Shaïtân a beau avoir le physique d'une gamine et sembler parfaitement inoffensive, vous vous rendrez vite compte que son caractère ne va pas vraiment avec son air tout mignon. Certes, il est vrai que l'on se rend vite compte qu'elle possède une soif de connaissance et une naïveté toute enfantine mais ce n'est malheureusement pas forcément ce qui ressort au premier abord. D'ailleurs, en parlant de naïveté, elle ne possède pas la notion de bien et de mal, un peu comme un enfant vierge de toute notion sociale (ce qu'elle est en une certaine mesure). Ainsi, elle fait ce qu'elle pense bon pour elle et c'est tout, indépendamment de toute pensée de groupe. A cause de ça, elle ne semble pas connaître la gêne, notamment celle éprouvée face à la nudité qui pour elle, est quelque chose de tout à fait normal en faite. A tel point que ça peut causer des situations pour le moins cocasses!
Notons aussi qu'elle est d'une gourmandise extrême et a un faible monstrueux pour les sucreries. Par ailleurs, c'est une lectrice acharnée qui est une grosse passionnée de lecture. Notons également qu'elle apprécié beaucoup la compagnie des bêtes mais qu'elle déteste en revanche celle des enfants. Elle les trouve ennuyeux, casse-pied, chiants. Paradoxalement, tout comme un enfant d'ailleurs, elle a tendance à démarrer au quart de tour pour tout et n'importe quoi, alors autant dire que parfois, ça donne des situations assez étranges, voir même dangereuses.
Calculatrice, calme et vive, Shaïtân n'est pas le genre de personne à se laisser mener par le bout du nez. Elle est naïve, certes, mais ne pensez pas que pour ça vous pouvez vous jouer d'elle. Car si elle découvre qu'on lui a menti ou pire, qu'on l'utilise, elle entrera dans une rage noire. Et méfiez-vous, c'est une fouineuse... Précisons d'ailleurs qu'elle hait profondément les hommes, avec et sans un grand H. Elle les considère comme des êtres vils et immondes, pire que des animaux, des personnes ne savant rien faire d'autre que d'utiliser ce qui les entoure pour leurs fins.
Bref, à cause de son passé et des maltraitances corporelles qu'elle a subit, elle est devenu franchement misanthrope et ce, de façon pouvant être très virulante.
Malgré ça, elle s'émerveille pourtant de leurs créations en tous genres et oublie parfois sa rancœur, la troquant contre sa curiosité naturelle. Car si il y a bien un trait de caractère qui qualifie parfaitement cette petite tête blonde, c'est bien la curiosité. D'ailleurs, il faudrait qu'elle pense à se calmer par rapport à ça, ça risquerait de lui amener des ennuis sinon, tant elle fourre son nez partout quand elle trouve ça intéressant. Et en plus, comme elle est très têtue, à tel point qu'elle pourrait fait pâlir une mule, elle ne lâche souvent pas le morceau avant de tout savoir sur tout, peu importe ce que ça lui coûte.
Intelligente et réfléchie, Shaïtân a la capacité de trouver une idée au bon moment, au bon endroit. Elle possède cependant un tempérament fort et une force de caractère qui lui a souvent jouée des tours. Rebelle, têtue, extrêmement rancunière et très méfiante, voir même sauvage, elle déteste se plier à des lois ou des ordres sans qu'on lui explique le pourquoi du comment. Elle fait partie de ces gens qui cassent mais ne ploient pas. Elle peut cependant être très attachante, joyeuse et affective, voir même protectrice, quand elle se lie d'affection avec quelqu'un. Bien loin donc de son côté haineux et vengeur.
Notons d'ailleurs que c'est une amoureuse de la liberté qui déteste dépendre des autres et être enfermée. Claustrophobe, elle peut piquer des crises d'angoisse et de panique incontrôlables si elle se retrouve dans une pièce trop petite. Dans ces moments là, gardez-vous d'être à côté d'elle, à moins que vous ne soyez sûr de pouvoir la calmer. Quand elle se sent en danger ou qu'elle a peur, Shaïtân sait faire preuve d'une violence brutale et sanguinaire qui n'a rien à envier à celle du pire des assassins...
Pour continuer dans le côté sombre de la demoiselle, il faut bien savoir que sous ses airs juvéniles innocents, c'est un être carburant à la rancune et à la vengeance.
