Pourquoi cela faisait-il tant de bien ? Pourquoi acceptait-elle une telle marque d'affection de la part de ce noble qu'elle ne pouvait pas se voir trois heures plus tôt ? Pourquoi avait-elle envie de rester dans ses bras à pleurer tout son saoul ? Tant de questions... a nouveau, elle était submergée par tous ces états-d'âmes. Pourquoi ? La jeune femme agrippe la chemise de Simon comme si elle était en train de se noyer.

Se baissant à son niveau, elle enfouit sa tête dans son torse, incapable de bouger. Elle avait si mal, si mal de se souvenir d'eux. Si mal de se rendre compte qu'ils n'étaient plus, tous les deux, les hommes qu'elle avait connu. Era n'était plus la fière chevalière Katar, non, elle était devenue une femme banale. une femme en proie à ses souvenirs refoulés, à ses démons. Une femme dans les bras d'un gamin, à la recherche d'une affection oubliée. Calann, cet homme qui l'avait aimée, cet homme qui lui avait fait comprendre ce qu'étaient les humains, réellement. Et Nephylim... Lui qui avait tout oublié jusqu'à son propre visage.

Elle resserre plus encore son étreinte, agrippant cette chemise, laissant ses larmes couler en de longs sanglots ininterrompus. Pourquoi n'arrivait-elle pas à s'arrêter de pleurer ? Parce que cela lui faisait du bien, elle qui avait passé plusieurs années à refouler ses sentiments, à oublier. A être une autre personne. Elle qui avait passé tant d'années à se battre, à jouer à des jeux pour la divertir, pour lui faire oublier. Mais les souvenirs restaient immuables et revenaient, sans cesse. Tels des fantômes, tels des cauchemars. Elle inspire profondément et relève la tête vers cet homme qui lui avait offert de l'affection alors qu'elle le dénigrait.

Il était d'une bonté que le monde avait oublié. Oui, il était bon, il était sincère. Sa naïveté le perdra mais sa bonté saura le sauver. Doucement, la jeune femme se calme, ses sanglots se meurent et un fin sourire nait alors qu'elle le regarde. Il avait les traits fins et les yeux fermés, tel un enfant qui dormait. Un enfant tombé trop tôt du berceau. Era avait les joues et les yeux rougies par les larmes. Mais elle s'en fichait tout comme elle se fichait des regards curieux. Le bateau venait d'accoster mais elle restait là, à le regarder, à agripper sa chemise. Elle soupire puis fini par déposer un baiser à la commissure de ses lèvres.

Puis la jeune femme se relève difficilement, mais se relève tout de même. Elle essuie les dernières larmes avec sa cape et tend une main amicale au jeune garçon. Oui, plus qu'un noble, il était un homme, un de ceux qui n'avaient que faire de leur statut et qui agissaient pour leurs valeurs. Il était de ceux qui l'avaient fait aimer le genre humain, ou presque. Ephy, une main sur son épée et l'autre tendue vers Simon, souriait et d'un sourire sincère.

"Merci," murmura-t-elle à l'intention du jeune homme.