Sorti de l’armurerie avec des étoiles plein les yeux et une fièvre acheteuse impossible à satisfaire, l’ancien soldat déambulait dans le quartier commerçant, le regard perdu tantôt sur les pavés clairs de la ville, tantôt dans le ciel lumineux. Le soleil, en pleine ascension, ne tarderait à atteindre son point culminant. Valion s’arrêta un instant pour le contempler. Ses paupières s’abaissèrent au bout de quelques secondes pour le protéger de la puissance d’Ignis. Les rayons chaleureux de la divinité glissèrent sur sa peau avec la douceur caractéristique d’un jeune printemps. Son ventre émit une soudaine contestation. La faim avait décidé de sortir de sa cage. Et en vue du long chemin qui l’attendait, il se devait d’avaler un repas solide.

Repérée la veille du Festival de Terra, la demande d’escorte affichée sur le tableau dédié, près de la taverne, trottait dans son esprit. Valion avait longuement réfléchi, et entre la procession jusqu’au temple de Terra et sa rencontre matinale du jour, il était décidé. Un tas de gens avait besoin d’aide à Rorn, avec ce qu’il s’était passé. Il y serait certainement utile, en attendant de pouvoir chasser. Sans compter le fait qu’une rentrée d’argent serait des plus appréciables, et qu’il ne pouvait rester en ville à tourner en rond.

Sa côte de Bibi dévorée, il déposa un baiser sur le front de sa mère, récupéra ses affaires chez son oncle, encore sur les routes, puis se dirigea vers les portes de Lüh. Son avance lui permettrait de saluer ses –jusqu’à très récemment- collègues, du moins ceux qu’ils connaissaient plus que de vue. À de nombreuses reprises il avait lui-même monté la garde sur ce poste, dans ses premières années de service. Avant, bien sûr, qu’il ne devienne brigadier-chef et pose davantage ses fesses sur une chaise et ses yeux sur la paperasse.

Chassant ces pensées ennuyeuses, il leva le menton vers sa destination. Il ralentit l’allure à l’approche de l’immense entrée et balaya les environs du regard. Reconnaissant en effet quelques têtes, il se dirigea vers ses anciens camarades. Les discussions animées qui s’ensuivirent ne l’empêchait pas de guetter l'arrivée d’une charrette et de son barde de propriétaire.