Obsédée par l'idée de se venger, elle ne reculera devant rien ni personne pour le faire. Elle compte bien faire payer à ses bourreaux et elle le fera de la façon la plus violente et malsaine qui soit. D'ailleurs, elle ne pense tellement qu'à ça, que c'est son seul et unique but
Alors oui, on a du mal à imaginer qu'elle puisse être aussi haineuse mais ne vous fiez surtout pas à son joli minois d'innocente. Elle n'est cependant pas belliqueuse pour autant mais têtue comme elle est, si vous essayez de lui faire entendre raison là-dessus, il y a de fortes chances pour qu'elle vous envoie dans les roses et pas de la façon la plus douce ni civilisée qui soit.
Bref, elle ne démordra pas de son but jusqu'à ce qu'il soit assouvie, peut importe où ça la mènera.
Et ce qu'elle pense des invocations dans tout ça? Et des Dieux?
Pour les Dieux, c'est simple : c'est une partisane de l'indifférentisme. Persuadé que les Dieux n'ont que faire des humains et qu'ils ne sont là qu'en tant que spectateurs pervers de leurs misérables vies, elle respecte cependant les personnes n'ayant pas les même croyances qu'elle et n'ira pas chercher à les influencer. Elle laisse tranquille les autres et les autres la laissent tranquille, c'est sa simple politique pour ce qui concerne la religion.
Quand aux invocations, contrairement aux humains qu'elle déteste, elle les apprécie et ne voit pas en eux des serviteurs mais plus des êtres supérieurs sages qui sont là pour aider. D'ailleurs, de façon plus large, elle se sent bien plus proche des invocations que des humains.
Comment ça? Pourquoi serait-elle plus proche des invocations que de sa propre race?
Ça, c'est tout une histoire...
Une brindille...
Oui, c'est incontestablement le mot qui décrit le mieux le physique de Shaïtân. Toute menue, elle possède un corps fin et fragile ressemblant plus à celui d'une fillette qu'à une fille de 16 ans. Culminant à 1m42 de haut pour 36kg, elle est l'archétype physique de l'enfant adorable trop mignonne.
Son visage qui oscille encore entre rondeur enfantine et ovale adulte, semble encore indécis. Il possède bien des traces de son âge véritable mais reste malgré tout relativement poupin, comme si son corps lui-même ne savait pas trop où il en était en terme d'âge. En vérité, son apparence ne rappelant que trop celui d'un enfant est dû à certain traitements qu'elle a eut de part le passé. Durant 4 ans, elle a été sous de puissants calmants très divers et variés, et leur mélange ne fit pas bon ménage. Le tout eut pour effet secondaire de ralentir drastiquement sa croissance, lui faisant ainsi conserver sa petite taille et son corps frêle d'enfant.
Passons d'ailleurs à la description de ce dit-corps.
Ayant la peau blanche comme un cachet d'aspirine, elle n'a pour autant pas le teint maladif. D'ailleurs, sa peau se teinte volontiers d'un joli voile caramel quand elle se met au soleil.
Au centre de toute cette couleur presque monochromatique, deux grandes billes vertes vous fixent sans sourciller. C'est d'ailleurs ce qui étonne toujours chez la jeune fille : ses yeux. Deux grands yeux aux iris colorées d'un vert éclatant et changeant, à tel point qu'en fonction de la lumière, il peut virer dans les gammes de cette teinte, voir même, virer au brun.
Allant de paire avec ses yeux, passons à ses cheveux. Cette longue tignasse bouclée dont elle est très fière lui arrive facilement jusqu'aux genoux. D'un joli blond éclatant, elle en prend étonnamment soin mais les laisse toujours lâchés, détestant les attacher. A la rigueur, il peut lui arriver, en de très rare occasion, de les lier en une queue de cheval souple mais ça reste très rare.
Niveau vêtements, elle n'est pas bien couverte et ne possède pas le luxe d'avoir plusieurs habits. Ainsi, elle ne possède qu'une simple robe fine de lin blanc, par dessus laquelle se trouve une longue cape de voyage lourde et rugueuse de couleur brune. Et pour les pieds, c'est encore plus simple : elle ne possède pas de chaussures, pas même des chaussettes, rien. Il faudrait bien qu'elle y remédie d'ailleurs un jour, car avec les grands froids, ce n'est pas ce qu'il y a de plus pratique...
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Famille: Voici un petit récapitulatif de la famille et des proches de Shaïtân, juste pour être sûr de ne perdre personne lors de la lecture de l'histoire.
