● Identité
Nom : Ratjhar n'a pas de nom et n'en convoite aucun, laissant ce privilège à ceux qui disposent d'une famille.
Prénom : Ratjhar
Sexe : Féminin, si tant est que la chose ait la moindre importance.
Élément associé : Air
● Caractère
Au commencement, Ratjhar était flamboiement. Une âme noble, ne s'éveillant que pour l'émerveillement, un esprit vif et habile, prompt aux louanges et à la rêverie. Elle n'éprouvait qu'une fascination inlassable pour ce qui l'entourait et ne vivait que pour la répandre de par le monde. Elle vivait ainsi en symbiose avec la nature et avec ses pairs, et si l'histoire avait été autre, elle n'eut jamais conçu de ne pouvoir faire une place aux humains en ce fabuleux paysage.
Les temps ont changé, rompant le vœu de chaque jour de ne renaître qu'égal au précédent. L'âme de Ratjhar s'est corrompue pour arborer les atours changeants d'un ciel capricieux, virant du calme le plus serein à l'orage le plus sombre en bien peu de temps. Ses colères fulgurantes émaillent ses yeux d'un éclat cruel, rappelant à qui oserait l'ignorer qu'en dépit de sa petite taille elle possède un bec crochu et des serres acérées. Si l'asservissement lui interdit de blesser par ses armes, elle n'en sait pas moins manier des mots cruels qui sauront toucher l'âme aussi sûrement que des coups.
De nature patiente, il a fallu des éons d'ennui et de néant pour laisser éclore la morosité dans le coeur de Ratjhar. Dans ses bons jours, elle tire de ce cynisme un humour acerbe qui, s'il n'est pas au goût de chacun, trouve sa propre voie en dépit des interdits et exigences des dieux.
Depuis le jour où les dieux sévirent, Ratjhar est resté partagé entre deux rives. Si elle aspire à retrouver sa liberté perdue pour enfin ouvrir ses ailes au vent et voler sous le ciel, elle n'en reste pas moins lucide et se méfie de la malveillance des humains. S'en remettre à leur bon vouloir l'horripile autant qu'une vieille plaie qui pourrait guérir si seulement on cessait de la gratter sans cesse.
La confiance n'est de mise qu'entre égaux aux yeux de Ratjhar, et quiconque la délivre gagnera un serviteur et rien de plus, tant que son invocateur n'aura pas prouvé avoir quelque valeur.
En dépit de tout ce qu'elle a vécu, Ratjhar reste une créature opiniâtre, têtue ou passionnée selon le contexte, prête à défendre les valeurs qui lui sont chères. Elle rechigne au mensonge et à la duperie gratuite, mais n'aura de remords que si elle estime son interlocuteur. Lunatique, Ratjhar est à la fois la créature aimante et protectrice des temps anciens, tout autant que la demi-déesse bafouée à l'orgueil piétiné. L'asservissement rend Ratjhar susceptible, inadapté que son corps tout comme son esprit est aux prisons : aussi sûrement qu'elle ne peut s'empêcher d'éprouver la solidité des barreaux de sa cage, Ratjhar n'aura de cesse de chercher à éprouver la patience de son maître s'il rechigne à la laisser voler.
Dans ses songes éveillés, l'avenir s'entremêle avec le passé. Ratjhar ouvre ses ailes aux courants ascendants et le caprice du soleil arrache à ses plumes le reflet des présages. Dans quelques fugaces instants de folie, elle s'imagine n'avoir jamais quitté ses geôles et n'avoir que rêvé sa liberté perdue. Plus que de sa servitude, Ratjhar souffre de ne s'être jamais vu offrir une chance de se racheter. Plus que de se risquer à la périlleuse pensée de juger les dieux en dénonçant la cruauté ou l'injustice de leur décision, Ratjhar préfère l'envisager comme un cataclysme inévitable ou comme une ordalie voulue par les dieux eux-mêmes.
Ratjhar affectionne les énigmes et les crépuscules, se plaisant à contempler la beauté de ce qui naît ou meurt, en cela que sa nature lui défend tout autant de mourir que de donner la vie. Elle a également un certain goût du risque, trop certaine de survivre aux périls qui la cernent. A l'inverse, elle a parfois quelques réticences à s'attacher à des choses "périssables" trop meurtrie qu'elle peut être de ces inévitables pièges du destin.
