La jeune femme avait quitté Valefor peu avant de retrouver le chemin de Rorn. Elle marchait, la mine sombre, vers les ruines de cette cité implantée dans le nord. Un tour de force du Prince qui avait envoyé de nombreux civils se faire massacrer par les troupes du Keiser. Eskel rit jaune. Il ne savait plus quoi faire pour se rendre ridicule, celui là. Elle avançait à pas rapides, n'étant plus très loin de l'entrée de la ville. De toute façon, ce chemin là était sûr, gardé par des patrouilles. Il servait de route de convoyage pour récupérer des ressources nécessaires à la reconstruction de la ville du nord. C'est en partie pour cela qu'elle avait été mutée ici et qu'on lui avait demandé d'aller chercher une invocation, pour lui permettre d'avoir une véritable puissance en cas d'attaque ennemie. Pouvait-on dire que c'étaient les nouvelles directives ? Envoyer les miliciens risquer leur vie comme de la pâture dans les temples ? Oui, complètement. Les Gardes Dorés étaient bien trop occupés à cirer le cul doré du Prince pour aller risquer leur précieuse vie de noble dans les temples. Elle crache avant de poser son regard d'acier sur l'entrée en ruine de la ville.

Eskel soupire doucement tout en réarrangeant sa ceinture. Elle était épuisée. Ces satanés brigands avaient bien failli avoir sa peau l'autre jour. Heureusement qu'elle avait ce chien des dieux avec elle et qu'il ne volait pas sa réputation de monstre. Enfant divin à qui elle avait ordonné d'aller faire sa vie, ne désirant pas remplir de paperasse. Mais c'était surtout pour garder une pièce maitresse dans son jeu. Bien qu'elle ne le portât pas dans son coeur, elle ne doutait pas de sa puissance destructrice et elle sera très utile en cas de problèmes. La milicienne franchit finalement les portes de la ville, tombant sur un spectacle encore plus désolant. Les civils ainsi que certains miliciens aidaient à déblayer et à reconstruire, tout doucement. Il leur faudra du temps pour remettre la ville sur pied, surtout avec si peu de main d'oeuvre et de ressources. Et le Prince, ni même la noblesse, ne faisait rien pour aider ces pauvres gens. Bien qu'Eskel détestait la faiblesse, elle ne pouvait que compatir face à leur détresse. La jeune femme aide rapidement un homme à soulever un morceau de bois lourd avant de se diriger vers l'ancienne forge de la ville. Elle n'était jamais venue à Rorn mais en avait suffisamment entendu parler pour savoir que sa forge principale était splendide et qu'ils y faisaient des armes de très bonne qualité. Pas comme la vieille ferraille qu'elle se trimbalait à sa ceinture.

Elle soupire en constatant les dégâts. Ce n'est pas aujourd'hui elle pourra s'acheter une épée digne de ce nom. La jeune femme grogne avant de se faire interpeller par une voix qui lui semblait vaguement familière. La rousse se retourne et hausse un sourcil à l'approche de l'homme qu'elle ne reconnu que tardivement. Valion. Ils avaient servit ensemble et c'étaient croisés à la caserne quelques fois, assez pour qu'elle en garde un assez bon souvenir. Cependant, elle l'avait perdu de vue lorsqu'il avait quitté les rangs et était partit faire sa vie. Elle esquisse un sourire, heureuse de retrouver un visage familier et un camarade amical. "Lameblanche..." commence-t-elle en le saluant d'un mouvement de tête, "oui, ça fait longtemps, tu deviens quoi ?" demande-t-elle avant de hocher la tête : "c'est dommage, en effet, j'aurais aimé m'acheter une nouvelle arme de bonne qualité. Malheureusement, cette bonne vieille ferraille va me servir encore un moment." Il n'y avait pas une once d'humour dans sa voix, elle le pensait réellement et sa vieille épée bien que très fidèle commençait à l'énerver. La lame s'éméchait de combat en combat et elle sentait sa fin venir.

