouvait tout manger. Impatient, excité, certes. Mais je n’ai pas envie de me gaver d’un coup, au risque de faire une indigestion … Il faut savoir profiter de ce qui vient, et de toutes les manières possibles, et surtout, en prenant son temps … De toute manière, du temps, j’en ai à ne plus savoir qu’en faire : maintenant que j’ai à portée une source de divertissement, il serait si dommage de la gâcher. J’ai bien entendu baissé la main dès qu’elle a regardé ce que je lui pointais : elle est de retour dans le coude de mon bras opposé, étant donné que j’ai recroisé mes bras sous ma poitrine, et balade mes yeux sur les environs. Rien de neuf sous l’absence de soleil qui me sert de ciel, je connais littéralement cet endroit comme si j’avais passé des siècles à le ravager, mais ce n’est pas supposé être le cas pour le personnage que j’incarne. Il devrait plutôt s’agir d’une demoiselle calme, posée, dure, apathique … je suppose. Faisant claquer ma langue dans le silence, je feinte de centrer mon attention sur les murs à la recherche de quelque chose, alors que je sais déjà parfaitement à quel endroit arrêter mon regard.

Je me suis peut-être un peu emporté, plus tôt, vis-à-vis du sort de ces créatures … mais lorsque je vois l’état de cet endroit, je me pose de sérieuses questions sur celui de son occupant. Qu’il s’agisse des traces d’entailles sur le roc, ou autres … Rien qu’en ce qui concerne ces dernières, elles semblent monter dramatiquement haut : je me demande l’aspect de la créature qui les a faites. Et si ce n’était que ça … Il y a quelque chose qui craque, parfois, lorsque vous marchez dans cette brume. Je ne suis pas sûre que je me pencherais pour ramasser et vérifier de quoi il s’agit. Quant aux colonnes … Pourquoi l’une d’entre elles a été abattue ? Rage ? Frustration ? Désespoir ? Quoi que ce soit … j’ai juste l’impression de voir l’œuvre de quelque chose qui cherchait à se défouler.

Mes yeux glaçants se posent de nouveau sur la lancière, et l’étudient, à présent. Quel que soit le point auquel en est rendu la civilisation à l’extérieur – personne ne fera mention du fait que je suis sorti il n’y a pas si longtemps que cela – elle a très probablement un rôle militaire, guerrier … mais les conflits armés, à ma connaissance, ne sont pas légions sur l’île. Pour la taille qu’elle fait … Celle-ci est probablement à la solde d’un puissant, à veiller à sa sécurité, ou quelque chose comme ça. Le genre de force de travail qu’elle est à même de vendre a toujours été exploité de cette manière, de toute façon … je pourrais l’interroger, mais peut-être que je vais, dans un premier temps, la laisser répondre : je ne sais toujours pas si elle veut porter à terme la confrontation physique qu’elle semblait désirer en arrivant ici, en fait. Bon, oui, je parle trop …

Mais après tout, ça fait du bien d’avoir quelqu’un qui vous écoute.
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Aventure #4 écrite Lun 02 Mai 2016, 22:59
Agacement.

Elle reposa lourdement sa lance au sol. Cette gamine irritante n’avait aucune noblesse d’arme et un affrontement direct lui sembla être une stratégie discutable. Elle se battait pour des causes ou sa survie, le meurtre ne faisait plus partie de sa vie actuelle. Ses premiers mots n’étaient que provocation perfide, les seconds plus mielleux. C’était amusant de voir comme elle essayait de la manœuvrer avec ses manipulations.

On a toujours le choix. Insulter un demi-dieu ensuite c’était assez bête dans son antre. Elle n’était pas surprise que la créature ne ce soit pas montrée.

Elle continue de déprécier la créature vulgaire et sa parade provocatrice. Elle jette un œil à la porte glacée. La magie est une chose incroyable. Et voilà que la péronnelle envisageait un nous et une quelconque forme d’interaction coopérative ?

Sans vraiment quitter l’inconnue des yeux, elle se baisse et attrape au sol, dans le brouillard un des objets qui craquent sur leur pied. Elle porte l’os à hauteur de ses yeux puis le jette. Nonchalance. Tu vois, moi aussi je peux jouer à ce jeu stérile.

« Os humains. »


Un silence pesant, elle observe le vide.

« C’est une créature puissante. »

« Vous êtes venus chercher un chien, visiblement, je vois que vous vous êtes trompées d’adresse. » Les railleries aussi, elle savait faire. Elle n’était pas venue pour ça.

« J’ai du respect pour un être capable de puissance et d’un statut divin. Pour beaucoup d’autres qualités aussi. Mais une chose est sûre… Je ne vais pas perdre plus mon temps avec toi. »

Elle s’éloigna a grande enjambée. Deux stratégies, explorations sommaires des lieux et étude du sujet féminin qui se trouvait là. Son sourire vicieux et meurtrier ne lui avait pas échappé. Les apparences sont souvent trompeuses. La situation était pourtant très inconfortable. Elle leva le nez, observa le vide. Renifla. Une odeur particulière régnait. Quand on passe une éternité dans un endroit confiné, ça sent. Son instinct et chacun de ses sens étaient en alerte. Elle s’humecta les lèvres. Quoiqu’il advienne, elle était heureuse. Cette sensation était celle pour laquelle elle vivait. La peur, la tension, l’instinct, le combat. Survivre. Un simplement petit humain fragile comme elle… elle survivrait parce qu’elle savait réfléchir et disposer des ses capacités aux mieux. Dix années passées sur un navire, lui avait fait connaître bien des tourments. L’atmosphère pesante lui rappelait les jours de brume.

Elle jeta un os et resta accroupie dans la pénombre brumeuse. Quelques autres jets. La blonde toujours dans un coin du regard.

« Créature céleste, j’ai fait mon choix en entrant ici…» marmonna-t-elle dans sa barbe.

Inutile que la blonde l’entende et les demi-dieux sont sensés avoir de bonnes oreilles, non ? Le reste, il pouvait le deviner ? Quand tu entre dans une bataille, tu choisis au début. Après, tu fais. Tu agis. Mais il n’existe plus de retour ou de tergiversions possible.

Quand tu as peur, respire profondément, affronte l’adversité et gronde. C’est ce que lui disait son père. Cette méthode était efficace, gronder dans un désert de neige mortel redonnait énergie et rage de vivre. La nature peut être un piège, ici, elle était dans un piège. Le nombre d’os au sol en témoignait. Tant mieux, elle n’aurait pas voulu d’une épreuve simple.

En tout cas, son instinct lui criait dans les oreilles et sa nuque était couverte d’un frisson de mauvais augure. Rien ici n’inspirait confiance. Tout ici était fait pour inspirer la  peur. Elle avait peur. Un fait normal qu’elle savait gérer. Elle renifla et s’appliqua à écouter encore et toujours. Ses yeux étaient trompés par la luminosité et la brume ne lui permettraient pas de se fier à ce sens.

On doit s’ennuyer à mourir ici, sauf qu’en étant immortel… c’est dur de mourir. Tout ce que la demoiselle avait dit était soit ridicule soit inutile, mais sa présence était en elle-même étrange. Sur ce point elle avait raison. Normalement, on n’est pas deux par épreuve, non ?
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Aventure #5 écrite Jeu 05 Mai 2016, 17:39
Je tente un maximum de garder mon calme lorsque, face à moi, la guerrière plonge la main dans les brumes pour en extirper un cubitus ou un radius … Je ne suis pas tout à fait certain du nom de cet os, d’une part parce que l’étude de l’anatomie humaine ne m’avait jamais passionné, ensuite parce que certains se ressemblent tout de même beaucoup, et enfin parce qu’il fait trop sombre même pour mes yeux … néanmoins, même si mon enveloppe charnelle tire une moue qui pourrait tout signifier à part du plaisir, mon esprit lui ricane doucement … Je ne sais pas à qui cela appartient ou plutôt, a appartenu, et je doute que le fait qu’on jette son os dans le vide lui fera grand mal, mais j’aime à imaginer que de son vivant, la personne dont elle vient de me montrer le morceau aurait appréciée qu’il soit traité avec un peu plus de respect. Sa petite pique, en revanche, étire bel et bien mes lèvres de chaire, même si je n’en suis pas encore à ricaner comme je l’aurais probablement fait, si j’avais eu ma forme normale … C’est amusant, certes, mais rien d’hilarant non plus. Au moins, j’ai le plaisir de constater qu’elle déteste mon personnage … Parfait, parfait.

Oh, si je n’avais vraiment eu besoin que d’un laquais, j’aurais probablement fait recruter quelqu’un de plus d’à peu près débrouillard et cherchant à se faire un peu d’argent … Quelqu’un de votre style, je suppose, en moins effronté. Du reste … ce n’était pas ma décision de rentrer dans cette cellule.

Je vais peut-être un peu loin, quand j’y pense … boarf. Comme si cette optique me dérangeait réellement. Etant donné qu’elle décide de m’ignorer, je dois avouer que le petit jeu que je m’étais prévu de jouer à la base risque d’être un peu plus complexe … Je peux admettre m’être trompé vis-à-vis de ce à quoi je m’attendais. C’est en même temps assez légitime : je ne connais pas cette demoiselle, comment serais-je à même d’anticiper tous ses gestes ? Enfin, peu importe … Ce « petit soucis » qui n’est en rien un contretemps puisqu’il va accélérer les choses ne me dérange pas outre mesure. Et puis, ça me donne l’occasion de savoir ce qu’elle compte faire, livrée à elle-même. A part me laisser seul(e) dans mon coin et décréter que je n’en vaux pas le coup … Si la chose m’était permise, je lui signalerai probablement qu’elle se trompe lourdement en faisant cela, mais après tout, je ne peux pas prétendre que sa réaction est illégitime. Elle se contente, pour l’instant, de tenter de connaître mieux son environnement … je trouve le spectacle relativement amusant, et croise simplement les bras sur mon torse pour laisser mes yeux dans le vide – même si je la regarde elle – en restant debout à ma place. Je dois probablement avoir une expression montrant mon manque assez caractérisé de joie d’être dans la situation où je prétends être : c’est en tous cas la figure que je tente d’adopter, mais je serais en assez mauvaise position pour juger là-dessus : je ne peux pas m’observer toute seule … Ou, le puis-je ? Après tout, que faisais-je lorsque je suis arrivée ici ? Heu, non. Lorsqu’
elle est arrivée ici. En bref … Je regardais le miroir, c’est tout. Donc, je peux me voir … … des fois j’ai l’impression que mes explications sont inutiles. D’un pas lent et mesuré, je me dirige en tous cas vers celui-ci, et ne met que quelques instants à l’atteindre, que j’ai mis à profit pour élever la voix une fois de plus.

« Je ne vais pas perdre plus mon temps avec toi » … j’aime bien cette analyse. Après tout, il est vrai que lorsque deux personnes se retrouvent piégées ensemble dans une épreuve d’ordinaire solitaire, l’idée de s’ignorer mutuellement et de rester dans son coin doit être la plus productive envisageable … enfin. J’imagine que si au terme de tes recherches, tu finis par changer d’avis, je ne serais pas bien loin … pour être honnête, je suis ici depuis peut-être la moitié d’une heure, sinon plus. Cet environnement me donne du mal à apprécier la quantité de temps qui passe … des solutions, j’en ai cherché.

A l’issue de ma petite marche, je me retrouve de nouveau devant la surface réfléchissante, dont je touche délicatement la paroi. Sans surprise, elle est glacée. Ce qui m’étonne un peu plus, en revanche, c’est le ressenti que j’ai de cette fraicheur … Suis-je vraiment le demi-dieu d’un tel élément, pour qu’il me soit si étranger une fois que je suis privé de ma fourrure ? Enfin. Lentement, je me mets à tapoter de l’ongle contre l’eau solidifiée, alors que j’observe les traits de mon visage … J’ai l’air encore un peu plus apathique que ce que je m’étais imaginé. Comparé à mon habituel rictus, cela change un peu au moins, certes. La froide indifférence de ma face contraste cependant assez nettement avec la douceur de son aspect visuel : peau parfaite, lisse, particulièrement pale. Deux prunelles d’or, qui m’évoquent un proverbe un peu machiste bien qu’amusant en rapport avec les femmes et les bijoux. Un petit nez, rond, peu marquant malgré sa position plutôt centrale … enfin. Je suppose que ce qui doit me choquer le plus, c’est ma chevelure : même sous mon aspect naturel, mes poils sont à des lieues d’être aussi longs … et certaines femmes sont capables de supporter une telle masse sur le crâne ? Moi qui pensais la plupart des hommes faiblards et incapables … enfin, porter ses cheveux ne doit pas non plus être la tâche la plus encombrante qui soit, à la réflexion.

Je suis tirée de mon observation par un constat qui se fait relativement brusquement : je ne suis pas en train de jouer, et il faudrait peut-être, comme mentionné plus tôt, que la situation évolue un peu … certes, je peux bien prétendre que je lui laisse le temps de mariner dans son jus, dans le plus ou moins vain espoir qu’elle finisse par venir à moi, en désespoir de cause. Mais dans l’absolu, je ne ferais que me mentir à moi-même … J’ai juste perdu pied avec la réalité, une fois de plus. Bah. Fermant doucement les yeux et les rouvrant, je retire ma main du miroir, lorsque la brume qui ne recouvre d’ordinaire que le sol et, au maximum, la partie de nos jambes montant peut-être jusqu’au genou, se met brusquement à grimper sur la surface réfléchissante. En quelques instants à peine, le miroir a complètement disparu, enveloppé dans cette étoffe immatérielle et surnaturelle qui le dissimule presque parfaitement … avant de le libérer. Ayant pris deux pas de recul, je me contente d’observer la chose sans trop manifester quoi que ce soit : c’est impressionnant, mais pour quelqu’un « comme moi », ce n’est pas non plus grand-chose. Du moins, c’est probablement ce qu’inspire la personnage que je joue : je n’ai aucune idée de si le message est interprété de cette façon cela-dit. Mais lorsque je regarde bien le miroir à nouveau, mes sourcils se froncent, et mon expression change. La perplexité. Encore une fois, ce n’est qu’un rôle, je sais, je sais … Je sais ce qui se produit. Et je sais ce qui va se produire sous peu. Mais si je ne donne pas le change, toute ma belle mise en scène n’aura servi à rien.

… J’aimerai tout de même connaître ton nom … ça m’aiderai, si je dois t’appeler. Et dans le doute, ça le donnera aussi au résident de ce lieu … la première chose que j’ai fait en rentrant ici a été de me présenter. Et à part ça … Viens voir.

J’avale ma salive, et pivote en attendant qu’elle coopère. Je m’attends à une réflexion acide de sa part, peut-être à une coopération plus ou moins tardive : peu m’importe, je l’attends, inflexible … Et cette fois, mes prunelles sont bel et bien rivées sur elle jusqu’à ce qu’elle ne daigne s’approcher. Levant un avant-bras, je désigne du pouce le miroir qui se trouve désormais derrière-moi, et ait un petit mouvement de la tête.

Je … ne sais pas si tu as vu ce qui vient de se produire. Et je ne sais pas en quoi ça a modifié cet objet de manière précise, mais pour ce que j’en sais … Le reflet dans le miroir a changé. Je ne me vois plus, lorsque je me tiens en face … Je te vois toi.

