❝ L'épreuve de volonté d'Armalys

Le chemin avait été plein d'embuches et de ralentissement pour arriver jusqu'ici mais, je dois bien avouer que la caravane de Rollo nous a évité bien des problèmes jusqu'à cette destination ; le Temple de l'Air. La majorité des chemins étaient pris par les Hommes Libres. En soit, le fait qu'il ai la main mise ça me déplaisait pas forcément, j'étais plus de leur côté, forcément. Même si je ne projetais pas de les rejoindre tout de suite. Il fallait qu'on se refasse avant, avant de prétendre à recréer le clan, avant de chercher à rejoindre la guerre contre le Prince. C'est qu'on avait une fierté à défendre quand même ! Et je ne me rabaisserais pas à demander l'asile au Keizer. Non, je serais une main forte pour lui et pas l'inverse. Mais quoi qu'il en soit, ça n'était pas ma seule motivation. Il fallait que je protège mes hommes, que je puisse prétendre à jouer le rôle de chef de clan mais surtout, j'avais un Diamentis qui me regardait certainement de loin. Je n'en étais pas sûre c'est clair mais j'avais cette sensation qu'un jour il me tomberait sur le coin de la gueule et si je n'avais pas de quoi me défendre, ça signerait la fin, pour sûr.

Alors me voilà, devant cette porte dans ce Temple de l'Air où j'espérais délivrer un puissant allié. C'était également un gros risque, mais je devais être la seule à le prendre. J'entrais, poussais cette porte lourde et je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre jusqu'à faire face à cette gigantesque montagne. Un rictus narquois étira mes lèvres, comme si cette épreuve avait été faite pour moi. Grimper sur une montage ? Les doigts dans le nez ! Non vraiment, on me prenait pour qui ? J'ai vécu dans les Landes Nord, froides et cruelles, montagneuses et abruptes. C'est comme si j'avais appris à grimper avant de marcher ! Non, j'extrapole là bien sûr, mais on est pas loin du compte.

Je cherchais une prise, puis une autre, levais un pied, puis l'autre, dans une cadence régulière mais maîtrisée. Il pouvait tout arriver et même si j'étais confiante, il fallait être prudente. Je continuais, inexorablement à gravir cette fichue montagne illusoire, les minutes, les heures passant. Les bourrasques de vent me forçaient à me coller un maximum à la paroi, me ralentissant énormément mais je tenais bon, j'en avais vu d'autres.

Je vissais mon but du regard mais un cri m'interpela sur le côté : un putain d'inconscient qui était au bord de tomber. Inconsciente, je l'étais aussi pour me retrouver au même endroit mais je ne l'étais pas assez pour me risquer à essayer de sauver un inconnu quand l'enjeu de cette épreuve était la survie de mon clan. Non vraiment, j'étais pas du genre bon samaritain à voler au secours des autres. Le monde est trop cruel pour se permettre de tels conneries. Protéger mon clan, voilà ma seule préoccupation et rien ne m'en détournerait, pas même les cris de ce con là. Je le regardais une seconde et pestais comme si je lui en voulais de m'avoir détourné de mon but pendant ce léger laps de temps. Et puis je me suis détourné avant de reprendre mon ascension, j'en avais vraiment rien à faire qu'il s'écrase en bas et en plus de ça, ça ferait un concurrent en moins.

Et puis je l'entendais, crier à l'aide, mes yeux roulèrent d'exaspération avant de me retourner vers lui et de lui adresser aussi poliment que possible -la bonne blague- :


Et j'entendis un « c'est fini », roque, caverneux et assez peu engageant avant que tout ne disparaisse en un clignement de paupières. Je me retrouvais face à cette énormité écailleuse. J'étais fasciné bien sûr, ses yeux me transperçaient. Je respirais à peine en le fixant, mais j'étais sur mes gardes, prête à dégainer au moindre risque, ferme sur mes appuis. Nous sommes resté un moment ainsi, sans bouger, à se fixer l'un l'autre. Je lui intimais ainsi toute ma détermination à être ici, face à lui, pour le délivrer.


Je clignais des yeux, frénétiquement et fronçais les sourcils d'incompréhension. Avais-je échoué ? Me permettait-il de partir avant l'issu fatale par bonté ? Pf. Nooooon ! Ça m'étonnerait fortement. Je me détendais vraiment très légèrement et le défiais du regard.


Je lui adressais un léger sourire, un peu fière de ma réplique. J'avais cette tendance à jouer au jeu des autres, c'était grisant de les avoir de cette façon là. Bon, c'était peut-être pas malin de la jouer comme ça face à un Demi-Dieu mais, je risquais ma vie à être là alors autant frapper fort. C'était simple, concis, comme moi. J'étais pas là pour blablater et lui conter un roman expliquant le pourquoi du comment de ma raison ici. Alors j'attendais simplement, sa réponse.

