Pierre qui roule sous ciel nocturne

06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Orée du Bois des Rois

Pierre qui roule sous ciel nocturne
[Baphomet & Rymaïn]

Pour toute réponse, il lui offrit d'abord le silence... Un silence pour l'humaine, mais probablement pas pour le semi-divin qui venait de se redresser, attentif, fixant la ville qui se découpait derrière eux. A ces mots elle comprit qu'il avait du percevoir des mouvements potentiellement dirigés vers leur position. Quoi qu'il en soit, elle lui emboîta instamment le pas, forcée de courir pour le suivre un minimum. Cependant, elle s'arrêta bien vite lorsqu'il se retourna vers elle en se rapprochant. Bien que sa démarche la surpris, elle ne perdit pas une seconde en monta sur son dos, consciente qu'ils ne devaient guère traîner. Heureusement, elle réussit rapidement à trouver un appui adéquat grâce aux écailles solides qui couvraient une partie de son corps. Lorsqu'elle eut saisi la base de la crinière sous ses mains, il s'élança au loin.

Les préoccupations liées à une éventuelle poursuite, ainsi que toutes les autres d'ailleurs, s'évanouirent aussitôt qu'une sensation nouvelle et grisante lui prit les tripes. La vitesse de la créature divine n'avait nulle commune mesure avec celle des bêtes de monte que les hommes utilisaient.

Instinctivement, elle s'était penchée vers l'avant, protégée du vent par la carrure de Baphomet. C'était à la fois étrange et plaisant, la course générant un léger pic d’adrénaline alliée d'un sentiment de liberté inhabituel, malgré la brièveté de cette dernière. Quand ils furent en vue de l'orée du Bois des Rois, il stoppa progressivement sa foulée, puis s'abaissa de nouveau, lui permettant de glisser doucement de son dos. Ses mains frôlant son corps aux aspérités qu'elle ne trouvait aucunement désagréables.

"Merci..." Souffla-t-elle, sans réellement savoir si cela s'adressait à leur fuite avisée ou à ce moment un peu particulier qu'elle avait pu ressentir au contact de la semi-divinité.

• Ω •

La suite fut plus complexe néanmoins. À peine remise de ses sensations, Baphomet lui posa une bien délicate demande. La rouquine passa une main dans ses cheveux désordonnés, pour replacer quelques mèches éparses, le regard un peu perdu dans ses réflexions à ce sujet.

Elle leva les yeux vers les iris jaunes qui la fixaient patiemment, en attente. Et tenta de choisir au mieux ses mots, réalisant que cela n'avait rien d'évident, tellement elle pouvait amener de choses... Sans savoir lesquelles revêtaient vraiment de l'importance. Certaines étaient plus simples, cependant.

"Les hommes qui respectent le dirigeant officiel du peuple d'Arcane sont soumis à de nombreuses lois. Ceux qui sont liés à un être divin ont pour devoir de le faire recenser... C'est une forme stupide de contrôle." Elle s'interrompit un moment, avant de reprendre. "Fort heureusement, certains humains vivant plus au nord de l'île ne sont pas affiliés à ce dirigeant qu'on nomme aussi le Prince et respectent autrement les enfants des Dieux."

Avisant un rocher non loin, elle s'assit afin de mieux reprendre sa respiration, tout en essayant de réfléchir clairement... "Il existe deux sortes d'espèces vivantes dangereuses sur cette île : les humains et les monstres." Sa voix se fit ironique un instant "Les seconds sont naturellement mauvais, les premiers... Pfff ... Je suppose que je ne puis faire de généralité, mais, personnellement, je les trouve bien plus haïssables." Son ton acide se perdit dans la nuit, et son regard se détourna de Baphomet, alors qu'une sourde amertume passa sur son visage, mêlée d'un sentiment d'impuissance face à sa propre appartenance à cette race stupide.

Puis, hésitante, elle ajouta quand même. "Vos frères et sœurs libres peuvent aussi représenter une menace à votre égard... Selon la nature de l'humain auxquels ils sont liés, ou simplement la leur. Tous n'entretiennent pas de bonnes intentions à l'encontre de leur fratrie."

Elle s'arrêta plus longuement, à l’affût des réactions de Baphomet ou d'éventuels commentaires et questions de sa part. Curieuse aussi, peut-être, de voir comment il prendrait tout cela. Espérant ne pas l'avoir heurter par certains propos et répondre à au moins une part de ses interrogations.

Elle ne s’était pas vraiment attarder sur quelques points, réalisant que décortiquer plus en détails son propre point de vue devenait désagréable au vu des événements récents. Les choses s'étaient teintées d'un flou perturbant, auquel elle essayait constamment de ne pas prêter attention.

Pierre qui roule sous ciel nocturne

Dernière édition par Rymaïn Cuchulayne le Jeu 01 Nov 2018, 20:44, édité 1 fois

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07/08/2018

Pierre qui roule sous ciel nocturne
Par les Quatre Dieux, qu'avaient-ils donc tous, ces humains, à cramponner ainsi mes longs poils entre leurs doigts ? Ne se doutaient-ils pas que c'était loin d'être agréable ? Et si, à mon tour, je m'amusais à leur tirer les cheveux, hein ! Peut-être qu'ils y réfléchiraient davantage la prochaine fois. Quoi qu'il en soit, l'heure n'était pas aux représailles et pour seule réponse à cette timide souffrance, je lâchais un léger râle contrarié.

Après notre fuite forcée, me voici donc face à cette humaine à la chevelure flamboyante, attendant non sans peine, sa réponse à ma question. Je la considérais de ma hauteur, battant le sol de ma queue nerveuse. Alors donc, je me trouvai dans un monde où le dirigeant obligeait le recensement des mes frères. Fort déplaisant et tellement irrespectueux. N'étions-nous relégués qu'à la simple possession ? Cette simple information me fit gronder de contrariété. Pour qui se prenaient-ils ? Je considérais alors l'humaine comme bien plus lucide que ses congénères, elle qui refusait de me « recenser ». Argh, ce verbe ne me sied vraiment pas.

Ensuite ? Des humains non affiliés à ce dirigeant crétin ? Fort bien, ces gens méritaient davantage mon intérêt que ceux se trouvant dans les environs. Mon faciès se tournant vers le Nord comme pour le jauger de ma position, je continuais d'écouter. Humains et monstres : dangereux. Revenant vers elle, j'estimais avoir déjà connaître cette information concernant la deuxième espèce. Mes paupières se plissèrent de surprise quand l'humaine m'intima la rancœur qu'elle portait aux humains. Étrange. Mais pour l'instant pas suffisamment important pour que je m'y intéresse. La dernière information me fit doucement rire.

" Ça, ça ne date pas d'hier petite, bien que vous avez sans conteste creusé le fossé. "

Je la jaugeais et la jugeais presque comme responsable, où plutôt sa condition d'humaine plus que sa propre personne. Cependant, je n'avais pas l'impression d'être rassasié par ces révélations, qui n'en avaient que le nom. Je m'agaçais.

" Est-ce là tout ce que tu es capable de me dire ? C'est un bien court résumé. "

Je grondais de mécontentement. La moitié de ce qu'elle m'avait dit, je le savais déjà. Et si c'était là tout ce qu'elle pouvait me servir, elle ne m'avait finalement que trop peu aider. Je soupirais dans un long et bruyant souffle avant que mon attention ne revienne vers elle.

" Bon et ces pierres ? "

Finalement, la chose la plus utile qu'elle avait pu me communiquer, c'était sans doute ses pierres dont elle m'avait rapidement parlé avant que l'on ne doivent décamper.
  
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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Orée du Bois des Rois

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[Baphomet & Rymaïn]

Baphomet l'écouta en l'observant de toute sa hauteur, de toute sa grandeur et... De toute sa suffisance, face à l'humaine impuissante qu'il écrasa dans la boue de sa propre condition en assénant de simples mots aussi acérés que les dents qui bardaient sa gueule.

Rymaïn encaissa la remarque, les premières secondes, remise en lieu et place de son mépris personnel envers cette appartenance détestable. Puis la colère surgit de nulle part... Probablement de ces entrailles, qui régurgitaient la bile acide qu'elles-mêmes produisaient. Une colère envers l'humaine seule, mais qui, trop emportée, se greffa à l'exutoire qui venait de lui être présenté. La nordienne se redressa, le regard acerbe et la voix pleine d'une froideur mordante, oubliant instamment la question au sujet des pierres.

"Et que voulez-que je vous dise d'autre ?! Ce n'est pas parce que nous sommes liés qu'on a fusionné, à ce que je sache ? Je ne suis pas dans vôtre tête, le danger n'a pas la même couleur pour tout le monde !"

