La lueur d'une amulette

Me revoilà ici, dans ces rues animées d'une ambiance particulière à ce genre d'endroit. Sincèrement, on ne peut pas dire que ça me manquait mais, j'y étais presque plus à l'aise qu'à la capitale, sans savoir pourquoi. Ou peut-être que si mais si il y avait un choix à faire, je préfère ici. Déjà parce que étrangement, j'avais moins de risque de me faire attraper et parce que... Rah peu importe. J'étais revenue pour deux raisons simples : faire parler de moi et faire des achats. Parce que oui, bien malheureusement ma tête était maintenant trop connue pour que je puisse aller n'importe où, alors ça serait là.

En fait, je cherchais deux gaillards en particulier. Ça serait bien sûr très étonnant de les trouver pile le jour où je me pointais, mais ça n'empêchais pas de se renseigner. Sur les grandes enjambées, je gardais ma capuche repliée sur le haut de mon crâne, pas comme si c'était pas monnaie courante ici, c'était presque l'habit conventionnel. Je traversais des rues, questionnait ceux que je croisais à propos de Lars et... merde j'ai perdu son nom à l'autre. Faut dire que le premier, c'était celui que j'avais cogné donc forcément, c'est de lui dont je me souvenais le plus. Bon, alors ça serait ❝ Lars et son pote, c'est la cousine, qui lui en a mis une, qui le cherche ❞. Est-ce que pourtant ça serait suffisant ? J'en étais vraiment pas sûre, vu leur tempérament, ça m'étonnerait pas qu'il s'en soit mangé plus d'une. Enfin peu importe, je n'allais pas pouvoir faire bien plus.

Pas tout à faite certaine encore que je pourrais donner mon nom et puis, je crois bien que je ne leur avait même pas donné. La poisse, enfin, c'est probable que grâce à des affiches ils auront réussis à mettre une nom sur mon visage. Si je me souviens bien, ils m'avaient dit qu'ils restaient souvent dans le coin alors, peut-être que j'aurais de la chance, j'avais mon temps après tout. Enfin, c'est ce que je croyais.

Au détour d'une ruelle, j'aperçois quelque chose qui me foudroie un peu. Je ne suis pas sûre de pourquoi, une impression de souvenir, sans avoir réellement jamais vu ça. C'était une silhouette, une cape particulière, luminescente. Je n'avais pas le temps pour ça alors je continuais la conversation avec ceux en face de moi, mais mon attention ne pouvait en décrocher trop longtemps. Et peut-être heureusement, à la vue de ce qui allait se passer...

La lueur d'une amulette

Jamais la jeune guerrière n'aurait pu imaginer ne serait-ce qu'un instant l'incroyable puanteur qui s'accrochait au monde qu'elle découvrait. Tout depuis le départ précipité de son simple village accroché à flanc de montagne puait sans qu'elle ne puisse jamais identifier clairement ce qui la dérangeait. Était-ce les embruns, la pisse ou l'amertume des regrets nés sitôt la porte de son foyer franchie, elle était bien incapable de le dire. Pourquoi tout devait être pour elle si différent des grands récits d'aventure ? Le Roc, la traversée sur un rafiot à peine assez solide pour flotter et maintenant Oagran... Arcane n'était-elle au fond qu'un vaste territoire pourri en surface ? Lou avait bien du mal à croire que de quelconques demi-dieux aient jamais œuvré à la magnificence de tels lieux.

La traversée l'avait épuisée. Sans le sou, elle avait consenti à servir de femmes à tout faire à bord, le capitaine ayant perdu quelques hommes lors d'un trajet précédent. C'était à peine si l'homme l'avait autorisé à fermer l’œil plus de quelques minutes. Aussi en débarquant à Oagran, elle n'avait plus qu'un seul objectif en tête : trouver une chambre et dormir. Trop naïve pour prêter oreille attentive aux dires des marins sur cette infâme ville, la jeune guerrière découvrait ses ruelles étroites sans trop prêter attention à ses effets personnels – sa hache, une simple petite bourse de cuir et sa cape en peau d'Azuryx enduite d'un liquide luminescent autrefois acheté à une marchande au caractère bien trempé.

