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Aventure #1 écrite Mar 18 Oct 2016, 22:36
J’aimerais pouvoir dire que je « foule » les feuilles mortes et la terre de mes pattes. Vraiment, j’aimerais. Mais ce serait un peu éloigné de la réalité. Car en fait, ce qui se produit lorsque je marche, c’est que j’écrase ce qui a le malheur de passer sous mes coussinets. Les racines, même épaisses, craquent, la terre se déforme, l’herbe est broyée. Et je ne parle même pas de ce qui se passerait si je venais à marcher sur la queue d’un écureuil … mais cela a  peu de chance d’arriver. Certes, je suis resté plusieurs siècles enfermé, à ne presque rien connaître du monde qui m’entourait, et certes, j’en ai à peine eu le temps de rattraper mon retard la dernière fois que j’ai été libéré. Mais ce n’est pas très important, parce qu’eux, ils me voient venir à des dizaines de mètres à la ronde, et ils font tous la chose la plus sage possible : ils fuient. « Eux » ne désignant, au passage, pas que les éccureuils : je renifle de nombreux parfums dans l’atmosphère, récents ou anciens, provenant de divers animaux. Il y a là des loups, des lapins, des cerfs, et toute une ribambelle de créatures diverses et variées … qui s’éloignent de ma position dès qu’elles me détectent. Et je ressens une profonde satisfaction en me disant que c’est grâce à moi … Même si techniquement, ce n’est pas à leurs ancêtres à eux que j’ai appris quoi que ce soit … Je me demande si, pour se passer de moi, mes « parents » ne se sont pas penchés sur la question pour modifier un élément ou deux de la psyché des animaux, et les ont retouchés avant de les recréer … Cela n’aurait rien de surprenant, au final. De toute manière, la réponse importe peu, et je n’ai aucune chance de l’obtenir avant … Peut-être une infinité ou deux. Une chance que ma vie ne dépende pas de la réponse, donc.

Je laisse Kalista « chevaucher » la base de ma nuque sans vraiment en prendre ombrage. Ces formes humaines sont si frêles … Et je ne dis pas cela pour être condescendant : c’est au contraire une pitié de se dire que cette race, que nous avons voulu concevoir « supérieure », reste parfois si vulnérable … Encore que. Dans les temps anciens, l’idée d’en faire des êtres plus proches de nous qu’ils ne l’étaient déjà était rejetée par une immense majorité. Ils étaient déjà bien trop intelligents, bien trop adaptables … Leur donner des enveloppes charnelles défiant les lois qui régissaient celles du reste de la faune revenait à condamner le reste du monde. La preuve en a été fournie, en quelques sortes … Toujours est-il, dans une optique plus terre-à-terre, que la guerrière sur mon cou n’a pas été faite pour être poignardée, rester dans une salle glaciale durant plusieurs dizaines de minutes, puis plongée sous l’eau durant un temps indéterminée, avant de se faire des kilomètres de marche à pied. Je suppose qu’elle aurait probablement tenté de faire le voyage quand même, mais je ne lui ai pas vraiment demandé son avis lorsque je l’ai ré-installé sur moi, au bout d’à peine quelques mètres. Elle a besoin d’un médecin … Inutile de donner à ce dernier plus de travail que nécessaire pour refaire une santé à mon invocatrice.

« Mon invocatrice » … Cette combinaison de mots me laisse songeur pendant quelques instants, et parvient même presque à couper le flot incessant de mes pensées. Presque. Dois-je dire que je n’avais absolument aucun espoir placé en elle lorsqu’elle a pénétré ma cellule ? Oui et non. Je n’ai plus d’attente envers ceux qui tentent de me libérer. J’ai été trop de fois déçu. Ce qui n’empêche pas d’être satisfait lorsqu’ils y parviennent. Bien sûr, cette même satisfaction est teintée de regrets … Comme « le fait de pouvoir sortir de ma cellule signifie que je devrais me plier à ses ordres ». Ou « Même si je suis « libre » … Ce n’est que pour quelques décennies. » ce qui ne fait pas grand-chose, quand vous avez l’impression que des évènements ayant plusieurs millénaires se sont déroulés il y a à peine quelques heures. Tout cela pour dire, l’un dans l’autre, qu’être libre de nouveau est une joie … Mais que cela ne signifie pas que voir un candidat échouer doit être source de tristesse. Se lamenter sur ceux qui n’ont pas réussi l’épreuve … tsss, quelle perte de temps. Même pour quelqu’un n’ayant
que cela, ça n’en vaut pas la peine … L’épreuve est destinée à sélectionner ceux qui, ou pas, satisferons mes critères. Ceux qui échouent ne sont que des futures déceptions, évitées de manière anticipée. Elle n’a pas échoué … Et elle est là. Et moi aussi.

Je pense qu’on peut s’arrêter là, pour l’instant.

Baissant doucement la tête, je l’incite – plus ou moins gentiment – à mettre pied à terre en secouant un peu la tête. J’aurais pu trouver moyen moins brutal de subitement couper le silence dans lequel nous étions tous les deux plongés, mais … Bah, il n’avait rien de bien sacré, après tout. Relevant la tête une fois qu’elle l’a libéré de son poids, j’ai la satisfaction de sentir le haut de mon dos délivré d’une contrainte que je ne percevais à la base pas du tout, et m’étire légèrement en fermant les yeux. Suite à cela, je jette des coups d’œil aux environs, tentant de repérer quelque chose dans les fourrés … pourtant, je ne bouge littéralement pas d’un poil, à part au niveau de la gueule, qui s’ouvre et se ferme pour me laisser parler de nouveau.

La nuit ne va pas tarder à tomber, et je dois t’avouer que je ne suis pas certain qu’on recroisera une clairière de ce genre avec un petit bout de temps … Autant mettre à profit ce qu’on a sous la main. Voilà ce que je propose … Je ne tourne toujours pas la tête vers elle pour lui parler, alors que mes yeux s’affinent … Tu t’aménage un peu l’endroit pour pouvoir y passer la soirée aussi confortablement que possible, tu fais un foyer pour un feu … Et pendant ce temps-là, je vais chasser ton repas.

