Cloture du Festival de Rorn

Elle avait posé sa tête entre ses mains, regardant avec plus ou moins d’intérêt le combat qui se déroulait en contre-bas. L’un des deux monstres lui appartenait et pourtant, elle avait l’impression de le découvrir. Puissant, dangereux, et paradoxalement inutile. Après tout, il était un tout. La jeune femme soupira doucement lorsqu’il rata encore une fois son attaque. Son adversaire n’était pas bien meilleur, ainsi le match commençait à s’éterniser quelque peu. Shénzi allait-il réellement l’amuser ? Elle qui commençait à s’ennuyer songeait à rendre la situation un peu plus amusante. Il fallait cependant se rendre à l’évidence que d’autres hommes avaient eu cette idée avant elle.

Elle-même fut dépassée par les évènements. Le calme puis la tempête, elle sursauta et sa vue se brouilla subitement. L’instant d’un souffle et elle ne touchait plus le sol, et le sol n’était plus à sa place. Nérée ne compris pas sur l’instant ce qu’il s’était passé. Si elle avait vu une ombre traverser l’arène, elle allait mettre un temps avant d’en faire le lien avec la destruction de celle-ci. Elle ne pouvait que penser à son corps malmené, aspiré par Aer puis attirée vers Terra. Puis, comme apaisant tout, deux bras s’enroulèrent autour de son petit corps bien haut dans le ciel alors que d’autres étaient en train de tomber, autour d’eux. Peut-être était-ce égoïste, mais elle était heureuse d’être celle choisi par son sauveur. Il était si beau, si blanc dans ce paysage de malheur et de destruction. La jeune demoiselle se laissa transporter sans un mot, à demi-consciente, loin de tout ça.

Nérée ne repris ses esprits que lorsque ses pieds touchèrent une nouvelle fois le sol. Ses jambes se dérobèrent et son corps tremblant trouva repos assis au sol. Cette mort n’aurait pas été agréable, elle n’en aurait pas profité. Lorsqu’elle releva ses prunelles après quelques instants, elle croisa celle du demi-dieu à ses côtés. Surprise, une nouvelle fois. Son inconscient avait-il prononcé des ordres ? Sa phrase raisonna dans sa tête qui tanguait encore.

« Ca va… ça va. »

Elle souffla doucement, reprenant peu à peu son calme. Cette attaque était-elle un hasard ? D’ici, elle pouvait entendre d’autres bruits et ceux-ci lui disaient que les ennuis ne faisaient que de commencer. Shénzi semblait l’avoir lui aussi senti. La jeune femme vérifia qu’aucune goutte de sang ne s’échappait de son corps, constatant une légère douleur au bras lorsqu’elle le mettait en mouvement.

« Quel opportuniste… » Il ne fallait pas se laisser aller pour si peu. Nérée se releva tant bien que mal, se tournant vers les remparts de la ville qu’elle voyait, au loin. Elle reprit : « Nous n’y retournerons pas, de toute façon. Vu la tournure des évènements, dirigeons-nous vers mon exploitations, au sud d’ici. »

Il y avait toujours des gagnants et des perdants. Son défunt père avait toujours fait en sorte d’être dans le camp des gagnants et elle, qui se devait de marcher dans ses pas, ne pouvait pas rater l’occasion. Les armes allaient couler à flot, comme le sang. Le fait qu’elle venait d’échapper à un tragique destin était bien loin dans son esprit, quand bien même elle se gardait les réflexions à ce sujet pour ses rêveries nocturnes. Après quelques minutes elle commença le court voyage avec son demi-dieu. Si les temps étaient en train de changer, elle allait changer en conséquence. Elle aussi, était opportuniste.