La nuit commençait à être longue. Les paupières se fermaient toutes seules et, dans l'état actuel des choses, Meslial connaissait un endroit où aller dormir : la maison familiale. Certes, il ne devait revenir qu'une fois l'année initiatique terminée, mais il saurait convaincre ses parents de sa présence. Il demanda alors à Mama de le suivre. Sa main resta le plus longtemps possible sur les murs des habitations. La fatigue l'empêchait de réfléchir correctement et il n'était pas d'humeur à converser maintenant. Son esprit s'était positionné en mode défensif et ne voulait pas réfléchir aux conséquences de son acte. Un acte qui résultat d'une nouvelle perte chère à son cœur. Un organe si fragile dans un humain si sensible...

*Bon alors, par où je vais maintenant ? A gauche ou à droite ? J'ai l'impression de ne pas avoir mis les pieds dans cette ville depuis plus d'un an. Et en même temps, foutu nouveau paradoxe, j'ai l'impression d'avoir marché ici hier. Mais, peut-être que j'ai vraiment marché ici hier. En cherchant cette taverne. La journée d'hier et la journée d'aujourd'hui se sont chevauchées. Les heures sont devenues mystérieuses et... merde, faut vraiment que je trouve mon lit. Ma tête continue de réfléchir vite mais je ne suis pas capable de suivre mes propos incompréhensibles... *

Finalement, il retrouva sa maison. Il toqua timidement à la lourde porte de bois. Il était trop timide pour frapper plus fort. Il avait peur de les réveiller et d'avoir à les affronter.

« Bon, nous allons entrer. Essayes de ne pas faire de bruit. »

Il entra presque sur la pointe des pieds quand il pensa à dire :

« Fais attention à ta tête, la porte n'est pas bien grande. »

Peut-être l'avait-il précisé trop tard. Il avait tellement l'habitude de passer en-dessous. Sa taille était si petite comparée à Mama, mais si bien adaptée à cette maison d'humains. En parlant de sa maison, il fallait savoir que sa chambre se situait au bout du couloir. Couloir qui se trouvait juste après la plus grande pièce de la maison qui consistait en une pièce de vie. Un salon qui se mélangeait à la cuisine. Donc, après avoir traversé cette pièce et s'être retrouvé dans le couloir, il fallait passer devant la chambre des parents de Meslial pour accéder à la sienne. Automatiquement, il essaya de faire le moins de bruits possibles pour ne pas les alerter de sa présence. Il préférait avoir à s'expliquer dans la matinée, lorsqu'il serait pleins d'énergie et en possession complète de ses moyens.

« Ma chambre n'est plus très loin et... »

Deux détails lui vinrent en mémoire. D'une, Mama n'avait pas vraiment de besoin en ce qui concernait le sommeil. Il ne savait pas ce qu'elle pourrait faire et si elle devait nécessairement l'accompagner. De deux, la porte de la chambre de ses parents étaient entrouvertes. Ce qui était étrange en considérant qu'ils la fermaient toujours pour aller dormir. Il fit alors quelques pas en arrière et remarqua qu'ils n'étaient pas ici.

*Mon passage ici ne sera peut-être plus facile. Je n'aurais surement aucunes explications à donner. En tout cas, pas aux parents... *

Sa conscience n'incluait pas la présence de Mama et les conséquences de sa signature sur la papier. Sa conscience écartait toujours le sujet. Arrivé devant sa porte, la main dessus prête à la pousser, il se retourna vers Mama :

« Bon, et bien bonne nuit... »

Il bailla profondément et entra dans sa chambre. C'était comme rentré à la maison. C'était si bon. Si doux. Et son lit, c'était fantastique ! Il allait dormir comme un bébé ! S'affalant sur son matelas, les yeux déjà fermés, il posa son chapeau sur un petit meuble juste à côté, qui était devenu exprès pour cette tâche. Le moment où il se couchait était le seul moment où il pouvait retirer son chapeau sans faire de crises.

