Pour un avenir glorieux

J'étais là, immobile et tremblante, le souffle coupé et la conscience prête à exploser. Ou plutôt, enfouie quelque part, bien cachée. Je me sentais à la fois absente et trop présente. De trop et parfaitement à ma place. Je perdais pied, perdue dans ce flot d'incertitude, bien que la réalité me rappelait à elle brutalement. Si j'avais conservé les yeux et la tête baissés, l'approche de la gueule rageuse du Loup Divin me frappait de plein fouet. Je demeurais sur mes positions, serrant les dents et m'écartant légèrement par instinct de survie. Il n'était cependant pas assez fort pour m'éloigner davantage et Xion réagissait pour moi, lui faisant à nouveau face, du mieux qu'elle le pouvait. La tension était plus que palpable et agressait chaque parcelle de mon corps.

Jusqu'à ce que, venue de je ne savais où tant j'avais oublié sa présence, la voix d'Ezelya s'élevait à son approche. Comme on tirerait un noyé de l'eau, je me sentais reprendre esprit et respiration subitement, évacuant un lourd soupire. Je tombais maladroitement sur mes deux genoux, enfin, perdant toute la crispation accumulée jusqu'ici, avant que mon visage ne se tourne vers la pirate masqué et son Loup nous surplombant. Pourtant, si l'égo aurait pu parler, je demeurais ainsi, aux côtés de Xion qui était resté elle aussi au sol.

Les mots d'Ezelya caressaient mes oreilles et adoucissaient, une seconde, mes traits. Ceux du Loup divins me perçaient les tympans et me faisais grimacer de rage. Je restais silencieuse face à eux,  tandis que Xion apportait sa pierre à l'édifice d'une conversation peu commune. Je posais une main chaleureuse sur son encolure et me tournait vers elle. C'était elle qui m'importait et même si j'aurais souhaité plus que tout rejeter la hargne que le comportement de Nagah m'inspirait, je ne me laissais pas aller et serrait les dents assez fort pour ne pas la laisser s'échapper.


Ces paroles s'adressaient à tout le monde, mais surtout à Nagah et en particulier à Ezelya. Par là, je lui laissais entendre qu'il vaudrait mieux se quitter maintenant, mais aussi que non, je ne lui porterais pas rancœur pour tout ça. Concernant le Loup, je n'en étais pas encore sûre. J'aurais tout le temps de me questionner à ce sujet un autre jour. Pour l'heure, ils pouvaient partir. Ils le devaient. Moi je restais là, avec Xion et attendant que nos alliés si spéciaux quittent les lieux pour retrouver un peu de sérénité. Simplement là, silencieuse, interdite, ne sachant pas vraiment quoi dire tant je prenais difficilement conscience de ce qui venait de se passer. Les jours passeraient et cette altercation ne serait plus que de l'ordre du souvenir, voir... de l'oubli. Un fardeau, trop lourd à porter qui s'effacerait.

Codage par Libella sur Graphiorum