Je n’ajoute rien de plus, alors que mon corps baisse le bras, et fait un pas de côté pour lui laisser un minimum d’espace vital … Ou quelque chose de ce genre, je suppose. Basculant de nouveau les yeux vers le miroir, je l’observe, lui et le reflet qu’il contient, sans rien ajouter de plus. Désormais, ce n’est plus moi que je vois : pas plus que je ne la verrai elle, si elle se tenait juste en face … Ainsi fonctionnent les règles de la réflexion de lumière. Cependant, je sais parfaitement que elle non plus ne risque pas de s’admirer dans ce magnifique menteur de givre … Car ce n’est désormais plus elle, mais moi qu’elle peut voir en observant la surface réfléchissante. Et en outre … Le miroir ne me donne pas la pose qu’elle adopterait elle. Il renverrait la pose que j’ai moi, à l’instant … Avec un énorme pieu planté à l’endroit où se referme ce décolleté si ouvert que je porte. Et tout ce qui va avec bien sûr, comme le sang, ce genre de choses … Le message n’est pas d’une subtilité à toute épreuve, je l’admets volontiers, mais je me demande comment elle va l’interpréter.

… Pour être honnête … Je te l’avoue, j’ai peur. J’ai peur de cette « épreuve » … Et je ne pense pas que bien parler ou aborder une belle robe m’y serait d’une quelconque aide … Qu’est-ce que je raconte. Je le sais parfaitement, en réalité. Tout comme je sais quel genre de créature se terre en ces murs … Je crains juste d’être tombée dans le jeu retors d’une semi-divinité sadique, pour qui nos tourments seraient un spectacle bien plus délectable que sa potentielle libération. Mes yeux ont petit à petit changé de cible, et se sont baissé jusqu’à ce que j’observe les volutes de brume … Puis, d’un coup, mon regard se redresse, et se pose sur elle. Sans détour, encore une fois. Et toi ? Est-ce que tu es entrée dans cette salle avec aussi peu de craintes que tu n’en laisses apparaître ?
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Aventure #6 écrite Lun 09 Mai 2016, 22:56
La brume se comporte anormalement, ça lui hérisse les poils. Elle n’aime pas ce qu’elle voit. C’est imprévisible, échappe à son entendement. La magie, pouah. L’autre n’a pas l’air aussi surprise qu’elle. Même pas un tressaillement nerveux, elle, la soi-disant petite noble. La suspicion augmente encore. On est dans un monde étrange aux règles étranges.

Son nom ne franchira pas ses lèvres, les ordres, elle le détruit de toute sa colère. Imbuvable écervelée qui fait mieux que tout le monde. Elle ne lui adresse pas la parole, l’ignore. De toute façon, elle s’était déjà approchée pour étudier ces volutes étranges. Le spectacle est saisissant. Effrayant. Bien sûr qu’elle a peur. Cependant, elle a appris une chose sur les mers. Temps de brumes, ne croit pas ce que tes yeux te disent. Elle plisse les yeux sur l’illusion encore une fois pour mieux la cerner. La réflexion est brève, elle saisit sa lance. Elle s’est demandée une seconde si elle ne devait pas exécuter l’image et empaler la blonde. Bah. Les illusions, elle n’aime pas ça. Cette histoire commence vraiment à l’énerver. Tous ses repères sont ôtés, la logeant dans une place inconfortable. Elle ne sait pas comment agir ou se défendre. Sa survie est menacée et tout son corps rugit. Si c’est la reproduction d’une vie captive ici, qu’on lui offre en accéléré, c’est réussi.

La manche de la lance heurte la surface du miroir avec force. Elle hurle aussi, très fort. Ca donne de l’énergie, ça expulse la rage et aide à mieux réfléchir. Elle n’avait jamais possédé de miroir, ne s’était jamais observée. Elle eut une pointe de regret quand il se brisa et tomba au sol avec fracas. Se voir était une chose étrange, elle ne s’était pas du tout pensée ainsi. Elle avait vieillit, ça oui.

« Voilà ce que j’en fais de tes jeux, poiscaille faisandée ! »


Elle se tourne vers la petite. Son visage est fermé, rageur. Elle est en ébullition à tel point qu’elle envisage la fuite. Sauf que la porte est barrée. Et l’image de leur mort empalée la hante. De sa main libre, elle se saisit avec violence de la gorge de la blonde. Sa peau est aussi douce qu’elle le promettait. C’est sans aucune douceur que les doigts écrasent la chair. Elle a eut un instinct en entrant, c’était de l’animosité pour la blonde. Elle a eu plusieurs autres impressions qu’elle désire vérifier. Elle soulève le corps qu’elle tient sous le menton. Elle serre bien fort, tant pis si les vertèbres cassent. Tant mieux en fait. Elle renifle. L’odeur est perturbante. En réalité, elle devrait être parfumée, différente. Pourtant, l’être qu’elle tient se fond incroyablement bien dans le marasme environnant.

« Dans cette cage, il est sensé y avoir deux personnes. Moi et un demi-dieu… »


La pression continue. Si c’est bien une humaine idiote, le souffle va manquer et elle va suffoquer, s’évanouir et comme elle ne lâchera pas, mourir. Ce qui éliminera tout doute et rendra service au demi-dieu qui semble les vouloirs toutes deux mortes. Il devait lui manquer quelques os pour son parterre. Dans tous les cas, elle est certaine de déclencher une réaction concrète, dans un sens comme dans l’autre. Si la demoiselle se défend, tant mieux, elle rendra les choses plus franches.

Acculée, elle s’est décidée. La meilleure défense c’est l’attaque. En sentant cette gorge palpiter sous sa poigne, elle se sent en contre partie incroyablement vivante. Tuer de sang froid n’a jamais été difficile quand il s’agit de choisir entre la vie de l’autre ou la sienne. Ce ne sera pas la première fois. La détermination peut se lire dans ses yeux, alors qu’elle observe le visage de l’autre.
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Aventure #7 écrite Mer 11 Mai 2016, 22:10
Dans un premier temps, je ne peux m’empêcher de noter le « poiscaille faisandée ». Est-ce un genre de juron parfaitement aléatoire que prononcent, de nos jours, les marins pêcheurs ? Encore qu’elle n’ait pas vraiment le profil d’un tel travail … On pêche rarement à la lance, à l’époque actuelle, je pense. Et encore moins avec le genre d’arme qu’elle possède … mais qu’importe. Une autre option aurait été que, se trouvant dans l’antre d’un demi-dieu du temple de l’eau, elle s’imagine avoir affaire à un poisson, étant donné qu’elle ne m’a pas vu … Et en ce cas, l’insulte directe me glisse dessus sans laisser la moindre trace de fiel perfide : je ne me sens tout simplement même pas visé par une telle dénomination. Bon … je suis peut-être très très légèrement irrité par la perspective d’être pris pour un être à écailles vivant sous l’eau, dans une salle où il n’y en a pas une goutte liquide. Mais après tout, ce n’est qu’un détail, là aussi … Je l’avoue ? J’ai sursauté en la voyant éclaté le miroir de glace de son arme. Je l’ai imité tant de fois, cependant … Sa rage et sa colère sont perceptibles d’ici. Je n’affiche aucune joie, aucune satisfaction. Mais, à ma manière déviante et détournée, j’en ressens, quelque peu. En revanche, je ne peux pas dire que sa manie de ne pas me répondre quoi qu’il arrive commence à devenir lassante … Lorsqu’elle ne me menace pas. Mais j’ai comme l’impression que le jeu va repasser d’un type d’interaction à l’autre lorsqu’elle se tourne vers moi. Je prends un pas en arrière, lève très légèrement les bras en décollant légèrement les lèvres pour articuler un mot. Inutile : elle me saisit et me soulève du sol comme une poupée de chiffon. Ses doigts sont à peu près aussi délicats qu’un collier d’acier dont on chercherait à pousser la virole le plus loin possible, et à peine moins décidés.

Mes jambes battent doucement les fumeroles sans rencontrer de résistance autre que ma robe, alors que je m’accroche des deux mains à son avant-bras. Mes yeux dorés fixent ceux, noirs et froids, de celle qui cherche à m’ôter la vie. J’ai du mal à dire si c’est bel et bien de la peur que je lis sur mes propres traits, en regardant le reflet dans ses sombres prunelles : je n’ai pas plus peur de la mort qu’un homme de l’éternité … Et pourtant, je crois parvenir à la simuler assez correctement. Je peine à faire pénétrer l’air dans mes poumons, et ce n’est pas faute d’essayer ; bloqué au niveau de mon cou, mon sang se concentre dans les vaisseaux qui irriguent mon visage, lui donnant rapidement une teinte rouge bien plus prononcée. Je n’articule rien de plus intelligible qu’un gargouillis informe, et mes traits se déforment sous un effort que je tente sans effet de fournir. Puis, un doute me vient … Sous cette forme, puis-je mourir ? En ai-je la moindre chance ? Je n’en sais rien, finalement … Et je sais, dans tous les cas, que si je manque trop longtemps d’air, je vais
peut-être sombrer dans l’inconscience. Que se passera-il à ce moment ? Je l’ignore également. Et, au final, je n’ai pas envie de le savoir. Finalement, mes mains, tremblantes, finissent par se décrocher du poignet de la femme qui cherche à m’assassiner et mes bras tombes, ballants. Fermant les yeux, je donne l’impression parfaite de m’abandonner aux ténèbres … Mais ça ne dure pas plus de 3 secondes. Une de mes mains, fouillant légèrement dans ma robe au-dessus de mes fesses, rencontre un manche d’ivoire poli et finement ouvragé. Je le saisi sans hésitation, tire dessus, puis tord mon bras pour mouvoir l’acier. Il tranche avec presque autant de facilité l’air que la chaire, lorsqu’il la rencontre, et immédiatement, je sens la gravité reprendre ses droits sur moi et mon accès à l’air revenir, alors que je tombe à terre et peux inspirer de nouveau. A genoux, je ne me sers pas de mon état comme d’une excuse pour ne pas prendre le soin de reculer avec un empressement toutefois freiné par ma position : je prends deux, peut-être trois pas d’écart, avant de lever les yeux vers elle.

Je viens de lui planter une dague dans l’avant-bras, précisément entre les deux os, et assez fort pour que la pointe de métal sanglante soit revenue à l’air libre. Je doute qu’elle garde des lésions d’une telle blessure, sinon à l’orgueil : je suis en revanche pratiquement certain que d’une part, elle ne risque pas de tenter l’étranglement de nouveau, que d’autre part, elle va très rapidement si ce n’est déjà le cas bouillir de rage, et enfin qu’elle ne s’attendait pas à ce coup là. Pour ma part, aspirant avidement l’air en massant ma trachée maltraitée, je tente de me relever, les genoux tremblants, avant de finalement parvenir à persiffler quelque chose. Ma voix s’est enrouée, est devenue plus rauque : pas étonnant, vu l’endroit où elle m’a saisi.

Tu es FOLLE !? Et moi qui m’inquiétait de savoir si tu avais aussi peur que moi … Je suis coupé par une quinte de toux, alors que je recule toujours, pas à pas, en me redressant lentement. Ne t’approches plus de moi … Sinon je t’assure que tu vas amèrement le regretter …

La menace sonne creuse, mais je viens de lui planter une lame dans le bras : dans l’absolu, elle n’est pas si dénuée de fondement qu’elle pourrait en avoir l’air. Maintenant que j’ai à peu près repris mon souffle, quoique toute inspiration reste douloureuse, mes mains descendent de mon cou pour adopter une autre pose : les mains posées sur les bras, je les frotte doucement. Mon enveloppe tremble : le sourire qu’elle affiche est celui d’une proie terrifiée, en train de tenter de composer avec les différentes options qui s’offre à elle et de se rendre compte qu’elles conduisent toutes à la mort. J’ai laissé ma seule arme, mon seule atout quelque part entre deux de ses os. Elle est entraînée à se battre, à souffrir : ses cicatrices le prouvent. Elle est armée, plus puissante, tout simplement supérieure sur le plan physique. Quant au mental … a-t-elle bien hésité longtemps avant de tenter de m’étrangler ? J’ai les dents qui claquent légèrement, et je force ma mâchoire à se contrôler. D’où vient cette peur qui me sert les entrailles ? Je m’amuse pourtant comme un petit fou … Et la mort me libèrerait probablement du tombeau glacé où je me trouve en cet instant. Peut-être pour me jeter dans un autre ? Je n’en aurais cure … Je me demande ce qu’elle compte faire de cette lame. Peut-être la couvrir de mon sang aussi bien que du sien … Ou simplement s’en débarrasser ? Je suppose que le fait qu’elle soit finement ouvragée ne jouera pas énormément à ses yeux … Ou peut-être que si ? Qu’en sais-je.

Ha haa … Ha … ha …. J’en déduit … que nous n’avons pas vu la même chose … Pour moi, dans ce miroir … tu portais une robe de mariage … Mais au moins … Je sais que ça a peu de chances d’arriver .. N’est-ce pas ? haaa … Ma voix a perdu le peu d’agressivité instinctive dont elle s’était dotée plutôt, pour devenir tremblante, hésitante. Envolée, l’expression composée et le port altier : je ne suis plus qu’une fragile demoiselle se demandant à quelle sauce elle pourra être dévorée. … Ou peut-être … Que c’est toi, la créature ? Que tu cherches à voir comment je peux survivre ? Me débrouiller ?

Mes yeux se plissent, l’observent. Je suis redevenue froide, calculatrice … mais ça ne dure qu’un temps. Recroquevillée sur moi-même, penchée vers l’avant et les bras toujours collés au corps, le masque que je tente de recomposer se brise de nouveau avec d’autant plus de facilité, alors que je secoue doucement la tête.

Non … non, bien sûr que non … Ton épreuve à toi consistait sûrement juste à savoir si tu étais à même de tuer une pauvre fille sans défense qui a juste eu le malheur de se retrouver à côté de toi … Et tu as prouvé au maître de ces lieux que tu en étais capable … pendant que moi … …

Mon sourire vient encore de perdre un peu plus de son naturel … Notamment parce qu’une larme roule le long de cette peau si blanche et si douce dont je suis pourvu au niveau des joues. Seule ma bouche tente de témoigner un brin de joie, mais tout le reste est brisé. Je tente d’évaluer la distance qui nous sépare … 4 mètres, peut-être 5 ? Elle a si vite fait de les traverser … Je pourrais me tenir prêt à courir, à fuir le combat … à tenter de riposter, peut-être ? Bah … qui sait. Et puis, en fin de compte, non … ces options ne me font plus envie. Lentement, la jeune noble s’écroule, tombe sur ses genoux. Mes jambes disparaissent dans la brume à cause de ce procédé, alors que je m’assois les fesses juste à côté de mes talons, légèrement penchée sur le côté. Je ne sais pas si je rigole ou hoquète. Les larmes sont rares, mais laissent juste un brin d’humidité sur mes joues … et je crois que pour la première fois de mon existence, je sens un froid intense et dévorant me mordre aux endroits où ma chaire est trop exposée.

pendant que je suis supposée te servir de cible … c’est pour ça, qu’on était deux ? Pour que tu prouves que tu étais capable de tuer une semblable ? Ça t’es facile, de mettre à mort ? Je n’attends même pas de réponse, que je reprends déjà la parole, baissant les yeux. … si ça l’est … Fais-moi une faveur. Ne me tues pas d’une manière où je peux voir le fond de tes yeux tout le temps que dure l’acte … comme à l’instant … Une larme quitte mon menton pour chuter et disparaître dans les volutes blanches.