• Ω •

Sa frustration et sa rage retombèrent aussi soudainement qu'elle réalisa l'ampleur de sa réaction et vers qui elle était dirigée... Elle se détourna alors inopinément de la divinité et s'éloigna dans le bois, sans se préoccuper de rien.

Une simple incompréhension mêlée d'une auto-mésestime la rongeant de façon délétère. Elle n'était en rien responsable de la stupidité des hommes de jadis, et elle réalisait seulement à cet instant qu'elle en portait la charge, volontairement. A quoi bon, au juste ? Et que Baphomet pouvait-il en faire de toute façon ? D'ailleurs, où était la cohérence dans ce fouillis d'incertitudes irritable? Se propres réflexions semblaient lui échapper complètement.

La nordienne s'arrêta en pleine forêt, il y faisait calme, bien plus que dans sa tête... Son esprit avait totalement oblitéré les dangers potentiels continuellement présents. En ce début de printemps, le sol se recouvrait de fleurs par endroit... Blanches, comme celle qu'elle avait effeuillée dans le Temple de la Terre. Des fleurs... Sa main saisit un objet à travers sa blouse, inconsciemment. Une pensée évidente lui vint à l'esprit, Baphomet l'énervait alors qu'elle ne désirait que son bien-être. Une contradiction désagréablement gérable.

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07/08/2018

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Me laissant à peine finir, voilà qu'elle s'armait d'une colère venue de nul part, me rabrouant, l'air incrédule face à tant de véhémence. Elle était peut-être respectueuse, mais finalement assez instable comme humaine et ça n'allait certainement pas me plaire. Pourtant je restais coïs face à tant d'animosité, ne sachant pas même quoi répondre alors qu'elle avait eu l'audace d'esquiver ma question, aussi simplement que cela.

Quand elle se détourna, je grimaçais en articulant silencieusement ses derniers mots, roulant des yeux en me fichant d'elle allègrement. Je m'attendais à ce qu'elle se retourne pour qu'elle voit cette splendide caricature que j'avais fais d'elle, mais rien. Au lieu de ça elle s'enfonçait dans la forêt sans mot dire.

" Je n'irais pas te chercher, humaine ! "

Lui lançais-je avec force, mais elle ne m'écoutais pas et s'enfonçait encore. Et les secondes, les minutes passaient, ma queue battant nerveusement le sol, fouettant l'air avec nervosité. Un grondement râclait ma gorge sans discontinuer, attendant avec impatience qu'elle revienne. Mais elle ne revenait pas. Elle n'avait vraiment aucune parole, elle qui m'avait assuré qu'elle ferait tout son possible pour éviter le danger de la mort de sa fragile existence, voilà qu'elle s'élançait seule au milieu de la forêt.

Je relevais mon postérieur et prenait la direction dans laquelle elle s'était lancée, humant l'air pour suivre son odeur. En quelques foulées, je l'apercevais au loin, au travers des arbres à peine éclairé par la lune. Je m'avançais alors avec la plus grande des discrétion, épousant le sol tel un prédateur sur le point de bondir sur sa proie. Arrivant derrière elle, je laissais mon souffle l'atteindre.

" Ne m'avais-tu pas dis que tu allais te montrer prudente ? "

Je m'asseyais souplement derrière elle, grondant de contrariété. En cet instant, elle était loin d'être prudente et cela avait le don de m'irriter. Je la fixais, qu'elle se retourne ou non. Mais si elle le faisait,  elle pourrait goûter à mes cinq yeux jaunes dardant les siens avec noirceur.

" Ce que je vois là en est tout le contraire. Décidément... je ne peux me fier à aucune de tes paroles. "

De ma hauteur je l'envahissais de ma condescendance à la mesure d'un percepteur exaspéré par son élève indisciplinée. Déçu aussi, quelque part.
  
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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Bois des Rois

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[Baphomet & Rymaïn]

La blancheur des pétales semblait presque luminescente sous la clarté lunaire qui filtrait à travers la canopée. Rymaïn ne perçut guère les pas du semi divin s'approcher dans son dos, égarée en elle-même, ce fut le souffle chaud qui se perdit dans sa chevelure qui l'extirpa de ses pensées.

La sensation lui procura un léger frisson, alors que la valse entamée parut familière. Cette idée finit par la faire étrangement sourire, tandis qu'elle répondit d'un ton désinvolte, sans se retourner.

"Oh, je savais que vous me rejoindriez, n'est-ce pas déjà la plus simple expression de la prudence ?" Cela glissait doucement sur un terrain instable. Se laisser emporter par la colère demeurait une réalité qu'elle ne contrôlait aucunement, mais ici, elle amorçait un jeu plus conscient et maîtrisé. Une partie d'elle savait ce qui la poussait là dedans, une autre la laissa toujours un peu perdue... C'était une mauvaise idée et elle préféra l'abandonner.

"...J'ai pour habitude que l'on ne m'accorde aucune confiance. Il est peu aisé de bien vouloir voir au delà du visible. Mes propos et mon intention sont pourtant sincères. Quelles que puissent en être vos interprétations."

C’était sa vérité, qu'il accepte ou non les efforts qu'elle tendait à faire dans cette direction. Elle n'en restait pas moins humaine, certains aléas ne lui permettant pas toujours de faire ce que bon lui semblait. À moins de s'abstraire de ses propres émotions par instant, ce qui ne s'effectuait pas sur commande.

• Ω •

Elle observa le parterre sous ses yeux, hésitant à se tourner vers le semi-divin et subir une nouvelle fois sa condescendance. Peut-être n'était-elle simplement pas à la hauteur de ce lien ? Cette pensée lui serra le cœur un instant, tout était tellement plus flou depuis que son clan avait disparu. Sa seule conviction restait sa dévotion aux enfants des Dieux, et elle n'était clairement pas préparée à y répondre adéquatement au vu du comportement de Baphomet à son égard.

Son regard tomba sur un pétale blanc qui venait de se détacher de sa corolle et sa voix perdit soudainement toute émotion, toute intonation.

"Vous ne m'avez pas choisie n'est-ce pas ? Je ne suis qu'une simple porte de sortie..." Elle s'avança, contournant les fleurs et s'arrêta plus loin, pour ne pas sentir cette présence oppressante derrière elle. "Vous ne m'avez même pas éprouvée, peut-être ne devriez-vous pas être surpris de m'avoir mal estimée."

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07/08/2018

Pierre qui roule sous ciel nocturne
Je grondais en réponse à ses affronts qui n'avaient de cesse de s'énumérer. Où était donc passer le respect indéfectible qu'elle semblait me vouer dans ses débuts ? N'était-elle finalement que comme les autres ? Susceptible et capricieuse ? Rah, m'étais-je à ce point trompé en la suivant.

" Ne plaisante pas avec moi, humaine. Si ça ne tenais qu'à moi je t'enfermerais quelque part pour éviter tout risque. "

La suite n'avait pas d'intérêt. Qu'en avais-je à faire qu'elle n'avait pas l'habitude qu'on lui fasse confiance ? Le sujet était que belle et bien, elle n'était pas digne de la mienne et voilà tout ce qui importait. Ce n'était pas si compliqué à comprendre pourtant. Tout ceci me fit râler bruyamment, ne voyant pas même de raison à répondre à ces inepties. Je détournais mon regard d'elle et tourna ma tête pour ne même plus l'avoir dans mon champ de vision. Chose assez difficile quand on dispose de cinq yeux indépendants. L'un demeurait d'ailleurs sur elle, inexorablement.

La suite était surprenante, suffisamment pour stopper mes grondement qui n'avait de cesse de tapisser l'ambiance, sans jamais s'interrompre. Sauf maintenant, donc. Quelques secondes de silence  pesant marquèrent la fin de ses mots jusqu'à ce que je ris de ma voix rauque et caverneuse. Mais pour qui se prenait-elle donc ? Une sorte d'élue que j'aurais attendu depuis des siècles et des millénaires ? Ah ah, je riais encore face à cette absurdité, jusqu'à même que mes yeux brillent d'hilarité. Je me reprenais ensuite, lentement et difficilement, essuyant d'un revers de patte mes yeux qui s'étaient humidifier.

Un léger ricanement perdurait cependant, ne parvenant pas complètement à reprendre mon sérieux.

" Je n'ai estimé que ta robustesse et ton respect. Le deuxième commence déjà à te faire défaut au bout de quelques jours. "

Là, je riais déjà moins. Car effectivement, cette criante vérité me rendais acerbe et bien peu complaisant. Oh, je savais bien que mon caractère était loin de s'attirer le respect de qui que ce soit, mais ma nature elle le devait. Et sa condition médiocre d'humaine ne devrait pas lui permettre d'outrepasser cette logique. Pourtant, je laissais planer mon mécontentement, demeurant à ma place, ma queue battant le sol et fouettant l'air.