Et en prime, de petites informations en plus sur ladite famille.
Les Iblis sont une très ancienne famille noble de Lüh, composée de très puissants invocateurs, se disant directement descendant du second Maître de la Terre. De ce fait, tout les membres de cette famille, même les serviteurs, sont des invocateurs. Respectée et crainte, cette famille a connu son âge d'or il y a de cela des années mais est maintenant en plein déclin. En effet, le chef de famille actuel, Rémilius Iblis a subit un très importante blessure, après un violent combat ; il s'est retrouvé aux portes de la mort, mais a réussit à survivre miraculeusement. Cependant, à cause de ça, il s'est retrouvé paralysé de tout le côté gauche de son corps et surtout, il ne peut plus enfanter. Il a bien une sœur, Roana, mais celle-ci est stérile.
Ainsi, les enfants du second Maître se meurent lentement mais c'est sans compter la fille que Rémilius eut avant son accident. Fermement décidé à en faire celle qui redorera le blason familial, le chef a donc décidé d'enfermer son propre enfant pour le préserver de tout contact avec l'extérieur qui pourrait lui nuire. Pour la garder en lieu sur, la famille en est même arrivé à déménager de Lüh à Rorn, jugeant l'environnement moins agressif que celui de la capitale.
Rémilius Iblis - Père de Shaïtân, Chef de famille.
Axiana Iblis - Mère de Shaïtân, décédée en couches.
Roana Iblis - Tante, sœur jumelle de Rémilius.
Belamy Rorch - Médecin de la famille.
Arba - Servante de la famille Iblis, anciennement dévouée à Axiana, maintenant, à Shaïtân.
Josh et Melis - Serviteurs de la famille Iblis, dévoués à Rémilius.
Orgias et Lupin - Serviteurs de la famille Iblis, dévoués à Roana.
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Histoire: " Il y a très longtemps, dans un temps aujourd'hui révolu, quatre hommes furent les premiers à poser le pied dans un Temple. Ils furent les premiers à asservir une invocation. Et l'un d'eux, le second a mettre sous son joug un demi-dieu, marqua notre commencement.
C'est de cet illustre ancêtre que nous descendons directement. Il est donc de notre devoir que de perpétrer sa lignée et de la garder aussi pure que possible.
Car nous sommes les enfants du second Maître et nous nous devons de rester les plus puissants invocateurs qui soient.
Peut importe le prix. "
Combien de fois Shaïtân avait-elle entendu cette rengaine?
Elle ne savait plus, elle avait arrêté de compter.
Après tout, elle connaissait par cœur cette histoire, alors pourquoi continuer à la lui rabâcher?
Étendue sur son lit trop grand pour elle, la petite blonde réfléchissait, le regard perdu sur un point invisible de son plafond. Sous elle, et d'ailleurs un peu partout dans la pièce qui lui servait de chambre, les livres en tous genres se trouvaient là. Ouverts ou fermés, griffonnés ou vierges, vieux ou anciens... Éparpillés partout, ils grimpaient également le long des murs, aidés par des étagères immenses qui les soutenaient dans leur périple qui semblait être de recouvrir toute cette salle, sol comme murs.
Shaïtân, elle, aurait bien aimé que les livres l'engloutissent aussi. Au moins, elle n'aurait plus à contempler sans fin ces murs qu'elle ne pouvait plus supporter. D'ailleurs, depuis combien de temps était-elle là? Depuis quand était-elle étendue sur ce lit? Avait-elle dormi? Ou peut-être que cela n'était qu'un mauvais rêve...
Non, c'était stupide.
Un sourire mauvais vint tordre le joli visage de la blonde alors qu'elle se relevait, s’asseyant sur son matelas.
Oui, c'était stupide.
Après tout, elle savait parfaitement que ce n'était pas un rêve, qu'elle était enfermé ici et qu'elle n'en sortirait sans doute jamais. Tout ça pour quoi? Parce qu'elle était la dernière descendante du second Maître. Tout du moins, c'était ce qu'on lui avait toujours dit et ce que ses livres lui racontaient. Et, en cette qualité, pour la protéger du monde extérieur, elle avait été enfermé.
Ainsi, elle n'avait jamais vu le ciel ni l'herbe, autrement que sur des images colorées de livres.
Elle en avait marre. Elle n'en pouvait plus.
Elle avait l'impression de suffoquer.
