❝ Marche ou crève

L'heure du départ était là et j'étais impatiente. Ça faisait à peine deux minutes que j'attendais Arianna, comme convenu aux portes de la ville, mais je n'en pouvais déjà plus. Gyllir était à mes côtés, avec mes nouvelles sacoches pleines de denrées accroché à sa selle. J'avais eu la bonne idée de me foutre un sceptre de feu dans le dos. Heureusement que je serais pas seule à me trimballer tout ça une fois le clan rejoins. D'ailleurs, je me demandais bien comme ça allait se dérouler quand je ramène la danseuse avec moi. Je leur en avais touché un mot en amont certes, mais ça ne me rassurait pas sur les chiens en rute qu'ils étaient.

J'avais d'ailleurs prévenu cette dernière, hier, de notre départ. Lui ayant évidemment demandé de venir avec le nécessaire pour pouvoir cuisiner, sachant que pour l'occasion j'avais fais des folies en achetant de la viandes de bibi fraîche. En espérant que ses talents de cuisinière soit à la hauteur de ceux pour la danse. Je lui avais aussi soufflé que si, part hasard, elle avait pu disposer d'un quelconque outil pour allumer un feu, ça n'en serait que mieux. Un briquet à silex par exemple. Parce que j'avais beau être à la Capitale et y avoir déniché des objets plutôt innovants, je n'avais pu trouver le moindre briquet. Alors pour te vendre des algues séchées qui repoussent les monstres en se consumant y a du monde, mais pour trouver de quoi l'allumer, y a plus personne. D'une foutue débilité.

J'espérais vraiment qu'elle avait de quoi faire, parce que j'avouais bien facilement qu'allumer un feu à l'ancienne, c'était plutôt laborieux. Quoi qu'il en soit, je l'attendais et ça me démangeais de partir sans elle tant j'en avais ma claque de cette ville. La délivrance était proche, très proche. Il faut dire que je lui avait donné rendez-vous aux aurores, c'était peut-être pas une bonne idée si elle buvait tous les soirs comme celui où on s'est rencontré. Fixant alors la direction d'où elle devait venir, je faisais les cents pas, les bras croisés et la mâchoire serrée.

❝ Marche ou crève

Je tournais et me retournais, frénétiquement, fixant à chaque retour sur mes pas la grande rue de laquelle j'espérais enfin voir Arianna. Je commençais à trépigner, à serrer les poings, à un point où même Gyllir commençait à ressentir ma frustration. Je la voyais commencer à s'agiter elle aussi. Sans plus attendre, je me précipitais vers elle, feignant le calme tout en essayant de l'apaiser, attrapant sa tête entre mes mains que je caressait doucement. C'est alors qu'en jetant un petit coup d’œil vers la rue que je voyais enfin la silhouette que j'attendais, courant à toute allure vers moi.

Restant statique, je l'observais arriver un sourcil relevé. Elle semblait plutôt chargée mais au moins, elle avait eu la présence d'esprit de s'habiller un peu plus chaudement que la nuit où on s'est rencontré. Je la voyais me faire un grand signe de la main, auquel je ne répondis évidemment pas, lui lançant plutôt une regard sévère, les sourcils froncés. Enfin face à moi, elle avait l'air plutôt très essoufflée. Mais je m'en fichais. Ne lâchant pas Gyllir, je détaillais de bas en haut la danseuse mais surtout son accoutrement et son attirail. Ça ferait sans doute l'affaire. Soupirant nerveusement, je lui répondait pas très subtilement.


Il était clair que je n'allais pas la porter sa marmite. Et encore moi la coller sur le dos de Gyllir. Cela dit, je ne doutais pas que Lothar lui proposerait de lui porter, dans le but de gagner des points. Ivar le ferait surement aussi, ils s'accorderaient peut-être, qui sait ? Une sourcil arqué et les yeux perdus dans le vague à cette pensée, je me détournais soudain de la danseuse. Attrapant les rênes de Gyllir je n'attendait pas plus longtemps pour commencer à m'éloigner. D'un geste de la main je lui faisait signe d'avancer.


Je me doutais qu'avec la charge qu'elle avait eu l'idée de devoir porter, je devrais au moins ralentir mon pas jusqu'à ce qu'on retrouve tout le monde. Pourtant, au début mon pas était ferme et décidé à enfin quitté cette ville. La vraie délivrance. Et puis, d'un soucis auquel je n'aurais pas cru, je me suis retourné, m'apercevant évidemment qu'elle était vraiment ralentis, que ce soit par sa fatigue ou pas la charge. Je soupirais en levant les yeux au ciel, attendant qu'elle se rapproche avant de reprendre ma marche, un peu plus lentement. Mais ça m'agaçais clairement et mes traits tirés pouvaient en témoigner.