" Une porte. N'est-ce pas là ce que tu voulais être ? Me permettre de sortir, me contraindre le moins possible et m'épargnant autant que possible ta présence. Ce n'est rien de plus qu'être une porte de sortie. "

Je fermais les yeux un instant, essayant de me remémorer ses propres mots dans ma cellule. Ceux qui étaient les plus judicieux à citer afin de lui montrer dans quelle bêtise elle s'était fourrée. Inspirant une seconde, je la revoyais dans ma cellule, peut-être plus petite que dans la réalité. Puis j'ouvrais les yeux, fixant son dos.

" « Ce n'est, à mon sens, pas à moi de vous donner l'envie de faire quoi que ce soit », ce sont tes propres mots. Toi même tu te positionnais en simple spectatrice de ma décision et maintenant, tu déplore ne pas avoir été le choix, le « déclic » ? "

Un nouveau ricanement, bien plus amer celui-ci, sortit de mes entrailles. Elle me fatiguait et m'exaspérait. Un jour blanc et le lendemain gris. Je n'allais pas supporter cela très longtemps.

" Tu es bien capricieuse pour quelqu'un qui se dit n'être que le néant. "

Il n'y avait rien de plus constant que le néant.
  
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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Bois des Rois

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[Baphomet & Rymaïn]

Sans surprise, le semi-divin poursuivit sur sa même lancée. La rabrouant sans cesse, railleur, ramenant même des détails liés à sa soi-disante épreuve. Rymaïn ne put retenir un léger rire moqueur face à ce comportement. Elle tenta pourtant de se poser, en son esprit, quelques instants. Comment pouvait-elle concilier ce qu'on lui avait enseigné, ce qu'elle avait lu et crut comprendre des enfants divins, avec cette attitude à la limite de la puérilité? Baphomet ne semblait guère comprendre, ou du moins le vouloir... Et elle, avait de moins en moins envie de faire un effort. Pourtant, cela mettait à mal ce besoin de cohérence. Elle se tourna enfin vers lui, l'observant en le fixant.

D'une voix purement sarcastique, elle répondit aussitôt à se première remarque. "Qu'attendez-vous pour m'enfermez, que je vous en donne l'ordre?" C'était mauvais, et bien son intention, jouer d'une apparente contradiction entre les différents désirs de Baphomet, un juste retour des choses, tiens.

Le respect était une notion intéressante au regard de leur situation respective. Elle vouait effectivement un respect sans commune mesure aux enfants des dieux, mais malheureusement, c'était surtout à l'image qu'elle s'en était forgée. Et celui-ci ne s'y glissait pas vraiment. Plate et froide, elle rétorqua.

"Sans doute ais-je du mal à déplacer le respect que je porte à une idée pour l'appliquer à une réalité toute autre. Entre celle que je me faisais d'un être doté de sagesse millénaire et susceptible de compréhension à autrui, et celui que j'ai libéré, il y a de la marge..." Ses propres mots l'étonnèrent, elle se tut aussitôt, incertaine. Cela n'allait pas aider pour la suite, mais elle était crispée par un écho très désagréable.

• Ω •

A nouveau, elle se détourna de lui, et finit par s'accroupir, pour cueillir une petite fleur blanche, qu'elle contempla distraitement. Cette histoire de choix l'énerva davantage, décidément il ne comprenait rien du tout. Qu'avait-elle espéré exactement, qu'il soit plus malin qu'un être humain? Sans nul doute. Ce fut un soupir d'exaspération qui précéda son retour sur le propos.

"Je me moque du concept de choix auquel vous semblez penser... J'espérais simplement grandir par le biais d'une décision avisée et mature. Le néant n'est pas nécessairement le vide, c'est une forme de chaos... Auquel j’espérais apporter une possibilité de créer et d'ordonner en m'imprégnant d'un lien hautement significatif." Elle jugea bon d'ajouter. "A mes yeux." Cela lui fit à nouveau penser à cette question de porte, d'ailleurs, elle lâcha, cynique. "On ne choisit pas de passer par une porte trop petite pour notre taille quand on a un peu de bon sens." Décidément, tout ceci risquait de mal se terminer...

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07/08/2018

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Sur ce point là elle n'avait pas tout à fait tord. C'est vrai après tout, qu'est-ce que j'attendrais pour l'enfermer ? Ah tiens, peut-être de trouver le moyen d'être sûr qu'elle ne crève pas de faim ou de soif car dans ce cas là, cela ne serait pas très pertinent. Si seulement j'avais l'ascendance sur cet horrible lien qui nous unissait, je pourrais alors lui ordonner de rester dans son coin et veiller simplement à sa survie. Mais effectivement, je ne le pouvais pas. Et cette supposition qu'elle puisse un jour me donner un ordre, rah, ça me hérissait le poil.

Et voilà donc qu'elle mettait les pieds dans le plat, visiblement plutôt vexé de tout ce que j'avais pu lui lancer. J'étais d'abord incrédule face à tant de véhémence et de lâché prise. Elle m'insultait presque clairement, ou au moins me rabaissait à un niveau bas dans son estime. Son estime, évidemment je n'en avais pas grand chose à faire, mais qu'elle se permette de tels propos me plongèrent dans un silence des plus profond et palpable. Ma queue avait cesser de fouetter l'air, à mesure que ses mots sifflaient dans ma direction. Je me contentais alors de la fixer, inexorablement.

J'écoutais ses propos, de plus en plus las de les entendre. Elle tergiversait et cela m'importunait. Je ne la comprenais certainement pas, mais elle ne faisait pas le chemin vers moi non plus. Comment se sentirait-elle si toute une existence durant, pendant des siècles, des millénaires, elle s'était vu enfermée, cloitrée entre des murs sombre avec pour seul échappatoire un maudit humain, qu'elle même exercre tant ? Serait-elle parfaitement encline à une ouverture d'esprit sans borne ? Ou serait-elle, tout autant que moi, des plus aigries ? Du peu que je la connaissais, j'optais pour la seconde option. Elle ne me comprenait pas, soit. Ce n'est pas moi qui allait faire le chemin inverse, j'étais au dessus de ça.

Cependant, son dernier pic avait fini d'achever ma patience. Aussi, sans un mot et sans une seule réponse, je me redressais souplement et fit volteface, m'éloignant d'elle d'un pas lourd. Je faisais la tête oui, très clairement, mais c'était aussi bien plus que ça. Après tout, elle ne méritait pas que je fasse le moindre effort pour désarmorcer la situation. J'étais excercrable certes, mais j'en avais le droit. Pas elle. Alors sans même un regard en arrière, je m'éloignais encore, prenant le chemin inverse de celui que j'avais emprunter pour la rejoindre. Sa vie à cette instant m'importait trop peu pour passer au dessus de tout ça. Tout ce qui avait été dit. Alors je m'en allais.
  
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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Bois des Rois

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[Baphomet & Rymaïn]

Baphomet demeura étrangement muet tout du long. Tiens, savait-il donc faire preuve d'écoute, voire d'un peu de maturité? Elle tourna les yeux dans sa direction, en se redressant, juste au moment où celui-ci détournait son visage et obliquait pour s'éloigner. Un silence particulier se déposa sur l'empreinte de ses pas... Rymaïn soupira faiblement, en ramenant une mèche de cheveux qui avait glissé devant ses yeux. Il boudait? Vraiment? Elle eut vaguement l'image d'un souvenir proche... celui d'une jeune femme qui lui tournait le dos pour une chose dont elle n'avait pas voulu intelligemment discuter, se contentant auparavant de rabrouer la rouquine verbalement. La pierre qu'elle sentit au creux de sa poche ajouta une étrange dimension à la corrélation de ses deux événements.

Avant qu'il ne s'éloigne d'avantage, elle haussa légèrement la voix. Oh, à peine seulement, dans l'opacité silencieuse de la nuit, l'être divin à l'ouïe fine ne pouvait que l'entendre. "Vous oubliez votre pierre... Mais peut-être préférez-vous prendre le risque de séjourner un temps infini dans votre cellule, après avoir croisé une créature... plus puissante que vous." Dit-elle platement, elle avait amorcé la chose de façon mesquine, mais la raison avait repris le dessus. L'exaspération et la compréhension aussi, peut-être. Sa voix se perdit alors dans une note basse et étrangement neutre.

Que voulait-il exactement? S'il n'attendait rien d'elle, hormis qu'elle s'assure de sa liberté, pourquoi réagir de la sorte? Après tout, il aurait été si simple qu'il lui demande de se taire, de s'en tenir au strict minimum et de repartir vivre sa liberté à sa guise. D'ailleurs, se souciait-il réellement de cette liberté, qu'il mettait lui même en péril en la laissant là?