❝ L'épreuve de volonté d'Armalys

Moi ? Penser que je suis suffisamment intéressante pour qu'il me suive ? Nan certainement pas, mais si il le croyait, ne serait-ce qu'un peu, j'allais pas lui dire le contraire et me mettre un couteau dans le pied. Je manque de jugeote parfois mais je suis pas suicidaire à ce point. Mais faut croire que j'avais réussis à piquer suffisamment pour qu'il n'ai pas à mettre sa menace de me tuer « dès maintenant » à exécution et c'était déjà une bonne chose.

Mais je n'était toujours pas franchement sereine on détendu, mon corps restait ferme voir rigide, sur mes gardes, prêtes à répondre à toute menace. Mais cet énorme reptile en face de moi, lui, ne montrait pas franchement d'animosité, au contraire il se couchait même confortablement devant moi, à me parler calmement. Mes poings fermés se desserraient quelque peu et mes épaules se détendaient.

Sa première remarque me fit doucement rire. Bien sûr que je suis prête à laisser mourir quelqu'un pour parvenir jusqu'à mon but. Je serais même toute à fait prête à le tuer pour ça s'il l'avait fallu.

Je me taisais face à ce Demi-Dieu et écoutais ce qu'il avait à me dire. Car oui, je les respectais énormément et je ne me considérais pas en position de force. Ça m'étonnais presque de me trouver ainsi si docile, mais la situation si prêtais facilement. Quoi qu'il en soit, il avait des questions et j'avais des réponses à lui donner et elles seraient sincères. Je le fixais dans le yeux, déterminée et franche.


Une fois ce point qui me semblait important fait, je posais mes mains sur mes hanches et continuais, plus légèrement.


Bien que je cachais mes envies de vengeance, j'étais toujours franche, mais le ton de ma voix portait la gravité de la situation. En continuant, je quittais le fils d'Aer des yeux pour perdre mon regard dans l'obscurité du sol.


C'était en tout cas ce qu'Elle et le monde lui même m'avait enseigné. La fierté n'a pas sa place quand on risque de mourir à chaque seconde dans les terres sauvages. Je relevais les yeux, à nouveau vers le Demi-Dieu et finissais calmement.

❝ L'épreuve de volonté d'Armalys

Ah il appréciait mon courage ? Bien bien, je ne voyais pas vraiment ça comme du courage. Pour moi le courage est le simple fait de dépasser ses peurs, moi, c'était seulement de la détermination. Mais... Pardon ? Quoi ? Nous allons combattre ? A ces mots, mes yeux s'écarquillèrent et une léger frisson darda mon échine. Je le fixais, l'air totalement neutre mais à l'intérieur j'étais déconfite. Ça n'était pas vraiment de la peur la encore mais, faut être un grand débile mental pour penser pouvoir vaincre un Demi-Dieu à la seule force des ses petits bras.

Les secondes passaient, ses mots s'écoulaient, mes sourcils se fronçaient à la perspective de cet affrontement. Je regardais parfois ailleurs, intrigué et méfiante, me questionnant moi même. Très franchement, j'ai hésité. J'aurais pu partir et quitter la cellule de ce fils... Fille ?! Encore une information qui m'avait un eu par surprise ! C'est vrai que je m'étais pas franchement posé la question, mais effectivement, maintenant qu'elle le dit, sa voix à une intonation féminine. Argh, moi et mon sens de l'observation. Bref, je me remettais de mes émotions et revenais à nos Cobas. Le combat.

J'ai hésité encore, quelques secondes à peine mais il fallait me rendre à l'évidence, ce n'était pas envisageable. J'ai alors pris une grande inspiration puis expira toutes mes tensions lourdement avant de darder mon regard vers la fille d'Aer.


Je commençais, lentement, à attraper le bouclier dans mon dos et l'épée à ma ceinture, les yeux clos, comme pour me concentrer un minimum avant l'assaut.


Je plaçais mon bouclier devant moi, fermement ancré comme défense. Mon bras tendait mon épée vers l'arrière, mes jambes se placèrent, prêtent à bondir. Elle pourrait voir mon regard noir et déterminer passer juste au dessus de mon bouclier, pointé dans ses yeux.


Je me projetais directement sur elle, tout simplement parce que j'étais de ce genre là, à donner le premier coup, à foncer. J'avais la résistance et l'endurance avec moi, que la vie dans les Terres Sauvages m'avait offert. Alors les coups, je savais les encaisser.

Je fonçais sur elle, sur le point de porter un premier coup mais également prête à me protéger de son attaque plus que certaine. Elle n'allait pas se laisser approcher si facilement, alors j'avais le regard partout, prête à brandir mon bouclier pour encaisser le choc inévitable.

❝ L'épreuve de volonté d'Armalys

Comme je le pressentais, elle n'attendit pas avant d'essayer de m'envoyer valser. J'étais loin d'être une fine stratège en combat, surtout singulier, mais j'avais l'avantage d'avoir un instinct assez présent. Aussi, j'ai réussis à esquiver sa première offensive, tournoyant vers l'extérieure, mais c'était sans compter sur son étonnante réactivité. Étonnante par son gabarit assez énorme.