● Physique
Ratjhar est une créature d'une stupéfiante banalité. Si sa taille est proche de celle d'un aigle, elle n'en revêt pas moins l'apparence d'un faucon aux plumes brunes. Son poids excède de peu celui d'un gros chat, puisant son aptitude au vol dans sa stature effilée et ses os creux, et non dans la magie qui l'imprégnait jadis. Dans sa prison, elle n'est rien de plus qu'un rapace en cage, piégé, attendant éternellement le jour où il prendra son envol pour fondre sur sa proie. Peut-être est-ce pour cela que rares sont ceux qui s'arrêtent à sa hauteur, peu désireux de s'attacher les service d'un banal oiseau, là où un fauconnier habile saura leur vendre un aigle non moins docile.
Pourtant, pour peu que ses ailes s'ouvrent en pleine lumière, et les plumes de Ratjhar s'irisent d'un bleu surnaturel, allant jusqu'à distiller dans son sillage des volutes de brume bariolée que l'on dirait assortis à son humeur. Lorsqu'elles tombent, ses plumes gardent quelques instants cet éclat singulier, et qui les tiendrait avant qu'elles ne s'étiolent, peut encore ressentir, à défaut de la magie qui les baignait jadis, un sentiment de douloureuse nostalgie, telle l'évidence d'un passé révolu.
A l'image de son âme asservie, l'apparence de Ratjhar se perd entre deux eaux. Ses yeux ronds sont d'un bleu gris, une teinte lasse, témoin de l'éternité de regrets qui hante encore Ratjhar, tandis que son bec et ses pattes sont d'un jaune vif et glorieux, rappel de la majesté qui l'animait lorsqu'elle régnait dans les cieux.
● Vie
Histoire:Aer ne se lassait pas de peupler le ciel de ses oiseaux. Pour autant il lui arrivait d'admirer les créations d'Aqua et, bien qu'il ne le reconnut jamais, des demi-dieux présents lors de l'éveil de Ratjhar lui narrèrent par la suite qu'elle avait été créée dans l'espoir de capturer la beauté mouvante des flots. Lorsqu'elle était née, ses plumes étaient d'un bleu moiré fabuleux, mais, lorsqu'elle s'était envolée pour la première fois, cet éclat envoûtant s'était dissipé pour ne persister que dans les volutes vaporeuses que laissait son sillage.
Ratjhar se souvient d'un temps où son vol altérait les nuages. A sa suite, le monde changeait. En bien ou en mal, elle l'ignorait et n'en avait cure. Il se fondait dans l'évidence de ce qu'il devait être, il devenait plus semblable à ce que les dieux en avaient souhaité lorsqu'ils avaient lâché Ratjhar sur le monde. Ce n'était pas à elle de contester leurs désirs.
Les premiers humains furent créés sans que Ratjhar s'en soit mêlée. Ses pairs n'avaient pas jugé nécessaire de quérir son aide et, l'eurent-ils fait, que la demi-déesse ne les aurait certainement pas aidé. Le projet la fascinait, elle suivit les actes de ses pairs avec grande attention mais elle gardait ses distances. Ce n'était pas l'inconscience de l'interdit piétiné qui tempérait sa curiosité, mais la crainte de se détourner de la tâche qu'elle s'était vu confier, et que dans sa distraction le monde se fit autre qu'il ne devait être.
Ratjhar allait son chemin, et dans son sillage transparaissait le futur. L'oiseau demi-dieu se plaisait en son rôle de messager du temps, symbole, non de la fuite des ans mais de l'immuable recommencement. Ratjhar n'altérait pas véritablement le monde qu'elle survolait. Elle s'assurait simplement que celui-ci se renouvelait ainsi qu'il le devait. L'eau fuyait vers la mer, l'arbre poussait, les bêtes prospéraient et mouraient tour à tour.
L'apparition des humains la perturba. Ils n'étaient pas dans le monde qu'elle entrevoyait. Aucun dieu n'était présent, et l'eussent-ils été que Ratjhar n'auraient pas eu le cœur à dénoncer les trop fragiles humains. Ceux-ci l'intriguaient, aussi continuait-elle de parcourir leurs terres, quand bien même les images qu'elle tissait s'éloignaient inexorablement du monde que les humains créaient.
Et le monde changea en une direction que l'oiseau devin n'avait pu prédire. Il y avait une rivière miroitante et une enfant innocente. Celle-ci avait pris l'habitude d'appeler l'oiseau et Ratjhar, trop encline aux rituels pour refuser une si douce invitation, ne manquait pas d'interrompre son vol pour se porter à sa hauteur.