"Fuir sa propre liberté..." Laissa-t-elle échapper dans un souffle incertain. "...J'ai déjà essayé, cela nous abîme plus que de raison." Peut-être se parlait-elle plus à elle-même qu'au semi-divin, elle ignorait si elle devait encore se soucier de lui. La dernière fois qu'elle s'était attachée et préoccupée du bien-être de quelqu'un... et bien, elle s'en prenait encore la tête chaque seconde à l'heure actuelle.

• Ω •

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07/08/2018

Pierre qui roule sous ciel nocturne
Ne pouvais-je dons pas bouder tranquillement ? Pourquoi fallait-il qu'elle me rappelle à elle ? Ne pouvait-elle pas simplement me laisser partir, seul et en paix ? L'énonciation de cette fameuse pierre, dont je ne saisissais qu'encore trop étroitement les effets, et les possibilité que je me retrouve encore une fois cloitré dans ma cellule sans aucun moyen d'en sortir par moi même, oui, ça avait fait ralentir mon pas. Voir l'arrêter même, dans un râle contraint, forcé et exaspéré. 

Puis elle lâcha un commentaire qui me paraissait personnel. Est-ce que j'en avais quelque chose à faire ? Me semble-t'il que non, évidemment. Mais j'avais tout de même le sentiment que cette humaine avait du vivre bien des choses malgré son jeune âge. Je baissais la tête, ainsi immobile à plusieurs mètres d'elle. Que faire ? La planter là et me retrouver d'ici quelques heures à nouveau dans ma cellule et cette fois-ci, pour un temps infini ? Revenir en arrière, courber l'échine et m'excuser ? Grrr, non sans façon. Alors quoi ? Garder le contrôle, lui faire sentir que revenir vers elle est là un grand cadeau que je lui fais ? S'en était surement un de toutes manières.

Je grognais donc bruyamment avant de faire demi-tour, m'asseyant lourdement fasse à elle en lui lançant des regards noir et belliqueux. Ma queue fouettait à nouveau frénétiquement l'air, s'abattant sur un rythme effréné contre la terre épaisse.

" Bon, ces pierres ? Ça vient ?! Tu m'expliques ? Et rapidement, je n'ai pas que ça à faire et toi non plus d'ailleurs. "

Mes canines constamment à l'air semblaient se faire davantage menaçante. Je rapprochais ma tête de la sienne, quelque peu, la surplombant de ma hauteur.

" T'enfoncer ainsi seule dans la forêt ? As-tu pensé à moi une seconde ? Pauvre âme éternellement cloitrée que tu as « sauvée » pour le laps de temps qu'est ta vie. Et toi, tu oses mettre en péril ma liberté aussi simplement que cela ? Ne suis-je qu'un dû pour toi, dont tu dispose à ton gré ? "

Je me redressais, me donnant plus de hauteur. Oui, ses agissements ne m'avaient que trop déplu. Comment avait-elle bien pu survivre jusqu'à maintenant en se montrant si sotte ? Mes griffes marquaient le sol, le temps était long et sa présence commençait à m'être assez insupportable aujourd'hui.
  
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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Bois des Rois

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[Baphomet & Rymaïn]

Des grognements sourds percèrent l'obscurité forestière, suivi de pas moins lestes que précédemment. Rymaïn fixa la créature divine s'approchant d'elle et posant son illustre postérieur pour lui faire face. La noirceur de son regard opéra une légère dissonance avec la neutralité qui avait prit place dans les prunelles olive.

Menaçant, il se montra concis et sec, d'un ton impérieux qui ne souffrait aucune latence de la part de la nordienne. A quoi bon s'entêter futilement ? Songea-t-elle, en ressortant la pierre suspendue à un lien de cuir solide et plutôt long. Elle laissa passer les remarques acides qui suivirent, puis répondit simplement, avec un calme étrange, à sa première demande.

"Elle permettent aux deux porteurs de communiquer où qu'ils soient. Il suffit de la toucher en songeant à l'autre et au message qu'on souhaite lui transmettre..." Elle hésita une seconde, la précisons suivante serait inutile, mais la faire évinçait d'éventuelles futures reproches. "Plus de trois usages par jour peuvent néanmoins affecter l'équilibre psychique."

Elle observa la petite sphère bleue distraitement, avant de poser à nouveau ses iris vertes sur le faciès de Baphomet. Pour un être doté de plusieurs yeux, il ne voyait guère autre chose que ce qui lui seyait. Un léger soupir franchit ses lèvres, plus de résignation et d'incompréhension qu'autre chose, sa voix demeura calme et basse.

"J'ai un profond respect à votre égard, mais je ne puis connaître ce qui se passe dans votre tête... Au même titre que je ne puis faire abstraction de mes ressentis, en tentant d'enfermer complètement toute réaction qui leur est lié."

• Ω •

Elle s'approcha alors qu'il venait de se redresser, ne le considérant de nulle manière comme une menace, et se permit de lever une main qu'elle posa délicatement sur son encolure. L'autre tenait le cordon lié à la pierre.

"Si vous voulez bien, je vais le passer autour de votre cou, elle ne vous encombrera d'aucune façon ainsi." Espérant que cette perspective ne lui déplaise de trop, elle attendit qu'il se penche en avant pour l'aider à passer la pierre et son lien.

Pierre qui roule sous ciel nocturne

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07/08/2018

Pierre qui roule sous ciel nocturne
Elle ne répondit pas à cette énième provocation. Étonnant, surprenant, frustrant. Mais, je dois bien l'avouer, quelque peu apaisant puisqu'en refusant de poursuivre ce petit affrontement, elle calmait le jeu d'emblée. C'était peut-être ça le plus frustrant car ainsi face à cette humaine qui ne présentait plus aucun agacement, je paraitrais bien bête à vouloir continuer, seul, face à elle. Cela m'arracha tout de même un grondement de circonstance. Et tandis qu'elle me narrait les pouvoirs de cette pierre, j'observais cette dernière avec un certain intérêt. Comment ces humains avaient-ils bien pu s'approprier ainsi la magie et la renfermer ainsi dans de si petits objets ?

A sa petite rétorque qui n'en était pas vraiment une, je ne répondit rien, mes yeux se contentèrent de migrer jusqu'aux siens dans lesquels je me perdis une seconde. Ils étaient d'une rare couleur, chez les humains en tout cas. Il me semble avoir croisé une pair semblable qu'une seule fois dans mon ancienne existence. Pour autant, je ne m'en souvenais presque pas, tant et si bien que je savais même plus s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. Je m'engouffrais plus profondément dans son regard quand, soudain, elle m’arracha à mon lent plongeon en posant sa main sur la crinière qui bardait mon encolure.

Le contact me fit sursauter de surprise, pourtant, je ne m'en défaisais pas. Elle faisait preuve d'une douceur qui n'allait pas vraiment de pair avec son aspect. Elle n'avait rien « d'elle », oh non, mais les secondes de légèreté d'un tel touché doux m'y renvoyais, inexorablement. J'étais partagé entre l'agacement de ne pas l'avoir « elle » face à moi à ce moment là et l'apaisement que ce contact me procurait. Un grondement fit alors vibrer mon corps, plus doux, plus serein, plus léger et régulier. 

Elle voulait donc me l'accrocher autour du cou. Cela ressemblait fort à un collier pour chien ainsi, ce qui me fit rouler les yeux au ciel de contrariété avant de me laisser choir lourdement sur le sol. A présent couché, elle aurait certainement plus de facilité à l'installer. Mon encolure étant au moins aussi large que l'écart de ses bras, il lui faudrait certainement faire un tour complet, en passant au dessus de moi.

" Coinces là entre deux de mes dents, ça la maintiendra le temps que tu parvienne à faire le tour. "

Ceci dit, j'ouvrais un peu ma gueule, la laissant faire comme je lui avais conseillé. Avec cette taille et cette forme, j'avais bien peu de manière de l'aider en réalité, c'était là la seule façon que j'envisageais efficace et simple. Quand elle s'affairait, je ne pu m'empêcher de lâcher cette question qui me brûlait les babines.

" Comment avez-vous fait pour emprisonner de la magie, qui ne vous appartient pas, dans un objet tel que celui-ci ? "

N'ayant jamais mis les pieds dans ce nouveau monde, je n'avais aucune information concernant ce procédé. J'avais bien des hypothèses, notamment une qui voudrait faire contribuer les animaux de cette endroit qui usaient visiblement de magie. Tout simplement parce que je ne pouvais pas croire un seul instant que les humains furent suffisamment doué pour parvenir à maitriser la magie divine, notre magie. A moins que si et dans ce cas là, ce serait effrayant.

