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Aventure #1 écrite Jeu 04 Aoû 2022, 10:30


Mascarade

feat Jade




La flamboyante mélopée d'Aer s’était immiscée dans la capitale des Hommes, qui s'était parée en cet honneur de ses plus beaux atours. En ce jour où Ignis rejoignait son tombeau, ambre et émeraude s'entrelaçaient dans les ruelles. Les devantures des commerces les plus humbles comme des habitations les plus luxueuses s'étaient fendues d'une décoration pour accueillir la divinité de l'air. Les oisifs, jamais avares d'une occasion de parader, avaient redoublé d'ingéniosité pour obtenir les ornements les plus raffinés. Ils les affichaient particulièrement lorsque leurs voisins passaient le pas de leur seuil, se prêtant à une joute incompréhensible pour le commun des mortels. Revna était friande de ces signes ostentatoires de richesse, rêvant du jour où elle même pourrait se lover dans l'or et le marbre plutôt que dans la cahute lui servant de foyer.
L'ennui étant le pire ennemi de la noblesse, ils usaient et abusaient de chaque prétexte pour festoyer - et se montrer. Et quel meilleur argument que celui de la saison des récoltes pour organiser un bal confidentiel mais plus somptueux que celui de la maisonnée adjacente ? Ces gens là ne connaissaient pourtant rien de la moisson. Pis, ils se gaussaient des paysans.

Le Comte de Vireil ne faisait pas exception et organisait un bal masqué dans son cossu manoir avantageusement situé au cœur du quartier noble. Réception à laquelle Revna était conviée grâce à une machination de longue haleine ayant éprouvé sa résistance physique et mentale. Elle était devenue la maîtresse d'Auguste Castechade, nobliaud de seconde zone, au demeurant doté d'un physique fort disgracieux qui n'était pas compensé par une vive intelligence. La jeune femme avait parer au plus pressé et n'avait pu choisir un matériel de qualité pour joindre l'utile à l'agréable.
Une moue dégoûtée s'afficha sur son beau visage en repensant qu'elle devrait continuer à jouer la comédie un moment. Sa main lissa un pli de sa robe couleur vert d'eau, qui moulait ses formes de manière autrement moins provocatrice qu’usuellement. La "petite femme" de son amant ne pouvait s'offrir en spectacle qu'à ce dernier, avait-il déclamé. De nouveau, les lèvres pulpeuses de Revna se plissèrent en une manifestation de répulsion. Elle effleura la fleur chatoyante mêlée à sa chevelure d’obsidienne, s’assurant de sa bonne mise en place, puis ajusta l'imposante parure d'or qui pendait entre ses seins. Un cadeau de son bienfaiteur, qu'elle revendrait dès que possible. Enfin, elle logea dans sa poitrine une petite bourse de cuir contenant  un habile dosage de spores d'Air Eater, visant à procurer une lente asphyxie à sa cible, le fameux Comte de Vireil. Les motifs des assassinats lui importaient guère, aussi ne s'était elle pas formalisée des actes pouvant lui être reprochés. C'était sans doute un sale type, comme tout un chacun.

La jeune femme poussa un long soupir, puis franchit la porte la séparant de son laideron de soupirant. Une myriade de sourires crispés plus tard, ils empruntèrent la calèche les menant sur le lieu de réception. Revna avait également choisit Auguste car il ne se cachait pas de connaître de nombreuses femmes et qu'il les emmenaient sans rougir aux réunions mondaines. Il s'agissait pour lui de montrer ses jolis petits trophées.
L'imposant portail de fer forgé marquant l'entrée du domaine du Comte, habituellement difficilement franchissable, ouvrait sur une large allée de sable délimitée par des jardins soigneusement agencés. La végétation environnante était soigneusement taillée et percée de fleurs arithmétiquement sélectionnées, reflétant le caractère pour le moins strict du propriétaire des lieux. Le chemin rectiligne menait directement au manoir, terne structure solitaire se détachant sous la faible lueur de la nouvelle lune.

Le cœur de Revna tambourina fortement contre sa poitrine lorsqu'elle constata la présence de nombreux gardes. Elle s'était préparée à cette éventualité mais il était toujours délicat de le constater. La jeune femme ajusta le masque d'or et de vermeil qui lui dissimulait la moitié du visage, remerciant la fortune de lui avoir offert cet artifice. Elle franchit d'un pas leste et assuré les rangées de miliciens, mais cru défaillir en sentant la petite bourse de cuir quitter son nid pour parcourir l'ensemble de son corps. La robe qu'elle portait était loin d'être aussi serrée qu'à l'accoutumée et n'avait donc pu la retenir.  Mortifiée, elle constata que son paquet de plantes mortelles venait de rouler à ses pieds. Elle jeta un regard anxieux aux alentours, espérant que personne n'avait aperçu la dangereuse dégringolade.


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Aventure #2 écrite Jeu 04 Aoû 2022, 22:17


Mascarade
Rebelote. Voilà que j'étais à nouveau enrôlé de force pour jouer la sécurité et encadrer une petite soirée mondaine. Par qui ? Pourquoi ? Honnêtement j'en avais pas grand chose à faire mais force est de constater que mes supérieurs n'avaient pas en tête de me laisser gentiment refuser absolument chaque mission qu'ils me proposaient. Imposaient dans ce cas précis. D'autant qu'ils savaient bien que ce genre de galipette entre nobliaux avaient le don de me hérisser le poil. Y avait peut-être bien du fait exprès la dedans. Il faut dire que faire le piquet pendant des heures, à observer la haute se dandiner, se pavaner et se la coller avait de quoi laisser rêveur. Ah il est loin le prestige de la milice. Hm, j'oubliais qu'elle n'en avait aucun. Bref.

Me voilà donc au milieu de mes chers collègues, à encadrer les venues d'invités tous plus pompeux les uns que les autres. Parmi mes congénères, je suis celui qui se tiens le moins bien. L'armure milicienne n'avait, d'une, aucune prestance, de deux, était inconfortable et de trois, ne m'allait vraiment pas. Sûr que je profiterais bientôt d'une permission pour m'en acheter une rien qu'à moi à Al-Hazred. Ils avaient au moins du goût là bas. Mais non content d'être celui qui a le plus la bougeotte, mon regard n'a de cesse de vagabonder un peu partout. Partout, mais le plus souvent loin de leur petite parade. A part quand j'avais de quoi laisser libre court à mes commérages intérieurs.

Argh, mais comment il fait celui-là pour avoir des demoiselles plus jolies les unes que les autres à son bras ? Rien qu'à l'idée de les imaginer en train de... Beuh. Je retiens un haut le cœur, assez peu discrètement, avant de détourner à nouveau mes yeux. Un peu de richesse et elles accouraient toutes. Triste réalité. Un haussement de sourcil et des yeux balayant le ciel ne laissent que peu de doute sur mon opinion à propos de tout ça, mais ça me regarde pas vraiment.

L'attention de la vilaine commère que j'étais n'avait pourtant pu s'empêcher d'y revenir. Pourquoi sont-ils à l'arrêt tout à coup ? Et c'est quoi ce machin qui est apparu de dessous la robe de la princesse ? Mon regard de jade -c'est mon nom- s'ancrait sans aucune discrétion là dessus, avant de glisser lentement et avec insistance du bas de la robe vers les yeux décorés de la demoiselle. Je fronçais les sourcils, plus par nature qu'autre chose et captait le petit attroupement qui n'allait pas tarder à créer un bouchon. Agacé par l'inactivité de mes confrères, bien vissés dans leurs bottes, je soupirais bruyamment avant de m'abaisser pour attraper le dit pochon entre le bout de mes deux doigts.

Je me redressais en grommelant, surplombant la demoiselle de toute ma hauteur, l'air savamment dépité d'avoir dû fournir un tel effort avant de lui tendre nonchalamment. Elle avait bien de la chance de s'être arrêté à un pas de moi, sans quoi elle aurait dû se baisser elle-même, aussi petite soit elle. Son si distingué cavalier commençait à s'égosiller en essayant de me remettre à ma place comme un malpropre.

❝ Non mais comment osez-vous ? Restez dans votre rang ! ❞


Étonné et à la fois pas tant que ça, mes sourcils se arquent aussi ostentatoirement que possible alors que mon visage pivote lentement, très lentement jusqu'à lui. J'inspire profondément par le nez, me retenant de lui cracher au visage ses quatre vérités alors que ma position reste absolument inchangée, pour peu que la demoiselle daigne récupérer son machin. Mes yeux le fusillent assez, sans trop en faire non plus, pour qu'il commence à bafouiller et m'arrache un faible sourire. Ce qu'ils sont détestables et répugnants. Ils font les beaux devant leur dame, mais dès que le risque d'une torgnole se profile, plus personne.
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Aventure #3 écrite Mar 09 Aoû 2022, 02:36


Mascarade

feat Jade



Une étrange lueur tourbillonnait dans les prunelles de Revna, seule manifestation de son agitation intérieure. Si l'une des âmes présentes en ce lieu avait l’idée saugrenue d’ouvrir le petit pochon de toile rêche qui venait de rouler à ses pieds, un trépas pourrait être annoncé dans les trois jours à venir. Ses plans en auraient été grandement compromis. La mort du Comte ne saurait être présentée comme un regrettable accident si l'un de ses invités décédait dans les mêmes exactes circonstances.
Les yeux pâles de la jeune femme glissèrent furtivement sur le soldat qui avançait vers l’objet de son égarement. Elle avait aperçu l’éclat vipérin de son regard parcourir son corps ; annonçant à son grand dam le naturel observateur de celui auprès duquel elle avait eu le malheur de s’épancher.
Son sang prédateur lui intimait de reprendre son bien de force. Tel un serpent tapi sous les feuillages, elle se tenait prête à bondir tout en arborant un masque de quiétude.
L’écho du monde extérieur lui parvenait de manière déformée, comme si elle évoluait dans une bulle l’entravant du reste du monde. Ses sens se focalisaient sur le garde, qui pouvait sans le savoir faire chavirer un plan soigneusement élaboré.
Seule une petite voix acidulée lui parvenait distinctement, persistant à lui murmurer en boucle la fin funeste que prendrait cette mascarade.

"Il va l'ouvrir"


Le ton désagréable de son soupirant, qui braillait à l’encontre du milicien, la tira de sa torpeur. Elle battit lentement des cils, comme si elle venait de s’éveiller. Malgré la situation pour le moins délicate, l’esquisse d’un sourire se dessina sur ses traits alors que le garde remettait Auguste à sa place par le simple poids de sa communication non verbale. Voilà qu’elle commençait à l’apprécier, ce rustre.

Revna eut la sensation qu’une chape de plomb s’envolait de sa poitrine alors que ses longs doigts rencontrèrent le sachet. Elle adressa un timide sourire de remerciement au milicien, avant de revenir à contrecœur au bras de son cavalier. Si seulement les deux avaient pu échanger de faciès… Ce brun bien bâtit était tout à fait à son goût…

Se tirant à contrecœur de ses rêveries, la jeune femme se remis en marche et franchit le seuil du manoir, répondant aux vociférations d’Auguste par un sourire de convenance. Il flottait dans l’air une odeur alléchante mêlant pâtisseries et alcool sucré. Elle embrassa le vaste corridor de son regard opalescent, espérant noter la présence du Comte. Celui-ci brillait malheureusement par son absence. Revna aurait aimé pousser son exploration au-delà de la cage d’escalier, mais son compagnon la retenait d’un bras ferme. Le Corbeau sentit son exaspération monter à mesure que son alibi se perdait en interminables palabres. Fort heureusement, une voix se fit entendre pour demander à ce que les convives rejoignent le cœur des festivités. Après avoir franchi un modeste interstice de bois sombre, la jeune femme observa avec délice les somptueux détails de la voûte de marbre soutenant l’édifice. Sa surface était parée de couleurs chatoyantes, représentant une immense invocation aux traits félins ployant l’échine devant un humain. La devise des Virel, « Devoir et Savoir », était gravée en une écriture filiforme en dessous de l’œuvre.
Si l’on faisait abstraction de ce détail, la demeure était bien moins opulente que ce que la fortune du Comte n'aurait laissé présager. Les meubles étaient de bonne facture sans être extravagants et la lourde cheminée taillée dans la pierre plantée au milieu du salon aurait pu se trouver dans n'importe quelle auberge de bonne réputation.

Une décharge d'excitation parcouru le corps de Revna alors qu'elle aperçut enfin le Comte de Vireil. Son portrait, elle le connaissait par cœur pour l'avoir observé des nuits durant, afin de se donner la force de partager le lit d'Auguste.
Cet homme grisonnant d'une cinquantaine d'année, mince et sobrement habillé, avait un aspect peu engageant. Il tapotait sa canne d'un mouvement régulier de son pouce et restait lové dans le coin du salon. Étrange comportement pour l'hôte d'un bal. La jeune femme pressa le bras de son amant, qui racontait une histoire inventée de toutes pièces à une invitée vêtue d'une affreuse robe jaune poussin.

"Je vais aller nous chercher des rafraichissements"
lui dit-elle d'un ton enjoué en désignant l’extrémité de la pièce où étaient exposés les breuvages. Comble du hasard, cette situation géographique coïncidait avec celle du Comte.

La jeune femme se réjouissait de l'ombre que lui procurait son masque. Jamais elle ne s'était fondue si facilement dans une foule.  Alors qu'elle se délectait de l'absence d'Auguste, un sourire franc naquit aux commissures de ses lèvres. Cette mission si mal débutée se dessinait maintenant sous d'heureux auspices.



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Aventure #4 écrite Sam 13 Aoû 2022, 23:28


Mascarade
Mes yeux n'avaient pas quitté la petitesse du nobliau qui avait échoué à s'égosiller. N'importe lequel autre de mes congénères miliciens se seraient aplatis rapidement, s'étouffant de leurs propres excuses face à l'insolence dont j'avais fais preuve. N'importe lequel d'entre eux n'aurait de toute façon pas agit comme je l'avais fais non plus. Ah, ce genre de manège avait le don de m'agacer. Mais peu importe, j'avais éviter un bouchon de péteux et pour ça, on pourrait bien me récompenser d'une prime, non ?

