Après avoir passé l'après midi à taper sur des gens dans le but de s'amuser, Simon s’apprêtait à rentrer chez lui, fatigué. Se rendant au quartier noble en se massant les muscles, il fut surpris de voir qu'un stand avait ouvert dans la journée, prolongeant son intérêt pour le festival de quelques minutes.
Regardant quelques secondes ce qu'il s'y passait avant de comprendre, il fut invité malgré lui par une dame énigmatique à se joindre aux participants. Lui ? Ecrire des poèmes ? Il avait bien du en étudier lors de son cursus d'études mais il n'avait jamais pratiqué activement la discipline. Et bien soit ! Ça serait une première fois pour lui et une bonne occasion de penser à autre chose qu'à son prochain coup dans les points sensibles de son éphémère camarade.
Assis sagement, le dos droit, une plume et un pot d'encre attendaient près de ses mains. Attendant une poignée de secondes supplémentaires qu'un participant prenne place sur le siège opposé, il commença à réfléchir au type de poème qu'il pouvait écrire.

Une femme s'était assise en face de lui, élégante au point qu'il baissa les yeux lorsqu'elle arriva à sa hauteur. Ses cheveux tombaient en cascade, retenus par des épingles astucieusement disposées afin de rehausser les traits féminins et poudrés de leur propriétaire. Même la tenue laissait suggérer la présence de quelqu'un d'important, bien qu'il ne distingue aucun sceau brodé sur les manches au premier regard, Simon était conscient d'être en présence d'une personne avec un rang supérieur au sien, et de loin.
Alors qu'il s'apprêtait à laisser commencer la dame par pure courtoisie, l'organisatrice l'incita à prendre les devants en lui intimant de commencer à réciter ce qui lui passait par la tête pendant que sa partenaire prenait place. Pour quoi que fut le papier et l'encre, ce n'était apparemment qu'esthétique.
Pris au dépourvu, regardant tour à tour l'organisatrice et la belle demoiselle, il commença une rime hasardeuse d'une voix qui s'étrangla sur la première syllabe.

"Ter- Kof...Terre d'espoir où naissent lumière et ténèbres..."

Comptant sur ses doigts au fur et à mesure où les mots lui venaient, il fut content de trouver le premier vers sans trop avoir à se triturer les méninges.

Le blondinet sembla impressionné par sa présence, ce qui provoqua un léger sourire de la part de la brunette. Brunette que l'assemblée sembla reconnaître à son tour et qui fut parcourue de murmures, poussant la jeune femme à saluer d'un signe de tête.
Elle porta alors son regard brun ambré sur son opposant et le détailla brièvement alors que la responsable du stand lui faisait signe de commencer. Armée de sa plume, Evanna recopia le vers inspiré du jeune homme afin de l'avoir en tête.

Elle accorda ensuite un sourire au blondinet pour le féliciter de ses premiers mots puis fixa sa feuille quelques instant avant d'y écrire quelques mots qu'elle recompta avant de relever la tête et d'énoncer à son tour d'une voix assurée et rendue mélodieuse par ses années de chant :

"Terre de rêve où se rencontrent Homme et Magie"

Oui, elle avait rebondit sur le premier vers, ce qui après tout, faisait toute la cohérence d'un sonnet. A vois maintenant si son opposant reprendrait sa rime, ou préférerait la sienne. Nul doute qu'il lui serait plus facile de trouver une rime avec magie plutôt que ténèbres...

Habile de la part de la jeune femme de faire écho à son vers, l'harmonie du poème n'en saurait que plus lui plaire. D'un sourire charmant il la regarda droit dans les yeux, amusé par l'harmonie suscitée par ce jeux. Réfléchissant ardemment à une rime épique pouvant offrir à l'histoire une suite logique, le jeune homme finit par citer d'une voix fluette les quelques mots qui lui passèrent par la tête. Comptant sur ses doigts les syllabes passantes, il s'amusait pleinement de cette règle contraignante.

"Bientôt viendra le jour où les forces funèbres..."

Misant sur la belle pour clore le couplet, il compta sur elle pour le faire en beauté. Cette histoire à l'amorce si sombre devait forcément finir sans plus d'encombres avec la victoire d'un héros ou du bien dont tout le monde envierait le destin.
Intensément concentré sur ce qu'elle allait dire, il était pressé voir où elle allait aboutir. Ce serait ensuite encore à son tour d'entamer le couplet avec une histoire d'amour qui permettait au bien de repousser le mal et rajouterait à la prose une touche sentimentale.

Son vers sembla plaire au jeune homme qui plongea son regard dans le sien avec une nouvelle assurance et un sourire charmeur qu'elle lui rendit volontiers. Peut être aurait-il été judicieux de la part du jeune blond d'éviter de se lancer dans de tels jeux avec la brunette pour qui la séduction était un art et un de ses passe temps favori...

Il énuméra le vers suivant avec assurance, comptant sur ses doigts alors que la plume de la pupille princière traçait d'élégantes lignes sur sa feuille, recomposant l'éloquence du blondinet.
Son esprit se lança alors et après quelques essais de comptes sur un coin de sa feuille, Evanna releva son regard brun ambrés pour le plonger dans celui de son opposant, lui décochant un sourire capable de le réchauffer jusqu'au bout des oreilles.

Sa voix, toujours mélodieuse, mais aux accents devenus suaves et légèrement taquins énonça sa réponse :

"Se verront chassées en faveur de l'harmonie."

Son sourcil s'arqua dans une courbe provocante à l'adresse de son opposant-partenaire, un défi amical non dissimulé.

Un personnage intéressant avec lequel Simon se sentait comme comme dans le poème : en harmonie. Elle rajoutait cette touche d'espoir nécessaire et complétait chaque lacune du texte avec aisance et légèreté. Un nouvel élan anima le jeune blond qui s'emporta légèrement en se redressant sur sa chaise, ne brisant à aucun moment le contact visuel établi avec l'autre esprit acéré.

"Au rythme de ses pas naissent les fleurs d'antan,"

L'arrivée du héros commençait ici, annonçant le renouveau pour toute une génération. Quels dangers affronterait-il ? Quelles menaces déjouerait-il ? Simon attendait avec impatience la suite de cette histoire interactive dont les deux conteurs semblaient se délecter de l'écriture.
Ne cillant presque pas, le petit noble était pendu aux lèvres de sa digne partenaire, lui laissant le plaisir et l'honneur de décider de l'élément dramatique du scénario imprévu.