Chaque année, Ratjhar s'arrêtait au bord de la rivière et laissait l'enfant la priver d'une de ses plumes. De celle-ci, l'humaine tirait des présages du monde à venir, et Ratjhar assouvissait une curiosité étrange qu'elle n'aurait cru posséder. Elle connaissait si peu de choses du monde des humains. Non par désintérêt, mais parce qu'elle avait grand-peine à l'appréhender. C'était tout juste si elle s'apercevait que l'enfant au bord de la rivière n'était jamais la même bien longtemps. Quelques années de plus, des battements de paupière pour Ratjhar, et c'en était une autre qui procédait au rituel.
Il y eut un jour où le monde qu'avait connu Ratjhar bascula. Bien avant que les humains n'aient signé la ruine du monde et que les dieux soient venus exiger vengeance pour leur terre perdue, Ratjhar fut capturée par ceux-là mêmes à qui elle cédait chaque année une plume du temps futur.
S'en suivit pour Ratjhar une longue captivité, au cours de laquelle ses plumes lui furent presque toutes arrachées. Elle n'était plus qu'une créature maladive aux allures de poulet efflanqué et seul son bec crochu et ses serres témoignaient de ce qu'elle avait été. Une cruelle ironie voulut qu'elle regagna sa liberté dans la déchéance du monde.
Celui-ci changea tant et tant que les augures qu'elle portait n'avaient plus le moindre sens. Son vol clamait toujours la succession des saisons, le déclin de l'automne et les prémices du printemps ainsi que les dieux l'avaient voulu, mais les présages de Ratjhar étaient ceux du monde des dieux tel qu'ils l'avaient tissé au commencement, et ne pouvaient en rien s'appliquer à l'ouvrage des humains. Ratjhar ayant perdu toute valeur aux yeux des humains, et demeurant trop coriace pour que leurs mauvais traitements aient raison d'elle, elle s'en fut, et son sillage narra la triste histoire d'un paradis perdu. Le monde n'était plus que désolation, terre brûlée et faune à genoux, des pierres salies à perte de vue et des nuages funestes tel un linceul de poussières.
Ratjhar gagna les cieux à tire d'aile, mais ne put échapper aux remugles âcres du monde mourant. Partout, l'air était vicié, la terre corrompue. Son passage n'attirait plus même un regard, les humains n'avaient d'yeux que pour leur routine poussiéreuse, leur machinerie sans âme et leur société décadente. L'oiseau devin se désolait d'être porteur d'un message d'espoir mort-né dans un ciel sans avenir. Ratjhar en vint à se camoufler dans le coeur de la terre, une corniche désolé dans le creux d'une montagne. Là où les rayons du soleil peinait à percer, l'éclat fabuleux de sa magie se faisait moins vif, et le fardeau de son échec moins lourd à porter. Ses plumes se teintaient du gris sans âme de ce morne paysage. Elle revit alors certains de ses pairs, certains se dressaient contre les humains, d'autres se mêlaient à eux dans leurs luttes intestines. Ratjhar n'en fit rien. Pas plus qu'elle n'avait pu se résoudre à les créer, elle ne pouvait accepter de les détruire, d'autant que c'eut été admettre qu'elle eut dû s'opposer de prime abord à leur avènement.
Lorsque revinrent les dieux, Ratjhar ne fut jugé pas moins coupable que ses pairs. Elle avait laissé croître les humains, s'était plu à attiser leurs rêves de grandeurs et avait manqué à sa tâche de préserver le monde. Le monde changea une fois de plus, et les plumes de Ratjhar se ternirent, perdant leur singulière magie pour n'arborer plus que de curieux reflet des brumes insondables. Il n'y avait plus ni présage ni espoir dans son plumage, lequel ne gardait de souvenir des temps anciens qu'un vague liseré bleuté sous la fantaisie de l'astre solaire. Son asservissement dans le temple de l'air lui fut d'autant plus cruel qu'il faisait écho à une autre prison.
Depuis tout ce temps, Ratjhar oscille entre des jours perdus à scruter l'extérieur depuis la porte de ses geôles, s'usant les yeux dans des ténèbres qu'elle ne peut percer, et des nuits passées retranchée dans l'ombre la plus dense, désireuse de se faire oublier et de se préserver, hantée du souvenir où sa confiance abusée a scellé la première de ses cages.
Depuis tout ce temps, Ratjhar rêve de planer à nouveau dans la quiétude des courants.
● Hors Jeu
Comment avez vous découvert ce forum ? En fouillant dans les partenaires de forum.
Comment trouvez vous l'intrigue de ce forum ? Plutôt sympa.
Comment trouvez vous le design de ce forum ? Cool.
Avez vous lu le règlement ? [Validé par Plume]Avez vous vu la ChatBox ? Oui.
Savez vous comment voter pour le forum ? Oui.
- Sphérier:
Les sorts entourés en noir sont ceux acquis.