Passage obligé

11/05/2017

❝ Passage obligé

- ft. Oblivion

J'étais face à ce grand portail forgé dont les souvenirs me revenaient petit à petit. Je l'avais traversé tellement de fois et pourtant là, à l'instant, j'avais qu'une seule envie, c'était de m'enfuir. Je regardais tour à tour la demeure, la cloche, le portail, frénétiquement. Je grognais et montrais les crocs, serrant et tendant mes doigts à plusieurs reprise, tout aussi nerveusement.

Je me maudissais d'en être arrivé là, à devoir quémander quelque chose qui m'appartenait. J'avais pas une tonne de souvenirs concernant la nuit dernière, surtout en ce qui concerne mes débuts à la taverne. Je me souvenais surtout de la fin de cette fameuse rencontre avec les fantômes de mon enfance. Je pestais et me détournais du portail, amorçant ma fuite avant de m'arrêter net. Puis je levais les yeux au ciel dans un bruyant soupir. Non, je ne pouvais pas laisser cette écharpe là bas. Enfin, si elle y était bien et surtout, si Oblivion était bien retranché là bas.

La demeure devant laquelle je confrontais mes démons, c'était celle des El-Galas, que j'avais mis un temps fou à resituer d'ailleurs. A ma sortie dans la matinée déjà bien avancée du fait de l'état de ma tête, j'avais bien mis deux bonnes heures pour retrouver le bâtiment. J'avais croisé tout un tas de regards plus énervants les uns que les autres. J'en ai insulté quelques uns évidemment, mais ma nervosité ne faisait qu'intensifier le tambour dans ma tête. J'ai finalement survécu à tout ça en me retrouvant donc face à ce fameux portail qui n'attendait que mon entrée. Pourquoi j'ai été assez bête pour laisser cette foutue écharpe, hein ?

Je pestais et grognais encore avant d'enfin me décider à empoigner fermement le battant de la cloche. J'ai bien mis quelques secondes avant de le secouer de manière un peu brutale, je dois bien l'admettre. Mais au moins, je doutais que personne ne l'ai entendu. Si il le fallait en tout cas, je n'hésiterais surement pas à me répéter autant de fois que nécessaire.

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01/09/2017

Oblivion était dans un monde parallèle doux et chaud. C’était agréable, très agréable. Elle ne se souvenait plus la dernière fois qu’elle avait été aussi bien, aussi confortablement emmitouflée… Mais cela importait peu, elle ne voulait juste plus sortir de ce monde si doux, si tendre. Aucun intérêt à sortir de sa léthargie pour affronter un monde froid, hostile, et douloureux. Ici on était bien. Très bien. Trop bien. Mais quelle importance…?

****

Dustin était de garde au grand portail ce jour-là. Il n’était jamais mécontent d’être de garde car souvent il n’était pas dérangé avant la fin de matinée, quand les premiers invités de Lady El’Galas pointaient le bout de leur nez. Les livraisons et les autres serviteurs passaient par l’autre côté de la maison, celui qui donnait sur la petite rue qui desservait toutes les autres propriétés du quartier.
Donc être au grand portail c’était plus reposant que d’être aux réceptions de colis ! Tant mieux, il n’avait qu’à s’installer confortablement dans sa petit guitoune et terminer sa nuit… Ca ne lui ferait pas de mal après les galipettes qu’ils avaient fait avec Camille ! Il pouffa aux souvenirs coquins de la veille puis baîlla, prêt à se rendormir.

Un violent son de cloche le fit sursauter, manquant même de peu de le faire tomber de sa chaise les quatre fers en l’air et il cligna des yeux, ahuri un instant, avant de remettre un peu d’ordre dans sa livrée et de sortir voir au portail.
Là se tenait une femme, seule, l’air revêche et la tenue des plus… Modeste. Gardant un instant le silence, encore ahuri, Dustin finit par se redresser, guindé au possible, avant de prendre la parole d’un air poli mais hautain, puisque l’autre ne semblait pas vouloir exposer l’objet de sa venue :

“Je pense que l’on vous a mal renseignée… Mademoiselle… Mais les livraisons ou les réclamations pour paiement se font de l’autre côté, dans la petite rue. Ici c’est l’entrée des… Invités.”

Sous-titré : “dont vous ne faites visiblement pas partie.”, mais la bienséance voulait que l’on ne dise pas ce genre de choses, au contraire. Par contre, cela impliquait que les gens comprennent rapidement dans l’attitude de leur vis-à-vis qu’ils n’étaient pas à leur place, comme c’était ici le cas de cette… Personne.

Dans l’esprit du valet, il était évident que la jeune femme à l’allure guerrière allait vite comprendre son erreur et partir sans faire d’histoires, car il était impossible, parfaitement impossible, qu’elle soit là en tant qu’invitée des El’Galas. Même la jeune demoiselle revenait de mission dans un état plus acceptable que celui de l’inconnue. Encore qu’hier soir elle était dans un sale état…
Mais bon. Là n’était pas la question.

****

Dans sa chambre, Oblivion avait fini par ouvrir les yeux, fixant longuement le plafond en attendant de sentir venir la douleur dans ses côtes. Quand celle-ci afflua, elle serra les dents, luttant contre, agrippant fermement l’échappe rouge qu’elle avait trouvé à ses côtés à son réveil, comme si c’était un talisman. Elle ne se souvenait plus d’où elle l’avait eu mais elle ignorait pourquoi, il lui semblait plus facile de lutter quand elle serrait le morceau de tissu entre ses doigts. Il n’était pourtant pas de la meilleure qualité ou de la première fraîcheur, mais cela n’avait aucune importance à l’instant présent.

Elle finit par lâcher un gémissement qui alerta la servante qui la veillait. Celle-ci se leva d’un bond et tenta de lui donner du lait de pavot, ou du moins une décoction qui y ressemblait mais la jeune femme tourna la tête.

