Prenant la forme d’un immense cheval, proche de la morphologie d’un Mustang, tu mesures prêt d’un mètre quatre-vingts au garrot pour une tonne de muscles. Ta robe est d’une étrange lueur bleutée faisant souvent te confondre avec une invocation de l’eau, pourtant tu es bien incapable de nager dans les eaux et d’y respirer. À vrai dire l’eau est ton plus gros point faible et lorsque tu te retrouves dedans, tu ne fais que couler, incapable de te mouvoir. Tu possèdes des ramures de cerfs aux étranges aspect cristallins. Tes sabots sont fendus comme ceux des chèvres.

Bien qu’il possède un aspect doux et soyeux, ton crin est de la lumière, une partie intangible dont on ne peut toucher, c’est bien la seule partie de ton corps qui ne soit qu’une illusion, une simple lumière translucide et qui ne sert que visuellement. Il se dessine comme le crin d’un cheval sur ta nuque. On y voit comme une longue barbe au niveau de ton menton. Sur tes coudes se trouvent deux voiles lumineux, ainsi que sur ton encolure et suivant le prolongement de ta colonne vertébrale, formant un ravissant appendice caudal.

Bien qu’on puisse le confondre avec des poils, ton corps est fait d’écailles et ton ventre est recouvert d’épaisses plaques qui se démarquent bien par leurs couleurs beiges. Ton crin lumineux prend souvent un aspect bleu bien qu’il lui arrive parfois de luire un peu plus fort de manière à donner l’illusion d’avoir des parties de crins orangés-beiges. Enfin, tes yeux sont d’un magnifique cyan, dénués de pupilles ou de zone blanches mais emplis de lumières.

Tu es quelqu’un de calme, à réfléchir avant d’agir. Tu es une invocation plutôt sage et fugace que colérique à foncer imbécilement dans le tas. Tu es sage, peut-être trop sage. Ce calme, que tu ne sais que trop avoir, te rends bien trop passif, peu impliqué. Tu ne sais pas prendre les choses à cœur et préféra faire ton désintéressé que de réellement trouver de l’intérêt à quelque chose. Malgré tout, tu es d'un naturel curieux, tu cherches toujours à assouvir ton besoin de savoir, en regardant d'un œil indiscret vers ce qui ne te concerne pas forcément.

Tes frères, tes cousins, ils te sont chers. Avant, tu t'amusais à les détendre, leurs faire voir de belles couleurs dans le ciel. Pourtant, tu n'étais pas au point de les pleurer ou de les admirer, ils étaient juste des collègues. Tu restais toujours neutre face à eux, incapable de les juger de manière positive comme négative.

Finalement, s’il y a bien une chose qu’on peut te reprocher, c’est d’avoir fermé les yeux en disant que de toutes manières rien de mal se passera s’ils n’étaient pas à côté de toi. Des regrets tu en as, tu regrettes tant d’avoir joué le fuyard qui se fichait totalement des humains alors que tu avais bien senti que quelque chose n’irait pas avec ces terrifiantes créatures.

Oui, tu ne peux pas supporter les humains, ils sont effrayants à tes yeux, terrifiant au point que tu préfères les fuir que rester à côté d’eux. Par chance, tu n’as jamais été libéré, mais tu crains le jour où un humain viendra dans ta cage et te forceras à faire le pacte. Car pour toi, il n’a pas le choix, tu y es contrains, n’est-ce pas, après tout, la punition des dieux ? Un aspect métaphorique de ta peur. Ces créatures bipèdes, tu ne peux pas les supporter, la crainte t’envahis dès que tu en vois un.

Tu préfères largement admirer le ciel depuis la mince fenêtre de ta cellule, admirer les lueurs boréales au loin, au plus profond du noir. Même si tu ne peux pas les voir dans ce désert ardent, tu sais qu’elles sont là et tu rêve d’un jour pouvoir recommencer à en provoquer, en chantonnant sagement.

C’est dans la nuit que naissent les plus beaux paysages, tu le savais que trop bien. C’est dans la nuit qu’Ignis, ton père, te fis naître. Un magnifique équidé aux ramures translucides, tel un glacier, se dressait là, en haut des monts de glace des pôles désertiques. Tu n’avais qu’un seul et unique rôle, apaiser le cœur de tes frères et cousins, leur offrir le bonheur et l’émerveillement qu’une fois par journée : lorsque la nuit était tombée, tu faisais briller le ciel de miles couleurs, aidé d’autres demis dieux.

