Nouveau jour, nouvelle chasse. La neige recouvre les landes luxuriantes qui s’étendent à perte de vue. C’est qu’elles portent bien mal leur nom ces landes. Alors oui, certes, on pourrait me répondre que c’est plus une référence à la partie Sud de cette vaste étendue, mais que diable, on aurait pu diviser la vaste étendue en deux. Appeler le Sud “landes luxuriantes” et le Nord… Lande où il fait froid. Bon d’accord, le nommage c’est pas mon fort. Mais on aurait pu trouver un autre nom, voilà tout.
Alors que je m’enfonce lentement dans la lande la neige s’écrase doucement sous mes bottes fourrées, en face de moi une plaine gelée, puis la forêt, gelée, puis des montagnes, gelées elles aussi, qui bouchent la ligne d’horizon. Il est midi, l’astre de feu tape fort dans le ciel et se reflète sur le lac de blanc qui recouvre cette petite clairière, mais pas le temps de camper pour se faire une petite bouffe, la nature est hostile. Il me faut aller faire du repérage pour voir où poser ce magnifique filet. En voilà un bel objet que ce filet. C’est du solide. Un bon gros maillage de corde. On m’a engagé pour trouver du gibier, si possible de taille moyenne, de quoi bouffer quoi. Une forme d’herbivore ou une autre. Je me doute bien qu’à cette saison aussi loin au nord on trouvera pas de variquans, de toute façon c’est pas très goutu et un peu trop gros le variquan.
J’arrive enfin à la lisière de la forêt. C’est pas trop tôt. Je me met à chercher des traces, des branches cassées ou de la neige retournée. J’ai dans mon sac une bien belle pomme fort juteuse qui devrait surement attirer un herbivore, ou un quelconque omnivore.
Là contre un pin, des poils profondément noirs. A hauteur de front par contre. C’est bien plus gros que ce que je cherche, je ne suis clairement pas équipé pour. Une vague odeur de cendre émane de cette étrange forêt, bizarre, en hiver elle n’aura surement pas pris feu pourtant. Je continue ma route longeant la lisière en quête d’indices sur la présence de gibier. Enfin au sol, sous un vieux pin, un trou dans la neige laissant paraitre le sol en dessous. Un herbivore a fouillé ici. Quelques branches cassées. Je m’accroupis et regarde devant moi dans la forêt. Il y a clairement une forme de chemin constitué par quelques brindilles brisées. J’avance doucement, les genous bien fléchis. Malgré mon relatif silence la neige me trahit, elle fait ce bruit si reconnaissable sous les chausses des hommes. Enfin enfoncé dans la forêt je m’agenouille et étale mon filet. La construction du piège peut commencer. J’enfonce deux batons coudés trouvés plus tôt sous les pins. Je ficelle sous les coudées un baton un peu moins lourd. L’assemblage du piège devrait me prendre une petite dizaine de minutes, après ça je découperai et poserai ma pomme et irai poser un autre piège, il me faut maximiser mes chances.
Même dans cette forêt le vent glacé souffle encore, je suis vraiment impatient de pouvoir remettre mes mouffles.
| 