Il s’écoule peut-être quelques secondes durant lesquelles je n’ajoute rien, avant que je ne sussure quelque chose entre mes crocs.

Et décides-toi vite … Je te vois un potentiel repas qui se présente sous la forme d’un lièvre relativement gras, mais je doute qu’il reste à l’endroit où il est, à se croire caché, encore bien longtemps à ce rythme …
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Aventure #2 écrite Mar 25 Oct 2016, 16:58
Moins confortable qu’un cheval, mais beaucoup plus rapide. Pas étonnant au vu de la taille de ses foulées. Après tout, elle se fera au ballottement, le plus désagréable c’est le mouvement horizontal provoqué par le mouvement des omoplates. Elle n’ouvrit pas la bouche pour s’en plaindre. Elle considère ce transport comme honorifique et bienvenu. La bête la ramenait à sa misérable et fragile condition humaine. Une condition qui avait cependant sur lui un pouvoir étonnant. Un caprice. Voilà ce que lui semblait être l’humanité, un caprice cruel. Il lui manquait souvent la simplicité de la vie du nord. Là où l’orgueilleuse humanité et remise à sa place quoiqu’il advienne. La voix rauque la tire d’une rêverie dont le contenu se perdit dans son inconscient. Pensait-elle vraiment à quelque chose ? Elle se laisse glisser le long de sa nuque et se réceptionne sans grâce. Le poids de son corps et son équipement ne lui permette pas d’envisager d’être souple et délicate. A quoi bon être délicate, il suffit d’être efficace et de se garantir une réception sans risque ! Son invocation a l’air d’apprécier le changement et elle doit avouer qu’elle s’étira avec le même sentiment de contentement. Cela faisait su bien de regagner le sol ferme.    

Il proposait. C’était aimablement formulé. C’était l’usage de leur hiérarchie, à tous les deux… cela deviendrait naturel, certainement, mais pour l’instant la guerrière le releva mentalement. C’est ainsi que devait être les choses. Cet être de puissance était condamné à lui soumettre ses propositions et ne faire preuve d’aucune autre espèce d’initiative. Liberté illusoire. Cet état lui rappelait ses années de services sur la mer intérieure. Elle s’humecta les lèvres et observa la clairière. L’endroit était en effet propice à un campement de fortune.

« Amuse-toi bien, et essaie de me le ramener autrement qu’en bouillies ou sectionné en deux ! »

Le sourire qu’elle lui rendit était empli d’une espièglerie enfantine. Les enfants ont d’ailleurs cette manière de jouer pour chercher les limites de l’autre. Elle laissa tomber son sac et sa lance au sol. Sa couverture était bien évidement encore trempe, il lui faudrait un bon feu pour espérer sécher un peu et ne pas mourir d’une mauvaise fièvre suite à cette aventure. Elle décida d’arranger son foyer près de deux rochers. Elle déplaça quelques pierres pour finir le cercle qui sécuriserait sa limite et alla chercher en suffisance du bois. Une chose était sûre, son invocation était pas la personnification de la discrétion ! Elle admira cependant le pas souple et sa capacité à se ramasser, à l’affut. Après tout, il fallait le voir comme un grand, vraiment très grand, chien. Elle ne doutait pas qu’il lui, leur, rapporte de quoi manger. Cela lui ferait du bien à lui, de pouvoir un peu profiter du temps libre que cette chasse lui occasionnerait.

Allumer un feu ne fut pas une difficulté pour celle qui était habituée à la rudesse de la vie itinérante et sauvage. Elle se servit du grand rocher à proximité de son feu pour étendre sa couverture. Avec un peu de chance, elle sécherait assez vite. Elle se défit également de son armure de cuir, glacée et pesante. Ah. Il faudra la graisser avec abondance pour se faire pardonner ce mauvais traitement. La cotte de maille était égale à elle-même mais excellente conductrice de froid et mauvaise compagne en ce moment. Elle gagna donc le sol. Elle dénicha une grande branche qu’elle appuya au rocher pour étendre le reste de sa tenue. Tunique de laine et rembourrages de fourrures. Jusqu’à ses sous-vêtements qui étaient aussi trempes. Elle sortit tout le contenu de son sac pour parvenir au même constat : mauvaise idée de se baigner tout habillée. Elle sortit sa bourse d’herbe séchée, plus très sèche… humph, autant se faire une infusion avant qu’elles ne perdent définitivement toute leur propriété si ce n’était pas déjà fait. Cette histoire allait lui couter monnaie trébuchante en équipement ! L’ensemble de ses quelques vêtements de rechanges étant tous trempes, elle les fit tous sécher sur sa branche et elle continua à nourrir abondamment le feu. Ce n’était vraiment pas très discret et presque insupportable de chaleur, mais elle ne craignait plus vraiment que cela attire de mauvaises bêtes. Elle était terriblement bien accompagnée dorénavant et surtout gelée. Ce feu allait tout simplement lui sauver sa vie de pauvre humaine glacée jusqu’à l’os.

C’est donc nue comme un ver, qu’elle s’assit près de son feu, attendant que son compagnon revienne avec la pitance. Elle partait du principe qu’un demi-dieu en avait a peu-près rien à faire qu’elle porte des vêtements ou non. La plaie sur son bras avait légèrement gonflé, ce qui n’était pas un excellent signe de guérison, mais la plaie était étonnement minime. Elle parvenait, péniblement, à bouger la main, signe que l'os n'était pas touché. Peut-être est-ce une contrepartie de l’épreuve… ou alors une bienveillance divine. Comme ses bandes séchaient également, elle laissa la blessure profiter de l’air libre, elle n’avait rien de mieux à lui offrir. Heureusement pour elle, son onguent de plante était conservé dans un petit pot de terre étanche. Au moins une chose que l’eau n’aura pas réussi à ruiner !
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Aventure #3 écrite Lun 07 Nov 2016, 21:41
Ca ne dure que quelques secondes, peut-être une dizaine … Mais je trouve cela tout de même assez remarquable. Pendant cette dizaine de seconde, à l’exception de mes paroles, je n’émet aucun bruit. Je ne remue pas non plus le moindre muscle il faut dire, et si mon pelage n’avait pas cette fâcheuse tendance à s’agiter au moindre souffle du vent, je serais parfaitement immobile. C’est assez notable dans la mesure où je suis libre de mes mouvements, et dans un espace ouvert. Et ça, ce n’est pas si fréquent que cela non plus. Je patiente, tel un colosse d’obsidienne … Puis, une moquerie me tient lieu d’approbation. Je dévoile mes crocs en soufflant très légèrement par le museau. Aurais-je conservé mon caractère d’antan … Je lui aurais soufflé dessus assez fort pour la faire décoller. Certes, je ne suis pas fils d’Aer … j’ai juste d’énormes poumons. Pourtant, je me contente de susurrer entre mes crocs.

