Nérée s’attacha les cheveux en une queue simple puis, vérifia que toutes ses affaires étaient prête. Elle plaça quelques objets dans son sac sans fond, enleva sa chevalière de son doigt pour l’attacher autour de son cou. Elle inspira doucement, regardant un instant son reflet dans la glace. Enfin, elle sortit de la pièce.

Un début d’après-midi, comme tant d’autres. Elle se trouvait à Trare, point de départ de son nouveau voyage. Il n’était pas spécialement prévu ni voulu. La jeune duchesse venait de conclure un nouveau contrat avec un marquis qui vivait dans ce petit village paisible. En ces temps troublés, ce dernier, voyant un marché juteux se dessiner peu à peu, avait recruté plusieurs mercenaires et vendaient leurs services. En échange de la signature de son contrat, il lui avait demander d’essayer ses services de protection ; une garde dorée de basse qualité, qui prenait de l’important, malgré tout. Avec Rorn et l’attaque de la procession, comment pouvait-on avoir encore confiance en la sécurité qu’offrait le Prince ? Nérée, elle, n’avait pas le droit de douter. La troisième fortune avait trop d’influence pour se détourner de la volonté princière. C’était sûrement pour cela qu’elle s’était entourée de demi-dieux, et qu’elle avait un peu revu à la baisse son apparence de duchesse, pour ce voyage.

Pour l’occasion, elle avait laissé ses habits joliment confectionnés pour une tenue plus simple, faite de tissu blanc et de cuir. Par-dessus, elle avait attaché sa petite cape de voyage blanche aux symboles dorés, qui lui arrivait au bas du dos. Elle ne pouvait pas s’en détacher, malgré tout. Habillée de la sorte, il fallait avoir déjà vu son regard si particulier pour la reconnaître ; on aurait pu croire à une petite noble de bas étage, juste bien entretenue.

Une troupe de cinq personnes l’attendait aux portes du village, pour le début d’un voyage qui allait sûrement être long. Au moins, elle n’avait pas payé pour être accompagné par ces hommes, le marquis s’étant chargé de tout. Nérée avait comme destination Rorn, avec une escale à Layane. Elle avait oublié là-bas un objet qui lui était cher, même si la raison principale était la récupération de quelques documents importants pour son arrivée à Rorn.

Elle quitta la propriété du marquis en seule compagnie de sa jument, à la robe crème et à la crinière noire. Elle marchait à ses côtés pour le moment. Peut-être devait-elle songer à lui trouver un nom. Elle marcha tranquillement vers la sortie de la ville, et lorsqu’elle y arriva enfin, son regard se posa bien vite sur le petit groupe qui l’attendait. C’était vraiment une garde dorée de mauvaise facture. Ils n'avaient même pas de monture.

Quatre personnes, comme lui avait dit le marquis, avec des armures plus ou moins protectrices. Une cinquième qu’elle ne pouvait pas encore bien voir. Nérée s’en rapprocha, soupirant faiblement. Ce voyage risquerait d’être un peu long.

« C’est vous, l’escorte ? »

Elle n’avait pas à tenir un langage aussi soutenu qu’à son habitude, ce qui était, elle devait se l’avouer, un peu plaisant. Les cinq hommes se retournèrent, alors qu’elle arrivait devant eux. Enfin son regard se posa sur celui, ou celle qu’elle n’avait pas encore vu. Une surprise peu dissimulée.

« C’est… »

Le voyage risquerait d’être réellement long.

Il devait y avoir quelque chose. Les Quatre s’acharnaient bien trop sur elle pour que cela soit de la simple plaisanterie. Elle se trouvait de dos, mais il y avait bien trop de détail sur son apparence pour ne pas l’identifier. Son chemin ne faisait que de croiser le sien, comme une obligation. Elle n’avait pas le temps de l’oublier que ces prunelles olive revenaient à la charge, comme si elles ne lui laissaient que le choix d’avoir une trace de son passage en elle. D’une oreille distraite elle écoutait les paroles d’un des quatre mercenaires, lui ayant confirmé qu’ils seraient sa garde le temps d’un voyage. Ce n’était simplement pas possible. Elle ne pouvait pas, et ne voulait pas, voyager en sa compagnie.

Elle allait pourtant être obligée. Si elle refusait dès la sortie de Trare l’escorte du marquis, cela n’allait guère donner bonne impression. Elle attendrait alors le premier accrochage, qui, elle était certaine, allait avoir lieu. Il ne pouvait qu’en y avoir, avec Rymaïn. Cette dernière venait d’ailleurs de se retourner puis, avait enfin compris la situation dans laquelle se trouvait les deux femmes. Une situation absurde.

Un instant, leurs regards se croisèrent. Nérée soupira, alors qu’elle se retournait déjà. Ni l’une ni l’autre n’avait apparemment envie de tout cela. Elle se retourna alors complètement vers le mercenaire qui parlait pour le moment un peu dans le vide.

« Vers Rorn, avec une escale à Layane. »

A la question du nom, elle songea un instant, ne pouvant s’empêcher un regard en coin vers Rymaïn. Avec elle, ils allaient très vite savoir qu’elle n’était pas qu’une petite noble comme on en croisait beaucoup. Elle ne pouvait pas tomber mieux. « Maria. » Souffla-t-elle enfin, ne sachant même pas quelle attitude adopter.