-

La nuit passa et le jour se leva. Meslial se réveilla avec grands plaisirs et observa longuement sa chambre. Elle lui avait manquée plus qu'il ne l'avait cru. Posant son chapeau sur sa tête, il prit de nouvelles longues minutes pour en faire le tour. Il sortit quelques livres de sa bibliothèque personnelle et lut quelques passages distraitement. Une fois qu'il fut rassasié de mélancolie, il se décida à retourner dans la salle de vie. Là où se trouvait Mama.

« Bonjour Mama, tu as passé une bonne nuit ? »

Spoiler:

Imaq suivit son petit humain dans les rues de Lüh. Ses oreilles repliées contre son crâne. Il semblait vouloir trouver un abri où dormir, pourquoi errer en ville de la sorte plutôt que de se rendre à auberge ? Ou même retourner à cette taverne ? La fille d'Aqua ne comprenait pas très bien ce qu'il se passait dans la tête de son fils. Elle sentait que si elle engageait la conversation maintenant cela ne mènerait à rien. Si ce n'était dans le pire des cas à le braquer. Il les mena jusqu'à une bâtisse modeste. Là ils y entrèrent en silence. Imaq dut se baisser pour éviter tout les linteaux de porte, une habitude veille de plusieurs millénaires qui revint mécaniquement. Bororo alla se coucher.

« Bonne nuit mon fils. » Chuchota-t-elle en retour alors qu'il entrait dans ce qui semblait être sa chambre.

Mama demeura dans la pièce de vie. Les volets étaient clos, on y voyait pas grand chose et à l'air libre ses sens de détections étaient amoindris. Pour éviter de faire chuter un objet par inadvertance, Imaq se défit de sa cape qu'elle plia et déposa sur un canapé. Un peu fourbue, elle en profita pour s'étirer comme elle le pouvait avec les poutres apparentes du plafond qui frôlaient son crâne. Elle tourna très vite en rond, alors elle décida de s'assoupir pour attendre les lueurs de l'aurore, qui lui permettraient d'y voir plus clair. Elle se réveilla instinctivement lorsque la luminosité de la pièce devint correcte. De timides rayons de soleil levant filtraient à travers les volets et diffusaient une lueur pâle.

A partir de cette instant la demi-déesse circula dans toute la maison pour s’approprier un peu le lieu.
En quelques heures de fouilles discrètes et autre ouverture de placard pour savoir où étaient quoi elle trouva de quoi se faire une infusion de quelques herbes parfumées. Ce fut en sirotant sa boisson que l'invocation se mit à analyser quoi dire et comment amener le sujet. Il fallait qu'ils posent un plan, une ligne de conduite face à la nouvelle vie peut recommandable qu'allait adopter le guérisseur. La lumière gagna doucement en intensité. Imaq alla discrètement regarder sur quoi donnait les différentes fenêtres. Celle de la cuisine donnait sur une cours intérieure privée, elle pouvait donc les ouvrir ainsi que la fenêtre. Chassant ainsi une odeur de renfermé.

Son infusion entièrement bue elle lava la vaisselle utilisée et la rangea où elle l'avait trouvé. La nervosité de Bororo lorsqu'il passa l'une des chambres indiquait que les traces de son passage devaient être discrètes. Imaq entendit des grognements venir de la chambre de son petit. Il allait bientôt se réveiller, aussi eut elle l'idée de préparer le petit déjeuner. Elle prépara un peu thé et trouva une miche de pain ainsi qu'un peu de viande séchée. Elle disposa le tout sur la table et alla se caler sur le rebord de la fenêtre. Le jeune humain parfaitement réveillée la trouva assise sur une chaise en train de regarder l'extérieur. Elle écoutait les différents bruits de la ville. Lorsqu'elle entendit la maîtres des lieux lui parler elle se retourna avec le sourire. Les remontrances viendraient après, on réfléchissait mieux le ventre plein.