Essaies d’être toujours vivante lorsque je le ramènerais … Qui sait, si je m’éloigne pour quelques instants à peine.

J’ai fait mieux en mon temps, mais je suis quelque peu préoccupé par quelque chose de plus important que les vacheries que je pourrais balancer à mon invocatrice. Parce que le lapin vient de relever la tête, et regarde droit devant lui, les oreilles dressées. Et si je ne me dépêche pas, il a toutes ses chances de disparaître en deux bonds. Frôlant la guerrière, je glisse sur le sol, progressant d’une manière bien trop silencieuse pour ma corpulence. Encore une fois, je n’influence en rien les mouvements de l’air autour de moi … J’applique simplement une chose très simple que j’ai inculqué à certains canidés, fut un temps. La discrétion lors de la chasse est essentielle. Et si mes pattes ont des coussinets et que mon corps est profilé pour la course, ce n’est pas pour rien. Plus tôt, je marchais de manière relativement bruyante à dessin : les animaux massifs ont peu tendance à attirer les prédateurs … à part les hommes, mais chaque race a son petit côté stupide, après tout. En revanche, ici, c’est tout l’inverse que je cherche à faire : filer entre les branches et les feuilles sans faire plus que les caresser. Nulle racine ne doit se briser sous ma patte, et je ne m’appuie que peu, le temps uniquement de me propulser vers l’avant. Il n’y a que 40 mètres entre moi et ma cible : en 5 secondes au maximum, je fais de cette distance un souvenir, que je laisse derrière-moi. Mais à la 3ème peut-être, il tourne la tête vers moi. Je suppose que s’il avait été un peu sensible, la seule vue d’un chien-loup de plusieurs mètres de haut fonçant entre les branches tout droit vers lui aurait eu de quoi lui faire faire un arrêt cardiaque. Un autre représentant de sa race n’aurait même pas réagi, trop terrifié. Pour mon plus grand bonheur, il ne fait partie d’aucune de ces deux catégories, et à une seconde peut-être de l’instant où je suis sur lui, son cerveau ordonne à son corps de bouger. A une demi-seconde, ses pattes commencent à se détendre. Et à un quart de seconde près, je le percutais de plein fouet. Au lieu de ça, je bondis légèrement, et me repose sur mes 4 pattes, enfonçant mes griffes dans le sol pour freiner ma course. Le lièvre est déjà en train de détaler, traversant un buisson à toute vitesse. C’est bien, petite chose. Montre-moi que j’ai bien dressé ton espèce.

L’espace d’un instant, je la revois. La grande guerre contre les hommes. Un carnage indescriptible, incompréhensible, une apologie du chaos dont la violence est parvenue à se graver
définitivement dans mon esprit. La lutte d’une armée de fourmi contre une poignée de colosses d’essence divine. Et pourtant, ce combat ne s’est pas déroulé aussi aisément qu’on aurait pu le croire. Mais plus que les images de boucheries, les spectacles carmin, la morsure des flammes ou le crissement du métal, ce qui me traverse l’esprit en cet instant est un son. Une détonation. Le bruit que produit une « arme à feu » lorsqu’elle tire … Une explosion pareille à nulle autre, donc pourtant tant de variantes avaient étés découvertes par nos enfants. Je ne saurais citer de modèle d’arme en particulier. Je sais juste que ce qui me rappelle ce bruit, là, dans l’instant présent et surtout dans la réalité, c’est le son que font mes jambes lorsque je repousse tout mon poids et bien plus grâce à elles. Le côté subit et la violence de l’impact contre le sol ne sont en rien comparables à ce que pourrait produire un animal normal. Je suis loin d’en être un. Mais, aussi semi-divin que je puisse être, je reste doué de limites … Et même si je parviens à parcourir la forêt, esquivant à chaque instant les arbres et autres obstacles innombrables qui parsèment mon chemin, je ne vais pas aussi vite que je pourrais le désirer … Et la petite bête détale, étrangement avantagée par sa petite taille et la puissance de ses pattes. Elle a été taillée pour fuir. Je ricanerais presque, si je n’étais pas en pleine course.

Je la suis à la trace pendant un certain temps. Des secondes ? Des minutes ? Je ne me préoccupe que du sol qui défile sous mes pattes, si vite qu’il en devient flou. J’exulte de satisfaction à pouvoir de nouveau courir librement, sans rencontrer chaque instant le même mur, qui ne semble jamais finir, puisqu’il n’est doté d’aucun angle, et couvre un cercle entier. L’animal que je pourchasse est terrifié : je vois d’ici qu’il pousse ses limites pour survivre. Ça ne suffit pas. Chose amusante : à la vitesse à laquelle il va, il pourrait probablement dépasser un loup à la course, et aisément, encore. Mais je ne suis pas un simple gros chien. Bien que beaucoup plus gros, je n’obéît pas vraiment aux mêmes règles, lorsqu’il s’agit de « capacités physiques », et cela se sent à chacune de mes foulées chaloupées, qui me permettent de grignoter un peu de la distance qui nous sépare. Il traverse un buisson comme une flèche : je me contente de bondir par-dessus. Il passe sous la carcasse d’un arbre mort, dévoré par les termites ? Je la pulvérise en prenant appuis dessus pour avancer. Je croise, au détour de notre folle course-poursuite, plusieurs animaux. Parfois des gibiers, parfois des prédateurs. Mais je ne dévie pas. Je veux ce lapin. Il n’est peut-être plus qu’à un mètre. Je continue de chercher à accélérer, et me penche … Mais pile au moment où ma gueule va claquer sur son petit corps, il disparaît de nouveau. Freinant des 4 fers avec une difficulté assez remarquable, je regarde devant moi. Plus rien. Derrière ? Rien non plus, que des feuilles mortes qui retombent après que je les ai soulevées. Faisant quelques pas, je finis par retrouver l’endroit où il est sorti de mon champ de vision … Un terrier. Tu as gagné, brave petite bête. Je doute qu’il survive bien longtemps à une frousse pareille … Mais il a réussi à battre un demi-dieu à la course, ce n’est pas rien. Observant autour de moi, je plisse les yeux … L’air a un parfum que je ne saurais qualifier de « familier », vu que je n’ai pas senti cette odeur depuis des siècles, mais elle ne m’est sûrement pas inconnue. Des loups. Et du sang.