Sa vie misérable se résumait à étudier les invocations et tout ce qui leur était liés.
De long, en large, en travers.
Elle connaissait tout, ou tout du moins, tout ce qui était écrit en la matière lui était donné pour qu'elle l’assimile, le comprenne et pour qu'un jour, elle puisse à son tour entrer dans l'Histoire et la marquer de nouveau du nom des Iblis.
En soit, ça ne la dérangeait pas elle, de suivre les commandements de sa famille. Ou plutôt, il fut un temps où ça ne la dérangeait pas. Mais depuis qu'elle vie dans cette chambre, depuis que son seul accès à l'extérieur s'est réduit à un aller-retour jusqu'à la salle de bain pour se laver, son but est tout autre. Plus que tout, elle désire sortir, voir le monde et surtout, voir ces temples dont on lui parle tant... Mais, à côté de tout ça, elle veut qu'ils payent. Qu'ils payent pour les larmes solitaires qu'elle a versé, pour ses ongles brisés sur la porte pour tenter de sortir. Qu'ils payent pour lui avoir volé un peu de son enfance, la projetant sans s'en rendre compte dans un âge adulte violent, rancunier et détestable.
Oui, elle ne supportait plus ceux qui se faisaient appeler sa famille. Et ce n'était pas dû à une crise d'adolescence quelconque. Non, elle les détestait vraiment. Au point même de vouloir leur mort. Car en soit, l'enfermement n'avait pas été la seule chose qu'elle avait dû subir au nom de sa lignée...
Et pourtant, il n'en avait pas toujours été ainsi...
• • • • •
Shaïtân n'avait jamais connu sa mère.
La pauvre femme était morte en couche, mettant au monde cet enfant fragile. Ce fut donc Arba, la servante de sa mère, qui s'occupa de la petite frêle durant ses premiers jours. L'enfant vit d'ailleurs rapidement en elle une mère de substitution, mais aussi une confidente. Petite fille joyeuse et pleine d'entrain, elle n'avait de cesse de vouloir faire plaisir à son père qui, bien que détruit par la mort de sa femme, tentait maladroitement de montrer son affection à sa fille. Très tôt, il lui enseigna les rudiments pour tout bon invocateur. Voyant que son père la complimentait quand elle faisait bien une chose, elle se plongea rapidement dans le sujet, désireuse de voir son paternel fier d'elle.
A cette époque, la petite blonde était encore libre de ses mouvements dans toute la propriété familiale. Cependant, elle n'avait pas le droit d'aller au-delà et pour le coup, elle ne voyait pourquoi elle l'aurait fait. Après tout, elle avait tout ici, alors pourquoi aller ailleurs, dans un monde qu'elle ne connaissait pas et qu'on s'empressait de lui dépeindre comme dur et intransigeant ? Tant qu'elle pouvait rendre fier son géniteur, c'était tout ce qui lui importait.
Tout du moins, jusqu'à l'accident qui plongea son père dans un profond coma.
Durant un mois, l'enfant fut interdite de voir son père car il était soigné dans un institut spécialisé en dehors du domaine familial. Morte d'inquiétude, elle fut cependant obligé de continué à vivre et son éducation fut confiée, en plus d'Arba, à Josh et Mélis, deux autres serviteurs de la maison Iblis qui servaient habituellement Rémilius. Si Arba lui apprenait tout ce qu'il fallait pour bien entretenir une maison ainsi que les bases de la bienséance, Josh faisait office de professeur. Mathématiques, littérature, études en tous genres, c'était lui qui gérait tout ça. Et enfin venait Mélis, la puissante. Peu bavarde, elle était en revanche l'une des meilleures combattantes de la capitale et enseignait donc tout naturellement le combat, aussi bien à mains nues qu'armé, à la petite fille. Cependant, elle s'arrachait les cheveux sous la constitution frêle de son élève mais face à la détermination de la petite, elle avait de quoi espérer tout de même.
Mais penser que l'enfant allait rester sagement dans le domaine familial était une erreur.
Ainsi, à 12 ans, elle désobéit pour la première fois.
Une nuit, elle réussit à se faufiler en dehors de la maison familiale et ce qu'elle découvrit l'émerveillant plus que ça ne la terrifia.
Les lumières de Lüh donnaient à la nuit un rayonnement sublime et envoûtant. Se perdant dans les rues, admirant les passants en tout genre, découvrant le monde pour la première fois, elle se re-concentra cependant vite son sur but premier : retrouver l'institut où était son père.