Je sentais en tout cas une pointe de curiosité, pour ce monde, montrer le bout de son nez dans mon esprit.
  
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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Bois des Rois

Pierre qui roule sous ciel nocturne
[Baphomet & Rymaïn]

Finalement, l'être divin sembla se modérer, voire s'intéresser plus qu'elle ne l'aurait cru à ses explications. Ce n'était pas si mal, au contraire, Rymaïn fut soulagée qu'il ne souhaite guère plus s'enfoncer dans une querelle stérile... Oui, une querelle, cette pensée résonna étrangement dans son esprit lorsque celui-ci l'y dessina. Le fait s'avérait un peu étrange, quelques mois plus tôt, jamais elle n'aurait imaginé une seconde pouvoir entretenir de tels rapports avec un enfant des dieux.

Elle chassa ces idées qui nécessitaient un peu trop de remise en question, pour se focaliser sur l'attitude nouvelle de Baphomet. A son contact, il parut étrangement plus calme, voire... apaisé? Elle n'aurait su le dire avec exactitude, bien qu'elle nota un imperceptiblement changement dans la tessiture de ses grondements, plus bas, plus doux, peut-être. La chose eut d'ailleurs pour effet de l'apaiser elle-même, assez inexplicablement, ou assez logiquement?

Il se laissa choir sur le sol, acceptant qu'elle lui passe l'objet, facilitant de son mieux l'entreprise pour venir lui attacher. La nordienne pris appui sur avec douceur sur son épaule, juste le temps de faire le tour de son encolure, avant de se laisser glisser de l'autre côté. Elle saisit l'autre morceau du lien qu'il tenait entre ses dents immenses, et noua solidement ceux-ci entre eux. La petite sphère bleue se perdit légèrement dans l'épaisse crinière chatoyante. La question posée la laissa hésitante un instant, puis elle répondit avec le plus simplicité possible.

"Il est possible de récolter certaines substances magiques sur les monstre qui peuplent l'île. Les artisans savent en user à leur manière afin d'attribuer à différents objets les propriétés apportées par ces éléments." Bien qu'elle s'était montrée la plus concise, elle ne pouvait passer sous silence la contribution des créatures magiques de l'île à ce procédé, elle espéra néanmoins ne pas éveiller un nouvel agacement chez l'enfant de Terra.

Elle l'observa un moment, à présent que ces yeux multiples étaient à sa hauteur. Sans savoir qu'ajouter... au final, il lui avait déjà bien fait sentir lors de sa libération, qu'il ne tenait pas à ce qu'elle lui pose de questions quelconques. Ce qui n'était pas aussi évident qu'elle l'aurait souhaité, peut-être ne désirait-il pas mettre plus que le strict nécessaire dans ce lien, mais elle, ne pouvait s'en détourner avec autant d'aisance. Jusqu'alors, tout était passé par le biais de son éducation ou des livres... rarement elle avait pu côtoyer des semi-dieux... un fait qui lui parut soudain étrange, dès lors qu'elle y songeait, incohérent avec ce qu'on lui avait inculqué.

Son regard se perdit sur l'imposant corps devant elle, gorgé de magie, certes bien moins que dans l'ancien temps, mais aussi bien plus que pour la majorité des êtres peuplant l'île. Sans parler de la nudité pure et simple de l'homme en terme de pouvoirs.

"Nous pouvons peut-être retourner à Lüh? Si vous désirez poursuivre votre chemin en toute tranquillité, après m'y avoir déposée." ... Après tout, c'était la première chose qu'il cherchait depuis sa libération, la liberté dépourvue de la moindre attache inutile. Elle, ne pouvait en dire autant, mais ses propres désirs passaient au dernier plan face à la volonté de l'enfant divin.

• Ω •

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07/08/2018

Pierre qui roule sous ciel nocturne
Suite à ses manœuvres, furent-elles plutôt légères, et quand le dit lien de cuir finit par être noué, j'ébourrifais ma crinère avec vigueur, tant pour m'assurer que ce nouvel apparat tenait la route, que pour mieux le dissimuler dans mon pelage. Une fois fait, je laissais courir mes cinq yeux sur le sol aux alentours, n'apercevant aucun lien ni pierre. Ca devait être bon alors.

Mon attention revenait alors sur l'humaine. L'explication était assez épurée, pas du tout détaillée, très survolée. Mais, ça me semblait être un bon début. Alors comme ça les humains prévelevaient la magie directement sur les animaux qui peuplaient l'île. Le procédé devait être barbare à n'en pas douter, mais chassant cette idée survenue, je me secouais le crâne. Je n'étais finalement peut-être pas tout à fait prêt à me confronter à nouveau à l'ignominie humaine.  

Je n'avais cela dit pas grand chose à répondre et fixait à présent l'humaine qui s'était tut et qui... me fixait de son côté. Le moment fut étrange, j'avais l'impression qu'elle essayait de déceler quelque chose dans mon regard. Que cherchait-elle ? Je penchais pas tête sur le côté, interrogateur et perplexe. Et pourtant, ce moment m'imposait le silence, dans mon fort intérieur cela commençait à m'irriter un peu, sans pour autant eclater. Etrange. Puis elle parla enfin, me délivrant de ces chaînes invisibles qui m'avaient contraint.

Retourner à Lüh ? De là où on venait c'est cela ? La grande ville qui m'avait l'air de rassembler bon nombre d'humains. Je n'étais pas certain de vouloir m'en rapprocher, ni même ne pensais que c'était une bonne idée de retrouver ses alentours alors que juste avant, nous l'avions fuit pour des raisons qui n'avaient sans doute pas disparu en un claquement de doigt. Mes regards se tournèrent néanmoins dans sa direction, me détournant d'elle, toujours couché sur le sol frais de la nuit.

" Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Ça m'étonnerait fort qu'ils aient renoncé à nous retrouver si rapidement. Les humains s'accrochent comme des parasites. Certain appelle cela « être téméraire », moi je trouve ça souvent horripilant. "

Je revenais alors vers elle, un peu tendu par mes derniers mots qui me renvoyait inexorablement à l'expérience que je pouvais avoir des humains. Bien que ces derniers furent des anciens temps...

" Je doute que cela ai changé d'un monde à l'autre. "

Après tout, ceux du Nouveau Monde avaient l'essence des Anciens, ils étaient simplement moins libre de libérer leur horrible créativité technologique. Enfin, de ce que j'en avais compris quand nos Pères nous avaient assignés à nos punitions exemplaires. Et pourtant, j'avais choisis de me lier à l'une de ces êtres qui me répugnait. Ma mine mimant un léger dégout, je me redressais en position assise, n'ayant pourtant pas forcément pour but de la dominer. Même si mon instinct le voulait peut-être.

" N'y a t-il pas un autre endroit où nous pourrions aller ?  "
  
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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Bois des Rois

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[Baphomet & Rymaïn]

Baphomet tourna son multiple regard en direction de Lüh, exprimant clairement sa réticence. Certains humains pouvaient être plutôt teigneux, davantage que 'téméraires' sans aucun doute. Mais ils demeuraient aussi prudents... De temps à autres, lorsque leur stupidité naturelle désertait leur esprit. Ils n'avaient probablement rien trouvé aux abords de l'enceinte et elle doutait qu'ils soient restés longtemps à l'extérieur. Mais elle ne souhaitait guère froisser le semi-divin avec de telles réflexions.

Songeuse, elle continua de l'observer, alors qu'il ramenait ses yeux vers elle. Non, d'un monde à l'autre, rien ne semblait bien différent pour Rymaïn. Et ce qu'elle en savait, du moins. Elle soupira légèrement à cette idée.

"Seuls les Dieux auraient pu y changer quelque chose en modelant à nouveau notre race, cependant... " Elle hésita quelques secondes, peu certaine des effets que pourraient engendrer ses propos. "...Et bien... Je suppose que cela n'aurait pas été dans le sens de leurs désirs." Plus précisément, le sens de leur punition stupide. Qui prenait une dimension comparative idéale de cette façon. En créant des êtres aussi mauvais et haïssables que les précédents, ils s'assuraient de faire comprendre à leurs enfants toute la portée de leur soi-disant erreur. Elle plissa les sourcils à cette pensée, qui ne faisait qu'alimenter la hargne qu'elle éprouvait à l'égard des Quatres.

Elle détourna à son tour ses prunelles olives, peu habituée à ce genre de conversation. D'autant qu'il semblait étrangement calme et attentif, une situation assez nouvelle dont elle ne savait que penser exactement. Ce n'était pas désagréable, cependant, bien au contraire.