« Le bonjour mon cher petit. Je me suis quelques peu assoupies pendant la nuit et toi ? T'es tu reposé comme tu le voulais ? »Elle alla le serrer dans ses bras et déposa un baiser sur son front. Elle lui montra la table dressée.

« Vient se restaurer, nous aurons à parler ensuite. »

Elle alla prendre sa chaise pour s’asseoir en face de son enfant. Elle le regarda manger avec douceur et attendit qu'il est fini de se nourrir avant d'entamer la conversation. Elle préféra tâter d'abord le terrain, voir si il avait un peu réfléchit depuis la veille. Son regard de glace se durcit néanmoins trahissant le fond de sa pensée sur la vie de piraterie.

« Tu dois te douter de ce dont je souhaite que l'on discute n'est pas mon fils ? »

Imaq le regarda s'agiter et soupira. Elle s'y attendait il se braquait. Cependant, le contrat était signé, il avait signé. Elle voulait lui faire toucher du doigt la cruauté de ce domaine.

« Je t'en prie mon fils, ne me prends pas pour une idiote et ne te rend pas plus idiot que tu n'es. »dit-elle d'une voix neutre

Elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille. Ces dernières étaient repliées bien que son visage demeurait impassible.

« Où est l'honneur d'un guérisseur lorsque celui si commet meurtres, vol et tromperie ? Quand on t'amènera un prisonnier à l'agonie et qu'on te demandera de le garder assez en vie pour qu'il réponde à l'interrogatoire de ton capitaine avant d'être rejeter à la mer ? Où est l'honneur du guérisseur quand il devient un meurtrier par non assistance à personne en danger ? »

Sa voix était restée froide, atone. Imaq ne faisait qu'énoncer des faits qu'elle avait vus, qu'elle avait vécus et également ordonnés. Lorsque le monde était au bord de l'apocalypse, Imaq avait perdu tout ses pouvoirs, coincée sous forme humaine il ne lui restait qu'une vie éternelle si elle ne se blessait pas mortellement. Elle avait choisi de continuer à punir l'humanité en surfant sur l'un de ses travers : la guerre. Elle était devenue une marchande d'armes, et ce milieu était aussi cruel et sans pitié que la piraterie si ce n'est pire. Un sourire compatissant fleuri sur son visage constellé de rosettes.

« Tu es trop pur mon fils. Tu ne sais pas ce que tu as signé. Ce que tu viens de me dire le prouve, tu crois que tu vas voyager gaiement à bord du bateau et soigner deux ou trois bobo ? Quand ta tête sera mise à prix dans toutes les villes, qu'on te voudra mort ou vif pour t'enfermer dans une cellule, ta bonne réputation qui devait t'attirer des clients fidèles sera une vague utopie. »

Elle eut un air triste. Elle se leva pour se diriger vers Bororo. Imaq tendit la main pour caresser la joue de son petit.

« Je ne veux que ton bonheur mon fils. Cependant chercher cette demoiselle dont tu ne sait rien, n'est pas la bonne solution. Tu vas te mettre en péril, prendre le risque de gâcher toute ta carrière pour une seule vie? Alors que tu as travailler si dur, appris tant de chose pour en sauver des centaines voir des milliers d'autres. Cesse de penser à elle une minute, et mesure tout ce que tu vas devoir accomplir comme atrocités pour cette pseudo capitaine. »

Imaq sentit le poids de ses paroles peser à chaque mot sur les frêles épaules. Elle repensait la crise d'hystérie qu'il avait fait lorsque son chapeau s'était envoler. Qu'en serait-il sur un bateau ? En plein abordage ? Il fallait renforcer ce petit aussi bien mentalement que physique il n'allait pas tenir le coup sinon. Il réfléchit. S'enferma dans sa tête. Elle allait déposer une main compatissante sur son épaule lorsqu'il se leva et s'en alla vers la fenêtre. Cette même fenêtre qui était à présent la seule source de lumière solaire dans la maison.