Il ne me faut que deux minutes pour trouver ceux que je cherche. Ils sont deux. Un troisième est à terre, contre un arbre. La terre est retournée, labourée : de même que les chaires du cerfs qui repose, à terre. Je suppose qu’il est parvenu à venir à bout d’un des chasseurs qui le traquait, avait de finalement succomber … Tout s’arrête lorsque je pénètre le tableau. Les loups n’aiment pas qu’on s’approche de leurs proies. Aucun animal n’aime cela. Ils me dévisagent de leurs yeux bleus, incertains. Je m’approche sans même émettre un son, tournant légèrement la tête pour bien les observer. L’un se ramasse sur ses appuis, et grogne. L’autre semble plus hésitant … Mais le premier n’en démord pas. Je note que le second saigne, aux côtes. Coup de corne, probablement. Ils ont lutté pour ce trophée … Qui serais-je pour leur retirer ?

Une créature au service d’un humain.

Je pousse à mon tour un grognement. Ce dernier est bien plus profond, et bien plus rempli de haine que tout ce que cet animal pourra produire. Pas seulement à cause de la différence physique qu’il y a entre nous …Cette haine que je lui transmets, je la ressens. Elle brûle, tel le plus intense des brasiers. Elle brûle vers moi. Vers ce en quoi ma solitude m’a changé. Vers ce que nous avons fait, jadis. Et elle a eu des siècles et des siècles pour s’alimenter. Ils reculent, tous les deux, alors que je continue à avancer. Et finalement, ils détournent les yeux … Je coupe le grognement à ce moment-là. Il ne sert à rien d’intimider une créature qui se soumet. M’approchant de la carcasse, je l’observe … Une belle bête. D’une patte, j’écarte l’une des siennes. Et d’un coup de croc, je la sectionne, la séparant du reste du corps. La tenant ensuite du côté du sabot, je me détourne. Il est temps de rentrer. Le trajet retour ne me paraît pas bien long, mais au total, j’ai dû m’absenter … … un certain temps. J’ai trop perdu l’habitude de suivre son défilement pour pouvoir me fier à moi-même. Sans ça, je serais devenu fou … … Ne le suis-je pas déjà ?

Je retrouve le feu sans trop de mal, cependant … C’est une fournaise. Je dois cependant en faire le tour (et à une certaine distance, encore) pour voir mon humaine … elle a étendu absolument tout ce dont elle disposait. Son sac contenait tant d’affaires ? … Je me doute qu’elle n’est pas « à l’origine » du système qui lui a permis d’emporter tant avec elle, mais je salue l’ingéniosité de celui qui l’est. C’est alors, en clignant des yeux, que je me rends compte qu’elle est nue de pieds en cap. Avec un petit soupire, j’observe autour de moi … Une branche fine, probablement destinée au feu. Sans ma gueule, je ne suis pas capable de la saisir à ma guise, mais il me suffit de ruser un peu … Et de planter une griffe dedans, à sa base. Le soulevant du sol, je la pointe vers le feu, l’espace d’un instant … Puis, lorsque le bois a déjà un peu brûlé, je l’en retire, et la pose sur le sol, me servant des griffes de mon autre patte avant pour tailler le bout en pointe. Le pieux que je forme ainsi me sert à embrocher la viande … Et je plante l’autre côté du bâton en terre, afin de ne pas avoir à la déposer à même le sol.


C’était un bien drôle de lapin, en réalité. Je laisse quelques instants, observant le gigot qui me tient lieu de prise avant de venir lentement me glisser contre elle. Enfin, contre … « Derrière » serait plus exact. Je suis, malgré ma fourrure, à peu près parfaitement sec, et avec la chaleur des flammes d’un côté et moi de l’autre, elle est certaine d’avoir besoin de se rafraichir un peu si elle veut passer une nuit confortable. Cela fait du bien, de courir un peu … J’apprécie. Et maintenant, quel est le plan ? Nous allons faire réparer ce bobo ?

Je pourrais, par cette phrase, désigner à peu près n’importe quelle plaie dont elle souffre. Le fait que je pose ma queue touffue sur elle n’aide d’ailleurs en rien à désigner quoi que ce soit sur son corps. Mais peu importe. Elle sait très bien de quoi je veux parler … Et moi aussi. A vrai dire, peu m’aurait importé, même si j’avais été le seul.
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Aventure #4 écrite Dim 13 Nov 2016, 16:18
Il est même ingénieux. Qui aurait cru qu’avec d’aussi grosses pattes, il soit possible de faire une broche aussi facilement. Enfin, il doit tout de même ruser, c’est assez amusant. L'humaine observait le manège de l'animal géant avec un attendrissement presque maternel, l'espace d'un instant. Après avoir vaincu l'épreuve du bout de bois, le chien géant vint à elle. Comme à son habitude, il ne resta pas muet très longtemps.

« Oui, il faudrait que je trouve un herboriste pour refaire ma provision d’onguent et pansements. Ça ne me semble pas cassé, si je la soigne bien ça devrait se remettre plutôt bien, je suppose. »


Elle repoussa une touffe de poil qui vint lui chatouiller le nez. Son acolyte était un peu encombrant et surtout taquin. Elle devait cependant avouer qu’il était agréable de se noyer dans un océan de fourrure.