Elle lâche un léger soupire tout en passant une main dans ses cheveux crasseux. Elle avait besoin d'un bon bain et d'une bonne nuit de sommeille. Mais tout cela attendra, elle allait savourer ses retrouvailles tranquillement autour d'une pinte. "Que fais-tu ici ? Et que dirais-tu d'aller en parler autour d'une pinte ? Enfin, s'il reste une taverne qui sert encore un peu de bière..."

Eskel se contenta de hocher la tête tout en observant les décombres. Elle devrait être là en train d'aider à déblayer. Mais la jeune femme plus que dissidente en ce moment préférait aller prendre soin d'elle plutôt que de prendre soin d'une ville qui de toute façon allait perdre face aux monstre et au Nord. Elle soupire doucement tout en s'éloignant. D'un sourire, elle prit congé au près de Valion et s'en allait traîner sa carcasse dans les rues démolies de la ville pour trouver la fameuse auberge encore debout. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, mais sûrement tôt car le soleil ne semblait pas encore totalement levé, caché derrière ces immenses nuages.

La milicienne marcha un petit moment, lançant des regards ça et là pour observer les habitants mettre du coeur à l'ouvrage. Enfin... c'est ce qu'elle aurait aimé dire car tous affichaient une mine déconfite. Certains pestaient même contre le Prince et scandaient à l'abandon. Cela la fit sourire et renforça en elle l'idée que le régent de ces terres était un incapable égoïste qui préférait se complaire dans sa richesse plutôt que d'aider le peuple. Qui plus est, Rorn était très clairement un tampon face aux forces du nord. Elle était le premier rempart en cas d'invasion et ses habitants n'étaient que de la chair à canon.
La rousse s'arrête finalement devant un établissement qui semblait encore debout. La pancarte accrochée indiquait qu'il s'agissait d'une taverne. Elle regarda autour d'elle mais la milicienne ne se rappelait pas avoir croisé une autre auberge. Elle hausse les épaules et rentre dans l'établissement.


Elle posa un pied mouillé sur le sol froid de l'auberge. Elle frissonna doucement avant de s'enrouler dans sa serviette. La jeune femme poussa un soupire d'aise et se dirigea vers le feu qui crépitait doucement dans l'âtre. Elle avait pleinement profité de son temps libre pour prendre un bon bain et se décrasser. Voilà qu'elle se réchauffait devant les flammes dansantes, séchant du mieux qu'elle pouvait ses cheveux indomptés. Ils commençaient à se faire long, trop long, elle allait devoir les couper. Mais pour l'heure, elle se contenta de sommairement les attacher avec une lanière de cuir.
N'ayant pas d'habits propres, la milicienne se contenta de remettre sa tunique et son pantalon souillés par la boue. Elle soupire de nouveau, de frustration cette fois. Puis sont estomac se rappelle à elle. Eskel accroche rapidement sa bourse à sa ceinture, enfile ses bottes de cuir salis et descend tout en veillant à bien fermer la porte de sa chambre à clé.

Une fois dans la salle presque vide, elle s'installe à une table un peu en retrait, près du feu et se met à feuilleté le menu écrit sur un morceau de papier abîmé. Elle n'eut pas vraiment le temps de choisir puisqu'une voix familière se fit entendre dans le silence de la salle en même temps que deux choppes apparaissaient sur la table. Eskel lève les yeux de la feuille abîmée et offre un léger sourire à Valion, le laissant s'installer.