Rymaïn ne répondit pas de suite à sa dernière question, embêtée. Elle devait embarquer le surlendemain à bord d'un navire en partance de la capitale et ne pouvait pas réellement se permettre de gâcher l'or qui lui avait payé sa place. De plus, que désirait-il exactement par là ?

"Je ne sais pas... Dans quel genre d'endroit voudriez-vous aller ? De nuit, il nous faudra tout même suivre les routes principales, par précaution." Elle espérait qu'il ne l'emmène guère à l'autre bout de l'île... Enfin, c'était là qu'elle prévoyait d'aller, en réalité, mais ce genre d'information n'aurait pas vraiment plu à l'enfant de Terra. Et ailleurs, elle serait peut-être trop éloignée pour revenir à temps à la capitale d'elle-même. Elle se senti soudain bêtement coincée entre deux parts d'elle-même.

• Ω •

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07/08/2018

Pierre qui roule sous ciel nocturne
Il me semblait bien avoir décelé quelque chose comme de la révolte, contre les Dieux qui n'étaient pas même ses propres Pères. Et pourtant, elle avait l'air d'avoir une avis bien tranché à propos de temps durant lesquels elle n'avait même pas vécu. Mon avis était d'ailleurs sans doute assez proche du sien quant à l'injustice de la décision des Dieux. Pour autant, je n'estimais en aucune façon qu'elle disposait des droits de pouvoir ainsi les juger. Je me faisais alors un peu plus grand, gonflant la poitrine, la surplombant non plus de mon arrogance, mais de ma simple nature Semi-Divine.

" Attention jeune fille. Ne va pas te permettre de juger les Dieux quand tout ce que tu sais d'eux ne sont que des histoires. Tu n'y étais pas. "

Je savais bien que les Dieux avaient aussi déserté leur Nouveau Monde, l'un des humains qui avaient eu l'audace de venir dans ma cellule m'en avait informé il y a longtemps, ou peut-être pas. Mais pour autant, je n'arrivais pas à l'en blâmer réellement. Aussi, je me détendais un peu plus, lentement, alors qu'elle me questionna sur la destination qui me ferait envie. Je baissais alors les yeux, penchais la tête, puis les relevaient vers le ciel sombre. 

C'était une bonne question. Quel endroit voudrais-je visiter ? Des montagnes, voilà qui me ferait envie. Les gravir et arriver jusqu'à leur sommet, surplombant cette île de toute ma grandeur. J'avais déjà visité une forêt avec en son sein, un très beau lac. Malheureusement le moment avait été bien dérangé par ce pestilentiel toutou. Ah ! J'espérais ne pas avoir à le recroiser celui là. J'aimerais aussi voir la mer, mais pour être sincère, c'était le premier choix qui me tentait le plus. Je fermais alors les yeux et humais alors instinctivement l'air comme si j'espérais qu'elle m'amène des effluves de roches, tout en murmurant :

" Les montagnes... "

Tout à mes rêvasseries, je commençais à m'y voir, à m'y projeter. Pourtant, je rouvrais les yeux, tout à coup immobilisé par ce que je venais de dire. Je m'étais livré, simplement, moi et mes envies qui ne la regardais pourtant absolument pas. Qui plus est, pensait-elle que c'était en sa compagnie que je voulais m'éloigner de Lüh et ainsi visiter les montagnes ? Non, loin de moi cette idée et, il le fallait aussi, d'elle. Mes yeux écarquillés revenaient alors vers elle dans le même mouvement que mon faciès.

" Mais évidemment pas avec toi ! "

Je mimais la négation avec une certaine nervosité. Que voulais-je donc exprimé par là ? J'avais honte d'avoir pu, peut-être, lui laisser croire que j'avais envie de découvrir d'autres paysages avec elle. Quelle idée ! Je me redressais alors soudainement et lui tournais le dos, pointant en direction de Lüh. Finalement, il valait peut-être mieux que je réussisse à la déposer là bas, c'était une ville qui semblait bien défendue et solide. C'était sans doute le meilleur endroit pour la laisser. 

Je sursautais soudainement alors qu'une idée me prit à la gorge. Oui ! Je pouvais au moins essayer non ? J'espérais surtout que j'aurais la magie suffisante pour cela mais, il fallait essayer. Et puis, si en ma forme originelle elle était, comme elle l'avait souligné, forcé de me recenser comme un simple animal, je n'avais pas trop le choix si je voulais pénétrer ces murs. Et pourquoi donc voudrais-je m'y rendre ? Parce que là bas j'obtiendrais certainement tout un tas d'informations utiles et plus complète que ce que pouvais m'apporter l'humaine. Je commençais donc à marcher en direction de la Capitale, sans prévenir. Au bout de quelques pas je jetais un coup d’œil en arrière, vers l'humaine.

" Bon tu viens ? Je te ramène à Lüh. "
  
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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Bois des Rois

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[Baphomet & Rymaïn]

Elle aurait probablement du s'y attendre, au vu de son premier écart à propos des Dieux lorsqu'elle était au Temple. Déjà à cet instant, il l'avait remise à sa place, sèchement. Bien que sa réaction, ici, sembla moins emportée. Elle jugea bon de ne point répondre, laissant son silence faire office d'excuse.

L'enfant divin sembla réfléchir un moment à sa question, avant de répondre dans un murmure. Les montagnes? Ce n'était vraiment pas la porte à côté, loin de là... Cette légère frustration qui l’étreignit s'étouffa pourtant aussi vite face à l'attitude de Baphomet. Il semblait presque transporté par te idée, et Rymaïn ne put retenir un sourire qui prit fugitivement place sur ses lèvres... Le genre de sourire qu'aucun être humain n'avait du voir sur son visage jusqu'alors, d'ailleurs.

Pourtant, son comportement changea rapidement. Ses cinq yeux s'ouvrant comme dérangés subitement par quelque chose. Elle ne comprit pas la première seconde, craignant qu'un monstre quelconque s'approche alentours. Puis sa phrase tomba, expliquant tout... une précision presque inutile, finalement. Comment aurait-elle pu entrevoir un instant qu'il désire partager quoi que ce soit avec elle?

"Je m'en doute..." Lâcha-t-elle dans un murmure un peu incertain. Pourtant, elle aurait pu oublier complètement ce départ en mer pour une telle chose, maintenant qu'elle y pensait. Et cette pensée était tout aussi inutile que le reste de sa personne, en vérité. Mais au moins, il avait décidé de la ramener à la capitale, prenant les devants aussitôt.

"Je vous suis... avec mes jambes d'humaines." Elle avait essayé de ne pas dire ça sur un ton narquois, alors qu'il avait déjà pris plusieurs mètres d'avance pour enfin se retourner et lui demander si elle venait. Étonnement, il ralentit son pas, et tous deux retournèrent vers la ville ensemble. Arrivés non loin de l'enceinte, elle se tourna dans sa direction. Il était temps de le quitter, sans doute pour une durée beaucoup plus longue à présent... Très longue, si il ne lui arrivait rien de fâcheux. Elle tenta de garder une certaine neutralité dans sa voix lorsqu'elle posa son regard sur ces cinq iris jaunes.

"Bien... Je vous laisse profiter vraiment de vos voyages, cette fois-ci."

• Ω •

Pierre qui roule sous ciel nocturne

Dernière édition par Rymaïn Cuchulayne le Dim 28 Oct 2018, 22:00, édité 1 fois

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07/08/2018

Pierre qui roule sous ciel nocturne
Enfin parvenu suffisamment proche de Lüh, après une marche longue et éprouvante de lenteur, car oui, je n'allais pas la porter à tout va, je n'étais pas une monture dont elle pouvait disposer à sa guise et à la moindre occasion, nous nous arrêtâmes. Elle se tourna donc vers moi, tout naturellement, m'intimant que c'était là que nos chemins allait se séparer cette fois-ci. Néanmoins, je ne l'entendais pas de cette oreille et allait bientôt le découvrir. Car, plus que des informations sur l'île dans son ensemble, j'allais pouvoir également juger de la sécurité que représentait cette ville. La toisant du regard au dessus de l'humaine, je préférais être certain de là où je la laisserais. 

Mes regards revinrent alors sur la femme aux cheveux ardents, lentement, posément, après quoi je lui soufflais ces quelques mots.