La demoiselle prends enfin la peine de récupérer son petit paquet, s'accordant un bref regard de ma part avant que je ne retourne à ma place bien docilement, comme le foutu petit calis que je devais être. Je note assez facilement les yeux de son cavalier qui me fusillent en marmonnant certainement des insultes bien polies. La situation m'arrachait un long soupir et des yeux roulant vers le ciel. Il ne faudrait pas longtemps pour que cette petite scène remonte aux oreilles du chef d'équipe et que j'en entende parler pendant plusieurs minutes. Les autres m'observent en silence, mais j'entends leur pensées distinctement. Eux aussi me font chier.

La petite parade avait repris son train train, jusqu'à ce que le manoir bondé laisse s'échapper les éclats de voix par quelques fenêtres entre ouverte. Moi, je commençais à sérieusement m'impatienter, à trépigner et à taper du pied. C'est bon là non ? On va peut-être pouvoir arrêter de jouer les statues gardant un chemin vide ? En tout cas, pour ma part, j'allais vite fait m’éclipser. Je tapote l'épaule de celui devant moi et l'informe rapidement que j'allais pisser quelque part par là. Un pas à peine plus loin, j'entends la voix rêche du petit chef prononcer mon nom. Je m'arrête, mes épaules tombent dans un soupir et ma tête bascule sur le côté. Sans me retourner, je pivote simplement mon visage vers lui pour écouter ce qu'il avait à me dire. Et comme prévu...

❝ J'ai eu vent de tes nouvelles prouesses. Ton habituelle vidange attendra. Le comte demande à ce qu'on encadre la réception. Tu t'y colle. ❞


Je m'immobilise instantanément et mes sourcils se lèvent avant que je ne pivote complètement vers lui. Mes poumons se gonflent et je le fixe, sans ciller, silencieux. Il ne portait clairement pas dans son cœur celui là et avait la sale habitude de me faire chier dès qu'il le pouvait. Oui oui, bien sûr je le méritais, mais il abusait un peu trop de son pouvoir sur moi à mon goût. Cela dit, il fallait aussi que je dose mes effronteries, sinon ils seraient bien capables de me couper ma solde. Mais bon, c'était toujours plus fort que moi.

❝ Sûr ? ❞
❝ Certain. ❞

Mes lèvres se contorsionnent en une grimace clairement irritée, mais je m'exécute. Pour cette fois et j'attendrais patiemment le jour où je pourrais lui  en coller une belle. Brutalement, je me détourne et d'un pas ferme, me dirige vers la salle principale, les deux trois autres élus sur mes talons. Arrivé au centre de l'ouverture de la grande porte ouverte qui laissait s'échapper les effluves, j'observe le bel attroupement qui me fait face. Immobile quelques instants, je ferme les yeux pour trouver en moi le courage de ne pas tout brûler.

Il me tapote alors l'épaule et m'indique de son doigts tendu le fond de la salle. Plus que du courage, il va me falloir un miracle. Je sers les poings pour les retenir de partir et comprends parfaitement ce qu'il cherchait à faire : éviter de me laisser un accès trop facile à une sortie. Je préfère alors m'éloigner rapidement de lui. Je n'étais pas assez bête pour laisser dégénérer les choses, mais l'envie y était franchement. Je rase alors les murs, sans discrétion et jouant des épaules si il le fallait, la mine fermée mais évitant tout de même un maximum de plonger dans la fosse à purin.

Et me voilà posté dans le coin opposé, prêt des breuvages. Un rapide coup d’œil m'indiquait qu'il n'y avait de quoi fouetter un dulcius, mais au moins, je pourrais étancher ma soif quand elle se ferait sentir. Tiens, voilà un demi-visage qui ne m'était pas inconnu. Sans vraiment d'intention, mes yeux se posent sur la demoiselle au pochon et la suit quelques instants. Si elle faisait de même, je mettrais peut-être un peu de temps à m'en détourner. Pas par intérêt, simplement parce que je ne fuis pas un regard dans un premier temps, peu importe l'intention qu'il avait.

Je sens que cette soirée va être longue. Je finis donc par croiser les bras et laisse mon dos se reposer sur le mur derrière moi. La mine toujours aussi peu amicale, mes yeux se pose quelque part sans regarder alors que mes doigts commencent à pianoter. Long oui, ça va être long.
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Aventure #5 écrite Lun 15 Aoû 2022, 10:30


Mascarade

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Le beau visage à demi-dissimulé de Revna était assombri par un sentiment proche de l'agacement. Le goût acre de la frustration se répandit sur sa langue alors qu'elle soutenait sans ciller le regard fielleux du garde posté près du Comte de Vireil. La présence de cet individu près de sa cible ne pouvait être un hasard après leur désastreuse rencontre. Il était rare que le Comte mande une telle protection. Il devait donc exister un doute, même infime, concernant la macabre transaction qu'elle escomptait réaliser en ces lieux. Mais comment diable une telle information avait-elle pu fuiter ? A moins que tout cela ne soit qu'un malheureux hasard ?

N'étant pas femme à se fier au destin ou autres balivernes, Revna décréta rapidement que sa première hypothèse était la bonne.
Toute once de légèreté s'était évanouie alors que le Corbeau se parait de ses atours de guerre. Le temps s'écoulait différemment lorsqu'elle entrait dans cet état second; comme si une réalité parallèle prenait place dans les lieux où sa parade sépulcrale flamboyait. La salle à manger se mua en un plateau de jeu géant où chaque pion devait être habilement agencé pour faire tomber la pièce maîtresse.

Elle se recomposa prestement un faciès innocent et se fendit d'une révérence en passant devant le Comte de Vireil,

"Enchantée, Monsieur. Je suis Ostara Sombrevent, la compagne d'Auguste Castechade. Je vous remercie de votre invitation. Votre manoir est splendide."


Celui-ci la remercia du bout des lèvres avant de porter son attention sur une autre convive venue le saluer. Revna saisit deux coupes d'hydromel, évitant ostentatoirement de regarder le milicien aux yeux verts posté non loin. Alors qu'elle revenait vers Auguste elle laissa ses iris aigue-marine se poser discrètement sur les invités. Elle sentait en ses tripes que la réponse à sa situation délicate était posée juste sous ses yeux. Enfin, la réponse lui vint
de manière aussi tonitruante qu'un éclair venu éclairer les ténèbres. Le Corbeau eut du mal à réprimer un sourire victorieux lorsqu'elle revint aux côtés d'Auguste. Il était toujours en vive conversation avec l'imposante jeune femme habillée d'un jaune aveuglant. Il s'agissait d' Ariadne Spatz, une jeune héritière dont la dot égalait la sottise. Elle tournait autour d'Auguste, ce qui signifiait que Revna la connaissait bien, à son grand malheur. L'assassine trouvait sa compagnie terriblement agaçante et cela signifiait beaucoup, car elle devait se coltiner Auguste à longueur de journée. Sa laideur était aussi resplendissante que son envie de plaire et elle collait grassement tout mâle ayant le malheur de lui démontrer un tant soit peu d'attention.

"Ariadne... le jeune garde là bas... celui aux yeux beaux yeux verts... il m'a dit qu'il te trouvait ravissante" mentit Revna sans rougir, tout en désignant le milicien posté à l’extrémité de la pièce.

Les joues de l’héritière s'enflammèrent et sa petite bouche tremblante s'étira en un grossier sourire alors qu'elle détaillait l'infortuné milicien du regard. Le Corbeau manqua de s'esclaffer en la voyant se dandiner vers le garde. Voilà qui allait l'occuper un moment. Il lui fallait maintenant tout mettre en place. La distraction procurée par Ariadne ne durerait qu'un temps et il lui faudrait avoir fini sa mission d'ici là. L'étude approfondie des habitudes de sa cible lui avait permis d'apprendre qu'il souffrait de nombreuses allergies, lui interdisant de s'alimenter de la même manière que le commun des mortels. Sa coupe et son repas étaient donc préparés à part. Il lui suffirait d’intercepter son convoi personnel pour réussir sa mission. C'était en raison de cette voie royale ouverte pour une empoisonneuse qu'elle avait été mise sur ce cas. Ses recherches lui avaient permis d'apprendre que les aliments du Comte étaient marqués d'un signe distinctif par les domestiques pour éviter toute confusion. Voyant du coin de l’œil qu'une servante sortait des cuisines pour alimenter le tréteau de vivres, elle agrippa le coude d'Auguste et lui susurra à l'oreille :

"- Et si nous allions visiter un coin un peu plus sombre ?"


Son amant gloussa et l'entraîna à l'extérieur de la grande pièce. Le plateau de victuailles s'offrait tout entier à son regard. Un ruban de soie vert enserrait une large coupe brune. Elle simula une chute pour s'appuyer sur le chariot métallique, glissant en tapinois le contenu de son sachet habilement dégagé de par dessous sa robe dans la coupe. Après s'être confondue en excuses devant la domestique et avoir grimacé à l'écoute du rire gras d'Auguste, Revna s'empressa de s'éloigner, le plus loin possible de son méfait.



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Aventure #6 écrite Lun 15 Aoû 2022, 23:03


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Bon, leur petite fête allait de bon train. Ça jacassait et s'esclaffait dans tous les sens, tel une multitudes de petits insectes vrombissant au creux de mes oreilles. Je serrais amèrement les dents et en avait plus qu'assez. Ma tête va finir par exploser si je reste plus longtemps. J'avais beau essayé de m'extraire de tout ça en restant bien docilement sur mon mur les yeux clos, mes doigts pianotaient de plus en plus frénétiquement sur mes avants bras. Je relève un instant les yeux et observe, songeant à l'éventualité de m’éclipser discrètement. Rien a l'horizon n'avait l'air de pouvoir m'en empêcher si je jouais bien la partie, même si le petit chef m'attendrait certainement au tournant. Mon dos se décolle du mur et j'entame ma fuite.

Putain c'est quoi ce truc ? Une espèce de grosse chose me barre soudainement la route et comment ai-je fais pour ne pas la voir arriver ? Mon corps opère un mouvement de recul. Elle me disait vaguement quelque chose celle là. Même avec le peu d'intérêt que je leur accordais, elle était sans conteste l'une de celle qui faisait le plus de bruit en règle générale. Je ne prends évidemment pas la peine d'essayer de me rappeler son nom, je n'avais fais l'effort d'en noter aucun. Sa voix stridente crispe les traits de mon visage, teinté d'un certain dégoût qu'elle n'a pas l'air de vouloir prendre en considération. J'essayais tant bien que mal de m'échapper, mais plus j'essayais, plus j'avais l'impression de m'engluer dans de la bave de mucor.

❝ Allons mon mignon, ne soyez pas timide. Je me doute que je vous impressionne, mais même un petit milicien tel que vous a ses chances. ❞


Dit-elle en plaquant un peu plus sa lourde poitrine sur moi, faisant marcher fièrement ses deux doigts sur mon buste. Son corps se contorsionne, jouant des épaules et les traits de son visage se muent en divers moues se voulant... aguichantes je crois. Pour mon expression corporelle, elle était sans équivoque. Du recul, un air gêné et écœuré, le regard essayant de fuir par tous les moyens. Il fallait cependant que je fasse attention, elle pourrait créer une esclandre aux répercussions bien plus importante que la première si je la repoussais trop violemment.

Cela dit, quelque chose m'échappait complètement. Ce n'est pas la première fois que j'encadrais une soirée où elle était présente pourtant, qu'elle jette ainsi son dévolu sur moi était inédit. Pourquoi maintenant ? Mon air répugné se mue lentement en un rictus interrogatif et presque un peu sévère alors que son corps n'avait de cesse de se frotter allégrement au mien.

❝ Euh... Pardon, madame. Il doit y avoir erreur. ❞

Elle éclate de rire a en attirer quelques regards aux alentours.

❝ Oh certainement pas, c'est bien de vous dont on m'a parlé. Vous n'avez d'yeux que pour moi, mais vous le cachez, je comprends parfaitement. Heureusement que mon amie s'est chargé de passer le message pour vous, sinon vous auriez pu passer à côté d'instants mémorables. ❞


Ses paupières papillonnent et les miennes aussi, tant je me sens prêt à défaillir rien qu'à imaginer ce qu'elle sous entendait. Cela dit, il y avait bien quelqu'un derrière tout ça et je n'appréciais que peu qu'on se joue de moi comme ça. Sous mes airs renfrognés et ma petite condition milicienne, aucune noble ne s'était engagé sur ce terrain là avant elle. Alors de savoir que quelqu'un me prenait ainsi pour son jouet et devait bien s'amuser à m'observer. S'en était trop. D'un regard inquisiteur balayant la salle, j’espérais noter des yeux perçants plus que d'autres en ma direction. Mais rien. Il fallait donc changer de stratégie. J'inspirais profondément, m'accordant un maximum de courage pour défaire le dégoût sur mon visage, portant mon regard vers ceux globuleux de ma soupirante.

❝ Bien. J'aimerais remercier cette personne. ❞
❝ Oh vous avez raison ! Après tout, c'est grâce à elle si tout cela est possible. ❞

Elle m'attrape le bras sans aucune délicatesse et je me laisse entraîner à contre cœur, traversant la foule qui s'ouvre d'elle-même sur notre passage, l'accompagnant de quelques commentaires moqueurs. Plus que de me tenir par le bras, elle l'enserre et se colle à lui comme le ferait un affamé avec un morceau de pain. Je détourne le visage du mieux que je peux de son opulente poitrine qui pourrait m'étouffer si je n'y faisais pas attention. Me guidant jusqu'au dernier endroit où elle avait vu la dite personne, celle-ci semblait ne pas y être. Après une ou deux questions à d'autres, elle pointe du doigts un couple qui se dirige vers la sortie.