Merci, dit-elle en prenant une gorgée avant de déglutir et de s'éclaircir rapidement la voix. Dure affaire, n'est-ce pas, cette attaque de Rorn. C'est pour ça que je suis là, d'ailleurs, on vient de m'y affecter. Ils ont besoin de main d'oeuvre ici pour défendre la ville. Elle rit doucement, un rire qui se voulait léger mais amer. Pas vraiment, non. Et c'est pas l'ambiance actuelle qui va m'aider à prendre le pli. Tu manges quelque chose ? demande-t-elle en montrant le menu où n'étaient inscrits que deux pauvres plats. Ca n'est pas très fourni... J'imagine que Lüh n'envoie pas beaucoup de convois d'approvisionnement. Ses mots étaient âpres, amers. Elle en voulait au Prince, de toute évidence.

La milicienne leva les yeux du menu et fusilla du regard son ancien camarade. Elle le savait assez généreux et n'avait jamais manqué de lui dire qu'il courait à sa perte s'il continuait ainsi. Mais il fallait croire que l'ancien soldat était borné. Elle soupira doucement et fit le choix de prendre le plat de bibi. C'était la seule chose qui pouvait sustenter son estomac affamé par tout ce voyage depuis le temple. Son esprit vagabonda un instant vers Valefor avant de revenir à la réalité. Laissant son camarade parler, elle porta à ses lèvres la choppe en bois et dégusta la bière âpre. Elle était loin de s'y connaitre en breuvage malté, cependant, elle savait que ce qu'elle avait dans sa choppe était coupé à l'eau. Compréhensible. La ville n'était plus approvisionnée et même si la saison de Terra était en train de poindre le bout de son nez, il était trop tôt pour récolter quoi que ce soit. Et à en juger par l'état de la cité, les réserves de nourriture ont été saccagées.

Tu en conviendras que ça n'est pas avec du fer qu'on nourrit les Hommes, dit-elle en reposant doucement le contenant en bois. Son regard de glace le fixa un instant. Elle affichait une mine fermée et sérieuse, pourtant, un léger sourire naquit sur le coin de ses lèvres. La dure Eskel était contente de retrouver Valion et rien ne pouvait cacher cela sur son visage.
Elle était assez préoccupée par la situation de Rorn. Cette ville était un atout pour le nord. Il fallait qu'une étincelle fasse tout sauter et que les habitants de cette ville soulèvent leurs fourches vers le Prince. Elle serait particulièrement ravie d'être cette étincelle et d'être la figure de proue de cette révolte.

Mais la jeune femme s'égarait. Elle raccrocha bien vite aux paroles de Valion et entra dans son jeu. Il est vrai que l'ambiance était assez morose ici, alors autant parler d'autre chose pour ne plus y penser.
Oui, dit-elle, cachant à son camarade toute son excursion au temple. Et malheureusement non. J'ai juste entendu que Klaus partait avec un détachement de quinze personnes. Je ne sais pas quand ils arriveront. A vrai dire, j'ai été envoyée ici en amont pour prendre la température. Ils craignent quelque chose à la capitale, finit-elle sur un ton plus confident.

Elle se recula un peu, un sourire aux lèvres et termina d'engloutir son breuvage. D'un signe de la main, elle commanda deux nouvelles bières. C'est pour moi, cette fois, annonça-t-elle, fière. Et toi, tu roules ta bosse ici depuis combien de temps ? enchaina-t-elle sur un ton plus léger. C'est vrai que ça fait quoi, quelques mois ? Quelques années qu'on ne t'a plus vu ? Les bières arrivaient. Merci, dit-elle à l'attention du serveur. C'est avec plaisir. J'ai un don pour oublier les choses utiles et j'ai oublié mon nécessaire d'entretien. Elle rit doucement avant d'expirer longuement, savourant la chaleur de ces retrouvailles.

Eskel fut envahit d'un sentiment qu'elle avait rarement eut l'occasion d'expérimenter. Cachant son sourire dans sa pinte, elle détourna le regard devant le compliment de Valion. Elle n'arrivait pas à réprimer cette joie qui imprégnait son visage halé par le soleil de Lüh. Elle avait passé tant de temps dans les rues de la capitale à profiter du soleil de midi qu'elle paraissait avoir la peau sombre à côté des natifs du nord. Reposant délicatement sa pinte sur la table de bois usé, elle rit doucement. "Je suis parti bien vite, à vrai dire. L'ordre fut à peine donné que j'étais déjà sur la route de Rorn. Cela semblait urgent et à raison" dit-elle en faisant référence au désastre présent dans la ville.