“Non. Je veux garder la tête claire. Quand est-ce que le médecin doit passer ?
- Bientôt mademoiselle, en fin de matinée si j’en crois vos parents. D’ici là..
- Je sais. Je ne dois pas bouger.”

La jeune femme était assez éveillée à présent pour se souvenir de brides de la veille, surtout en début de soirée, mais impossible en revanche de savoir ce qu’il s’était passé peu après leur sortie dans la ruelle. C’était le trou noir. Elle espérait que Simon ou, de façon plus folle, Lagertha, viendraient lui rendre visite pour lui faire un résumé des évènements car elle détestait l’idée d’avoir oublié une partie de la soirée. Elle avait l’impression d’être vulnérable.
Ses parents, très pris comme d’habitude, n’avaient pas eu le temps de s'appesantir sur la manière dont elle était arrivée chez eux avant de partir vaquer à leurs occupations de riches dignitaires et commerçants, non sans s’excuser auprès de leur progéniture esseulée.

Soupirant, Oblivion tourna la tête lentement vers la fenêtre, laissant son regard dériver sur le dehors.

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11/05/2017

❝ Passage obligé

- ft. Oblivion

Qu'est-ce que j'avais bien pu espérer en me pointant comme ça, plantée devant ce foutu portail, avec ma dégaine qui revenait à personne ici ? Ah, comme le Nord me manque. J'aurais pas cru penser ça un jour, enfin pas aussi intensément en tout cas. Quoi qu'il en soit, je lui revenais vraiment pas à celui-là mais qu'il ne s'inquiète pas, c'était clairement réciproque.

Je grimaçais face à son air hautain et je levais un sourcil en le regardant de bas en haut. Il n'était personne, ou plutôt il était un obstacle entre mon écharpe et moi et ça avait le don de me porter sur les nerfs. Néanmoins, j'avais tout intérêt à garder mon calme si je voulais qu'il coopère un maximum. Dans la limite du raisonnable évidemment. Je retroussais le nez et fronçais les sourcils avant de répondre sur un ton plutôt neutre, que j'avais obtenu après m'être raclé la gorge.

❝ Je suis pas là pour ça. Il faut juste que je vois Oblivion. ❞

Un peu léger pour me laisser entre sans autre explication. Il fallait certainement que je lui raconte un minimum, de toute façon j'étais malheureusement pas le genre de personne à déballer les moindres détails de ses intentions, aussi minimes soient-elles. Je continuais à le fixer, de l'autre côté du portail alors que mon visage se fermait un peu plus.

❝ Elle a quelque chose qui m'appartient. ❞

Il n'allait certainement pas coopérer si facilement et rien que penser à cette perspective me rendait encore un peu plus nerveuse. Je soupirais, mes sourcils se fronçaient et je tenais difficilement en place.

❝ Est-ce qu'elle est là au moins ? ❞

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01/09/2017

Dustin était ahuri. Non il était choqué, abasourdi, foudroyé sur place. Il venait bien d’entendre ? Cette manante avait appeler l’enfant unique de ses maîtres par son prénom ? Inconcevable, incroyable, inadmissible… Même eux, qui pourtant travaillaient pour les El’Galas depuis un certain temps, n’auraient jamais oser se permettre de telles familiarités ! Et pourtant ils étaient certainement mieux placés pour ça que cette… Femme !

Remonté comme un paon pendant sa parade nuptiale, le valet s’apprêtait à répondre vertement à l’opportune quand Camille vint justement lui toucher l’épaule légèrement en souriant. Se calmant instantanément, il lui sourit avant de se retourner pour commencer à répondre à la jeune femme d’allure pauvre en face de lui quand son amante de la veille lui souffla quelques mots.

“Mademoiselle Oblivion souhaite qu’on laisse entrer quiconque la demandera. Elle s’attend à avoir de la visite.”

Coupé dans son élan, Dustin cligna des yeux un instant, puisqu’être abasourdi semblait être son passe-temps favori, et finit par répondre de mauvaise grâce à l’inconnue en lui ouvrant le portail sans manières.

“Oui elle est là. Entrez je vous prie. Camille va vour montrer le chemin”

Et il fit comprendre d’un haussement de sourcils à la femme de chambre que l’invitée était justement dans le cas décrit. Sans doute plus maligne, la brunette aux tâches de rousseur se fendit d’un sourire et d’une révérence envers la blonde et lui fit signe gracieusement de la suivre. Elle se mit en route en trottinant de cette manière unique qu’a le personnel de maison de se déplacer.

***

>Oblivion essayait vainement de se concentrer sur le livre qu’elle souhaitait lire mais c’était sans cesse la même ligne qui revenait et elle finit par fermer l’ouvrage d’un geste agacé en soupirant, faisant sursauter sa gardienne. Sans un mot, la jeune femme tourna de nouveau les yeux vers la fenêtre, regardant le dehors.

Wazzi n’était pas venue. Pas encore peut-être. En même temps, Oblivion ne voulait pas la forcer à quoi que ce soit si bien qu’elle n’avait pas requit sa présence. Elle avait l’habitude de ne forcer personne, d’être discrète. Elle espérait que Lagertha et/ou Simon passeraient. Mais là encore, elle ne pouvait que le souhaiter. Et ce fichu docteur qui ne voulait pas aller plus vite ! Que le diagnostic soit établi et qu’elle puisse enfin bouger, nom d’un Diamentis ! Elle avait vraiment horreur de rester statique.