« Ce qui me fera le plus grand bien, c’est de pouvoir dormir sur mes deux oreilles. Puisque je peux compter sur toi pour veiller sur moi, je pourrais ainsi récupérer plus efficacement. Le sommeil, il n’y a rien de mieux. »


Il est vrai, également, que si elle avait été blessée physiquement, la fatigue et les émotions de l’épreuve étaient autrement plus conséquente. Alors qu’elle attendait le retour de Boran, elle avait eu du mal à garder les yeux ouverts. La tendre chaleur du feu et le fait d’être enfin assise s’était révélé source de torpeur. C’aurait fait trop plaisir à son invocation moqueuse, bien sûr qu’elle allait rester en vie, même avec un feu de joie pareil.

« Demain, on ira voir pour un herboriste, je crois qu’il y en a un dans le village à une trentaine de kilomètres d’ici. »


Il ne fallait pas dramatisé, elle avait connu nettement pire et pourtant elle était toujours là. Ce n’était pas une petite blessure qui l’arrêterait. Elle avait cependant pris conscience avec l’âge, qu’elle devait veiller sur son corps. Car si son bras se remettait mal, elle ne pourrait plus manier sa lance avec autant de dextérité et de puissance. Une manieuse de lance handicapée, ça ne valait strictement rien ! C’était sa plus grande crainte, que faire si son corps la lâchait ? Devenir une cul-terreuse, mendier pour son pain était quelque chose que son honneur lui interdisait. Avoir une invocation lui garantissait cependant un avenir plus clément, une garantie. Avec ses crocs et griffes à son service, tout serait mieux. Voilà un fait qui la réconfortait et qui l’empêchait de trop se faire de soucis pour son bras. Avec un bon bandage et des onguents cicatrisant, elle guérirait vite. Se remplir l’estomac serait également une excellente chose ! Elle lorgna sur le cuissot qui rôtissait et salivait rien qu’en le voyant suinter sous la chaleur. Elle était véritablement affamée ! C’était une torture que de sentir l’odeur et devoir attendre. Elle ramassa le couteau que Boran lui avait si gentiment offert… se méfier de ses cadeaux, toujours… et s’approcha de la viande. Elle la retira du feu et la planta de manière à ce qu’il ne cuise plus. Elle en trancha une lamelle et gouta à la viande. Délicieuse. Elle releva la tête vers le chien géant et lui sourit en guise d’approbation. Quel luxe d’avoir une invocation, rien que le fait d’avoir cette viande était pour elle source d’une grande joie. Ce plaisir simple était tout ce qu’il lui fallait. Elle découpa plus généreusement dans le cuissot et en tailla un petit quart qu’elle garda planté sur sa lame. Elle indiqua d’un signe de tête à son invocation de se servir.

« J’ai ce qu’il me faut, le reste te suffit ? »

Elle n’avait pas envie de changer sa nature. Ceux avec qui elle combattait ou vivait avait le droit à son égard et Boran ne serait jamais un esclave qu’elle ne prendrait pas en considération. Il était important qu’un partage équitable ait lieu entre eux.
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Aventure #5 écrite Mar 06 Déc 2016, 07:27
Un « herboriste » … Je n’ai pas vraiment besoin de connaître le nom pour me douter de ce que fait la personne dont elle parle. Sans parler du fait que j’en ai déjà vu, de par le passé … il y a … si longtemps.
La pensée m’irrite. Pas parce que je ne visualise le visage d’aucun humain que j’ai connu lorsque j’entends ce mot. Pas parce que je sais que cette définition a peut-être changé, en plusieurs éons … peut-être parce que je n’arrive pas à être plus précis sur la date. Je suis incapable d’être plus précis que « il y a longtemps ». Avoir un rappel de ce style concernant le fait que votre mémoire s’étiole et disparaît dans les limbes n’est jamais très agréable. Sans trop avoir à tourner la tête, j’observe un peu le campement … Elle s’est mise de l’eau à chauffer, j’ai l’impression. Mais pour l’instant, la bouilloire n’émet aucun sifflement, au contraire de la viande, dont la graisse grésille allègrement avant de finalement couler, et chuter dans les flammes, les alimentant quelque peu. L’odeur brûlée qui en ressort, à peine perceptible, me rappelle de lointains souvenirs … Et, pour une raison que j’ignore, un nombre très précis d’années s’affiche dans ma tête. Je visualise des dates. Des lieux. Je visualise une guerre, à laquelle j’ai assisté et participé du début à sa fin … puis, je souffle par les narines en refermant mes lourdes paupières. Goûter à la liberté pour vivre prisonnier de mon passé … quelle mauvaise farce.

30 kilomètres … hum. Le chemin n’est pas très praticable en forêt … mais en une demi-heure, je devrais être capable d’y galoper. Bien sûr … Il faudrait que tu sois en mesure de suivre le rythme, ou de te maintenir sur mon échine.

Je hausse légèrement les épaules, sans plus. Le reste de ce qu’elle a dit est loin d’être intéressant, mais je n’ai pas vraiment voix au chapitre … pas sur les vérités absolues. Un instant, un rictus étire mes lèvres … comment réagirait-elle si je disais que la lame du couteau avec laquelle j’ai transpercé son bras est empoisonnée ? Mais cet enfantillage me lasse avant-même que je ne sois passé à l’acte. Au mieux, il ne durerait que quelques instants … au « pire », quelques heures, le temps qu’elle se rende compte que son état ne va qu’en s’améliorant. Ce n’est pas de ce coup qu’elle périra … et la stresser pour rien à ce sujet, même si cela m’apporterait probablement une joie éphémère et puérile, ne m’avancerait à rien, ne m’apporterais rien de bon. Rouvrant la paupière, je l’observe se découper un repas que je trouve frugal – même sans faire rentrer en compte ma constitution – et soupire lorsqu’elle me pose sa question. Des dizaines et des dizaines de réponses me viennent à l’esprit. « je n’ai pas mangé pour les derniers siècles : je pense même que ce serait trop ». « Je pourrais engloutir des dizaines de cerfs comme celui dont vient cette jambe sans connaître la satiété ». « Je ne me nourris pas de ce genre de viande ». Mais, les unes après les autres, je les refuse … elle tente un geste amical. Autant ne pas mordre trop fort. Même si je refuse la caresse.