« La valeur d'une vie est celle que lui donne son propriétaire. Son entourage pourra ajouter autant de valeur qu'il le souhaite, si l'individu décide de mourir, il mourra. »

Combien de ses enfants avait-elle vu mourir malgré un corps sain ? Soit ils allaient au devant du danger pour s'y jeter à corps perdu, soit ils se laissaient gagner par la maladie. Ceux qui cherchaient la mort la trouvait, elle ne l'avait que trop vu. L'humain repartit dans des réflexions fantasques. Des blessures qui appellent ? Bororo ne put le voir mais le visage d'Imaq se ferma. Ses oreilles complètement repliées étaient à présent plus abaissées. Sa voix se fit plus froide. Si le blizzard pouvait soufflé dans ses mots il l'aurait fait.

« Tu parts dans des élucubrations, mon fils. Il n'y a pas de minorité ou de majorité. Je te parle de toi, de ta vie à toi. De tout ce que tu as accompli dans un but précis celui de devenir guérisseur, un soignants, un sauveur de vie, de nombreuses vies. Par un chien de chasse, ni un chien de guerre. Tu as fais ce que tu as pu pour cette Erine, c'est elle qui a refuser d'être soignée. Toi, tu as fais ta part du travail, si elle souhaite la mort ce n'est pas de ton ressort ! »

Elle se leva lentement. Sa queue battit l'air alors que sa nageoire dorsale se hérissait le long de toute son échine.

« Sérieusement, pourquoi m'as tu choisie si tu accorde si peu de valeur à ta vie ? Tu veux gâcher tant d'années d'études et d'enseignement familial. Est ce vraiment ce que tu veux ? Il ne s'agit pas de pureté à présent, la piraterie te la fera perdre quoi qu'il arrive, je sais de quoi je parle. Il s'agit de maturité, de ne pas te comporter comme un enfant qui se cache par ce qu'il a fait pipi au lit.»

Puis vint les deux dernières question de son fils. Ce fut à son tour de subir un coup. Elle demeura là, ses yeux arctique plantés dans les abysses de ténèbres qu'étaient ceux du guérisseur. La mâchoire serrée et frémissante. Laissant planer encore le poids des mots que venaient de prononcer Bororo. En mesurait-il seulement la portée? Avait-elle le choix ? Sa queue battait l'air par de petits mouvements.

« Je te l'ai dit mon fils, je serais toujours là pour toi. Je ne laisserait rien t'arriver tant que Aqua me laissera vivre. »

Son statut de divinité réduite en esclavage lui revenait en pleine face. Elle était soumise à sa volonté, et sous une réaction impulsive de cet humain elle pourrait commettre le pire des massacres.
Et cette fois elle n'agirait pas pour punir l'humanité de ses péchés. Elle ne serait qu'une arme de destruction massive dans les mains d'un inconscient.

« Je te défendrais jusqu'à mon dernier souffle. Il te faut voir la chose autrement. Ton contrat à toi, peut être détruit. Si tu brûle le papier que tu as signé il n'y aura aucune preuve de ton asservissement à cette capitaine pirate. »

Cette fois Imaq était plus sérieuse. Elle mesurait que le plus grand danger de son maître était lui même.

« Garde les pieds sur terre mon fils, il te faut demeurer lucide. Rester dans le présent et le réel, en prenant garde à ton imaginaire. Tes émotions incontrôlées risquent de t'amener à ta perte comme une monture folle. »

Visiblement les mots de l'onca firent enfin mouche dans l'esprit du jeune homme. Elle vit cet air farfelus disparaître de son visage et la sagesse s'y installé peu à peu pendant quelques instants. Ses oreilles se relevèrent en écoutant le guérisseur. Pendant l'espace d'un instant, elle eut peur qu'il ne reparte dans ses délires mais non, il avait bel et bien retrouver sans froid et lucidité.

