❝ La belle et la rebelle

La tournure qu'avait pris sa réponse me faisait penser qu'elle n'avait pas réfléchis à la question, jusqu'à ce que je la lui pose. Je levais un sourcil en me demandant ce qui lui avait bien prit d'inviter une inconnue à dormir chez elle, alors qu'elle n'avait pas un seul couchage supplémentaire. Puis je riais pour moi même. Elle faisait donc partis de ses gens qui donne plus que ce qu'ils ont. C'est bien. Pour l'instant. Mais il faut veiller à ne pas se laisser marcher dessus et il y avait quelque chose chez elle qui me faisait penser qu'elle pourrait facilement se laisser berner. Si on usait des bonnes tactiques.

Je sirotais mon verre en l'observant du coin de l’œil. Sa chemise de nuit foncée dévoilait ses jambes. Je notais avec sarcasme qu'elle était lisse et nette. Il y a des années que la mienne n'était plus lisse, maintenant bardée de nombreuses cicatrices que la vie m'avait gentiment offertes. Je la voyais ensuite s'asseoir sur une couverture. Était-ce là dessus qu'elle comptais dormir ? J'avais la nette impression qu'elle n'avait pas l'habitude de dormir autre part que dans un lit. Et même si l'idée de lui céder la place qu'elle m'avait offerte me traversa l'esprit, elle disparu tout aussi vite.

Je n'allais certainement pas la ménager, surtout au vue de ce qu'elle s'apprêtait à vivre. Qui serais-je à la dorloter encore un peu avant le départ fatidique ? Certainement pas digne de moi en tout cas.

En finissant mon verre, je secouais ma tête de gauche à droite pour lui signifier que je n'avais aucune question concernant ses gentilles attentions. C'était agréable de croiser des gens comme elle, mais ça me paraissait tout aussi déraisonnable d'agir comme elle le fait. C'est vrai, même si je lui ai un peu sauvé les miches, je restais une inconnue. Elle ne mesurait pas les dangers qui pouvaient la menacer et c'était dérangeant.

J'avalais bruyamment la dernière gorgée de mon verre et me retirais de la chaise, en m'aidant de la table. Me dirigeant vers ce qui allait être mon lit ce soir, je commençais à séparer le fourreau de mon épée, de ma ceinture. Je la posais sur le lit et continuais ma petite affaire. Ne prenant pas la peine de fermer le rideau, je commençais à me défaire de mon armure, dans des cliquetis de métal. Une œuvre assez longue, surtout quand j'étais alcoolisé. Je déposais mon plastron et mes épaulières sur le sol, à côté du lit. J'en faisais de même pour la maille qui protégeais mes cuisses.

Tout ça jusqu'à me retrouver en pantalon de cuir et haut de tissu. J'enlevais ce dernier que je laissais tomber sur le sol, là où il trouverait la place. Je prenais une grande respiration en fermant les yeux. J'aimais l'aisance de mon corps presque nu. Presque car ma poitrine était habilement bandée d'un tissu clair. Je m'asseyais ensuite lourdement sur le lit, faisant grincer le bois, pour retirer mes bottes. Je n'avais qu'une envie, m'affaler. Mais, tout me faisait dire qu'il fallait au moins que je lui adresse une dernière parole avant ça.

Dans un fin râle, je me relevais difficilement et sortais de cette petite chambre. Je maintenait le rideau ouvert et me tournais vers Arianna. Face à elle, elle pourrait juger de mon corps jeune ayant pourtant bien vécu, marqué par quelques cicatrices, tantôt de lame, tantôt de crocs et de griffes. Mon regard sur elle, j'étais là, mais je ne savais pas quoi lui dire. Alors un instant de silence s'installa. La remercier ? Non sans façon. L'inviter dans le lit ? Ce n'était pas mon genre. Alors je restais fidèle à moi même et d'une voix presque hésitante, je lui disais simplement :


Et oui, il fallait que j'attende. Que j'attende que de Rochefort puisse partir pour le Temple du Feu. Ensuite que j'attende que mon épée soit forgée. Rien qu'à y pensé je soupirais déjà de désespoir. Le visage tendue à cette simple idée que me faisait dire à moi même que ça serait certainement la nuit de trop passé entre ses murs, je relevais les yeux vers la danseuse et poursuivais.


Il fallait qu'elle le soit, sinon je ne donnais pas cher de sa peau de pêche.

❝ La belle et la rebelle

Je la regardais une dernière fois en soupirant presque, pensant que vraiment, elle me faisait confiance bien trop vite. Me laisser le double de ses clés ? C'était un peu rapide comme preuve et je trouvais ça très naïf. Mais pourquoi pas, je les prendrais surement en partant. C'était du positif pour moi, alors je ne voyais pas bien pourquoi je ne le ferais pas.

Sans plus d'état d'âme, je libérais le rideau qui venait séparer les deux pièces, pour m'installer sur le lit le plus confortablement possible. Je tapais l'oreiller pour lui donner un peu plus de souplesse avant d'y poser lourdement ma tête dans un soupir de satisfaction. Je prenais ensuite position sur le flanc droit, installant ma main sous ma tête avant de fermer les yeux. Puis d'une voix simple et neutre, je m'adressais à elle une dernière fois.


Rien de plus rien de moins. Après ça, la fatigue accumulé jusqu'à maintenant et l'alcool aidant, je me suis endormi d'une manière assez fulgurante. Mais comme chaque nuit depuis ce jour, des mauvais rêves venaient me hanter, me rendant agité et gémissante durant mon sommeil. Et comme d'habitude également, je me suis réveillé dans un sursaut. C'était vraiment exaspérant. J'avais besoin de repos et aucune nuit n'était reposante et je me levais, du coup, toujours énervée.

Chose qui ce matin n'avait pas changé. Je me suis donc levé, surement bruyamment, me suis rhabillé rapidement et m'apprêtais à partir. J'en avais oublié où j'étais et sur le chemin mon regard se perdit sur Arianna encore assoupit. Ce n'était qu'à partir de ce moment là que, instinctivement, je me rendais plus discrète. Mon regard se redirigeait alors vers la porte, s'arrêtant sur cette fameuse fenêtre ou reposait les clefs. J'hésitais quelques instants avant de les prendre, pour ensuite quitter l'endroit, silencieusement.