Je préfèrerais qu’on te garde des réserves. Et puis … Il n’y a que les charognards qui se nourrissent du produit de la chasse des autres. Même si cette viande me faisait réellement envie … je n’en ai pas besoin, et ne la mérite pas. je laisse un de mes lourds cycles respiratoires ponctuer ma phrase, gonflant ma cage thoracique presque au maximum de sa capacité avec un bruit assourdi avant de la laisser se vider en chassant des tornades de feuilles mortes devant mon museau. Et puis … Je n’aime pas vraiment la viande cuite. Peut-être parce que je suis un enfant de la glace, et non du feu … Ou parce que les chiens, comme tu as pu le constater, ne sont pas fait pour embrocher d’autres créatures et les placer au-dessus d’un feu de camps.

J’en reste là de mes affirmations désagréable, ne laissant qu’un léger liserait blanc en guise de pupille pour observer les alentours. Le crépitement des flammes forme une musique qui, si elle ne me dérange pas, ne m’est pas particulièrement agréable … Mais sa chaleur est indispensable, et sa lumière, précieuse. Je redresse doucement mes oreilles sur mon crâne, et écoute les craquements du bois qui, sous la chaleur qui le dévore, cède et se brise en même temps qu’il se carbonise. La forêt autour de nous est silencieuse. Les animaux craignent la danse embrasée des flammes … et ils ont bien raison. Je prends simplement la peine, en essayant de chahuter le moins possible mon invocatrice, de décaler la broche d’un coup de patte afin que la viande ne cesse de cuire.

Mais bientôt, le feu s’efface … Sa nourriture à lui s’épuise, car s’il est dans sa nature de la dévorer jusqu’à n’en plus rien laisser, le bois brûlé n’a jamais laissé derrière lui que des cendres … Et ce qui a déjà brûlé n’arrive que rarement à le faire une nouvelle fois. Lentement, j’observe mon élément ennemi s’éteindre, se faner pour disparaître avec une lenteur qui le caractérise tout autant que la violence du pire des incendies. Mon humaine s’est endormie depuis bien longtemps déjà lorsque seules quelques braises se contentent encore de rougeoyer dans le foyer désormais gris. Je suppose « heureux » pour elle le fait que je sois une énorme bête couverte de fourrure, et pas par exemple une petite gargouille givrée … sans cela, sa nuit aurait pu être bien plus désagréable. Réajustant ma queue lorsque les mouvements de la guerrière la font trop s’éloigner, je ne ferme pas l’œil durant ces quelques heures de calme. Pourtant, contrairement à ce que j’aurais pu croire … je ne me sens pas seul. Une petite boule de chaleur se tient, contre mon flanc, respirant paisiblement. Je me demande si elle rêve. Et moi. Suis-je encore capable de rêver ? Je ne me souviens plus.

Au milieu de la nuit, un évènement survient. L’arrivée d’un quadrupède … Vu sa taille, il ne s’agit pas d’un loup. Pourtant, il leur ressemble … un chien. Vraisemblablement sans maître … qui a été attiré par l’odeur de la viande. S’arrêtant en voyant notre duo, il semble hésiter une seconde … qui ne devient que la première parmi beaucoup. Il sait que mon œil, entre-ouvert, est posé sur lui. Il voit l’humaine dormir, et ne la considère donc pas comme un danger … mais il est assez avisé pour savoir que moi, si. Il fait mine de s’approcher de la viande. Il teste avec prudence jusqu’où peut-il aller sans déclencher mon ire. Je retrousse une babine supérieure. Il recule un peu en voyant la taille de mes crocs. Mais plutôt que de quitter, cet imbécile se met à tourner autour du camps, observant toujours sa cible, ou moi, avec un air relativement déterminé … Bien sûr, il fait en sorte d’éviter à tout prix de s’approcher de ma gueule. Je supporte quelques dizaines de secondes de ce petit jeu, avant de finalement ouvrir les yeux en grand, et de retrousser mes babines au maximum. Il s’arrête, et pose ses fesses à terre, ne comprenant plus … Un grondement, si sourd qu’il pourrait venir du sol lui-même, retentit. Il détale. Je cesse aussitôt, et lâche un soupire … J’aimerais que mon invocatrice dorme.

Le soleil point bien assez vite à l’horizon, et se lève avec la lenteur fastidieuse qui est la sienne. Visiblement, lui non plus n’a pas grand-chose d’autre à faire que prendre son temps … enfin. J’attends qu’il soit complètement au-dessus du niveau du sol, et que le ciel soit bien bleu pour doucement retirer ma queue du corps de la brune endormie, et la soulever … Pour lui chatouiller le nez avec, j’ai cru comprendre qu’elle n’appréciait pas. Ma pensée s’avère juste, et la vision de son réveil m’arrache un sourire. J’attends qu’elle ne se décolle pour me redresser, et m’ébrouer un peu : malgré le confort relatif du sol nu et de l’herbe, mes membres se sont ankylosés durant la nuit.

Et bien … au moins, on ne peut pas dire que tu sois du genre à mentir, lorsque tu disais avoir besoin de sommeil. J’espère que la nuit a été bonne. Je n’attends pas de réponse, alors que je plisse un peu les yeux, regardant ailleurs le temps qu’elle ne se prépare. Continuer de vérifier que la zone est sûre n’est jamais une trop mauvaise idée. Bien … Et maintenant, invocatrice ? Que faisons-nous ?
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Aventure #6 écrite Mer 24 Mai 2017, 00:14
« Comme tu veux. »

Elle n’en tint aucun ombrage, la nordiste avait un caractère entier et très placide. Elle mangea donc avec appétit et s’appliqua ensuite à conditionner les restes, les découpant en fines lamelles. Elle ne put guère faire mieux, car sa réserve de sel avait visiblement été dissoute durant son bain surprise. Elle laissa le tout près du feu, sur une grosse pierre, la fumée a quelques vertu conservatrice, de toute manière, elle sera vite mangée, cette viande. Son goût était excellent et elle en apprécia toutes les nuances. Après tout, lorsque l’on frôle la mort, l’intérêt est que vous retrouvez une joie de vivre assez étourdissante. Pour un temps au moins.  