Mais elle n'avait pas plus envie que ça de continuer sur cette discussion, tout comme elle constatait que Valion n'était pas friand non plus du fait de remuer le couteau dans la plaie. Ils avaient tous deux leurs raisons d'être énervés ou peinés par la situation de la récente ville de Rorn. Mais chacun le gardait pour lui. Ils se connaissaient mais semblaient ne pas réellement se faire confiance, c'est ce qu'Eskel constatait. Et à raison, la jeune femme ne faisait confiance à personne. Elle se considérait seule dans son escalade vers le pouvoir. La milicienne sourit de nouveau : "Comme quoi, le temps est assez relatif. J'ai l'impression que cela fait des années que je ne t'ai pas vu."

Les assiettes arrivaient, maigrichonnes. Eskel posa son regard sur la serveuse en la gratifiant d'un merci discret. Puis elle contempla son assiette où trois patates se battaient en duel. Rorn était vraiment au fond. Cette affaire lui ferait presque prendre le parti du Prince, presque. Car il ne fallait pas oublier que ces pauvres gens en étaient là à cause de l'incompétence de celui censé les diriger. Tout en piquant sa fourchette dans une pomme de terre famélique, elle posa son regard de glace sur Valion, l'admirant quelque peu. "Chasseur ? Tu n'as pas peur du danger" rit-elle tout en ne faisant qu'une bouchée du tubercule. Elle fit passer le goût âpre en avalant une gorgée de bière frelatée. Tout était minable ici. Si minable que cela faisait pitié. Elle se racla la gorge tout en hochant la tête pour affirmer les dires de Valion.

"Faut bien que je gagne un peu d'argent" rit-elle. Puis elle reprit sérieusement : "J'y reste parce que la situation actuelle me préoccupe. Les incompétents se succèdent à la capitale." C'était également une façon pour elle de jouer double jeu. Gravir les échelons de la Milice et peut-être intégrer le corps armé du Prince pour pouvoir l'avoir en traitre. Et d'un autre côté, rallier la confédération pour prendre la place du keiser. Eskel ne lâchait pas son but qui était de dominer l'île. Un but mégalomane pour une jeune femme aux ambitions très élevées.
Elle commença à couper sa viande, un maigre morceau de viande. Surement un reste. "Pourquoi as-tu quitté la Milice ?" demande-t-elle ensuite tout en buvant une gorgée de bière pour faire passer le goût de la viande horrible.

Eskel laissa un grand sourire satisfait naitre sur ses lèvres. Elle buvait les paroles de Valion et posait sur lui un regard assez intéressé. Mais elle se reprit bien vite et fini d'achever sa maigre assiettes de quelques coups de fourchette. Il allait falloir bien plus pour contenter l'estomac de la milicienne mais l'heure n'était pas à penser à se remplir la panse. Elle soupira doucement puis prit une gorgée de bière diluée. Rien n'allait dans cette ville abandonnée par le Prince. "Tu n'as pas tord" commença-t-elle sur un ton qui se voulait léger, "tous des abrutis, autant les miliciens que les habitants de Lüh. On est pas là pour protéger et servir, on est des gardiens de troupeaux." elle fait une pause puis reprend avec amertume : "Tu entendrais ce qu'ils pensent de Rorn, protégés par ces murs." Eskel soupire, légèrement agacée par cette population faible qui ne pensait qu'à elle. Pas qu'elle soit la mieux placée mais au moins elle avait des ambitions, et ça allait plus loin que de courtiser la femme de bidule pour ensuite se taper sa fille.

