Le tranquillisant de l'âme

20/05/2021

Le tranquillisant de l'âme
Enfin le soir. Celui qui clôturait cette journée au commencement épouvantable. Ces événements qui n'avaient cessé d'envahir mon esprit, ponctuant chaque image de la présence d'Ostara, j'avais besoin de les oublier. Enfin loin d'elle, je pourrais retrouver la clarté de mon esprit, aussi sain qu'il pouvait être et l'imbiber d'alcool pour sombrer dans l'état second que ça provoquait. En plus de ça, les quelques blessures récoltées m'emmerdaient bien. Une petite rasade atténuerait tout ça. Ce n'était pas des plaies profondes, loin de là, mais disséminée sur mes doigts et la naissance de ma joue, ils avaient de quoi être embêtants.

J'avais évidemment pris soin de les faire panser à la caserne, racontant vaguement l'histoire qui me les avait procuré. Le soigneur avait plutôt l'habitude que je fasse mention de violence physique avec mes congénères, pas à des altercations avec un Oboro dérangé. Quoi qu'il en soit, le soir venu, vêtu sobrement d'un pantalon de noir de la tête au pied, comme à l'accoutumé, je me dirige vers la taverne bien décider à étancher ma soif.

Il était suffisamment tôt pour que le brouhaha qui en émanait n'enveloppe pas toute la rue adjacente. Mais il aurait pu être assourdissant que, ce soir, ça ne m'aurait pas arrêté pour autant. D'un pas leste et le regard presque vide, je m'y dirige et entre sans faire attention à personne. Bousculant même quelques épaules, ou l'inverse, sans que ça ne me freine ou que je m'en agace. J'avais malgré tout assez peu d'espoir de ressortir de cette soirée sans une altercation ou deux, vu l'état dans lequel j'étais, mais on verra ça plus tard.

Arrivant jusqu'au comptoir, je commande une large bière, lâchant mollement les tsuris pour le service avant de trouver une table vide dans un coin. Tirant la chaise, les pieds grincent sur le sol et je m'y laisse tomber lourdement. J'avale une première rasade avant de poser la choppe sur le bois. Je grimace légèrement quand une goutte glisse à la commissure de mes lèvres. Heureusement que je n'étais pas adepte de liqueur, ça aurait été particulièrement désagréable sur une plaie récente, aussi petite soit-elle. Gardant la main autour de la choppe, le froid qui en émanait me faisait beaucoup de bien lui. C'était toujours ça de pris.

Avalant une deuxième large lampée, je bascule vers l'arrière et m'avachis sur ma chaise, le bras pendant derrière le dossier. Ma tête tombe et me yeux fixe mollement le plafond. Un long soupir épuisé s'échappe. Pour une fois, je crois que je ne rechignerais pas à un peu de compagnie pour me changer les idées, qu'elle soit désagréable ou non d'ailleurs. Peu importait, tant que ça m'occupait.
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13/08/2020

⩈ Le tranquillisant de l'âme ⩈ L'alcool dissout toujours les emmerdes... Ou les provoque

Braith

Jade

Aer, an 59 ⩈ Lüh, taverne

J'ai l'cul posé sur la surface dure d'une chaise de la taverne. Les deux bras vers l'arrière, appuyés de part et d'autre du dossier. L'fief penché un rien vers l'avant. Le regard foudroyant relevé, en direction d'un pauvre connard assis plus loin. Dix minutes que je ressassent, alors qu'on vient de se tabasser gentiment. J'voulais aller plus loin. Juste un rien quoi. Mais non, les miliciens ont amenés leurs couilles. Histoire de montrer qu'ils en ont quand ils sont en bande.

Je délaisse momentanément l'objet de ma frustration. Saisit le godet empli d'un liquide doré. Et m'enfile une rasade de bière fraîche, d'une qualité honorable. Afin de soulager indirectement c'te coup sur ma joue, qui me tiraille encore. J'vais avoir un bel hématome pendant quelques jours.

"Ptin ça fait du bien!" Je grommelle de plaisir sur ma chaise. Seule dans mon coin. Ah, personne m'approche c'est clair. Est-ce que je m'en préoccupe? Non. L'habitude. Puis j'ai pas choisi la bonne taverne. Y'a des trous moins crasseux en terme de fréquentations. Ici on m'connaît en plus. Pas d'la meilleures des manières.

Boarf, je m'en cogne, allez. Vidons nos chopes et laissons l'alcool griser nos sens. J'expulse un soupir, presque satisfait. Rehausse les épaules, ma stature bien droite est imposante. Me suis sortie de ma rancune rapidement. J'suis fière de moi. Quand ça vaut pas l'coup, autant pas suer de son front. Mes efforts ont un prix au delà des moyens de ce trouduc.

J'redresse davantage la tête également. Le bleu de mes prunelles tombe d'abord sur la salle sans visée particulière. Le battant qui s'ouvre l'attire distraitement. Mmm... Miam! Et si je me changeais doublement les idées ce soir? Beau gosse. Belle carrure. Il a pas l'air commode au vu de sa trogne rabibochée. Je passe mon avant bras sur mes lèvres d'une traite, pour en retirer des fines gouttes de bière. Pose ma chope vide, pis lève mes fesses en direction du bar.

Un œil avisé surveillant le grand ténébreux qui va se caler dans un coin. Pfiou, vu son air et sa gestuelle, il est loin aussi. On va p'tet pouvoir se dérider mutuellement. Je pose quelques tsuris avec négligence sur le bois du comptoir. Dans un cliquetis sonore, ils résonnent agréablement. Gagnés il y a peu, avec cette première chasse en duo. Bon. Y'a encore du travail. Ce gros balourd n'a clairement pas l'instinct du plus fin des chasseurs. Soit, c'pas le moment de revenir sur cette épopée bancale. Le résultat aurait pu être pire.

Une chopine pleine dans la main droite, j'oblique et m'avance vers l'inconnu, au regard dépité. Bhé alors mon grand, t'as ramassé une raclée ou tu t'es fais largué? Les deux peut-être? Bof. On verra.

Mon pas assuré me mène rapidement devant sa table. Foutue dans un coin de la salle. Pratique. Pas sûre qu'il cherche de la compagnie. Il me dégagera si ça lui plaît pas t'façon. J'suis pas là pour faire chier les gens hein! Ma voix grave résonne, mon timbre pas forcément féminin se délie avec un certain aplomb. J'ai un faciès avenant.