Il fait froid.

J’attends.


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Aventure #8 écrite Jeu 19 Mai 2016, 11:25
La demoiselle est de la pire espèce, fourbe. On ne pouvait pas lui reprocher, cependant, d'avoir mis en œuvre ce qu'elle pouvait pour se sauver la vie. On ne pouvait pas, décemment, mais avec un couteau planté dans le bras, les perspectives changent. Elles changent beaucoup. La lame est très acérée et le couteau de jolie qualité. Un détail aussi agaçant qu'inutile. Le sang ne coule pas beaucoup, la lancière le laisse fiché là, n'ayant pas le temps d'effectuer un pansement. Elle positionne son bras en retrait, afin de le protéger de toute autre atteinte. La lame s'est trouvé un nouveau fourreau, le temps qu'elle règle un détail de taille… Elle est fâchée, contre elle-même surtout. Sous-estimer son adversaire est une faute qui peut s'avérer grave. Une chose est sûre, maintenant, c'est qu'elle ne la sous-estimera plus. Son armure, bien que légère lui protège ses points vitaux principaux et la demoiselle ne porte qu'une robe.

La lance dans sa main est pressée délicatement, elle se prépare. Elle sait parfaitement la manier à une main, il lui manquera un peu de puissance, mais ce ne sera pas une gêne dans cette configuration. Ce ne sont pas les petites menaces tremblantes qui vont la décourager. Au moment où elle l'a saisi, elle avait fait son choix. La pousser dans ses retranchements pour évacuer le doute qui l'étreignait. Un immortel ne meurt pas. Les humains oui, soit elle mourrait et cela serait une adversaire de moins, soit la situation changerait et les cartes seront redistribuées. Elle ne changera pas d'avis sans éléments nouveau, un combat lancé ne peut être avorté sans autre raison que la peur. Elle n'a pas peur. Mal, un peu, mais dans les premiers instants son corps est efficace pour masquer la douleur. Son esprit est aiguisé et rapide, le sang coule vite et elle se sait efficace. C'est un état de grâce provoqué par le danger et l'action qu'elle adore.

A cet instant, elle jubile. Elle s'amuse, elle est en adéquation avec son être entier. La lancière sourit, doucement. Ce sourire est une promesse mortelle. La distraction de la robe de mariage l'effleure. Bien sûr qu'elle ne se mariera jamais, ce n'est pas un secret. Si elle veut se persuader qu'elle est la créature à impressionner, tant mieux. Les choses seront plus nettes. Les provocations lui passent par-dessus la tête. Elle avait vécu bien des combats et des provocations. Céder à la provocation était une erreur à ne pas commettre, surtout après avoir sous-estimé cette femme. La pauvrette soliloque pendant qu'elle avance d'un pas et se concentre. Elle a vérifié les alentours, par prudence. Toujours aucun signe d'une autre présence. Il ne lui restait donc plus qu'à achever ce qu'elle avait initié. Elle verrait bien si le message du miroir était un piège ou non ensuite. Elle aurait bien voulu céder à sa dernière volonté et lui trancher le cou, c'eut été plus bref. Elle n'aurait pas eu à la regarder. Mais ce n'est pas possible, le miroir en a décidé autrement.

"Si tu ne veux pas me voir, ferme les yeux." Gronde-t-elle.

La lance est une arme avec une allonge appréciable, un pas offensif rapide lance le mouvement. Tout le corps accompagne le bras qui projette la lame ouvragée sur sa cible. Elle vise le cœur pour mettre fin en toute rapidité aux souffrances de la jeune noble. Elle n'est pas un animal sadique. Elle veut survivre et sa survie passe par sa mort. Elle est fâchée et sa paix passe par sa mort. Son épreuve passe par la mort de cette noble. Aucune forme d'hésitation ne la parcours. La prudence cependant est plus pointue. Elle se tient prête à esquiver où s'adapter à toute réplique. Son allonge est confortable et la distance à laquelle elle se tient pour attaquer lui offre toute latitude de réaction. Tout se déroule en une fraction de seconde, pourtant son esprit semble à même de réagir au mieux et au plus vite. Tout est décuplé quand pareille situation se présente. Son sang coule de ses doigts jusqu'au sol, elle le sent ruisseler le long de son bras et ce message motive tout son corps.

Elle ou moi.

Le choix est vite fait.

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Aventure #9 écrite Mar 24 Mai 2016, 15:41
Je n’attends pas très longtemps, je peux bien lui concéder cela. La jeune blonde regarde la grande brune avec un air légèrement hagard lorsqu’elle reçoit l’ordre : ce dernier ne correspond probablement pas vraiment à ce à quoi elle s’attendait. Cependant, en dépit de la preuve qu’elle vient de fournir quant à l’existence de son instinct de survie, elle finit par s’exécuter et reste, cette fois, silencieuse. Les tremblements se calment, petit à petit. Le froid se fait moins intense, sur moi : je suppose que ma véritable identité, à l’approche du dénouement de cette mascarade, fait montre d’une joie qui apporte la sérénité à cette petite enveloppe charnelle torturée. Bien qu’à genoux, je redresse l’échine, avale ma salive et cesse de faire blanchir mes mains à force de forcer mes doigts à serrer mes bras le plus possible. Il y a un bruit très léger : il pourrait aussi bien s’agir du vent que d’un pas … Encore que. Le vent ne porte pas une armure de cuir, même s’il peut se déplacer aussi vite qu’elle, voir bien plus. J’ai beau avoir les yeux fermés, je la visualise pratiquement à la perfection dans son geste. Fière, rapide. Efficace. Précise. Mortelle.
La pointe d’acier pénètre mon sternum avec une difficulté modérée, mais sans freiner de beaucoup pour autant : elle sait parfaitement ce qu’elle fait. J’apprécie qu’elle ait écouté ma dernière requête : l’étreinte dans laquelle m’enveloppe doucement la mort est aussi rapide qu’insaisissable … Et l’espace d’un instant, j’y crois. Cela ne dure pas, ceci dit. La lance s’est plantée, et me transperce. Je pense qu’une gerbe de sang est partie dans les brumes, dans mon dos. Le dernier souffle est rendu, et je fais en sorte qu’il ne soit pas accompagné d’une coulée de liquide rouge qui se fraierait pourtant volontiers un petit chemin à la commissure droite de mes lèvres. Mes yeux dorés se rouvrent, et se lèvent sur la lancière, l’observant pour la dernière fois, accompagnés d’un dernier sourire. Et pour une fois, celui-ci est un sourire
bon. Pas de manipulation, pas de mensonge. Rien de composé, rien d’étudié. Juste le sourire naturel d’une mère observant son enfant dormir. D’un homme voyant la femme qu’il aime s’épanouir et irradier.

J’aurais au moins aimé connaître ton nom …

Le sourire reste, figé, un instant. Puis, les prunelles noires deviennent les témoins d’un bien étrange spectacle, alors que les yeux dorés, en face, changent. Je ne saurais dire s’ils se colorent intégralement en rouge en premier, ou si la forme de la paupière se métamorphose d’abord afin d’aborder ce « Z » typique qui définit si bien mes prunelles. Le sourire ne se conserve pas : j’ai bien vite fait de me pencher vers l’avant pour masquer mon visage à sa vue. Une de mes mains est déjà remontée pour tenir la lance et empêcher sa propriétaire de la retirer pour la récupérer. J’aimerai idéalement qu’elle reste là où elle se tient d’ailleurs, mais je ne peux prévoir sa réaction, et je peux comprendre que ce qu’elle voie lui fasse un peu peur. La robe s’évapore littéralement, et dans les volutes de fumée noire cette fois-ci qui sont dégagées, mon corps entame sa monstrueuse transformation, me faisant passer du gabarit d’une demoiselle humaine relativement normal à celui de chien de plusieurs mètres de haut. La peau pâle et délicate s’hérisse subitement de milliers de poils drus, les os craquent, s’allongent et se déforment. En un rien de temps, les délicats traits de mon visages sont éclatés par l’apparition et la très rapide expansion de mon museau, alors que les mèches de cheveux blonds se détachent les unes après les autres mais s’évaporent avant même de toucher le sol. La fourrure noire qui recouvre rapidement mes membres camoufle et rend plus esthétique les infâmes petites parodies de doigts à l’endroit où se tenaient auparavant ce que je pouvais appeler mes mains, et de ce qui aurait pu ressembler à des petits moignons torturés jaillissent des griffes couleurs d’ébène, dont le tranchant n’a rien à envier à celui des armes humaines de la plus belle facture. Les genoux se déplient, les bras se posent sur le sol : ma position de quadrupède naturelle revient d’elle-même, et est rapidement accompagnée par l’extension de ma carcasse, qui s’allonge, s’agrandit, s’épaissit et s’assombrit en même temps. Le tout ne doit pas durer plus d’une dizaine de seconde : sans même que j’ai réellement eu le temps d’en prendre conscience, je suis parfaitement redevenu moi-même,  invocation massive et hostile dont le sourire bienveillant a laissé la place à un rictus moqueur et hargneux. Je toise ma potentielle invocatrice, et penche la tête sur le côté, alors que sa lance est toujours fichée quelque part sous mon cou. Elle n’est pas une gêne pour le moment … J’en tiendrais donc compte un peu plus tard.

Cela m’aurait probablement facilité la tâche, lorsque j’aurais dû l’écrire sur ta tombe. Le rictus se fait moins menaçant, alors que je penche la tête sur le côté. Non pas que je compte te tuer ici et maintenant, remarque … mais vient forcément un jour où l’humain que je croise meurt, alors que je continue à vivre.

Je ne m’étais qu’à peine rendu compte du fait que mes griffes, ou plutôt ce qui avait été ma main, est toujours posé sur la hampe de sa lance. Je la soulève doucement afin de m’assurer de ne pas attaquer le bois, et la repose sur le sol. Son arme me force à lever le cou même si je penche la tête vers elle, et je suppose que je dois avoir l’air encore plus grand que d’habitude à cause de cela. Ça ne me dérange pas vraiment cela dit, j’aimerais juste avoir une parfaite liberté de mouvement, tout autant que j’aimerai éviter de lui briser ce qui doit être un outil de travail, pour elle. D’un autre côté, ce cure-dent commence à être gênant, mais qu’importe … La question la plus importante n’est pas là. Fermant les yeux alors que je lève le museau, je ne peux m’empêcher de ricaner légèrement. Cette situation à un je ne sais quoi de décalé … enfin. Ma voix est redevenue aussi profonde et grave qu’elle n’en avait l’habitude : un soulagement, sans aucun doute, tout autre son que j’aurais émis n’aurai su correspondre à ma véritable apparence.

Tu sais ce qu’il y a de plus drôle, dans cette histoire ? En fait, je viens de m’en souvenir, maintenant qu’elle est morte une fois de plus … Elizabeth a vraiment existé. Oh, peut-être pas en ton temps : son passage remonte … loin, dans le temps. Quoi que ? Ma perception du temps ici est possiblement biaisée … sans soleil pour compter au moins les jours et les nuits. Et les souvenirs n’aident pas vraiment, lorsqu’il s’agit d’autre chose que de raconter une perception du passé … Je rouvre les yeux, et m’assoit sur mon derrière. De telle manière, je la domine toujours et de plusieurs mètres, mais peu importe. Je ne saurais te dire si j’ai été parfaitement fidèle à ce qu’elle avait été : je peux en revanche t’affirmer que mon imitation comportait plusieurs citations exactes. Une fille intelligente … elle avait parfaitement compris qu’un emprisonnement aussi long que le nôtre, à moi et mes frères, ne pouvait en aucun cas faire du bien. Mais même si j’appréciais l’acidité de ses commentaires et ses belles paroles … Elle n’avait pas exactement le profil qu’il fallait. Trop dénaturée. Trop réfléchie, calme … Lentement, je laisse mes pattes avant glisser sur le sol, et rapproche mon museau pointu du visage de la guerrière, sur lequel je ne me retiens pas de lâcher un long souffle par le museau. Trop bien dressée par ses parents, sa famille, son monde … elle s’est bel et bien laissé tomber à genoux, aux derniers instants. Qui sait ? C’est peut-être un os à elle, que tu as lancé tout à l’heure … ou pas.

Un nouveau ricanement me prend, alors que je baisse la tête vers le bas, laissant un léger tressautement de mes épaules me secouer. Je me sens à la fois tellement vivant … et pourtant, si fatigué. L’âge. La solitude. Le manque de raison d’exister. L’absence d’issue. J’aimerai retrouver mes pouvoirs, quitter à jamais cette cellule maudite, et me mettre à marcher parmi les étoiles … Je suis sûr que derrière l’une ou l’autre de ces dernières, je retrouverais mes parents. Mais ce n’est rien de plus qu’un rêve … et pas le plus gai que j’ai fait, encore. La lance me démange. J’ai toujours en tête ses derniers mots, presque crachés, supposés servir d’adieu, d’une manière ou d’une autre. Je lève une patte, et m’en sert pour désigner le couteau qu’elle a dans l’avant-bras.

C’était bel et bien sa dague, au passage … ce n’est pas grand-chose, mais tu peux la garder. Tu pourras probablement écorcher un lapin ou deux, avec.  Bien … Je suppose que j’aimerai poursuivre cette épreuve. Avec toi, bien entendu … Mais, en premier lieu, quelque chose me dérange. Mon sourire, plus large que jamais, revient encore une fois alors qu’une de mes griffes désigne l’arme d’haste.

Ce truc commence sérieusement à me hérisser les poils du bas du dos. Tu pourrais le retirer ?
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Aventure #10 écrite Mar 24 Mai 2016, 17:50
Une petite partie d'elle avait supposé que la gamine puisse être l'être divin. Cette idée était incongrue et son bon sens l'a rapidement éludée. Ce prémisse de vérité, instinctif, avorté avant sa naissance ne l'empêcha pas d'éprouver une myriade d'émotions très fortes. Prise au dépourvu.

La peur. La stupeur. Après tant d'efficacité, sa cervelle patine dans le vide. Aucun son ne sort de sa bouche, mais ses émotions sont clairement lisibles. Elle vient de découvrir le sens du mot terreur.

Un dévissement des cervicales aussi à mesure qu'elle doit dresser le menton pour observer le changement d'apparence. Elle recule. Instinctivement Elle a lâché sa précieuse lance. Elle manque de trébucher et de se réceptionner sur son séant, mais parvient à se stabiliser. Un rire nerveux s'échappe de ses lèvres, alors que ses yeux laissent échapper de belles larmes. Elle ne comprend pas pourquoi l'un et les unes lui échappent, elle ne comprend rien du tout à dire vrai. Les premiers mots prononcés par la créature ne la sortent pas de sa tétanie, surtout quand des mots comme "tombe" sortent de cette immense gueule emplie de crocs. Son anecdote sur Elizabeth la ramène peu à peu à la réalité. Quand il s'assoit le sol tremble sous le poids. Les vibrations semblent redonner la vie à ses jambes et elle parvient à faire un pas. Elle pose sa seconde main à la naissance de sa plaie, où la lame est plantée. Une douleur sourde, mais peu dérangeante parvient à son esprit embrumé.