Son regard d'acier remarque la petite maladresse de Valion et elle n'en sourit que de plus belle. Certes, la conversation n'avait rien d'amusant et l'ambiance pesait autour d'eux. Mais elle ne pouvait s'empêcher de sourire face à cette minuscule maladresse qui illuminait un peu ces mornes journées. "Tu as bien fait de quitter la milice. Ils ne valent plus rien. Et nos dirigeants ne sont pas mieux, murés dans leurs châteaux de verre. Ca n'est pas eux que tu verras sur le champ de bataille." Elle laisse ses mots en suspend, les ayant prononcés sans remord. "Parfois, je me demande dans quel camp je suis" marmonna-t-elle dans sa choppe avant de reposer son regard de glace sur l'ancien milicien. "Tu sais, on est tous amers après ce qui s'est passé à Rorn. Ne te sens pas désolé de l'exprimer. Ca me fais également plaisir de te retrouver, même si c'est pour t'entendre râler comme autrefois. Quoi que... les rôles étaient inversés autrefois" finit-elle en riant doucement. Elle espérait crever cet abcès de lourdeur et d'angoisse.

Elle sourit, satisfaite d'avoir détendu un peu l'atmosphère. Ayant fini de manger, elle s'enfonça confortablement dans sa chaise en bois qui craqua. La milicienne croisa les bras et laissa son regard courir sur les différents occupants de la taverne. Tous ne tiraient pas une mine dépitée et il fallait bien croire que beaucoup possédaient une force d'abnégation qu'elle n'avait sûrement pas. La rousse soupira doucement. Elle ne s'attendait pas à ce que Valion fusse aussi morne. La faute à cette ville assurément.
Eskel rit doucement à la question de son ancien camarade. Ne l'avait-il pas déjà posée ? En plus de lui saper le moral, cette ville lui retirait la mémoire. Quoi que, ça n'était pas plus mal de pouvoir oublier certaines choses.

"Si, ça m'énerve au plus haut point ce qui se passe à Lüh. Je me retiens de les cogner, du coup je m'acharne sur ce bon vieux Philipe" dit-elle en riant doucement. Elle faisait en fait référence au mannequin d'entrainement qu'elle aimait bien appeler Philipe. La structure en bois était incrustée de coups d'épées et de boucliers, il menaçait de tomber à chaque attaque mais tenait bon. C'était bien le seul de la salle d'entrainement qui tenait aussi bien les assauts de la milicienne enragée et frustrée. "J'attends de monter en grade, ainsi je pourrais montrer à ces branques ce qu'est vraiment commander." Elle avait dit ça avec force de conviction. Puis plus que le grade, il y avait le double jeu qui était intéressant. Eskel était déjà infiltrée à Lüh, pourquoi donc partir maintenant ? L'idéal serait de pouvoir intégrer la garde dorée et se rapprocher au plus près du Prince. Il faudra qu'elle y réfléchisse un peu.

"Frugal repas ?" dit-elle en changeant de sujet. "Tu ne voudrais pas démontrer tes talents de chasseurs pour nous dégoter un bon gibier ?" rit-elle doucement, taquinant Valion qui s'enfonçait dans des discussions beaucoup trop sérieuses à son goût. Bien qu'elle ne le trouvait pas indiscret, elle n'aimait guère qu'on s'intéresse trop à elle. Surtout qu'elle ne connaissait pas les vrais intérêts de Valion. Il ne pouvait pas être gentil pour être gentil, ça n'existait pas et elle en était convaincue. "Et tu comptes faire quoi une fois que la situation sera stabilisée ici ?" demanda-t-elle réellement curieuse. Elle ne le connaissait pas tant que ça et ne savait pas ce qu'il souhaitait faire de sa vie. Pour Eskel, l'avenir était tout tracé mais qu'en était-il de cet ancien camarade ? Naviguait-il à l'aveugle ?