A 25 ans, Ysiël est une jeune femme épanouie qui aime vivre au rythme de ses envies. Passionnée et intellectuelle, elle s’intéresse à diverses choses et s'y investit beaucoup. Elle est très créative et confectionne des tenues, costumes et déguisements luxueux dans une petite boutique pour subvenir à ces besoins financiers. Lorsqu'elle ne travaille pas chez la petite costumière du quartier -qui lui permet de se vêtir chaque jour d'un style de costume différent- elle étudie l'herboristerie traditionnelle plongée dans ses livres de plantes, installée dans son atelier au fond de son appartement niché sous les toits de Lüh.

De manière générale, Ysiël est très sociable et aime la convivialité, elle est très communicative et franche, ses proches l'apprécient pour sa maturité et son équilibre autant que pour son énergie et sa joie de vivre. Cependant, elle s'adonne parfois à la solitude et se plonge dans les méandres de ses pensées. Très spirituelle, elle médite à ses heures perdues sur sa place au sein de l'univers, la véritable volonté des Dieux et le réel but de la Grande Punition.

De part son enfance, Ysiël se sent proche de la nature et des animaux, elle s'y sent à sa place, tout comme lorsqu'elle côtoie ses semblables. Par contre, elle ne peut séjourner en ville trop longtemps sans ressentir l'envie de s'exiler un peu loin de tout, afin de se sentir vraiment libre.  Elle sait apprécier la pluie, comme le beau temps, le froid, comme les écrasantes chaleurs d'été; selon elle, chaque chose qui se produit est le fruit de la magie de ce monde et elle se doit de l’accueillir avec amour et respect.
Il lui arrive d'observer les Invocations, déambulant parfois forcées, parfois sereines aux cotés de leurs maîtres humains. Elle les respecte beaucoup, bien qu'elle en soit quelque peu effrayée parfois. Elle ne peut pas supporter le comportement dédaigneux voir violent de certains humains envers leurs Invocations, qui -bien qu'asservies- sont dévouées corps et âme pour leur maître. Parfois, elle rêve secrètement de s'occuper violemment des plus "in-humains" d'entre eux. Elle n'éprouve aucun ressentiment particulier face aux Nobles, bien qu'elle ne se trouve pas forcément en harmonie avec leur façon de penser ou ne partage pas leurs idéaux.

Sa plus grande crainte est l'effondrement de ce monde, que tous s'entre-tuent. Ni vraiment précautioniste ni indifférente, elle ne vénère pas les Dieux mais elle reste persuadée qu'ils surveillent de près l'île d'arcane et ses habitants quels qu'ils soient. Inexplicablement, de nombreux cauchemars aussi effrayants que réalistes la surprennent souvent, semblant lui murmurer d'étranges paroles sur le retour des Quatre; tentant de lui montrer l'horreur future que pourrait devenir l’île d'Arcane. Elle s’efforce alors de se rassurer, mais elle sent poindre au loin le grondement lourd du danger qui menace...

La silhouette d'Ysiël est svelte, élancée, sa peau est pâle, son buste en sablier et les pentes de ses hanches sont comme celles de la dune sculptée doucement par le vent. Au bout de ses jambes fines, se dévoilent des chevilles délicates et des petits pieds légers.
Son visage cristallin est animé de grands yeux gris profonds, saisissants. L'incroyable distance de son regard, dont les lignes des cils et des sourcils dessinent le contour d'un trait d'ébène, transpercerais la plus rigide des âmes. Sa bouche -nacrée par le froid et le léger maquillage- est comme l'ourlet d'un coquillage fragile. Lâchée, sa chevelure de jais lisse et épaisse, vient chatouiller le creux de ses reins.  
Chaque jour, Ysiël porte une tenue différente. Selon son humeur, elle revêt divers de ces créations qu'elle se fait une joie d'exposer pour la petite boutique de costume. Des étoffes luxuriantes au plus simple tissu, elle se sent à l'aise dans tous.

Avant de vivre à Lüh, Ysiël habitait chez son oncle Oläf Azador et sa tante Ulhannah Azador (qu'Ysiël prénomme Azo et Azu) ainsi que leurs deux fils Dün, Ülrich et leur fille cadette Lyn. Elle ne sait rien de ses vrai parents ni s'ils sont réellement de la même famille que son oncle et sa tante. Le nom de Linam lui a été donné dans sa tendre enfance.

Ysiël ne sait pas où elle est née ni qui sont ses parents. Dans ses plus lointains souvenir elle n'y voit que la plaine glacée, son oncle Azo, sa tante Azu et leurs trois enfants.

Leur chaumine se trouvait enfoncée au cœur de cet hiver éternel, loin de la chaleur du monde et de ses habitants. Bien qu'avalée par la neige et la glace de l’extérieur, l’intérieur du logis lui, était tout à fait douillet. La plupart du mobilier était soigneusement recouvert de toisons et d'étoffes assorties. Sur les murs faits de pierres et de bois roulaient des pans de velours. Une Large cheminée surplombait la pièce principale inondant le logis de sa chaleur rassurante. D'une pièce adjacente, flottent les accords d'une musique douce et mélodieuse; Quatre imposantes bibliothèques remplaçaient les cloisons, ornées d'un panaché d'ouvrages où se perdaient ça et là les notes symphoniques. Au centre, deux bureaux assortis de fauteuils se faisaient face. Papiers encres et plumes se mêlaient aux lueurs des bougies. C'est dans cette pièce qu'Ysiël passait une partie de ses journées, parfois ses nuits, à se plonger dans l'univers trépidant du savoir et de l'imaginaire.

Les deux cousins d'Yriël, Ülrich et Dùn -aînés de leur famille-  patrouillaient la plaine à la recherche de petits gibiers et fruits de la cueillettes. Ils devaient pour cela s'éloigner jusque vers la frontière sud de la plaine en direction de la vallée sereine ou non loin de la plaine brumeuse. Ils partaient tard le soir et ne rentraient que tôt le matin suivant, ne se laissant qu'une demie journée de repos pour se revigorer du froid glacial. Une fois passés entre les mains délicates de la cadette, Lyn, les vivres durement obtenus se métamorphosaient en délicieuses alliances de présentations et de saveurs. Ils jouissaient d'une vie simple mais confortable, malgré l'hostilité de l’environnement, la dureté du climat et les pillages occasionnels des brigands mal-avisés. Le plus souvent, ces malfrats tombaient par hasard sur la petite chaumine pourtant volontairement engloutie sous la glace et camouflée par le blizzard. Azo et ses fils prenaient alors les choses en main, et défendaient violemment leur logis bien aimé.

La tante d'Ysiël, Azu, veillait rigoureusement à ce que les deux jeunes filles de la maison aient une éducation accomplie. Elles passaient donc chaque matinée dans la pièce bibliothèque à étudier studieusement selon les instructions de tante Azu. Ysiël affectionnait surtout l’étude des plantes et l’herboristerie traditionnelle, tandis que sa cousine préférait se plonger dans l’étude de l’Art culinaire. Après le repas elles passaient de bonnes heures à confectionner divers vêtements chauds et s'appliquaient à les rendre élégants. Lorsque ses cousins étaient présents -pouvant ainsi la protéger en cas de besoin- et que le temps se montrait plus clément, Ysiël était autorisée à sortir. Candide, elle s'empressait alors de parcourir et explorer les alentours malgré les préventions de Tante Azu sur la dangerosité des environs. Dans ce milieu aride et marmoréen naquît une complicité discrète entre Ysiël et cet environnement inaltéré.

Elle n’a jamais demandé à son oncle et sa tante d’où elle venait réellement, malgré que Linam ne soit pas leur patronyme, elle n’a pour l’instant jamais ressentis le besoin de creuser un passé si lointain, satisfaite et comblée dans sa vie présente.
Sa famille n’était accompagnée d’aucune Invocation. Isolés dans la plaine glacée, aucun d’eux n’eut l’occasion d’en délivrer. Cependant, ils comptaient sur leurs enfants et Ysïel pour saisir cette aventure. Une nuit tempétueuse, une homme d’une quarantaine d’année, imposant et rude qui semblait porter le poids du monde, demanda le gîte et le couvert pour la nuit. Trônant à ses côtés un loup gigantesque au pelage de givre et au regard cinglant. S’était la première fois qu’ Ysiël voyait une Invocation. Depuis ce jour, elle s’est beaucoup intéressée à leur Histoire, impatiente d’avoir la chance d’en libérer un à son tour.

Ysiël s’épanouit ainsi jusqu’à l’aube de ses 24 ans, âge qui signifiait l’envol du nid familial. Il était prévu depuis ces seize ans, qu’une fois ce temps venu, elle partirait s’établir à Lüh la grande capitale.

Lüh était effervescente. Ce changement radical d’atmosphère et le début de sa nouvelle vie lui saisirent le cœur. Excitée et intriguée, bouillonnait en elle le désir de tout regarder, tout toucher, sentir, écouter, parcourant les ruelles et découvrant la vie.
Elle proposa ses services chez une petite costumière de quartier, contre un lit et un repas journalier. Elle travaillait essentiellement pour les théâtres de Lüh, certaines soirées mondaines et la costumière fût rapidement séduite par la dextérité d’aiguille d’Ysïel. Elle ne pût pas l’héberger très longtemps mais lui proposa un salaire convenable, qui lui permettrait de s’installer dans un petit coin de la ville. Ysiël se mît en quête de son nouveau logis. Elle trouva rapidement un petit appartement confortable, sous les toits, surplombants la majestueuse capitale.