Habituée de la chasse, il ne lui fallut que peu de temps pour remarquer qu'elle était suivie. Deux hommes, au moins, la pistait depuis quelques minutes. D'auberge en auberge, elle n'essuya que des refus. Certains tenanciers affirmaient afficher complet, d'autres ne cachaient pas leur méfiance à l'égard d'un visage dont les traits semblaient avoir été dessinés bien trop loin de chez eux. Alors que la nuit tombait, l'enfant en elle comprit qu'une cape brillante n'était pas un atout dans un endroit comme celui-ci. Elle eut soudain envie de s’asseoir en boule, de pleurer et d'implorer le vent de bien vouloir la ramener jusqu'à chez elle.

- Chez moi, la couche sera gratuite. A condition que ton cul soit aussi brillant que ta cape...

Elle entendit le rire gras d'un homme aviné au même moment qu'un autre posa la main sur son épaule. Dans un réflexe guerrier, elle mit la main sur sa hache et foudroya son assaillant d'un regard bestial. C'était ce qu'elle était : un animal apeuré, perdu, prêt à tout pour défendre sa vie. Ce n'était pas tant l'insinuation sexuelle qui l'avait fait réagir que le contact étranger. A 19 ans, Lou ne connaissait rien des choses de la vie mais devinait aisément que cette situation risquait de ne pas tourner à son avantage.

Un petit attroupement se forma autour des trois antagonistes. Lou brandissait désormais fièrement sa hache, trahie toutefois par les larmes qui perlaient au coin de ses yeux bleus.

Codage par Libella

La lueur d'une amulette

Mes yeux captent des agissements qui ne me disent vraiment rien qui vaillent. Perdant quelque peu le fil de la conversation que je menais, mon regard se braque sur cet individu, que je devine être une femme sous cette cape bleue luminescente. Des idées parasites fourmillent dans mon crâne sans que je ne parvienne à en capter ne serait-ce qu'une exploitable. Finalement, je décroche complètement de ma conversation quand les deux hommes qui l'ont approchés se montrent trop entreprenants.

Ce genre de mise en scène m'horripilent et j'avais réagis pour plus d'une femme dans ce genre de situation, une pensée pour Arianna que je n'avais pas vu depuis longtemps refait rapidement surface avant de m'échapper complètement. Oui j'étais le genre d'énergumène à réagir, même pour des inconnues et pourtant, j'avais le sentiment ici que ce n'était pas le cas, sans pouvoir me l'expliquer.

Je quitte mes comparses sans mesure ni prévenance et m'élance d'un pas ferme vers l'assemblée qui commençait à devenir trop dense à mon goût et certainement au sien aussi. Le dents serrées, je passe la main sous ma cape, dans mon dos et attrape dans un premier temps la dague qui s'y trouve attachée. Le regard nerveux et noir, je m'engouffre au travers du public qui s'était amassé, me frayant un chemin sans la moindre délicatesse, repoussant ceux qui me barrent la route de mes épaules.

Des brimades, de plaintes résonnent et accompagnent mes pas jusqu'à ce que je rejoigne l'intérieur de cercle formé par la foule. Toujours encapuchonnée, je m'avance brusquement et m'insinue entre la demoiselle et l'homme qui lui fait face, braquant ses bijoux de famille de la pointe de ma dague, qu'il pourrait sentir allègrement se poser, prête à percer ses foutus poches.

❝ J'arrêterais si j'étais toi. ❞

Le ton ferme, sévère, voilà ma première argumentation, d'un regard noir fixé vers lui. L'inclinaison lui permettrait d'ailleurs certainement de distinguer mes traits. En général, c'était suffisant comme menace, mais il faut croire que son pote n'est pas bien plus intelligent car le voilà déjà entrain de s'époumoner, repoussant la demoiselle par l'épaule qui, d'un coup d’œil me paraît assez jeune, avant de vouloir fondre sur moi. La pression de ma lame sur les bourses s'accentue et je dégaine mon épée dont je cale la pointe au niveau de la gorge de l'autre.

❝ J'hésiterais pas à le castrer. Le monde s'en portera que mieux. ❞

J'avais eu quelques envies pour les haches ces derniers temps, mais il fallait bien admettre que l'épée avait au moins l'avantage de tenir en respect, de manière assez éloignée, ses opposants. La foule commençait à quémander une confrontation, mon regard restait fixe sur celui au bout de mon épée, l'autre ne bougeant absolument pas. Mes yeux captent alors rapidement le visage de la demoiselle, mes sourcils se froncent à sa vue, mais je reprends les hostilités. A chaque mouvement ou mot de celui qui ne risquait pas de perdre toute descendance, je forçais la pression de ma dague.