La suite se déroule dans un silence apaisant. Depuis son enfance, elle adorait ces moments devant les feux, au chaud alors que l’hiver faisait rage. C’est une danse hypnotique. Les paupières de l’humaine se firent rapidement lourde et son esprit bascula bien vite dans les bras réparateurs du sommeil. Elle est bien, blottie contre la fourrure. Elle rêva, oui, un rêve paisible. Elle ne s’en souviendra pas à son éveil, le grondement de son invocation ne parvint pas à l’en extirper. Elle continua son somme, profondément abandonnée. Ce sommeil confiant était le témoin de l’insouciance de l’humaine. Une insouciance bienheureuse, convaincue désormais que le grand chien deviendrait le plus fidèle des acolytes et qu’elle pouvait lui faire totalement confiance. Ce moment bienheureux toucha trop vite à sa fin et c’est d’un grognement mécontent et d’un geste maladroit qu’elle repoussa la queue taquine. Son humour restait une chose très discutable.

« J’ai bien dormi, oui. »


Elle grignota un peu de viande de la veille, tout en se vêtissant. A présent qu’elle avait quitté le nid douillet qu’était le flanc de son invocation, et au vu de sa nudité, elle avait froid. Elle enfila patiemment, couche après couche ses habits. Des survêtements aux pièces de son armure. Elle finit en vérifiant qu’elle avait bien noué hermétiquement les différentes pièces et apprécia la chaleur qui la gagna. Elle se sentait bien mieux, entourée de cette protection, cette coque si usitée qu’elle était pour elle comme une seconde peau. Elle s’étira et bougea doucement son bras. Il lui faisait un peu moins mal, mais la gêne demeurait.

Il faisait beau et elle apprécia l’air vivifiant. Pas autant que celui du nord où elle vivait, mais c’était mieux que rien. Elle rangea la viande dans un sac et acheva son paquetage. Elle accrocha le poignard à sa ceinture et saisi sa lance.

« Maintenant, on y va. Je vais marcher un peu. Si tu me portes sans cesse, je vais m’encrasser et devenir paresseuse. »


Nul doute que cela agacerait son invocation qui avancerait bien plus vite s’il ne devait suivre le rythme de ses petites jambes d’humaines. La marche lui permettait de réfléchir et de ressourcer son corps. Il avait été malmené, il fallait lui donner le temps de récupérer. Elle avait besoin d’avancer à son rythme. Peut-être changerait-elle d'avis plus tard, mais elle comptait bien faire quelques kilomètres sur ses jambes.

« Je ne sais pas ce que tu en penses, et je t’avouerai que c’est un peu nouveau pour moi, mais penses-tu que tu devrais venir avec moi dans la bourgade ou garder tes distances pour éviter d’inutiles effusions de peurs ? »


Elle leva les yeux vers l’immense invocation, il lui faisait toujours un effet certain, elle ne s’était toujours pas habituée à cette démonstration de force et de taille qu’il incarnait. S’il lui inspirait de la crainte instinctive, elle imaginait que des villageois peu habitué aux invocations puissent être effrayés. Ou alors seraient-ils rassurés de sa présence, leur assurant une sécurité accrue ? Elle n’arrivait pas à en être certaine, tout comme elle ne savait comment sa hiérarchie s’adapterait. Sa vie allait changer, c’était sûr.

Elle inspira. Un grand changement dont elle ne mesurait pas toutes les conséquences.
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Aventure #7 écrite Mer 19 Juil 2017, 07:17
L’entendre mastiquer un peu de la viande qui a cuit hier me prend – très légèrement – au dépourvu. Je suppose que le concept de « faire trois repas par jours » est resté dans les limbes de ma liste des priorités un peu trop longtemps pour que je ne puisse vraiment m’en souvenir. Se vêtir, en revanche, ça ne me surprend pas … En partie car je sais très bien que les hommes portent en permanence des vêtements, mais également pour la simple et bonne raison qu’elle portait déjà cette tenue hier, lors de notre rencontre. Si je peux dire quelque chose, maintenant que je l’ai vu aussi nue que vêtue, c’est que cette « armure » - si le terme s’applique – camoufle bien ses formes. Elle ne les masque pas totalement bien sûr, tout comme son visage ou sa coiffure n’auraient rien de trompeurs … Mais tout de même. Elle est garde, m’a-t-elle dit ? Et bien … Je suppose qu’inspirer l’autorité et peut-être la crainte aux ivrognes plutôt que les aguicher doit être une bonne chose. Donc, son uniforme est bien conçu, en soit … … Des fois, je suis moi-même surpris par mes sujets de réflexion. Je pense que je m’ennuie, à attendre qu’elle ne mange et s’habille. Mais bien vite, la tâche est bouclée, et c’est avec un léger grognement que je m’ébroue quelque peu, cherchant à chasser encore quelques traces de rigidité dans mes muscles.

à ta guise. Ne pas avoir ton poids sur le dos ne peut pas faire de mal, après tout.

Lâchant un ricanement à peine moqueur, je me tourne vers la direction dans laquelle elle semble vouloir se diriger. Est-ce la même que celle que j’avais pris, la veille ? Je serais un peu en peine pour le dire. « Hausser les épaules » me semble une gestuelle peu adaptée à ma morphologie, mais je me sentirais presque compulsivement poussé à l’utiliser : ça n’a pas d’importance. Allons là où elle le désire, la suite … nous verrons bien en y parvenant.