" Je crois qu'une visite s'impose... "

Laissant ma voix s'allonger et s'estomper, j’emmagasinais la magie dont je disposais. Fermant les yeux, j'inspirais profondément et mon corps commençait à se transformer. D'abord, ma taille se faisait plus petite, je perdais mes écailles pour arborer une peu dorée. Mes griffes se rétractèrent pour devenir ongles, surmontant des doigts fins. Ma queue disparue, ainsi que trois de mes yeux pour n'en arborer plus que deux. Mes poils tombèrent autour de mon cou pour ne rester plus que sur mon crâne, arborant une couleur sombre, mes nouveaux cheveux s'ondulant jusqu'à mes nouvelles épaules. Mes Ma gueule était devenue lèvres charnues aux teintes brunes. J'ouvrais envie les yeux, l'un brun comme les siens et l'autre jaune, pour la petite touche personnelle. Car oui, j'avais bel et bien emprunter son enveloppe charnelle. Elle était après tout là seule humaine dont je connaissais le corps et les traits par cœur et, de toutes les manières, la seule que j'acceptais d'incarner, ma Cyrène. J'allais emprunter également son nom sous cette forme, ça me paraissait être un hommage des plus complets.

Ainsi donc face à l'humaine, j'arborais un corps harmonieux, une poitrine menue, des jambes fluettes et de petites fesses rebondis. Je me tenais à une hauteur semblable à la sienne, quoi qu'un peu plus petite de quelques centimètres. Voilà donc une position des plus inconfortables et mon visage fin et délicat mimait une tension. Mais surtout, je ne la voyais pas avec autant d'exactitude qu'avant, la vision humaine était vraiment pitoyable. Mais tout à coup, le pire arriva.

Une brise fraîche. Que dis-je ? Glaciale ! Je sentais ma peau toute entière se crispé face à ce froid, m'arrachant une plainte significative avant de m'accroupir brusquement, entourant mes jambes de mes bras frêles. Je frottais énergétiquement mes mains sur ma peau douce et fragile, essayant de la réchauffer.

" Aaah mais ce qu'il fait froid ici ! "

Ma voix était légère, douce et mélodieuse. Même malgré la haute tessiture que m'avait arraché ma plainte. Mais en entendant ma voix jaillir, je m'étais immobilisé, j'avais l'impression de l'entendre au loin. C'était étrange et restabilisant. Pourtant, la morsure du froid s'attaqua une fois encore à ma peau et m'arracha à cette courte et fugace pensée.

" Aaaaaaah ! Quelle horrible sensation ! "

Pourtant, je ne parvenais pas à me défaire du froid et ne parvenais même pas à me redresser, malgré mes essais. Je me frottais encore, nerveusement, mon visage et mon regard vairons se portant nerveusement vers l'humaine qui me surplombait. Quelle position détestable, me voilà à ses pieds. 

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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Abords de Lüh

Pierre qui roule sous ciel nocturne
[Baphomet & Rymaïn]

L'enfant divin l'observa sans lui répondre, avant de poser son faciès aux yeux multiples sur les murs de la ville qui se découpaient derrière eux. Rymaïn demeura immobile sans savoir quoi penser, lorsqu'il ramena ses yeux sur elle, soufflant une simple phrase. Quelques mots qui la laissèrent totalement perplexe au départ... Parlait-il de la capitale? Soudain, il ferma les yeux, concentré, et son corps se mua lentement, la métamorphose qui s'opérait sous son regard l'accapara complètement, au même titre qu'elle la déstabilisait, engendrant un nombre considérables d'interrogations quant à ses intentions exactes.

La créature divine avait pris les traits d'une jeune femme, à peine plus petite qu'elle, la chevelure d'un noir profond. D'abord interpellée, la nordienne reprit pieds instamment suite à cette exclamation exprimée d'une voix étrangement légère... mais surtout agressée par de nouvelles sensations. Rymaïn avait aussitôt sorti une cape de voyage chaude, et l'enveloppa d'un geste ample, en s'accroupissant devant elle. Peu soucieuse de savoir de quoi il retournait pour l'instant, davantage préoccupée par son bien-être, elle posa son regard sur celui de la jeune femme, qui brillait étrangement sous la lumière de la lune.

Des prunelles disparates qui lui arrachèrent à son tour une exclamation. Plus basse et presque tout aussi heurtée, mais d'une toute autre façon... Irritée, aussi, bien qu'elle tenta difficilement de le dissimuler.

"Vos yeux! ... Ce n'est pas du tout discret, si jamais vous souhaitez passer inaperçu." Prétexta-t-elle maladroitement, en essayant de se reprendre. L'heure n'était pas à d'autres soucis que celui qu'elle avait sous son nez. Chassant l'image qui s'était imposée à son esprit, elle l'aida à se relever avec douceur, un peu perdue. Heureusement elle possédait une seconde tenue dans son sac sans fond, dont elle extirpa une tunique d'un bleu profond, assez chaude pour la saison, car elle l'employait essentiellement dans les contrées plus froides de l'île.

L'encolure était plutôt large, ce qui lui permettrait de l'aider à l'enfiler par les jambes en lui laissant la cape le temps de la remonter. Elle s'accroupit de nouveau, le vêtement dans les mains. "Passez vos jambes à l'intérieur." Dit-elle, ayant retrouvé un timbre calme, voire aimable et compréhensif. La tâche s'avéra un peu plus ardue qu'elle ne l'aurait cru. Sans doute malhabile dans ce nouveau corps, peut-être même ne s'était-il jamais transformé en humain par le passé? Après quelques maladresses silencieuses, elle réussit néanmoins à vêtir la jeune femme, sans émettre le moindre commentaire, tentant d'être la plus douce possible avec. Une fois cela fait, elle fixa le pendentif qui lui arrivait au genoux, et s'empressa de faire plusieurs tour de son cou avec le lien de cuir.

Rymaïn n'avait malheureusement rien à lui mettre dans les pieds. Si elles désiraient entrer en ville cela risquait de paraître étrange, alors elle lui repassa délicatement la cape autour des épaules, qui touchait presque le sol. Dans l'obscurité nocturne cela devrait suffire...

"Que voulez-vous faire?" Demanda-t-elle, finalement rattrapée par sa curiosité et son incompréhension, sur bien des plans.

• Ω •

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07/08/2018

Pierre qui roule sous ciel nocturne
L'instant d'après, je sentais une grande chose m'entourant complètement et instantanément, la chaleur que rejetais par les pores de ma nouvelle peau restait emprisonnée tandis que le froid lui, ne traversait pas cette barrière inopinée. Un rapide regard m'informa que ce n'était autre qu'une grande cape épaisse dont m'avait enveloppé l'humaine que je fixais avec une grande perplexité. Elle avait été très réactive et avait répondu à mon besoin pressant dans l'immédiat, sans que je ne lui demande quoi que ce soit. Evidemment, si elle avait tardé à réagir, elle aurait eu de mes nouvelles mais, je n'avais pas eu le plaisir de lui aboyer au visage avec ma si jolie voix.

Pourtant, j'étais presque sûr que j'en aurai été bien incapable, j'avais suffisamment honte pour me taire. Je me retrouvais dans une position si groteste et peu enviable que face à elle et à sa taille maintenant plus importante que la mienne, j'était troublé. D'autant plus quand elle m'exprima avec une certaine hardeur que le choix de ma couleur d'yeux n'était pas très judicieux. Je n'avais rien su répondre, me contentant de la dévisager d'un regard ahuris.

Cependant, il me semblait qu'elle n'avait pas tout à fait tord, ça n'avait pas le mérite d'être le plus discret et il faudrait certainement que je le devienne d'une autre manière. Car changer ne serait-ce que la couleur d'un seul de mes yeux risquait de ponctionner trop de magie, du moins, trop pour si peu de changement. 

Elle se mit alors à m'aider à me vêtir d'une tenue qu'elle sortit de son sac et moi je l'observais, toujours les yeux écarquillés presque comme spectateur de cette scène finalement très énigmatique. Moi essayant de me mouvoir dans ce corps que je n'avais jamais incarné, manquant parfois de m'écrouler aussi simplement que cela, me rattrapant à elle in extremis. Et elle, qui m'aidait avec la plus grande patience du monde et avec une certaine sollicitude je dois dire. Au bout d'un moment j'avais arrêté de la dévisager, me contentant de fixer le sol comme la frêle humaine que j'étais devenue, l'esprit perdu dans le vague.

Que voulez-vous faire ? Une question si simple qui pourtant m'arracha à mes songes plutôt brutalement, me faisant sursauter juste avant de tomber vers l'arrière, rattrapé par l'humaine par les avant-bras. Aux siens je me tenais comme si ma vie en dépendait. Pourtant, j'essayais de me redresser et de reprendre contenance.

" Je t'ai dis qu'une visite s'imposait. Alors je veux visiter, ça me paraît évident, non ?! "

Je m'étonnais encore de ma propre voix mais grognais tout autant devant son manque de logique. Je me redressais un peu plus, ne me tenant à elle plus que par une main agrippé à son avant-bras et fixait les portes de la cité de mon regard disparate.