"T'a l'air au fin fond du trou mon gars. Je t'accompagne si ça te dit." Mon attitude se colle à mes propos, tandis que je tire une chaise à ma gauche pour la ramener devant moi. M'installe en posant ma bière. Je croise mes jambes tendues sur le coin de table opposé à mon coude droit, qui vient de prendre place sur la surface boisée. Peu soucieuse d'avoir des bottes un rien crades. Elles dépassent de la table t'façon.

J'esquisse un sourire, pas moqueur, ni apitoyé. Je serai mal placée. Me suis retrouvée bien pire par le passé. "Alors, à quoi on boit? Enfin, t'es pas obligé de causer note. J'peux parler pour deux. J'ai plein de trucs à raconter. D'ailleurs, moi c'est Braith. Et si tu m'connais pas encore, bhé tu finiras rapidement par entendre parler de moi et ouïr mes louanges à travers Arcane, héhé."

J'amène ma boisson à mes lèvres cuivrées. Prend un trait d'alcool, le regard pétillant. J'pourrais parler de moi toute la soirée. Maaais... Je suis bon prince, s'il veut causer, voire s'étaler, je peux faire un peu de place!

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20/05/2021

Le tranquillisant de l'âme
Voilà que je sens déjà quelques regards tomber lourdement sur moi. Même si j'avais pas encore tout à fait la tête à ça, sans me démonter, je leur renvoi, grimaçant légèrement d'un air impudent. J'étais loin d'avoir que des amis dans le coin et j'avais l'habitude de ce genre de traitement. C'était pas dérangeant. Pourtant, quelque chose est différent de d'habitude. Oui, les regards vacillent entre moi et un autre. Qui s'approche d'ailleurs dangereusement.

En voilà une tête que je ne connais pas. Il s'avance clairement vers moi et... ah. C'est une femme. Enfin, à en croire ce que je devine être une poitrine sous ce tissu bleus entortillé autour de son torse. Mes yeux ne sont tombé qu'une seconde, avant de revenir à son visage directement. Je ne l'accueille pas d'un air aussi pétillant que le sien et me contente de l'observer d'une mine renfrognée. Je lâche un bref rire ironique à sa première question. Est-ce que ça se voyait tant que ça ? La simple idée d'être aussi transparent me fait détourner le regard.

Visiblement, que ça me dise ou pas, elle s'installe sans attendre ma réponse. Je porte mon verre à mes lèvres, le temps de noter que pas mal de têtes semblent médire en nous regardant tout les deux. Je ne savais pas trop quoi en penser et ce n'était pas comme si j'en avais quelque chose à foutre. Elle se pose lourdement et je lorgne avec dédain sur sa prise de position, soupirant pour la forme. Même avec une fugace envie de compagnie, je n'allais pas subitement devenir aimable face à quelqu'un qui se la racontait tant.

❝ Tes louanges, carrément ? ❞

Mes sourcils se haussent, avant de reprendre une gorgée. A quoi on boit ? Bonne question. Mes yeux tombent sur ma chope, le temps d'une seconde de réflexion sur les raisons qui m'avaient poussé jusque là. Rien de mieux pour me visser à l'envers. Je grimace d'amertume avant de lâcher presque pour moi-même.

❝ On boit à la connerie. ❞

Je n'étais pas tellement du genre à m'épancher sur mes propres problèmes, encore moins avec une inconnue. C'était donc la seule réponse qu'aurait cette Braith. Un nom qui ne me disait trop rien, mais qui ne me semblait pas totalement inconnu. En voyant les autres la reluquer aussi dédaigneusement qu'ils pouvaient le faire avec moi, j'en conclu qu'elle devait pas avoir une très bonne réputation, elle non plus.

Je ne prends pas particulièrement la peine de lui donner mon nom, d'autant qu'elle ne me l'avait pas demandé. Plutôt contenté de se présenter d'une manière un peu ronflante. Et elle avait l'air de beaucoup parler. J'attrape mollement ma mâchoire, passant les doigts sur le pansement de ma joue en notant la rougeur sur la sienne.

❝ Tu t'es pris un mur ou quoi ? ❞

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13/08/2020

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Braith

Jade

Aer, an 59 ⩈ Lüh, taverne

C'est vraiment pas la joie dis donc. N'empêche que, il m'a pas virée. Je considère ça comme une invitation. Si, si. Puis il a la gueule d'un gars qui se fait pas emmerder comme on veut. Si ça le dérangeait vraiment, il m'aurait déjà dit de dégager. Et je l'aurai pas collé davantage C'est pas mon style. Clairement, il a besoin de compagnie, même si c'est p'tet inconscient? On réalise pas toujours ce qui nous ferait du bien. Alors que nôtre cerveau a déjà fait le chemin et n'attend que ça. Ouf, comment je peux réfléchir à un truc pareil avec ce que je me suis torchée de bières depuis que je suis arrivée? Boh, j'hausse les épaules pour moi-même et prend un nouveau trait de ma boisson.

"Aaah!" Presque jouissif. J'enchaîne, il n'a rien compris, mais c'est normal. Ma voix se teinte d'exaltation et de fierté. J'parle d'un rêve qui commence à prendre forme depuis peu après tout. Pire qu'un gosse à l'instant présent! "Parce que tu as devant toi la future plus grande chasseuse d'Arcane, héhé." En disant cela j'pointe mon pouce en direction de mon torse. Mes propos suintent à peine l'orgueil. Mais c'est une gentille prétention, très gentille. Parce-que dans la mesure où c'est vrai, en soi, c'est même plus de la prétention, non? Bref.

Revenons à lui. Et à la connerie, donc. Je lève ma chope quand il dit ça. Dans sa direction. Puis m'enfile une autre rasade. Si je la descends à ce train, ça va finir par se ressentir davantage. Tant pis, j'ai envie de boire et d'être gaie. Ah,ah!

