● D'un naturel bienveillant, calme et réfléchis, je suis pourtant féroce et combative quand la situation s'y prête. Par exemple à la chasse, une activité que j’affectionne particulièrement pour l'adrénaline qu'elle me procure. Mon rôle m'a aussi rendu maternelle et protectrice, un peu trop parfois, jusqu'à me rendre farouche et rude. Bien que souvent éloigné des groupes de félins que je côtoyais, je me suis pourtant prise à suivre, comme eux, celui ou celle qui avait l'étoffe d'un chef. C'est d'ailleurs ainsi que j'ai toujours choisis les Humains avec qui je passais ce fameux pacte : punition de Dieux. Que dire de tout cela ? Je ne sais pas réellement. Ma fierté m'a rendu amère, c'est évident, bien que j'ai accepté sans broncher la décision de nos Pères.

Je n'en veux à personne au final, ni aux Dieux pour leur décision légitime, ni à mes Frères et Sœurs guidés par leur ennui, ni même à ces Humains d'hier, avides d'une puissance qu'ils ne comprenaient ni ne contrôlaient. Ça me faisait surtout mal de voir cette Nature dépérir à cause de tout cela. Celle que j'aime tant, celle qui me réconforte à chaque instant. La douceur du vent, l'herbe confortable, la chaleur du soleil, la fraîcheur de l'eau dans ma gorge, mais pas celle de la pluie. J'apprécie assez peu la pluie, elle a tendance à alourdir mon pelage de façon assez grotesque. Mais c'est tant de petites choses chères à mon cœur. C'est bien là ce qui m'attriste le plus, ne plus pouvoir en profiter pleinement, libre à chaque instant et à travers les siècles, sans devoir pactiser avec un Humain.

Ce n'est pas un lourd fardeau. J'aime assez ces nouveaux humains, pour différentes raisons. Leur musique, par exemple, est quelque chose qui me fascine. Et je dois bien avouer que leur caresse est mon point faible. En tout cas je leur laisse le bénéfice du doute mais je ne peux m'empêcher de les voir comme directement liés à notre emprisonnement. J'en deviens parfois acerbe et revêche. Mais qui pourrait pleinement s'accoutumer à l'asservissement ? Mais c'est surtout l'enfermement qui m'est insupportable. Cette solitude palpable, dans ce silence affreux. J'en viens à détester le silence de manière plus générale. Je me sens inanimée entre ces murs. Moi qui était à tout instant joviale, j'en deviens parfois morose et mélancolique de cet Ancien Monde, qui me manque souvent.

Je me surprends parfois à rêver d'harmonie, entre tous. Humains et Demi-Dieux, œuvrant ensemble dans l'intérêt et le respect de la nature. Un rêve qui me parait inaccessible, ma peur d'assister à l'inverse étant bien plus prenante. Je croise évidemment moins souvent mes Frères et Sœurs, que je respecte et aime comme les humains avec leur famille. Mais je vois avec le plus grand dégoût que parfois, certains Humains deviennent tout bonnement des esclavagistes. A l'image des anciens, incapable de respecter quoi que ce soit. C'est désespérant. Mais certains, au contraire, me donne un peu d'espoir.

● Mon apparence est inspirée des félidés et plus particulièrement des lionnes des temps anciens. Assez peu de chose me différencie de leur morphologie d'ailleurs, surtout pas mes expressions corporelles. Je suis, certes, un peu plus grande et imposante qu'elles, atteignant presque 1m50 au garrot pour près de 250 kilos, mais mon corps taillé pour la chasse imite le leur, tout en force, trapu et aux pattes musclés. Une mâchoire puissante, des crocs capables d'arracher les peaux les plus dures. Des vibrisses sensibles à la moindre vibration. Des oreilles arrondies à l'affût des sons les plus fins.

Au delà de ça, ce qui marque réellement ma particularité et me différencie de mes congénères, que je considère comme tel, c'est mon pelage. Il est évidemment doux, épais et soyeux, mais il est surtout d'une déclinaison de teintes chaudement rosées. Tacheté sur mes pattes avant et mon arrière train, il me donne là les attraits de certains autres félins au pelage plus original. Je dirais que, pour finir, la couleur de mes yeux peut interpeller. Une note d'Aqua d'un bleu cristallin, peut-être pour me rappeler ma faiblesse. Ils sont finement soulignés par des lignes brunes et m'accorde une vision des plus perçantes.

› Demi-Déesse ‹
:copyright: Young lioness by Aivoree

Voilà pour ma forme originelle qui me siée suffisamment pour ne pas avoir envie de la quitter. Néanmoins, quand il m'est nécessaire de me noyer dans le foule humaine, j'ai pour habitude d'aborder les traits d'une femme, aux cheveux rosés, aux yeux bleu clair et à la peau brune, rappelant mon appartenance au feu.

› Humaine ‹
:copyright: Sketch XXIII by Charlie-Bowater

● La nature est et a toujours été cruelle, notamment pour les plus faibles. A ce titre, mon rôle consistait à prendre sous mon aile les abimés, les déformés, les faibles délaissés par leurs semblables. Je les réchauffais l'hiver d'un souffle chaud, les protégeais de la chaleur des zones arides, chassais pour les nourrir, cautérisais leurs plaies , les éduquais quand ils étaient jeunes. Jusqu'à ce qu'ils soient enfin prêt à retrouver les leurs, parmi lesquels je me glissais quelques temps pour m'assurer de la bonne acceptation de mes protégés. Je m'occupais aussi des vieillards, ceux qui ralentissent les groupes et qui ne peuvent malheureusement pas récupérer la moindre vitalité. A eux, j'apportais soutien et réconfort jusqu'à ce que la mort les emporte. Et par le feu d'Ignis, je les défendais tous avec hargne.

J'avais beaucoup de plaisir à accomplir ma tâche, à vivre au sein de tous ces félins de races différentes. J'étais la mère nourricière, la mère protectrice de ceux à qui il en manquait une pour les rendre plus fort, pour qu'ils puissent faire enfin parti de cette nature façonnée par nos Pères.

Au bout d'un certains temps, je croisais un nombre croissant de mes Frères me parlant de leur ennui à accomplir la tâche qui leur était due. Tout un groupe se forma et convia tous les Demi-Dieux à une prise de décision des plus surprenantes : la création de Humains. A cette instant, cela ne me semblait pas être une mauvaise idée si cela pouvait sortir les miens de leur détresse. Pourtant, moi qui ne le ressentais pas, je n'ai fais qu’observer, sans me positionner à ce sujet. J'aurais refusé si j'avais su.

Au début ils n'étaient pas dérangeants, au contraire. Ils travaillaient la nature pour subvenir à leur besoin comme chacun le faisait, à sa manière. Mais eux avaient des façons bien plus diversifiées et évolutives. C'était fascinant à voir. Et puis ils avaient suffisamment peur de mes congénères félins pour les fuir, c'était bien comme ça.

Mais les choses changèrent rapidement. Ils pullulaient, se développaient, envahissaient et détruisaient. Ils commençaient même à nous chasser et à nous traquer. Pour je ne sais quelle raison puisqu'ils ne mangeaient même pas leurs butins. Je n'y comprenais rien et je n'avais qu'une envie, les punir. Dès que je le pouvais, je défendais les miens avec hargne, tuais ces chasseurs insolents. J'étais « la Lionne Ardente », dangereuse et redoutée.

Mais le temps passait et ils devenaient de plus en plus puissants et destructeurs, usant de technologies ahurissantes se nourrissant de la vitalité de la Nature elle même. J'étais révoltée. Je ne me défendais plus, j'attaquais à vue, brûlant tout au passage, démembrant les corps dans des cris de frayeur et de douleur. Je n'étais plus moi même, ils m'avaient pris ma joie. Je n'étais plus que colère et vengeance. Ils avaient détruit la vie dans tous ses aspects, ainsi que la mienne.

La vie dans laquelle nous puisions notre force, mes frères et moi. Et arrivait le temps où nous nous affaiblissions, démesurément, jusqu'à ne plus pouvoir défendre la nature, ni nous même. Ils avaient la main mise sur le monde, ce monde façonné par nos Pères dont ils nous avaient laissé la protection. Quel échec cuisant. C'était avec une joie non dissimulée que je les voyais revenir et tout arranger, de leur toute puissance, tout réparer et tout recommencer.

Mais c'était sans compter la punition qui nous attendait. Les premiers temps j'étais scandalisée d'être traitée ainsi quand je n'avais pris aucune décision concernant la création des humains. Mais j'ai rapidement compris que nous étions tous, à notre manière, responsable de ce carnage. Que ce soit en leur ayant donné la vie, ou en ne l'ayant pas empêchée. Nous étions tous coupables et si il fallait en payer le prix, nous le feront.

Une nouvelle vie commença alors, celle des pactes entre Humains et Demi-Dieux. Le premier à qui j'ai prêté ma puissance était un membre de peuple du Feu, durant ce qui se fait appeler aujourd'hui la "Rébellion ardente" par les humains. Il s'appelait Néïm, prometteur et plein d'entrain à obtenir ce qu'il souhaitait. Il savait galvaniser la foule. Mais notre pacte fut aussi intense que bref puisqu'il succomba vers la fin de cette fameuse confrontation. Quelques décennies plus tard, c'est un chef de famille que je choisissais.

Joham, un père fabuleux. Originaire du désert, il a migré jusqu'à s'installer sur des terres cultivables, pour le bien des siens. J'ai pris grand plaisir à le protéger, lui et sa famille, des difficultés de la vie. Quand mon premier rôle auprès des humains était tourné vers la guerre, celui-ci était bien plus tourné vers le confort. Je chassais pour eux et cuisais leur viande, les réchauffais l'hiver comme je le faisais jadis avec mes congénères. Je faisais fuir la plupart des monstres qui rodaient autour de leur village et dorlotais ses enfants. Jusqu'à ce que le vieillesse l'emporte.

J'ai ensuite pactisé avec un des sous-fifres du Roi Aspéra, du nom de Bore. Il menait ses troupes avec une main de fer et bien que je n'étais pas toujours d'accord avec ses agissements, je ne pouvais nier ses facultés à commander et à se faire respecter. Il aura succombé à ses blessures, suite aux nombreuses confrontations dû au soulèvement du peuple. Je ne suis, depuis, pas sortie de ma cellule. Ne trouvant pas l'humain de cette nouvelle ère qui me conviendrait, mes précédents pactes m'ayant rendu bien plus exigeante. Et comme à chaque fois, je me retrouvais à me vider de ma puissance à mesure que j'attendais.

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