Quand on toqua à la porte, elle pria les Quatre que ce ne soit pas encore sa mère ou un quelconque serviteur qui vienne s’enquérir de ce dont elle avait besoin. Elle se sentait capable d’envoyer paitre qui que ce soit. EN voyant Camille, l’une des femmes de chambre, elle explosa et lança sur un ton irrité :

“Non je ne veux rien ! Ca suffit maintenant, qu’on me laisse tranquille !”

Un instant interloquée, la jeune femme brune hésita avant de s’effacer pour laisser passer Lagertha. Soudain figée, Oblivion finit par retomber sur ses oreillers, en demandant d’un ton de nouveau maîtrisé :

“Je voudrais être seule avec mon invitée, merci.”

Sa gardienne finit par sortir après un long regard appuyé qui signifiait clairement “pas de bêtises”, et la Garde Dorée finit par lâcher un soupir exaspéré avant de poser son regard azur sur l’autre blonde de la pièce. Avant même que celle-ci n’ouvre la bouche, il lui tendit l’écharpe rouge avec un petit sourire contrit.

“Je savais que tu viendrais la récupérer. Tu avais l’air d’y tenir… Je crois. Tiens.”

Elle ne comptait pas faire de difficultés, ni extorquer plus d’informations à Lagertha. Peut-être lui poserait-elle une seule question… En temps voulu.

Dernière édition par Oblivion El'Galas le Lun 26 Fév 2018, 04:22, édité 2 fois

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11/05/2017

❝ Passage obligé

- ft. Oblivion

Comme n'importe qui pouvait le prévoir, la situation avait l'air d'être sur le point de dégénérer. J'observais ce petit garde commencer à bomber le torse, prêt à aboyer comme le "chien-chien" qu'il était. Ça n'allait évidemment pas m'impressionner, au pire me faire rire mais dans l'instant, j'avais préféré le regarder avec froideur jusqu'à ce qu'un demoiselle brune nous rejoigne, visiblement avec une influence puissance sur le chien de garde.

J'étais silencieuse jusqu'à ce que ça ne tourne en ma faveur, le portail s'ouvrant devant moi. La brune me fit une révérence à laquelle je ne répondit que par un mutisme puis je la suivis. Dépassant le chien de garde, je lui lançais un regard en coin plein de dédain avant de continuer, déterminée.

Devant moi s'élevait un bâtisse que j'avais connu il y a longtemps et je l'observais comme un mirage. Je me perdais à observer le jardin où des scènes de mon enfance se jouaient devant mes yeux. Je ne voyais, malgré moi, Oblivion et moi jouer sur cette pelouse. Ces souvenirs qui remontaient à la surface commençait à me bouffer les nerfs et d'un geste brusque de la tête, je me détournais de cette scène que je ne voulais plus me remémorer. Je n'avais ni le temps ni l'envie pour ça. J'avais aujourd'hui l'esprit clair et je ne me laisserais plus avoir par des ressentiments inutiles.

Je me contentais donc de suivre la jeune brune. Elle s'arrêta devant une porte pour ensuite l'ouvrir avant de se faire méchamment rabrouer par la voix que je pouvais à présent reconnaître. Elle se recula ensuite pour me laisser passer, chose que je fis après avoir pris une profonde respiration. J'étais à présent dans sa chambre, l'air sévère et froid. Silencieuse surtout. Tous quittèrent la pièce à sa demande et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle me présentait l'écharpe pour laquelle j'étais venu.

Est-ce que ça allait vraiment être aussi simple ? Je plissais les yeux en la voyant agir si docilement, mais je n'allait pas chercher la petite bête pour rien. Si c'était si facile, tant mieux, je pourrais quitter cette pièce le plus vite possible. En m'avançant vers elle, toujours muette, j'écoutais le peux qu'elle avait à me dire et une fois suffisamment proche, je lâchais un simple :

❝ C'est ça. ❞

Avant d'avancer ma main pour récupérer l'écharpe de ma mère. Je n'avais pas regardé Oblivion et ça, tout du long. Du moins pas vraiment, je la regardais comme on regarde un fantôme, au travers, sans profondeur. Une fois l'écharpe dans ma main, je l'enserrais nerveusement, pour toute la frustration que son absence avait provoqué cette nuit. Puis je me détournais, sans un mot, ni un regard, me dirigeant vers la porte. Je ne voulais pas rester plus longtemps. Aucune d'entre nous n'avait d'intérêt à fréquenter l'autre alors ça vaudrait mieux que je disparaisse tout simplement. Sans qu'elle ne le sache, c'était là une sorte de cadeau que je lui faisais. Elle m'en voudrait surement, mais j'avais d'autres choses en tête pour m'en préoccuper.

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01/09/2017

Comme à son habitude, Lagertha avait le visage fermé. Si Oblivion avait espéré que leur discussion de la veille s’était bien terminée, elle n’en était plus si certaine désormais. Elle n’avait pas encore tout récupéré et elle était incapable de se souvenir si elles avaient réussi à repartir sur de bonnes bases après le début loupé de soirée, dont, en revanche, elle se souvenait parfaitement. La situation était pénible et la Garde Dorée avait l’impression de marcher sur des oeufs.

Son coeur se serra tandis que l’autre blonde plissait les yeux, sans doute pour tenter de déterminer où était l’entourloupe dans le simple fait de rendre le morceau de tissu rouge. Oblivion était triste de constater qu’a priori elle n’avait pas réussi à inverser la vapeur et à faire en sorte qu’elles se laissent de nouveau une chance.
La combattante n’avait que peu d’amis sur qui elle savait pouvoir compter. Il y avait Karl et Maxis, bien sûr, pour le combat, et Simon qui avait su montrer son acharnement à vouloir l’avoir à ses côtés. Ses débuts avec Wazzi avait été plutôt bons même si elle était depuis emmurée dans le silence… Et c’était tout.
Elle aurait voulu savoir si les Quatre avaient mis Lagertha de nouveau sur sa route pour qu’elles redeviennent amies ou si c’était juste pour qu’elle fasse définitivement son deuil de Sybille. Pour le moment, tout semblait indiquer que la deuxième solution était la plus envisageable.