Prise sur le vif, j'ai à peine pu contenir son attaque en la bloquant avec mon bouclier. Je me suis vu projeté loin de la pièce, atterrissant sur le dos. Fixant le plafond, un infime moment, je me relevais brusquement en grognant. J'avais tendance à prendre les combats très au sérieux, peut importe la situation. J'avais un air hargneux peint sur le visage et j'étais réellement prise de rage, mais aussi de plaisir bien dissimulé.

Prenant un bon appuis et montrant les crocs, je me lançais à nouveau vers elle, avec puissance et vitesse. Mon but était là d'attirer une nouvelle patte vers moi et ainsi, je l'esquiverais en me laissant glisser sur le sol pour attaquer la première chose qui viendrait à ma lame. Une patte, son abdomen, peu importe. A dire vrai, je serais déjà fière de la toucher, même une fois.

Mais rien ne disait que ça allait se passer comme ça.  

❝ L'épreuve de volonté d'Armalys

Ouais ! J'avais réussis à la toucher ! Même si, à son échelle, ce n'était qu'une éraflure, je n'étais pas peu fière. J'avais un léger sourire en commissure des lèvres, mais il disparu bien vite. Je l'observais, décontenancée, s'élever dans la pièce d'un battement d'aile. A la fois majestueuse et puissante, j'étais admirative. Elle portait d'ailleurs très bien son nom, Armalys. Vous évoquant à la fois douceur et élégance.

Mais je n'avais pas le temps de penser à ça, j'étais en mauvaise posture. Elle m'envoya une bourrasque en pleine face. J'ai à peine eu le temps de placer mon bouclier entre nous deux, au dessus de ma tête. J'étais évidemment très ferme dans mes appuis, mais je me sentais entrainer vers l'arrière. Je grimaçais et grognais, maintenant avec toute ma force disponible mon bouclier et ma position. Mais c'était sans compter la force de ce vent qui me fit mettre un genou à terre.

Et d'un coup d'un seul, le vent s'arrêta et mon corps se relâcha subitement la pression qu'il avait accumulé. Un simple regard vers Armalys et je la voyais déjà attaquer de nouveau. Ma faiblesse de l'instant me permit à peine d'esquiver, j'ai alors sentis le souffle de sa patte me frôler alors que je roulais sur le côté.

Face au sol, à quatre pattes, j'avais le souffle court. En fixant les dalles de pierres, je me mis à rire nerveusement avant de darder mon regard sombre vers la fille d'Aer.


Lui lançais-je calmement avec un sourire carnassier, le souffle court et quelques gouttes de sueur perlant sur mes tempes. J'aimais ça, vraiment. C'était une expérience grandiose qu'elle me faisait vivre ici. Mais à ce stade, j'optais pour un peu de repos. Aussi, je ne relevais qu'une jambe, un genoux encore au sol. Prête à bondir, j'attendais un nouvel assaut que j'esquiverais surement, si mon énergie me le permettait.

❝ L'épreuve de volonté d'Armalys

J'étais étonné de voir que ce n'était pas une attaque que je recevais, mais une aide à me redresser. D'un geste agile, elle me redressa sans que je n'ai à faire quoi que ce soit. Je plissais un instant les yeux en regardant Armalys, toujours un peu sur mes gardes finalement. Mais c'est quand elle m'annonçais que l'épreuve était enfin terminée que je soupirais de soulagement avant de rengainer mon épée et mon bouclier.

Fermant les yeux, je faisais rouler mes articulations après ce dur combat. C'était, sereine, mais le visage toujours quelques peu tendu comme à mon habitude, que je redirigeais mon regard vers la fille d'Aer qui s'était rapprocher de moi, me fixant à présent droit dans les yeux. Je lui rendais la pareille, en essayant de lui communiquer une certaine sympathie. Chose que j'avais certainement du mal à faire tant j'étais peu habitué à montrer des sentiments positifs, voir affectueux.

Elle s'adressait à moi de cette voix sombrement agréable et belle. Mais ses paroles me destabilisaient. Elle semblait vouloir m'accorder beaucoup d'importance, peut-être même plus que ce que je désirais lui accorder moi même. Est-ce que j'étais réellement celle qui allait la satisfaire ? Sur le long terme ? Est-ce que mes désirs de vengeance n'allait pas la faire me hair ? J'étais pourtant fière de ce que j'étais et de ce que souhaitais accomplir pour les miens et qu'importais les conséquences. Est-ce que ça lui suffirait ? Je ne le savais évidemment pas mais je ferais tout pour. Elle aurait pu certainement lire mes doutes à travers mes iris sombres mais j'avais envie de tenter ce défi qu'elle me lançais.

Alors par une simple geste, je posait ma paume sur son front écailleux, d'où je sentais émaner une fraîcheur presque agréable.


Nous sommes restés ainsi quelques instants, comme un acte solennel qui scellait notre pacte pour ma vie entière. Puis je me suis détaché d'elle pour m'en retourner vers la sortie.


Lui lançais-je en me retournant un bref instant avant de ne me retrouver face à la porte qui faisait ma taille. Je fronçais les sourcils et attrapais mon menton du bout des doigts.


Je me retournais à nouveau vers elle.