Cherchant de l'aide auprès des passants, elle réussit à trouver une femme qui disait pouvoir l'aider. Naïvement, l'enfant la suivit mais, en voyant qu'elle l'emmenait vers les profondeurs sombres de la ville, Shaïtân fut prise de doute. Tentant de fausser compagnie à la femme, elle se fit attraper par deux hommes et assommée sans autre forme de procès.
Lorsqu'elle se fit réveiller, ce fut par Mélis, accompagnée de Roana et Orgias, le messager de sa tante. Elle n'eut pas le temps d'aligner deux mots qu'elle se fit incendié par Roana. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'Orgias l'avait surveillée et avait rapporté ses moindre faits et gestes à la sœur de son père, laquelle s'était empressée de venir à la rescousse de sa nièce.
Une fois l’engueulade passée, Roana ramena Shaïtân chez elle et, pour la rassurer, lui assura que son père s'était réveillé de son coma. Il avait cependant encore besoin de soins et ne reviendrait sans doute pas avant quelques jours. En attendant le retour de Rémilius, Roana lui fit promettre de rester sagement à l'intérieur du domaine familial pour que son père soit fière d'elle. Trop heureuse de savoir que son père allait revenir, et encore sous la peur de ce qui lui était arrivée, elle promit qu'elle ne tenterait plus de partir.
Docilement donc, elle retourna à ses études jusqu'au retour de son père.
Cependant, ce qu'elle n'avait pas prévue, c'était le changement que l'accident avait provoqué en lui.
Anéantie par le fait qu'il ne pourrait plus avoir de descendants, terrassé par sa paralysie, Rémilius ne devint plus que l'ombre de lui-même. Assaillit par des cauchemars de son accident, il devint peu à peu paranoïaque. Et, en plus, avec Roana et Mélis qui lui racontèrent que son unique héritière avait manqué de se faire kidnapper, il déjanta totalement.
Ainsi, il prit la décision d'enfermer Shaïtân dans sa chambre jusqu'à sa majorité. Il imposa à tous cette règle et la petite se retrouva donc cloîtrée entre 4 murs. Mais, une fois que l'on a quitté jardin d'Eden, on ne peut plus y retourner.
Ne comprenant pas ce qu'elle avait fait pour se retrouver là, incapable de changer quoique ce fut et, pire encore, incapable de parler à d'autres personnes que ses trois enseignants, la blonde perdit vite sa joie insouciante. Se blâmant tout d’abord, elle en vint vite à blâmer celui qu'elle avait aimé et admiré : son père.
Et elle commença donc à tenter de sortir, allant jusqu'à tenter de défoncer la porte de sa chambre et frapper violemment ceux qui venait la voir pour essayer de les mettre KO, espérant ainsi pouvoir s'échapper.
En vain.
Tout ce qu'elle gagna, ce fut des représailles sévères et des visites fréquentes de Belamy Rorch, le médecin de la famille et homme qui avait aidé sa mère à la mettre au monde.
Pourquoi voyait-elle un médecin ?
Tout simplement parce que Rémilius, sombrant de plus en plus dans une certaine folie, détestait que son enfant remette en question son autorité en tentant de s'échapper. Il avait donc fait appelle au docteur Rorch pour lui prescrire des calmants... Mais c'était sans compter les perversions infantiles auxquelles était en proie le médecin. Ainsi, alors qu'il venait toutes les semaines pour lui administrer ses médicaments, il les utilisait également pour pouvoir assouvir ses vices sur la pauvre enfant qui ne pouvait rien faire. Et elle ne pouvait rien dire non plus. Personne ne l'aurait cru. Car après tout, Rorch était un noble et médecin respecté...
Alors, elle n'en parla à personne.
Et, durant 4 ans, elle endura cette prison qu'elle avait un jour appelé sa chambre.
Elle eut cependant une lueur d'espoir quand on lui dit qu'ils allaient déménager pour Rorn. C'était sa chance de s'enfuir, de partir... Mais c'était sans compter les médicaments... Peut de temps avant le dépars, Rorch lui donna une dose de cheval de calmants, ce qui eut pour effet de la mettre dans un état second durant une longue semaine. Ainsi, elle ne se souvient que par intermittence de cette semaine de déménagement, jusqu'à ce qu'elle reprenne pleinement conscience d'elle dans une chambre un peu différence de l'ancienne.