A la surprise de la fille d'Aqua, Bororo la prit dans ses bras. C'était la première fois qu'il le faisait de son propre chef. La tension qui s'était installée entre l'invocation et son protégé retomba. Imaq inspira et soupira d'aise alors qu'elle refermait ses bras sur son fils. Elle déposa son menton sur le sommet du la tête de son tout petit. Sa queue s'enroula et se déroula sereinement.

« Autrefois je veillais sur plusieurs centaines d'humains, mais j'ai mal agit et je mérite mon statut. A présent Aqua t'a désigné comme étant mon petit le plus précieux. Je tuerai si il faut pour te protéger. Je sais qu'un jour où l'autre je n'aurai pas le choix. » dit-elle d'une voix calme.

Puis il se défit de son étreinte et alla s’asseoir. La demi-déesse l'imita avec un regard tendre. Elle le sonda un instant du regard.

« La manière forte est impossible. La tuer est trop risquer. En cas d'échec, elle retournerait le reste de l'équipage contre nous en comptant la fille de Terra que nous avons vu, et de potentiels semblables que cette femme aurait délivré. Il nous reste la manière douce. Se mêler à eux, gagner sa confiance et rester à l’affût de la moindre information qui nous mènerait à l'endroit où elle cache les contrats. Bien que sanguinaire elle n'est pas stupide, son autorité repose en partie sur ces papiers, elle ne va pas les exposer au grand jour. »Elle se leva et alla chercher sa cape toujours sur le canapé. Elle la passa autour de ses épaules. Elle dégagea ses cheveux du col afin qu'ils lui retombent dans le dos comme à leur habitude.

« Il te faudra aussi te préparer au voyage en mer si on ne réussi pas avant le départ. Rien de précieux dans tes bagages, que du solide et du sobre. Autant aller recruter quelques hères, des badauds ou des mendiants. Au moins, ils mangeront plus souvent à leur faim sur ce rafiot. »

Elle leva les yeux, devenus légèrement luminescent dans les pénombre, vers son fils et sourit tendrement. Le félin aqueux ferma sa troisième paire de paupière et s'illumina comme par bioluminescence. Sa silhouette s'affina et se tassa. Lorsque la lumière s'éteignit Imaq avait pris forme humaine. Sa cape était devenue une tunique bleue et pantalon de voyage ample. Sa tunique de soie des sous-vêtements ainsi qu'un collier d'acier argenté et de verre azuré. Ses cheveux avait gardé la couleur du manteau d'hiver de l'hermine mais s'était raccourci. Enfin sa peau rosée étaient parsemée de tache de rousseur qui n'étaient pas sans rappeler les rosettes qui ornaient son visage originel.

« Qu'en dit-tu ? »

Elle avait posé la question autant sur son idée de recrutement que sur sa transformation. Petit à petit elle retrouverait toute ses forces. Et cette pensée lui tira un sourire radieux.

La jeune femme sourit et rougit sous le compliment. Elle remit ses cheveux derrière ses oreilles. Cela faisait si longtemps qu'elle n'en avait entendu. Bororo s'éclipsa pour se rafraîchir. Imaq pendant ce temps retourna dans la cuisine où elle se servit une nouvelle infusion. Elle se cala sur le rebord de la fenêtre, le dos appuyé contre le battant, les jambes croisées de telle façon que son pied droit soit posé sur son genoux gauche, et que l'autre pied pende dans le vide. Elle savoura le thé en regardant les nuages paresser dans le ciel. Elle appréciait les frissons qui lui couraient dans les bras à cause de la tasse chaude au creux de ses mains. Bororo revint s’asseoir pour inonder son amie de questions. Elle l'écouta attentivement et essayer de lui répondre du mieux qu'elle put.