La peur ne diminue pas quand il approche son immense tête, bien au contraire. Pourtant, ses mots sont très humains, ses rires aussi.

"Je ... je m'appelle Kaliska Nuraven."
 Les premiers mots sont difficiles à sortir, elle bute contre eux et s'efforce vainement de masque les tremblements de sa voix. "Je ne suis pas très bien dressé, mais je vais quand même vous enlever ça… "  

Elle s'approche à pas peu assuré, les premiers pourraient même être qualifiés de tremblant. Pourtant, elle avance, et s'approche assez pour pouvoir le toucher. Le toucher. Docile, elle s'exécute. Sa main blessée s'avance pour écarter les poils et la valide saisit le manche, à ras la chair. Sans avertissement, elle tire, elle prend garde à ne pas causer plus de dégâts que nécessaire.Ca ne doit pas être agréable. Elle recule à nouveau, afin de pouvoir le regarder sans devoir se tordre la nuque.

"Merci, pour la dague. Je crois… "
Elle l'observe fichée dans son bras. "… qu'elle fonctionne assez bien." Elle la retire, délicatement, et sort d'une bourse à sa ceinture, un petit linge propre quelle noue fermement. Il faudra qu'elle se fasse soigner, des onguents seront nécessaires.

"Vous êtes vraiment grand." Elle parle comme elle réfléchit, le constat est neutre. Sa cervelle daigne se remettre en route, finalement. "J'ai du respect pour vous. Je ne suis pas venue ici pour réclamer un trophée ou un dû. C'est une alliance qui devra nous être bénéfique, mutuellement. Je crois que je me devais de vous le dire. J'ai bien sûr beaucoup de motifs égoïstes, mais ... pas que. J'ai vécu la privation de liberté… pas vraiment la même chose qu'ici… c'est vrai. Mon entendement mortel croit comprendre un peu de ce sentiment, en tout cas. Voilà. Enfin, je pense pas être trop bête pour comprendre."

Il semble enclin à parler, aussi la guerrière continue dans sa lancée. Sa cervelle reprenant flot et retrouvant son aisance à mesure qu'elle parle.

"Je suis originaire du nord, des landes luxuriante, dans un petit village perdu. Je n'étais plus bienvenue, alors je suis partie. Beaucoup de connerie plus tard, je me suis fait attraper par des pirates de la mer intérieure. J'ai réussi à survivre et regagner ma liberté par le mérite. J'ai passé ma vie à me battre et à tuer. Maintenant je travaille dans la milice du nord. Le pays c'est un beau bordel, un petit prince estime qu'il peut nous domestiquer." Un sourire moqueur orne ses lèvres. "Moi, je suis contre personne, pour personne. Je travaille pour l'argent, je me bats et c'est tout ce qu'il me faut."

"Vous aimez le combat ?"


Elle aurait pu poser des questions bien plus pertinentes, mais c'est celle-ci qui lui vient. Au fond d'elle, l'image de leur alliance la rend fière. Fière de pouvoir enfin cesser d'être traînée dans la boue et elle jubile à l'idée des massacres que ce genre de griffes peut causer. Elle rêve un peu, beaucoup, la peur est passée et elle se sent presque bien. Un peu nauséeuse, mais quand même soulagée.

A présent, les choses sont franches comme elle les apprécie. Ils sont tous deux face à face. Elle se sent prête à répondre ou à réagir à ce qu'il lui demandera.
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Aventure #11 écrite Dim 29 Mai 2016, 00:35
Pendant un long moment, je ne dis rien. Les larmes et le rire ne m’ont pas échappé … Même si ça change, et pas qu’un peu, de l’attitude glaciale qu’elle avait adopté auparavant, je dois avouer que je ne me plains pas vraiment de les voir. Au contraire même : je suis plutôt satisfait de savoir que je ne suis pas tombé sur un de ces vétérans trop usés par les guerres et qui ont déjà tout vu, tout entendu, tout vécu. Elle reste impressionnable. Elle reste une petite créature frêle, capable de ressentir la peur. Elle reste probablement capable de prendre ses jambes à son cou et fuir … Les raisons pour lesquelles elle ne le fait pas pourraient être multiples, d’ailleurs. Elle pourrait se dire que cela ne sert à rien, vu que la glace bloque la sortie. Elle pourrait se dire que me fuir ferait échouer son épreuve, et ce n’est d’ailleurs peut-être pas faux, même si je n’ai pas réfléchi à cet aspect. Elle pourrait se dire que je n’aurais besoin que d’un bond pour lui tomber dessus et l’écraser. Elle aurait raison, là aussi. Mais au final, je pense qu’aucune de ces pensées ne l’effleure vraiment. Je pense juste qu’elle ne fuit pas le monstre qui se déploie sous ses yeux parce qu’elle n’en a pas la capacité. Ses jambes sont tétanisées, tremblantes : plus rien ne répond. J’ai déjà vu des hommes atteindre cet état de terreur, sous le coup de la surprise … ou lorsqu’ils sont témoins d’à quel point leurs créateurs peuvent, eux aussi, se montrer cruels. Après-tout, ne les avons-nous pas quelque peu fait avec certaines de nos caractéristiques ? Il fallait bien une source d’inspiration … Pour en revenir à la gamine, elle s’exécute lorsque je lui demande de retirer la lance. Brave fille, va. Je ne remue pratiquement pas lorsque sa main écarte mon pelage, et ne frémis pas lorsque le pieu de bois se retire de ma chair, et laisse du sang souiller ma fourrure et le sol.

Puis, sa langue se délie, progressivement. C’est hésitant au début, légèrement amusant également dans la mesure où elle défonce avec une violence rare une porte pourtant déjà parfaitement ouverte. Je suis grand … On me la fait presque à chaque fois : je ne sais pas s’ils réalisent que j’ai reçu ce commentaire au moins autant de fois que j’ai reçu de candidats voulant devenir mes invocateurs. Enfin … Je la laisse poursuivre. Elle finit par se remettre un peu la tête sur les épaules, et redevenir à la fois plus fluide et pertinente. Ses paroles sont franches, parfois ingénues, impliquée. Je soulève un sourcil lorsqu’elle parle de « bénéfices mutuels » … Je n’entends pas ce genre de termes souvent, ici. D’un autre côté, à part le son rocailleux de ma propre voix, je n’entends pas grand-chose … mon corps, peut-être. Les sons que je produis en me déplaçant ou autres, sûrement. Le silence du vide … inévitablement. Je me concentre à nouveau sur la fin de son discours lorsque ce dernier capte à nouveau mon intérêt, et penche la tête sur le côté en retroussant lentement mes crocs. Elle termine sa tirade sur une question que je trouve intéressante … Ce n’est pas à cause de cette dernière que j’éclate de rire, ceci-dit. Et pour ce qui est d’éclater de rire … Je me sens presque forcé de rejeter une nouvelle fois la tête en arrière, museau dressé vers les ténèbres insondables, alors qu’il résonne et couvre tout autre bruit qui aurait pu être émit dans les environs. Je me demande s’il est audible dans les autres cellules … grave, puissant, il aurait tout ce qu’il faudrait pour traverser les murs, ou en tout cas les faire trembler assez pour le reproduire. Lorsque je m’arrête finalement, je laisse mon menton chuter de nouveau, afin de regarder la petite créature dans les yeux … Sachant que les miens sont écartés de plusieurs dizaines de centimètres et pas du même côté de mon visage, je préfère, dans le même geste, tourner la tête sur le côté afin qu’elle ne voit qu’un seul œil … qui est plus gros que sa tête. Largement.

Et moi qui te pensais presque muette, ou en tout cas d’un manque de conversation sidérant … Si j’avais su qu’il suffisait de t’empaler mutuellement avec quelqu’un pour subitement devenir presque aussi bavarde que moi, j’aurais tout de suite employé cette solution … Ou pas, qui sait. Je me suis toujours demandé comment, ayant l’apparence et le corps d’un chien, je pouvais adapter à ce point ma bouche pour former un sourire … Ou une parodie tranchante et mortelle de cette expression, en tous cas. Mais en tout cas, Kaliska Nuraven, à défaut d’être bien dressée tu n’as pas l’air complètement stupide … c’est appréciable.

Lentement cette fois, afin de ne pas maltraiter encore plus le sol de ma cellule qu’il ne l’était déjà, et aussi pour éviter de la faire trembler sur ses appuis, je déplace mon torse et en réalité l’intégralité de mon corps pour m’allonger, tout en me roulant quelque peu en boule devant la demoiselle. Etendant mes pattes devant moi et laissant mes griffes crisser sur l’obsidienne qui constitue probablement le sol, je m’étire un instant, fermant mes lourdes paupières et inspirant une grande gorgée d’air frais. Lorsque je le souffle, les brumes fuient devant moi, s’affolent : j’aime à imaginer les armées humaines des temps anciens qui, fut un temps, avaient des réactions à peu près similaire lorsque nous nous énervions face à elles … Mais ce mirage de souvenir ne reste pas bien longtemps, alors que je retourne à mon présent, et à la jeune fille. Elle ne semble pas m’en vouloir pour la dague dans le bras … elle ne semble pas avoir eu si mal que ça, en fin de compte. J’aurais peut-être dû y aller de manière plus vicieuse ? Noon … encore que.

La vie est un combat, jeune fille … Encore plus pour les êtres de ta trempe que pour d’autres. Tu l’a senti, toi aussi, n’est-ce pas ? Je relève un instant la tête, et la tourne sur le côté pour observer quelque chose du côté opposé au sien … le vide. Un mur qui n’a pas bougé. Une colonne usée par les siècles. La mort qui règne ici … Celle des tiens, majoritairement. Les perdants de mon épreuve … Je finis, de nouveau, par orienter ma tête de façon à ce qu’un de mes yeux la regarde directement. Et moi, je suis bloqué ici, avec pour compagnie des passants … Et d’autres résidents qui sont devenus définitifs, bien qu’ils ne soient pas bien causants.

D’un mouvement de griffe, j’éjecte quelque chose qui se trouvait juste devant ma patte, dans la fumée, et que j’avais déjà un peu repoussé tout à l’heure. Un tibia décolle des brumes, percute une colonne, rebondit avec un bruit sec et sans joie, avant de disparaître de nouveau dans la fumée. Chacun des sons qu’il émet en touchant le sol est audible avec une précision presque dérangeante.

Pour moi, il importe peu que tu brandisses ta lance pour le nom de ton prince, pour l’honneur ou pour l’argent. Il me suffit juste que tu te battes … Tu ne connaîtras ou ne comprendra jamais précisément la sensation d’être un prisonnier qu’aucune mort ne pourrait délivrer, et crois-moi, c’est une bénédiction, en soit … Mhhf. Je ne sais même pas pourquoi je prends encore la peine de raconter ce genre d’inepties … ça n’aide pas vraiment à donner à la discussion une ambiance sympathique et chaleureuse.

Ma paupière se referme, puis se rouvre. Mon œil perd sa couleur écarlate qui le rendait probablement un brin plus menaçant, pour retrouver la teinte de perle qui lui correspond d’habitude. Je n’explique toujours pas ce phénomène, ni comment j’en ai conscience : après tout, je ne peux pas voir mes yeux, bien entendu … toujours est-il que j’en suis au courant. Peut-être que je me sens obligé de l’explicité pour le cas peu probable ou quelqu’un n’aurait que mes pensées pour se faire une idée de la situation … non, ce serait ridicule. D’ailleurs, cessez de lire pendant que je parle, c’est particulièrement agaçant …
Je crois que la solitude a brisé un morceau ou deux de mon esprit, lorsqu’elle en a eu l’occasion. Qu’importe : ce qui reste me suffit amplement. Je crois … Je ne suis pas certain, je l’admets. J’ai peut-être passé trop de temps à me poser des questions pour que ce que je pensais être « réel » et ce que je songeais fictif ne restent distinctement séparés … Ma vérité n’est que l’interprétation tordue de ma perception du réel : qui serait à même de me dire si mon esprit ne passe pas son temps à me mentir pour me masquer quelque chose ou autres ? Bah … ce rêve n’est pas assez beau pour en être réellement un, je suppose.

Et toi, petite fille venue te perdre dans ma cellule … Tu aimes te battre ? Oui … Tu as souligné, et à plusieurs reprises, que tu avais pratiquement passé ta vie à exercer dans ce domaine bien particulier. Mais le fait que tu sois une guerrière ne signifie pas que tu aimes cogner, trancher, vaincre ... et mettre à mort. Regardes-moi … Je respire bien pour vivre. Mais est-ce que je vis pour respirer ? J’ai envie de te retourner la question … Je suis sûr que la réponse sera particulièrement intéressante. J’ai, de nouveau, l’un de ces larges sourires bourrés de crocs dont j’ai le secret : ma langue, lorsque je décolle mes dents, fait même un passage rapide sur les pointes blanches et innombrables pour les rendre luisantes, avant de rentrer dans ma bouche que je referme. Et au passage … Je ne cherche pas à me montrer défaitiste ou pessimiste en disant cela, mais tu poursuis une chimère. Il n’existe entre une invocation et son invocateur qu’un lien de maître à esclave … L’un ordonne. L’autre, peu importe sa volonté, obéi. Puis, l’autre retourne dans sa cellule … Parce que l’un est mort. J’ai un petit ricanement sec, avant de secouer légèrement la tête sur les côtés comme après la chute d’une bonne blague. Enfin, pour cela, il faut déjà survivre à l’épreuve … y survivre, et la réussir. Sans quoi … et bien, je pourrais probablement faire cadeau de la dague d’Elizabeth à quelqu’un d’autre qui viendra après. Pas forcément quelqu’un de plus chanceux … Mais qui viendra après, ça c’est certain.
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Aventure #12 écrite Jeu 09 Juin 2016, 08:17
Le mot gigantesque prend vraiment tout son sens. Elle en découvrait certainement la vraie définition dans son plus parfait exemple. Sa taille était vraiment démesurée. Sa blessure, maintenant réveillée lui fait un mal de chien, mais sa fierté l'empêche d'en montrer une bribe. Elle est déjà une petite chose fragile d'apparence, elle ne va pas s'abaisser à pleurnicher, non, ce ne serait pas bien. Il est nécessaire d'avoir un peu d'amour propre pour avancer et le sien vient d'être piétiné allègrement en une poignée de minute. Elle observe tout, les mouvements lents de la créature, son impressionnante majesté malgré son corps immense. Son étrange cynisme, l'os qui vole, le bruit sec qu'engendre sa chute. Elle observe calmement. Elle a retrouvé toute maîtrise de son corps et s'en réjouit. Elle s'emploie à respirer profondément et écoute ce que l'autre a à lui dire.

Oui, je ne connais pas l'immortalité... mais vous ne connaissez pas la mortalité. On est quitte à ce niveau.

La créature a des questions tordues de bureaucrate, voilà ce qu'elle en pense, ou de noblieau peut-être. Elle se réserve tout de même de le traiter de bureaucrate avarié et réfléchit, essaie tout du moins, à la formulation d'une réponse constructive ... sensée ?