Et son calvaire reprit.
Puis, un jour, alors qu'elle n'espérait plus et qu'elle nourrissait simplement une haine féroce envers tous ceux qui composaient sa famille, une chance se présenta à elle.
Arba vint la voir en pleine nuit et lui avoua qu'elle la croyait et qu'elle n'en pouvait plus de la voir ainsi. Elle l'aida à quitter sa chambre en vitesse et lui intima l'ordre de se rendre aux écuries des Variquans dans lesquelles l'attendait une de ces montures scellées et avec de maigres vivres.
Mais c'était sans compter Rémilius qui avait eut vent de l'entreprise d'Arba...
• • • • •
Shaïtân n'y croyait pas.
Pieds nus, elle courrait à en perdre haleine dans les couloirs de la maison familiale.
Elle ne connaissait d'ailleurs pas ces couloirs là ; c'était ceux de leur nouvelle maison à Rorn et elle n'y avait jamais posé un orteil.
Et là, pour la première fois, le frisson de l'excitation la touchait de nouveau. Comme ça avait été le cas des années de cela, alors qu'elle avait vu pour la première fois les lumière de Lüh.
Ses doigts se resserrent contre ceux d'Arba et ses yeux d'or se posèrent sur les longs cheveux sombres de la femme qui flottaient au rythme de leur course effrénée.
Elle eut envie de pleurer.
Elle était la seule et unique personne à être enfin venue la chercher, la seule à l'avoir crue, l'unique à l'aider à s'enfuir. Et pourtant, elle devait savoir qu'elle serait sévèrement punie pour avoir désobéit à son père mais non, elle le faisait quand même...
Reniflant un peu bruyamment, comme pour ravaler ses larmes en même temps que son envie de se moucher, le duo arriva finalement rapidement aux écuries.
Arba lâcha la main de la jeune fille, lui faisant signe d'attendre, se précipitant derrière un box à Variquan.
Tout ses membres tendus et les sens en alerte, Shaïtân attendait.
Mais, à la seconde où elle perdit des yeux Arba, elle entendit un cri, un début de phrase inaudible, son prénom puis... Plus rien.
Elle se rua vers l'endroit où avait disparu sa fidèle servante et nounou mais elle s’arrêta nette.
Dans l'ombre se tenait Rémilius à côté du Variquan qui lui était destiné. Dans sa main, il tenait un long sceptre d'or en forme de croissant de lune en son bout, ressemblant beaucoup à une lance. Et le bout de la lance était profondément encré dans le ventre d'Arba.
Shaïtân vit la scène au ralentie.
Le corps de la femme brune bascula en arrière, tombant non loin de la jeune fille, éclaboussant le bas de sa robe de sang.
Bouché bée, paralysée par ce qu'elle voyait, la bonde leva les yeux vers son père. Il la fixait, l’œil fou, le visage marqué par la folie et l'alcool qui l'avait défiguré. Et dans l'ombre, un crissement inquiétant et une forme menaçante marquait la présence de l'invocation de son géniteur...
Ce n'était pas possible, elle cauchemardait...
Mais elle n'eut pas le temps de penser à quoi que ce fut.
Tout se passa très vite par la suite.
Rémilius plongea en avant, fondant sur son enfant en un râle furieux, aidé à grands renforts de petites bourrasques de vents pour le maintenir droit. Par réflexe, la blonde fit un bond sur le côté, sautant par dessus le corps convulsant d'Arba. Elle se saisit du spectre et planta son bout de lance dans le pied valide de son père. Il hurla de douleur, se recroquevillant momentanément sur son pied.
La blonde en profitant pour sauter sur le dos du Variquan, le faisant partir à bride abattues, maintenant le sceptre de sa main libre serrant les dents à se les briser.
Non, ce n'était pas possible.
Tout ça devait être un mauvais rêve.
Les larmes se mirent à couler sur ses joues alors qu'elle passait les portes de la maison. Alors qu'elle laissa sa monture galoper encore de longues minutes à travers la ville, pour finalement la quitter, elle se rendit finalement à l'évidence.
Ce n'était pas un rêve...
• • • • •
Le lendemain, dans les rues de Rorn, si l'on prêtait attention aux affiches de recherches, on pouvait tomber sur l'affiche d'une frêle enfant aux longs cheveux d'or dont la récompense s'élevait à 2500 tsuris.
Motif de la recherche et de la récompense?
Meurtre, violences et vols.