Oblivion remarqua par ailleurs qu’elle évitait soigneusement son regard et elle détourna le sien, un peu déçue, ne faisant aucune difficulté pour lui rendre la précieuse écharpe. Elle murmura toutefois, pour se justifier de lui rendre un peu froissée :

“Je… Je ne l’ai pas faite laver… Je ne voulais pas l'abîmer. Je m’excuse donc si d’aventure elle est un peu froissée ou… Sale.”

Tandis que l’autre blonde tournait les talons pour gagner la porte, Oblivion hésita. Devait-elle poser sa question maintenant ou la laisser partir ? Pourquoi donc s’accrochait-elle donc comme ça ? Qu’est-ce que cela avait-il de si important qu’elles restent amies ou pas ? Elles avaient toutes les deux choisi un chemin à l’évidence bien différent… Peut-être était-il mieux qu’elles ne se revoient pas…?
Malgré tout, la Garde Dorée l'interpella d’un ton oscillant entre la dureté et l’hésitation.

“Attends ! Est-ce que… Est-ce qu’on se reverra ?”

Elle refusait de s’autoriser à espérer et pourtant. Pourtant il y avait là, tout au fond de son coeur, dans un endroit bien caché, une toute petite lueur qui brillait encore.
Même si elles avaient toutes les deux changé, pour Oblivion, Lagertha était la liberté qu’elle rêvait d’avoir, le lien vers des souvenirs ou sa vie était encore un peu heureuse et insouciante. Même si elle n’était plus Sybille, il y avait trop de choses qu’elle ne pouvait pas effacer et qui faisaient qu’elle restait spéciale à ses yeux.

Avant de trop en dire, elle conclut simplement en disant sur un ton qui se voulait neutre sans l’être vraiment :

“Je veux dire… Est-ce que tu penses que nos routes se recroiseront ?”

Elle retint de justesse le reste de la phrase qui consistait à avouer qu’elle l’espérait et se contenta de regarder par la fenêtre, sans vraiment voir l’extérieur, toute son attention tournée vers l’autre blonde de la pièce.

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11/05/2017

❝ Passage obligé

- ft. Oblivion

Et ce qui devait arriver va. C'est au moment où elle lâcha sa question que je me rendais compte à quel point je redoutais un truc pareil. Ça m'avait stoppé net dans ma fuite et je me voyais à présent figé devant cette porte que je voulais pourtant franchir à tout prix. Pour décanter mes apaiser je levais les yeux et le visage vers le plafond dans une profonde inspiration par le nez. Ma langue se mit à nerveusement passer derrière mes dents, entrouvrant mes lèvres et laissant s'échapper une soupir bruyant, laissant retomber mes yeux vers la porte. Sans me retourner mais en tournant sensiblement mon visage pour qu'elle entende, comme il le fallait, mes paroles, je lui répondais d'une voix tout à fait neutre. Ni hargne, ni amertume, ni tristesse.

❝ Vaudrait mieux pas. ❞

C'était quelque chose en quoi je croyais vraiment. Il ne fallait pas que nos chemins se recroisent ou, encore pire, qu'on partage la même route. Elle était une Garde Dorée, j'étais une sauvage du Nord. Le sujet aurait dû se clore la dessus. Je ne savais même pas si elle s'en doutais, mais si elle le savait, rien ne devrait l'empêcher de me jeter en pâture au Prince. Moi de mon côté j'avais la certitude que je ne lui devais rien et que je pouvais quitter cette pièce sans demander mon reste, mais je n'y arrivais pas et je ne savais pas pourquoi.

Je n'avais pas besoin d'elle dans ma vie actuelle, je n'en avais même pas vraiment envie. Ca me poserait certainement plus de problème qu'autre chose de toute façon. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de continuer à la voir comme la petite fille blonde qui m'avait accueillis et ouvert les bras, un jour où j'en avais besoin. Je ne me sentais pas redevable pour autant mais maintenant que son souvenir avait ressurgit, je n'arrivais pas à la fuir aussi facilement que j'aurais cru.

Je commençais à nouer l'écharpe autour de mon cou, qui portait maintenant son odeur. Je ne me retournais pas et lui expliquais sur un ton résigné, avec mes mots, alors que je ne le voulais pas. Mais c'était plus fort que moi.

❝ Les choses ont changées Oblivion. Et je crois aussi peu en les Dieux qu'à une relation sereine avec toi. On est plus des enfants. La vie nous a trop séparée pour qu'on puisse revenir en arrière. ❞

Ça aurait été tellement simple de lui dire « Hey ! Je suis ton ennemie » pour clore le débat et fuir à toute vitesse mais ça aurait été imprudent et vraiment très con. Pourtant ma dernière phrase était sincère, peut-être dure à entendre mais tout aussi vraie. Elle ne m'avait pourtant rien demandé de ce genre, mais je pensais pouvoir lui faire comprendre avec ces mots. Je ne pouvais pourtant pas m'empêcher de ressentir quelque chose pour elle, que je n'arrivais pas à identifier. Mais c'était suffisamment présent pour me faire rester encore quelque instant, en fixant sans relâche cette foutue porte.

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01/09/2017

La réponse, Oblivion s’en doutait un peu. L’air fermé qu’avait eu Lagertha tout le long était assez évocateur. La jeune femme était déçue mais n’en souffrit pas autant qu’elle s’y attendait. Ce qui rejoignait les paroles de l’autre blonde. Effectivement, peut-être s’étaient-elles trop éloignées… Elles étaient vraiment des étrangères l’une pour l’autre maintenant…

Elle avait eu le temps de réfléchir à ce dont elle se souvenait et en était arrivée à la conclusion que la nouvelle vie de l’ancienne Sybille était rude, difficile et loin de la capitale. Ses vêtements robustes le démontraient, ils étaient fait pour la survie en toutes circonstances, des conditions difficiles… Ils étaient usés et avaient déjà bien vécus. Elle aussi était une combattante. Pour quoi, pour qui ? Cela n’avait pas vraiment d’importance après tout.