Mh. Je doute que de voir un loup de plusieurs mètres de haut rôder dans les bois autour du village ne rassure qui que ce soit, peu importe le village. Je sais parler. Toi aussi. Autant que tu me laisse t’accompagner … Un genre de rictus arque mes babines, alors que je me met en marche, mes pas ne causant pas le moindre bruissement. Et puis bon … Qu’est-ce que la peur, sinon un mécanisme primaire de survie ? à force de vous construire des chaumières, de manger plutôt régulièrement et d’avoir des gardes pour vous protéger, vous-autres tendez souvent à la négliger, et à l’oublier, cette survie …. Et pourtant.

Je ne sous-entends bien sûr pas que je veux qu’ils prennent les armes et se mettent à me tirer dessus ou à me percer de leurs lances … Mais croiser un prédateur de mon envergure au beau milieu de leur « sécurité » les poussera peut-être à réfléchir un peu plus à cette dernière. Bien sûr, il y a des raisons à l’organisation qu’ils choisissent … et en leur évitant le conflit permanent que peut être la vie sauvage, leur « société » leur offre une existence plus paisible, plus … Satisfaisante ? Pour cette partie-là, je ne peux que spéculer … Je suis venu au monde avec un but, une mission. Lorsque je remplissais cette dernière, je me sentais satisfait. Sinon, je me donnais plus de mal pour y parvenir … Même si j’ai finalement perdu intérêt à la tâche à cause de l’évolution des choses autour de moi, je sais que c’était pour cela que j’avais été créé, et à cela que je devait employer mes forces … En théorie. Mais pour ces créatures, nées et conçues avec la pensée, mais sans but … Quelle ligne directrice mène leur existence ? Quel idéal cherchent-ils à atteindre, ultimement ? En ont-ils même un ? Ce sont probablement des questions que moi et mes frères aurions dû nous poser dès leur création … hun. Naïfs enfants des dieux que nous étions à l’époque … Naïfs enfants, surtout.

Et puis, quand j’y pense … Arrêtes-moi si je me trompe. En avais-je assez du silence ? Peut-être. Je ne suis pas sûr que l’avoir pour compagnon pendant quelques heures de route soit très agréable. Pour me libérer, tu as tout de même dû te rendre jusqu’au temple par tes propres moyens, me prouver ta valeur, et désormais, je suis un peu ton esclave …dans les faits. Je ne dis pas que tous tes pairs sont d’une intelligence transcendante, mais … Ma présence devrait probablement leur inspirer du respect pour toi, voir te permettre l’obtention de quelques faveurs, non ? Bien sûr, je ne m’attends pas à ce qu’ils t’accueillent à bras ouverts et te couvrent d’or. Mais au moins … Si je suis avec toi, j’augmente tes chances d’être « bien traitée », par rapport à une étrangère fatiguée et blessée … et plutôt commune par-dessus le marché. Enfin … ça, c’est la manière optimiste de voir les choses.

Je ne poursuis pas, mais développe tout de même l’idée dans mon esprit. Je ne dis pas que « n’importe qui peut avoir une invocation » … Mais une invocation peut être obtenue par n’importe qui, ou presque. Y compris les malfrats. Je ne sais pas s’il y a régulièrement eu des attaques de villages perpétrées par des hors-la-loi pourvus d’enfants divins, mais lorsqu’il y en a eu, ça n’a pas dû être très plaisant à observer. Et il est possible qu’en certains endroits, les locaux en aient gardé des traces … Bien sûr, ici, cela veut dire que les gardes auront beaucoup plus tendance, eux aussi, à « bien s’accompagner ». Ailleurs, cela peut signifier que les invocateurs ne sont pas les bienvenus … Parfois, pas du tout. J’ai du mal à me mettre dans la tête d’un homme, la plupart du temps, mais pourtant, ici, la chose me semble « naturelle ». Lorsqu’on a peur de plus puissant que soit, on ne cherche pas forcément à l’apprivoiser, à faire avec et autres. On peut aussi rejeter, exclure. De la même manière que ma maîtresse serait rejetée par ses pairs s’ils découvraient ses préférences, parce qu’ils ne comprennent et ne maîtrisent pas forcément toutes les facettes de l’amour ? Je m’arrête. La comparaison est tirée par les poils.

Au pire des cas, même si je fais peur, je serais à tes côtés s’il vient la mauvaise idée à quelques-uns de désirer te nuire … Et justement, je pourrais « leur faire peur ». J’ai un ricanement sourd à l’idée, avant de reprendre. Sinon, fut un temps, je pouvais changer de forme et d’apparence. De nos jours, je suppose que cela diminuerait mes forces, mais … au moins, je serais capable de passer pour un humain ou une humaine, comme toi. Et si besoin est … Pouf. Retour du gros chien.

Je dois me pencher pour passer sous la plupart des branches … Comment faisais-je, la veille, pour évoluer avec elle juchée sur mon dos ? Ceci dit, nous n’avions pas voyagé très loin, je suppose … Enfin, toujours plus loin que ce que nous allons parcourir si nous persistons à avancer à son rythme à elle. Inconvénient de ma taille actuelle : vu l’envergure de mes pas, je n’ai besoin d’en faire qu’un lorsqu’elle en fait trois. Sans prendre en compte le fait que je sois quadrupède, on peut donc très rapidement affirmer que par rapport à elle, je dois marcher très lentement, pour un être tel que moi … Mais c’est une condition que j’accepte pourtant silencieusement, et avec patience. La nature est trop belle pour que je sois rassasié de ce que j’ai vu pour le moment. Et j’ai eu tout le loisir d’apprendre à prendre mon temps pour faire les choses … Je savoure cette petite balade en forêt avec bien plus de délice que n’importe qui. Sûrement pour son parfum de liberté. Entres autres senteurs : après le parfum d’air sec et froid qui règne dans ma cellule, mon nez me donne l’impression de sentir mille variété d’odeurs différentes, pour la première fois. Bien sûr, ce n’est qu’une illusion : je reconnais la plupart d’entre elles, et les autres me disent quelque chose … mais c’est bon de pouvoir faire fonctionner ce sens à nouveau.


N’hésites pas à me le dire, lorsque tu désireras de nouveau que je te porte … Mais notes que je te propose surtout cela parce que tu es blessée. Evoluer à ton rythme ne me pose pas spécialement de soucis non plus.
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