" Je veux être certain que... "

Je m'arrêtais soudainement, grimaçant d'une mine pleine de reflexion. Ses mots me revenaient. Il fallait que me montre discret sur ma nature et si on me prenait à parler de moi même au masculin, cela pourrait paraître plutôt très étrange. Je me râclais alors la gorge et reprenais mélodieusement en la gratifiant d'un regard doux. Il serait également bon que je me calques aux mimiques et aux manières de Cyrène et que je laisse de côté mon comportement Semi-Divin. J'allais commencer avec elle, cela me fera un bon entrainement.

" Je voudrais être certaine que tu es en sécurité entre ces murs et que je peux t'y laisser en toute quiétude. "

Je lui souriais d'un sourire qui se voulait évidemment doux, mais qui avait l'air plutôt forcé tant il m'était inconnu d'accomplir un tel acte. L'instant d'après, je grimaçais de gêne en étirant ma bouche dans tous les sens, attrapant mes mâchoires comme pour les masser.

" Par les Quatre, que c'est douloureux de sourire. Je comprends mieux pourquoi tu ne le fais pas souvent. "
  
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06/08/2018

La Traversée de la Rivière Blanche ~ Abords de Lüh

Pierre qui roule sous ciel nocturne
[Baphomet & Rymaïn]

La jeune femme sursauta à sa demande, déstabilisée elle faillit tomber à la renverse avant que Rymaïn n'attrape ses avants bras dans un simple réflexe pour la remettre sur pieds. Ses deux mains qui s'étaient agrippées à elle restèrent là un instant, tandis qu'elle lui répondait, telle une évidence... Certes, la nordienne n'était pas stupide, mais Baphomet ne s'était guère montré détaillé dans son propos non plus. Visiter, oui, mais pour quelle raison? Elle n'eut pas besoin de formuler la question, cependant.

Une des mains se retira alors qu'elle s'expliquait. Mais l'autre restait fermement maintenue sur son avant-bras. Les prunelles olives glissèrent un instant sur cette prise, Rymaïn était un peu incertaine quant à l'effet de ce contact permanent. Autant elle l'avait aidée sans se poser de questions, mue par un désir de protection, autant elle n'avait jamais supporté les contacts tactiles inutiles des humains... Mais il ne s'agissait guère d'un humain. C'était assez troublant, en soi... Par ailleurs, elle avait noté l'embarras sur ce visage nouveau qu'il s'était donné, comprenant aisément ce qui avait pu le motiver. Une autre chose qui lui échappait, qu'il puisse si facilement prendre les traits d'une race qu'il semblait peu porter en son cœur. Pensait-il réellement que son apparence fasse une différence quelconque dans l'estime et le respect qu'elle lui portait?

• Ω •

Son sourire et sa voix ne purent que l'interpeller, malgré un reste de grognement typiquement Baphomien pour caractériser l'ensemble. Quant à sa dernière remarque... Rymaïn ferma les yeux l'espace d'une seconde, légèrement agacée, mais cette sensation s'effaça rapidement, alors qu'elle lui répondit avec un calme assez étonnant.

"Cela n'a rien de douloureux..." Elle leva doucement sa main vers le visage aux yeux vairons, et vint frôler le coin de ses lèvres du bout des doigts, avant de la retirer aussitôt. "...Mais ce doit être une réponse à des émotions adéquates, que pour être naturel." Elle oublia presque la teneur de leur situation, l'espace de quelques secondes suspendues dans ces propres mots, dont elle ne savait elle-même que faire. Puis la réalité s’immisça à nouveau au devant de son esprit.

"Cette perspective va demander plusieurs ajustements... Il vous faut une identité, des vêtements, de quoi répondre aux nouvelles nécessités de votre corps..." Elle s'interrompit, hésitante, réfléchissant à tout ce que cela impliquait et essayant de faire le tri de façon judicieuse. Il ne lui facilitait pas vraiment la vie, bien qu'il n'avait pu s'en douter un instant. "Si vous ne souhaitez pas ma compagnie, vous aurez également besoin d'une arme et... de bon sens." Dit-elle, en pinçant les lèvres, ne sachant pas comment mieux tourner les choses pour qu'il ne le prenne mal. Elle préféra aussitôt mettre en avant certaines réalités de sa nouvelle condition. "Vous êtes bien plus vulnérable sous cette apparence, si vous ne désirez pas vous compromettre en reprenant forme divine à cause d'une blessure quelconque, il faudra faire attention. Certains lieux de la ville ne sont pas... exempt des monstres que peuvent être les hommes."

Ce n'était peut-être pas rassurant, d'un certain point de vue, bien que Rymaïn n'avait pas à se soucier de ce genre de choses de son côté. Il y avait tellement d'aspects à penser intelligemment...Et elle n'avait pas encore essayé de réfléchir au plus gros détail la concernant. C'est à dire le fait qu'elle ne comptait pas demeurer à la capitale... Une préoccupation à laquelle elle devrait s'atteler plus tard, cependant.

Soudain, elle pensa à une autre potentielle complication. "Est-ce l'apparence d'une personne... que vous avez croisé depuis votre sortie du temple?" Elle ajouta, afin qu'il n'y voit aucune volonté intrusive. "Je veux dire... s'il s'agit d'une personne existante, voire éventuellement connue, cela risque de poser problème." Un moment de flottement, elle n'osa ajouter ce qu'elle s'était apprêtée à dire. Il devait bien en avoir conscience sans qu'elle ne lui précise, cela risquait même d'accentuer ce qu'il considérait déjà comme un manque de respect à d'autres occasions.

Pierre qui roule sous ciel nocturne

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07/08/2018

Pierre qui roule sous ciel nocturne
Je soufflais par le nez, comme une bête agacée. Ses réflexions sur le sourire me firent rouler les yeux. Je le prenais, en effet, un peu comme une remarque négative. Comme si, selon elle, j'étais incapable de ressentir l'émotion adéquate à un sourire. Qu'en savait-elle ? Sous ma forme originelle, sourire était proprement impossible, n'avais-je pour autant jamais ressentis la moindre joie ? Et bien si, ma petite dame. Il y eu une période où j'étais heureux de vivre et pendant laquelle mon cœur et mon âme souriaient. Mais évidemment, je me gardais bien de lui envoyer ce genre d'information au visage, elle ne méritait pas de le savoir. Je soupirais bruyamment en détournant mon visage d'elle, croisant mes bras sur ma poitrine. J'étais parvenu à trouver une certaine stabilité aussi je pouvais me  permettre de la lâcher.

Elle reprit à propos d'un autre sujet qui, cette fois-ci, était digne d'intérêt. Je la regardais de temps en temps du coin de l’œil, d'un air distant et désintéressé, bien que je ne l'étais pas. Elle parla longtemps, énumérant comme une liste de course tous les tenants et les aboutissants de ma métamorphose. Elle avait, en soit, raison sur tout et j'étais plutôt agréablement surpris qu'elle fasse preuve d'autant de bon sens. Pourtant, elle continuait à me glisser de petits pics de temps à autre, l'air de rien, ce qui avait le don da m'agacer, pianotant alors sur mes bras nerveusement. 

Je haussais les épaules, conservant mes bras croisés, en lui lançant un regard mauvais.

" Je ne suis pas si stupide que tu semble le sous-entendre. Évidemment qu'il ne s'agit pas d'une personne vivant dans ce monde. "

Je roulais des yeux et soupirais encore. A vrai dire, heureusement que Cyrène était la seule qui avait su m'inspirer suffisamment pour emprunter son apparence, car sinon, je n'avais évidemment pas pensé à les complications possibles d'un autre choix. Mais elle n'avait pas à le savoir. Fermement camper sur mes appuis et ma mine agacée, je la regardais à nouveau.

" Sous cette forme, je réponds au nom de Cyrène. "

J'entrepris alors de quitter ma position pour me diriger vers la Capitale. Pourtant, un simple premier pas fut très compliqué et j'essayais de trouver mon équilibre de mes bras tendus, fixant le sol comme si je me trouvait sur un fil trop fin pour me supporter, manquant de tomber vers l'avant à quelques reprises.

Je dardais alors mon regard vers elle.

" Et bien ! Allons-y, qu'est-ce qu'on attends ?! "

Évidemment, ce léger pivotement eu raison de me équilibre, mes orteils s'emmêlant dans les brins d'herbes, je tombais sur ma fesse droite en grimaçant de douleur. Assise au sol, je fermais les yeux et fronçaient les sourcils en serrant les poings.

" Rah ! Ce que vous êtes compliqués ! "
  
 CN.JUNE, NEVER UTOPIA

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