« Me faire passer pour une recrue ? Je suis dubitative. Edvah m'a déjà vue sous ma forme originelle, elle pourrait me reconnaître. Et puis au moindre danger je vais m'interposer, briser la métamorphose pour utiliser mes pouvoirs. »La seconde vague de question la fit rire. L'image qu'on aurait tout tasser et compresser dans une boite pour passer d'un corps à l'autre était amusante. Elle but une nouvelle gorgée avant de répondre. Pour organiser ses pensées, trouver un moyen de lui expliquer tout cela dans des mots qu'il puisse appréhender.

« Non je ne suis pas du tout à l'étroit. Je suis un être de magie pure, je condense ma forme de l'une à l'autre sans douleur et sans mal. Je suis aussi à l'aise sous cette forme que sous une autre. La seule différence est que seule ma forme originelle me confère une force importante ainsi que ma puissance magique. Transformée je ne puis utiliser aucune magie et je suis aussi forte que n'importe quel humain. »

Imaq sourit de plus belle en lisant l'attrait et la curiosité soudaine qui bouillonnait dans la tête de son fils. C'est là quelle retrouvait l'esprit médical et avide de connaissance propre aux mortels de son domaine.

« Ce corps est un corps tout ce qu'il y a de plus humain, à la différence que je suis stérile. Mon apparence originelle, même si elle reste globalement semblable à ce que tu peux croiser sur terre et dans les eaux, est plus complexe et plus subtile que le corps humain. C'est ainsi que m'a façonnée Aqua à ma naissance. Nous naissons déjà adultes et ne connaissons si enfance si vieillesse. Nous existons c'est tout. »

Elle marqua une pose pour laisser Bororo assimilé ces infos. Elle but une nouvelle gorgée de thé et poursuivit.

« Vos sens sont incroyablement faibles et réduits en comparaison des nôtres. Pour te donner une idée, c'est comme si vous aviez un tissus compacte dans les oreilles, un flair si affaibli que vous ne sentez que le dixième des odeurs, une vue très floue et aux couleurs fades presque grises, et que vous perceviez le toucher au travers d'épais gants fourrés. »

Devant l'inarrêtable flot de questions de son humain,la demoiselle finit sa tasse et alla se servir une nouvelle tasse de thé. Elle déposa la théière et un tasse sur la table pour Bororo si il en voulait. Puis l'invocation retourna s'installer sur bord de la fenêtre. Cette fois ci elle s'assit en tailleur. Elle rit encore une fois, trouvant amusant ce fourmillement de mots. Elle répondit une lueur de malice dans le regard et un air de défi sur le visage.

« Pose autant de question que tu le souhaites, j'essaierais de te répondre de mon mieux. Ne me sous-estime pas. Je suis une fille d'Aqua, ma mère nous à tous doter de la même puissance même si nous ne sommes pas tous du même gabarit. Je ne suis pas bien grande, mais ne sous-estime pas mes capacités. Je ne suis pas aussi faible que je paraît douce, bien au contraire ! »
Elle déposa sa tasse à côté d'elle et s’agrippa au rebord, ce qui fit danser les cheveux dans son cou. Si il savait les catastrophes et autres tristes massacres qu'elle avait causé...Elle jeta un coup d'oeil au chapeau de son humain.

« D'ailleurs j'y pense il va falloir trouver quelque chose pour ton chapeau, un bandana ou un turban pour le maintenir car vents, tempêtes et marins idiots auront tôt fait de te le ravir. Que veux-tu savoir d'autre ?»

Des questions encore et encore. Cela montrait l'esprit d'analyse et dissection de son petit, loin d'être stupide. Sa jambe commençant à s’engourdir elle se rassit face à son fils pour faire pendre ses deux jambes dans le vide et ainsi permettre au sang de mieux circuler. Cette fois il prit un cahier pour ne rien oublier. Imaq choisi d'abandonner sa tasse vide dans l'évier et d'aller se chercher un morceaux de viande séchée pour grignoter pendant qu'elle répondait. Quand Bororo reparu il la trouva assise à même le sol adossé au mur de la fenêtre.