❝ Ah ! Ils sont là, suivez moi ! ❞


Oui oui, pas comme si j'avais le choix. Cependant, je crois identifier deux silhouettes familières. J'en aurais le cœur net rapidement. Sur le chemin, je croise des congénères miliciens qui semblent s'amuser de la situation. Mon air dépité ne peut que les conforter dans leur idée. Il y avait tout de même un avantage à tout ça, j'allais pouvoir prendre l'air sans me faire rabattre par le petit chef qui, en voyant que je me faisais traîner par ce poids lourd jaune, riait lui aussi. Une sacré punition dont il se délecterait goulûment.

❝ Auguste mon cher ! Attendez-nous ! ❞


Le petit couple qui m'avait déjà interloqué plus tôt se trouvait là, à l'extérieur, le petit nobliau se retournant à son appel. C'était donc bien ça, non content de se plaindre de moi à m'en coller à la surveillance, il fallait en plus qu'il m'envoie cette sangsue. Je vais vraiment finir par lui en retourner une et mes yeux perçants vers lui ne faisaient aucun doute là dessus. Arrivant à leur hauteur, je serrais les dents et le fixait amèrement prêt à bondir, tandis qu'il n'était clairement pas ravi de me voir, lui non plus. Je sentais alors l’étreinte de la poitrine serrer un peu plus mon bras, gesticulant de plus belle.

❝ Regardez Ostara, qui me fait le plaisir de m'accompagner. Merci à vous. ❞


Dit-elle à la petite demoiselle en agitant sa main devant ses yeux avant de la reposer lourdement sur mon torse. Pardon ? Quoi ? Je m'immobilise quelques secondes avant de pivoter lentement vers la dénommée Ostara, celle a qui j'avais redonné son pochon.

❝ Vous. ❞

Cinglant et se confondant presque dans un murmure, l'étonnement se mêlait à une colère noire. Restant pourtant fixe, tenu par une incompréhension totale de la situation, mon regard ne la quittait plus. Mon silence était lourd et provocant. Je sentais alors que la grosse dinde essayait de m'attirer plus loin, ayant évoquer l'idée de s'isoler quelque part sans que je n'y prête aucune attention. Elle n'y parvenait pas évidemment, sa seule force ne parvenait pas à me défaire du parfait immobilisme dont je faisais preuve face à la petite demoiselle. Mes sourcils se froncent sévèrement et la tonalité de ma voix se calque sur la même intention.

❝ Vous m'expliquez ? ❞

La présence de son cavalier et de la mienne, de fortune, avait complètement disparu. L'important ici était de faire la lumière sur cette petite mascarade.

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Aventure #7 écrite Mar 16 Aoû 2022, 08:09


Mascarade

feat Jade




Le lourd manteau céleste enserrait le monde de son étreinte vespérale. La mort du jour avait détraqué les méticuleuses arabesques du jardin du Comte, les muant en œuvres cauchemardesques et désordonnées. L'écho assourdi des festivités résonnait dans la cour baignée de ténèbres, rendue presque mystique par le déclin d'Ignis. Cela procurait le sentiment d'évoluer seul dans un monde parallèle, où les sons parvenaient déformés.
Revna huma l'air nocturne avec bonheur, emplie du sentiment du devoir accompli. L'obscurité était son instant favori du jour; car toutes ses sensations y étaient décuplées. Le léger bruissement d'une feuille se transformait en souffle d'un Demi-Dieu en chasse, le baiser d'un amant en une nuit de plaisirs...
Maintenant que le poison était distillé dans la boisson de sa cible; le reste de la soirée ne serait qu'un jeu d'enfant. Il lui faudrait simplement s'assurer que le Comte avait trempé ses lèvres dans la coupe pour que le voile de l'autre monde s'ouvre à lui.

Revna se focalisa sur la réussite de sa tâche alors que les doigts d'Auguste planaient dangereusement autour de son décolleté. Elle frémit lorsque ses doigts gras glissèrent sur son cou, réprima un haut le cœur lorsque leurs lèvres se rencontrèrent. Même la nuit ne savait faire oublier la laideur de son compagnon.
Fort heureusement, une distraction vint la sauver de ce moment pesant. Elle devina aisément la silhouette d'Ariadne qui arrivait à sa rencontre et devina que l'ombre postée à son côté devait être l'infortuné militaire sur lequel elle avait jeté son dévolu. Il lui fut difficile de contenir un sourire à l'idée de la scène qui avait du s'offrir au regard des convives.

Le beau brun semblait prêt à venir en mains avec Auguste, ce qui inquiéta rapidement Revna. S'il était capable de frapper un noble, une roturière comme elle risquait de se faire molester. Elle avait cru que l'obéissance hiérarchique intimerait le silence au garde, mais il fallait bien croire qu'ils n'étaient pas en présence d'un homme soumis.
C'est pour cela qu'elle ne put réprimer un mouvement de recul lorsque l'immonde chose vêtue de jaune la désigna comme auteur du méfait.
Elle qui perdait difficilement son sang froid ne put s'empêcher de ressentir une pointe d'appréhension lorsque le garde pivota avec lenteur vers elle, plantant son beau regard courroucé dans le sien. Lorsqu'il lui demanda des explications quand à la situation, Revna compris qu'elle ne s'en sortirait pas avec une pirouette. Elle adressa un sourire aimable à son cavalier et Ariadne.

"Auguste, vous n'avez pas fini de faire le tour des convives. Il en va de même pour vous Ariadne. Retournez à la fête avant qu'il ne soit trop tard. Je suis sûre qu'ils meurent tous d'envie d'entendre votre récit sur votre combat contre le monstre des landes luxuriantes."


Ce dernier argument avait finit de convaincre son amant, qui rechignait de prime abord à la laisser en tête à tête avec un si bel inconnu. Les flagorneries étaient le péché mignon des deux dindons dont elle devait se farcir la compagnie. Elle savait heureusement bien les manipuler. Ceux-ci retournèrent rapidement d'où ils étaient venus, non sans qu'Ariadne mime des baisers langoureux vers le pauvre garde.

Lorsqu'ils furent hors de vue, Revna poussa un long soupir. Sa fatigue n'était pas feinte : il lui était de plus en plus difficile de feindre le plaisir dans la compagnie exécrable d'Auguste.  Elle brûlait d'enlever son masque qui lu grattait atrocement l'arrête du nez, mais elle ne pouvait se délester de cette protection devant un représentant de l'ordre. Son esprit courrait à toute vitesse pour tenter de trouver une explication rationnelle à fournir au milicien. Le temps lui manquant, elle jeta son dévolu sur un caprice de petite fille. Au vu de la population de la fête, cela ne semblerait pas bien extravaguant.

"Je suis désolée pour ça. Je m’ennuyais mortellement et ai donc voulu jouer un peu. Ce n'était pas contre vous."

Elle afficha un air faussement contrit puis, n'y tenant plus, partit dans un rire cristallin qui s'étiola dans le ciel d'encre. Il lui fallait bien admettre que tout cela avait été follement divertissant.

"Ne vous inquiétez pas. Je lui dirais que je me suis trompée de garde. Si vous avez une petite rancœur personnelle contre un de vos collègues, profitez-en." ajouta-t-elle avec un sourire taquin.

Elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa un délicat baiser sur sa joue. Son nez frémit au contact de sa peau subtilement parfumée. Sa profession faisait qu'elle était particulièrement sensible aux effluves, et celle-ci lui plaisait particulièrement. Le temps se figea alors que la cadence de leurs souffles s'unirent, une infime seconde. Le Corbeau comptait sur l'effet de surprise pour se permettre d'agir de la sorte. Même pour elle, une telle action était osée.

"Pour me faire pardonner."  lui susurra-t-elle à l'oreille avant de se dégager prestement.
Revna rejeta sa longue chevelure d'obsidienne en arrière et laissa ses iris glacées planer quelques secondes sur les traits agréables du garde. En d'autres circonstances, peut-être se serait-elle laissée tenter.
Prévoyante, elle amorça un mouvement de recul pour éviter une potentielle torgnole, qui aurait été, il faut l'avouer, amplement méritée.


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Aventure #8 écrite Mar 16 Aoû 2022, 17:17


Mascarade
J'inspirais et soufflais par le nez, à une allure quelque peu soutenue tant la situation tirait sur mes nerfs. Aucune attention particulière pour la machin jaune qui m'avait enlevé, bien que sentir son lâché prise m'allégeait d'un poids non négligeable. Je ne bougeais pas pour autant et ne notais pas les multiples regards qu'elle me lançait, sans doute cruellement impacté par son devoir de me laisser.

Peu m'importait, j'étais libre, mais la cible de ma colère était là devant moi. Si petite, je la surplombais sans difficulté. Aucune observation dans son ensemble n'était de rigueur, l'unique raison de ma présence ici était de lui remettre les pendules à l'heure. Pour qui se prenait-elle à s'amuser avec moi comme ça, hein ?

Ses explications confirmaient ses intentions de petite fille pourrie gâtée qui s'ennuyait. Ce qui me valait de lâcher mon emprise visuelle quelques secondes, le temps de trépigner un peu et de rouler les yeux vers le ciel étoilé. Je passe la main dans mes cheveux nerveusement, l'autre sur le hanche avant de revenir sur elle d'un air tout aussi agacé.

❝ Mais pour qui vous vous prenez, sérieux ? ❞

Question rhétorique, mieux que ce qu'elle était, du moins plus importante que moi de toute évidence. Sa petite tentative de corruption n'allait pas effacer ses agissements, bien qu'à y songer deux secondes, ça pouvait être intéressant. Je le gardais en tête. Pourtant, son sourire fier et taquin, comme si elle estimait me passer de la pommade, m'attisait. Ostentatoirement, mes sourcils se arquent et mes yeux s'écarquillent. Et soudain, je m'immobilise.

C'est quoi ça encore ? D'où elle se permet ce genre de familiarité avec moi ? Mon calme soudain n'était qu'une illusion, le rictus qui contorsionnait mon visage en était la preuve. Loin du dégout physique que me procurait sa comparse de manigance, un certain épuisement alourdis mes épaules. Ce qu'ils sont fatiguant, tous, à croire qu'il était si facile de faire passer une pilule. Quelques secondes de silence venaient ponctuer mon air maintenant blasé.

❝ Et vous croyez que ça va suffire ? ❞

De la rhétorique à nouveau. Voilà que parce que j'étais un homme elle estimait peut-être qu'une peu de tendresse féminine allait tout faire disparaitre ? Elle accumulait les erreur de jugement et de comportement. Naturellement, mes traits blasés se teintent d'un air réprobateur et moralisateur tandis que je me penche vers elle.

❝ Vous vous donnez le droit de faire joujou avec moi, sous prétexte que quoi ? Je suis qu'un pauvre petit milicien qui passera l'éponge avec un peu de batifolage ? ❞

Je pestais, mais ma voix n'était même pas si agacée, très neutre, peut-être un brin provocante. Un fin soupir de dépit s'échappe de mes lèvres avant de me redresser pour lui accorder un regard cette fois-ci, de nouveau irrité.

❝ Tous les mêmes. Vous pouvez bien marcher sur le bas peuple, un peu de pirouette pour éviter d'éclabousser vos chaussures et c'est bon, hein ? ❞

Pestant à nouveau, s'en était trop, j'en avais assez et avais vraiment besoin de prendre l'air. Loin de tout le monde. Loin d'elle. Ma tête se secoue avant d'entamer un éloignement, levant le doigts en tant qu'avertissement.

❝ Restez dans le coin, vous allez la payer votre dette. ❞

L'envie d'imposer cette machination au petit chef me brûlait les tripes, mais j'avais besoin de temps pour calmer mes ardeurs et pouvoir vraiment en profiter. Cette sentence d'être enrôlé de force dans la milice était vraiment des plus ingénieuses pour qui voulait mon malheur. Rien de telle pour me faire vriller que de côtoyer tout ces péteux. Des vacances. Il me fallait des vacances. Cruellement.

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Aventure #9 écrite Mar 16 Aoû 2022, 22:00


Mascarade

feat Jade




Il n’allait visiblement pas la frapper et n’avait pas vu clair dans son jeu. Revna se détendit et laissa son corps sortir de son état d’alerte. Arborant une mine déconfite alors qu’il la rabrouait, la jeune femme laissa le milicien pester tout son soûl.

« Je suis désolée, je ne voulais pas… » minauda-t-elle en touche finale, escomptant bien gagner l’étiquette « idiote » pour être à jamais lavée de tout soupçons. Elle hésita à pleurer pour saupoudrer son numéro mais se dit que cela aurait été de trop.

Un cri perçant déchira soudainement la nuit. Revna fit volteface, cherchant la source du bruit. Elle ne tarda pas à se manifester. Les nobles se mirent à pousser des cris stridents à l'unisson; ridicule complainte d'oisifs brusquement tirés de leur tour d'ivoire. Mais qu'avaient-ils donc vu ? Une sourde angoisse commença à poindre au creux de l'estomac de la jeune femme, qui en oublia jusqu'à la présence du milicien posté à ses côtés. Elle se mit à courir pour revenir près du manoir. Sa robe ample ne gênait au moins pas sa course et elle arriva rapidement devant l’entrée, pantelante.

« Que s’est-il passé ? » demanda-t-elle au premier venu, un petit moustachu rougeaud totalement affolé.

« Le Comte de Vireil est mort ! » lui répondit-il, la voix secouée de sanglots.