❝ Bordel Karl, ferme là et reste tranquille. ❞

Ce Karl gardait son air renfrogné malgré un premier pas en arrière. Voilà qui était un bon début. Quelques spectateurs commencent déjà à quitter la zone, comprenant sans doute qu'ils n'auraient pas le spectacle qu'ils attendaient. Mon regard restait vissé sur Karl, j'étais à peu près sûre que l'autre bougerait pas et n'essaierais même pas de se défaire de la dague. Elle était déjà bien trop enfouie dans son pantalon pour que, déviée, elle ne fasse aucun dégâts.

Je les entends grogner, mais finalement, l'un et l'autre abdique et recule. Je les garde en joug, conservant ma position ferme et solide alors que j'entends derrière moi quelque chose qui ressemble à une menace.

❝ Fais gaffe à toi si on se recroise, j'te f'rais passer l'envie d'me les couper. ❞

Bien sûr oui, rattrape le peu de dignité qu'il te reste. J'aurais pu lui répondre ainsi, mais pour une fois, je ne cherchais pas à attiser une braise déjà fort crépitante, n'étant pas la seule à prendre des risques. Je me contente de pivoter ma tête vers lui, alors que son acolyte le rejoins et que tout deux traversent le peu de foule qu'il reste, envoyant balader ceux qui se trouveraient un peu trop sur leur chemin. Le reste de la troupe se dissipant, je rangeais mes armes, sur le point de repartir aussi vite que j'étais venue, n'adressant pas de regard à la jeune femme.

La lueur d'une amulette

Le mur qui se tenait derrière elle l'empêchait de se dégager rapidement. Elle était la proie d'une partie de chasse bien organisée. Combien de bêtes sauvages avait-elle elle-même acculées contre le flanc rocailleux d'une montage ? Elle savait que la situation ne tournerait pas à son avantage à moins d'une action désespérée de sa part. En attendant une possible ouverture, elle se contenta de grogner à l'adresse de ses agresseurs.

Ce qui l'étonnait, c'était le nombre croissant de spectateurs qui venaient s'amasser là sans agir. N'étaient-ils attirés que par la vue du sang, que par le hurlement de désespoir d'une bête sauvage retranchée qui vivrait ses derniers instants. Elle fusilla les occupants du premier rang d'un regard emprunt d'un mépris qui ne transpirait que rarement du fond de ses yeux bleus. Le monde avait décidément une sale gueule. C'est là qu'elle vit la foule s'ouvrir en deux. La guerrière qu'elle vit en sortir ne lui était pas inconnue. Elle aurait été bien incapable de l'affirmer ou mieux de lui donner un nom, mais la mémoire est parfois assez taquine pour ne s'activer que partiellement.

Si tôt la dague alliée pointée sur l'assaillant, Lou se retrouva projetée contre le mur par le complice. Passé le choc, elle resserra son emprise sur la cross de sa hache et alla se poser derrière qui se fit nommer Karl par son compagnon d'infortune. Pris en tenaille entre une épée sur son ventre et une hache sur son dos, il eut au moins l'intelligence de ne rien tenter de trop fou. Il aurait au mieux perdu un bras, au pire, la vie. Lou entendit toutefois la menace vociférée à l'endroit de sa sauveuse et y répondit d'un grognement désapprobateur, les lèvres retroussées.

Même une fois la menace disparue et la foule dissipée, la jeune guerrière du Nord resta sur ses gardes, la hache toujours à la main. Son teint pâle évoquait maintenant plus l'extrême fatigue et la maladie naissante que la pureté de la jeunesse. Elle avait besoin de repos. Voyant son aînée repartir et mue par un élan qu'elle ne maîtrisait pas, elle lui attrapa l'épaule et de sa voix haut perchée tenta de trouver quelques mots appropriés.

- A-attends.. ! Merci. Pour ça. Je... Ils me suivaient depuis le port. J'étais à la recherche d'une chambre mais toutes les auberges affichent complet.

Essoufflée et balbutiante, Lou tâta de sa main libre le contenu de sa bourse en cuir. Elle n'avait rien à offrir qui ne la condamnerait pas à dormir dans la rue. A moins que... Elle passa la main sous son épais manteau d'Azuryx et tira un coup sec sur le cordon qui habillait sa nuque. S'en détacha une amulette grossière, usée par le temps, qu'elle présenta dans la paume de sa main.

- Je m'appelle Lou Vargúlfr, du clan Eiðr. J'ai fait un long voyage et je suis épuisée. S'il te plaît, aide-moi. Et mon honneur sera tien jusqu'à ce que ma dette soit payée.

A mesure qu'elle parlait, Lou repensait aux leçons de son père. « La fierté mal placée est le pire ennemi du guerrier en formation ». Elle avait besoin d'alliés et cette femme en était un. Elle ne se l'expliquait toujours pas, mais elle pouvait l'affirmer.

Codage par Libella

La lueur d'une amulette

Je sens une main se poser sur mon épaule et par réflexe, je sers le pommeau de ma dague et me retourne vivement, prête à trancher. La vision de la jeune femme m'arrête aussitôt et ma main, à peine lever, retombe lentement avant que je ne range mon arme dans mon dos. Je reste de marbre dans un premier temps, n'ayant pas grand chose à faire de son histoire, même si sa situation m'interpellait. Elle cherche une chambre et n'en trouve pas ? Pas très bon si elle compte rester ici, elle en a fait l'amer expérience.

Je soupire néanmoins, ne sachant pas trop quoi répondre à tout ça, la mine déconfite heureusement camouflée par ma capuche. Je la vois et l'observe chercher quelque chose sur elle, mon regard devenant sévère. Qu'est-ce qu'elle faisait ? Je sers les dents et reste interdite un court instant alors qu'elle me présente une amulette, pour ensuite refuser d'un mouvement de tête.

❝ J'ai pas fais ça pour... ❞

Elle se présente alors, certainement sans même avoir fais attention à mes revendications. Je lève les yeux vers elle et la fixe sous l'ombre de ma cape. J'écoute ses paroles et demeure interdite. Quelques longues secondes marquait le silence entre nous, le temps que je me fasse à l'idée. J'allais l'aider. Si au départ ce n'était qu'un élan instinctif que je me connaissais si bien, j'allais l'aider. Pour une simple et bonne raison, je savais qui elle était maintenant. Je souffle par le nez alors qu'un léger sourire amusé orne mes lèvres dans l'ombre. J'inspire profondément avant de soupire bruyamment, rabattant ma capuche sur mes épaules avant de la fixer de nouveau.

❝ Tu devrais pas lâcher ton identité comme ça, à n'importe qui, même si cette personne vient de t'aider, Lou. ❞

J'appuyais légèrement sur son prénom et repousse gentiment sa main dans laquelle trônait son amulette.

❝ Et je crois que cette amulette est importante, garde là. ❞

Je me souvenais d'elle, finalement, ce n'était pas si lointain et ça m'avait assez marqué pour que j'y repense plus d'une fois après coup. Pourtant, je n'étais pas sûre que ce soit son cas, elle était jeune après tout et seuls les Dieux savent ce que la vie lui avait réservé depuis. J'attendais alors que les souvenirs remontent et si ce n'était pas le cas, je les aiderais. Entre temps, je lançais des regards aux alentours, m'assurant que ma présence révélée n'éveillait pas trop de réaction alentours. Pour l'instant, ça allait.

La lueur d'une amulette

Si Lou pouvait se targuer d'avoir plusieurs cordes à son arc, le discernement n'en faisait certainement pas partie. Elle était pourtant observatrice mais pas assez patiente pour s'attarder trop longtemps sur des détails qu'elle jugerait probablement et rapidement inutiles. Depuis son plus jeune âge, elle allait d'étale en étale, essayer de comprendre comment on façonnait le verre, comment on domptait l'acier ou comment on préparait le repas. Mais si tôt obtenait-elle une réponse – bien souvent on l'envoyait simplement voir ailleurs d'un grognement prononcé – qu'elle allait déjà poser une autre question. Ce n'était pas les détails qui l'intéressaient, pas les dents d'une roue de l'engrenage en particulier. Ce que Lou aimait, c'était l'image complète, la grande machinerie dans son ensemble.

Aussi elle ne vit rien de la dague qui manqua d'être dégainée, ni du silence interdit de l'interlocutrice à qui revint quelques souvenirs pas si enfouis. Il lui fallut un temps incroyable pour convoquer à son tour sa mémoire, forcément affectée par les troubles du grand voyage entrepris. Elle fronça les sourcils, longuement, et ferma le poing sur sa petite amulette. Elle ressemblait soudain à l'enfant qui essaye tant bien que mal de réussir son calcul mental.

C'est probablement plus la voix de sa voisine que son visage qui lui servit de déclic. Elle revoyait sa petite tête blonde sauter sur le dos de celle qui s'était moquée d'elle, elle retrouvait ce drôle de mélange entre l'admiration, l'envie de surpasser et la jalousie brute. Ce mélange qui fonde les fratries. Un immense sourire, franc, sincère, vint illuminer le visage pâle de la jeune guerrière. Les larmes qui coulèrent fugacement de ses yeux trahissaient sa fatigue, son incrédulité et sa reconnaissance certaine. Elle se sentit bien bête, en revanche, quand elle dut prendre la parole à son tour. Elle n'avait jamais su le prénom de sa grande sœur d'un jour.

- C'est toi, pas vrai ? Qui était au village, qui est venue voir les Asuryx avec moi ? Et tu avais le qui brille... J'en ai mis plein ma cape, elle brille la nuit ! Mais... C'est peut être pas une bonne idée, je m'en suis rendu compte un peu tard.

Sa voix tomba, elle savait son idée bête et s'attirerait certainement une remontrance guerrière. Elle serra un pan de son manteau dans sa main.

- C'était sûr qu'on allait se revoir, mais... J'aurai préféré que ce soit dans un endroit plus chaleureux. Merci encore... Sans toi... Pff. Merci.

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Je levais un sourcil face à sa réaction, mes yeux se portant sur elle avec une certaine surprise. Elle souriait et pleurait en même temps, je me sentais vraiment impuissante et crispé par cette vision. « C'est toi ? », juste ça ? Seulement moi ? Je fronçais les sourcils et baissait les yeux en réfléchissant, mes lèvres se tordant. Est-ce qu'elle avait oublié mon nom, où est-ce que j'avais été assez peu prévenante pour ne pas lui donner ? La deuxième option ne m'étonnerait pas, même aujourd'hui j'évitais de le donner, d'autant plus maintenant que ma tête était placardé un peu partout. Ce qui me rassurait en revanche, c'est qu'elle n'avait pas eu l'occasion de faire le rapprochement avec ces dernières, enfin, si elles les avaient vu. Il y en avait évidemment moins au Nord qu'au Sud après tout.

Mes yeux revenaient à elle, assez neutre, quoi que légèrement enthousiaste quand même à l'idée de retrouver cette lointaine gamine qui avait éveillée quelque chose en moi à l'époque. Je me raclais la gorge et tirais une grimace de mes lèvres quand elle me parle de sa cape. Enfin, de sa mauvaise idée.

❝ C'est vrai que niveau discrétion... ❞

En soit, c'était une idée sympathique, mais pas la meilleure. Sa mine tombait pourtant et elle avait alors bien plus l'allure d'une enfant que par le passé. C'était étrange à voir et je n'étais pas tout à fait sûr de ce que ça provoquait chez moi. Je la contemplais quelques instants après ses remerciements, interdite et silencieuse avant de lui répondre assez fermement.

❝ Pas la peine de me remercier. ❞

C'est vrai que je n'aimais pas trop ça, je n'agissais que rarement pour m'attirer les faveurs ou la reconnaissance. Par contre, si un jour j'avais besoin d'elle, là elle pourrait me le rendre. Mais pour l'heure, je n'avais pas vraiment besoin de ça. J'observais encore autour de nous, constatant que finalement, j'avais peut-être un peu présumé des intentions de ceux qui se trouvaient là. Sans m'expliquer pourquoi, ça me faisait presque un petit pincement à l'égo. Mais bon, c'était sans doute mieux comme ça. Je revenais à Lou, après m'être raclé la gorge.

❝ Je veux bien t'aider à trouver un endroit où dormir, mais j'ai aussi des choses à faire ici. ❞

Et puis j'étais pas tout à faire certaine de consentir à la laisser ici seule, la nuit, mais de là à le verbaliser, il y avait un fossé qui m'en séparait. Mon regard courait sur ses épaules d'un air incertain.

❝ Et enlève cette cape, ça nous évitera d'être trop repérable et de retomber sur nos amis. ❞

Lui recommandais-je en fouillant dans mon sac sans fond avant d'en sortir la cape en fourrure que j'avais, pour lui tendre. De la gentillesse ? Nan, c'était plus... de l'intérêt et de la sécurité. Si je m'engageais à l'aider, il fallait bien ça.

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D’un geste vif, la jeune guerrière essuya les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Elle retira sa cape et la plia soigneusement pour la ranger dans sa besace avant de récupérer celle que lui tendait Lagertha. Elle l’enfila, ne fit pas la moindre remarque, quand bien même la fourrure lui tombait bien au-delà des genoux. La capuche rabattue sur sa tignasse blonde, elle renifla un bon coup et hocha la tête, coupable.

— Je suis désolée, confessa-t-elle. Je voulais pas te causer des soucis.

Elle aurait aimé que sa semblable lui donne une tape sur l’épaule, lui explique que ce n’était rien, que tout irait bien. Mais elle savait que ce n’était probablement pas dans les us et coutumes de son aînée. Elle retrouva un peu de sa contenance et essaya de se donner un peu de courage et redressant l’échine.

— D’accord. Merci. Je suis à ton service, demande-moi ce que tu veux. Je ne veux pas être un boulet, si je peux t’être utile jusqu’à la nuit tombée et même plus, n’hésite pas. Après tout… Elle sembla hésiter un moment. On est toutes les deux du Nord, non ?

Elle toisa les quelques curieux toujours massés autour d’elles et adressa son regard le plus froid aux plus insistants. Elle enfonça un peu plus la tête dans sa capuche et emboita le pas de Lagertha. Elle hésita de longues minutes avant d’enfin oser reprendre la parole.

— Dis, tu peux me donner ton nom… ? Je l’ai jamais eu, et j’ai dû me souvenir de toi que comme la fille de la caravane marchande. C’est… C’est super long, comme prénom.

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La lueur d'une amulette

Je roulais les yeux vers le ciel en soupirant.

❝ Arrêtes de t'excuser. J'ai pas besoin de toi pour m'en attirer, des problèmes. ❞

Il n'y avait rien de plus vrai. A ce que je sache, c'était ma tête à moi qui était placardée les murs de la capitale et sans doute un peu partout sur les terres du blondinet. J'avais cependant conscience que mon timbre était un peu... brusque diront-nous. Et étrangement, bien que je n'étais pas sensé avoir le moindre état d'âme à ce propos, face à elle, j'en avais un peu. Comme si je voyais en elle la gamine du passé. Ce qui en soit était étrange, parce qu'à ce moment là je n'étais déjà pas vraiment délicate avec elle, au contraire même. Finalement, ses mots m'arrêtèrent. Toutes les deux du Nord hein ? Je grimaçais légèrement.

❝ Si on veut. ❞

Murmurais-je avant de me détourner d'elle pour commencer à nous éloigner de notre place. C'est vrai qu'après tout, elle ne savait pas. Tout ce qu'elle savait, c'était que j'étais avec Rollo a cet époque. Que nous soyons ennemie lui échappait sans doute totalement. Pour ma part, je n'étais pas franchement prête à le révéler au grand jour alors, quand elle me demandait mon nom, il ne m'en fallait pas davantage pour m'arrêter. Mon dos lui étant toujours tourné, je serrais les dents avant de lui répondre.

❝ Vaut mieux pour toi que tu le connaisse pas, alors... Appelle moi comme tu veux. ❞

Oui, il valait mieux. Qu'est-ce que lson clan allait dire si il apprenait qu'elle avait fricoter avec une ennemie, qui plus est, dont la tête était mise à prix ? A y réfléchir ainsi, je restais secrète peut-être davantage pour moi que pour elle. Et pour plusieurs raisons.

Reprenant la marche, je cherchais le chemin de la forge magique, demandant parfois à des passants. Quelques instants plus tard, nous voilà face à elle et je n'attendais pas plus longtemps pour y entrer. J'avais besoin d'une chose en particulier mais, j'avais beau chercher, je ne trouvais pas. Enfin, pas que je sache exactement à quoi c'était sensé ressemblé mais...

❝ Vous avez pas de pierre de télépathie ici ? ❞
❝ Ah non ma ptite dame, le seul moyen pour que j'vous en fasse ça s'rait d'm'apporter les ingrédients. Pis y sont pas faciles à trouver ceux-là, bien pour ça que j'en fais rarement. ❞
❝ Fais chier... ❞

Je me détournais de lui, tombant presque nez à nez avec Lou, sursautant quelque peu. J'en avais presque oublié sa présence. Peu fière de ma réaction, je continuais à fureter dans la boutique. Peut-être qu'autre chose me plairait et ce fut le cas. Je m'arrêtais face à un collier, une pierre et un brassard.

❝ On en a pas beaucoup d'ceux là. J'serais vous, j'me décid'rais vite. ❞

HRP: