Erine, sa nouvelle arbalète en main, avait une expression de fierté parfaitement dessiné sur son visage. Il allait falloir qu’elle lui trouve un nom approprié comme à chacune des armes qu’elle avait possédé. Cependant, celle-là était spéciale, alors la chasseresse avait décidé qu’elle lui trouverait un nom en conséquence et qu’elle prendrait son temps pour y réfléchir.

Quand elle eut finit d’admirer son nouveau jouet, elle se décida enfin à bouger de devant le magasin d’archerie de la capitale. Erine devait retrouver son invocation pour lui faire la surprise de ce qu’elle lui avait également commandé. Elle espérait que l’arme confectionnée spécialement pour sa véritable forme lui conviendrait. C’est alors, qu’arpentant les ruelles cherchant du regard Kamaël, elle aperçut une silhouette familière.

Ce fut comme un flash, une angoisse incontrôlée la submergea lorsqu’elle reconnut le scientifique fou. Sa main serra le manche de son arbalète à poulie alors qu’une rage insoupçonnée monta en elle. Comment un psychopathe pareil pouvait-il se balader aussi simplement au milieu de tant de gens innocents ?! Sa vision ainsi que la conception de la vie était des données complètement erronée chez cet homme et Erine avait failli en faire les frais lors de leur première et dernière rencontre quelques semaines plutôt.

Avec la nouvelle mission qui régissait aujourd’hui sa propre existence, dont les Dieux Originaux étaient l’émissaire, Erine ne pouvait laisser un tel énergumène en liberté. Curieuse coïncidence, elle avait entre ses mains la nouvelle arme tant désirée qu’elle ne maitrisait pas aussi bien que son vieil arc. Autant saisir l’occasion et mettre en application ces attentes sur une cible de choix.

S’avançant à grandes enjambées déterminées vers le borgne, elle plaça un carreau dans l’encoche prévu à cet effet et visa l’homme. Même s’il se trouvait loin d’elle, Erine savait que son arbalète avait été perfectionnée pour lui apporter plus de puissance. Alors qu’elle l’avait en joue, elle l’interpella d’une voix tranchante. Les passants se promenant en cette belle après-midi arborèrent des mines effrayées en réalisant la scène qui se dressait devant eux.

« Eh Doc’ ! le héla-t-elle. Regarde un peu qui est la plus heureuse de te revoir ! »

A peine s’était-il retourné qu’elle avait déjà décoché. Un peu trop tôt, un trop pressé. Son projectile se figea dans le sol plus loin derrière lui. Ceci dit, Erine ne se démonta pas, elle avait annoncé la couleur par ce premier acte et cette fois elle était peut-être l’investigatrice de leur nouveau jeu mais était décidée à ne pas perdre la manche ! … peu importe les moyens employés.

Erine savait que sa proie était une cible difficile à traquer ce qui rendait la chasse encore plus intéressante qu'elle voulait bien l'admettre. Dans sa folie, le scientifique était un fin stratège ce qui corsait le difficulté du "jeu" dans lequel ils venaient tous deux de se lancer.

La donne était bien différente par rapport à la partie de la dernière fois. Il faisait jour et les rues étaient grouillantes de monde. De plus, cette fois-ci c'était elle qui devait débusquer sa cible. L'homme s'était d'ailleurs enfui au pas de course avant de disparaître à l'angle d'une ruelle. Erine, ignorant les regards interloqués qui se posait sur elle, l'avait alors suivit d'un pas léger mais déterminé ramassant son carreau planté au sol au passage.

Que dirait Kamaël si jamais il l’apercevait à traquer un homme dans la ville? La jeune femme ne préférait pas imaginer les répercutions qu'aurait l’excès de colère qui l'avait poussé dans ce jeu stupide. Non, il fallait arrêter cet homme coûte que coûte, peu importe les conséquences.

Elle l'avait alors aperçut remonté l'axe commercial jusqu'à se fondre dans la masse. Cependant il ne cherchait pas à se cacher. Il agissait simplement se baladant entre les lühniens et les gardes patrouillant. Il la narguait comme s'il savait que son prédateur ne ferait aucun mal à des innocents qui n'étaient pas impliqué dans leur règlement de compte.

Pour ne pas affolé la population en  cette belle après midi, Erine avait du ranger son arme alors qu'elle ne perdait toujours pas de vue le Doc' sans être dupe du stratège qu'il mettait en place.

"Tsss... petit joueur, siffla t-elle entre ses dents. Tu n'es qu'un lâche à te servir de ces gens pour te protéger ! N'as tu donc aucun courage pour m'affronter en duel ?!"

Erine bouillait de rage mais il fallait qu'elle agisse prudemment. Aucun faux pas ne lui serrait pardonnable. L'obscurité de la nuit et la nouvelle carapace que vétissait Lüh le soir n'était pas là pour protéger leur jeu de regard indiscret.

Cependant, il fallait agir vite si elle ne voulait pas le perdre de vue. Elle héla un jeune garçon de rue et lui glissa un étrange graine dans les mains qui arracha un sourire malicieux au petit.

- Tu vois cet homme avec le bandeau sur l'oeil là-bas, lui chuchota t-elle. Tu pourrais s'il te plait faire tomber cette graine à ses pieds sans qu'il s'en aperçoive et murmurer en même temps "perennis herbae"?

- Oui M'dame !  

- Attention ne la lâche surtout pas avant, elle est très dangereuse ! (glissant une pièce parfaitement ronde à effigie du Prince dans son autre main) Et pas un mot compris?

-  Compris M'dame ! A v'tre service M'dame !

Elle espérait que la graine maléfique en se déployant une fois au sol, ferait assez peur aux citoyens qui s'éloigneraient de sa cible lui laissant alors champ libre. Le temps que le petit garçon se faufile vers sa cible, elle se faufila dans une ruelle sombre et se hissa discrètement sur la bordure d'un toit prenant appuie sur la balustrade d'un balcon. Elle devait se dépêchait si elle ne voulait pas que son plan tombe à l'eau.


Action du premier dé concernant la graine maléfique:

[1/2/3]: la graine échappe des mains du garçon et explose trop tôt blessant des citoyens et créant une panique sans nom dans le quartier. Un garde fait appel à d'autre milicien doublant leur effectif sur place.

[4/5/6]: la graine se plante comme convenue dans le sol faisant s’écarter la foule paniqué et attire seulement l'attention des gardes présents.

Erine jura quand elle vit son carreau se déviait de sa trajectoire au dernier moment. Elle se releva et inspecta son arme. Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait raté son tire. Au loin la voix de Ludvik s’éleva d’un ton accusateur. Quand elle porta à nouveau son attention sur la scène en contre bas, il était déjà trop tard : elle était repérée et des gardes se dirigeaient déjà dans sa direction.

« Rah le bougre ! ragea-t-elle. Toujours à saisir la moindre opportunité pour me mettre des bâtons dans les roues ! »

Elle s’était mise debout sur le toit et était retournée sur ses pas espérant pouvoir redescendre par le balcon qu’elle avait emprunté un peu plus tôt. Quand elle jeta un œil en bas, un garde l’avait repéré, l’attendait de pied ferme sous la balustrade, arme en main. Il lui ordonna d’un ton sec de descendre sans émettre la moindre résistance.

« Eh puis quoi encore… maugréa t-elle.  Ce n’est pas moi qu’il faut arrêter mais l’autre fou ! lui répondit elle finalement avant de disparaitre de son champ de vision. Je ne suis pas une meurtrière alors que lui...!*

Se retournant, elle remarqua qu’elle était, en réalité, bloquée. Elle était sur le seul toit qui était espacé d’un grand vide des autres toitures alentour. L’échappatoire le plus proche était peut être accessible par un saut prodigieux mais les risques de chuter n’étaient pas négligeable. Cependant avait-elle vraiment le choix ? Erine cala donc son arbalète dans son dos et se plaça le plus loin du rebord pour prendre de l’élan.

Ouf ! Erine avait réussi de justesse à franchir le vide qui la séparait de son unique échappatoire. Jetant un rapide coup d’œil derrière son épaule elle vit que le garde, qui l’avait interpelé un peu plus tôt, se tenait de l’autre côté impuissant. Plus bas, la chasseuse remarqua la silhouette de Ludvik qui était lui aussi poursuivit disparaitre dans une maison. L’avait-il vu ? Essayait-il d’user de sa technique et de la poursuivre sur les toits ?

Elle avait un temps d’avance qu’il fallait lui mettre à profit. Elle ne devait pas le perdre de vue tout en ne se faisant pas prendre par la milice qui se fourvoyait à son propre sujet. Si les gardes comprenaient que maintenant qui était le vrai coupable, elle mettrait quand même tout en œuvre pour les aider dans leur tâche. N’était-ce pas son devoir ? Rétablir la justice coûte que coûte même si les moyens employés étaient peu orthodoxes. Seulement, pour cette fois, elle désirait rendre son verdict sans que la milice de Lüh ne s’en mêle. C’était avant tout une histoire personnelle qu’elle voulait régler par elle-même.

Alors qu’elle le vit apparaître à sa hauteur un peu plus loin, une expression surprise s’afficha sur son visage lorsqu’une partie du toit s’effondra sous lui réduisant tous ses efforts à néant. L’étonnement passé, un sourire moqueur s’afficha sur son visage.

« Voilà ce qui arrive à ceux qui veulent jouer sur un terrain qu’ils ne connaissent pas. »

Agile, elle redescendit de son perchoir avec souplesse pour rejoindre sur la terre ferme et le scientifique qui fuyait jambes à son cou la milice qu’il n’avait lui pas réussi à semer.  Elle avait pris soin de rabattre sa capuche noire sur sa chevelure flamboyante pour ne pas attirer l’attention sur sa personne. Alors que le doc’ s’engouffrait dans une ruelle adjacente quittant la grande rue commerçante, Erine hurla :

« Au voleur ! Au voleur ! Il s’échappe ! A l’aide ! »

Elle avait désigné un endroit à l’opposé de la direction de là ou sa proie disparaissait forçant les quelques gardes le poursuivant à se diviser. L’un d’entre eux malheureusement de marcha pas dans son stratagème se doutant d’un coup fourré et ne lâcha pas l’affaire et, accompagné d’un des siens, continuèrent leur course poursuite au trousse d’Erine et Ludvik.

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