« Vas-y pose tes questions je suis curieuse de voir ce que tu vas me demander. » L'encouragea-t-elle.

Round 2. Ding ! Ding !

« Oui bien sur que je peux apprendre. Sinon comment aurais-je enseigner et appris les us et coutumes de mes enfants ? Ce que je voulais dire c'est que notre corps n'avait pas de stade immature, ni de stade décrépitude. La peur de la mort est quelque chose que j'ai appris que très tardivement en réalité. Et encore je pense que nous n'en avons pas peur pour les même raisons. Je suis un être immortel, aujourd’hui encore si je subit une blessure mortelle, mon essence magique sera rappelée au temple d'Aqua pendant quelques jours le temps que la magie de ma mère me reconstitue. Ensuite tu n'auras qu'à m'invoquer pour que je réapparaisse à tes côtés.»

Heureusement qu'elle savait cet humains innocent et maladroit dans ses mots. Sinon, cette notion d'infériorité des enfants divin par rapport aux humains lui aurait coûté la vie, dans le meilleur des cas, si il s'était exprimé devant un demi-dieux moins amical à la cause mortelle.

« C'est le temps qui passe qui nous enseigne la vie. Nous commettons des erreurs et en tirons des leçons pour ne pas les répéter. En cela la croissance et la vieillesse ne sont pas indispensable. Désolé de te décevoir, mais nous sommes bien supérieur à vous. Une grande partie de notre savoir est inné. Notre magie tire sa force de la nature, notre essence également, ce qui fait que l'on sait spontanément des choses que vous réfuteriez car cela est trop complexe pour vous. Certains mécanisme naturels sont si subtiles et infimes que vous les brisez sans les voir et sans savoir à quel point ils sont indispensables. Nous n'avons pas été créés pour évoluer, mais pour conserver un monde tout entier. Nous avons donc été engendrés afin d'être immédiatement efficace pour notre tache. Je dois cependant avoué que vous créer, vous mes enfants, a été une formidable leçon.»

Elle sourit et vit la gêne se peindre sur le visage de Bororo. Elle le trouva mignon tout plein à chercher ses mots. A sa façon de se tortiller elle devina aussitôt le sujet des prochaines questions. Cela la fit rire.

« Nous sommes tous stériles quoi qu'il arrive. Chacun des enfants des dieux est une espèce unique, on ne peut se reproduire les uns avec les autres. Et puis comme je te l'ai dit nous n'avons pas été créés pour coloniser des terres. L'accouplement quoi qu'il arrive est un acte de désir et d'amour. Les êtres humains ont toujours cru être les seuls détenteurs des arts et des manières de la reproduction. Dans le sens développer les capacités du corps à éprouver du plaisir pendant l'acte. »

Elle croqua dans son morceau de viande, et mâcha sa bouchée longuement pour ramollir la chair avant de l’avaler. Ce goût fumé, combien de temps qu'elle ne l'avait pas dégusté ? Elle n'arrivait même plus à le dire.

« Cependant, vôtre orgueil vous bouche les yeux et les oreilles. Les animaux possèdent eux aussi des sentiments forts, des traditions et aussi un art de l'accouplement. Chacun à leur manière et chacun à leur niveau, selon les besoins de leur espèces. Et oui j'ai déjà aimer de cette manière, un autre demi-dieux qui est mon époux. Bien au contraire, la métamorphose en humain, nous a permis de trouver une forme de vie commune qui nous permette de vivre mieux notre idylle d'une certaine façon. »

Bororo se mit à parler de cadavres et de recherche médicale, loin d'être choquée elle se contenta de hocher la tête. La dissection et l'étude de corps mort était un excellent moyen d'apprendre comment fonctionnait un être vivant. Tout du moins dans sa mécanique générale. De nombreux petits détails passaient à la trappe avec la mort.