Si j'étais née noble dans une jolie robe, ma vie aurait certainement été autrement. Mais mon vieux p'pa dit qu'il faut pas ragoter sur le passer et avancer en regardant devant, à trop regarder derrière, on se prend les pieds et c'est la gamelle. Le passé nous enseigne des choses, nous forme, mais ça sert à rien de vouloir trop y réfléchir de comment j'aurais pu être si ... Ma vie est comme ça, c'est tout. Je suis une guerrière, c'est tout. J'aime me battre, la mise à mort pas particulièrement. C'est pour les mortels une chose un peu importante, la mort, alors faut pas la prendre à la légère.

Est-ce qu'il pouvait comprendre ça ? Peut-être pas, elle hausse les épaules. Après tout c'est lui qui a commencé avec ses discours de bureaucrate. Elle se trouvait assez douée en réflexion finalement. Elle devrait faire ça plus souvent.

S'il me plaît de dire à mon esclave... Elle renifle pour marquer sa désapprobation quant au terme, de disposer de son temps comme il lui plaira, il obéira... mais il sera bien obligé de se soumettre à son propre entendement pour ce genre de désire. Pour le reste, il nous appartient de trouver un équilibre qui convienne.
Je crois en la force des équilibres. Je vous juge assez intelligent pour comprendre cela. Sinon, j'expliquerai mieux.


Elle joue avec sa lance, trouvant immédiatement son centre de gravité, lui permettant de tenir l'arme en équilibre sur deux de ses doigts. Elle a fait ce geste tant de fois qu'il lui est très naturel. Connaître parfaitement son arme est une nécessité. Son bras blessé reste inoccupé, elle le tient un peu en hauteur. Elle sait que ça calme les saignements et atténue un peu la douleur. Il faudra vraiment qu'elle soigne cette vilaine blessure. Elle s'était prise une fois un coup de sabre dans le ventre, mais heureusement, il n'avait pas été assez profond pour toucher ses entrailles. Il avait simplement tranché dans la peau, le gras et le muscle. Il lui avait fallu des mois, années, pour retrouver sa forme d'antan. Elle craignait que cette blessure ne réduise sa mobilité. Elle avait toujours été assez chanceuse sur les champs de bataille. Assez adroite pour éviter les blessures graves. Sa mortalité et la faiblesse de son corps étaient en effet des choses qui marquaient profondément son être et sa manière de penser. C'est normal, on a pas les mêmes âmes et donc par les mêmes pensées. Ce genre de réflexion présageait tout de même des échanges assez intéressants avec la créature.

Les moitiés de menaces d'échecs de mission lui passent au-dessus de la tête. Quoiqu'il se passe, elle est prête. S'il veut sa vie, elle se défendra. La question sera combien de secondes pourrait-elle tenir, mais ce serait une question intéressante à développer et une fin assez digne d'elle. On a moins honte de mourir hachée par une telle créature qu'en avalant de travers un morceau de poulet. Ou pire encore, en trébuchant. Trébucher serait vraiment la plus grande des hontes. La maladie est acceptable, mais avec son genre de vie, on meurt généralement de manière plus violente. Elle ne fréquentait pas les bordels, ça lui évitait un bon nombre de maladie, ça. Ah ! Bienheureuse qu'elle était avec sa condition de femme. Pas de pulsion qui la mette en situation délicate, elle pouvait se consacrer à son art sans distraction biologique.

Les créatures ont-elles des besoins biologiques ? L'immortalité sous-entends qu'il n'y a nul besoin de reproduction n'est-ce pas ? La question lui sembla à la fois très pertinente et à la fois très sotte. N'arrivant pas à trancher, elle la garda pour plus tard, peut-être. Pour l'instant, elle laissait la créature guider la conversation à sa guise, cela semblait plus poli. Après tout, s'il était esclave, il avait le choix du maître. C'est un fait assez légitime, quand on y pense. Même si l'idée du maître et esclave lui déplaît fortement. Elle n'avait pas réellement apprécié son propre statut d'esclave par le passé.
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Aventure #13 écrite Mer 22 Juin 2016, 23:58
Je ne connais pas la mortalité … Drôle de manière de le dire. Je ne connais certes pas la sensation que ma vie pourrait prendre fin, comme ça, à tout instant en effet … Je ne connais de fait pas vraiment la peur de la mort, et donc de dangers plus ou moins immédiats. Je ne connais pas ce sentiment qui me pousse à accomplir quelque chose, avant que je n’en perde définitivement la chance … Non, je ne connais pas cette petite chose qui donne littéralement tout le sens qu’elle a à votre vie. En revanche …Je dégaine une griffe, et l’approche doucement d’elle, le sourire revenant à la charge. Je sais parfaitement que si ceci pénètre un peu trop tes chaires … Tu t’effondreras, et ne te relèvera plus jamais. Votre mortalité se résume à ceci … Lorsque votre cœur cesse de battre, il prend juste le temps de marquer d’un point final votre histoire.

Suis-je vraiment le plus indiqué pour discuter de vie et de mort avec un individu normal ? Assurément pas, au vue de mon petit discours, mais cela ne veut en rien dire que je vais m’en priver … Et tant pis si cette Kaliska en fait les frais. Elle est mignonne … Peut-être pas dans le sens le plus plaisant du terme : à vrai dire, je doute qu’elle prenne cet adjectif de manière positive, vu le personnage. Les guerriers n’aiment pas qu’on brise leur image de combattant impitoyable supposé impressionner ses ennemis de sa seule force : je doute que les femmes soient sur ce point bien différentes des hommes. En revanche, je ne peux m’empêcher d’admirer son idéalisme … Non pas que je sois encore assez naïf, pour ma part, pour adhérer à ses idées … Mais j’ai l’équivalent de plusieurs centaines de ses vies derrière-moi : pas étonnant que je reste difficile à convaincre. En revanche … Elle ne démord pas de l’idée de me laisser « libre » … Partiellement, du moins, je suppose. Peut-être est-ce une bonne chose. Peut-être pas. Je ne sais pas très bien si je saurais jouir de ma liberté, pas plus que je ne puis assurer qu’elle ne lui sera pas néfaste … Mais après tout, sans l’avoir vécu, il n’est pas pertinent de parler de cette situation, je suppose. Enfin, pour ce que valent mes suppositions … Tout juste bonnes à être entendues, et encore.

Et tu sais … Au risque de paraître pessimiste … Il est difficile d’obtenir un « équilibre » entre une créature de plus d’une tonne, et une autre de moins d’une centaine de kilos. Tu es mortelle, pas moi … Tu as probablement des choses, à commencer par ton existence, à protéger : on a volé les miennes. Ton « demain » aussi a un sens … Pas le mien. Oh … je n’ai pas dit « impossible » … Juste très compliqué. Mais après tout, ce ne sont probablement que les élucubrations dénués de sens d’un vieux fou aussi ancien et aigri que l’univers lui-même … peut-être que ton équilibre existe bel et bien, et qu’il te mènera plus loin que je ne semble le croire.

Je me garde bien de rajouter que l’issue finale de tout ceci ne changera, en définitive, pas … Mais l’un dans l’autre, elle a raison. A son échelle, mourir dans 50 ans est de loin préférable à dans 2 ou 3 ans à peine … Même moi, je ne peux prédire ce genre de choses à vrai dire, et il ne serait pas totalement hors-sujet de préciser que « je m’en cogne », comme diraient certains, mais ce ne serait pas non plus très délicat. A dire vrai, d’ailleurs … Je lui souhaite tout de même la première option, même si je doute que la moyenne d’âge des guerrière de cette île soit aussi … Respectable. Une personne douée en combat peut espérer vivre bien … Une personne douée en combat et rusée, vivre bien et longtemps. Je ne sais pas à quelle catégorie elle appartient pour le mental, mais pour le physique, j’ai peu de doutes … Ce qui me fait d’ailleurs penser à son bras. Elle ne bouge pas, mais je sais pour connaître relativement bien le corps de créatures que j’ai aidé à concevoir qu’elle doit tout de même souffrir à un point particulièrement élevé … Malheureusement, je ne vois pas très bien que faire à ce sujet : en outre, je ne suis même pas sûr qu’elle apprécierai mon intervention. Pas dans son « épreuve ». Pas de la part de la créature qui lui a causé cette plaie. Pas de quelque chose qu’elle pourrait potentiellement percevoir comme « supérieure », et donc condescendante dans son geste. Vaniteux ? Tssss … Je me contente d’être réaliste. Pour des raisons que j’ai mentionnées plusieurs fois auparavant, cette jeune femme ne reste que poussière, à mes yeux, quand bien même le ton de la discussion ne va pas en ce sens, et quand bien même elle pourrait se voir attribué le titre de « maîtresse » … et moi d’esclave. Toujours est-il qu’elle va devoir souffrir en silence … Combien de temps, je n’en sais rien. Je l’ai dit plus tôt : je ne vois pas le futur, pas la peine de me demander.


Au passage, ne pense pas que je prenne véritablement la mort à la légère … Ce n’est pas pour dire, mais je pense être en mesure d’affirmer que j’ai connu bien plus de fois la douleur du deuil, sans parler du fait qu’être « immortel » ne rend pas indestructible … Toi, tu ne manies qu’un long bâton avec une pointe métallique. Particulièrement efficace dans ton contexte, mais « rudimentaire », sans vouloir être insultant. Certains de tes ancêtres avaient construit de gros assemblages métalliques dont le contenu pouvait emporter un bâtiment de la taille de ce temple dans un déluge de feu … Ils appelaient ça « une bombe ». Et en avoir pris une ou deux dans la figure sans mes pouvoirs m’a permis de savoir ce que ça faisait, d’être réduit à néant … Même si ça n’a pas été définitif. Enfin … Je ne peux m’empêcher de ricaner lourdement, secouant légèrement la tête sur le côté. J’ai encore du sang qui coule de mon torse : je n’y prête même pas attention, à vrai dire. Le froid anesthésie. Je suis pessimiste, à te raconter comme ça d’anciens, et relativement mauvais souvenirs … Mais je ne prends même pas vraiment la peine de te connaître. C’est triste, les gens comme moi qui adorent tant s’entendre parler qu’ils n’écoutent même plus les autres … Mais d’un autre côté, si je n’avais pas appris à m’écouter, je vois mal qui m’aurait adressé la parole à ma place, ici …

D’un mouvement circulaire du museau, je parcours la salle du regard, l’observant comme dans l’espoir d’y déceler une présence. Dans les ténèbres qui règnent ici, la scène semblerait presque réaliste. Mais je sais que les ombres ne renferment rien d’autre que l’accablante solitude qui s’est faite ma maîtresse exclusive, durant un laps de temps si long … Je chasse ces pensées, et me remet à sourire, alors que mon postérieur se décolle du sol avec une célérité surprenante pour une créature de ma taille. Un instant, je reste fixe, la tête toujours sur le côté : ma queue balaie l’air sans vraiment chercher à y accomplir quoi que ce soit d’autre de notable que de se défroisser un peu. Puis, d’une série de pas rapides, je passe assez subitement dans le dos de l’humaine, ou peu s’en faut. En réalité, dans la mesure où mes jambes sont toujours à sa gauche et où elle doit entièrement voir mon appendice touffu, je ne suis pas complètement « derrière » elle, mais un de mes yeux regarde son dos, et je ne lui laisse pas le temps de se retourner que ma tête plonge, pour que mon museau pointu glisse entre ses jambes et n’ouvre le passage pour le reste du crâne. Il ne faut qu’une demi-seconde, à peine, pour que je la déstabilise presque complètement et ne la fasse s’échouer sur le sommet de mon chef, entre mes deux oreilles, où je lui laisse le temps de se redresser et de reprendre un peu ses esprits en ricanant doucement.

A vrai dire, si tu n’avais pas pris la peine de te présenter de toi-même comme tu l’avais fait, je ne suis pas certain que j’en saurais long sur toi, à part ton nom et ton prénom … Mais dit-m ’en plus. Qu’est-ce que c’était, ces nombreuses « conneries » ? La milice du nord est-elle uniquement composé d’individus dans ton genre, ou certains spécimens sont-ils pires ? Ton village était-il un endroit où tu as apprécié vivre ?

Je marche doucement et en réduisant au maximum les moulinets que mes épaules imposent forcément à ma tête : il ne s’agirait pas qu’elle tombe … De cette hauteur, ce ne serait probablement pas mortel, certes, à moins de jouer de malchance. Et même sans cela, elle a tout de même clairement la possibilité de se rompre un os ou deux … Je passe à côté des colonnes de pierre, et observe un instant ce qui devait à une époque être une légère gravure supposée représenter quelque chose, à la surface du pylône infini. Le givre, le temps et quelques coups de griffes l’ont rendu incompréhensible, si elle l’avait un jour été.

D’ailleurs, n’hésites pas toi aussi à en poser, des questions … Je peux accepter l’idée que tu dois légèrement « intimidée » par le contexte et c’est normal, mais que cela ne t’empêche pas d’être curieuse. A vrai dire, il y a deux questions que tu n’as pas encore posées, ce qui me surprend légèrement … Et crois-moi pourtant, ici, elles ont une certaine importance. Mais bon … Au final, le plaisir de discuter avec quelqu’un me donne envie de dire que si tu ne les poses pas tout de suite, ce n’est pas très grave.
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Aventure #14 écrite Jeu 14 Juil 2016, 22:14
La bête à une fâcheuse manie à la menace même pas subtile… Sa réflexion lui fait admirer les griffes gigantesques. Elles doivent être sacrément aiguisées et efficaces ! Est-ce qu’elles peuvent couper un rocher ? Qu’il ne croie pas en sa théorie ne l’offusque pas. Elle-même aura le temps d’y repenser si elle sort vivante d’ici. En entrant ici, elle n’y avait pas réellement réfléchi. D’ailleurs, si elle avait un tant soit peu réfléchi, elle n’aurait certainement jamais poussé la porte. L’étrange chien, sembla toute fois lui prêter un peu de crédit. Ce qui lui fit plaisir. La suite de son discours lui sembla pour le moins confus. La magie de dans le temps devait être sacrément puissante pour faire pleuvoir des déluges de feu assez puissant pour détruire une créature aussi gigantesque. Du coq à l’âne, la guerrière tente de suivre tout ce qu’il lui dit. C’est vrai qu’il parlait beaucoup cet enfant divin ! Elle n’a pas l’habitude de parler beaucoup. Dans le nord, son éducation rurale et son métier était un monde de taiseux. On parle peu et surtout pas de sentiments.

Comme un bambin qui découvre le monde du haut de ses quelques centimètres, elle lève la tête et observe la bête bouger. Elle admire les muscles qu’elle devine danser sous le pelage, la force et la grâce mortel qu’il dégage son impressionnantes. Elle est captivée, ayant baissé sa garde, elle se laisse tout le loisir d’observer et de penser. De toute manière, elle s’est faite à l’idée que ce n’est pas physiquement qu’elle gagnerait. Quelles griffes il a ! Elle en était à observer les impressionnantes lames, quand il initia sa curieuse manœuvre. Elle fut donc fort surprise de se trouver propulsée dans les airs. Le hurlement de terreur qu’elle poussa fut très convaincant.  Le plus vexant, dans l’histoire, c’est que ça le fait rire. Elle sent sa boite crânienne tressauter au rythme des ricanements. Elle grommèle et de sa main valide, s’accroche à une touffe de fourrure. On n’est jamais trop prudent.