Il nous fallu bonne vingtaine de minutes pour rejoindre les miens que l'ont apercevait au loin, au bord de la Rivière Blanche. Je voyais déjà Astrid courir vers moi, comme elle le faisait à chaque fois, me témoignant une joie que je ne savais jamais vraiment saisir. Je ne l'avais pas vu lancer un regard réprobateur à Arianna, certainement un peu jalouse de voir que celle-ci se trouvait être plutôt charmante. Lothar avait l'air de s'impatienter, aussi nerveusement que moins à la sortie de la ville. Pourtant, une fois suffisamment proche pour qu'il distingue Arianna, je le voyais changer complètement de tête. Lui et Ivar se mirent à siffler à l'unisson, comme on siffle face à une belle demoiselle avant de se regarder tout deux, le défi au fond des yeux. Je soupirais en grimaçant, ne m'occupant cependant pas de ce qu'ils allaient faire, les voyant seulement se diriger d'un pas décidé vers la danseuse.

Lothar attrapa la marmite sans plus attendre alors qu'Ivar s'attelait à aider la « pauvre jeune fille » à se relever, tout en ne manquant pas de jauger ses hanches. Chacun y mettait du sien pour l'aider à s'amener jusqu'à Astrid, Hagen et moi. J'avais lâché Gyllir et levait les yeux au ciel un instant, cherchant Armalys du regard qui ne manquait pas d'être dans les environs, comme à son habitude, a peine visible au loin. Puis je sortis la carte de l'île de l'une des besaces accrochées à la selle de la jument, avant de l'ouvrir et de la poser au sol, m'accroupissant à côté. Indiquant d'un roulé du doigt la Vallée Sereine, je leur disait simplement.


Finissais-je en faisant glisser mon doigts sur le trajet que j'avais indiqué. En relevant le yeux, je voyais Astrid penchée près de moi, faisant un peu de zèle à ce moment là, Hagen toujours attentif et les deux autres, plutôt occupé à reluquer Arianna qu'à s'intéresser à ce que je disais. Soufflant bruyamment et fronçant les sourcils, je prenais un ton nerveux.


Ils pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient avec elle, si elle était d'accord, mais tant que j'avais besoin d'eux, ils n'avaient pas intérêt à se détourner de nos objectifs. Je les entendaient râler avant de regarder distraitement la carte. Je n'obtiendrais certainement pas beaucoup plus d'eux de toutes façon. Soupirant en écarquillant les yeux, je reprenais la carte et me redressais en l'enroulant, avant de la ranger à nouveau dans la sacoche. Avant d'engager le périple, j'accordais quand même un regard à Arianna, si toutefois elle avait quelque chose à dire ou à demander. Je n'étais pas sûr de pouvoir ni même de vouloir y répondre, mais on sait jamais, peut-être qu'elle aurait quelque chose d'intéressant à dire.

❝ Marche ou crève

Aux côté de Gyllir, Arianna, elle, ne manqua pas de poser la question fatidique qui me fit me retourner vers elle. Question à laquelle je n'avais pas encore de réponses. Ça faisait bien longtemps maintenant que je ne me souciais plus du temps à parcourir une distance. Le principal en étant l'objectif, ce qui pouvait m'en séparer n'avait aucune valeur. Cependant, puisque je n'avais pas de réponse à sa question, je ne pu retenir une grimace. Sourcils froncés, la lèvres supérieure comme tiré par un hameçon et mes yeux cherchant dans le vague. Accompagnant tout ça par un « euh » significatif, je ressortais la carte pour l'ouvrir devant moi. Glissant mon regard sur le trajet que j'avais indiqué, d'un air plein de réflexion je répondais sans pour autant relever les yeux vers elle.


Finissais-je en reportant finalement mon regard sur Arianna, grimaçant encore quelque peu avant de ranger, une seconde fois, cette foutue carte dans la besace. Par « aléas » j'entendais pleins de chose évidemment. Les bandits, les monstres et même les Gardes Dorés ! J'préfèrerais retomber sur le Diamentis que de devoir avoir à faire à ceux de cette espèce. Et puis soudain, l'image d'Oblivion m’apparus, comme un coup de massue écrasant mon cœur. Pendant quelques secondes alors, j'étais inerte, le regard vide. Jusqu'à ce que j'entende mon prénom, prononcé par Astrid qui décidément, s’inquiétait beaucoup trop en ce moment. Secouant ma tête pour récupérer mes esprits, j'attrapais les rênes de Gyllir et ouvrais la marche.