Chaque jour, tu t’efforçais de rendre ce ciel sombre de plus en plus colorer. Chaque nuit, tu offrais l’apaisement à tes confrères, et cela te suffisais pour remplir ton cœur. Mais ces lumières, tu ne les offrais pas qu’à tes frères et cousins, mais aussi aux nombreuses créatures qui commençaient à peupler l’étendu glacial où vous viviez en harmonie.

Ton père et ses confrères finirent par vous laisser tranquille, ils partirent et laissaient leurs enfants prendre leur indépendance dans cet immense monde qu’ils avaient créés pour vous. Tu étais ravi de pouvoir te débrouiller sans eux, mais aussi effrayé de devoir dorénavant tenir ton rôle sans leur soutien moral.

Les jours se répétais dans la même croissance, tu t’efforçais sans cesse de créer la plus belle aurore boréale qui puisse exister. Il n’y avait jamais rien de répétitif quand ton rôle se résumait à provoquer une lumière dont tu ne prévoyais jamais sa forme et sa puissance.

Bien qu’il s’agît de ta lumière, tu étais incapable de prévoir la teinte qu’elle aura, si sa puissance, tout dépendait de tes frères : il te fallait l’aide des fils d’Aer et des fils d’Aqua pour faire luire ta lumière, puis ceux de Terra pour ne pas la cacher derrière la terre ou la végétation. Tu étais la preuve même que toi et tes frères avaient besoin de cette harmonie pour coexister.

Le temps passa et tes frères semblaient de moins en moins s’émerveiller sur ce que tu faisais. Tu ne comprenais pas, tes couleurs ne leur plaisait plus ? Ils eurent la folle idée de créer quelque chose de nouveau. Tu ne comprenais pas vraiment ce que c’était mais cela t’intriguait. Bien évidemment, curieux que tu étais, tu t’en approchas pour comprendre ces nouvelles créatures qui venaient de naître : elles ressemblaient à des grands singes dénués de fourrures et qui semblaient indépendant.

Une telle création t’effrayas tant que tu repartis tout aussi vite dans les endroits gelés que sont les pôles, un endroit où cette créature étrange ne pourrait mettre les pieds sans mourir de froid. Tu ne comprenais pas qu’elle idée folle avaient eu tes collègues pour créer un être aussi effrayant : ils ne ressemblaient à rien d’autre, ils n’étaient pas la création de votre père et en plus de cela ils étaient étranges : comme s’ils étaient doués d’une intelligence largement supérieure aux autres créatures. Ce n’était pas normal.

Tu ne pensais pas que la catastrophe prendrait de telles ampleurs, tu fus l’une des premières victimes de cette chose horrible. Quand tu recroisais ces horribles créatures, elles avaient changé, bien trop changées. Ravageant tout sur leurs passages, elles réchauffaient les pôles par on ne sait qu’elle magie. Les glaciers fondirent et tu vus bien nombre des créatures les peuplant et de tes frères et cousins sombrer dans l’inconscience.

Ils détruisirent les pôles et par la même occasion ton rôle et ta magie. Tu ne pouvais plus faire luire la lumière le soir, l’harmonie était brisée et toi aussi avec. Les lumières de ton torse s’éteignirent et tu sombras dans un océan anormalement chaud et dévoreur.

Tu ne pensais plus avoir d’espoir, jusqu’à ce que ton père et ses frères reviennent, détruisant tout sur leurs passages. Quand tu rouvris tes yeux, ce fut une terre vide, désolée, que tu observais avec tes frères et cousins. Tu n’étais pas responsable de cette horrible chose, mais tu étais responsable d’avoir feint l’ignorance et de n’avoir rien tenté en voyant pour la première fois ces créatures horribles.

De ce crime odieux, tu fus puni par ton père et enfermé dans une cage. De cette petite fenêtre tu vis le monde extérieur se reconstruire, se repeupler, mais surtout les dieux recréer les monstres qui avaient déjà détruit le monde une fois. Tu ne comprenais pas pourquoi, après tout ils avaient déjà détruit le monde, alors pourquoi leur redonner vie ?

Tout doucement les nouvelles créatures des dieux s’installèrent, toi tu tournais en rond, pendant l’éternité, dans cette cage. Ce fut que très récemment qu’un humain posa ses pieds dans le temple où tu fus. Il en partit accompagné d’un autre de tes frères. Tu compris alors la vérité derrière la punition : ils étaient votre punition, la création des demi-dieux étaient devenus leurs bourreaux.

Roulé en boule dans ta cage, le cœur lacéré, tu ne savais pas comment prendre cette punition : elle te semblait si cruelle, ni inimaginable, toi qui avait peur, toi qui détestait cette créature qu’on nomme les humains.