Lorsqu’il parla, elle s’amusa de sentir sa voix raisonner à travers une perspective différente.

« J’aime pas causer, contraire à vous. »
Un très long soupire accompagne la déclaration. Elle a cependant conscience que pour sortir d’ici vivante, elle doit accepter de s’affronter elle-même, déterrer ses cadavres. Se confier sans détour. Quelle horreur.

Elle reste un temps silencieuse, plus pour s’habituer au rythme de sa marche que par nécessité de réfléchir à sa réponse. Au moins, cela lui donne une raison valable de traîner. Elle s’éclaircit sa gorge.

« Ce que je dis, reste entre nous. » Elle évite la partie, ou je te casse la gueule, parce que ce n’est pas très crédible dans sa position.

« Au nord, il fait froid. Le climat est très rude, on a des hivers longs, de la neige… c’est dans ce genre d’endroit que j’ai grandi. Un village de chasseurs semi-nomades. Je ne sais pas où je suis née, ni qui est mon géniteur. Ma mère n’a jamais accepté de m’en parler. Son nouveau mari a été un bon père, j’ai des frères et sœurs. Une vie normale, quoi. Difficile, mais normale. Là où j’ai commencé à faire pas pareil, c’est que je n’avais pas vraiment envie de me marier et d’avoir un homme. C’est surtout la partie homme qui me bloquait. »


Les mots se bloquent dans sa gorge. Elle ne pensait pas qu’il était si dur d’évoquer ses vices. Elle-même avait du mal à mettre des mots et comprendre pourquoi l’idée qu’un homme la touche la laissait froide et presque dégoutée. Pourquoi elle préférait observer les courbes et les creux d’un corps féminin ? Pourquoi cette envie et ce romantisme était-il détraqué chez elle ? L’incompréhension rageuse et la colère la firent grincer des dents, elle eut besoins de quelques instants pour reprendre.

« Comme je ne convenais pas à la vie de société humaine, je me suis enfuie. Par honte plus que par fierté. Que par honte, en fait. On m’a appris à me battre, pister, tanner les peaux, ce genre de chose… pas à … enfin, bon, donc je suis partie et le convoi que j’ai intégré allait au sud. Vagabonder n’est jamais très sûr pour une femme seule… ça je l’ai vite appris. Les mâles en rut, les vauriens et le reste ne m’ont pas découragée. Je me suis assez bien adaptée à la vie en marge de la société. C’était assez enivrant et insouciant comme vie. Casser des crânes, boire, voler, casser un autre crâne… jusqu’à ce que je me fasse embarquer sur un navire pirate. Il ne me semblait pas avoir contracté de dette… mais on me jura que si… l’alcool… »
Elle hausse les épaules, fataliste.

« Pirate c’est bien dans l’équipage, sincèrement, je m’étais fait une fausse idée des pirates. Ils sont camarades et pleins d'humour. Bon, par contre j’ai continué sur la lancée de tuer et voler. A un autre niveau. C’est pas des petites conneries. J’y ai passé des années. Jusqu’à c’que ma morale en ait marre. La terre me manquait aussi. Enfin, j’ai grandi… j’ai arrêté de considérer tout comme une vaste plaisanterie. »

« Pourquoi la garde ? Bin, parce qu’à part me battre, je sais pas faire grand-chose de ma vie. Et puis, ça paie assez bien. Enfin, la solde est un peu pauvre, mais la corruption est monnaie courante, alors ça va… Et je peux légalement casser des crânes. Ah. »

Elle soupire.

« En réalité, je préfère l’optique de servir à quelque chose. J’aime pas tellement faire des conneries, parfois c’est nécessaire pour vivre. Rester dans la connerie, après c’est être fainéant. On n’aime pas trop les fainéants dans le nord. »

Elle avait beaucoup d’autre chose à dire, mais elle se sentait déjà assez ridicule et exposée pour continuer. Elle n’était d’ailleurs pas très penchée sur l’introspection et vivait en s’asseyant sur sa conscience. On reparlera de déni plus tard.

« Eh bien, je suis pas une poseuse de question… si tu veux que je te nomme autrement qu’Elizabeth, tu peux me donner un autre nom… par exemple… » Elle ricane. Moi aussi, je peux être drôle !

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Aventure #15 écrite Jeu 21 Juil 2016, 22:44
Je suis forcé de l’admettre. Si elle n’était pas perchée sur ma tête, j’aurais éclaté de rire … Et à plus d’une reprise, durant la longue tirade qu’elle déploie pour me détailler un peu mieux son existence. Puis-je dire qu’elle a eu une destinée « exceptionnelle » ? Mhhh … Son passé, c’est en tout cas chose sûre, n’est pas des plus communs. Je note en particulier un passage de la piraterie à celui de représentant de l’ordre et de la loi … Même si, à ses dires, elle n’a pas réellement tendance à se montrer aussi inflexible qu’elle devrait l’être, elle comme ses collègues je suppose. La raison de sa fuite aurait été la première chose qui m’aurait fait m’esclaffer, si je ne m’étais pas retenu : pas à cause d’elle, mais plutôt du contexte et de la décision qu’elle a pris … J’avoue que les hommes me surprennent toujours : parfois par leur ingéniosité, et parfois au contraire par leur stupidité ingénue. Ce point précis de leur vision des choses n’échappe pas à la règle … Cessant un instant d’avancer, je m’allonge à terre, posant ma tête droite sur mes pattes, observant un point situé dans le vide, devant moi.

Ne m’en veut pas si je note cette partie-là avant les autres … Mais je ne peux m’empêcher d’en ricaner doucement. Tu as quitté ton village parce que tu n’étais pas capable d’éprouver de l’amour pour un mâle ? Ici et maintenant, on appelle effectivement ça une anomalie, un truc pas à sa place, qui a probablement un gros défaut de conception … Fut une époque où vous aviez réussi à surpasser et même à dénigrer cette vision simpliste et réductrice des choses, qui en outre est fausse.

Si les humains avaient la capacité de contrôler à qui leur cœur va, le simple fait de vous avoir inculqué l’amour n’aurait eu aucun sens. Pourquoi tant de femmes aiment-elles des hommes qui ne les ont épousé que pour l’argent, par commodité, ou « parce qu’il le fallait » ? Et je ne te parle pas de celles qui se font battre et restent tout de même … mais pour l’instant, les choses sont ainsi, et les gens trouvent ça « normal », contrairement au fait d’aimer une personne pour laquelle on ne « devrait pas » éprouver d’attirance ... Quelle vaste mascarade. Pour en revenir à toi … Je me vois mal te conseiller en toute honnêteté d’assumer pleinement ce que tu es et de te mettre à vouloir aborder les demoiselles de la même manière que tes collègues masculins, mais pour autant, n’ai pas honte de ce que tu es, et gardes pour toi, dans un coin de ton esprit, qu’en d’autres temps et lieux, tu aurais été acceptée sans le moindre problème.


Je ne sais pas si elle s’attendait vraiment, en rentrant ici, à recevoir ce genre de conseils : je ne me voyais pour ma part pas du tout les donner … Mais après tout, qu’est-ce qui m’en empêche ? Rien. Si ça peut la dérider un peu de savoir que fut un temps, elle aurait été un membre tout à fait normal de cette société dont elle a préféré se détacher et fuir, tant mieux … Si ça la déprime encore plus, tant pis. Grattant d’une de mes griffes un de mes larges crocs, je me questionne quelques instants sur qu’est-ce que je pourrais bien avoir entre les crocs, avant de finalement renoncer : rien, comme d’habitude. Il y a si longtemps que j’ai déchiré de la chaire entre ces derniers que les derniers restes qui auraient par miracle survécu à mes nombreuses inspections ont dû finir par tomber en poussière d’eux-mêmes … qui sait. Passant ma langues sur mes dents pour parfaire mon inspection minutieuse, je finis par prendre une profonde inspiration, et relâcher un tout aussi profond soupire, qui a le mérite de faire voler et d’écarter toutes les brumes qui se trouvent devant moi, dégageant le sol d’obsidienne à ma vue et à celle de ma « cavalière » … Quelque chose en elle m’amuse, je l’avoue. Je l’ai déjà dit ?
Parfait …

Du reste, tu sembles avoir une existence bien remplie … ça me change un peu de tous ces gens qui, de 15 à 20 printemps à peine, pensent avoir tout vu et vécu ce qu’il y a de pire, ce qui les engage donc à prendre une invocation … Ou quelque chose de ce genre. Un roulement de mes épaules qu’elle pourrait probablement interpréter comme un haussement secoue mon corps entier, alors que je reprends. Il y a maintenant deux points plutôt importants que je … « dois » aborder, car ils concernent tous les deux l’épreuve que tu continues de passer en ce moment-même. A vrai dire, l’une des deux questions à laquelle je faisais allusion plutôt était la suivante : quelle est la suite ? Il n’est certes pas désagréable de discuter ainsi, mais contrairement au miens, il me semble que ton temps est compté … ne serait-ce qu’avant que tu n’ait faim, soif, trop froid ou sommeil. N’ayant aucune commodité permettant d’assurer ton confort, je t’aurais donc probablement répondu de manière détournée et tordue que pour poursuivre, il fallait que tu consentes à me révéler un de tes plus grands secrets. Nouveau roulement d’épaules. Je dirais sans trop m’avancer que c’est chose faite, à présent … à moins que tu n’aies plus gros encore en réserve ? Mais si c’est le cas, gardes-le donc pour toi, pour le moment … à moins que tu ne désires réellement te confier.

Je ne pense pas qu’il y ait de moyen plus honnête pour moi d’exprimer le fait que me confier les éléments de sa vie comme elle le fait ne dépend pas réellement de moi : c’est elle qui connaît les informations à me dire, et c’est elle qui les divulgue, si elle le souhaite … Dans le cas contraire, tant pis. Forçant doucement sur mes bras pour me relever, je le fais en quelques instants, adoucissant au mieux les mouvements d’ordinaires brusques de mon crâne pour éviter de l’envoyer voler sans faire exprès. D’un pas lent, je parcours quelques mètres, retournant vers le centre des 4 colonnes de pierre … Mon miroir de glace nous fait rapidement face, alors que je me place face à lui, et m’abaisse à nouveau : elle a le choix entre rester assise sur ma tête comme elle l’est actuellement, ou descendre pour se tenir à mon côté … En tout cas, je dois admettre que le reflet que je vois, parfaitement ordinaire, a un petit chose qui m’amuse. Ce miroir a renvoyé tellement pire, comme image … Mais finalement, je ferme les yeux, et laisse voir une nouvelle fois mes crocs, alors que je retrousse les babines.

Le second point est le suivant … tu es libre de m’appeler Elizabeth si tu le souhaites, mais tu risques fort de ne recevoir aucune réponse de ma part. Car l’avant-dernière chose que tu dois faire si tu espères sortir d’ici en te considérant mon invocatrice est de me donner un nom qui commencerait par la lettre B. Et … ça ne fait en rien partie de l’épreuve, mais par pitié. Pas de référence obscure … Je ne tiens pas à m’appeler « Bibidi », « Babidi » ou « Boo » en raison d’une formule magique entendue dans une comptine pour enfants …Même si je parie que tu ne dois pas en connaître énormément, de comptines, vu ton caractère et ton passé.

A mon plus grand regret, je crois que tout est dit … Pour l’instant, du moins. Enfin … Je pourrais toujours passer des heures, des jours entiers à rire et à critiquer la vie qu’elle m’a décrite. Mais après tout, elle n’est pas là pour cela, et je ne m’en sens pas la motivation. Je sais que ce qui va suivre, en revanche, sera réellement des plus intéressants … Pour moi comme pour elle. L’espace d’un instant, je suis saisi d’un doute … J’espère que je sais ce que je fais … Ou vais faire. Bah. Qu’importe.

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Aventure #16 écrite Ven 12 Aoû 2016, 20:49
Le demi-dieu avait une étrange manière de parler, un peu choquante parfois. Embrouillante. Il m'embrouille, voilà ce qu'elle conclut de sa vaste et fumeuse explication. Peu éduquée, la guerrière ne comprenait pas de quel temps il parlait. Cependant, elle devait admettre qu'il y avait une certaine logique et presque justesse dans ce qu'il disait. Il était logique qu'en s'acceptant et en étant en paix avec soi-même on vivait mieux et de manière plus efficace. Elle était consciente de ses tourments et des failles que cela créait en elle. La solution qu'elle avait trouvée passait par une mascarade saupoudrée de déni. C'était très bien ainsi. Elle éprouvait des sentiments, était sereine la plus part du temps. La solitude était une chose qui lui convenait bien.

Ses pensées sont interrompues par quelques secousses. Ses mains agrippent plus fermement les poils et la peur de tomber la reprend. Ah. Pourquoi doit-il gigoter autant ? Quand elle a mis les fesses sur un cheval, elle a trouvé cela inconfortable. Pourquoi ne pas apprécier à sa juste valeur le sol sous ses pieds ? Elle s'y était faite et pour peu que la monture ne soit  pas trop fougueuse, elle parvenait à la guider. Elle avait dû s'habituer au roulis et autre tangage en mer. Elle en avait vomi ses tripes à n'en plus finir. Pourquoi quitter son sol si précieux ? Et la voilà, volant dans les airs, à une hauteur vertigineuse sur la tête d'une bête géante ? Dieux, merci de l'avoir guidée au temple de l'eau et pas celui de l'air. Elle et son estomac n'aurait pas pu supporter. Sa prière pouvait sonner ridicule, mais elle était profondément sincère.

Les mots de la bête résonnaient en elle. Il était presque touchant. Et embrouillant. Il sautait invariablement du coq à l'âne et la guerrière devait se concentrer pour suivre le flot de parole. En plus, de la peur et de l’effort de s’agripper. Elle qui vivait dans un pays de taiseux, la voilà bien servie. Lorsqu'il en vint au prénom, elle n'osa pas réellement déduire qu'elle approchait de la fin de cette étrange épreuve. Le doute était son pire ennemi et cette épreuve en avait été construite. Un jeu de miroir, d'apparence. On ne sait jamais quels pièges cache un manteau neigeux, un lac glacé… l'eau est un élément à la fois merveilleux et traitre.

Des références obscures ? Que pouvait-on considérer ainsi et qu'était-ce que cette formule magique ? Elle n'était pas une experte en prénom. Elle plissa les sourcils et se lança dans une intense réflexion.

Boran, c'était le nom du vieux chien du boucher de son village. Un chien vallait un chien, n'est-ce pas ? Qu'importe le nombre de dent. Elle pouvait bien emprunter ce nom-là sans heurter de sensibilité.

"Boran"

Elle lui gardait le surnom, Beth, Bethy en réserve. C'était un marché équitable, il s'était bien amusé avec elle. Cette fois, le miroir renvoi fidèlement son image. C'est une chose rassurante. Elle se trouve une tête affreuse. A vrai dire, elle ne s'est jamais vue aussi nette. C'est une chose très perturbante que de s'observer autrement que dans une flaque ou une vieille vitre opaque. Elle fixe la femme aux yeux sombres. Elle observe ses cheveux raidis par la saleté, son visage un peu crotté. Son bras ensanglanté qui se perd dans une nuée de poils. Elle observe sa silhouette plus menue qu'elle ne le voudrait. Elle remonte à ses yeux. Il faudrait qu'elle fasse quelque chose pour ses cheveux, ils ne ressemblaient vraiment à rien. La bête aussi se sourit, enfin, montre les crocs. Ce spectacle est si fascinant qu'elle ne pense pas à bouger. Elle reste plantée là, face à ce miroir. "C'est à ça que je ressemble, alors", est sa pensée dominatrice. Elle hausse les sourcils, grimace. Ah, j’ai des rides. Elle se concentrait sur cette découverte extraordinaire de sa propre image. Fronça les yeux. Bouh. Le sourire enfantin qui illumina ses traits en disait long sur son état.

Elle avait presque de l’allure en fait ! C’était fascinant. Elle était certes plutôt quelconque à la base. Elle ne ressemblait pas du tout à sa mère, qui avait les cheveux clairs et l’allure ronde. Elle appréciait ses cheveux noirs, son corps équipé de son armure. C’était une femme forte et volontaire qu’elle voyait là. Ça avait son charme. Si elle nettoyait un peu son visage et prenait un peu plus soin de ses cheveux ! Elle pourrait essayer de les coiffer un peu, en les attachants pour dégager son visage. Nah, trop anguleux, ça ne lui irait pas. Elle reposa les yeux sur le reflet de la bête, il était vraiment immense et faisait peur. Parfait ! Ils allaient en broyer des crânes à eux deux ! Et surtout lui ! Qu’importe, elle était d’humeur fortement positive !

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Aventure #17 écrite Lun 15 Aoû 2016, 19:12
« Boran » … Et bien, en tout cas, je ne peux pas dire qu’elle ne m’a pas écouté en ce qui concerne la partie “pas de reference obscure” : je n’ai absolument aucune idée d’où elle tire ce prénom. Boran … Bah. Il en vaut bien un autre. Les lettres tournent et se retournent pendant quelques instants dans mon crâne, et l’écho de sa voix y résonne également pendant quelques longs instants. Bien entendu, ça fourmille également de réflexions, là-dessous … Jusqu’à un point, un moment donné à partir duquel j’obtiens enfin le silence. Mon cerveau se tait. C’est si rare qu’il fasse ça que si je n’étais pas en train de faire de la narration, je pense que je pousserai un « aaaaah » de soulagement. Il a existé des instants, dans ma très longue vie, où j’aurais juré être maudit d’une quelconque façon. Pas par la solitude, l’histoire de la cellule, de l’épreuve, etc… Mais maudit car, dans un environnement aussi vide que celui de ma prison, et aussi dénué de monde … je n’ai jamais réussi à apprécier le calme. J’ai toujours été accompagné du sentiment d’avoir une tempête de pensées qui me fourmillent à l’intérieur de la boite crânienne. Et pour le moment, ce sentiment s’est volatilisé … En profiter un peu ne fait pas de mal, mon « hôte » n’est pas bien bruyante, elle non plus. Lorsque j’ouvre une paupière pour lever l’œil vers elle – ou plutôt son reflet – j’ai la surprise de la voir faire des grimaces et s’observer avec le sourire … Eh. Je suppose que même en tant que prisonnier plurimillénaire, je reste privilégié … à avoir un miroir dans ma pièce. Cependant, je dois avouer que la voir enjouée comme cela finit par me faire ricaner un peu … Je suppose que les tremblements de ma tête lui font un peu peur, parce que je la sens tirer sur une touffe de poils pour s’accrocher. Bah, mon pelage n’est pas à ça près.

Profites-en bien, je ne pense pas être capable de créer une structure de glace qui reflète aussi bien la lumière et renvoie un profil fidèle … Encore que. Ce serait à tester. Et va pour Boran … Je suppose que je m’y ferais bien assez tôt. Attention, ça va secouer un peu à nouveau.

Suivant la promesse que je viens de faire, je relève en premier lieux le derrière, le tendant un peu derrière-moi alors que j’étire en même temps mes pattes avant, prenant quelques instants pour détendre la majorité des muscles de mon corps d’un coup … Avant de bailler, et de me remettre dans une pose plus conventionnelle. Dommage pour elle je suppose : nous sommes bien au-dessus du niveau du miroir maintenant, elle ne risque pas de pouvoir s’observer … Enfin, je suppose lui avoir laissé assez de temps pour le faire. D’un pas lent et peut-être un peu las, je fais demi-tour avant de marcher d’un pas lent vers l’extérieur de la salle. Vers cette porte d’entrée, par laquelle elle est entrée quelques instants plus tôt, et qui s’est presque tout de suite après couverte de tellement de glace qu’elle en est devenue inaccessible. J’observe encore une fois mes pattes remuer les brumes, les chasser le temps qu’elles puissent fendre l’air, avant de se poser à nouveau sur le sol pour que les fumeroles puissent les recouvrir. Je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression de ressentir une certaine … Nostalgie. Est-il possible de penser qu’on regrettera un endroit qu’on s’est mis à haïr à force d’y être enfermé pour des siècles et des siècles. Bonne question … je ne serais même pas capable d’y répondre, à vrai dire. Je suppose que je suis légèrement confus, peut-être. He. C’est assez ironique, quand on pense au fait que la personne la plus confuse dans cette salle, c’est probablement l’humaine qui se trouve sur mon crâne … Et par ma faute, encore. Mais je ne regrette pas vraiment de lui avoir un peu malmené la matière grise, pour être honnête … ça a rendu tout ça encore un peu plus intéressant.

J’atteints le bloc de glace en moins d’une minute, et pose doucement ma lourde patte dessus. Son seul poids fait craquer la glace, qui se fissure comme si j’y avais mis un coup d’une intensité redoutable. Je ne suis pas particulièrement surpris : si cet étrange congère n’est pas là du fait de ma magie à moi, je connais tout de même celle qui l’a créé … Et je connais les conditions qui régissent son existence, si l’on peut dire. Au congère, pas à la magie en question … Et les conditions en questions sont simples : il existe pour servir l’épreuve … Et n’existera que s’il la dessert bel et bien. Or, il est à présent devenu inutile … Lentement, j’avance également mon museau : pas jusqu’à toucher le bloc, mais peut-être à moins d’un demi-mètre de ce dernier, quelque chose dans ces eaux-là. Levant les yeux au-dessus de ma tête (en quelques sortes, vu qu’ils sont d’une coloration uniforme), j’ai l’impression de loucher alors que je tente de saisir du regard celle qui se tient normalement entre mes deux larges oreilles.

Je vais tenter de ne pas trop bouger … Mais j’aimerais que tu descendre un peu plus vers l’avant, sur mon museau, et que tu touches la glace de la main. Spoiler sur ce qui va se passer : la glace va terminer d’éclater. Qu’est-ce qu’un spoiler ? Et bien … Quand on te … révèle à l’avance quelque chose que tu n’étais pas supposé savoir. Désolé. Langage du passé.

J’aurais presque légèrement secoué la tête, si je ne m’étais pas in-extremis rappelé qu’elle était dessus, et de surcroit en équilibre relativement instable, si elle se décidait à bouger. Laissant donc ma patte à l’endroit où je l’ai déposée un peu plus tôt dans la glace, je patiente donc le temps qu’elle s’y emploie aussi … Et comme je l’ai annoncé plus tôt, le contact de sa main déclenche une réaction aussi magnifique que simple à décrire. La glace se fracture, en moins d’une seconde, en millions de minuscules éclats non solidaires les uns des autres, qui se mettent tous en même temps à chuter et à rouler les uns sur les autres, comme un genre d’étrange liquide givré … Ils se répandent dans la brume sans vraiment la perturber, à tel point qu’en 3 secondes à peine, la porte est entièrement dégagée, et donne l’impression qu’absolument rien ne s’est passé. Soupirant doucement par le museau, je la laisse remonter à un endroit un peu moins exigüe et où elle aurait moins de chances de tomber dans le vide si elle perd l’équilibre, avant de faire un nouveau demi-tour, et de revenir vers le centre de la salle. Exactement en même temps que la glace qui recouvrait ma porte d’entrée, le miroir qui se tenait au centre de cette dernière s’est « volatilisé » en se répandant sur le sol de la pièce. Je suppose que sa manière de « refléter » quelque chose qui s’est passé juste en face de lui était bien plus littérale qu’on aurait pu le songer. Je finis par arriver à mon objectif … Le pilonne cassé. Je m’assois devant ce dernier, et balaie doucement le sol de ma queue touffue … Je ressens une grande lassitude. Son sommet est haut … Plusieurs mètres. Une broutille, pour moi : je ne peux l’atteindre d’un simple bond, il me faut à chaque fois m’accrocher à la pierre avec mes griffes … Elle en porte les marques. Peu importe.

Bien … comme tu peux le voir, la sortie est dégagée. Pour toi, du moins. Si tu le décides … Tu n’as qu’à descendre le long de mon dos, tu devrais arriver à terre sans trop de mal, même avec ton bras. La porte s’ouvrira sans le moindre problème … mais ce ne sera plus la peine de tenter de rentrer dans cette cellule par la suite. Et je suppose que ce sera un « adieu » …

J’inspire une nouvelle fois l’air frais de ma cellule, gonflant au maximum ma cage thoracique. L’air frais ne me dérange absolument pas : je me demande même s’il ne l’est pas encore plus lorsque je l’expulse. L’idée qu’elle puisse effectivement, à cet instant, descendre de mon dos et s’en aller me touche avec plus de force que je ne l’aurais cru : l’image d’elle, franchissant la porte, m’adressant un dernier regard et disparaissant à jamais de mon éternité la seconde d’après m’est d’une effroyable précision. C’est probablement tout ce que je mérite … C’est probablement le mieux pour elle. Elle trouvera certainement une autre invocation, plus compétente ou plus agréable, voir les deux. Vivra sa vie. Se trouvera finalement un homme … Ou une femme au côté de laquelle passer le reste de ses jours. Qu’elle périsse de vieillesse ou non, je doute qu’elle ait trop à se plaindre d’un futur morne et mal rempli. Puis, quelque chose me frappe : j’ai complètement oublié de poursuivre ce que j’étais en train de dire. Lâchant finalement la pression, je débloque l’air qui est en moi, l’expulsant dans son intégralité en l’espace d’une seconde ou deux … Avant de doucement faire cliqueter mes larges griffes sur le sol de verre volcanique.

Ou alors, tu peux faire un pari fou. Je ne sais pas comment sortir d’ici. J’avais une solution, avant … Mais elle a disparu, il y a quelques temps. Et je n’ai rien eu pour la remplacer … Rien, sinon des pistes. Je pense connaître un moyen. Mais je n’ai pas plus de certitude que de fourrure blanche sur le corps : ce n’est peut-être bien qu’un fantasme de mon esprit. Ça implique de monter là-haut, en haut de ce pilier … puis de me laisser tomber sur le sol de la cellule. Sans atténuer le choc le moins du monde. Je ne peux rien promettre quant au résultat … et si tu veux mon avis, tu risques de tellement claquer des dents que tu pourrais t’en couper la langue, si tu ne fais pas attention. Dans le meilleur des cas : dans le pire, tes os se brisent et tu agonises lentement par ma faute. Mais si ce genre de danger n’est pas de nature à te dissuader … Alors tu n’as qu’à donner l’ordre quand tu te sentiras prête.

Oh, et avant, une dernière chose … N’hésites pas à me le signaler, si à force de trop parler, je t’embrouille l’esprit. Je ne risque pas de changer sur ce plan-là, mais … sait-on jamais. Mais bon … Le contenu de ta tête fonctionne comme un muscle : plus tu t’en sers, plus efficace il devient. Alors, si je peux rendre ta caboche un peu plus efficace … He he.


Encore une fois, je me retiens à la dernière seconde de secouer la tête. S’il y a une chose que je sais, au final … C’est que je détesterai être ma propre invocation.

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Aventure #18 écrite Mar 30 Aoû 2016, 17:28
« Eh bien, je vais bien rentrer ma langue. »

Il était hors de question d'un adieu. L’idée de franchir la porte ne lui traversa l’esprit qu’à l’évocation de la bête. Elle aurait tout fait cela pour rien ? Pour tourner les talons lâchement ? C’était contre tous ses principes et l’apparence même de l’illogisme. Ses fesses restèrent donc solidement vissées au crâne poilu.

Elle ne voulait pas renoncer à une rencontre aussi hallucinante. Aussi. Cet être étrange qui parlait tout le temps était intriguant. Cet être solitaire avait quelque chose de touchant. Bien qu’elle s’accorde qu’elle ne pouvait pas considérer la bête comme un humain ou une chose à la logique humaine. Pourtant, elle avait envie de le comprendre. Elle devait se méfier de sa naïveté. Il lui faudrait du temps pour le comprendre lui et sa complexité. C’est peut-être ce qu’il avait voulu dire par caboche. Certainement.

Elle recula légèrement, glissant en arrière, vers la base de sa nuque. Elle noua solidement sa main valide dans la fourrure et se positionna de manière à ce que ses jambes enserrent mieux le corps sous elle. Dans cette position elle serait plus stable et vu sa petite taille, elle n’envisageait pas gêner. Elle s’émerveilla, une fois encore, de la puissance brute et enivrante que son corps dégageait. Elle n’osait pas imaginer de quoi il était réellement capable. Puissance. Rêve. Ca en donnait le vertige. A vomir, à hurler de joie. Elle ne savait pas trop. Heureusement, elle avait la capacité d’attendre bêtement que les choses se produisent sans trop réfléchir.

La seconde proposition ne lui faisait pas l'impression d'un pari fou. Qu'il grimpe et se laisser tomber ça pouvait être logique. Il voulait casser le sol pour se faire une sortie à sa tailler, en soit, ça pouvait être très logique. Dans son esprit un peu terre à terre et pas trop effarouché, cette hypothèse ne semblait pas très dangereuse. Quoiqu’en dise le demi-dieu, sa caboche fonctionnait très bien. Comme elle l’imaginait, un peu de grimpette, quelques secousses et bim ! Enfantin, vraiment.

« C’est bon, je suis bien accrochée. Vas-y… Boran. »

La guerrière téméraire était bien plus excitée qu’effrayée. La montée secoua effectivement, lui provoqua un haut-le-cœur dû à l’élévation rapide. Elle était tellement concentrée sur sa capacité à retenir le renvoi gastrique qu’elle fut fort surprise par la chute.

« Waaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhh…aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah. »

La vocalise accompagna la chute jusqu’à son dévouement.

POULPE DECERÉBRÉ!

Les secondes qui vous semblent devenir des heures furent une découverte pour elle. L’impact ne semblait jamais vouloir arriver. Les larmes causée par le vent, heureusement, la bête sous elle amortissait le choc aérien et plus tard terrestre. Elle ne fut pas excessivement malmenée par le courant aérien bien qu’elle eut l’impression du contraire. Elle qui pensait à améliorer sa coiffure, il était certain que cela n’aiderait pas. Elle eut l’impression que tous ses muscles allaient se détacher de ses os. Finalement, sa blessure devint le cadet de tous ses soucis.

Elle ferma finalement les yeux, continuant d’achever ses cordes vocales.

Je m’appelle Kaliska. Nuraven. Milicienne.
A Rorn.
Une femme du nord.
Une guerrière.

Je suis Kaliska.

J’étais Kaliska.

J’étais.


La peur lui donna une étrange sensation de lucidité. Cette compréhension qu’elle venait, de changer profondément quelque chose dans sa vie. Elle avait ouvert une porte et franchit un seuil. De l’encadrement, elle pouvait voir, celle qu’elle avait été, cette femme-là, elle ne pourrait jamais vraiment la retrouver. Aucun regret ne l’étreignit. C’était une certitude à la fois claire et diffuse. Elle n’eut pas les secondes nécessaires pour y réfléchir.

Accrochée à son radeau poilu, elle sombra.

hrp:
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Aventure #19 écrite Lun 12 Sep 2016, 23:09
En dépit de mes avertissements, elle est restée perchée là où elle se trouvait, et ne souhaite visiblement pas descendre avant que nous soyons tous les deux hors du temple … Bah. Le temps lui enseignera bien si c’était courage ou folie. Le fait qu’elle se recule tout de même pour se mettre à la base de mon cou, outre le fait qu’il m’évite des douleurs musculaires que j’aurais tôt ou tard ressenti, prouve néanmoins qu’elle a une certaine capacité de réflexion pratique … C’est idiot, et elle ne le voit pas, mais la pensé me fait sourire. Et le sourire ne me quitte pas, alors que je me ramasse sur moi-même, me donnant l’impression d’être un énorme criquet sur le point de bondir. Cependant, je pense avoir bien plus de grâce lorsque je m’élance dans les airs, et bondit pour faire « le grand saut ». Dans ce genre de situations, il ne faut pas trop réfléchir, pas trop hésiter. Ça ne sert à rien, c’est désagréable, et parfois ça dissuade même. Alors que là, tout va bien. Les choses, et surtout nous deux, sont en mouvement. Il ne me reste plus qu’à laisser les lois de la physique décider de ce qui va survenir … Ainsi que celles de la magie, qui sature ce temple, mon être, et les règles qui permettent d’enfermer tous les demi-dieux des quatre éléments. Et l’une de ces règles précise très clairement que, si un humain vient à bout des épreuves d’une invocation, cette dernière peut espérer, pour la brève durée d’une vie humaine, toucher du bout de la patte un semblant de liberté … Qui se trouve à l’extérieur.

Les délices de l’apesanteur disparaissent trop vite, alors que je sens l’air résister, tenter de nous retenir dans notre amorce de chute. Il ne doit y avoir, au maximum, que 6 ou 7 mètres à tomber en prenant en compte mon bond, mais j’ai l’impression que cette distance s’est subitement amplifiée d’elle-même, sans avoir la politesse de prévenir au préalable. Le vent caresse ma fourrure avec une intensité rare … Ce n’est pas aussi plaisant que celui qui souffle en permanence sur les plaines, de nuit, dans les landes sauvages : ici, l’air est froid, sec. Je le connais. Il empeste le givre. Mais pourtant, j’ai un fantôme de souvenir qui me revient … Galoper dans les herbes hautes. Ne laisser que la lune et les étoiles guider mes pas et chauffer mon dos. Accepter l’horizon pour seule limite. Rire des montagnes, il y a peu si hautes, mais devenues minuscules maintenant que j’en suis éloigné. La vision, qui m’emplit d’une certaine nostalgie, disparaît lorsque mes pattes heurtent le sol avec une violence que même moi je ne suspectais pas. Mais pourtant, l’obsidienne n’éclate pas avec la facilité que j’aurais suspectée, ou désiré. Un craquement absolument terrifiant résonne dans toute la salle, et son écho nous hante pendant quelques instants. J’ai l’impression que quelque chose cloche alors que je laisse passer un instant, qui me permet de totalement reprendre mes esprits.

Hum …

Je mentirais si je disais ne pas trouver cela étrange. Puis, je remarque quelque chose. La brume. La brume qui noie le sol est progressivement en train de … baisser ? Quelque chose m’échappe. En plissant les yeux, je comprends petit à petit qu’elle semble être aspirée par un point situé au niveau du sol. Je tente de lever une patte, mais j’ai subitement l’impression de perdre l’équilibre. Je préfère rester en place. Et subitement, je commence à le voir. A voir où la brume passe. Pourquoi elle disparaît progressivement.
Bien que très légère, la fumée blanche qui recouvre le sol de ma cellule se comporte comme un liquide : c’est pour cette raison qu’elle ne noie pas tout l’endroit dans un brouillard opaque. Or, ma cellule est, vraisemblablement, « étanche » : elle ne permet en tout cas pas à la vapeur de s’éclipser comme cela. Mais la donne a changé. Le sol n’est plus une surface lisse, uniforme, et capable de la retenir. Je le vois alors qu’il se découvre : le verre presque noir a bel et bien éclaté … Sur toute la surface de la salle. Brisé. Fracturé à l’extrême. Les interstices entre les morceaux me permettent, pour les moins larges, d’y glisser une griffe. L’impact que j’ai causé n’a pas eu l’effet escompté … Mais je l’admets, celui-ci est également des plus intéressants. Et alors justement que je pense cela, je vois le dernier voile de brume glisser dans une crevasse pour y disparaître. Et subitement, toute la salle semble s’affaisser, en particulier à l’endroit où nous nous tenons. Je souris une nouvelle fois, encore plus largement, et de manière éraillée.

Hum. Ca c’est amusant … Et c’est à partir de maintenant … Que je ne contrôle plus rien.

Les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu. Parfois, le chemin est parfait, mais l’arrivée ne correspond pas vraiment à la destination voulue. Et des fois, les évènements prennent une tournure inattendue, mais seulement pour parvenir à la conclusion souhaitée. Je suppose que, dans le cas présent, c’est la seconde option qui nous arrive, car un second craquement, bien plus sourd que celui provoqué par le choc initial, retentit dans la pièce. L’espace d’une demi seconde, j’ai l’impression de chuter à nouveau, alors que le sol s’affaisse d’une bonne vingtaine de centimètres sous mes pattes. De quoi faire se mordre la langue à la demoiselle sur mon dos : j’espère qu’elle l’a bien rentrée, comme elle l’avait dit. De minuscules cristaux de glace me donnent l’impression de voltiger dans les airs, et peut-être en sont-ce : pendant un court moment, ce spectacle me fait oublier la situation présente. Qui se rappelle à moi au moyen d’un craquement encore plus profond que les deux précédents. C’est le dernier, probablement, car cette fois, ce n’est pas « l’espace d’une demi-seconde » que j’ai l’impression de chuter : je sens que mon niveau baisse en continue pendant quelques instants … Avant que le sol ne cède subitement et totalement. Moi et ma cavalière, ainsi que le miroir de givre, et les colonnes autour de nous, chutons dans les ténèbres. Le verre volcanique autour de nous semble s’écrouler dans absolument toute la salle, n’y laissant plus que des murs froids et abimés. Lentement, la gravité force mon museau à pointer vers le bas, le changeant officiellement en première chose qui touchera le sol lorsque ma chute s’arrêtera … Si elle le fait un jour. Notre chute. Dans quoi me suis-je lancé ? Dans quoi ai-je entraîné cette pauvre petite guerrière du nord qui ne désirait qu’une invocation ?

Le vent devrait m’assourdir, mais à vrai dire, il me semble qu’il disparaît, petit à petit. Comme si il n’y avait plus d’air pour nous freiner. Ca ne m’étonnerait pas : j’étouffe quelque peu, mais à la vitesse de déplacement, il n’est pas illogique de penser que l’air peine à atteindre les voies respiratoires et les poumons …Encore que ? Je ne suis plus certain d’avoir la moindre idée de ce qui se passe, réellement. Quant aux ténèbres, ils sont de plus en plus omniprésents autour de nous. Le haut et le bas disparaissent progressivement, et j’en viens à me demander si ce passage dans l’obscurité totale a lui-même un sens, ou si une fois que je me réveillerais, je me retrouverais dans la cellule. Pourtant, je sais très bien que de toute manière, je n’ai pas dormi depuis des années : seulement faire semblant de somnoler. Aurais-je là tout inventé ? Kaliska ne serait-elle que le fruit de mon imagination, un songe qui m’aurait permis de m’éloigner un peu de ma triste réalité ? Pourtant, je la sens toujours quelque part dans mon dos. Peut-être hurle-t-elle, et moi, je suis simplement incapable d’entendre. Elle a sûrement peur. Et moi, qui ne craint pas la mort, qui ne me préoccupe pas d’être blessé, moi qui ai enduré tant de solitude que j’en suis venu à perdre la raison … Subitement, moi aussi. J’ai peur qu’en déchirant ce voile noir et opaque qui recouvre toute réalité, je sois séparé d’elle, et seul.

J’ai l’impression de percuter de nouveau une paroi rocheuse avec une violence particulièrement extrême. Subitement, j’ai l’impression que mon ouïe me revient, mais que les sons ont toujours disparu. Quelque chose s’infiltre dans mon nez, ma gueule. Je ne comprends que grâce au léger changement de température … De l’eau. Je suis submergé. Dans mon élément. Je me sens tellement mieux que lorsque je tombais … Mais quelque chose, sur mon dos, me fait me souvenir de quelque chose. Je peux vivre sous l’eau. Ce n’est pas le cas des hommes. Mon inertie et la gravité ont joué leur rôle : je sens mes pattes toucher quelque chose de dur, bien que … boueux. Le sol. J’ancre mes griffes dans la vase et actionne mes muscles. Un pas. Un autre. J’avance. Les ténèbres sont toujours présentes autour de moi, mais je les sens moins denses. Un autre pas. Des algues me caressent la fourrure. J’avance deux pattes à la fois, et ai l’impression de galoper. La boue est de moins en moins profonde. D’autres pas, toujours plus rapides. La lumière du soleil filtre lentement, et m’éclaire de plus en plus. J’ai l’impression étrange de galoper dans une prison liquide. Courir encore un peu plus. J’ai l’impression de sentir une nouvelle pression, faible, à la base de la nuque.

J’émerge tellement vite qu’il me faut peut-être une vingtaine de mètres et une longue glissade sur le sol inégal pour parvenir à m’arrêter. Je vomis une quantité de liquide impressionnante devant-moi … Façon de parler : l’eau sort de ma bouche, mais est toujours aussi claire que dans le lac, juste à côté … je pivote lentement. Les nombreuses tours du temple de l’eau se dressent, à quelques centaines de mètres. L’après-midi touche à sa fin. Le vent souffle, et l’espace d’un instant, j’ai envie de m’ébrouer pour chasser le surplus d’eau dans mon pelage qui m’alourdis et me rend froid. Mais je n’en fais rien. Je me contente, un instant, de tourner la tête vers la forêt non loin, puis vers le temple de nouveau. Avant de rigoler. Je me permets de secouer la tête sur les côtés : vider mes oreilles me rend enfin mon sens de l’audition.

… Est-ce que tu comprends en quoi c’était une « épreuve » de me faire confiance, maintenant ?
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Aventure #20 écrite Lun 26 Sep 2016, 23:25
Elle, ça faisait longtemps qu’elle ne contrôlait plus rien. Avait-elle seulement un jour contrôlé quelque chose ? A titre personnel, ça ne l’amusait pas du tout. La voilà qui pestait déjà contre l’humour discutable du demi-dieu. Accrochée, le visage contre la fourrure, elle ne voyait guère ce qu’il se passait. Elle eut le désagréable sentiment de retrouver la sensation de chute. Je vais vraiment finir par vomir, pensa-t-elle. Par tomber aussi, elle sentait les muscles de ses cuisses trembler légèrement sous l’effort. Pire que l’équitation ! Le choc et l’eau lui firent presque regretter la chute. Tomber, c’est une chose, ne plus pouvoir respirer, une autre. L’envie de vomir est partie. Elle n’a jamais appris à nager. Dans son village, l’eau était gelée. En mer, il ne vaut mieux pas savoir nager… ça prolonge l’agonie d’une noyade. L’eau lui a toujours inspiré de la crainte. Ce changement lui inspira un sentiment de panique. Elle ne savait vraiment pas nager !

La suite fut un peu floue. Elle s’est accrochée, mais ça secouait tellement. Les poils glissaient entre ses mains, elle eut la présence d’esprit de faire un nœud autour de l’un de ses poignets. Malgré l’eau et ses mains malhabiles, elle réussit à emmêler plus ou moins solidement les touffes de poils. Elle n’était pas certaine de pouvoir tenir très longtemps. L’air commençait à réellement lui manquer. Elle n’avait bien sûr pas eu le reflex de prendre sa respiration vu l’absence de transition visible. En plus, la bête sous elle s’agitait vivement et Kaliska oscillait, trimballée dans son sillage. Elle ne dut sa survie qu’à la célérité de l’invocation à s’extirper des eaux. Elle n’eut pas réellement conscience de sortir de l’eau. Le choc du saut la propulsa et elle roula violemment au sol. Deuxième chance dans son malheur, le choc provoqua un réflexe de crachat en elle. L’eau sortie de ses voies respiratoires, elle put enfin respirer. Cette sensation salvatrice, elle la savoura longuement. Achevant par hoquet d’évacuer le fluide étranger à son corps. Dans sa main valide, elle tenait toujours serré sa précieuse lance, la seconde était parée d’un bracelet d’une touffe de poils arrachés lors de l’atterrissage.

La bête est à une dizaine de mètre d’elle. Si ses yeux fonctionnaient toujours. Elle observa sa grande silhouette et sa tête observer les lieux. Lorsqu’il parla, elle ne comprit pas très bien les sens de ses mots. Il faut dire que la toux qui la secouait l’empêchait d’entendre grand-chose d’autre. Elle soupira et tenta de remuer. Ses pieds glissèrent sur le sol, ses doigts serrèrent un peu plus sa lance. A priori, à part sa blessure déjà existante au bras, rien ne lui semblait être plus endommagé dans son corps. Même sa tête fonctionnait. Elle maugréa et se remua un peu plus, elle parvint à se mettre à quatre patte, puis à se relever en s’appuyant sur sa lance. Sa chute avait été amortie par une végétation dense, heureusement. Elle essuya son visage maculé de boue et de diverses saletés. Elle tanga un peu, un vertige passager l’empêcha d’avancer tout de suite. Elle cracha encore un peu.

Elle observa le temple au loin. Ainsi ils étaient dehors. C’est fini alors ? Elle laissa échapper un rire nerveux et nettement soulagé. Les dieux soient loués, son corps était choqué et au bord de l’épuisement. Elle respira profondément. De l’air frais, que c’était agréable ! Ses côtes douloureuses lui firent regretter sa bouffée. Après une légère hésitation, elle se décida à rejoindre l’invocation. Elle arrivait même à marcher. Epoustouflant comme un corps pouvait être résistant. Elle leva les yeux en direction du grand canidé. Elle avait en réalité un peu l’impression d’avoir fait un rêve, un peu absurde et décousu. Il y avait pourtant trop de détails et de douleurs. Ce n’était pas un rêve.

« Voilà…. J’ai mal partout. »
Croassa-t-elle d’une voix éraillée. Cette tentative d’humour fut récompensée par une quinte de toux. Mauvaise idée l’eau dans les poumons.
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