◈ Imprévisible célestial... ◈
En plein cœur du festival

06/08/2018

◈ Imprévisible célestial... ◈
En plein cœur du festival

Rymaïn & Qilin

Aer 59 ∴ Lüh, ruelle du quartier populaire

Délestée de la tenue qu'elle portait au stupide tournoi d'archerie, la nordienne délie à présent le lien qui maintient sa chevelure. Une cascade enflammée, limite outrageuse en ces festivités d'Aer, lui tombe allégrement sur les épaules. Atteignant avec aisance le bas de son dos.

Le silence qui imprègne la petite chambre où elle réside chez la baronne, lui octroie une douce sérénité. Ardemment désirée, depuis qu'elle a quitté inopinément l'Arène et la foule bruyante des rues de Lüh. Malheureusement, ce répit sera de courte durée. La dame de Blanchecime vient de quitter les lieux pour Selmar, suite à un imprévu. Rymaïn roule un petit parchemin dans un souffle contrarié et le jette sur son bureau. Pourquoi devrait-elle s'occuper de cette... Course? Soit, la sortie va être brève et rapide, après tout.

Pour l'occasion, des vêtements sensiblement distincts de ce qu'elle a l'habitude de porter, siègent sur son matelas. Un regard oblique les observe emplit de dédain. Dame Sylvène ne tolérera pas sa présence sans ce minimum. La guerrière se résigne à revêtir le pantalon de coton fuselé, qui vient épouser ses formes avec douceur. La qualité demeure agréable, bien que la teinte bordeaux lui soit inhabituelle. La chemise noire, en lin plus épais pour confronter les affres saisonniers, et boutonnée d'ocre, se pare de fines et subtiles dorures sur le col relevé. Elle laisse apparents ses avant-bras, à la musculature ciselée et discrète. Le vêtement arrive à la naissance de ses cuisses. Des bottines légères, basses, faite d'un cuir mordoré comble l'ensemble de la tenue. Horizontale à sa ceinture, une petite dague trouve place dans son dos, dissimulée.

Ses traits se crispent dans une moue indéfinie, sur la glace qui reflète une silhouette inconnue. Puis, l'écho miroitant de ses épaules se soulève avec fatalisme. Un petit bracelet de cuir, incrusté d'un élégant ouvrage en corne de cuirassé empereur oscille entre ses mains. Elle n'a définitivement pas l'habitude de porter de telles choses. Pourtant, le lien noir qui maintient la délicate perle de corne lustrée, vient parer son poignet gauche. Sans un regard pour la capeline blanc-cassée, négligeable pour une nordienne au sang chaud, et coutumière de climats plus rudes, elle dévale les escaliers de la demeure.

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Ses doigts fins actionnent la poignée d'une porte banale, qui donne dans une ruelle assez étroite. Elle quitte la cave avec une certaine appréhension. L'habitation, qui s'avère sa destination, n'est guère loin, mais il faut emprunter une ou deux rues probablement chargées de badauds détestables. Elle grogne silencieusement, le fief tourné vers l'extrémité sud de la chaussée étrécie. Les jardins publics, au loin, l'attirent malgré le détour qu'ils représentent. Dans un bref mouvement, elle accuse néanmoins l'extrémité nord, qui donne sur la rue principale. La voix de Sol résonne... Etrange. Un battement d'ailes lui parvient, et l'enfant céleste prend son envol pour repartir. Qu'est-ce qu'elle fiche? Ne doit-elle guère animer stupidement un baptême de l'air pour les festivités?

Inconsciemment, sa curiosité la porte vers la rue. Soudain, un éclat blanc accapare son champ de vision. Son estomac se contracte. Ici? Pourquoi? Oh merde! Les questionnements disparaissent aussi vite que les deux derniers mètres sont parcourus avec une vélocité particulière. Son bras vient happer celui de la jeune femme. L'attire à elle. Instinctivement, elle sait la soldate prompte à une réaction défensive. Mais cette dernière s'abîme dans le néant lorsque l'ébène saisit l'olive encadré de flammes.

L'étroit passage offre un calme et une discrétion partiels. Suffisants. D'ailleurs, a-t-elle seulement envie de réfléchir aux détails? Bien sûr que non! Sa poigne ferme enlace les fins poignets, à cheval sur des brassards légers. Et d'un geste un peu brusque, la garde dorée se retrouve dos contre le mur, la rouquine surplombant de quelques centimètres son visage surpris. Un sourire ourle le coin de ses lèvres, quand le blâme se déverse, teinté d'une froideur beaucoup plus aérienne qu'en temps normal. Un amusement dissimulé dans ce timbre de voix particulier.

« Vous m'avez fait rater mon tir, capitaine Lù. » Son corps se presse contre l'armure drapée d'un blanc coloré par les festivités. Le cuir revêtu pour l'occasion lui offre une proximité plus prégnante que ne le ferait une solide plaque.

La sensualité se glisse au creux d'un ton plus bas. « Un crime bien audacieux. » Son souffle chaud caresse la joue droite de l'épéiste, elle ne lui laisse guère un instant de réponse. Sa voix suave est enrobée d'assurance. Un désir étreint chaque parcelle de son corps. « De quelle façon vais-je devoir vous punir? » L'intonation n'accorde aucune attente réelle. Et ses crocs se fichent dans le cou si délicieusement offert. Avec une modération toute relative, qui inscrit sa marque sur la peau légèrement hâlée.

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KoalaVolant
Img : Johanna Rupprecht

▼ Succès ▼▲ Succès ▲

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