Je demeure néanmoins sérieuse, à minima. Face à c'te question légitime, de monsieur-j'ai-pas-de-nom-, j'ôte soudain mes jambes de la table. Me tourne complètement dans sa direction et me penche un peu en avant. Le coude posé sur le bois dur, je montre de l'index, avec une royale indiscrétion, un type sur ma gauche. Cheveux rasés courts, drus, blond sale. Petite tête ronde, regard mauvais. Castard, mais pas grand et surtout, un peu grassouillet. La typique panse à bière...

"La faute au branquignol avec un œil au beurre noir là bas. Tu le vois? Entouré de quelques tas de viande tout aussi aimables que lui. Connard va!" J'lâche avec hargne ce dernier mot davantage pour moi que pour partager. Même si, très clairement, j'exprime à la ronde tout mon mépris. Ouai, je risque de m'en reprendre sur la gueule... Mais pas de suite. Pis j'ai autre chose à foutre dans l'immédiat. Mon ton bourru et grave revient sur un détail.

"Et qu'est-ce que t'as pu foutre comme connerie? Pour vouloir te la mettre ainsi?"

Mon regard outremer le fixe, pétillant. Pétillant d'alcool, plus qu'autre chose probablement. Puis se détourne, tandis que je reprends ma pose désinvolte d'un peu plus tôt. J'attends une réponse quelconques, en observant les badauds de la salle. Que j'ai remarqué nous observer régulièrement aussi. Tiens, c'est amusant. Mets en deux comme moi ensemble, et y'a trois fois plus de crevards qui te regardent.

J'envisage vaguement un déplacement géographique stratégique. Le temps d'avoir un peu plus de matière, si mon comparse du moment veut bien m'en donner.

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20/05/2021

Le tranquillisant de l'âme
Elle est bruyante. Pas plus que l'ambiance environnante, mais en l'observant, je peux deviner assez facilement qu'elle boit depuis plus longtemps que moi ce soir. Pas très étonnant, je viens d'arriver quasiment, n'importe qui dans ce trou à plus bu. Mes sourcils se haussent et mes lèvres se tordent dans un moue bien peu convaincue.

❝ Allons bon. ❞

La plus grand chasseuse d'Arcane hein. Rien que ça. Un rire prompt conclu ma réaction avant que je ne porte à nouveau ma choppe à mes lèvres. Des paroles gonflées d'orgueil, mais étrangement je n'y sens pas une arrogance mal placée. C'est tout ce qui me retient à vrai dire, ça et sa tête qui me revient assez, sinon à ce moment là je crois que je l'aurais laissé sur place.

Mes yeux pointent vers elle, au dessus de mon verre, la scrutant sans grande intensité. Elle a une bonne descente visiblement, à voir dans le temps ce que ça donnera tout ça. Je pose à nouveau mon verre, essuie la fine mousse qui s'était accrochée à mes lèvres et suit du regard la direction de son doigts. Fixement, je lorgne sans discrétion moi non plus, vers le gars qu'elle désigne. Je crois bien que je le connais celui-là et qu'il s'était déjà frotté à moi il y a longtemps de ça.

Ses commentaires et mon regard attirent ceux de la tablée, qui grommellent avant de se détourner pour l'instant. Un sourire en coin soulève la commissure de mes lèvres, une pointe d'adrénaline s'insinuant, l'air de rien, dans mes veines. Une faible excitation animent mes doigts qui pianotent sur ma choppe, s'arrêtant brusquement à la question de notre future grande chasseuse. Ma tête se tourne mollement vers elle, l'air dédaigneux et un long et bruyant soupir soulèvent mes épaules. L'espace d'une seconde j'avais oublié et voilà qu'elle me le sert sans sommation.

Je grimace légèrement et détourne le regard, le temps d'un instant de silence. Je ne savais pas vraiment quoi lui répondre, il y avait tant à dire et a expliquer et aucune envie de détailler de mon côté. Je ne cherchais pas de conseil, ni de soutien, mais je devais bien avouer que l’amertume qui se dégageait de cette histoire avait envie de sortir.

❝ Je sais pas moi, je comprends rien aux femmes je crois. Tu leur sauve la vie et pour te remercier, elles te balancent qu'il fallait pas. ❞

Je grimace amèrement, montre presque les dents et grogne. Honnêtement, c'était pas réellement ce qui me préoccupait le plus, mais pour l'instant ça ferait l'affaire, je crois. J'attrape un peu brusquement mon verre et l'assèche d'une traite. Sans me préoccuper de Braith, je me lève et me dirige vers le comptoir pour demander au tavernier de remplir mon verre vide. Laissant les quelques pièces, je percute le petit grassouillet sur le retour, qui s'était levé au même moment.

Sans m'excuser ni même lui accorder la moindre attention, je trace ma route et me pose devant Braith. Je le désigne d'un mouvement de tête négligent et pose une question avant de boire une autre large lampée.

❝ Et lui, c'est quoi l'histoire ? ❞

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13/08/2020

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Braith

Jade

Aer, an 59 ⩈ Lüh, taverne

Il se marre brièvement. Réaction typique. En vrai je m'en cogne un peu. Quand ce sera acté, j'en connais beaucoup qui riront plus des masses. Mais lui y m'connaît pas au fond. Alors j'lui fous la paix avec ça. Y'a pas de raison qu'on s'emmerde inutilement.

Sa réponse me fait souffler par le nez dans ma chope. Que j'éloigne aussitôt pour rétorquer avec un timbre coloré de dépit et une touche vindicative pas forcément si méchante.

"Ah les bonnes femmes! Toute les mêmes! Enfin presque." Je prends une autre gorgée, avant de poursuivre, ma chope toujours en l'air. Mon débit un poil rapide. "Tout ça c'est des conneries. T'en connais beaucoup des donzelles qui ont envie de crever? Ouai, ça arrive, mais c'pas ça qui court les rues. Nan, nan, nan. Quand elles te disent ça, mon gars, c'est le moment de prendre tes jambes à ton cou et te barrer. C'est leur meilleure façon d'te dire 'Non mais en vrai, ça m'a fait plaisir. Et peut-être même plus que ça, mais je ne vais pas avouer ce que je ressens aussi simplement...' Et blablabla... Faut toujours chercher un sens caché avec elle, cassent les couilles oui!"

Je m'y connais. Et c'est pas peu dire. Parce que celles là, je les fuis comme la peste. Non mais ça s'amourache et après ça te balance un bordel émotionnel pas possible. Nope. Je suis claire pourtant. Dès le départ. Un plan fesses, d'accord. Plus? Pas moyen. Je secoue le fief en signe de négation et en fermant les yeux. Oubliant un rien l'autre en face. Qui vient de saisir brusquement son verre pour le liquider.

Oh il s'en va? Mais enfin, j'essaye juste de donner de bons conseils. De quoi survivre et profiter de la vie. Tsss, ingrat. Je vide aussitôt ma bière à mon tour, et envisage de bouger mon cul. Je connais des endroits nettement plus fréquentables. Ah? Il est revenu. Bien! La fuite c'est pour les couillons. C'en est pas un, j'aime ça!

C'est quoi l'embrouille avec l'autre péquenaud? Pfiou, un type qui vaut même pas que je déblatère davantage sur lui. J'hésite. Observe le fond vide de mon verre. Atrocement vide. Le pose brutalement sur la table, mais sans casse. Mes ptits yeux mauvais, à l'instant, fixent le grassouillet. Non, Braith. Non. Je descends lentement mes jambes de la table et j-

"Tiens, tiens, tiens. Ne serait-ce pas la vraie tache sur l'armure de son père? Encore en train de boire, fille indigne?" J'observe le gars qui vient d'arriver sur ma gauche. Rondall. Connard. J'l'ouvre lentement, avec une verve des plus acerbes, prête à cracher mon venin. Mais il passe son bras sou mon nez, pose sa sale patte à plat sur la table, me dédaigne et se barre. Un papier? J'achoppe le p'tit rouleau de parchemin et le fourre dans une poche.

Mon regard bleuté se plante alors dans celui de l'inconnu. Sa trogne et ses pansements m'inspirent énormément à la seconde. C'est pas un ordre. Mais il peut comprendre que je suis très sérieuse. Une tension palpable empreinte le timbre de ma voix, comme les fibres de mes muscles. "Bon. Soit on dégage de ce trou. Soit tu m'empêches de cogner sur ce type. Soit tu m'aides à lui foutre une bonne raclée."

Je me suis déjà redressée, sans attendre de réponse. L'est grand, qu'il fasse pas chier à rester inactif. Rondall sent pas venir ma main qui se pose subitement sur son épaule. Tire d'un coup sec, alors que mon pied s'est glissé derrière son genou. Hop. Petit mouvement de côté, tandis qu'il bascule dépourvu d'équilibre et atterrit sur son séant. "La voilà, la tache. Pauvre merde."

J'me penche, gonflée d'amertume et de rancune. Saisi son col des deux mains et le tire violemment vers moi. Mon front lui pète le nez avec un bruit délicieux. Ah, j'ai p'tet cassé une de ses dents aussi? "Gniark, gniark." Je le relâche, il est sonné momentanément.

Par contre, le jeu avec lui est trop dangereux. Et je le sais mieux que quiconque. J'fais volte face vers le type qui partageait ma table. Sa table? Boh, quelle importance? "On se barre et vite. Enfin, tu peux rester... Mais t'étais avec moi et je viens vraiment pas de t'rendre service."

L'instant d'après je me suis éclipsée. Les mains hargneuses des autres hommes glissent sur le vide. Trop saouls, trop lents. Moi, il m'en faut bien plus. Les cris vitupèrent inutilement dans le brouhaha. Allez, un bol d'air frais et une petite pointe de vitesse vont éloigner les emmerdes. Je cours sans regarder derrière moi, puis me hisse sur un muret pour disparaître derrière, dans une ruelle dérobée de la capitale.

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20/05/2021

Le tranquillisant de l'âme
Les paroles de Braith ne voulaient pas s'arrêter de tourner dans mon esprit. Je n'étais pas tout à fais certains d'avoir saisi leur sens, mais en les entendant, j'avais sentis comme un choc inexpliqué. Plus que ça ? Instinctivement, ça m'avait fait fuir oui. Prendre mes jambes à mon cou comme elle l'avait conseillé. Pourtant, une fuite physique était loin de m'assurer l'oubli, très loin. Mais pouvais-je réellement donner le moindre crédit à ses paroles, je la connais pas après tout. Et avais-je vraiment envie de m'interroger sur tout ça, ce soir ? Non. L'objectif n'était pas de multiplier les questions sans réponse.

Alors je préfère boire le verre que je me suis rapporté, attendant le récit de ses conflits avec le rondouillard là bas. Sans lui porter la moindre attention quand elle s'apprête à le faire, mes yeux tombent cependant sur l'approche d'un gars qui s'invite à notre conversation. Je sens chacun des traits de mon visage se crisper, mes babines grimacer. Il semble être tout à fait le genre de gars qui pète plus haut que son cul et qui, pour se hisser, marche sur les autres. Ceux-là, ils sont à vomir et je repose mon verre en le fusillant du regard.

Son affront ne me concerne pas, mais ça ne m'empêche pas de haïr ce genre de comportement. La pose d'un papier sur la table m'intéresse à peine, ce sont pas mes affaires, mais lui, il avait maintenant comme une cible peinte dans son dos. Mes doigts pianotent frénétiquement sur mon verre alors que mon sang commence à bouillir. Et Braith, elle, ne m'aide pas particulièrement à refroidir tout ça. Pire qu'une invitation. Les deux premières options ne me disent absolument rien. Fuir une confrontation, très peu pour moi et la retenir... Je suis pas son père, c'est une grande fille.

Mes mâchoires se serrent et mon cerveau fourmille, sur la ligne de départ. Quelque chose qui ressemble à un sourire étire légèrement mes lèvres. L'occasion était vraiment trop belle pour la laisser passer. Elle se lève et pour ma part, j'avale d'une traite ce qui reste dans mon verre avant de le poser lourdement sur la table. Dans le même mouvement, je me redresse à mon tour alors qu'elle à déjà commencé les hostilités. Elle s'est rapidement occupé de celui que j'aurais aimé cogner moi aussi, mais espère me laisser sur ma fin.

❝ C'est une blague ? ❞

Un rire narquois m'échappe. Elle s'est amusé à faire crépiter chaque parcelles de mon corps pour me retirer des mains ce qu'elle avait proposé de m'offrir ? Non non, certainement pas. Je serre les dents et fait mine de la suivre, lentement. Les poings serrés, ils n'attendent qu'à s'écraser sur la face de n'importe qui et ça ne tarde pas. L'un d'eux s'élance vers elle et même si elle n'avait pas besoin de moi pour les esquiver, celui-là je l'attrape par le bras et envoie toutes mes forces contre sa joue. Il s'écrase un peu plus loin. Mon sourire s'élargit quand je sens un coup s'écraser sur mes côtes. Pas de quoi les fissurer évidemment, mais je me plis sous la douleur, grondant légèrement. Un autre s'invite donc à la danse

Mes yeux pétillent quand je l'attrape par la mâchoire avant de le repousser violemment jusqu'au mur sur lequel il se heurte. Son aspect m'importe peu et j'envoie mon poing contre ses côtes en retour. Il se débat et essaye de me frapper avec la tête, que j'esquive avant d'attraper ses épaules pour le forcer à s’aplatir contre mon genou qui pulvérise son plexus. Il tousse et crache l'alcool dont il s'était imbibé ce soir. Autour de nous, la plupart encense le petit spectacle qui se joue devant leur mirettes saoules. Ça avait le don de forcer le trait, me donner envie d'aller plus loin. J'entends pourtant la voix du rondouillard, qui avait repris ses esprits, me cracher quelques trucs. Je me retourne et l'observe, branlant, se retenant à une table.

❝ Tu sais pas à qui tu te frotte, tu le paiera cher ! ❞

Ah la menace, il n'avait plus que ça. Mes traits se contorsionnent dans un air dépité, voir plein de dégoût. Nerveusement, je m'approche de lui avec la ferme intention de lui fermer sa grande gueule, mais avant que je n'arrive à sa hauteur, le tavernier s'interpose. Alerik était plutôt un habitué de mes élucubrations et ne rechignait jamais à me foutre à la porte. Ce n'est pas particulièrement dans mes objectif de me le mettre à dos, mais avant qu'il me repousse complètement, je me penche vers le rondouillard le sourire aux lèvres

❝ T'as d'la chance. ❞

Alerik me malmène un peu, m'attrape par les épaules et ne mets pas bien longtemps à me mettre le pied au cul qui me renvoie dans la rue. Un rire gras, plein d'alcool, m'échappe et éclate dans l'obscurité d'une soirée bien arrosée. Je suis un peu sur ma fin, alors je secoue la tête et les bras pour évacuer la tension. On devra s'en contenter. Par contre, l'abandon de Braith me reste gentiment en travers de la gorge. Je lui en voulais pas vraiment, mais pour une fanfaronne comme elle, c'était assez risible.

❝ Hé espèce de lâcheuse ! ❞

Je m'exclame dans le vide, sans savoir si elle était encore dans les parages ou non, balayant rapidement la zone sans repérer sa présence. Ma foi, pas comme si j'en avais quelque chose à faire réellement et maintenant que l'adrénaline couplé de l'alcool était bien montées, une petite balade à respirer l'air frais sera pas plus mal. Ma tête bascule en arrière et j'inspire à plein poumon ce qui provoque une vive douleur au creux de mes côtes. Je grimace et gronde un peu avant d'enfouir les mains dans les poches et d'entamer une marche sans destination.

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13/08/2020

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Braith

Jade

Aer, an 59 ⩈ Lüh, rues de la capitale

Personne à mes fesses? Bien! Enfin, pour ce qui est du beau gosse, tant pis? C'qui me soulage en l'instant, c'est qu'il y ait personne 'd'autre'. J'expire lourdement. Ralenti ma marche. Inspire profondément. Mon regard scrute les alentours malgré moi. Pourquoi? Parce que je connais ce gros vicieux. Sa sournoiserie est sans limite.

Mes épaules redescendent un rien tout de même. La nuit m'enveloppe, presqu'avec chaleur. Mais pas vraiment. Quelque chose m'hérisse encore l'échine. J'extirpe ce bout de papier froissé que j'ai dans la poche. Ouvre le billet avec deux doigts, continuant d'avancer. Les rares mots griffonnés m'font grimacer.

'Bientôt ta nouvelle promotion. Demain... N'est jamais loin.' J'déchire le morceau de parchemin avec hargne. Pauvre type, tu t'amuses avec ces énigmes à la con? Comme si j'avais pas compris que chaque tournant de rue représentait un de tes sales coups tordus potentiels. Je sors ma rondache. Voilà, qui veut se manger un coup de métal dans les dents? Je l'attends.

Mais ma promenade improvisée demeure aussi silencieuse que les rues que j'arpente. Finalement, c'est pas une sale gueule qui s'affiche au tournant. Qui revoilà? Ouaip, d'ailleurs, je sais toujours pas qui c'est! J'ouvre les bras et hèle dans sa direction.

"Ben t'es toujours entier!" Mon ton redescend de plusieurs crans. Lorsque mes bottes me rapprochent rapidement de lui. Il s'promène comme si de rien, les mains au fond des poches. P'tin j'aimerais seulement pouvoir faire pareil. Impossible cette nuit. "Ecoute..." J'enfourne la targe dans mon sac magique, puis vient lui faire une pichenette à l'oreille gauche. Si le geste en a pas l'air, mon timbre de voix est on ne peut plus sérieux. "Reste sur tes gardes. T'as déjà l'air suffisamment amoché."

Et moi je suis foutrement coincée. Soit je me barre, parce que ma présence le met en danger. Soit je reste avec, parce-qu'il l'est déjà. Et vu comment il s'est attardé quand je me suis barrée de la taverne... Bon. Je reste. Moi aussi j'enfonce mes mains dans mes poches. Ptet que si on est deux... Ouai, j'ferme les yeux en soupirant, faisant aller mon fief de gauche à droite. Rien du tout. Cela changera que dalle.

Boarf. Autant penser à autre chose. Alors, monsieur énigmatique, mmm? "Bon. C'est quoi ton nom? Enfin, si ça te gêne que je te colle, j'me barre hein. J'ai juste rien d'autre à faire. Toi aussi à l'évidence."

Visuel tenue de Braith :

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20/05/2021

Le tranquillisant de l'âme
L'air apathique et le regard vide, mes pas me portent durant quelques instants de silence. La fraîcheur de la saison d'Aer et le temps qui passe dilue l'adrénaline et l'alcool. Une profonde insatisfaction m'enserre alors. J'aurais préféré allé bien plus loin que ça, mais je n'avais pas intérêt à retrouver les effluves de la taverne ce soir. Peut-être pourrais-je en chercher une plus recluse, mais mon énergie n'était pas suffisante pour ça.

Finalement, j'entends une voix percer le silence nocturne et mon attention glisse jusqu'à son origine. Je lève un sourcil narquois en apercevant ma récente compagne de beuverie qui s'approche de moi. Immobile en plein milieu de la rue, j'attends sa venue en la fixant mollement. Son geste infantilisant me fait grimacer et gronder quand ma main se place que mon oreille endolorie.

❝ Je le serais peut-être moins si tu t'étais pas barré. ❞

Oui j'étais amoché et alors ? C'était plus ou moins ce que je cherchais, il n'y avait pas d'inconvénient à ça et son comportement moralisateur avait de quoi m'irriter. La grimace tenace, je note sa surveillance des environs digne de quelqu'un sur ses gardes, justement. Je suis le mouvement et fait de même instinctivement. Rien à l'horizon. Mes yeux retombent donc sur elle et ma main dans ma poche.

Mon nom ? C'est vrai que je n'étais pas forcément du genre à le livrer rapidement. Mes traits se délient et affiche une mine indolente. Elle marque un point, je n'ai rien de mieux à faire. Enfin si, dormir aurait été bien, mais je me connais trop bien pour savoir que ce soir, ce sera difficile.

❝ Je sais pas qui perds le plus à rester avec l'autre. ❞

Ma compagnie n'était pas fabuleuse, mais si elle en voulait, pourquoi pas. La sienne n'est pas si détestable et je pourrais m'en accommoder au moins pour quelques minutes. Je me détourne et reprends la marche mollassonne qui m'avait traînée jusque là et d'une voix tout aussi peu expressive, je lâche enfin :

❝ C'est Jade. Mon nom. ❞

D'un coup d’œil je m'assure qu'elle m'accompagne dans les méandres nocturnes.

❝ T'as l'air d'avoir beaucoup d'histoire. Celle avec le gars que t'as mis KO, c'est quoi ? ❞

Pas de jugement là dedans, j'en traînais aussi de mon côté.
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13/08/2020

⩈ Le tranquillisant de l'âme ⩈ L'alcool dissout toujours les emmerdes... Ou les provoque

Braith

Jade

Aer, an 59 ⩈ Lüh, rues de la capitale

Aaah, pfooou. Mon soupir s'expulse lentement. Je reste néanmoins silencieuse. Si j'm'étais pas barrée hein? Bhé ça aurait ptet été pire pour tous les deux, grand.

Tsa, susceptible en plus? C'est une ptite pichenette qui l'emmerde? Bof, tant pis, j'hausse vaguement les épaules. Qu'il grogne si ça lui chante.

La remarque suivant m'arque un sourcil. Nan mais, je suis vraiment tombée sur le dépressif du coin? Déjà qu'il boit à cause d'une gonzesse. Maintenant il s'apitoie sur son sort? Ou fait genre 'Ouai, je suis pas un type fréquentable, je vaux rien, blablabla...' Je vais te le secouer moi. Tu vas voir.

Mais j'ai pas trop le temps pour la chose. D'abord parce qu'il se présente. Waow. Bien, y'a du progrès. Ma voix empreinte le chemin de la surprise feinte. "Jade? Comme la forêt? Bhé t'es pas gâté..." Je m'interromps et m'arrête au passage. Avant de pouffer. Le fixer intensément, son dos s'il se retourne pas, sinon sa trogne. "...Naaan. Me dis pas que c'est pour tes beaux yeux?" Ok. J'me moque. Faut se calmer. Je le laisse pas trop en placer une. Lève les deux bras en signe de rémission.

"C'est bon, c'est bon. J'déconne, 'scuse moi." J'pense que j'ai surtout sacrément besoin d'évacuer la tension. Mais le pauvre, il a pas à en devenir la cible. Puis il a pas l'air d'un mauvais bougre du tout.

D'ailleurs, sa précédente question me revient. Et ramène au devant de la scène d'autres préoccupations. Ai-je vraiment envie de m'y repencher? Pas sûr... J'hésite. Dodeline du fief en regardant le ciel nocturne dégagé. Un voile se pose sur mon regard. J'aurai beau tenter d'éjecter la chose, parler suffira guère. Ces trucs là sont fichés dans ma chair, que j'le veuille ou non.

"Boarf. Pas la meilleure. Elle est pourrie jusqu'à la moelle." Comme mon géniteur. Et après Braith? C't'oi qui a chercher à lui tenir la jambe, au Jade. Fait preuve d'un peu de bonne volonté. Raaah, en vrai j'ai pas besoin de forcer. J'sais pas mentir, je suis brute de spontanéité. Et c'est rarement à mon avantage. Mais là...

"Mon paternel est..."

« ...Jamais bien loin, princesse. Mais toujours inaccessible pour ta petitesse. »

Mon sang ne fait qu'un tour. Sur le coin du toit d'un bâtiment, j'avise sa sale gueule direct. Mon poing se lève dan sa direction. "Tchazen, batârd! T'as rien de mieux à foutre?!" La hargne suinte de mes mots. La haine aussi. Ce putain d'fils d'Aer qui me colle au basques va morfler un jour. Il bat des ailles, souris avec sournoiserie, puis décampe dans une ruelle avoisinnante.

Je prends pas l'temps de la réflexion. Trop impulsive. Trop enragée. J'ai des comptes à régler. Tête baissée je fonce là où il s'est barré. Son plumage disparaît dans un sillage d'éclat orangé. Au coin d'une nouvelle rue, plus étroite. Je suis déjà trop avancée dans celle-ci, quand plusieurs lascars sortent de portes latérales. Deux... Nom quatre ou cinq. Ptet plus. Merde! Je reprends lentement mon souffle, avisant chaque posture et chaque gabarit d'un œil rapide.

Des types castards. Acoquinés de saloperies de petits roublards. Ceux avec des lames planquées partout dans leurs frusques. Je sais pas si Jade a eu l'bon ton de se carapater ou l'idiotie de me suivre. Moi, j'suis cernée t'façon. Trois devant, deux derrière au moins, merveilleux... Si j'appelais Rao? Non, il va tout exploser, de un. De deux... J'veux pas le mêler à toute cette merde.

Tant pis. J'ai à peine le temps de saisir la targe de métal dans mon sac, que deux des gars me sautent dessus. L'un se mange l'arrête métallique dans le bide. Le second, plus vif, difficile à éviter, me file un coup de matraque à l'arrière de ma jambe droite. J'grogne de douleur. Mon corps basculant, pour finir avec un genou au sol. J'ai compris. C'est pas la première fois. Je lève les bras pour me protéger la tête et attends le déluge qui va s'ensuivre.

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20/05/2021

Le tranquillisant de l'âme
Qu'elle s'amuse de mon prénom ne m'étonne pas franchement. Je lève d'abord les yeux au ciel avant de me tourner vers elle, à demi, une faible grimace tirant mes lèvres et mes sourcils. Je la fixe à mon tour en silence. En réalité, je n'étais pas du tout vexé en soit. C'était davantage le rappel à une vie lointaine qui m'incommodait à chaque fois. Parce qu'au delà de ça, c'est vraiment un prénom de merde. Même si Ostara elle, l'apprécie apparemment. Enfin, si il s'agit de la vérité évidemment.

A son signe de rémission je balaye l'air au dessus de mon épaule, en pouffant légèrement. Ouais, j'en avais rien à faire que ça la fasse rire, qu'elle se rassure. Alors je m'en retourne, reprenant la route de quelques pas en écoutant le peu d'information qu'elle me cède. Une voix brise notre échange, un peu plus haut sur un toit et mon regard en pointe l'origine. J'apprécie pas vraiment sa manière de parler. Ils ont beau être d'extraction divine, leur nature n'est pas toujours plus enviable que celle des humains. Et celui-là, il n'allait visiblement pas faire pencher la balance vers le positif.

Je fronce les sourcils et garde le silence, mains toujours dans les poches. J'ai pas tellement mon mot à dire, je sais même pas de quoi il est question entre ces deux là. En tout cas, Braith à l'air d'en avoir sacrément sur le cœur le concernant. D'un rapide regard en coin vers elle, mes yeux s'écarquillent quand je la vois le poursuivre sans retenue.

❝ Hey ! T'es pas un peu givrée ?! ❞

Elle n'a l'air de rien entendre d'autre que sa détermination. Si j'avais appris quelque chose, c'est bien que face à ceux-là, on ne pouvait pas grand chose. Aussi grande notre rage soit-elle. Les secondes s'enchaînent rapidement. Braith court et disparaît. Rah fait chier, je la sens mal cette histoire. Ma tête bascule vers l'arrière, dans un râle d’exaspération. De mes propres réactions.

Je m'élance à sa suite et à mesure que mes foulées me rapproche d'elle, j'entends de coups qui s'échangent. J'accélère, bifurque et tombe sur la scène. Mon sang bouillonne. J'avise rapidement l'affrontement. Ils sont pas mal agglutinés, la ruelle est étroite. Je fonce dans le tas. Certains ont déjà noté ma présence, mais j'attrape le premier crâne qui me vient en main et l'écrase contre le mur. On a à faire à de gros gabarits et ce n'est bien que l'effet de surprise qui m'a permis d'agir sur celui-là. Il sera à peine sonné.

Rapides aussi. Je sens déjà une matraque frapper mon dos. Je grogne et me retourne vivement, attrape son poignet et tord son bras dans l'autre sens. Ma semelle s'écrase contre son genou, un craquement résonne et le fait ployer dans un râle de douleur. Un rapide coup d’œil vers Braith, que je distingue enfin plus clairement et l'adrénaline monte en flèche.

L'inverse pour ma réflexion. Ils sont trop nombreux, je le vois bien. Mais je suis là et je leur laisserais pas la saveur de l'abandon. J'essuie des coups dans les côtes, un poing vers l'arcade. Mes crocs se dévoilent et mon pansement s'imbibe déjà. J'attrape la main qui s'est écrasé contre ma joue, profite de son élan et frappe son coude vers le ciel. Avec leur nombre, cogner ne suffira pas. Il faut réduire leurs capacités. Ça aurait pu marcher, pendant un temps. Mais pas assez long.

Une matraque dans l'estomac, un coup derrière le genou. Je fini rapidement à terre. J'en avais vu d'autres, bien d'autres. Du sang perle de mon arcade, brouille la vision de mon œil. Une autre filet glisse sur mon menton et j'accueille d'un sourire le poing armé qui m'arrache à la lucidité.
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13/08/2020

⩈ Le tranquillisant de l'âme ⩈ L'alcool dissout toujours les emmerdes... Ou les provoque

Braith

Jade

Aer, an 59 ⩈ Lüh, rues de la capitale

C'est bien la première fois que j'me laisse tabasser sans riposter. Pourquoi? P'tet que je réalise ma connerie. J'ai encore foncé tête baissée. Sans réfléchir. J'sais que je cherche facilement les emmerdes, mais là... Je connais. Direct ça me prend aux tripes. Mon sang fait qu'un tour. J'lui offre toujours ce qu'il veut. Au fond, qu'est-ce qui a changé?

Rien.

T'es conne, Braith. Les coups pleuvent. Pour sûr, ils se foutent bien que je sois déjà à terre. Les rires gras et mauvais suintent de partout. Leurs échos se réverbèrent dans la ruelle, au rythme de chaque latte que j'me prends. Dans les côtés. Les jambes. Sur ma tronche au deux tiers protégée. Je grogne. Serre les dents. Essaie de pas laisser échapper un seul râle de douleur. Pas leur donner satisfaction.

Mais c'est déjà trop tard. La seconde où j'ai réagit à la provoc' de Tchazen, j'ai perdu. Encore. T'es conne, Braith. Oh putain que ça m'chauffe le sang. Pas la douleur. Non. Mes pensées qui tournent. Mon propre déni? Les bruits derrière... Qui me laissent aisément déviner la présence de Jade. Encore un ricochet dont j'porte la responsabilité.

J'ai l'impression d'plus sentir les coups. Un flou opaque s'insinue sous mon crâne. Ah. J'crois que j'ai pas réalisé qu'une botte crasseuse à méchamment percuté ma tempe. Je sombre dans un oubli délectable. Quelques temps... J'sais pas?

"Venez on s'casse. Pas plus loin qu'il a dit. Surtout qu'elle aurait du être seule..." Le grognement est énervé. Plus soucieux que satisfait. L'homme est pas si con. Une minuscule partie de sa minuscule cervelle s'est doutée d'un truc. Vague souvenir. Le type est dans la milice, non? La poisse, encore heureux qu'ils sont protégés par quelqu'un placé bien plus haut. Mais ils vont prendre cher, lui et sa bande. Tant pis. Ils se barrent tous à l'ordre intimé.

⩈

Mes sens m'égarent... Les silhouettes vagues me paraissent familières. Ma mère? Ma joue qui brûle. Son corps roulé en boule sur son lit? Mon estomac qui se tord. La rage qui monte. La vraie douleur du présent m'éveille avec brutalité.

"Aouch..." J'ouvre les yeux. Roule de ma position limite foeutale. Pour finir sur le dos, bras écartés. P'tin. J'avise directe la forme allongée pas loin.

"...Jade?" Kof. J'lève le fief et crache un filet de sang sur la pierre déjà souillée. Merde. J'espère qu'il est pas mort. Cette pensée me redonne une force inexistante. J'me traîne vers son corps. Le pouls qui s'allonge lentement, mais sûrement, sous mes doigts au gré d'un pendule me rassure. Ma main secoue vaguement son épaule. Ouf, rien que ça, ça m'fait un mal de calis.

J'attends une réaction. Combien de temps. J'me rallonge, je saurai rien faire. Si ce n'est appeler Rao. Nope, pas moyen. En vrai, est-ce qu'il en aurait quelque chose à foutre? J'sais pas trop... Ha! Un grognement m'arrache un fin sourire. J'expulse un soupir haché de soulagement.

"T'es coriace... J'aime ça." Ma voix bancale et plus rauque se veux assurée. Ouai, ça sert à rien de se laisser abattre. Ma main file dans le sac magique. J'extirpe deux p'tites gélules, en gobe une. Tend l'autre à mon comparse de mésaventure.

"... Désolée. T'aurai pas... du prendre... A cause de ma connerie." Pfoua. Parler est pas évident. Mes côtes sont pas d'accord. Mais j'm'en contre branle. Le timbre déterminé se meut en quelque chose de plus chaleureux.

"Merci... Je connais pas... grand monde qui... m'aurait aidé comme ça." Surtout sans m'connaître. Voilà. J'ai juste foutu un type probablement extraordinaire dans une situation poisseuse. J'le mérite clairement pas.

Mes prunelles outremer s'égarent. Se confondent avec le ciel nocturne. On va rester là un moment hein. J'pense avant de pouvoir se bouger l'cul. L'un comme l'autre. Et p'tet se traîner à l'institut? On est où déjà? Pourquoi c'est si grand c'te capitale de mes deux?

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20/05/2021

Le tranquillisant de l'âme
J'ai passé du temps dans l'inconscience, au beau milieu du noir et quelques images éparses. Des anciennes, des récentes et d'autres qui n’existent même pas. Presque comme dans un rêve, même si cela fait trop longtemps que je n'avais pas dormi assez profondément pour ça. Il n'y avait pourtant rien de reposant, loin de là, tout me faisait mal et pourtant, je tarde à refaire surface. La conscience émerge lentement, ponctuée d'un bon nombre de point douloureux qui se multiplient avec le temps. Et une secousse, comme un tremblement lointain. Ah, putain... J'ai probablement pas tellement envie de me réveiller, mais la douleur m'y contraint.

Je garde les paupières fermées, les traits froncés, douloureux et un grognement s'échappe en signe de réveil. L'envie me manque pour ouvrir les yeux, je me contente d'écouter et de bouger le moins possible, après avoir essayé sans succès. La voix de Braith perce le silence brumeux qui vrombit dans mes oreilles et tambourine dans ma tête. C'que j'ai mal au crâne.

Coriace, je peux l'être. Je savais que je l'étais, sinon je me serais pas lancé sans réfléchir. Heureusement que je le suis, sinon comment je m'adonnerais à mon passe temps favoris ? En y pensant, ma place à la milice avait drastiquement réduit les occasions. Finalement, j'ouvre les yeux quand je sens le dos de sa main se poser mollement sur moi. C'est quoi ça ?

Une gélule anez sûrement. Je me fais pas prier et attrape son cadeau avant de l'avaler difficilement. C'est bien le minimum pour avoir pris à cause des ses conneries. Enfin surtout les miennes. Les ennuis pouvaient bien être créés par n'importe qui, s'y je m'y engouffre c'est de ma propre responsabilité. Et puis, pour de l'aide, on repassera. Non vraiment, j'avais rien fais d'héroïque à part m'en prendre plein la tronche. Ça m'arrache un rire ironique, froissé par une toux brûlante. Mais sincère.

❝ Pas de quoi... C'est pas comme si j'avais été d'une grande aide. ❞

Il fallait être lucide, je n'avais ni neutralisé ses assaillants ni ne lui avait permis d'en prendre moins. L'ironie d'un remerciement était cruelle, pour mes côtes, parce que ça me faisait vraiment rire. Les nerfs qui retombent sans doute, l'alcool et l'adrénaline aussi. J'essuie le sang qui avait imbibé mon œil d'un revers de main.

❝ Franchement... Si c'est pour me faire péter la gueule... Tu peux bien faire autant de connerie que tu veux... Moi j'accours comme un con. ❞

C'est vrai, j'adore ça. C'est plaisant de se sentir vivant, exister. Malgré la manière et même si je fini aplatit, jamais je regrette. Il en était de même pour ce soir. Il est quelle heure d'ailleurs ? Je lève les yeux au ciel, mais l'étroitesse de la ruelle ne me permet pas de cerner la position de la lune. Le ciel est encore bien sombre cela dit. Mais trêve de plaisanterie, mon rire s'éteint.

❝ Tu les connais ces enfoirés ? ❞

Le Demi Dieu était visiblement de mèche avec eux et lui elle le connaissait visiblement. Elle en savait peut-être quelque chose, ou au moins pouvait faire des suppositions.
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