Le soupir que lâcha la Garde Dorée rappela celui que l’autre jeune femme avait lâché un peu plus tôt, lourd, indécis, violent. Depuis quelques temps elle avait l’impression de ne plus vraiment avoir de prise sur sa vie. L’instant même, où elle essayait de retenir une connaissance qui ne le souhaitait visiblement pas plus que ça en était la preuve. Elle naviguait à contre-courant, incertaine, hésitante. Si éloignée des rives bien connues de l’avenir tout tracé et de la rigueur martiale.

Elle finit toutefois par répondre d’une voix maitrisée qui laissait malgré tout passer une pointe de colère.

“Mais si moi j’ai pas envie de laisser tomber ? J’veux dire, est-ce que tu es du genre à suivre un chemin tout tracé ? Personnellement c’est pas mon cas et je refuse de laisser quelqu’un ou quelque chose décider de mes fréquentations.”

Serrant les poings sur sa couverture, Oblivion reporta son regard azur sur Lagertha, toujours de dos. Elle avait l’impression qu’elle la mettait dans une case sans même chercher à en savoir plus… Et ces maudits souvenirs qui lui manquaient ! Elle se rappelait bien en revanche, elle, d’avoir ignoblement jugé l’autre blonde au début mais elle se connaissait, il était impossible qu’elle en soit restée là… Sauf si elle s’était évanouie avant.

Elle poursuivit, décidée, tétue :

“Je suis désolée de t’avoir jugé hier soir… C’était pas correct de ma part et… Bon désolée. Mais j’ai l’impression que toi aussi, tu m’as mise dans une case sans chercher à en savoir plus.”

Elle ne l’accusait pas spécialement mais lui faisait juste remarquer qu’à se coller mutuellement des étiquettes, elles n’arriveraient à rien. Elle-même ne savait toujours pas pourquoi elle tentait de convaincre Lagertha de changer d’avis sur la possibilité qu’elles se recroisent.
Oblivion n’avait pas forcément demandé à ce qu’elles se revoient mais simplement à ce qu’elles ne s’ignorent la prochaine fois que leurs routes se rejoindraient. Ca pouvait arriver rapidement comme jamais. Ce n’était pas un très gros engagement.

Mais elle ne voulait pas non plus la forcer outre mesure et conclut d’un ton quelque peu résigné.

“Enfin si tu préfères ne plus entendre parler de moi pour te sentir plus en sécurité, libre à toi. Je ne comptes pas te forcer la main. C’est pas mon genre.”

Toutefois elle avait voulu lui souligner que si elle continuait sur cette voie, elle serait la seule à prendre la fuite et que la seule qui se mettrait en sécurité serait elle, Lagertha. Oblivion ne craignait pas grand chose. Et puis si elle avait vraiment des ennuis, elle avait assez confiance en ses capacités pour voir le coup venir et fuir. Et de toute façon pour l’instant, elle était bien loin de ce genre de préoccupations.

Tournant à nouveau les yeux vers l’extérieur, elle attendit que l’autre jeune femme se décide.

▼ Succès ▼▲ Succès ▲

11/05/2017

❝ Passage obligé

- ft. Oblivion

Est-ce que j'étais du genre à suivre un chemin tout tracé ? Moi ?! A ces mots, j'écarquillais les yeux avant de froncer avec lourdeur les sourcils. Puis je me retournais vivement vers elle, tout crocs dehors. Elle se fichait de moi, c'est ça ? C'était certainement pas en suivant un chemin tout tracé que j'en étais arrivé là. Non, si j'avais effectivement suivis la voie qui devait se tracé devant moi, j'aurais probablement fini comme elle. Et là, il n'y aurait pas eu de problème nous concernant. On aurait même certainement eu une très belle relation, mais c'était pas le cas. Et elle ne le comprenait pas. Elle ne comprenait pas qu'il ne fallait pas qu'on se recroise. Elle ne comprenait pas que moi aussi la situation m'énervait, plus que ce que je voulais. Elle ne comprenait pas ? J'allais lui faire comprendre.

Je sentais mes doigts se crisper, car en plus de ça, elle continuais à m'en renvoyer une. En s'excusant avant, mais en finissant sur un reproche. J'avais horreur de ça. Les reproches dissimulés dans des excuses qui sonnaient faux. J'avais trouvé la solution à tout ça moi, je ne remerciais personne et je ne m'excusais jamais. Et je ne m'attendais pas à ce que les autres fassent différemment, car je me fichais qu'on me remercie on qu'on s'excuse. Ce ne sont que des mots. Et j'avais horreur des mots.

Mes babines ne cessaient de se retrousser et de dévoiler mes canines. Mon regard se faisait de plus en plus nerveux, mes poings se serraient. Mais pourquoi fallait-il que réagisse autant à elle ? Ça me rendait la tâche si compliqué. Mais elle me faisait penser à une enfant qui essaye tous les stratagèmes pour avoir sa friandise. S'excuser. Accuser. Faire culpabiliser. Et tout ça en quelques phrases. C'était infecte à entendre. Et jusqu'à présent, j'avais la mâchoire tellement serrée que je n'avais eu d'autre choix que de la laisser déballer son sac.

J'avais évité son regard jusqu'à présent, mais là, elle pourrait apprécier comme elle le voulait mes yeux sombres, pleins de nervosité, se poser sur elle.

❝ Tu comprends pas, hein ? Je ne veux pas qu'on se recroise parce qu'aucune de nous n'a d'intérêt à revoir l'autre. ❞

Je commençais à parler avec mes mains. Elles étaient agitées et mes mouvements étaient nerveux et brusque. Je frappais ma poitrine avec ma main, pour me désigner.

❝ Tu crois que je suis qui ? Un genre de combattante de pacotille, dorlotée par la Capital et ses Gardes ? Je n'ai aucun compte à rendre, et à personne ! ❞

Là je la désignais du doigts. Mes dents et ma mâchoire des plus serrées par l'énervement, rendaient mes lèvres grimaçantes à chaque propos sortit.

❝ Et encore moins à une Garde Dorée à la solde de ce Prince de merde. ❞

En voyant mon doigts ainsi pointé sur elle, comme si j'avais voulu utiliser ma lame pour la transpercer, je me ravisais et ramenais vivement mon bras vers moi. Pourtant j'étais resté tendu et nerveuse, avant de me détourner d'elle pour fixer le mur. J'étais haineuse et je commençais à comprendre pourquoi. Je lui en voulais. Pas d'être réapparu dans ma vie, pas de vouloir me revoir. Je lui en voulais d'être une Garde Dorée. Parce qu'à cause de ça, je ne pouvais pas l'atteindre. Je ravalais ma salive, le temps de redescendre un peu mais ma voix restait irritée et ferme, regardant le mur face à moi.

❝ Tu as raison. Je serais plus en sécurité si je ne croisais plus jamais. ❞

C'était la vérité. Je ne savais pas de quoi elle était capable à mon encontre. Et pourtant, j'étais toujours là. Ça, ce n'était pas sécuritaire et c'était complètement contradictoire avec mon propos. Mais j'étais toujours là. A repousser le moment où je devrais me décider à quitter cette pièce. Définitivement.

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01/09/2017

Elle l’avait provoqué, il fallait bien admettre qu’elle avait bien cherché les mots durs que Lagertha lui renvoya, mais cela ne les rendait pas plus faciles à digérer. Un instant interloquée par le ton, le violence et le contenu des propos, Oblivion ne pipa mot, la laissant finir. Un long silence s’éternisa tandis que la Garde Dorée imprimait les mots en rouge dans son cerveau, le visage pâle et le regard brillant de frustration. Et elle répondit sur le même ton hargneux que son vis-à-vis.

“Je savais pas qu’il fallait absolument avoir un intérêt pour revoir les gens qui nous intriguent ou qu’on apprécie.”

Soudainement, elle éprouvait le besoin de marcher pour évacuer le trop plein d’incompréhension. Elle ne se comprenait pas, elle ne la comprenait pas mais pourtant elle n’était pas décidée à la laisser partir comme ça, comme une inconnue, comme si rien de tout ce qu’elles avaient vécu n'existait plus. Simon lui avait dit que Lagertha était restée pour s’assurer qu’elle n’aille pas trop mal tandis qu’il partait chercher de l’aide, pourtant rien ne l’y obligeait n’est-ce pas ? Alors si elle ne voulait plus la revoir, il aurait suffit qu’elle parte sans l’aider, sans laisser son écharpe et être obligée de revenir non ?

“Je sais que tu n’es pas n’importe qui. J’ai eu le temps de réfléchir longuement à tout ça, à tout ce que tu m’as dit. Je ne sais pas tout. Mais tu n’es une combattante de pacotille, je ne l’ai jamais pensé !”

Elle lâcha un juron étouffé quand l’autre fit référence à son choix de vie, temporaire, illusoire, faible tentative pour échapper à sa vie, et elle se prit en pleine tête le reproche, accusant de nouveau le coup avant de lâcher un autre juron plus audible celui-là. Elle lança à l’autre blonde un regard glacial avant de répondre sur un ton beaucoup trop calme.

“Je vois. Si c’est à ça que se résume ma personne, je comprends que tu ne veuilles pas me revoir... Tu peux partir. La fanatique du Prince que je suis s’en voudrait de t’obliger à la fréquenter.”

Oblivion était blessée plus qu’elle ne l’eut cru par cette vision si étriquée qu’elle avait d’elle. Elle n’avait jamais rejoint la Garde pour obéir aux ordre du Prince, même si c’était indirectement le cas, mais plus pour se sentir utile à quelque chose, se savoir capable de se créer un nom toute seule, pour voir du pays aussi… Les préoccupations politiques étaient tellement éloignées de ses propres problèmes…
Mais cela n’avait plus aucune importance et elle ne jugeait pas utile de rétablir la vérité, trop écorchée qu’elle était. Lagertha l’avait mise dans une case et elle n’avait pas l’air décidée à changer d’avis alors autant laisser couler.

De toute façon, cette discussion était déplaisante et elle ne menait à rien, autant en finir.

▼ Succès ▼▲ Succès ▲

11/05/2017

❝ Passage obligé

- ft. Oblivion

Vraiment, son comportement commençait me sortir par les yeux. Même si j'étais pas un exemple dans la situation, c'est façon omniprésente qu'elle avait de se poser en victime, comme une enfant. J'ai faillis avoir une réaction encore plus pitoyable que son attaque, à savoir répéter ses derniers mots en les bafouillant avec une voix volontairement moqueuse. Ça aurait été tellement pathétique. Au lieu de ça, je restais égal à moi même et rétorquais à nouveau, d'une voix sèche et dur, après avoir tourné vivement mon visage vers elle.

