Arrivée d'un nouveau Katar

22/08/2013

Les informations de la jeune bibliothécaire me furent d’une grande aide. Les détails que je pus obtenir grâce à elle furent si précis, que je m’aventurai déjà dans le quartier noble. L’obscurité régnante me dissimula aisément aux patrouilles de gardes, qui paraissaient bien mieux équipées et aptes au combat que la milice du Sud. Armé d’un plan détaillé, je parvins à me rendre rapidement jusqu’au domicile des Katar. De hauts arbres masquaient aux regards indiscrets une demeure imposante que l’on devinait en se tenant face à la grille. Celle-ci, usée et rouillée, n’offrit comme résistance lorsque je la poussai qu’un grincement désagréable. S’offrait dès lors à moi, un jardin qui ne paraissait trouver aucune fin de nuit, mettant au défi mon imagination quant à la fortune que devait posséder l’ancien propriétaire. Envieux de découvrir la maison en elle-même, je fis quelques pas dans sa direction, avant qu’une flèche ne vienne à ma rencontre.

Je ne fus avertie de sa présence que par son sifflement perçant l’air à quelques pouces de mon oreille. L’obscurité recouvrait de son voile ces projectiles, faisant de moi une cible de premier un choix. J’étais comme un Colosse dans un étroit couloir. Pourtant, aucune autre flèche ne vint briser le pesant silence s’étant imposé. Nul bruit, si ce ne fut un lointain écho. Après que ce soit écoulé le temps nécessaire à un homme âgé de traverser l’étendue de verdure séparant l’entrée de la bâtisse et les premiers mètres après la grille, la voix se fit plus distincte. L’homme se voulait menaçant, m’affirmant que si je ne tournai pas les talons, il me transpercerait sans une once d’hésitation. Un instant je voulu faire de lui une nouvelle victime. Mais j’eu une bien meilleure idée.

Il était évident, même pour le plus idiot, qu’il s’agissait là du probable dernier domestique. En réussissant à le convaincre de mon lien fraternel avec le défunt Dimirtias, j’obtiendrai le plus solide des témoins quant à la véracité de mon nouveau titre. Néanmoins, j’allais devoir être suffisamment persuasif pour le leurrer. Et par chance, j’avais en mémoire chacune des informations transmises par la jeune bibliothécaire. Dimirtias avait dans une folie sanguinaire massacré sa famille. C’était alors devenu un homme froid et craint de tous. Je devais donc me faire aussi direct que lui. Quant à mon identité, je la connaissais parfaitement. J’incarnerai Akelar, son frère disparu. Attendant qu’il me questionne, je lui répondis avec froideur. Essayant d’imiter la manière qu’avait une montagne sanguinaire aussi pâle qu’un fantôme de s’adresser à un valet.

- Je suis Akelar Katar Fis-je en observant le visage du vieil homme se figer de stupeur.Je suis venu reprendre ce qui appartient à mon nom.

- Vous mentez, sa famille est morte. Passez votre chemin ou je vous transpercerai !

- Sa folie l’a rendu coupable du plus abominable des crimes. Fis-je en feintant un semblant de colère propre à cette situation si je l’avais vécu. J’avais espoir de réclamer vengeance mais le sort en a décidé autrement. M’approchant de lui, je me fis plus menaçant. Maintenant, je peux toujours trouver satisfaction à m’occuper des servants ayant servis sous ses ordres.

Aussitôt, il se fit plus amical. Connaissant celui qui devait être mon frère, il ne remit pas en doute mes propos. En échange de mon pardon, il se dit prêt à me conduire au coffre de la famille. Mon attention fut alors décuplée. Lui demandant plus de détails, j’appris que Dimirtias lui sauva la vie un soir sur les terres de non-droits. Dès ce jour, il dévoua sa vie à la sienne. Et lorsque la mort les sépara, il veilla sur sa fortune contre les pilleurs. Outre un fidèle serviteur, il était un combattant âgé mais efficace. Ce qui me fit me surprendre à le garder à mes côtés.

J’étais désormais Akelar Katar, richissime propriétaire du quartier noble de Lüh.

▼ Succès ▼▲ Succès ▲