« C'est normal pour ton corps de métier de chercher l'information où elle se trouve. Tu as toute fois la décence et la morale pour ne pas torturer des créatures vivantes inutilement. »

Elle décroisa ses jambes qui commençaient à s'engourdir. Elle étendit ses jambes devant elle et reprit une petite bouchée, qu'elle mastiqua comme elle le faisait dans le premier monde avec les gommes à mâcher.

« Je t'arrête tout de suite au sujet de ce fils de Terra. Il n'était pas mort. La seule façon de mourir pour nous est de perdre notre essence, de l'épuiser, la tarir. Et dans ce cas là la magie qui nous compose, qui est tirée de la nature, y retourne. Simplement. Nous ne laissons pas de cadavre. Par contre dans un état d'épuisement avancé, nous pouvons entrer dans une stase, une sorte de comas, le temps de regagner nos forces. Ce cousin était tout ce qu'il y a de plus vivant. Oui mes frères et sœurs sont les enfants d'Aqua. Pour me rapprocher de votre structure familiale. Les autres dieux sont mes oncles ou tantes en quelque sorte. Chaque dieu a engendré les demi-dieux de son élément. »

Elle avala son bout de viande trop mâchée et en pris un autre. Elle haussa les épaules.

« Tu n'as pas les mêmes conceptions du monde et des tabous que moi. La plupart de vos tabou où autres gênes viennent de règles que l'on vous a inculqué pour la survie de votre espèce, où alors de peurs de choses que vous ne comprenez pas. »

Elle ramena un genoux contre sa poitrine et posa le poing qui tenait la viande séchée dessus.

« Parle sans crainte, rien ne peut me choquer après la longue vie que j'ai eu. »

Imaq en était à présent à la plus de la moitié de son morceau de viande. Elle termina son en-cas pendant que son fils notait tout ce qu'elle lui disait. Le flot de questions s'épuisa. La jeune femme se douta que cela n'était que temporaire, un esprit d'analyse comme le siens soulevait toujours une question dont la réponse soulevait d'autres questions. Elle sourit.

« Je t'enseignerais tout ce dont tu sera capable de comprendre, mon fils. Sache également qu'il y a beaucoup de choses que tu peux apprendre par toi même, en observant, en comprenant ce qui t'entoure sans vouloir y transposer le fonctionnement humain. Chaque espèce à sa logique propre selon ses besoins et son rôle dans l'équilibre, à toi d'ouvrir ton esprit pour les comprendre. »
Vint ensuite les dernières interrogations sur Issarok. Rien ne lui échappait quand il voulait ce petit.

« Oui mon époux est Issarok un fils d'Aër et oui je l'aime encore. Cependant il est parti il y a bien longtemps, lors du premier monde. Il a été des premiers à entrer dans la Grande Guerre, moi je ne m'y suis engagée deux plusieurs millénaires plus tard, et je ne l'ai jamais revu. Pour être honnête j'ai peur d'aimer aujourd'hui un souvenir. Pour avoir vu ce qu'avait fait ce conflit à mes pairs, je me demande simplement si ne m'a pas tout simplement oubliée, si il est toujours le Issarok que j'ai connu. Le libérer est une option, mais le retrouverons nous dans le dédale des temples ? Risqueras-tu à nouveau ta vie pour délivrer un enfant divin ? »

Elle accepta la main de Bororo et se releva. Elle épousseta son pantalon et sa tunique avant d'arranger ses vêtements. Imaq acquiessa à la proposition de son fils.

« Oui allons-y ! »

Ils quittèrent la maison d'un pas décidé. Imaq se dit qu'en plus du recrutement il allait falloir faire quelques boutique, se procurer un peu d'argent pour leur dépenses personnelles. L'invocation songeait également à gagner quelques tsuris pour s'acheter une arme, quelques chose d'efficace pour économiser sa magie. Elle sentait que mana se tarirait plus vite qu'elle ne voulait bien le croire.

Spoiler: