Ignis exhalait son dernier souffle alors que les frimas d'Aer s'insinuaient dans les foyers. Nulle âme sensée n'aurait arpenté les sentiers brumeux en ce jour où le ciel anthracite rejoignait la terre. Une étole de fumée enserrait Revna de son étreinte, ne lui laissant deviner que des formes éparses et lugubres. Il en faudrait néanmoins plus pour incommoder cette enfant des plaines glacées, qui se complaisait à se dissimuler dans les ombres. C'était l'éclat de l'astre d'Ignis qu'elle fuyait, car il ne laissait nulle place pour disparaître. Sa bourse trop légère ne lui avait pas permis de louer une monture et aucune carriole de marchand n'aurait pris la route avec si peu de visibilité. Aussi avait-elle arpenté seule les chemins menant vers le Roc d'Eluan , depuis Heilan où elle avait séjourné pendant quelques semaines dans l'optique de recueillir des informations concernant une personnalité locale. Le brouillard suffisait à la dissimuler de la vue des monstres et elle usait et abusait de l'onguent fait à base de "sans odeur" pour tromper leur odorat. Quand à leur ouïe.... c'était un autre problème. La jeune femme pouvait en temps normal se déplacer sans bruits mais cette purée de pois rendait les choses difficiles. Aussi avançait-elle encore plus doucement qu'à l'accoutumée. Sa mission au Roc d'Eluan serait quand à elle un énième assassinat. Elle ne recevrait le reste des informations qu’une fois arrivée sur place. L’organisation opérait toujours ainsi car la torture ne pouvait faire avouer une chose ignorée. L’opération devait être urgente, car on ne lui avait pas laissé le temps d’attendre une amélioration du climat. Non pas que ces considérations aient une quelconque importance : elle accomplirait sa mission quel que soit le nom inscrit sur sa liste.
La faible constitution de la jeune femme ne lui aurait jamais permis d'effectuer d'une traite la trentaine d'heures nécessaire à la réalisation de ce périple et elle devait fréquemment s'arrêter, ce qui avait occasionné sa situation actuelle. Son épaisse cape noire marquée de coutures violines était de bonne facture, mais le froid humide semblait la traverser comme si elle ne portait rien. Elle savait qu'elle ne tiendrait pas longtemps si elle ne trouvait pas un moyen de réchauffer son corps fatigué. La jeune femme ne se laissa cependant pas aller à la panique, sachant pertinemment qu'il s'agissait là du premier pas vers la mort.
Sa vue devenant de plus en plus troublée par le brouillard, l’Assassine commença à se fier au toucher. Ses longs doigts se posèrent avec douceur sur la mousse des étroits troncs opalescents au milieu desquels elle déambulait. Si elle ne tournait pas en rond, il subsistait un espoir de s’en sortir sans encombre. Son pied heurta plus d’une fois un rocher ou un arbre et elle finit par tomber à la renverse en glissant dans une flaque de boue – elle espérait de tout cœur qu'il ne s'agissait que de terre.
C'est en se relevant et massant son bras endolori par le chute que son regard rencontra enfin une note détonant au milieu de la grisaille. A la lisière de son champ de vision brûlait une flamme, luttant pour maintenir son être. Puisant en ses dernières bribes d'énergie, la jeune femme traîna son enveloppe chétive jusqu'à ce qui tenait plus de la cabane que de l'habitation. Qu'importe, elle ne ferait pas la fine bouche alors qu'un âtre brûlant était visible à travers les lattes de bois. Elle toqua et n'eut à attendre que quelques secondes pour qu'un homme de petite taille aux cheveux bruns ne vienne lui ouvrir.
"Bonjour, noble étranger. Je suis Ostara Sombrevent, modeste herboriste itinérante s'étant trouvée acculée par ce brouillard. Accepteriez-vous de m'abriter le temps que les routes soient plus sures ? J'ai de quoi vous payer. "
Ses doigts firent tinter sa bourse alors qu'elle parlait d'une traite, ne laissant pas à l'homme le temps de l'envoyer promener. Elle nota rapidement que ce dernier était suffisamment séduisant pour qu'un paiement en nature lui soit envisageable. Ses traits étaient sans caractère mais l'ensemble était plutôt agréable. Elle dégagea la capuche lui éclipsant jusqu'alors le visage pour présenter son joli minois frigorifié, dardant de grands yeux de biche effarouchée sur l'inconnu.
Dernière édition par Revna le Mer 17 Aoû 2022, 23:50, édité 2 fois
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Rang : Arcanien/Arcanienne Crédit Avatar : Alexandre Astier par Nekorse Date d'inscription : 29/07/2022 Messages : 14Métier : Aventurier - Chef de village
Rang : Arcanien/Arcanienne Crédit Avatar : Alexandre Astier par Nekorse Date d'inscription : 29/07/2022 Messages : 14Métier : Aventurier - Chef de village
Le vent sifflant entre les nombreuses interstices des planches rongées par le temps rude du nord des Landes m’avait réveillé comme à son habitude, bien avant que se glisse la moindre éclaircie.C’est à peine si la danse enflammée ayant prit pour scène la cheminée en ruine, parvenait à réchauffer mes os. La fine couverture sur le dos, je ne m’en tenais pas bien loin. Une chose était certaine, nous n’en étions pas à la partie la plus glorieuse de notre légende. Cela devait bien faire un mois maintenant que nous avions pris pour refuge ce coin paumé abandonné de ses précédents habitants. Un mois que je ne fermais pas l'œil, empêché par le froid de la saison d’Aër ayant débutée, ou par les créatures qui viennent rôder entre les baraques.
