Assis sur une haute colline, sur laquelle j'avais élu domicile depuis déjà quelques temps, j'observe le vaste horizon autour de moi. Je ne l'observe pas seulement, je le surveille, puisque c'est là ma tâche, mon rôle : la surveillance. Les choses allaient cependant plutôt bien ces temps-ci, mes frères savaient à présent à quel point je pouvais me montrer intransigeant et à présent, chacun faisait son possible pour ne pas empiéter sur le travail de l'autre. Au fil du temps, j'ai plutôt bien réussis à instaurer une certaine harmonie. Dans ces terres-ci au moins.

Mais alors que je me croyais à l'abri de la moindre déconvenue, la nuit s'étant installée tranquillement et silencieusement, voilà qu'au loin, je vois un feu. Un grand feu même ! De quelle origine pouvait-il bien être ? Quel ravage allait-il faire subir à mes terres ? Sans plus attendre, je m'élance et, d'un bon, quitte ma colline retombant sur mes pattes à sa base. De longues et souples foulées me rapprochent de ce feu implacable, je gronderais presque à l'idée qu'il abîme mes terres.

La nuit était toujours calme, si ce n'est à présent, le crépitement du feu qui grandissait. Suffisamment proche à présent, je sens la présence d'un cousin d'Ignis, cela ne fait plus aucun doute au vue de ce qui se déroulait. Humant l'air pour déterminer sa position, j'arrive rapidement à ses côtés. Un petit cousin d'Ignis. Je finis de m'approcher, plus lentement cette fois, mes cinq yeux rivés sur le feu dansant, crépitant qui me fascine étrangement. Je m'assois alors lourdement, aux côtés de mon petit cousin et observe.

" Que fais-tu à mes terres, fils d'Ignis ? "

Finalement, après une émotion irritante, la curiosité prend le pas sur celle-ci. Il est vrai que les feux d'Ignis m'ont toujours fascinés, par leur puissance et leur beauté, tout comme par leur mordant.

Un léger grondement bourdonne dans ma gorge en entendant ses explications. Il n'y avait rien de menaçant là dedans, mais cela ne cachait en rien ma contrariété. Si la présence de ce cousin et ses occupations n'avaient pas grand chose de dérangeant, c'était davantage le manque de communication dans notre famille qui faisait désordre. Ici sont mes Terres, celles que je surveille. Je suis celui qui veille sur elle et j'aurais dû être le premier informé de telles pratiques.

" Je vois. "

Néanmoins, je n'avais pas fais le choix de me montrer colérique. Ce cousin d'Ignis ne me paraissait pas mal intentionné et du haut de ma taille, en l’observant, je pouvais le sentir. J'allais cependant le prévenir pour la suite.

" Au moins maintenant je sais qu'en apercevant un feu au loin, je n'aurais peut-être pas à m'inquiéter comme je l'ai fais. Cependant cher cousin, si par la suite tu avais l'amabilité de me prévenir avant de brûler mes terres, je t'en serais reconnaissant. "

Ma tête pivote vers lui, lui accordant l'attention de mon regard multiples. La chaleur de son feu était agréable et je pourrais resté assis ici, sans broncher, un long moment sûrement.

" Je suis Baphomet, la Sentinelle. Quel est ton nom, brûleur de prairie ? "

Enki. Un nom agréable, court et simple, à la consonance pourtant tranchante. Ce qui allait plutôt bien avec son apparence de petit être certainement vif. J'inclinais ma tête d'un bref hochement en signe de respect et de salut avant de suivre son propre regard, qui se projetait et observait la nature environnante. Autrement dit, les terres sur lesquelles j'officiais. Sa question fut alors l'écho légitime de ma demande.

" Il y en a d'autres oui. Mes terres sont vastes. "

Je portais mon regard au Nord dans un premier temps.

" Elles commencent aux chaines de Montagnes là bas. Au delà de celle-ci, les terres appartiennent à un autre. "

Mon regard pivote ensuite vers le sud.

" Là bas, elles prennent fin à la naissance des œuvres d'Aqua. "

Il y avait une plage qui séparaient mes terres des mers d'un cousin. Vaste et magnifique, je ne m'y rendais que rarement en réalité puisque les relations avec ce cousin en particulier n'était pas au beau fixe.

" Concernant les frontières du l'Est et de l'Ouest, elles sont faites d'une  épaisses forêt de conifères, arbres que tu ne verras d'aucune manière sur mes terres. C'est là l'un des moyens dont nous usons, nous enfant de Terra, pour discerner le travail de chacun. "

Quelque chose attira mon attention vers le Sud, je sentais la présence du cousin d'Aqua grandir. La marée était montante, il savait pertinemment que ça avait le don de m'agacer. Je me redressais alors aussitôt et commençait à me diriger dans cette direction avant de me retourner vers le fils d'Ignis.

" Que tu sois sur mes terres ou non, à l'approche de cette zone, lance à signal à ton arrivée et je viendrais à ta rencontre. Tu n'es pas à l'abri de rencontrer un frère moins concilient que moi, je ferais en sorte que tu puisse agir en toute quiétude. "

Je m'inclinais une nouvelle fois.

" Je dois y aller, le devoir m'appelle. A bientôt Enki, c'était un plaisir. "

Puis je m'élançais en direction du Sud, d'une foulée puissante et rapide.