Les yeux de Revna s’agrandirent sous la surprise. Elle était authentiquement interloquée. Son dosage avait été finement élaboré pour ne prendre effet que trois jours plus tard. S’était-elle trompée ? Non, cela était impossible. Il n’y avait qu’un domaine dans lequel elle brillait réellement et c’était celui du poison à retardement. Il y avait donc un autre meurtrier dans cette fête. La jeune femme entra dans le salon où la majorité des participants étaient recroquevillés dans un coin. A l'autre extrémité de la pièce se situait le corps blême du Comte, dissimulé par les gardes environnants. Revna plissa les yeux pour tenter de distinguer au mieux les contours de la victime. Son visage semblait serein, aussi sa mort avait du être extrêmement rapide ou sans douleur. Il lui aurait fallu s'approcher de plus près pour pouvoir poser un réel diagnostic, mais cela sentait l'empoisonnement à plein nez. A ses côtés, Ariadne gesticulait dans tous les sens et pleurait à chaudes larmes.

« Ostara, ma chère, allez aider ces hommes dans leur enquête ! »finit-elle par beugler, d'une voix portant à des kilomètres à la ronde.

Revna, atterrée, la contempla sans rien dire. Pouvait-elle lui faire avaler sa perruque et faire passer cela pour un accident ?

Détournant sa masse vers le corps de garde, Ariadne ajouta d’une voix tonitruante :

« Ma jeune amie est une excellente herboriste. Elle saura vous dire ce qui est arrivé à ce très cher Ambroise ! »


Si cette greluche continuait de parler, elle allait être attrapée pour un crime qu’elle n’avait même pas encore commis, si ce n’était pas un comble !

« Heu… je n’utilise les plantes que de manière curative, je ne serais pas utile dans cette enquête, laissons ces Messieurs travailler Ariadne… » bafouilla Revna, authentiquement paniquée à l’idée d’attirer l’attention des forces de l’ordre en de telles circonstances. Ce faisant, elle agrippa la robe de la rentière pour la traîner, non sans mal, vers Auguste.
Elle détailla l'ensemble des personnes présentes en ces lieux. L'un d'entre eux était le meurtrier d'Ambroise de Vireil, mais qui ?


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Aventure #10 écrite Mar 16 Aoû 2022, 23:50


Mascarade
Ses excuses m'importaient peu. Trop facile et j'étais suffisamment en quête de tranquillité pour leur accorder le moindre crédit. Pourtant, à peine éloigné qu'un cri perçant la quiétude des jardins me stoppe net. Me tournant vers la source, d'autres suivent à l'unisson. Grimaçant d'inconfort, je marmonne pour moi-même.

❝ Putain, il leur arrive quoi à ceux-là ? ❞

Du coin de l’œil, j'aperçois la marionnettiste en herbe foncer vers le manoir telle la friande de potins qu'elle devait être, en plus du reste. Je n'allais pas me faire prier pour en profiter et disparaître un peu plus loin, ne me préoccupant même pas de ce qui avait bien pu inspirer cet égosillement groupé.

❝ Jade ! Ramène toi ! ❞

Fais chier. On peut pas être tranquille cinq minutes ? C'était l'un de mes congénères surveillant la porte d'entrée. Visiblement, le devoir nous appelait et il insistait tellement en me voyant peiner à revenir que je finis par presser le pas pour lui faire plaisir. Ou pour le faire taire plutôt. J'arrive dans l’entrebâillement de la grande porte, la demoiselle n'était pas loin et un coup d’œil un peu condescendant ponctuait sa présence.

Bon, qu'est-ce qu'il leur arrive à tous ? Mon regard balaye l'assemblée qui semble s'être recluse dans un coin, tandis que mon collègue m'informait du sujet. Un mort donc ? Génial. On allait en avoir pour toute la nuit. J'entendais le petit chef au loin ordonner de fermer les portes et d'interdire la sortie à toutes les personnes présentes. Oui, y compris moi évidemment. Jade, c'est pas ce soir que tu pourras être tranquille. Un long, très long soupire s'échappe de mes lèvres, demeurant planté là les bras croisés, au sens propre comme au figuré. Je n'étais pas particulièrement doué pour élucider des meurtres, si s'en était un. Par contre, je comptais sur le zèle du petit chef pour attirer un maximum l'attention sur ses prouesses.

Ce n'était pourtant plus lui qui attirait mon attention, mais bien la tornade jaune qui braillait comme du gibier qu'on égorge. Un sourcil étonné se soulève. Ainsi donc, la petite joueuse soignait par les plantes. Je ne savais dire si j'étais intéressé ou complètement stupéfait par cette information. Ça ne collait pas tellement à l'image qu'elle m'avait donné jusque là, mais peu importe. Ce que je n'avais pas prévu, c'était que les beuglements jaunâtres donnent une idée, au petit chef, qui n'allait pas me plaire. Il se redresse promptement, lui qui était aux premières loges, au chevet de la victime et ses yeux clairs pointent directement vers moi.

❝ Jade, viens par ici ! ❞

Oh non. Non, non. Stoïque, je le fixe à mon tour et espère qu'il change d'avis. Mais il avait l'air décidé en restant fixe lui aussi. Ce blond de grande taille, moins que moi, à l'allure effilée avait réellement dans l'idée de me faire participer à ce fiasco. Je sens alors un coup de coude dans mon dos qui me pousse vers l'avant. D'un coup d’œil en arrière, je lance un regard plein de pour mon collègue qui s'était sûrement dit qu'il aidait, en étouffant un rire tout de même. Mes yeux roulent et je soupire amplement. Bon, on va dire que je n'ai pas trop le choix. Je me lance à reculons pour rejoindre le petit attroupement. En arrivant, sur place, le petit chef murmure à peine discrètement à mon encontre.

❝ On parlera de ton abandon de poste plus tard. ❞
❝ De quoi ? T'as bien vu que... ❞

Des claquements de langue m'intimaient de la fermer, en plus de son regard pompeux se voulant sévère. Ce qu'il était ridicule. Je grimace avant de poindre mon regard vers la victime, de ma position toute haute par rapport à son corps inerte. A première vue, il n'y avait aucune blessure, pas de sang qui s'écoule. Ça pouvait tout aussi bien être une crise cardiaque, mais la tornade jaune avait visiblement fait germer dans la tête de tout le monde qu'il s'agissait d'un empoisonnement. Cela fais maintenant quelques années que j'ai intégré la milice et mon intérêt pour la botanique était connu de quelques uns, notamment du petit chef. Ce qui expliquait cela.

Bon, un peu de sérieux. Ce n'était pas vraiment comme si le sort d'un noble m'attristait particulièrement, mais un potentiel meurtre avait de quoi imposer une certaine retenue. M'approchant un peu plus, mon corps s'abaisse pour s'accroupir et pouvoir ainsi mieux observer. Je m'y connaissais en plante oui, mais pas tellement en poison. Du bout de ma main gantée, je soulevais un peu les frusques du corps inerte, ne discernant pas de signe distinctif sur sa peau, à première vue. Soudainement, une question évidente me brûle les lèvres et je finis par la poser en relevant les yeux vers le supérieur en chef.

❝ On est sûr qu'il est mort au moins ? ❞

Ça pouvait passer pour une plaisanterie et son regard assassin pointant vers moi m'intimait qu'il l'avait pris comme tel. Bah, c'est pas comme si je doutais de ses compétences, mais un peu quand même. Ça aurait pu être une simple paralysie avec de la sève de fleur de Givre après tout. Pour cette fois, je n'allais pas lui faire l'affront de vérifier le pouls devant lui. Mais si il advenait que le Comte reprenne ses esprits... Par les Quatre, je rirais à gorge déployée.

Pendant que je m'affairais à observer le corps qui ne semblait rien présenter de ce que je pouvais identifier, le petit chef balançait quelques ordres aux autres. La plupart était lancé à interroger les invités. Il n'y avait, à ma connaissance, que très peu de plante vraiment mortelle et je n'étais pas herboriste, soigneur ou empoisonneur moi. Face à mon silence contemplatif, le petit chef blond invite la demoiselle désignée quelques minutes avant, lui accordant un sourire implorant.

❝ Madame, pourriez-vous nous éclairez de vos lumières professionnelle ? S'il vous plaît. ❞

Sa voix mielleuse m'arrache une grimace. Un coup d’œil vers elle par dessus mon épaule et je reviens vers le sujet de toutes les rumeurs qui ne tarderaient pas à se construire. Demeurant dans ma position, accroupis, les coudes sur les genoux et les bras ballants, j'entendais les pas de la demoiselle approcher timidement. Ayant entendu sa manière d'éviter de participer, je me permettais un petit commentaire à son arrivée.

❝ Quand on sait soigner, on doit savoir ce qui provoque certaines choses, non ?  ❞

Ponctuais-je en relevant le regard vers elle. J'avais bien l'impression que la situation la gênait, ou du moins, elle avait bien fait comprendre qu'elle ne souhaitait pas particulièrement aider. Ses raisons m'importait peu, mais savoir qu'elle était contrainte d'agir à contre cœur avait quelque chose de jouissif. Aussi, un sourire fugace et narquois, mais satisfait, pointait vers elle, avant de revenir vers l'objet de toutes les attentions.

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Aventure #11 écrite Mer 17 Aoû 2022, 03:14


Mascarade

feat Jade




Revna grimaça intérieurement à l’écoute de la requête de celui qui semblait être le chef de la petite troupe. Il ne lui était plus possible de se défiler sans être accusée d’obstruction à la justice et c’était bien la dernière chose qu’elle désirait.  Comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point ? Voilà qu’on lui demandait de participer à une enquête pour homicide maintenant… C’était son travail de causer les meurtres, pas de les résoudre…
Elle avança vers les gardes d'une démarche souple et aérienne.


« Ce n’est pas mon domaine d’expertise, mais… je veux bien vous aider. »
finit-elle par lâcher à contrecœur.

La jeune femme bâtit vigoureusement des paupières en entendant la remarque du milicien aux yeux verts. Était-ce à dire qu’il la croyait coupable ? Voilà qu’elle était revenue au point de départ, après toute une soirée passée à jouer l’imbécile et à se frotter à Auguste pour éclipser tout soupçon à son égard. Maudite soit Ariadne. Elle la mènerait elle-même dans les limbes une fois cet épisode oublié.
Le Corbeau répondit au sourire narquois du garde par un regard venimeux. Elle mourrait d’envie de lui faire avaler sa langue trop acérée. Il avait de la chance qu’elle ait pour code de conduite de ne pas s’en prendre gratuitement aux beaux garçons. Il ne fallait pas gâcher la bonne chair.

« J’ai en effet une vague connaissance des plantes toxiques, comme tout herboriste digne de ce nom.  Mais cela ne fait pas de moi une experte, loin de là. Si la piste de l’empoisonnement est confirmée, ce qui est peu probable, il vous faudra mander quelqu’un qui s’y connait réellement. »


Elle s’avança d’un pas leste vers le corps du Comte, puis s’accroupit à son côté. Elle retira son masque pour être plus à son aise, dévoilant un joli minois concentré. Ses doigts pâles soulevèrent le poignet du défunt pour mieux observer ses veines. Les iris glaciales de la jeune femme s’animèrent d’un éclat de surprise. Les artères rugueuses et saillantes du Comte ne pouvaient que signifier…
La jeune femme se releva souplement et observa les alentours de la scène de crime. Son regard se porta sur une flaque de liquide pourpre non loin de la victime, au milieu de laquelle trônait une coupe brune gravée de motifs runiques.

« C’était sa coupe ? »

Une question rhétorique, bien sûr. Sans attendre de réponse de la part des gardes, elle s’accroupit devant la mare aux reflets d’amarante. Elle passa un doigt dans l’aquosité trouble et en porta une goutte à son nez, fermant les yeux pour laisser libre court à son sens olfactif.

« Fascinant… » murmura-t-elle pour elle-même. Cette odeur était indubitablement celle du Fongus Sanglant. Cela confirmait sa première analyse réalisée à la vue des vaisseaux sanguins atrophiés du pauvre homme. La dose avait été si critique que la défaillance cardiaque avait été quasi instantanée.

Un profane aurait immédiatement crié à la crise cardiaque. C’était notamment pour cela que Revna n’utilisait que très rarement cette plante, car elle avait jusqu’ici cru qu’elle ne faisait pas bon ménage avec la discrétion. L’inconfort procuré par cet empoisonnement se rapprochait de celui d’un malaise thoracique, aussi il était difficile de faire passer le décès pour une mort paisible et naturelle.
Cela ne coïncidait pas avec les traits paisibles du Comte, qui semblait endormi. La violente douleur engendrée par cette plante aurait dû se répercuter sur son visage. Sauf si le meurtrier avait réussi à le tranquilliser suffisamment en usant d’un dosage excessif de Griffe de la Chimère. Jamais elle n’aurait tenté une approche si délicate, la synergie des plantes curatives et toxiques étant un phénomène excessivement dur à approcher. En conséquence, le tueur était soit un génie, soit un imbécile n’y connaissant rien en herboristerie.

Que devait-elle faire de cette information ? Mettre les gardes sur la piste de l’assassinat pouvait la mettre dans une mauvaise posture. Mais si elle aidait à trouver le coupable, elle serait immédiatement blanchie du meurtre. Toutefois, il lui fallait trouver un juste milieu en ne démontrant pas d’une trop grande expertise en plantes mortelles. Et elle avait justement une parade toute trouvée en tête.

"Vous là bas." dit-elle à un garde de petite taille, à l'air perdu, posté à sa droite.

"Allez me chercher la sacoche brune à l'arrière de la calèche de Monsieur Castechade. Mon herbier personnel est dedans." ajouta t-elle d'un ton péremptoire, avant de se rappeler qu'elle avait oublié un élément de politesse Lühienne et d'ajouter un petit "s'il vous plait" pour conclure sa phrase.

Une fois que son bien fut revenu en sa possession, elle passa un temps excessivement long à feuilleter les pages jaunies du livre de cuir marron et a afficher une mine faussement concentrée. Au bout d'une durée lui semblant correcte, la jeune femme se replaça en face du commanditaire pour déblatérer son rapport, arborant une mine soucieuse qui n’était que partiellement feinte.

« Cela ressemble à un empoisonnement au Fongus Sanglant. J’ai déjà croisé un tel cas d’intoxication dans une bourgade perdue au cœur de la forêt neuve. Un idiot qui avait ingéré ces spores en croyant faire une banale cueillette de champignons. C’est une vraie petite saleté qui atrophie les vaisseaux sanguins dès qu’on a le malheur de l’ingérer. Les veines du Comte ont le même aspect que mon patient de l'époque. » déclama-t-elle en montrant la page afférente de son ouvrage pour étayer ses propos. La page mise en exergue arborait un groupement de champignons dessinés au fusain.

Bien sûr, elle n’ajouta pas que ce breuvage explosif contenait également quelques ajouts de son cru. L’anecdote racontée était bien réelle, car mêler mensonge et vérité était la réelle source de succès des imposteurs.
Désireuse de détourner l’attention des militaires de sa personne, elle ajouta :

« J'ai hâte de rentrer chez moi, aussi si vous me laissez fouiller les effets personnels des convives, je pense pouvoir trouver des traces du poison. Et si vous avez quelqu’un de pas trop mauvais dans ce domaine à me prêter, cela diviserait ma tâche en deux. »


*Je trouverais l'inconscient qui a parasité mon meurtre parfait, et je lui ferais regretter d'être venu au monde*



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Aventure #12 écrite Mer 17 Aoû 2022, 11:35


Mascarade
Le regard qu'elle me lance était sans équivoque et attisait ma satisfaction. J'aurais même pu me laisser à un petit rire, mais pour cette fois il ne serait qu'intérieur. Ne prêtant pas particulièrement attention à sa présence, je ne pouvais pourtant qu'entendre et écouter ses mots, continuant ma propre observation. Elle n'avait pas tord. Quel genre on se donnait à ainsi mander un potentiel témoin pour résoudre une affaire qui nous incombe ? Risible, vraiment. Disons qu'elle nous ferait peut-être gagner un peu de temps surtout et ça, c'était tant mieux pour moi.

Dans l'angle de mon regard, je distinguais qu'elle dévoile le sien. Pas franchement intéressé, je sens cependant une lourde insistance pointer dans notre direction. Relevant le visage, je note avec aversion l'indiscrétion du petit chef qui lorgnait clairement sur la demoiselle. Il entreprends d'ouvrir la bouche, sans doute pour alourdir l'atmosphère d'un compliment graveleux et mal placé. Lui lançant un regard sévère, je me contente d'un ❝ Non ❞ ferme et tranchant. Son étonnement est de mise et suffisant pour qu'il se ravise et reprenne son air impérieux. Blasé, je secoue la tête et revient à nos cobas.

Finalement, ses mouvements finissent par attirer également mon attention. Je devais bien avouer qu'elle arborait au moins la prestance des connaisseurs confiants, dans le bon sens. Et puis le sujet m'intéressait. Demeurant dans ma position, mes yeux la suivent d'un air neutre, mais concentré. Et soudainement, l'étonnement pare mes traits quand elle ordonne presque à un congénères d'aller lui chercher ses effets.

D'abord interloqué, sa cible reste pantoise le temps de quelques secondes, cherchant validation du regard auprès du supérieur en chef qui lui intime mollement de la main de s’exécuter. Ayant suivis toute la petite scène, je ne peux retenir un léger rire amusé avant de reposer les yeux sur elle, qui avait fait preuve cette fois de manière qu'on qualifierait d'hautaine. Enfin, après tout, on était ceux qui lui demandait son aide, elle pouvait bien se montrer un peu directive, même si ça ne me plaisait pas tellement. Retrouvant sérieux et concentration, je retournais à ma propre observation du corps inerte, mimant les gestes précédents de la demoiselle qui avait l'air d'avoir flairé quelque chose.

Le temps que sa sacoche lui soit ramenée et qu'elle feuillette son herbier, j'avais fais mes propres déductions, mais les indices ne collaient pas. Mes traits se durcissent face à ces conclusions et celles de la demoiselle se liant aux miennes, tout en s'éloignant de toute vraisemblance. Insistant sur mon observation pour essayer de trouver autre chose, j'écoutais son développement. Mais elle qui était si pressée de déguerpir, demande une assistance.

Je me relève alors, non pas pour lui proposer la mienne, mais pour faire part de mes réserves, sans réelle intention de la contre dire. Davantage pour moi que pour les autres.

❝ Si c'est réellement ça, le coupable ne devrait même plus être ici. ❞

Croisant les bras pour ensuite porter mon poings fermé à mes lèvres en signe de réflexion, mon regard se fronce intensément en fixant le corps. Il me semblait que les effets du champignon cité mettaient un certain temps à tuer. Plusieurs jours même, ce qui indiquait que le potentiel meurtrier pouvait déjà être très loin. Ce n'était pas le genre de détails qu'on trouvait dans les herbiers officiels de la bibliothèque, mais il y a quelques années, j'en avais trouvé un avec des annotations écrites à la main, que j'avais pris soin de ne jamais rendre. Mon intérêt n'était pas tant dans l'art de tuer que dans la botanique en elle-même.

❝ Votre assistant. ❞

Mon regard se redresse subitement vers le petit chef, ayant perdu jusque là la notion des diverses présences autour de moi. Quoi ? Il m'avait désigné d'un simplement mouvement de tête, comme pour se délester facilement d'une tâche que, de toute façon, personne d'autre ne pouvait assumer. Je grimace et fronce le nez de dépit. Assistant carrément ? Et puis quoi encore ?

Les bras toujours croisés, je soupire alors que mes épaules tombent lourdement, ma tête basculant vers l'herboriste qui était passé presque derrière moi à force de déplacements. Mes yeux se posent dans les siens, neutres et silencieux, attendant qu'elle accepte ou refuse, mais démontrant par un air blasé que je n'étais pas tout à fait enclin à "l'assister". Par principe plus qu'autre chose.

Pendant ce temps, les autres s'affairent toujours à interroger les invités, créant un brouhaha ambiant, loin d'être assourdissant. Ils tentaient de déceler des comportements inhabituels et des témoignages qui en cibleraient certains. La qualité de ce corps militaire n'était pas des plus glorieuses et il faudrait sans doute plus que quelques heures pour démêler tout ça. Pour peu que ce soit possible en une nuit. La petite demoiselle n'allait certainement pas quitter l'endroit aussi vite qu'elle le souhaitait, même si je comprenais son empressement. J'avais le même. Alors pour lui faire part de ma résignation, je pivotais entièrement vers elle ayant, cette fois-ci, un peu plus l'air d'attendre. Ses indications peut-être.

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Aventure #13 écrite Mer 17 Aoû 2022, 23:15


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❝ Si c'est réellement ça, le coupable ne devrait même plus être ici. ❞

Revna coula un regard interrogateur au milicien aux yeux vipérins. Par les Quatre, comment savait-il que cette herbacée ne prenait habituellement effet qu'après quelques jours; si elle avait été correctement dosée ? Ce n'était pas une information divulguée au commun des mortels, même s'ils étaient férus d'herboristerie.
Elle revint rapidement à la raison. Non, cela ne devait être qu'un hasard. Un garde de bas étage ne pouvait connaître suffisamment le domaine pour avoir élaboré un tel raisonnement.
Le naturel suspicieux du Corbeau lui intima néanmoins de faire preuve d'une grande prudence envers le milicien. Elle était bien placée pour savoir que les apparences n'étaient qu'imposture.

"Je pense qu'il est encore là." affirma-t-elle posément en retour, sans prendre la peine de s'expliquer plus à ce sujet. Le temps perdu à feuilleter son herbier lui avait permis de réfléchir objectivement à sa situation. Elle en était parvenue à la conclusion qu'il s'agissait soit d'un test; soit d'un idiot qui avait balancé toutes les plantes de sa connaissance dans un bol. Dans les deux cas, le fauteur de trouble était présent, que cela soit pour la surveiller ou car il avait été trop bête pour s'enfuir.

Sa présente mission était en effet un examen à peine voilé pour intégrer une mystérieuse organisation toute puissante en matière de crimes sur l'île. Chose commune dans les affaires criminelles, tout était un peu louche dans cette histoire. Il n'était donc pas aberrant d'imaginer que son commanditaire l'avait volontairement trempée dans la sauce avec une multitude de gardes autour, uniquement pour tester sa réactivité face à une situation si déplaisante. Si cela se révélait vrai, elle n'était pas sûre de vouloir travailler pour une personne s'amusant à mettre en danger sa couverture. La jeune femme aurait sans doute fait la même chose à la place des cellules grises aux commandes, mais n'était pas adepte du vieil adage "ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît".

Revna étouffa à grand peine un sourire carnassier lorsque le jeune garde posté à ses côtés fut nommé son "assistant".  Voilà une chose qu'elle n'était pas prête de lui faire oublier. Cela compensait quelque peu l'humiliation qu'elle avait précédemment subi.

"Mon cher assistant, pourriez-vous rechercher des traces de poudre verte et orange sur leurs doigts s'il vous plait ? Je m'occupe des personnes le plus à gauche et vous  de ceux à droite."
demanda-t-elle, en insistant volontairement sur le qualificatif qui allait sans nul doute le faire bondir. Si son nouveau compagnon de travail était un tant soit peu féru de botanique, il verrait sans mal qu'elle lui demandait de trouver des traces de Griffe de la Chimère. Dans le cas contraire... tant pis pour lui.


*Bon courage pour t'occuper d'Auguste et d'Ariadne*
songea Revna avec ravissement. Elle lui avait volontairement délégué la partie du troupeau dans lequel les deux comparses étaient relégués.

Le Claw of Chimera avait tendance à marquer. Un novice n'aurait jamais disposé des protections nécessaires pour manipuler une telle plante sans en garder de traces sur ses mains ou ses poignets. S'ils trouvaient ce qu'ils recherchaient, c'était que l'auteur de l'assassinat n'était qu'un simple invité.

"Vu que nous allons travailler ensemble, peut être pourriez-vous me donner votre nom ? Quand à moi, je me nomme Ostara Sombrevent." dit-t-elle en guise de conclusion. "Connais ton ennemi et connais-toi toi-même", comme le disait un obscur tacticien de guerre au nom aujourd'hui oublié.




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Aventure #14 écrite Jeu 18 Aoû 2022, 21:25


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Quelle étrange et subite collaboration. Et ses tics de langage en me nommant son « cher assistant » ne me disaient rien qui vaille. Mes paupières se plissent amèrement et une mine renfrognée enrobe le tout. Jusque là dos à l'assemblée, mais posté à ses côtés, je fais lentement volte face pour observer, les bras à nouveau croisés. Ainsi posté l'un à côté de l'autre, mes yeux pointaient vers l'avant en écoutant ses directives. Elles avaient au moins le mérite d'être un brin plus agréables à l'oreille que celles qu'elle avaient lancé à mon congénère.

Par principe, j'inspire et soupire par le nez, me montrant toujours peu enclin à collaborer avec elle, même si la situation ne me laissait qu'assez peu le choix. Ainsi donc, madame souhaite que je cherche des traces oranges et vertes. Arquant un sourcil, je fouillais dans mes connaissances et trouve rapidement qu'il n'y avait pas trente six solutions. Je devais scruter les mains des convives pour trouver une quelconque utilisation de Griffe de la Chimère. Anti-douleur reconnu, est-ce qu'elle pensait que... ?

Je laisse glisser un regard dubitatif vers elle, un instant à peine avant de revenir vers la foule. Ce serait étonnant qu'une plante, aussi curative soit-elle, puisse compenser la douleur d'un poison mortel. Mais soit, si madame pense que c'est un maillon dans la chaîne, pourquoi pas. Faisant suite à ses indications, mes yeux balayent l'assemblée de gauche, puis celle de droite qu'elle m'avait dédié. Je grogne alors en apercevant la grosse tâche jaune qui m'avait malmené quelques instants auparavant.

❝ Vous l'avez fait exprès, hein ? ❞

La rhétorique était de mise ce soir et je n'escomptais pas récolter le moindre aveu de sa part. Un nouveau soupire de circonstance, plus expressif celui-ci, réchauffe alors ma gorge. Le cadeau de ses présentations n'aurait pas d'effet particulier sur mon humeur, mais par politesse je lâche distraitement :

❝ Jade. ❞

Avant de quitter ma position pour me placer face à la première personne du groupe qu'elle m'avait gentiment dédié. Présentant mes mains, paumes ouvertes vers le ciel, me préparant à recevoir des dizaines d'autres, je ponctue mes indications d'un bref mouvement de tête.

❝ Donnez-moi vos mains. ❞

Il s'agissait là d'une dame d'un certain âge, ni fraîche ni grabataire, aux cheveux grisonnants et à la robe cuivrée. Pas comme si je m'en préoccupais, mais elle était devant moi, alors... Elle dépose ses mains, à la peau fanée par le temps, dans les miennes avant que je ne les ausculte avec une délicatesse qu'on n'aurait sans doute pas soupçonné. Consciencieux et concentré, je les fais pivoter dans un sens, puis dans l'autre, les rapprochant de mes yeux pour mieux y voir, insistant sous ses ongles, pour peu que de la poudre y demeure en cas de nettoyage préventif.

Rien de rien. Je relève alors les yeux, lui indique mollement du pouce un coin opposé de la salle pour trier les convives et divague un instant à l'idée de répéter ça une vingtaine de fois, voir plus. Je prends cependant quelques secondes pour m'adresser à ma collaboratrice.

❝ Envoyez les vôtres de l'autre côté. ❞

Sans me préoccuper de savoir si cela lui plaisait ou non, j'observais cependant, avec insistance, le temps qu'il fallait pour être certain qu'elle s'exécute. Suffisamment d'attention panoramique me permettrait facilement de savoir si elle dérogerait à ces indications ou si quelques uns de siens se perdrait en chemin. Revenant à mes cobas, les yeux rivés vers le bas, mes gestes mécaniques s'enchaînent sans trouver quoi que ce soit, jusqu'à ce que la propriétaire de la nouvelle pair de main glousse au contact des miennes. Un sourcil froncé, l'autre arqué et les lèvres froncées. Il ne pouvait s'agir que d'une personne. Je ferme une seconde les paupières, inspirant tout le courage que je pouvais m'octroyer, en évitant avec force de croiser son regard. Elle ne se contentait pas de couiner dès que j'insistais un peu trop, non. Il fallait qu'elle y aille de son petit commentaire mielleux.

❝ Vous êtes si délicat. Vos caresses sont un pur délice. ❞

Bon. Il est temps de lui remonter les bretelles à elle aussi. Je resserre un peu fermement l'étreinte de mes doigts sur sa peau et la fixe subitement d'un regard sévère, mais professionnel évidemment.

❝ Madame. On essaye d'élucider un potentiel meurtre. Tenez vous tranquille. ❞

Grondais-je entre mes dents serrées par l'irritation, bien que ma voix soit tout ce qu'il y a de plus neutre. Un dernier glapissement de surprise me conforte dans l'idée qu'elle parviendrait à rester en place jusqu'à ce que j'en ai terminé avec elle. Concluant comme pour les autres, je l'invite d'un simple mouvement de tête à rejoindre le troupeau un peu plus loin. Je fais de même pour ceux qui suivent, tandis que pour certains je ne me donne même pas cette peine car ils comprenaient d'eux-même.

Les pairs de mains défilent encore et en voilà une qui reste plantée dans le croisement de leurs bras. Je serre les poings et relève le visage d'un air sensiblement effronté. Le Comte de machin chose qui, semble-t-il, n'avait pas bien envie d’obtempérer. Ma tête bascule légèrement sur le côté, prêt à recevoir ses brimades qui n'allaient sans doute pas tarder.

❝ Je refuse que vous me touchiez avec vos sales pattes. J'exige que ce soit ma cavalière. ❞

Elle me le paiera ta cavalière. Ses mots avaient été si tranchants qu'il était évident qu'ils parviendraient jusqu'à ses oreilles. D'un mouvement ample, mon regard pivote jusqu'à elle, lui offrant une mine renfrognée qui exprimait silencieusement quelque chose comme « satisfaite, hein ? ». Cependant, je ne pouvais accéder à sa requête, pour des raisons évidentes qui lui échappaient complètement. Ce pouvait très bien être lui le coupable et elle sa complice. Cette simple éventualité m'interdisait de le laisser aller à sa guise. Le problème étant que le mettre simplement KO n'était pas non plus une solution envisageable, du moins en première intention. Trop de public. J'optais donc, dans un premier temps, de parler à ses bas instincts, me rapprochant de lui suffisamment pour que mes murmures ne soit audibles que par l'intéressé.

❝ Rideau pour cette nuit si ça s'éternise. Plus vite on fini plus vite vous la retrouvez. Si vous voyez ce que je veux dire. ❞

Ses grands yeux globuleux pétillent d'une illumination qui semble lui faire entendre raison. Il conclue alors ce bref échange d'un grommellement porcin avant de concéder à me tendre ses mains. Je roule les yeux au ciel face à mon succès si aisé et une nouvelle fois, je dois refréner un haut le cœur en les imaginant. Difficile alors de mener cette nouvelle investigation sans grimacer de dégoût, mais je termine sans pour autant bâcler le travail.

Les derniers invités de mon côtés défilent et toujours rien de probant. Mes traits se froncent en me redressant, pour ensuite diriger mon intention vers la demoiselle, qu'elle en ai terminé ou non. Ma voix portant jusqu'à elle, j'annonce le résultat.

❝ Rien de mon côté. ❞

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Aventure #15 écrite Ven 19 Aoû 2022, 02:54


Mascarade

feat Jade



Bien sûr qu'il n'y avait rien. Son mauvais karma n'avait pas l'air décidé à lui lâcher la grappe. Revna laissa échapper un soupir de frustration en renvoyant l'individu dont elle venait de scruter les paumes vers le coin de la pièce auparavant choisi par Jade. Cette organisation lui avait été imposée, ce qui lui avait occasionné de prime abord une envie de ne pas obtempérer. Le Corbeau s'était ravisée au dernier moment, se rappelant de sa position délicate de criminelle entourée d'une myriade de gardes. Il aurait été inconscient de s’attirer un peu plus les foudres du milicien aux yeux verts. Son égo laissant heureusement un peu de place à un instinct de préservation, elle s'était contentée de soupirer assez fort pour que cela atteigne les oreilles de l’intéressé.

Continuant sa petite enquête sans trop y croire, elle jetait de temps à autre un regard vers Jade. A la fois pour le surveiller et contempler le paysage. Il était indéniablement charmant, et plus compétent qu'elle ne l'avait envisagé au vu de sa façon presque experte d'étudier les mains des convives.
Un demi-sourire naquit sur ses lèvres lorsque le militaire commença à s'occuper d'Ariadne. Son sang se glaça lorsque ce fut le tour d'Auguste Castechade.
Elle fit mine de ne pas avoir entendu la complainte de cet amant forcé, lui tournant ostensiblement le dos. Il lui faudrait rapidement trouver une parade pour ne plus avoir à supporter son intolérable laideur. Peut-être simuler sa propre mort ? Voir même mourir, tout simplement ? Le trépas était sans nul doute plus agréable que la grosse langue d'Auguste au fond de sa gorge.

Frémissant imperceptiblement à ce souvenir, Revna se remit à étudier le poignet de l'homme élancé aux tempes grisonnantes planté devant elle, lui offrant un sourire obséquieux avant de l'envoyer au coin.


"D'accord, merci. Je vous fait confiance."
grommela-t-elle lorsque Jade vint faire son rapport, évidemment négatif.

La jeune femme se massa les tempes, excédée par l'épouvantable tournure de cette soirée. En temps normal elle serait repassée derrière le travail du garde, mais elle sentait que se trouver à proximité d'Auguste dans un tel contexte lui ferait franchir un nouveau seuil de tolérance à la douleur.

La milice avait regroupé les divers témoignages, et personne n'avait vu qui que ce soit glisser un élément suspect dans la coupe du Comte, ni rien remarqué d'anormal à vrai dire. Rien d'étonnant si cet acte pernicieux était l’œuvre d'un professionnel. Les riches étaient de vraies fouines, aussi on pouvait leur faire confiance à ce sujet.
Revna était persuadée que l'auteur du meurtre devait encore être dans les parages. L'odeur de la plante sentie dans le vin était trop fraîche pour avoir été déposée il y a plusieurs jours. Et puis, les domestiques ne préparaient de toutes façons pas les breuvages des heures à l'avance.

La jeune femme jeta un regard désespéré à Auguste qui faisait mine de s'approcher. Fort heureusement, les gardes lui intimèrent de rester à sa place. Profitant de cet instant de répit, le Corbeau revint à ses pensées.

L'auteur du crime devait être une personne se faufilant partout sans pouvoir être vue... Mais personne ne disposait d'un tel pouvoir d'invisibilité ! Soudain, la réponse à ce mystère lui apparu, claire comme de l'eau de roche.

"Mais bien sûr !"
s’exclama Revna en frappant son poing contre le plat de sa main gauche et ouvrant de grands yeux, étonnée de ne pas avoir pensé à cette solution auparavant.

La jeune femme s'approcha de son "assistant" avec un enthousiasme non feint.

"Allons voir dans les cuisines"
lui chuchota-t-elle au creux de l'oreille, aussi excitée qu'une gamine découvrant un nouveau jouet.

S’embarrasser de la présence du milicien était un moindre mal pour s'assurer d'une relative liberté de mouvements. Il aurait été bien plus délicat de parvenir à ses fins avec toute une troupe de bras cassés derrière elle et les militaires ne l'auraient jamais laissée déambuler à sa guise dans le manoir.


***

Mascarade 710f5210


Loin de la danse macabre torturant Jade et Revna, Vahinearii contemplait son reflet brisé. Ses traits délicats, gardant leur éclat malgré la pénombre, portaient l'écho d'une gloire passée marquée à même la peau. L'air, chargé de poussière et d'encens, était étouffant à l'image de la pièce dans laquelle la femme était installée.
Ses doigts pianotèrent sur l'accoudoir de chêne meurtri du fauteuil dans lequel elle était lovée. Le regard d'obsidienne de l'instigatrice croisa une ombre qu'elle seule semblait voir.

"A l'avenir" murmura-t-elle en levant vers l'invisible une réplique parfaite de la coupe ayant tué Ambroise de Vireil.
HRP:


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Aventure #16 écrite Ven 19 Aoû 2022, 14:55


Mascarade
Ses réactions avaient de qui me hérisser le poil. Soupirer quand je lui lance une seule et unique directive, faire la sourde oreille quand je me prends le retour de son compagnon. Levant les yeux à chaque fois face à ses réponses effrontées, j'avais continué mon expertise sans fausse note.

Le contraste avec le discours suivant était presque risible. Merci ? Confiance ? Je plisse les yeux à les entendre. Je n'avais pas le moindre doute quant à leur caractère mensonger, ou au moins forcé, mais ils avaient au moins le mérite de faire illusion. Je contemple alors silencieusement le troupeau qu'elle avait elle même guidé jusqu'à la localisation choisi par mes soins. Pas sans arrière pensée cela dit, elle allait découvrir rapidement pourquoi.

A quelques pas d'elle maintenant, sans être trop proche, je l'observe se triturer les méninges. Sourcils froncés et bras croisés silencieusement, j'avais presque envie de croire à sa sincérité. Ça l'était peut-être, ou pas, en réalité peu m'importait. Je suis alors son regard qui pointe derrière moi, vers son compagnon. Un faible rire m'échappe. Il y avait peut-être un peu de justice dans ce monde finalement. Bien qu'étrangement, au fond de moi, la voir ainsi crispée à l'idée de le retrouver me déplaisait. Mes yeux se repose sur elle lentement. Pourquoi s'infliger un tel immondice alors ? C'était incompréhensible, mais elle avait certainement ses raisons.

Ah ? Une illumination. Mes sourcils se arquent avec attention alors que son petit air satisfait lève un tantinet la commissure de mes lèvres. Pas assez pour se confondre avec un réel sourire cela dit, mais c'était quand même là. Me penchant légèrement pour lui faciliter l'accès à mon oreille qu'elle visait apparemment, j'écoute attentivement avant de me redresser et me tourner vers la porte des cuisines. Son esprit de déduction était plutôt qualitatif je devais le reconnaitre. Pivotant pour m'y diriger, tandis qu'elle m'emboiterait sans doute le pas, je m'arrête soudainement en levant le doigts.

❝ Ah, non. Pas encore. ❞

Dos à elle, je laisse un sourire amusé poindre, le faisant complètement disparaitre une fois retourné. J'avais quelques griefs et je n'allais pas laisser une seule occasion de l'importuner. Elle qui s'était montré impatiente d'en finir, c'est avec un certain plaisir que je fais durer cette petite mascarade. Mon esprit revêche de ce soir prenait le pas sur mon besoin de solitude visiblement. M'avançant pour d'abord prendre place à ses côtés, j'opère son comportement inverse et me penche à mon tour, lentement vers son oreille, insistant peut-être un peu sur cette proximité, pour y murmurer les raisons de ce retournement de situation.

❝ Vous êtes pas moins suspecte que les autres. ❞

Je me redresse amplement, la fixant de ma hauteur d'un air étrangement adouci. C'était également pour la préservé que je m'étais montré discret, cette simple supposition de la part d'un milicien aurait pu faire jaser les fameux autres. Je me dirige donc vers le troupeau qu'elle avait ausculté. Je n'avais pas de réelle raison de la croire coupable, ni même innocente. Mais l'idée précédente, me soufflant une possible complicité m'incombait de faire mon travail jusqu'au bout. Elle était une invité comme les autres après tout, sa présumée bonne foi ne devait pas prendre le dessus sur l'enquête.

Sans me retourner, j'opère le même travail d'investigation, lui laissant tout le plaisir d'observer que, moi, je ne lui faisais pas confiance. Par principe professionnel surtout, car mon avis importait peu en réalité. J'en avais pas vraiment de toute manière. J'entends facilement les plaintes, à peine dissimulées, de quelques nobles qui commencent visiblement à perdre patience. Je pouvais les comprendre, mais sous mes airs fermés et sévères, la plupart se laissent faire sans trop broncher. Même certains de mes congénères trépignent un peu ou médisent sur mon comportement, assez discrètement pour que je ne les entendent pas.

Un fois mon travail terminé et n'ayant rien décelé de plus qu'elle, je m'en retourne à son encontre, pointant d'un mouvement de tête la porte des cuisines. Ça ne m'étonnerait pas qu'elle soit excédée par mon attitude, mais elle le méritait bien. Et le point positif étant que c'était au moins une première, réelle, preuve de sa bonne foi.

Sur ses talons, j'allonge quelques pas pour la dépasser et entrer le premier. Là encore, on ne sait jamais. D'un rapide regard circulaire je m'assure de l'absence de la moindre présence suspecte, les cuisiniers ayant été eux aussi rapatrié dans la salle principale il y a un moment déjà. Je pivote légèrement pour la laisser entrer à son tour, mon attention sur ses talons. L'informant à nouveau des enjeux, j'attends un soupir de sa part.

❝ Il faut que je surveille ici aussi. ❞

Bon, même moi ça risque de finir par usé ma patience. J'espère vraiment que le fin mot de l'histoire se trouvait là.

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Aventure #17 écrite Ven 19 Aoû 2022, 21:28


Mascarade

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L'assassine retint un grognement. Avec un geste rapide de la main pouvant tout autant signifier "va te faire voir à Oagran" et "mais je t'en prie, fais donc", elle avait laissé Jade ausculter ses témoins. Ce n'était de toute façon pas comme si elle avait le choix. Il était rageant de voir qu'il s'amusait autant à jouer avec elle. La jeune femme n'avait pas l'habitude de se laisser manipuler avec tant d'aisance. De plus, son égo admettait difficilement que ses charmes n'avaient pas suffit à amoindrir sa méfiance.

Adossée contre le mur, les bras croisés, Revna regardait le milicien s'affairer à contrôler son travail. Ses yeux clignèrent plusieurs fois, comme pour s'assurer qu'ils ne contemplaient pas un mirage.

*Tu te prends pour qui, troufion ?*
songea la jeune femme avec une incrédulité teintée de rage, tout en contemplant le manège du jeune homme sans mot dire. Elle était restée figée sur place depuis que le jeune homme lui avait glissé à l'oreille les paroles accablantes qu'elle redoutait tant. "Vous n'êtes pas moins suspecte que les autres". C'était un fait, car en un sens elle avait bien attenté aux jours du Comte. Quelqu'un l'avait simplement devancée.

Le Corbeau serra les dents lorsque les prunelles d’émeraude de son comparse se tournèrent de nouveau vers elle.

"J'espère que vous n'avez pas trop perdu votre temps à contrôler tout ce beau monde une seconde fois"
dit-elle d'une voix mielleuse dégoulinant d'ironie, tout en emboitant le pas de Jade, qui, bien décidé à l'excéder, avant pris l'initiative de la dépasser.
Revna espérait de tout ce qu'il restait de son âme que l'assassin soit bien présent dans la cuisine, prêt à planter un couteau dans le cœur de cet insolent.

Ils franchirent une alcôve de marbre noir, menant sur un long couloir dallé de pierres sombres incurvées de symboles vraisemblablement ésotériques. La jeune femme fronça les sourcils à ce constat. Sa commanditaire ne lui avait pas souligné que le Comte était versé dans ce domaine, au sein de la documentation longue comme le bras qu'elle lui avait fourni. Les deux jeunes gens parvinrent assez vite à la porte de bois massif indiquant l'entrée des cuisines, qui leur avait été indiquée quelques minutes auparavant - non pas qu'elle en aurait eu besoin, mais bon.

Le cœur de Revna tambourinait si fort dans sa poitrine qu'elle se demanda si Jade pouvait l'entendre. Elle prit une discrète longue inspiration pour tenter de reprendre le contrôle de ses émotions. Son intuition, qui lui faisait rarement défaut, lui intimait de se méfier de ce qu'elle découvrir dans cette pièce. Cela sentait un nouveau piège de l'organisation criminelle qui l'avait employée à plein nez.

Le jeune femme ne voulait pas suivre le garde. Elle ne ferait pas de cette misérable cuisine son caveau, et elle sentait dans tout ses os qu'une menace les attendaient à l'intérieur. Restant silencieuse à son invitation, elle recula d'un pas, puis deux, le visage encore plus blême que de coutume. Ses yeux brillaient d'une nouvelle lueur alors qu'elle fixait Jade avant de disparaître. Un éclat jusqu'alors inconnu pour elle. Un cri d'excuse avant de le laisser seul au devant du danger. Le bruit d'une lame légère se fichant dans le bois fusa.


"Te voilà enfin, Corbeau. Je t'attendais."
dit une voix caverneuse en s'adressant à Jade.

Revna, dissimulée dans un coin du couloir attenant, agrippa le poignard accroché à sa cuisse, réduisant le flot de sa respiration au strict minimum.


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Aventure #18 écrite Dim 21 Aoû 2022, 16:04


Mascarade
J'étais perplexe. Je me montrais plutôt prévenant d'ainsi lui retenir la porte pour qu'elle daigne rentrer à son tour, mais au lieu de ça, elle recule d'un pas. Puis deux. Je gronde sourdement en pointant mon attention vers elle et quelque chose m'interpelle. Son air est différent, son regard l'est tout autant. Je fronce les sourcils avant de la voir fuir, prêt à la poursuivre quand une lame fuse non loin de mes yeux et se plante dans le bois à quelques centimètres de mon visage. Instantanément, je me fige et stoppe ma respiration. C'est quoi ces conneries encore ?

Corbeau ? J'aurais pu penser à une vaste blague, mais mon instinct m'intimait de ne pas prendre ça à la légère. Mon air et mes traits arborent une certaine neutralité, toute sévère par habitude, alors que je me tourne pour faire face à l'origine de l'interpellation qui n'était visiblement pas à mon intention. Nous n'étions que deux à être sur le point d'entrer, alors si ce n'était pas moi, le choix était mince. Cela dit, il y avait tellement de monde dans le manoir que ça pouvait être n'importe qui d'autre. Tout ça était grotesque, mais je flairais un truc dans l'air qui ne me disait rien qui vaille. La demoiselle ne pourrait sans doute pas s'échapper, à moins de passer par une fenêtre que j'entendrais facilement.

Bon, que faire ? J'observais d'un rapide regard la disposition de la pièce. Des meubles en bois longeaient les murs en pierre, une grande table encore pleine de victuaille et de vaisselle au centre, illuminée par la lumière nocturne et une seule et unique fenêtre permettait aux cuisiniers d'aérer l'espace. Vu la projection de la lame encastrée à côté de mon visage, sa lanceuse était droit devant, tapis dans l'ombre, ayant pris le soin d'éteindre toutes les bougies qui, à l'odeur, n'avaient pas été étouffées depuis longtemps. J'avais bien envie de savoir à qui je m'adressais et au son de sa voix, il s'agissait d'un homme. J'avais deux choix. Endosser le manteau de milicien, le menacer gentiment de la troupe de l'autre côté du manoir et l'arrêter pour simplement avoir attenté à ma sécurité. Ou. Jouer le jeu. Jade, ce serait étonnant que tu sois face à quelqu'un de patient qui te laissera peser le pour et le contre alors....

Je m'avance d'un pas et repousse lentement la porte grinçante dans mon dos, sans la fermer complètement histoire de conerserver mon seul véritable point de fuite, mais me montrer un tant soit peu concerner pouvait aider. Je laisse filer un rire fugace.

❝ Quel accueil. ❞

Je prends une position ferme et croise les bras avant de pencher légèrement la tête sur le côté.

❝ Je vous ai pas trop fait attendre j'espère ? C'était un peu compliqué de gérer là bas. ❞

Je pouvais jouer le jeu, mais ça me paraissait épineux de feindre quelqu'un que je n'étais pas. Si il allait jusqu'à me confondre avec un autre, c'est sans doute qu'il ne savait pas du tout à quoi ressemblait la personne qu'il attendait. C'était au moins un premier avantage. Sans quitter l'ombre dans l'obscurité, une pensée pour la demoiselle me traverse l'esprit. Il y avait tout à penser que j'étais tomber dans un piège. Elle qui me laisse entrer seul, moi qui me fait cueillir à mon arrivée. Il manquerait plus qu'elle me saute dessus par derrière pour me coincer.

Non. Je ne sais pas. Elle pouvait être une excellente comédienne, mais ce que j'avais vu quand elle s'est excusé plus tôt dans la soirée n'avait rien à voir avec son regard avant de fuir. J'étais intimement convaincu qu'il était sincère celui-là. Elle était sûrement au courant de quelque chose. Et... Elle m'a laissé aller au devant d'un potentiel danger en me laissant planté là sur place comme une courge ? Rah, elle me le paiera ça aussi. Si j'en ressors.

Évitons d'être parasité par des réflexions inutiles pour l'instant. Je n'avais pas assez d'information sur la situation pour supposer quoi que ce soit durant cette petite conversation. Pas encore. Je n'avais donc pas beaucoup plus de solution que celle-là.

❝ Et maintenant ? ❞

Mes yeux verts pointent toujours vers mon interlocuteur, dans l'attente de quelconque indice qui pourraient me mettre sur une piste sur laquelle m'engager.

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Aventure #19 écrite Dim 21 Aoû 2022, 21:30


Mascarade

feat Jade



Lorsque son agresseur s'extirpa des ombres, Jade du comprendre aisément pourquoi il préférait rester dissimulé. Ses traits déformés, lézardés d'ignobles pustules,  semblaient grossièrement taillés à même la roche. Son œil droit, blanchâtre, était à demi fermé. Ce portait était complété par un crâne glabre atrocement brûlé. La physionomie cauchemardesque de l'individu faisait oublier sa taille moyenne : il arrivait difficilement à l'épaule du milicien.

Il pointa son visage disgracieux d'un doigt ganté de noir, son œil valide brûlant d'une haine palpable.

"Observe ton œuvre de plus près, salopard d'Oagran. Je vais te faire bouffer tes tripes pour ça, et pour avoir enlevé la vie du frère de ma Reine."

Son faciès hideux se déforma en un simulacre de sourire alors qu'il continuait d'avancer vers Jade, la lame de son poignard pointée vers le milicien luisant sous le faible halo lumineux des chandelles.  Restant à distance respectueuse de celui-ci, il le détailla de pied en cap.

"Milles discours circulent sur ta beauté... Je constate qu'ils étaient vrais. Cela sera un plaisir d'arracher ta magnifique petite gueule." souffla-t-il avec révérence, faisant mine d'avancer vers le jeune homme, avant de se raviser. Un soupçon de peur, puis une réelle démence, assaillit son visage déformé.

Sans crier gare, il lança son poignard vers la poitrine de Jade, d'un geste vif et précis.

***

Le sang de Revna s'était glacé en entendant le discours de l'assassin depuis sa cachette. Elle se souvenait parfaitement de cette sordide affaire menée il y a quelques mois de cela, ayant aboutit à la mort de son mentor. Ils s'étaient attaqués à trop fort, ou trop fou, pour eux. Et voilà que son tour était arrivé. Enfin, le tour de Jade, plutôt.

La jeune femme ne savait que faire. Si elle laissait le milicien seul face au "mutilateur", il n'avait aucune chance. Et s'il mourrait alors qu'elle avait été seule avec lui, elle serait en tête des suspects. Sa précieuse couverture ne pouvait être jetée au feu alors qu'elle était à deux doigts d'enfin retrouver son père. Serrant les dents, elle se releva avec souplesse puis s'approcha sans un bruit de l'antre infernal.
L'empoisonneuse se glissa dans l'interstice de la porte encore entrouverte, priant pour que le tueur soit trop en prise avec sa folie pour noter le frottement des tissus accompagnant son geste.
Sans laisser de temps à l'hésitation, elle bondit vers la chose se tenant face à Jade alors qu'un éclat fendait l'obscurité pour se planter vers le jeune homme.
Sans accorder un regard à cet dernier, mais priant tout de même pour qu'il reste en vie, Revna bondit vers la gorge de l'agresseur. Son poignard à la lame frêle, lardée d'un liquide poisseux, se posa sur la trachée du "mutilateur".

"Tu bouges, tu meurs."
dit-elle d'une voix claire dans laquelle perçait une forte assurance, entèrement feinte.

La jeune femme réprima les tremblements de son corps en faisant jouer sa lame sur la glotte de l'assassin. Si le milicien était suffisamment couard pour s'enfuir comme elle l'avait fait, ou s'il était mort, il lui serait presque impossible de remporter ce combat.



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Aventure #20 écrite Dim 21 Aoû 2022, 22:57


Mascarade
Mon interlocuteur se décide à se dévoiler, lentement, du manteau d'ombre que lui offrait l'obscurité. Finalement, j'aurais peut-être préféré qu'il s'abstienne. Sa vue force un mouvement de recul et un air empli de dégoût, que je retiens un maximum. Ce qui me valait plutôt un mine plus sévère que d'habitude, si c'était vraiment possible. Je ne juge pas, pas pour ça et puis, on dit bien qu'il ne faut pas se fier aux apparences, mais là je crois bien que l'un et l'autre était de connivence.

Je conserve un silence implacable, sur le qui-vive, alors qu'il me crache tout un tas d'ineptie que je note assidûment. Je n'étais ni d'Oagran, ni un salopard, enfin pas vraiment et loin d'être l'artiste qui avait créer cette fameuse œuvre. Mais, la personne qu'il attendait l'était sûrement. J'aurais bien aimé m'excuser à sa place pour les dégâts causés, mais préférais m'abstenir. Je décroise surtout lentement mes bras alors qu'il se montre clairement menaçant. Avec cette gueule, ce ton, ce « sourire » et surtout ce poignard pointé vers moi, j'avais assez peu de doute sur la question.

Mon corps se gaine, prêt à l'emploi, mais voilà qu'il m'observe des pieds à la tête. Un salopard d'Oagran, mais à la beauté renversante. C'était toujours ça de pris. Une mine et un mouvement de tête complaisant acquiesçe plus ou moins à ce compliment un peu bancal vu les circonstances. Mes yeux verts tentaient de percer ses mouvements, de les prédire, mais voilà qu'il se ravise, puis non.

A peine le temps de réaliser, que son poignard fond sur moi. Pris d'abord d'un mouvement de recul, je pivote, mais ne parvient pas a esquiver la lame qui se fiche finalement dans mon épaule. Borgne, mais bon viseur. Un râle m'échappe alors que ma main rejoins mécaniquement la blessure causée alors que je me plis vers l'avant, grimaçant. J'avais vécu pire, mais c'était loin d'être agréable. Je m'apprête alors à fondre sur lui, l'adrénaline pointant le bout de son nez quand je stoppe mon élan brusquement, alors que la demoiselle était apparue, comme par enchantement, une dague sous la gorge de mon agresseur.

Il s'est immobilisé et observe du coin de l’œil celle qui le tient en joug. Je ne pouvais pas la laisser gérer seule ce monstre de laideur, qui pourrait lui sauter à la gorge en une fraction de seconde. Chassant les doutes et les questions que cela m'inspirait, je fond sur lui, l'attrape sans même la toucher elle, tord son bras vers l'arrière et fini de le plaquer brutalement au sol avec mon genou dans un lourd fracas. Là, maintenant, j'étais énervé. La force de l'habitude et les multiples combats à mains nues que j'avais mené. Un brin de violence avait le don d'échauffer mon esprit en une fraction de seconde. Les mouvements amples de mon épaule provoquent des douleurs que je contiens d'un grognement, les mâchoires serrées. Fini de jouer gentiment.

