Je rentrai dans la taverne en trainant des pieds. J’avais été plus ou moins entrainés dans l’établissement par mes collègues, qui voulaient s’amuser et qui, visiblement, ne pouvaient pas se passer de ma présence. Je savais pourtant qu’ils allaient encore boire un peu trop, passer la soirée à s’amuser de rien pour se réveiller le lendemain dans leur lit avec un énorme mal de tête. Enfin, s’ils réussissaient à rentrer chez eux. Sachant ce qui m’attendait, j’avais laissé Fulgas se dégourdir les ailes où bon lui semblait, je pourrais toujours l’invoquer au besoin.

Une bonne heure plus tard, j’en étais à ma troisième bière alors que mes collègues en étaient à leur dixième. Ils étaient déjà entrain d’avoir des discussions sans queue ni tête mais visiblement très intéressantes à en juger par leurs expressions. Poussant un soupir, je regardai autour de moi, réfléchissant à une excuse pour m’éclipser.  Ceci dit je ne m’attendais pas à en trouver une sur le mur. Sur le panneau d’affichage se trouvait une étrange affiche, je n’avais jamais remarqué ce genre de mots avant. Je me levai et alla voir ce que c’était.

Un avis de recherche ? Eh bien, s’il y avait des avis de recherche, c’est que le criminel devait être quelqu’un de dangereux… Je lisais la fiche dans son intégralité, et ouvris de grands yeux en voyant la récompense. Trois mille Tsuris ? J’eus un sourire aux lèvres : mettre un criminel, voire deux, en prison et en plus empocher une belle récompense… Cela ne pouvait être qu’intéressant ! Enthousiaste, je pris l’affiche et alla voir le tavernier.

« Excusez-moi ? Vous pouvez me donner plus de précision par rapport à cet avis de recherche ? »

J’avais un petit sourire aux lèvres en disant cela. L’idée d’attraper cette personne me plaisait, pouvant faire faire d’une pierre deux coups : l’arrêter et mettre un peu d’argent de côté.

La jeune femme était assise depuis un moment dans la taverne. Cachée par l'ombre du coin dans lequel elle s’était installée et couverte de sa cape a l’étoffe sombre elle écoutait les ragots. Elle savait que les tavernes étaient souvent le meilleur moyen de savoir ce qu'il se passait dans une ville. Et ce qu'elle entendit attira son attention. Elle fit mine de rien, trempant ses lèvre dans le verre de rouge que le serveur venait de déposer nonchalamment au centre de la table. La robe rubis laissa croire a la jeune femme qu'il s'agissait d'un bon vin, cependant le gout ne fut pas a la hauteur du prix qu'elle avait payé. Elle soupira, l'oreille attentive. Un groupe d'hommes soûles se mit a rire bruyamment et l'humaine pesta, elle n'entendait plus la discutions qui l’intéressait aussi distinctement. Elle héla le serveur afin de commander de quoi se sustenter. Plume s’était installé derrière un panneau de bois proche du bar, aussi quand un des jeunes hommes du groupe bruyant se leva et s'approcha du tavernier elle reporta son intérêt sur lui. Il demanda, la voix portée par l’enthousiasme :

"Excusez-moi ? Vous pouvez me donner plus de précision par rapport à cet avis de recherche ?"

Quel avis de recherche ? La jeune femme tourna la tête a droite puis a gauche et repéra finalement un panneau ou était placardé quelques parchemins dont un se détachant nettement des autres. Les yeux de la jeunes femmes glissèrent le long des mots. "Mort ou vif". Puis 3000 Tsuris. Elle détourna le regard pour se concentrer a nouveau sur celui qui l'avait mise sur cette piste. Il souriait.

La jeune femme se leva gracieusement et s'avança au milieu des badauds. Elle vint s'accouder au bar a quelques mètres de l'homme et s'adressa a son tour au tavernier.

" Je serais moi aussi bien curieuse de connaitre les détails de cette chasse a l'homme"

Puis elle plaça un de ses sourire si faux et si "charmants" et ajouta, joueuse.

"Ou a la femme en l’occurrence."

Elle savait pourtant que cette femme, Lady Marie, était sans doute dangereuse pour qu'on la recherche ainsi. Mais pour Plume, a qui Nael avait enseigné comment utiliser certaines plantes, cela avait l'air d'un jeu, quoiqu'un peu dangereux.

- Lady Marie est toujours recherchée, postez à la suite si vous êtes intéressé par la traque -
(sans prendre en compte les réponses précédentes)

Après quelques jours l'affiche vendant la tête d'une célèbre pirate réapparut a la taverne. Sa tête sembla familière a la demoiselle qui se rapprocha. C'est alors qu'elle se rappela de ce fameux jours ou après s'être séparés pour tenter de trouver Lady Marie ainsi que son acolyte, elle, Mistraelis, ainsi qu'un autre duo, avaient perdus leurs traces. Ils avaient sans doute dû fuir par une baie secrète ou attendait leur navire, masquée par les cotes dentelées. Serrant les poings la chasseresse arracha l'affiche du panneau et se dirigea droit vers le tavernier. Elle commanda une bière et au moment ou l'homme revint avec la pinte la jeune femme aux yeux glacés posa la feuille face à lui. Un soupir lui échappa et lorsqu'il reconnut l'archère il déclara avec un sourire tordu :

Tout en souriant la chasseuse pensa à Éole qui avait rejoint sa cause entre temps. Cette fois ci elle n'avait pas besoin de s'allier a qui que ce soit, elle n'avait qu'à appeler les deux enfants d'Aer et leur demander leur aide. Toutefois si quelqu'un souhaiter apporter sa contribution, pourquoi pas. Cela pourrait être amusant et la demoiselle avait finit par comprendre que c’était les rencontres qui l'amusait plus que les chasses en elle même. Elle aimait discuter avec toute sorte de personne, ouvrir son esprit aux autres et en apprendre toujours plus sur l'île d'Arcane. Plume répondit, sure d'elle :

L'archère ajouta, voulant en connaitre d'avantage sur sa présence, ses habitudes connues, les coins où elle avait été aperçue et tout les détails possibles et imaginables sur cette mystérieuse et insaisissable femme :

Quand rigolant à demi le tavernier lui conseilla de respirer et de poser ses questions plus doucement les joues de la chasseresse s’empourprèrent, elle n'avait pas pour habitude d’échouer alors cette fois ci elle devait réussir, collecter plus d'information, se préparer d'avantage, prendre plus de précaution et surtout : Ne pas perdre de temps ! L'homme bedonnant ajouta :

Une alliance avec un haut gradé de la milice ? Ainsi même dans cette unité il y avait des pourris, elle aurait dû s'y attendre mais la nouvelle la surpris. Elle pourrait toujours questionner Oblivion, la garde dorée et la milice partageant le même bâtiment la jeune femme aux cheveux dorés avait peut être entendu quelque chose. Le propriétaire du lieu semblait en mauvais terme avec les justiciers de la ville ce qui fit sourire la demoiselle aux yeux azurés. Quand il ajouta après avoir soupiré que tout ceux qui avaient essayé de la capturer étaient revenu bredouille le sourire de l'archère s’agrandit d'avantage, ainsi elle courrait toujours. La chasseuse dorée allait pouvoir prendre sa revanche sur l'insaisissable Lady Marie, et cela promettait d'être une course riche en rebondissements. Elle hoche la tête pour remercier le tavernier et lui tendis quelques tsuris, de quoi payer sa bière et ses informations. Une voix inconnue retentit soudain, si proche que la demoiselle fut surprise :

Plume se tourna vers l'origine de la proposition. Un homme, grand et musclé, vêtu d'une armure sombre lui faisait face, ses yeux d'un marron si clair qu'ils paraissaient dorés captivèrent la chasseresse. De multiples cicatrices semblait couvrir les quelques parcelles de peau que son regard pouvait atteindre, ce ne devait pas être un débutant. Se souvenant de la façon ridicule dont la pirate lui avait échappé la première fois la demoiselle répondit calmement, légèrement sur la défensive :

La réponse à sa déclaration ne se fit pas attendre. L'homme semblait enthousiaste, déterminé, ce qui arrangeait la chasseresse qui avait horreur de travailler avec des mollassons. Il lui proposa de se rendre directement sur les quais afin de trouver des indices, déclarant même qu'ils auraient peut être la chance de tomber sur la fugitive. Plume n'y croyait pas trop, cela aurait été trop beau, trop facile et si peu probable qu'elle chassa directement cette idée. La demoiselle croisa les bras puis décida de prendre une nouvelle gorgée de sa bière avant qu'elle ne tiédisse.

" Est ce que vous possédez une invocation ? Pour ce genre de chose celle qui veille sur ma famille m'accompagne habituellement, mais je ne pourrais requérir son aide avant un moment. Quant à cette histoire avec la milice.. Peut être nous faudrait-il se renseigner. Je ne connais personne dans mon entourage qui en sache plus que moi à l'heure actuelle, malheureusement " 

Quelle idiote, elle aurait dû d'elle même poser cette question de la plus haute importance. Car sans invocations il semblait peu probable de réussir a capturer l'insaisissable pirate. La demoiselle sourit et répondit poliment à l'homme :

Tout en soupirant la jeune femme aux yeux glacés pensa que ce serait une occasion de revoir Oblivion. Depuis leur derniers entraînements les deux femmes n'avaient pas eut le temps de se voir. Elles avaient prévu de partir pour Rorn dans quelques temps, la chasseresse avait hâte de partager ses périples avec la garde dorée. Quand à la brigadière Alundril qu'elle avait rencontré avec Yuurei lors de l'arrestation des contrebandiers, elle n’était même pas sure de réussir a pouvoir la contacter, toutefois elle n'abandonnerait pas sans essayer. Toute information était bonne à prendre.

L'inconnu la regardait, il semblait amusé mais l’archère n'aurait su dire par quoi. Avait elle une moustache de mousse ? Plume lui rendit son sourire, quoique qu'un peu plus réservé. La demoiselle finit sa peinte et posa trois pièce dorée sur le comptoir à l'intention du tavernier puis fit pivoter son siège de façon à se tenir face à l'homme qui allait être son partenaire dans cette chasse. Ses yeux pâles la perturbait et elle reporta finalement son attention sur l'affiche. Quand il se présenta la demoiselle répondit sans se départir de son sourire mesuré :

- Lady Marie est toujours recherchée, postez à la suite si vous êtes intéressé par la traque -
(sans prendre en compte les réponses précédentes)

Ce jour-là, il avait fait gris. Le temps n’avait pas été le plus beau qu’avait pu nous offrir Aër. Comme toujours à cette heure de la journée, les passants venaient et allaient sur les chemins de pierre de la cité. Il était même arrivé, ce même jour, qu’un marchand ambulant entre dans la taverne pour apporter la commande faite il y a peu au chef du domaine. Dans sa calèche s’y trouvait des tonneaux de vin et d’hydromel des vignobles voisins connus par leur parfum enivrant et leur goût à en flatter le palais du plus nobles des connaisseurs. Ce marchand était un ami de longue date du tavernier. Selon les murmures qui pouvaient nous traverser par fuite hasardeuse, ce dernier agissait par intérêt plus que par passion réciproque pour le tir à l’arc lorsqu’il apprit que ce « maigrichon niais » pouvait se faire très généreux avec ses amis en matière de prix.

On avait demandé dans l’assistance de l’aide pour transporter les tonneaux à la cave. Parmi les solidaires se trouvait un homme d’armure vêtu n’échappant certainement pas à ma vue. Ce grand gaillard était parmi les premiers volontaires ce qui avait grandement attiré le regard du tavernier. Il fallait dire que la plupart des hommes aux armoiries de Lüh serait sans doute plus apte à vider ces tonneaux aussi sec qu’à les transporter pleine. Le genre d’action digne d’un samaritain sans doute ou du plus étrange gradé. Sa venue n’était pas sans être remarquée du plus grand nombre, après tout, une armure pareille n’était pas trouvable à tous les coins de rues. Le garde doré avait très certainement une affaire importante en lien avec la taverne ou bien avec l’un des clients. S’agissait-il de cette affaire sordide où une jeune blondinette passa du rôle de proie d’une nuit à celle de meurtrière insoupçonnée ? Les recherches en plein air s’étaient terminées il y avait plus d’un mois et les avis de recherches sur cette jeune demoiselle étaient encore affichés. Depuis ce jour, d’autres meurtres se sont d’ailleurs produits et beaucoup hésitent même à sortir le soir de peur de finir comme ces malheureux.  

Alors que les derniers tonneaux venaient d’être empilés dans la cave de la taverne, le patron des lieux s’empressa de remercier ces généreux bienfaiteurs d’un verre offert par la maison. Seul Le garde doré indiqua de la main qu’il ne boirait rien de plus que ce qu’il n’avait déjà dans son verre. Il avait soutenu le regard du tavernier un instant pour finalement poursuivre par un :

« J’ai quelque chose à te demander, par contre. Fais-toi remplacer dès que possible. »

Une fois le tavernier parti à ses occupations, le garde doré jeta un rapide coup d’œil à son environnement, si quelques soiffard aurait pu attirer son attention un instant ils n’avaient rien eu de plus de la part de l’homme qu’un regard en coin. Il n’était pas anormal de voir quelques gueules éméchées dans la taverne et si quelques problèmes pouvaient arriver le tavernier savait se montrer plus que convaincant et ce, sans l’aide d’un quelconque milicien trop occupé sur son verre à moitié-vide que sur les ivres mort gisant sur le comptoir.

Sa tête se tourna ensuite vers la porte d’entrée. Un homme tenant la main à sa donzelle s’introduisit dans la taverne. Ce n’est que lorsque le regard du garde doré retourna sur son verre que je compris qu’il n’avait aucun intérêt non plus envers ces tourtereaux. Il se situait à une table dans le fond de la salle où la plupart s’étaient bien vite abandonné à le surveiller attentivement pour revenir à leur soirée. La musique orchestrée par les musiciens de la taverne offrait une certaine ambiance festive et chaleureuse en cette froide saison. Elle contrastait parfaitement avec l’homme à l’expression glaciale, assis dans son coin avec son verre de bourbon.

On vint s’asseoir à son côté, il leva les yeux et put constater que le tavernier avait tenu sa promesse, laissant l’un de ses subordonnés sa place au comptoir pour jouer les informateurs. L’homme à l’armure dorée s’était accoudé sur la table proche du tavernier comme s’il préférait que leur discussion soit l’objet de confidence.

« Voilà le topo : Certaines rumeurs circulent autours de mes gars ces derniers temps. Loin de là l’idée de me mêler des affaires d’amourette ou de problèmes personnels avec certains d’entre eux. J’aimerais savoir surtout ce que tu sais ou ce dont tu as entendu parlés au sujet d’alliance quelconques avec des malfrats. »