Oblivion avait passé de longues semaines à éplucher les annonces de quête avec ses camarades d’escouade Maxis et Karl, mais comme aucun d’eux n’avait d’Invocation combattante, ils étaient limités. Le seul contact de la jeune femme qui avait de quoi se défendre était Simon mais elle évitait de trop faire appel à lui car son caractère rendait épuisante chaque quête qu’ils faisaient ensemble. D’autant plus que Minarîa, son Invocation de Feu était aussi perchée que son Invocateur…
Du coup, plus le temps passait et plus la demoiselle se sentait embourbée dans une situation qui stagnait. Si elle restait comme ça, les bras ballants, elle allait finir au placard. Elle qui rêvait de s’élever dans les hautes sphères de la Garde Dorée pour échapper à sa condition de fille de bonne famille à marier voyait ses espoirs fondre comme neige au soleil.
Il n’y avait qu’une seule solution à son problème : trouver une Invocation combattante pour assurer ses arrières.
Bien entendu elle avait Wazzi mais elle essayait de tenir sa promesse de ne pas avoir recours à elle pour se battre. D'ailleurs le petit panda était du voyage car Oblivion ne pouvait pas partir au nord sans l'emmener, cela aurait rompu sa deuxième promesse qui était de lui faire découvrir le monde.

Elle ignorait pourquoi mais quelque chose l’attirait au Temple de l’Air, chez les fils et les filles d’Aer. Elle savait que le voyage allait être compliqué et avait donc prévenu sa hiérarchie en conséquence tandis qu’elle avait posé trois longues semaines de congés sans solde.
Son supérieur direct, l’Adjudant Marthel Churs, avait compris ses motivations et avait essayé d’appuyer sa demande pour que l’initiative d’Oblivion ne soit pas trop mal vue. Malgré tout la Major Barkin Stufe avait vu d’un mauvais oeil le départ prolongé d’une de ses recrues, en ces temps difficiles, avec des possibilités que cette même recrue soit blessée plus ou moins gravement.
Malgré tout, la jeune femme ayant eu de bons résultats et n’ayant jamais rechigné à exécuter les tâches les plus ingrates, il avait fini par se laisser convaincre.

Voilà donc Oblivion en tenue de combat légère, son armure habituelle ayant été délestée de la partie antérieure, et une épée ordinaire battant sa hanche au rythme de son pas rapide, qui se dirige vers une caravane en direction de Rorn sur le départ. Elle était suivie de sa monture, qu’elle avait acheté quelques temps auparavant. Sa jument Akhal-Teke à la robe crème prénommée Saber était un investissement dont la Garde Dorée était extrêmement fière.
La monture était très fine mais malgré tout athlétique, capable de parcourir de grandes distances sous des températures extrêmes avec de toutes petites rations lui avait assuré l’éleveur. Oblivion n’avait pas encore éprouvé sa monture mais elle avait confiance dans le feeling qu’elle avait ressenti quand elle avait croisé le regard intelligent de la jument. Son caractère tendre et paisible était aussi un plus pour la jeune femme qui appréciait parfois de laisser le docile équidé se balader au gré de ses envies aux alentours de Lüh.
Un petit paquetage et deux sacoches de voyages trônaient sur la croupe et les flancs de la jument contenant deux couvertures en lin épaisses, du matériel d’entretien de son épée et de Saber, des rations de viande séchées pour deux semaines au moins ainsi qu’un kit de soin. Oblivion avait de plus prévu une cape chaude, des moufles et une écharpe pour l’aider à se réchauffer dans les landes.

S’approchant du groupe qui semblait décider qui et quoi devait aller où, Oblivion attendit qu’ils la remarquent pour se présenter de façon courtoise.

“Bien le bonjour Messieurs, je cherche une caravane pour voyager jusqu’à Rorn, vous reste-t-il une place ? Je peux payer ma place, je sais me défendre seule et comme vous pouvez le constater, je dispose de ma propre monture.”

Elle tenait toujours Saber par la bride et se tenait bien droite. N’importe qui d’un peu observateur pouvait comprendre que malgré son équipement standard et banal elle n’avait pas le maintien d’une simple mercenaire. Elle avait volontairement opté pour une vieille armure en cuir d'entraînement ainsi que quelques plaques de métal renforcé. Ses vêtements étaient quelconques, de coloris variants entre le marron et le brun. Ses cheveux étaient resserrés en un chignon haut et sévère qui lui donnait un air encore plus austère que d’ordinaire.
Oblivion n’avait donc pas ménagé ses efforts pour passer la plus inaperçue possible, c’était sans compter son port de tête, son regard inquisiteur et la sublime Saber.