Cette longue pose avait entamée sérieusement nos provisions, quant à la trésorerie, on était sur la fin. Et c'était pas façon dire, on voyait bien plus le fond que les pièces. Même si j’avais encore du mal avec le titre, je me devais d’agir comme leur dirigeant. Trouver une solution à ces problèmes qui s’accumulaient à chaque nouvelle journée. C’est pourquoi une décision fut prise. Aujourd’hui même, je partirai en direction du Sud, rejoindre la cité de Rorn. Je ne sais pas si elle est encore sous le contrôle du Prince ou si le Keizer en a pris possession lors de la Révolte, mais je devrais pouvoir y trouver des quêtes ou des trucs comme ça. De quoi me faire un peu de pognon et revenir les bras chargés de nourritures. P’tet même qu’un artisan sera d’accord pour venir nous filer un coup d’main.
La couverture avait fait place à la tenue de voyage, une accumulation de tissus pour se maintenir chaud, d’une qualité notable mais si ce n’était pas à la hauteur de la Capitale. De quoi montrer au premier regard qui est le patron du bled sans me donner de quoi trop frimer non plus. Le pendentif qui ne me quittait que pour la nuit a retrouvé sa place en dessous de tout ça, le fil caché par un autre bout entourant mon cou. La ceinture armée de son épée et alourdie d’une petite bourse contenant un peu moins d’une centaine de Tsuris. Le baluchon avec un peu de provisions était prêt lui aussi. Je ne l’avais pas trop chargé, autant si le trésor du village valait mieux que je l’ai sous la main, autant il était préférable de leur laisser de quoi se nourrir si le voyage devenait long. Surtout pour le Doc. Il resterait encore moins de ce tas de ruine en rev’nant si il ne trouvait pas de quoi alimenter ses casses-dalles permanents.
Je m’apprête à sortir lorsque de la porte résonne des coups. Mes yeux se lèvent rien qu’à l’idée de qui va être derrière. J’avais l’espoir de les esquiver en me barrant discrètement, mais c’était semble-t-il sans compter sur leur sixième sens inné à s’pointer quand j’ai pas envie de voir leurs tronches. Après une rapide et bruyante expiration, je m’en vais leur ouvrir, décidé à la couper courte dès la première occasion. Prêt à gueuler, j’me résigne au silence alors que se tient devant moi une silhouette que je ne reconnais pas. L’avantage de pas être nombreux, c’est que dès qu’il y a un nouveau qui tente de se faufiler, on le repère assez vite.
Quoi qu’il en soit, j’ai pas l’temps d’en placer une qu’elle me raconte toute sa vie. Je m’apprêtais à l’envoyer chier en lui expliquant que j’ai autre chose à foutre et qu’elle aille taper à une autre porte, mais je découvrais un minois plutôt sympa lorsqu’elle s'extirpait de la noirceur protectrice de sa capuche. Un visage plutôt enfantin mais pas sans charme, les cheveux longs et bouclés couleur de nuit comme j’aime bien et une certaine finesse du corps. Elle méritait bien une p’tite minute ou deux d’attention.
Bon bah rentrez, restez pas dehors, on s’les gèle.
La laissant passer en première, je découvrais son élégant charme juvénile et que je ne m’étais pas trompé sur sa silhouette. Mais je vis aussi la crasse qui recouvrait ses habits. La demeure était pas bien glorieuse, mais si elle pouvait éviter de me foutre son machin partout, ça m'arrangerait. Alors, ouvrant de nouveau grand la porte pour y passer une tête, je gueulais à l’autre con :
Perce-Cheval ! Amenez-moi de l’eau dans un seau !
C’est vous Chef ?
Bah oui c’est moi ! Qui vous voulez qu’ce soit d’autre ?
J’vous entends mais je v’vous vois pas, vous êtes mort Chef ?
C’est à cause de la brume.
C’est à cause de la brume que vous êtes mort !?
Mais non abruti ! C’est à cause de la brume que vous m’voyez pas ! Bon réfléchissez pas et am’nez moi de l’eau avec le sceau !
C'est vous Chef ?
C’était déjà beaucoup trop long avec lui, v’la que l’autre se pointait ! D’agacement, je rentrai la tête dans l’habitat, la heurtant avec force contre la porte, essayant de garder mon calme. C’était quand même pas bien compliqué c’que j’demandais, ils allaient bien réussir.. Reprenant foi, je pris un instant pour relâcher les épaules et ressortais ma tête dehors :
Oui c’est moi, mais laissez tomber vous !
J’vous ramène plus rien ?
Si ! Un sceau et de l’eau !
Okay !
Mais pourquoi il répondait ce con là !? Agacé, je lâchais un gros MERDE, V’LA ! avant de claquer la porte, puis une seconde fois lorsque celle-ci, rebondissant, s’ouvrit de nouveau. Une profonde inspiration, une longue expiration, et je me tournais de nouveau vers cette invitée qui ne l’était pas en fait, plutôt vers cette incrusteuse de dernière minute qui ne devait pas avoir un aspect très élogieux de la vue d’ensemble dont elle venait pourtant de n’avoir qu’un léger extrait.
Désolé, je pense que c’est mieux de pas trop compter là-d’sus. Alors ? Comment dire.. Qu’est-ce que.. Qu’est-ce que vous foutez ici au juste ? J'veux dire, dans l'patelin ?
L'invitation avait à peine franchit les lèvres de l'homme que Revna s'engouffrait dans l'interstice de la masure. Sa silhouette éthérée engloutie dans une cape poisseuse et beaucoup trop large restait plantée non loin du seuil, car elle ne souhaitait pas abuser de l'hospitalité de son hôte au risque d'être renvoyée d'où elle venait. Elle était trop frigorifiée pour faire la fine bouche quand à l'état pitoyable de la cahute et contemplait avec avidité la couverture défraîchie pliée près de l'âtre rougeoyant. L'habitation semblait tenir debout par hasard et ses murs lézardés étaient à deux doigts de s'écrouler sur eux même. L'ameublement marquait par son absence, signe d'un homme sans attaches et prêt à partir du jour au lendemain. Mais l'intérieur restait néanmoins assez propre et ordonné. En somme, il s'agissait là de l'habitacle d'un homme sur lequel elle ne se serait jamais attardée en temps normal. Elle était si absorbée dans sa contemplation des flammes, que c'est à peine si elle nota les gesticulades de l'inconnu. Ce n'est que lorsqu'il eut l'idée saugrenue d'offrir de nouveau l'intérieur de la cabane aux tambourinements du vent qu'elle daigna lui adresser de nouveau un regard. Perplexe, la jeune femme l'observa se lancer une joute verbale dénuée de la moindre logique avec des voix perdues dans la brume. La conversation lunaire menée avec le dénommé Perce-cheval (quel nom étrange) lui sembla si aberrante qu'elle en fut totalement captivée. Il devait s'agir d'une farce bien à eux car chaque réponse de l'homme invisible était plus stupide que la précédente. Lorsque ce dernier parvint à la conclusion que son "chef" (peut-être son hôte était il plus important qu'il n'en donnait l'air au final ?) devait être mort car il était dissimulé dans le brouillard, Revna n'y tint plus et sentit un éclat de rire lui monter à la gorge. Elle repris contenance tant bien que mal, essuyant d'un revers de main une larme de rire qu'elle n'avait su stopper. Depuis combien de temps n'avait-elle pas eu envie de rire de la sorte ? Elle devait être bien fatiguée pour se laisser aller. Elle cru ne pas résister lorsqu'une nouvelle voix intervint dans le débat, le rendant encore plus idiot si cela était possible.
*Ce qu'ils racontent est systématiquement débile mais toujours inattendu...* nota la jeune femme avec un amusement pour une fois non feint.
L'homme brun semblait singulièrement agacé par la stupidité de ses subalternes, aussi Revna émit-elle l'hypothèse qu'il subissait leur présence plus qu'autre chose. Celui-ci conclut l'improbable manège en criant des obscénités et claquant la porte, de la manière la moins distinguée envisageable. La jeune femme battit imperceptiblement des paupières lorsque la porte sembla sortir de ses gonds. Elle fut rassurée de voir que son hilarement n'était plus si apparent lorsque son hôte lui adressa enfin la parole. Lui offrant son sourire le plus cajoleur, elle lui dit d'une voix douce : "Je suis arrivée chez vous par hasard. J'étais perdue dans la brume et cherchait un endroit pour m’abriter. Mon travail me porte souvent sur les routes mais j'ai sous estimé la précocité du froid d'Aer..."
La jeune femme ponctua son discours d'une mine penaude. Trèves de bavardages, elle voulait avant tout se réchauffer. Arborant un regard suppliant qui n'aurait rien eut à envier à une bestiole sur point d'être abbatue, elle demanda :
Rang : Arcanien/Arcanienne Crédit Avatar : Alexandre Astier par Nekorse Date d'inscription : 29/07/2022 Messages : 14Métier : Aventurier - Chef de village
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Je prends quand même un instant pour la zieuter d’un peu plus près. L’interrogative méfiance déforme mon visage tandis que je laisse un silence sifflant s’installer entre nous. Parce que quand on prend deux secondes pour analyser l’truc, on est quand même sur une fille qui sort de nul part, qui tombe sur notre patelin paumé dans la brume, et qui comme par hasard, correspond en plus à mon type de femme. Belle, brune, cheveux longs, noirs et légèrement bouclée sur la fin, qui a une p’tite voix mielleuse et qui semble en plus toute inoffensive et innocente. Tiens donc ! M’étonnerait pas que ce soit un coup de l’autre taré de tueur de Dragan.
Ca n’s’rait pas difficile pour lui connaître mon style de femme. Il suffit de prendre l'opposé de sa fille. Mais pourquoi est-ce qu’il me l’enverrait ? M’espionner ? S’assurer que j’sois bien là ? Que j’reste sage si la tentation se pointe ? Regarder un peu les défenses ? Combien de pognon j’ai ? C’était bizarre cette histoire. Au final, je lui faisais qu’un simple signe de tête pour lui indiquer le feu, faisant comprendre qu’elle pouvait aller s’y approcher. Pour ma part, j’allais j’ter un oeil derrière le volet. Il s’rait pas là à attendre, après l’avoir envoyé faire diversion ?
De nouvelles longues secondes, et je me résignais. Il n’était pas là. Ce qui ne changeait rien cela dit pour cette femme venue de nul part. Doucement je m’approchai de quelque pas. Après tout, si elle veut espionner, grand bien lui fasse ! Ça ne devrait pas lui prendre plus d’une vingtaine de minutes pour faire le tour et piger que y’a que dalle ici. Peu importe quoi, y’a pas ! Quant à moi, j’avais toujours à faire, alors elle était bien gentille, mais elle allait devoir presser le mouvement.
Dîtes, vous êtes bien sympathique, mais j’étais sur le point de partir. J’aimerai justement profiter de la brume qui s’est levée. Du coup. Comment dire.. Vous pensez en avoir encore pour longtemps ou pas ?
La courtoisie n'était pas la plus Lühienne qui soit, j’vous l’accorde. Mais moi à la base, j’viens pas d’là. Et puis elle tombe plutôt mal. J’dois trouver du pognon, et d’la bouffe. La marche va être longue jusqu’à Rorn et je voulais vraiment profiter de la discrétion qu’apporte le temps pourrie du matin. Alors pourquoi pas lui taper discute vite fait histoire de, mais j’allais avoir besoin d’une certaine idée qu’ça allait prendre. Puis j’vous avais avertie au tout début, que j’étais du genre à m’en carrer de pas mal de trucs. Et elle, bah j’la connais pas. Elle a un joli minois c’est vrai, mais j’ai pas l’temps de jouer au jeu du démasquement de l’espion aujourd’hui.
Ses mains bleuies par le froid, connurent un réconfort instantané au contact de la braise. La chaleur emplit son corps fatigué en vague réconfortante, qui eut pour effet instantané de la faire somnoler. L'impératif de survie avait fait fonctionner son corps au- delà de ses faibles capacités et elle en payait maintenant le prix. S'il n'y avait eu la commande urgente de son supérieur, elle aurait pris le temps de récupérer, mais elle savait qu'il lui faudrait repartir au plus vite. La jeune femme espérait néanmoins pouvoir négocier une journée de repos auprès de l'étrange petite troupe égarée dans les bois. Son espoir fut coupé en pleine volée lorsque son hôte lui fit comprendre de manière tout à fait impolie qu'il souhaitait la voir déguerpir au plus vite. Vexée, Revna ravala sa bile en contemplant l'âtre. Elle se plongea dans le silence pour examiner rapidement sa situation. Le brouillard s'était effectivement levé mais de sa jambe se dégageait une sensation de brûlure désagréable, signe qu'elle avait bien trop forcé pour parvenir jusqu'ici. L'assassine connaissait ses limites et savait qu'elle survivrait difficilement dans cet état. Il lui fallait donc trouver un moyen de conserver un toit sur la tête. Les compagnons de l'inconnu seraient peut-être de meilleurs hôtes que ce bougon visiblement insensible à ses charmes. Comme si un mâle digne de ce nom pouvait préférer aller en promenade plutôt que de rester à ses côtés ! Elle ne lui aurait sans doute rien donné, mais tout de même quel toupet ! La brune se mordit les lèvres, tournant obstinément son visage vers le feu crépitant.
D'une voix trahissant une pointe d'agacement malgré ses efforts pour le contenir, elle déclara :
"Vous voyez bien que ce n'est pas cinq minutes près du feu qui vont me remettre sur pieds. Je marche depuis des journées entières dans des conditions climatiques atroces. Je vois que vous ne savez pas faire montre de compassion."
Sa diatribe était particulièrement hypocrite pour un individu n'ayant jamais fait preuve d'une once de compassion dans sa vie. Elle arbora un air outré pour ponctuer ses dires, et se releva une difficulté qui n'était que partiellement feinte. "Je ne veux pas vous indisposer. Je vais aller demander l'hospitalité à vos compagnons..."
Elle commença à s'éloigner, la tête haute et le visage fermé, espérant au fond d'elle-même être retenue sur son chemin.
Rang : Arcanien/Arcanienne Crédit Avatar : Alexandre Astier par Nekorse Date d'inscription : 29/07/2022 Messages : 14Métier : Aventurier - Chef de village
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V’la t-il pas qu’elle lâche le visage attristé pour celui du mécontentement. J’ai pas été le plus diplomate c’est vrai, mais j’avais pas prévu que débarque une gamine, j’y peux rien moi si elle va cueillir les plantes seule dans ce coin aussi paumé qu’il est rempli de tarés. J’avais déjà bien à faire avec ceux qui me suivent, pour pas me trimballer une nouvelle tête. J’ai même pas de quoi la nourrir. J’étais bien décidé à la laisser partir, ayant toujours un p’tit doute sur la vraie raison de sa présence même si sa réaction mettait sérieusement le doute. C’qui fait que je comprends pas vraiment pourquoi j’ai attrapé son bras une fois qu’elle m’avait dépassée.
Nan mais c’est bon, faites pas votre Lion Masqué non plus.. Je suis désolé. Voila. Restez encore un peu.
La main toujours fermée avec légèreté sur son avant-bras, je l’invitais de l’autre à reprendre sa place près du feu, arborant un discret sourire entremêlé de la gêne due à ma prise de conscience. Si ce n’est pas une espionne, c’est vrai que c’est plutôt violent comme accueil. Et puis elle devait être sacrément affaiblie pour préférer aller passer du temps avec les autres de son plein gré.
Et si on reprenait tout depuis l’début hein ?
Ma gestuelle caractéristique avait accompagné mes propos. Les traits de mon visage s’étaient décontractés et j’affichais une envie sincère de reprendre les choses, correctement cette fois. Je m’étais laissé emporté par l’aspect tordu de Léo Dragan et par cet échange effarant avec les deux autres. Il me fallait faire amende honorable et lui présenter l’homme que j’étais réellement. Souriant de manière plus marquée, j’allais entreprendre la conversation lorsque résonna de nouveaux des coups.
Qu’est-ce que vous voulez ?
On vous amène c’que vous avez demandé.
Mes yeux s’écarquillèrent devant ce duo de l’autre côté de la porte. J’avais beau regarder chaque recoin, il n’y avait ni eau, ni sceau. Pourtant, il se tenait là, souriant et fier, le torse gonflé, à attendre en silence que j’pige un broc de leur débilité. Après une hésitation, et faisant montre de mimic propre à ce genre de situation, j’osai entreprendre de comprendre.
Qu’est-ce que j’ai demandé ?
De l’eau et un sceau il me semble !
Ouais, voila !
Très bien, et donc, où ils sont ?
J’ai trouvé l’eau, mais j’avais pas d’sceau.
Ouais c’est moi qui l’avait pris. Puis après j’étais pas bien sûr si vous en vouliez ou pas, du coup j’suis v’nu mais j’ai rien pris.
Mais si vous voulez j’peux vous conduire à l’eau, parc’que j’sais où y’en a ! C’est juste qu’il faudra qu’on trouve un sceau si vous voulez rev’nir avec.
Je me retenais de mordre jusqu’au sang ma propre main, afin d’éviter de leur mettre une dense sur la trogne qui ne demandait que ça. L’agacement revenait en force et dans l’espoir de ne pas le laisser me submerger une nouvelle fois, désireux de reprendre les choses convenablement avec l’invitée de dernière minute, je me contentais de leur claquer la porte. Puis, trois longues secondes plus tard, j’accordais de nouveau toute mon attention à l’énigmatique ombre sortie de la brume, éclairée par les flammes craquantes.
Désolé pour ça. Tiens, j’sais même pas comment qu’vous vous appelez, ni quelle plante au juste vous êtes venue chercher dans c’coin-ci.
Un sentiment de supériorité emplit son être lorsque l'inconnu la retint d'une légère pression de la main. Son visage dissimulé dans l'ombre laissa un infime instant transparaître toute la perversité de son âme. Un sourire arrogant naquit aux commissures de ses lèvres tandis que la teinte azuréenne de ses iris s'emplit d'une flamme perfide. Elle portait les pires frusques imaginables mais même ainsi nul ne pouvait résister à ses charmes. Recomposant son masque de gentillesse avec promptitude, elle darda des prunelles reconnaissantes vers son hôte. Peut-être était-ce du au fait qu'elle n'avait pas aperçu d'homme convenable depuis des lustres, mais les traits de son interlocuteur lui semblèrent soudainement très plaisants une fois délestés du masque de l'agacement. Avant qu'elle ne puisse répondre à son invitation d'échanger de nouvelles douces palabres, des coups sur la porte se firent entendre. Devinant que cela risquait d'être long, Revna alla se placer avec délice devant l'âtre brûlant, se délectant de chaque bribe de chaleur, tout en jetant des regards en coin vers l'extérieur. Il semblait impossible de ne pas s'abêtir en fréquentant de tels ahuris. Toutefois, la jeune femme leur trouvait un côté amusant. Son quotidien était fort peu pourvu en distractions, aussi prêta-t-elle une oreille amusée à leurs échanges extravagants. La mention du sceau d'eau lui rappela qu'il lui faudrait bien se délester de ses frusques si elle voulait mener sa petite distraction à bien. Elle jeta un regard dégoûté à la boue qui tâchait sa belle capeline noire. Elle même aurait répugné à s’asseoir en sa propre compagnie en cet état. Ses doigts glissèrent sur les coutures du vêtement. Devrait-elle le retirer elle-même ou laisser cet honneur à son hôte ? Les réjouissances se faisaient rares ces derniers temps, car elle avait été dans l'obligation de fréquenter un noble fort disgracieux pour le bien d'une mission. Un peu de chair fraîche n'était donc de refus. Il s'agissait de plus d'une honnête rétribution pour le gîte et le couvert.
Lorsque son hôte eut claqué la porte au nez de ses compagnons, il tenta d'amorcer une discussion normale. Que d'ennui. La jeune femme n'avait pas envie de déblatérer de nouveaux mensonges sans intérêt. Aujourd'hui, contrairement à l'accoutumée, elle ne prendrait pas le chemin le plus sécuritaire pour parvenir à ses fins.
"N'est-il pas plus plaisant de ne rien connaître l'un de l'autre ?" lui dit-elle avec un sourire taquin, ses prunelles brûlant en résonance avec les flammes ondoyant derrière elle. Tout en parlant, elle avait commencé à ôter les boutons de sa capeline, dévoilant une tunique vert émeraude fort jolie lorsqu'elle n'était pas recouverte de crasse. D'un mouvement d'épaule, le Corbeau dégagea la capeline noire puis se redressa de toute sa faible hauteur. Son corps éthéré se déploya avec grâce jusqu'à l'homme qui l'attendait toujours près de la porte. Ses doigts firent jouer les attaches de sa tunique qu'elle fit glisser sur sa silhouette opalescente.
"Cela sera notre petit secret. Ne vous inquiétez pas, il n'y aura aucune conséquences." lui souffla-t-elle à l'oreille lorsqu'elle arriva à sa hauteur, indiquant subtilement qu'elle ne lésinait pas sur les plantes contraceptives. Revna lui embrassa tendrement la joue, se délectant de l'odeur plaisante qu'il dégageait.
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Il faut dire que ça, je ne l’avais pas vu venir. Le tissu boueux s’était métamorphosé d’un simple geste, en un vert émeraude rendant davantage grâce à sa véritable élégance. Tel le vil serpent pouvant vous captiver de son regard duquel vous ne parviendrez à vous échapper tandis que son étreinte se resserre sur vous, mon esprit n’était composé que de sa silhouette approchante avec souplesse. Le souffle chaud de ses mots et la douceur de ses lèvres déployèrent la chaleur du feu crépitant dans chacune de mes veines.
Je n’étais pas certain d’avoir pigé ce dont elle parlait concernant l’absence de conséquences, mais elle aurait pu m’avouer être envoyée par Léo Dragan que je ne me serais pas éloigné d’elle pour autant. Mon regard ne parvenait pas à se détacher de son visage. Il était parvenu à en faire son captif, arpentant chaque recoins de ce-dernier. La danse rougeoyante se mouvait ainsi au son des crépitements, luttant avec la pâleur naturelle de son visage, le tout mit en valeur par une cascade ébène ruisselant de-ci et de-là.
Sa peau libérée, mes mains vinrent prendre position sur ses hanches, les effleurant plus qu'elles ne prenaient une véritable prise. Nos souffles se heurtaient lentement, mes yeux acceptaient leur condamnation à perpétuité, mes doigts faisaient silencieusement connaissance avec sa peau. Les brèves secondes furent pour moi de longues minutes de contemplation, avant que mes lèvres ne cèdent et s’aventurent à murmurer aux siennes.
Revna frémit sous la douceur des mains rugueuses venues effleurer ses hanches. Une infime chaleur déconnectée de l'âtre brûlant dans son dos naquit dans ses veines; réchauffant quelque peu l'étau de glace compressant son cœur. Le faible halo procuré par les flammes dansantes conférait une apparence mystique à leurs lèvres scellant le pacte d'une nuit marquée du sceau du secret.
Elle affirma son emprise contre les muscles saillants de cet amant éphémère, entourant ses bras d'une blancheur iridescente autour de son cou. Les mains calleuses de l'inconnu s'affairaient sur son corps, avides d'en découvrir les moindres parcelles. Elle le guiderait volontiers dans cette exploration, offrant les facettes de sa silhouette fragile à sa merci. Le Corbeau tremblait à chaque contact encore timide des lèvres de l'anonyme, sentant une extase venimeuse s'amplifier graduellement au creux de son estomac. Les lèvres pulpeuses de l'assassine partirent à la découverte de la naissance du cou de l'homme brun, le parcourant de baisers furtifs.
Un sourire éclaira le visage fatigué de la jeune femme, alors qu'elle s'écartait timidement pour planter ses iris brûlant de désir dans les prunelles chaudes de ce compagnon offert par le hasard. D'un ton mêlant ardeur et miel, elle formula à demi-mot le souhait de franchir le point de non retour tout en effleurant la joue de l'homme d'une légère pression de l'index.
"Je suis toute à vous."
Une sourde excitation lui monta à la gorge alors qu'elle prononçait les paroles fatidiques et elle replongea fermement dans leur étreinte, embrassant langoureusement l'étranger, grisée par les milliers d'infractions aux bonnes mœurs emportées par cette situation. Ses doigts encore marqués de la fraicheur de la brume glissèrent le long de son torse; brisant dans leur descente les liens retenant ses vêtements. La poitrine dénudée de Revna vint effleurer l'objet de son désir, qui, maintenant découvert, exhalait un charme austère attisant sa convoitise.
Elle le tira doucement vers la couche grise marquant le coin de la masure puis l'invita de ses mains blêmes à continuer d'envelopper ses courbes de caresses.
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Rang : Arcanien/Arcanienne Crédit Avatar : Alexandre Astier par Nekorse Date d'inscription : 29/07/2022 Messages : 14Métier : Aventurier - Chef de village
Un bref frisson figeait jusqu’à mon cœur à chaque impact de ses lèvres sur mon cou tendu en offrande. Comme je les avais imaginé, elles étaient aussi douces que tendres, si bien que l’on pouvait s’en nourrir sans jamais parvenir à s’en repaitre. Mon regard divaguait sur ma convoîtise jusqu’à ce que ses mots soufflés de sa voix mielleuse enflamme mes pupilles. Je n’étais pourtant pas le premier à assaillir l’autre car déjà son corps dénudé venait s'écraser contre le miens, me coupant toute rétractation possible dans l’entremêlement de nos langues.
L’une de mes mains accentua sa prise tandis que la seconde s’aventurait à découvrir davantage son corps, libre d’agir par nos baisers ne prenant fin que pour trouver un court instant d’air lorsqu’il venait à nous manquer. L'étreinte nous rapprochait sans cesse, semblant ne trouver aucune limite ou pousser nos chairs à se traverser. La chaleur au creux de la cheminée était d’une froideur sans nom en comparaison au brasier que l’un alimentait chez l’autre.
A mesure que nous avancions vers le champ de bataille, je renforçais ma détermination au même rythme qu’elle se faisait le guide du territoire à conquérir. Au pied du lit, je me couchais au-dessus d’elle. Les bras tendus de part et d’autre de son visage toujours collé au miens, il me fallait me faire violence pour quitter ce mêt si délectable dont elle était de toute évidence une experte dans son emploie.
Libéré avec difficulté, je pouvais désormais passer à l’offensive. Tandis qu’une main arpentait la courbure de son bassin, mes baisers se repliaient sur son cou. D’abord au creux de son sommet, ils descendirent lentement la pente, s’impactant plus que se déposant. Décidés à ne pas se faire de nouveaux captifs de l’ennemi, ils continuaient leur croisade, au combien non sainte, en franchissant la multitude innombrable de frêles collines que son corps dressait en représailles.
Leur marche déterminée perdura jusqu’à atteindre les deux tours veillant de toute leur hauteur dressée. Il me fallut alors amener renfort et tandis que mes mains venaient s’attaquer avec à leur base en se resserrant autours d’elles tel un piège à Oboro se fermant sur sa proie, ma langue venait harceler leur sommet jusqu’à ce que le feu les consume. La Bataille des Deux Tours dura ce qu’elle dû durer, mais à sentir la terre trembler, je savais la victoire mienne.
Je repris dès lors ma descente vers l’Antre gardant le Saint Graal tout en laissant en arrière de quoi s’assurer de ne pas perdre le territoire tout juste conquis. Une là haut, l’autre en éclaireuse s’était enroulée autour de l’une des deux longues gardiennes pour, par des caresses, l’apprivoiser suffisamment afin qu’elle ne se referme pas sur ce que je convoitais. Arrivé aux abords, je la remerciais d’un baiser enflammé avant d’aller faire le siège de l’ultime porte.
Au premier assaut, je soufflais le feu qui m’animait sur chaque centimètre, désireux d’affaiblir ses défenses.
Au deuxième assaut, je m’attelais à trouver une éventuelle faille par de rugueuses tentatives aux schémas de batailles impulsifs.
Au troisième assaut, j’ajoutais aux précédents le soutien éparse de mes troupes allant tantôt porter assistance au Sud, tantôt s’assurer la soumission des vaincues au Nord.
Il fallait lutter sans relâche, n’accorder aucun répit à l’adversaire même lorsqu’il pouvait le laisser entendre, ni même céder lorsque les gardiennes et l’Antre elle-même venaient à se mouvoir. Bien au contraire, j’ordonnais dès lors que les prises entourant ces-dernières soient accrues afin de les contraindre à l’immobilisme et accentuer le rythme des assauts.
Bientôt, je faisais captif le poste avancé dont les défenses cédant les unes après les autres, avaient fini par le laisser à découvert, parfaitement démuni face à toutes mes attaques. Voilà maintenant que plusieurs minutes s’étaient écoulées, et une partie en était consacrée qu’à cette cible révélée. Pour avoir déjà mené pareille bataille, nul doute que très bientôt, s’ouvrirait l’Antre. Et j’étais plus que prêt à saisir l’opportunité à l’instant où elle se présenterait, pour pénétrer avec toutes les forces à ma disposition, brandissant déjà au plus haut le fier étendard.
Revna frémit de plaisir en sentant leurs corps se réunir. Elle répondait avec ferveur à chacun des baisers de l'anonyme, se faisant de plus en plus incandescents à mesure qu'il accentuait son emprise. Sa faim atteignait son apogée. Elle embrassa les moindres parties du corps de son amant, telle une bête affamée se délectant du produit de sa chasse. Les jambes du Corbeau s'agrippèrent fermement au dos musclé s'affaissant sur sa silhouette. Elle dut rapidement lâcher prise face à l'intensité des assauts, se faisant pour une rare fois obéissante.
Si la jeune femme avait pu se contrôler jusque là, ne poussant que de petits gémissements savamment dosés, elle laissa échapper une acclamation lorsqu'il entama danse énergique qui brisa ses dernières défenses. Les traits du visage de l'empoisonneuse s'illuminèrent, reflétant un plaisir intense, alors qu'elle fermait les paupières pour mieux profiter du feu qui montait en elle. Elle sombra dans l'inconscience du monde l'entourant, pour ne plus exister que pour le souffle chaud et cadencé exhalé sur sa peau.
Vivre, elle se sentait vivre, enfin. Tout son être irradiait de jouissance alors qu'elle ouvrait de nouveau les yeux; pour repousser du plat de la main le buste de son compagnon. Elle le chevaucha et dévora ses prunelles sombres du regard; passant ses doigts effilés dans la chevelure bouclée rendue humide par l'effort. Intensifiant son ardeur, elle rejeta sa tête en arrière, sentant le poids sur ses épaules s'envoler à mesure que l'extase s'amplifiait encore.
Doucement, Revna se glissa sur le côté, poussant un long soupir de contentement. Elle ne pouvait se remémorer la dernière fois qu'elle avait mené bataille si ardemment. Ses mains virent caresser le visage de l'homme allongé à ses côtés. Elle rejeta du bout des doigts une mèche collée de sueur sur le front de son amant, puis l'embrassa une nouvelle fois, doucement cette fois-ci.
"Vous êtes doué." lui murmura-t-elle d'une voix chantante, avant de se lover contre son torse pour profiter des dernières bribes de bonheur qu'elle ressentirait avant sans doute un long moment. Son corps tremblait encore un peu d'avoir vogué sur les rives exaltées. Elle voulu lutter contre les bras de Morphée, mais la fatigue accumulée ces derniers jours eut raison de sa résistance. Doucement, elle glissa dans le sommeil.
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J’avais bien dans l’idée de la remercier, mais à peine le temps de hausser fièrement les épaules et de faussement détourner le regard, que déjà elle se retrouve à pioncer sur moi. Bêtement, je souris en l’observant se plonger toujours un peu plus dans le sommeil. Son corps dénudé et encore chaud collé au miens, son souffle lent et régulier sur ma peau, et ses longs cheveux s'entremêlent entre mes doigts. J’sais toujours pas qui s’est cette bonne femme, mais s’en est une sacrée.
Mon nez vient humer sa cascade noirâtre et j’enfonce ma tête dans l’oreiller. J’me lèverai bien pour aller chercher d’quoi m’hydrater le gossier, mais je la réveillerai. J’préfère encore m’assécher après cette bataille épique et exaltante, plutôt que de mettre fin à ce p’tit instant de bonheur parfait. Tant pis pour la flotte. Un dernier regard dans sa direction, j’lui dépose un tendre et long baiser sur le sommet de sa tête dissimulée, et je me laisse aussi aller au repos. C’est qu’elle est du genre douée et endurante la p’tite.
Finalement, il y a bien eu une bonne heure si c’n’est deux qui se sont écoulées pendant qu’on était ainsi, endormis dans les bras l’un de l’autre, parce que la lumière commençait à percer difficilement la brume encore présente. J’avais réussi à force de contorsions à glisser le semblant de couverture sur nous, et surtout sur elle, mais c’était pas suffisant pour qu’un frisson désagréable vienne me refroidir. Comme un rappel qu’il fallait que j’me bouge le derch parce que j’avais d’quoi faire.
J’essayais donc de me retirer sans faire de bruit ni de gestes trop brusques histoire qu’elle puisse continuer de pioncer; et même si à un moment j’ai eu envie de lui envoyer un bon coup sec et tant pis, je garde assez de patience pour m’extirper correctement. Ni une ni deux, j’remet mes habits pour m’réchauffer et balance une nouvelle bûche dans le feu mourant en espérant que ça le fasse reprendre histoire de m’réchauffer les os. C’est là que des p’tits bruits me firent tourner la tête vers le lit.
Ce petit moment où elle n’était plus endormie sans pour autant être réveillée me fit élargir mes lèvres d’un franc sourire. En plus d’avoir un corps sublime où sa simple vue éveiller les pulsions primaires chez le moindre gars, elle était capable d’être également attendrissante. J’crois bien que j’rai resté des heures à la contempler, si ses yeux n’avaient pas fini par s’ouvrir.
Hé bhin, tu avais bien besoin de repos on dirait. Bien reposée ?
La givre lactescente se confondait avec le ciel brouillé, enveloppant le promeneur d'un manteau marmoréen. Le paysage hiémal, bien qu'endormi, n'inspirait pas la désolation. Il ne chantait que la beauté, la plus pure qui soit, celle qui n'avait pas connu l'impitoyable rouage humain. Les pieds nus de Revna foulèrent l’étoffe irisée recouvrant la terre, sans être meurtris par le froid. Son rire cristallin voltigea jusqu'aux nuages alors que ses paumes recueillaient les flocons dansant au-dessus de sa tête.
Une silhouette fendit le silence. La joie s'évanouit des traits de la jeune femme alors que les yeux sombres de sa génitrice la fixaient sans la voir. Le corps désarticulé de Litha glissa jusqu'à sa hauteur.
"Tu seras abandonnée de tous." lui susurra l'illusion en souriant.
***
Les contours diffus du monde éveillé se dessinèrent sous les paupières entrouvertes de Revna. Le goût acre du cauchemar planait encore sur sa langue. Le regard aigue-marine de l'empoisonneuse plana sur la cahutte, tandis que les souvenirs des heures précédentes revenaient lentement à la surface. Fixant l'homme attisant l'âtre, elle se demanda de quoi il pouvait bien rêver. Les songes étaient-ils tous peuplés de revenants ? "Oui, merci." répondit-elle d'une voix encore ensommeillée.
Elle voulut lui dire qu'il était inutile de faire semblant de s'en soucier. Ils n'étaient que deux inconnus s'étant croisés par hasard et qui repartiraient chacun de leur côté. Mais, même pour elle, ces mots étaient trop durs. Alors, elle se composa un sourire de façade et s'habilla. "Je suis prête à reprendre la route. Je vous remercie de votre hospitalité. C'était... vraiment sympathique."
La jeune femme s'approcha d'un pas furtif du feu palpitant. La chaleur bienveillante des flammes et des yeux bruns posés sur elle l'étreignit. Un bref instant, elle se demanda si elle était obligée de partir. Puis, la réalité mordante lui revint en mémoire. "Tu seras abandonnée de tous". A quoi bon nourrir l'espoir d'une vie aimante et paisible lorsque l'on était ainsi maudite ? Elle glissa une main frêle sur la joue de son amant. "Adieu. Prenez-soin de vous. " dit-elle d'une voix douce, avant de lui glisser un dernier baiser sur les lèvres. Puis, elle se retourna et se dirigea vers la porte de sortie.
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Ses yeux noisettes finissent par sortir des ténèbres reposantes à mesure qu’elle couvre son corps à la douceur juvénile, de ses habits récupérés. Sans vraiment comprendre pourquoi, je détourne quelque peu le regard, lui octroyant une intimité que nous avions effacée quelques heures plus tôt. C’était difficile et je ne cacherai pas avoir cédé à une ou deux reprises, de revoir les formes qui allaient sans doutes me hanter pour les prochains jours.
J’allais lui rétorquer que c’n’était pas grand chose, qu’elle pouvait encore rester le temps qu’elle voudrait et peut-être même, qui sait, m’accompagner jusqu’à Rorn où elle allait certainement se diriger, mais aucun mot n’est sorti. J’étais sans voix. A peine vêtue, qu’elle me déposait le baiser d’adieu. J’comprenais plus rien. De c’qu’elle disait j’étais pas trop dégueux au plumard, et, bon on avait pas trop jacté, mais j’devais bien avoir un truc ou deux d’intéressant à lui raconter. Alors pourquoi partir comme une voleuse ?
Je pigeais pas, alors j’ai rien dit. J’ai fermé mon clapet. J’sais bien que j’suis pas commode et que la barraque est pas la plus accueillante, mais j’aurai bien aimé qu’elle reste. Manger un bout, profiter du feu renaissant ou juste être là. C’était trop tard, sa main ouvrait déjà la porte. Il fallait que je la vois pour ce qu’elle était, un moment de bonheur éphémère. C’est con, elle semblait avoir de la conversation, ce qui m’aurait bien changé des autres débiles que j’me coltine.
J’l’ai donc regardé me quitter, sans ajouter un mot de plus, essayant de mémoriser ses courbes. Quand le seuil fut franchie, je le rejoignais pour l’observer partir. Elle disparaissait aussi vite qu’elle était venue, à se demander si ce n’était pas qu’un rêve. Après tout, je ne savais rien d’elle. Ni son nom. Ni sa destination. Pas même d’où elle pouvait bien venir. Elle repartait comme elle était arrivée, telle une ombre dans la brume.