L'évidence même, mais parfois la simplicité était plus efficace que mille discours. Astrid emboîtait mon pas la première, suivis par les autres. Je relevais un instant les yeux vers le ciel, cherchant à nouveau Armalys jusqu'à la trouver. C'était presque instinctif maintenant. Lothar se chargea de porter la marmite en premier alors que Ivar en profita pour approcher Arianna, de plutôt près. Emboitant son pas à celui de la danseuse, il approcha son visage du sien l'air taquin et le regard brillant.


Il était insistant évidemment, mais j'admettais bien n'en avoir rien à faire, à moins qu'Arianna m'exprime à un moment vouloir mon aide. Et encore. De toute façon, je faisais à peine attention à ce qu'il pouvait bien lui dire. Lothar lui par contre, c'était très différent. D'un revers de bras il passa la marmite dans son dos, la maintenant fermement avant de se rapprocher du couple de fortune que formait Arianna et Ivar. Je l'entendais grogner de là où j'étais, ce qui me laissa pouffer une seconde avant d'à nouveau m'en foutre.


Je roulais les yeux vers le ciel en entendant ça, avant de soupirer bruyamment. C'est vrai que, de manière générale, c'était une façon de faire assez rependue dans le Nord. Mais concernant les femmes, j'avais un peu de mal à ce que la pilule passe. Mais bon, ce genre de chamailleries allaient me fatiguer pour rien si j'intervenais et puis, pour l'instant, ces deux boulets ne me devaient encore rien. Ne m'ayant pas prêté allégeance, je n'étais encore la chef de personne. Juste celle voulant bien prendre les rênes, le temps de se refaire. Mais je comptais bien qu'ils me suivent à l'avenir et qu'ensemble nous reformions le clan. Je n'avais cependant pas de doutes à ce qu'ils choisissent de me prêter allégeance plutôt qu'à un autre, à part concernant Lothar. Mais de toutes façons, qui d'autres était mieux placer que moi pour ça ?

❝ Marche ou crève

Je n'assistais pas à la scène et pourtant je la voyais d'ici. Lothar aurait eu l'air interloqué, voir complètement hébété. Je le connaissais le loustique, il était plus du genre à penser « si je veux je prends » plutôt que de demander la permission à qui que ce soit, pour quoi que ce soit. Alors demander à une femme qu'elle devienne sienne, la bonne blague. Ivar était lui un peu plus respectueux de la chose, même si ça n'était pas une fameux exemple dans ce domaine. Ils se regarderaient alors tout deux, interloqué, cherchant des réponses dans le regard de l'autre sans rien y trouver et moi, à cette simple scène imaginée se déroulant derrière moi, je levais les yeux au ciel en soupirant bruyamment.

Sans me préoccuper du reste, j'entendais Astrid grogner à mes côtés. Portant mon regard vers elle, je vis qu'Arianna nous avait rejoint, questionnant Astrid sur son identité. Levant un sourcil, j'observais la borgne se rapprocher de moi, pointant nerveusement ses yeux sur la danseuse, tel un prédateur gardant sa proie face à un autre. Tout ça commençait à sérieusement m'agacer. Je penchais lourdement ma tête sur le côté, dans un soupir en roulant les yeux. Moi, je n'appartenais à personne. Et même si Astrid avait des envies d'être à moi seule, elle n'avait pas intérêt à me demander de lui rendre la pareille et ses agissements actuels commençaient à me faire penser le contraire.

Sur un ton agacé, je répondais à sa place, en soufflant.


J'avais parlé sur un ton sévère, ce qui attira directement l’œil de la borgne vers moi. Elle fût d'abord agacé elle aussi, instinctivement. Mais ça me plaisait moyen puisqu'à ce moment là, elle me défiait clairement du regard, cherchant sans doute à me faire plier. Alors sans attendre, je m'arrêtais net, figé devant elle, plantant mes yeux dans le sien sans ciller. Les sourcils froncés, j'étais silencieuse, la forçant elle aussi à s'arrêter. Je sentais ma mâchoire se serrer quand elle daigna enfin baisser son œil, avant de grogner un peu et rejoindre Hagen.

Sans accordé de regard à personne, je reprenais la route enfin un peu tranquille, alors que j'avais sentis tout le groupe ralentir voir s'arrêter le temps que le problème se résolve. Elle m'avait clairement agacé et elle savait très bien qu'elle risquais de ne plus m'avoir nul part à jouer les jalouses. Ça faisait longtemps d'ailleurs qu'elle ne m'avait pas fait ce coup là. Faut dire que ça fait aussi un bail que j'avais pas ramener une inconnue plutôt bien faite dans les rangs.

Pensant à elle, mon regard se dirigea vers la danseuse sans que je le veuille vraiment, l'observant des pieds à la tête, distraitement jusqu'à trouver son regard, que je fixa quelques secondes avant de le reporter sur l'horizon. Il n'y aurait pas de « excuse la », je présente jamais mes excuses c'est pas pour le faire pour quelqu'un d'autre. De toute façon, j'avais pas franchement envie de revenir sur le sujet, mais j'étais suffisamment agacé pour rester dans mon mutisme, tant qu'on m'y arrachais pas.

J'entendais alors gronder, me forçant à lever les yeux vers le ciel. Je n'avais pas remarqué qu'il s'était autant assombris et je voyais les nuages gris s'avancer rapidement, la pluie arrivant vers nous. Je grimaçais alors et marmonnais un ❝ Fait chier ❞ avant de reprendre la route, sentant déjà quelque goutte percuter le haut de mon crâne.

❝ Marche ou crève

La pluie, quelle invention merdique. On avait bien plus l'habitude de la neige dans le Nord, il y avait au moins quelque chose de joli dans le fait qu'elle tombe. Là à part se retrouver tremper, y avait rien de positif. Surtout que les quelques gouttes se transformèrent rapidement en des trombes, rendant le sol un peu plus boueux et plus contraignant. Je pestais et grognait à chaque seconde, sentant l'eau ruisseler sur mon crâne et dévaler mon visage. Jusqu'à ce que, subitement, je ne sente plus aucune goutte alors que pourtant je les voyais encore tomber devant moi. Pourtant je les entendait toujours et levant les yeux au ciel, j’aperçus un bout de tissu recouvrir ma tête.

Regardant furtivement sur le côté, j’aperçus bien vite Arianna finir son petit manège. Plissant les yeux en la regardant s'écarter un peu, je ne répondis rien ni la remercia. Après tout, je ne lui avais rien demandé. Pourtant, je ne pouvais nier qu'être à l'abri de la pluie était plutôt appréciable. Mais elle était si forte qu'on ne s'entendrait pas parler. Enfin quelque chose de positif ! Ça m'évitais des dialogues pompeux et gênant. Plusieurs longues minutes passèrent ainsi, jusqu'à ce que cette averse se décide à en faire de même, laissant quelques premiers rayons traverser les nuages.  Je rabattais ma capuche en arrière pour laisser le soleil commencer à me sécher.


Stoppé net dans ma lancée, une grimace de dégout tira mon visage alors que j’amenais ma main jusqu'à lui, pour boucher mon nez. Mon clan firent de même et j'entendais même Gyllir se rabrouer un peu. La main sur le visage, j'observais les alentours, aux aguets et le regard perçant jusqu'à trouvé ce que je pensais être la source de cette immonde odeur. Une bête verdâtre se tenait quelques mètres plus loin, au bord de l'eau et semblant se prélasser dans la boue créer par l'averse. Je plissais encore un peu les yeux pour essayer de le distinguer. Malheureusement, la faune du coin m'était relativement inconnue, même si j'y avais passé mon enfance, aux dernières nouvelles.


Ce truc crasseux semblait avoir entendu la voix disrète de Lothar et s'était retourné vers nous quelques secondes avant de revenir à sa position. Me retournant vivement, je m'adressais à ce con de Lothar d'une voix basse mais pourtant très irrité.


C'était selon moi la meilleure chose à faire étant donné que je ne connaissais pas ce monstre. Je ne voulais pas prendre de risque inconsidéré, surtout en sous effectif. Mais il fallait rester sur nos gardes. Levant les yeux au ciel et m'assurant qu'Armalys était toujours dans les parages au cas où ça dégénèrerait, je commençais à amorcer un changement de direction, nous éloignant des rives de la Rivière Blanche pour ne pas avoir à croiser cette chose. La main toujours sur le visage, je gardais le regard vissé sur ce truc vert et puant, prête à me défendre si il venait à nous attaquer. Finalement, la faute ne venait pas de Lothar comme je l'aurais pressentis, mais de Gyllir, bien trop agité par l'odeur. Elle tirait sur ses rênes et se rabrouait bruyamment jusqu'à attirer l'attention du truc vert qui avait l'air agacé, ou affamé je saurais pas dire. Il se mit à charger en notre direction. Je lâchais alors Gyllir et frappais sa croupe pour qu'elle s'éloigne avant d'attraper mon bouclier et mon épée. Mes frères d'armes attrapèrent eux aussi leur arme et c'est Hagen qui porta la première attaque, avec son arc.

A croire que ça faisait trop longtemps qu'il ne s'était pas entrainé, ou alors que l'odeur était trop forte pour qu'il puisse se concentrer. Sa première flèche fusa devant son regard vitreux, accaparant toute son attention. Il changea alors radicalement d'objectif et chargea en direction d'Hagen qui attrapa une nouvelle flèche, bien visée cette fois mais le monstre la brisa d'un revers de patte. Je grognais alors et me mis à charger moi même pendant que Lothar se plaça entre Hagen et le monstre, bouclier prêt à parer la charge qui reçu de plein fouet, posant un genou au sol et sonnant le monstre quelques secondes, tout en essayant de se cacher le nez.

Cette odeur était vraiment dégueulasse et en chargeant sur le monstre, je ne pouvais m’empêcher d'essayer de me cacher le visage également. Je pris alors une grande bouffée et bloqua ma respiration avant de m'élancer, plantant mon épée dans l'abdomen du monstre qu'on entendait gémir. Sa puanteur allait même jusqu'à me piquer les yeux, me forçant à les plisser. J'entendais le cri de guerre d'Ivar qui planta ses deux haches dans le flanc opposé avant que nous reculions en même temps, barrant notre visage avec nos avants bras.

Je jetais un œil aux alentours : Hagen s'était en avait profité pour s'écarter de plusieurs mètres, Astrid semblait suffisamment écœurée pour devoir se retenir de vomir. Je grimaçais en la voyant. Un regard vers Armalys et finalement je croisais celui d'Arianna. Je l'avais oublié celle là. Grimaçant avant de pester et priant pour qu'elle ne joue pas le boulet, le monstre se mit à rugir, entre douleur et fureur, poussant contre le bouclier de Lothar, le faisant glisser vers arrière à cause de la boue.

❝ Marche ou crève

J'écarquillais les yeux en voyant un cailloux frapper l'arrière du monstre puant. Tournant mon regard vers la direction du lancé, complètement interloquée, je la voyais là, en train de s'agiter à crier comme un volatile. Mais putain, qu'est-ce qu'elle faisait ? Sans plus de réflexion, la bête visqueuse se retourna brusquement avant de charger, sans surprise, la blonde gigotante. Son retournement brutal nous poussa tous de quelques pas, manquant de nous faire tomber. Reprenant ma posture, épée à la main, j'observais la bête se rapprocher d'Arianna qui s'était mise à fuir. Normal. Je grognais en lançant un « fait chier » avant de me mettre à courir vers eux. Mais qu'est-ce qu'elle avait dans le crâne celle-là ?! Et moi, qu'est ce que je faisais à me lancer à la poursuite de ce monstre alors que je lui avais clairement dis que je ne la défendrais contre rien. Sûrement la perspective d'un bon plat mijoté par ses soins qui m'inspirait.

J'entendais alors un lourd rugissement provenant des cieux, me forçant à lever la tête. Je ne pu alors retenir un sourire en coin apercevant Armalys nous rejoindre à grande vitesse. Elle piqua directement sur le monstre, faisant trembler le sol sous l'impact et soulevant la poussière autour d'elle. Je stoppais net ma course, protégeant mon visage de son souffle en tentant de rester debout. Me redressant, je suivais la fille d'Aer du regard alors qu'elle piqua vers le ciel, le monstre visqueux entre ses griffes. Posant ma main au dessus de mes yeux pour les protéger du soleil, je grimaçais en m'imaginant devoir toucher ce truc comme elle le faisait. Le rugissement d'Armalys me mit en alerte. Avait-elle était blessée ?

Je l'a vis ensuite lâcher le monstre de tout là-haut. Le suivant du regard, il s'écrasa au sol dans un bruit sourd, soulevant à son tour la poussière autour de lui. Ferme sur mes appuis, j'étais prête à l'achever même si j'imaginais qu'il avait du succomber à une telle chute. Et pourtant. Voyant sa silhouette se relever, difficilement, au travers de la poussière, je grognais de nouveau. En plus d'être puant, il était coriace. C'est alors que je sentis une flèche passer non loin de moi, qui alla se loger dans la silhouette du monstre, lui arrachant un cri bestiale avant de s'écrouler au sol. Me retournant un instant, j'accordais à Hagen un bref regard gratifiant avant de me rapprocher du monstre, plaquant mon avant bras sur mon nez et ma bouche, lâchant de temps à autre des jurons de dégout. Je m'avançais prudemment, laissant le temps à la poussière de retomber. Une fois proche de truc visqueux, j'y plantais mon épée à plusieurs endroit pour m'assurer de son état. Il était bel et bien mort, mais son odeur était encore, elle, bien présente. Clignant des yeux alors qu'ils souffraient eux aussi de l'odeur, je m'accroupissais en rengainant mes armes, cherchant quelque chose d'intéressant. Mais ne connaissant pas le bête, je ne trouvais rien qui m'inspirait.

Je me relevais et m’aperçus alors que, durant la bataille, la matière visqueuse qui le recouvrait s'était projetée contre mon armure. Quelle merde, cette odeur va nous poursuivre en plus de ça. Retenant à peine une toux, je me retournais vers les trois énergumènes qui se regardaient mutuellement avec dégout.


Ivar leva sa main vers moi, pour confirmer qu'ils avaient bien entendu et ils se mirent tous en marche. Moi aussi j'entrepris la mienne, regardant un instant Astrid qui avait du mal à reprendre ses esprits. Je soupirais en levant les yeux au ciel, conservant mon bras cachant le bas de mon visage. Faisant quelques pas, je retrouvais Armalys et m'approchais de ses pattes blessées. Effleurant les blessures, je fronçais mes sourcils en m'appercevant que la plaie était assez profonde et qu'en plus de ça, elle avait perdu quelques écailles. Faisant quelques pas en arrière, je levais les yeux vers elle.


Je n'allais pas lui imposer, ça devait être un peu douloureux mais pour son gabarit, je doutais que cela soit insupportable. Elle pouvait tout à fait refuser mon offre. M'écartant ensuite un peu plus, j'amenais mes doigts vers ma bouche et me mit à siffler. Gyllir revenait alors vers nous en quelques instants. Pendant ce temps, Hagen en avait profité pour récupérer les flèches utilisables et tous s'était rapproché de moi. Lothar avait dû assumer deux charges du monstre et sa fatigue était visible. Malheureusement, les objets magique dont je disposais n'était que pour les plaies ouvertes.


Il s’exécuta en farfouillant dans la sacoche attaché à la selle de Gyllir. L'odeur du monstre était encore bien présente et tous avait du mal à faire sans. Après tout ça, je décidais d'entamer notre fuite de l'endroit, à une allure plutôt modérée au vue de l'état de Lothar. C'est à ce moment là que je croisais enfin Arianna, que j'avais volontairement évité jusqu'à maintenant. Je m'arrêtais devant elle et planta mon regard dans le sien, laissant quelques secondes de silence s'installer, le visage sévère. J'avais envie de l'étriper à vrai dire, de lui gueuler dessus et de la dégager. C'est ce que j'aurais fais d'ailleurs si mon principal objectif n'était pas de quitter les lieux au plus vite et de manger après. Je serrais la mâchoire en retenant mon flot d'insulte à son égard et préféra pester, sans un mot, en reprenant la route, suivis pas tous les miens.


Je grimaçais encore et toussais à nouveau. Ma gorge commençait à sérieusement me brûler. Je grognais et accéléra instinctivement mon pas, attrapant les rennes de Gyllir qui se mit à calquer mon pas. Mais même en nous éloignant déjà de quelques mètres, c'était finalement l'odeur présente sur Armalys la plus nauséabonde. Je me tournais alors vers elle avec dégout, observant le truc visqueux et vert collant à ses pattes.

❝ Marche ou crève

Nous marchions tous, plutôt silencieusement si on ne faisait pas attention à chacune de nos plaintes répétitives concernant l'odeur répugnante qui stagnais sur nos armures. Finalement, heureusement pour Astris et Hagen, ils avaient eu la bonne idée de se tenir à l'écart de cet être nauséabond. Mais en ce qui me concernait, Ivar et Lothar, il fallait vraiment qu'on prenne l'eau pour évacuer les quelques viscosités vertes qui s'étaient collé à nous. Observant l'horizon dans l'espérance de trouver un coin tranquille pour nous poser, je sentais Armalys se rapprocher de moi et me chuchoter quelque chose qui me fit froncer les sourcils.

Je jetais alors un œil en arrière, observant négligemment Arianna qui se tenait plutôt à l'écart du groupe avec un air plutôt dépité. Peut-être qu'Armalys avait raison, ou en tout cas, j'avais peut-être tord d'avoir juger son acte si sévèrement. Après tout, elle n'avait risqué la vie d'aucun des miens. Elle a juste était profondément stupide de risquer sa peau en ne sachant même pas se défendre. Mais bon, c'est elle que ça regarde ça. Après tout, je lui avais bien spécifié que je ne lui serait d'aucun secours en cas de problème, alors si ça l'amusais de risquer sa vie comme ça, tant mieux pour elle. Il faut croire que c'était sa connerie qui m'avait plus énervé qu'autre chose, le manque de bon sens était quelque chose qui m'agaçait rapidement, peut importe de qui il venait. Ou alors, peut-être que sa survie m'importais plus que ce que je voulais bien le croire, allez savoir.

Je me retournais alors vivement, fixant à nouveau l'horizon devant moi après ces quelques réflexions. Pourtant pas peu fière, je répondais assez négligemment à Armalys, sur un ton plutôt détaché.


Rien de plus, rien de moins. De toutes façons, je n'avais rien à dire de plus et je n'avais pas non plus envie de tergiverser. Ça ne le méritais pas.

Plusieurs longues minutes plus tard et alors que le soleil était à son zénith, l'odeur avait l'air de cuir et ainsi, devenait encore plus écœurante. Je grimaçais de dégout quand, soudainement, je vis au loin un petit coin sympathique. Un grand arbre ,qui laissait une vaste ombre sous lui, s'était planté non loin de la Rivière Blanche, offrant ainsi un sympathique endroit pour faire une pause. Lançant un regard en arrière puis désignant l'objectif d'un mouvement de tête, j'informais tout le monde.


J'accélérais alors sensiblement mon pas, suivis des autres. J'avais très envie d'enfin me poser et le reste du clan aussi si j'en croyais leur entrain. Ils ne nous fallu pas plus de cinq minutes pour rejoindre l'endroit. A peine arrivé, Astrid s'approcha de la rivière pour se rafraichir le visage, tout comme Hagen.

Concernant Ivar, Lothar et moi, c'était tout autre chose. Chacun de nous se défaisait de ses pièces d'armures en cuir et métalliques. Plastron, épaulières, cuissards, tout y passait. Ivar et Lothar se retrouvèrent torse nu, en pantalon, s'avançant jusque dans la rivière avant de s'y plonger complètement. Leur entrain était visible et agréable à voir. Chacun d'eux se mit ensuite à nettoyer leur armures respectives. J'étais, pour ma part, un peu moins espiègle. Je m'étais défais de mon armure plus lentement, mais pour finir finalement comme eux, en pantalon et la poitrine caché par les bans de tissus qui faisaient office de soutien. Non, je n'étais pas prude, mais je n'allais tout de même pas me foutre à poils devant tout le monde. Bien que l'envie ne me manquait pas de me plonger complètement dans la rivière fraiche.

J'étais silencieuse et m'affairais à me rafraichir et nettoyer mes affaires également. Ivar observait avec insistance Arianna, chose que je notais du coin de l’œil. Il semblait une fois de plus, plein de fougue. Il sortie de l'eau, le corps luisant et les cheveux en arrière, il se rapprocha d'elle.


Le pire, c'est qu'il était sincère. Il se débrouillait pas si mal en cuisine, enfin, d'un point de vue rudimentaire. Les observant de loin, je sortais à mon tour de la rivière et rejoignait d'un pas décidé Gyllir, passant à côté d'eux sans leur porter attention. J'attrapais dans la sacoche les viandes que j'avais acheté pour l'occasion. Des morceaux de Bibi frais. J'en avais aussi pris des séchés mais là, on avait tous envie de frais. J'en sortais trois sur les six que j'avais, ne voulant pas tout manger d'emblée. Bien emballé, je m'approchais d'Arianna et lui tendais.


Je la fixais, sans équivoque, attendant qu'elle les prenne pour ensuite me détourner d'elle sans attendre. Je revenais alors vers Gyllir, lui ôtant à elle aussi tout son attirail. Elle avait aussi mérité de prendre un bain. Puis, je fis un petit bruit de claquement avec ma langue et celle-ci s'empressa de me suivre vers la rivière ou elle but d'abord quelques lampées avant de s'y plonger sans plus de manière. Elle se mit à hennir de plaisir et je la regardais avec un sourire sincère. Je la rejoignis alors à mon tour, passant de l'eau sur la totalité de son corps. A l’œuvre, je tournais mon visage vers Armalys.

❝ Marche ou crève

Sous les directives d'Arianna, Ivar s'afférait à faire un feu après avoir rassemblé de quoi faire dans le coin, avec l'aide de Lothar. En plusieurs longues minutes, ils finirent par allumer un foyer suffisant pour y déposer la marmite qu'Ivar remplis ensuite d'eau grâce à la gourde d'Arianna.

Comme je le pressentais, Armalys ne consent pas à nous quitter et préfère continuer son bain tranquillement, avant d'aller ensuite se poser plus loin, prenant le soleil, dont les rayons luisait sur ses écailles. Pour ma part je finissais tranquillement de rafraichir Gyllir, la laissant se détendre elle aussi avant de de plonger entièrement dans l'eau, moi aussi. Je restais ainsi quelques secondes complètement immergée avant de me redresser, restant assis sur le bords quelques instants en passant de l'eau dans mes cheveux qui allaient mettre plus de temps à se nettoyer que ceux des garçons.

Derrière moi, Ivar et Arianna échangeait un peu pendant la cuisson de ce met dont l'odeur commençait à arriver à mes narines. Ivar était resté accroupis à côté d'elle, guettant sa préparation qui ne manquait pas de le faire saliver. Après quoi elle remercie d'un sourire, auquel il répond par la même.


Il lui sert alors la main, certainement moins virilement que s'il avait eu un homme en face de lui. Il la quitte ensuite, partant farfouiller dans son sac avant de revenir avec une coupelle et une cuillière en bois. S'assayant à côté de la danseuse, il attendait avec impatience d'être servis. Lothar fait de même et prends place de l'autre côté de la demoiselle. Astrid s'était installé sous l'ombre de l'arbre alors qu'Hagen avait récupéré leur deux coupelles pour se faire servir cette nouvelle nourriture bien prometteuse. Ivar me jete alors un rapide regard en m'appelant d'où il se tenait.


Je lui indique mes affaires du bout du doigts, continuant à nettoyer les mèches de mes cheveux unes à unes. Il se relève alors et s'approche de mes affaires, récupérant de quoi faire dans ma sacoche au sol avant de revenir vers Arianna qui avait déjà dû commencer à servir tout le monde. Il lui tends alors ma coupelle, restant debout en vue de me l'amener une fois remplis.

❝ Marche ou crève

Ivar m'apporte mon assiette pleine que je ne peux m'empêcher d'observer avec appétit. Je le remercie d'un sourire avant de le laisser rejoindre tout le monde auprès de la marmite. Un instant ainsi retourné vers eux, je laissais mon regard se poser sur Arianna. J'avais finalement peut-être bien fait de la prendre avec nous pour ce voyage là. Elle leur donnait un nouveau souffle, c'était évident. Et cela même si ça ne concernait que de la nourriture pour certains. Ca faisait du bien à tout le monde, c'était le principal. Moi même, je dois bien avouer que j'étais plutôt ravie de tenir entre mes mains cette assiette pleine.

Assise alors au loin, face à la douceur de la Rivière blance, je ramenais mes jambes en un genre de tailleur avant de déguster mon plat. La douceur du sucré tapissait mon palet avec délicatesse, c'était étonnant. J'aimais beaucoup de chose en matière de nourriture mais me contentait souvent de simplicité. C'était donc assez rafraichissant, bien que la nourriture soit chaude, de goûter à quelque chose de différent pour une fois. J'avais même eu de mal à manger lentement tant c'était bon. Et visiblement, ça l'était pour tout le monde. Le repas avait été des plus silencieux, signe d'un intérêt tout particulier pour ce que chacun dégustait.

Moi, je me laissais bercer par la tranquilité rare de l'instant. Il est vrai que cette zone, étant proche de la Capitale, était l'une des moins dangereuse. Elle n'en était pas moins risquée évidemment, mais il y avait assez de sécurité mise en place pour permettre ce genre de moment. Je finis alors mon assiette tranquillement avant de la laver dans l'eau de la rivière pour la ranger ensuite dans mes affaires.

J'observais alors du coin de l'oeil le petit groupe autour de la marmite. Ivar avait certainement engloutis rapidement sa première assiette pour s'en resservir une deuxième. Lothar aussi d'ailleurs, heureusement que le reste d'entre nous pouvait se contenter d'une seule sinon il y aurait une guerre à chaque repas. Je l'entendais discuter un peu avec Arianna.


Il était ravis et ça faisait plaisir à voir. C'était finalement assez simple à contenter, de la nourriture, une femme dans son lit et vous en faite un homme heureux. Lothar restait lui silencieux, comme à son habitude, finissant sa deuxième assiette assez bruyamment. Je jetais alors un œil aux alentours, m'assurant qu'aucun danger ne pourrait nous troubler, du moins dans les minutes qui allaient venir. Je savais que je pouvais compter sur l'aide d'Armalys. Cette fois-ci, peut-être que nous pourrions tous nous détendre sans trop se soucier d'être manger vivant.

Je les observais tour à tour, tous avaient finit par se coucher sur l'herbe que le soleil avait bientôt fini de sécher. C'était une journée de printemps assez douce pour le coup et ça ne faisait que rajouter à la quiétude du moment. Puis, naturellement, mes yeux glissent jusqu'à la bienfaitrice de nos estomacs. Elle méritait peut-être, finalement, que je fasse un peu plus attention à elle. Ou du moins que je fasse quelques efforts. Je n'étais pas sur d'être en mesure de les faire mais on sait jamais, ça pourrait être intéressant.

Je me dirige alors vers elle, alors qu'elle s'était couchée, sans doute repue elle aussi. Je m’assois alors non loin de sa tête, les genoux repliés sur lesquels je croisais mes bras. Dirigée vers la rivière pour pouvoir l'observer, moi qui affectionnais particulièrement la vision de l’œuvre d'Aqua, je me laissais aller à une première approche.