❝ Mais arrête avec ton misérabilisme ! ❞

Tiens, ça faisait longtemps que je l'avais pas sortis celui là. Faut dire que les mots avec un peu de complexité, c'était pas tellement monnaie courante dans le Nord. Ca ne nous rendait pas moins intelligent au contraire, juste moins péteux. J'avais l'impression certainement inexacte que la Capital commençait à déteindre sur moi. Et c'était pas bon, pas bon du tout. Car ça me faisait aussi sentir que l'endroit lui même dans lequel je me trouvais m'étouffait de plus en plus.

Je n'avais bien sur pas loupé son « autorisation » à partir et je me sentais tout à coup plus légère, comme si j'attendais que ça alors pour m'extirper. J'en avais évidemment pas besoin, mais si les mots m'invitant à partir venait d'elle, ça me semblait moins insurmontable. Alors en me détournant d'elle, je me dirigeais à nouveau vers la sortie et attrapa la poignée de la porte, que je ne tourna pas tout de suite, à mon plus grand agacement. J'aurais dû sauter sur l'occasion mais puisque j'étais à deux doigts de pouvoir enfin m'éloigner d'elle, j'avais l'envie inexplicable d'essayer de lui faire comprendre une dernière fois. A lui dire.

J'étais alors à nouveau là, immobile devant cette porte, à fixer ma main sur le poignée. Et sans me retourner, j'annonçais enfin, ce que peut-être je ressentais vraiment. Sur une voix neutre.

❝ Je suis ton ennemie, Oblivion. ❞

Cette fameuse phrase que je voulais sortir bien plus tôt était sortie. Mais ça ne suffirait pas et ça ne me suffisait pas.

❝ Je suis aussi une ennemie du Prince, à qui je voudrais arracher la tête et la planter au bout d'une pique. ❞

Elle pourrait sentir la rage dans mes mots, par leur puissance et par la douleur qu'il dévoilait. C'était à cause de lui, à cause de son oppression sur les miens que je l'avais perdue. J'en étais persuadé. Les Sangtis n'aurait pas pu nous attaquer sans renseignement de la part de ses chiens. C'était évident. Mais ça, je le règlerais plus tard. La douleur que me provoquait cette pensée me fit serrer la poignet si fort que j'aurais cru pouvoir l'arracher.

Je relevais le visage après une profonde inspiration, fixant la porte devant moi.

❝ Ton rôle voudrait que tu me jette immédiatement en pâture au pied de cette merde. C'est pour ça que... ❞

Continuais-je en me retournant vers elle, ne lâchant pas la poignée. Un court silence arrêta mes mots, car une fois face à elle, ça n'était plus aussi simple. J'avais le regard à la fois noir et profondément peiné. Je gardais la même nervosité, les mêmes sourcils froncés, les mêmes mâchoires serrées et la même voix ferme et froide.

❝ C'est pour ça que je m'interdis de vouloir te revoir. ❞

Est-ce qu'elle allait enfin comprendre ? Comprendre que la situation actuelle ne me le permettait pas. Je ne la connaissais plus suffisamment pour me dire que, non, elle ne me trahirais pas. Et j'avais le devoir de me protéger d'un tel risque. Bien qu'une fois encore, j'avais un pas de trop vers elle et celui là, je ne pourrais pas l'effacer. Alors je finissais, un peu plus résigné, à peine perceptible.

❝ Alors laisse moi partir sans me faire passer pour la méchante. ❞

(c) Kuroko's basket RPG

01/09/2017

Secouant la tête, Oblivion ne put s’empêcher de lâcher un nouveau juron quand elle lui reprocha de passer pour une victime. Elle n’avait pas eu l’intention de donner cette image, simplement qu’elle était déçue. Mais elle ne s’y prenait sans doute pas de la bonne façon pour exprimer ses sentiments, elle avait toujours eu du mal dans la mesure où on lui demandait rarement de s’exprimer à ce propos.
Haussant les épaules, elle se contenta de garder le silence , bien décidée à ne pas se lancer plus avant sur cette voie.

La suite en revanche lui fit froncer les sourcils. Elles étaient ennemies ? Ah bon, très bien. L’envie de vouloir le Prince mort ne fit ni chaud ni froid à la Garde Dorée qui n’avait pas grand chose à dire là-dessus. Elle n’avait aucune admiration pour ce dirigeant qu’elle que rarement vu et qui ne lui inspirait pas de grands sentiments patriotiques et ne lui vouait pas une admiration sincère, ayant toujours eu un esprit plutôt critique envers les têtes pensantes.
Lagertha voulait mettre sa tête sur une pique ? Elle devait avoir ses raisons. D’ici à ce qu’elle y parvienne, rien n’était moins sûr. Mais elle avait raison. Le simple fait d’en avoir eu l’idée l’obligeait presque, elle, à devoir l’arrêter sur le champs.
Grimaçant à l’idée, Oblivion se renfonça contre ses coussins, un instant songeuse avant que le phrase suivante ne lui arrache un sourire amer.

Alors c’était donc ça. Simplement. Elles n’étaient pas dans le même camp et cela faisait d’elles des ennemies par définition. Encore des cases étriquées, encore des règles, encore des limites. Mais la nordique avait une fois de plus raison. Elles ne pouvaient pas se permettre de se faire confiance. Elles ne se connaissaient plus désormais, qui disait que l’une ne trahirait pas l’autre sans remords ? Impossible dans les conditions actuelles.
Soupirant lourdement, la jeune femme s’apprêtait à faire le deuil d’une amitié qui n’avait même pas commencé. D’un ton résigné, elle finit par murmurer :

“Les Quatre ont décidément un humour de merde…”

Elle opina la tête pour elle-même avec un sourire crispé avant de poursuivre.

“Je t’en veux d’avoir tellement raison.”

Il ne lui restait pas grand chose à rajouter, à part lui dire adieu et lui souhaiter de réussir ce qu’elle entreprendrait, quoi que ce fut. Un long moment s’écoula durant lequel elle ne dit rien, les mots refusant de passer la barrière de ses lèvres puis finalement dans un soupir de capitulation.

“Allez, vas t’en avoir d’avoir des ennuis. J’espère que je te recroiserais pas… S’il doit en être ainsi. Prends soin de toi Lagertha.”

La fin de la phrase avait dite d’un ton étouffé, les mains crispées sur la couverture, le dos raide dans une vaine tentative pour rester digne et ne pas laisser paraître de la déception qui l’animait à l’instant présent. Son regard se posa sur le dos de son amie, comme si elle l’abandonnait pour la seconde fois puis elle secoua la tête, bien consciente que cette idée était idiote.

Ce ne devrait pas si difficile de mettre sous cadenas ces sentiments dérangeants. Après tout, il n’y avait pas grand chose à regretter n’est-ce pas ?
Alors pourquoi elle luttait si fort contre des larmes ?

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11/05/2017

❝ Passage obligé

- ft. Oblivion

J'avais enfin obtenu gain de cause, en tout cas c'est ce qui me semblait. Elle avait l'air de comprendre, d'accepter et de me donner raison. Alors pourquoi je ne me sentais pas plus légère ? Je plissais d'abord les paupières en l'écoutant, pour en suite baisser les yeux et regarder dans le vide, avec un air complètement absent. C'était pourtant ce que j'avais cherché depuis que j'avais passé cette porte. Lui faire enfin comprendre que nos chemins étaient trop différent pour accepter qu'il ne se recroise. Je pouvais enfin partir facilement mais je ne me sentais pas bien. Pas libéré d'un poids comme je l'avais prévu, bien au contraire, je me sentais anormalement lourde. Mes épaules s'étaient elle même affaissées, accablées par le verdict enfin tombé.

Ma poitrine se soulevait, sans une respiration profonde et, cette fois-ci, silencieuse. Aucun soupir bruyant de la suivait et relevant les yeux, lentement, vers Oblivion. Je ne me sentais plus haineuse ou agacé, juste abattus. J'aurais préféré ne pas ressentir tout ça à son égard, j'aurais même préféré ne pas la retrouver et l'avoir laissé dans l'oubli. Mais la vie étaient ainsi faite et elle n'avait, de toutes façons, jamais été tendre avec moi, alors pourquoi s'en étonné aujourd'hui.

J'avais laissé passé quelques secondes, mon regard vide plongé dans le sien comme pour graver définitivement son visage dans mon esprit. Mais il était temps. C'était maintenant ou jamais qu'il fallait quitter cet endroit. Toujours à demi tourné vers elle, ma main n'avait pas lâché la poignée que je commençais à la pivoter pour entrouvrir la porte. Puis, prête à partir, je lui annonçait sincèrement et d'une voix claire.

❝ J'ai jamais voulu ça. ❞

C'était le moment. Un moment qui me paru défiler à une lenteur déconcertante. Je baissais les yeux et me détournais pour la dernière fois d'elle, ouvrant la porte. J'en passais le pas, sans me retourner, la lâchant sans prendre la peine de la refermer. Je m'étais battu avec rage pour ne pas lui adressé un dernier regard mais j'avais tenu bon. Je ne m'étais même pas arrêté après avoir quitté son champ de vision. Non, il ne fallait pas que je m'arrête alors, reprenant mon air de d'habitude, presque comme il ne s'était rien passé, je traversais d'un pas décidé les couloirs, jusqu'à la sortie, croisant de temps à autres les servants à qui je n'adressais ni regard, ni parole. Non, tout était inexistant maintenant.

Ce n'est qu'une fois avoir passé le portail que je me décidais de regarder en direction de sa chambre, une courte seconde, avant de complètement disparaître.

(c) Kuroko's basket RPG

01/09/2017

Oblivion avait regardé Lagertha partir comme figée. Elle n’était pas hostile envers l’autre blonde, simplement, elle savait que si elle ouvrait la bouche ou tentait le moindre geste, cela ne rendrait les choses que plus difficiles encore. Pour elle bien entendu, mais pour Lagertha aussi. Elle se rendait bien compte à présent de la raideur de sa nuque, et du fait qu’elle était restée tout ce temps alors qu’elle aurait juste pu récupérer son bien et partir. C’est ce qu’une réelle inconnue, une vrai ennemie aurait fait.

Au lieu de quoi, elle avait enduré les reproches d’Oblivion avec une certaine patience avant de lui expliquer ce que la Garde Dorée avait du mal à accepter. Non pas parce que la jeune femme aux yeux bleus n’avait pas compris les indices ou les sous-entendus mais parce qu’elle avait cherché à lutter contre l’ordre établi, en vain. Elle n’était qu’une fille de famille bourgeoise qui se prenait pour une protectrice du peuple, elle n’avait aucun pouvoir, et certainement pas celui d’empêcher Lagertha de partir.

Quand celle-ci disparut, se soustrayant à son regard, seulement, la jeune femme répondit dans un murmure difficile.

“Je sais bien… C’est pas très grave.”

Ces mots, elle les avait prononcé plus pour se donner du courage que parce qu’elle les pensaient vraiment. Elle n’entendit même pas les serviteurs revenir et lui demander si tout allait bien. Ses prunelles azur et son esprit étaient bien trop occupées à suivre des yeux une silhouette qui s’éloignait dans l’allée principale. Une larme, une seule, roula sur sa joue. Ce serait là la seule marque d’adieu à cette amie retrouvée et reperdue.

Oblivion resta longtemps à fixer l'extérieur, là où elle avait vu Lagertha disparaître de son champs de vision. Jusqu’à ce que le médecin arrive pour l’examiner, jusqu’à ce que son monde referme définitivement la parenthèse que la femme du Nord avait momentanément ouverte.

▼ Succès ▼▲ Succès ▲

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