❝ Et tu te crois malin ? Tu pensais que j'allais pas le voir venir ? ❞

Ma voix agressive, un peu hautaine. Je le sens essayer de se défaire, mais mon étreinte se comprime et se resserre, comme un serpent prêt à achever sa proie. Il grimace, déforme un peu plus son visage déjà si laid et grommelle, tandis que je me penche lentement vers lui.

❝ T'as vu mon armure non ? Je peux pourrir un peu plus ta vie d'un claquement de doigt. ❞

Il se ravise quelque peu, mais demeure grimaçant par la contrainte. Bon, il était peut-être temps de jouer jusqu'au bout. Je ne voyais pas bien comment continuer à tenir ce rôle tout en essayant de l'interroger dans les règles pour qu'il avoue ce pourquoi il était réellement là. Si tout ça n'était effectivement qu'une vaste mascarade pour attirer ce fameux Corbeau jusqu'ici, il était peut-être l'auteur du meurtre là bas. C'était une déduction plausible et d'un regard silencieux vers la demoiselle, je cherchais presque son aval. Je me penche un peu plus vers lui et force ma poigne.

❝ C'était tellement grossier que j'avais hâte de voir ta tronche. Franchement, t'en prendre comme ça à lui, ça me donnerait presque envie de vomir.  ❞

Il serait toujours temps de le mettre KO et de le coffrer pour violence contre un garde si je faisais fausse route. J'aurais pu tout aussi bien le questionner pour en savoir plus sur le Corbeau, comment il avait su qu'il serait ici. Si seulement il était vraiment là. Mais honnêtement, j'étais pas du genre à faire du zèle. Chaque chose en son temps. Mes yeux pointent finalement dans la direction de la demoiselle, l'espace d'une seconde, comme pour m'assurer qu'elle n'allait pas encore une fois me faire faux bon. Pas sûr que cela serait si grave, j'avais d'autres préoccupations pour le moment. Mais ce simple instant de conscience ravive la douleur et m'arrache un nouveau grognement.
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Aventure #21 écrite Lun 22 Aoû 2022, 01:02


Mascarade

feat Jade



La silhouette de Jade s'élança vers l'abomination, la plaquant au sol avec une force insoupçonnée. Revna resta interdite devant cette rare démonstration de violence, rappelant peu les manières d'un milicien. Qu'importe, voilà qu'ils menaient maintenant la danse. Alors que le "mutilateur" se tortillait comme un ver sous la poigne du jeune homme, le Corbeau restait silencieux, se torturant les méninges pour se tirer sans heurts de la pénible position qui lui appartenait.
Elle ne pouvait tuer le milicien - même si elle l'aurait souhaité, cela aurait été impossible au vu de sa force - mais devait se débarrasser de tout témoin oculaire de la scène à venir. Inextricable dilemme. Aucune solution envisageable ne la protégerait totalement. Il lui faudrait aborder la moins détestable.
Faisant la sourde oreilles aux propos du milicien, la jeune femme plaqua de nouveau sa dague sur la carotide de l'assassin.

"Dis-nous où est ta reine."
dit-elle d'une voix glaciale. Son regard aigue-marine, enfin délesté des mensonges, reflétait une colère acide. De tout l'être de l'empoisonneuse exhalait une aura menaçante. Elle se pencha à l'oreille de l'ennemi. Sa chevelure d'obsidienne, tombant en une rideau liquide, dissimulait son visage alors qu'elle lui murmura en guise de complément.

"Ou ta mort sera particulièrement douloureuse."

Dans d'autres circonstances, peut-être aurait elle adoré voir l'effroi apparaître sur les traits du supplicié. Mais elle était trop en colère pour cela.  Voyant qu'il ne parlait pas, elle jeta un regard en biais à Jade, qui retenait toujours l'assassin d'une main ferme.

"Je te conseille de fermer les yeux."
fut son seul avertissement avant de planter sa lame dans l'épaule du tueur. Fidèle à sa réputation, il ne poussa aucun cri de douleur, se contentant de l'observer de son œil emplit de folie. Cette résistance à la douleur était fort heureuse, car dans le cas contraire, toute la milice aurait rameuté en quelques minutes.

Elle se pencha de nouveau, lui susurrant à l'oreille :

"Comme tu t'en doutes, il y a un poison vraiment atroce sur ce poignard. Même moi, je trouve que l'agonie qu'il procure est particulièrement horrible. Si tu ne craches pas tout, tout de suite, je te laisse crever."


La jeune femme se fichait comme d'une guigne que Jade puisse sans doute l'entendre. Elle n'était pas à ça près, en terme de catastrophe. Sa couverture était complétement fichue. Elle aurait mieux fait de laisser l'autre mourir à sa place. Son seul espoir tenait à ce que le milicien partage les mêmes intérêts qu'elle.

"Elle est à l'auberge de Sylvebec..." grogna finalement le tueur, faisant référence à une des plus minables structures du Quartier populaire.

Un sourire aimable éclaira le visage de Revna.

"Merci" lui dit-elle gaiement, se redressant lentement.

Comptant sur l'effet de surprise, la jeune femme se remit sur pied et fondit vers le fenêtre encastrée à l'extrémité de la pièce. Une fois qu'elle fut en position de s'échapper aisément, elle coula regard envers le garde.


"Je t'ai offert une chance de promotion incroyable. Choppe-moi cette saloperie, et tu démantèleras une organisation criminelle."


Elle allait partir, puis se ravisa.

"Son couteau était empoisonné. File te faire soigner. Et prends ça de suite."

Elle lui lança un pochon, de la même apparence que celui qu'elle avait laissé tomber à ses pieds quelques heures plus tôt. Ce geste était sûrement annonciateur de problématiques à venir, mais une part d'elle, bien enfouie, considérait qu'il le méritait bien.

Et le Corbeau disparu dans les ténèbres d'où il était apparu.


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Aventure #22 écrite Lun 22 Aoû 2022, 22:06


Mascarade
C'est quoi ce bordel ? Qu'est-ce que ça peut bien lui faire de savoir qui est sa fichue reine ? Je ne savais même pas moi même de quoi il était question alors pourquoi cet intérêt soudain ? Je n'étais pas vraiment en position de pouvoir la questionner maintenant. Je ne pouvais pas dire non plus que je m'en fichais, mais là, j'avais une abomination à contrôler. Même si... A nouveau elle changeait.

D'une pale comédienne, à une femme apeurée à... ça. Mais putain, c'était qui celle là ? Certainement pas qu'une concubine, ou qu'une herboriste. Voilà qu'elle se montrait implacable et menaçante. Mon regard passait tour à tour de son beau visage coléreux à celui de l'immondice effrayé, sans alléger la poigne que je maintenais.

Fermer les yeux ? Elle croyait que j'étais un bébé ou quoi ? J'avais vu pire, alors non, je ne me détourne pas quand elle plante soudainement sa lame dans l'épaule de mon captif. Je fronçais cependant amèrement les sourcils, interdit, ne comprenant réellement pas grand chose à ce qui se déroulait sous mes yeux. Pourtant je demeurais simple spectateur, sans savoir pourquoi, restant là à écouter ses menaces se multiplier.

Puis tout s’enchaîne encore plus vite. Il se livre, elle le remercie et projette de partir. L'immondice se met à gigoter de plus belle alors je n'ai pas vraiment d'autre choix que de forcer mon étreinte, plutôt que de la suivre elle. Mais mon regard pointe dans sa direction, muet, l'air interrogatif et cinglant. Une promotion ? Mais j'en ai rien à cirer de ta promotion ! J'aurais aimé l'engueuler sévèrement, mais la situation m'échappait complètement. Elle me lance un pochon après ses explications, que je ne peux attraper, trop occupé à maintenir l'autre. J'y jette un coup d’œil et la seconde qui suit, elle avait disparu.

Le petit monstre s'agite de plus belle et essaye d'attraper le dit pochon en se tortillant. D'instinct, je lui colle un pain du plat du poing derrière la tête, proche de son oreille. Un point particulier très efficace pour faire perdre connaissance à quelqu'un. Au tapis, je pouvais relâcher la pression et c'est à ce moment que la douleur de mon épaule se réveille. Je grogne et soupir, demeurant là, pantois. Dans quelle merde j'étais fourré exactement ? Et comment j'allais expliquer ça ?

Si elle disait vrai, il allait mourir bientôt et il fallait que je trouve une raison à ça. Pour ma part, je devrais peut-être songer à suivre son conseil. Sans quitter ma place, au cas où il se réveillerait, j'attrape le pochon en grimaçant. Est-ce que j'avais vraiment le choix ? Dans tous les cas, si j'avais vraiment été empoisonné, je ne donnais pas cher de ma peau. Si il s'agissait là d'un autre moyen de simplement précipiter les choses... La conclusion serait la même alors, autant tenter le coup.

J'avale d'une traite ce qui s'y trouve et range le pochon bien discrètement sous mon armure. Pour l'instant. Bon, et maintenant ? J'étais là, poignardé avec un enfoiré sonné, blessé aussi. Mais la seule lame encore présente était fichée dans mon épaule. La seule solution me paraissait évidente. J'inspire alors profondément, attrape la garde, serre les dents et l'arrache de mon muscle dans un grognement de douleur, laissant tomber et teinter le métal sur le sol. J'expire longuement et reste quelques instants là, sans trop bouger, mettant en ordre ce que j'allais bien pouvoir servir aux autres. Car si je ne jouais pas bien les choses, on pouvait m'en mettre pas mal sur le dos. Avoir tué un suspect, en avoir laissé filer une autre... Vraiment, j'étais dans une sacrée merde. Mais il était temps d'en finir.

Je me relève en grognant quelque peu, bouge un peu l'immondice du pied, histoire qu'il ne passe pas trop pour la victime de ma colère et me dirige vers la porte sur laquelle je me retiens avant de l'ouvrir.

❝ J'ai besoin d'aide ici ! ❞

Criais-je à gorge déployée. J'espère que ça suffirait et que je n'aurais pas à quitter la pièce. Je n'avais pas très envie de le laisser seul ici. Si il se réveille, il en profiterait certainement pour se barrer comme elle. J'entends au loin les cliquetis des armures qui se rapprochent. Bien. Ou pas. Je crois bien qu'elle avait raison et que le poignard était empoisonné. Mon corps pivote et s'adosse à côté de la porte, du bon côté pour rester près du suspect. Je me laisse alors glisser jusqu'au sol en attendant que les autres ramènent leur cul.

❝ Plus vite putain ! ❞

Je grogne et grimace. Espérons que ce qu'elle m'avait laissé allait vraiment me sauver la mise parce que si il fallait que je compte sur eux, j'étais dans une sale posture. Je défais mon épaulière, la laisse tomber lourdement et plaque ma main sur la blessure pour ralentir le saignement. Je ne risquais pas de mourir de ça, mais ça faisait un mal de calis. Le petit chef passe la tête a travers la porte et s'exclame.

❝ C'est quoi ce bordel ?! ❞


Il s'élance vers l'immondice et grimace à sa vue. Super, même pas tu t'inquiéterais de mon état d'abord ? Salopard va. Je le fixe avec dépit et explique la situation que j'avais construite dans ma tête.

❝ C'est notre coupable, en me voyant arriver il m'a attaqué. J'ai du me défendre et le neutraliser. Le poignard est à lui et il m'a dit qu'il était empoisonné. ❞
❝ C'est toi qui la planté ? ❞
❝ Évidemment imbécile ! Il m'a pas vraiment laissé le choix ! ❞

Ce qu'il pouvait être con celui-là. J'avais pas assez d'être blessé et empoisonné, il fallait en plus que je me colle sa débilité. Il s'assure que le gars est toujours inconscient et retourne vers la porte pour demander plus d'aide. Il pivote ensuite vers moi pour continuer son interrogation.

❝ Et l'herboriste ? ❞
❝ Ça fait longtemps qu'elle est parti. Elle a pris peur et a dû s'enfuir par une porte de derrière, j'en sais rien, c'est pas vraiment important là ! ❞

Je grimace et grogne. Je n'avais pas vraiment de raison de la couvrir, mais je ne pouvais pas l'inclure dans ce demi-mensonge au risque de me faire violemment taper sur les doigts. Pour ça, ou pour une autre raison, j'en savais trop rien. D'autres gars arrivent et m'aident à me relever. Le petit chef s'occupe de surveiller le coupable désigné. Vu la force que j'avais déployé pour le mettre KO, je doutais qu'il se réveille avant de succomber. Même si je ne savais pas de quel poison il s'agissait. Et puis, si il se réveille et commence à baver, je pourrais toujours faire passer ça pour de la folie. Un seul type me soutien jusqu'à m'éloigner, traversant l’entrebâillement, je stoppe notre avancée du plat de ma main sur le cadre de la porte. Pivotant légèrement vers le petit chef, je lui annonce l'autre information.

❝ Je crois pas qu'il ai agit seul. Il m'a parlé de sa « reine » qui se trouverait à l'auberge Sylvebec. Si tu veux mon avis, tu ferais bien de faire une descente là bas. ❞

Il sautera sur l'occasion de se faire mousser celui-là. Les cartes n'étaient plus entre mes mains, d'autant plus que je n'en voulais pas. J'estimais en avoir bien assez fait pour ce soir. Pour l'heure, il fallait plutôt qu'on s'occupe de cette blessure. En compagnie de mon congénère, je traverse le couloir en sens inverse, puis la grande salle sous les regards estomaqués des nobliaux. La dinde jaune s'exclame en me voyant dans cet état, mais se tient fort heureusement à distance. On m'emmène finalement à l'institut pour me faire soigner. J'y resterais quelque temps pendant lesquels on louera ma résistance au poison, même si on m'avait administrer un antidote un peu plus officiel là bas. Quelques jours de repos imposés ne me feront pas de mal et pendant ce temps, j'aurais tout le loisir de me questionner sur qui était vraiment cette Ostara Sombrevent.
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