Soudainement, Rymaïn revint vers le petit groupe qui s’était formé autour de la noble. Ses mots, froids, sonnaient étrangement à ses oreilles. Presque elle aurait préféré la voir s’enflammer comme elle en avait tant l’habitude, pour partir, et la laisser ainsi tranquille. Elle en avait décidé autrement. Le mercenaire rattrapa bien vite ce langage un peu cru, puisque, et elle le savait, leur rémunération dépendait de sa satisfaction.

« Ce n’est pas grave… » Soupira-t-elle à l’homme, se hissant sur le dos de sa jument. Elle avait l’habitude.

Il avait rejoint Rymaïn, au-devant de l’escorte et sembla échanger quelques paroles. Nérée n’écouta pas. Le petit groupe maintenant au complet débuta au pas la marche. A cette vitesse, ils n’auraient même pas atteint le désert avant la tombée de la nuit. Elle ne pu s’empêcher de fixer son dos, ses cheveux dansant au rythme de sa marche. Un des mercenaires qui marchait à ses côtés la tira de ses songes.

« Pas commode, hein ? »

Il avait sûrement remarqué que Nérée ne l’avait pas quitté des yeux, depuis le départ du convoi. Elle devra y faire attention. En effet, cette femme n’était pas facile à vivre ; tout comme elle. Un petit silence, puis elle se détourna son regard de ces peintures pour le poser sur celui qui faisait l’effort de lui adresser la parole. Peut-être pour rendre le voyage un peu moins long.

« Vous la connaissez ? »

Elle, elle la connaissait bien, tout comme elle ne la connaissait pas du tout. Nérée ne savait rien d’elle. Peut-être était-ce ses amis. Cette pensée la fit légèrement sourire ; c’était tout aussi improbable que cette situation.

« Non m’dame. Elle est nouvelle. Nous, ça fait longtemps qu’on fait c’genre de boulot ensemble ! » Il devait sûrement désigner les trois autres hommes qui l’entouraient. Il ne lui laissa pas le temps de répondre et fit les présentations. « Derrière c’est Stunt, à côté d’vous Dayne, et d’vant Hedret. Moi, c’est Larsen. Mais la fille, j’sais pas. »

Parmi tout ces noms, la jeune noble n’en avait retenu qu’un, qui n’avait même pas été cité. Au moins, ces mercenaires étaient un peu plus sympathiques qu’ils en avaient l’air. Il fallait dorénavant voir s’ils étaient aussi bon pour la protection.

« Ce n’est pas important. »

Après ces mots, le groupe avança tranquillement, suivant le tracé de la rivière Blanche. Il n’y avait pas beaucoup à dire. Après une heure ou deux de marche, Hedret, qui semblait être un peu le meneur du groupe, se retourna vers eux.

« On fait une pause ! » Il y avait sur le bord du chemin quelques troncs d’arbre, la rivière n’était pas loin. Nérée n’était pas du tout fatiguée, mais après tout, elle était la seule qui avait eu l’intelligence de prendre une monture. Elle acquiesça silencieusement, descendant de sa jument une fois à l’arrêt.

« Toi, fais comme jt’ai dit, si elle t’aime pas t’aura pas ta prime. »

Elle entendit ces vagues mots, n’en comprenant pas le sens. Derrière elle se trouvait encore Rymaïn et Hedret, les autres ayant déjà commencer à sécuriser les lieux et préparer un petit campement confortable. Elle s’en désintéressa cependant, et amena sa jument jusqu’au point d’eau.

Nérée se perdit dans ses pensées, le regard fixé sur la surface de l’eau. Elle tenait sa jument par la bride, même si elle n’en avait pas tellement besoin, cette dernière étant plutôt calme et docile. Les alentours étaient pour le moment calme, et le groupe n’avait pas fait de rencontre dangereuse pour le moment. Malgré tout, elle n’aimait pas tellement ce genre de situation, où elle se sentait un peu coincée. Et puis il y avait Rymaïn, qui compliquait tout.

Une voix la sortit de ses songes. C’était l’un des mercenaires, dont elle ne se souvenait même plus le nom. C’était celui qui avait été à ses côtés, lors de la première partie du voyage. Bien vite, sa voix se fit couper par une autre, qu’elle reconnaissait bien cette fois-ci. Elle l’envoya paître ailleurs. Que cherchait-elle à faire ? Pourquoi prenait-elle la place de ce mercenaire alors qu’il aurait été bien plus simple de rester dans son coin, et de l’ignorer ? Nérée détourna le regard, se forçant à se reconcentrer sur sa jument. Peut-être qu’elle allait la laisser tranquille, si elle ne se montrait pas avenante envers elle. Mais bien vite elle lui adressa la parole, comme si de rien n’était.

Ce ton était faux, tout comme l’image qu’elle renvoyait. Nérée n’était pas dupe ni idiote. Si elle était déjà exaspérée de par sa simple présence, pour Rymaïn, cela ne devait pas être bien différent. Cette dernière avait tout de même pris la peine de l’appeler par son prénom d’emprunt. Pour une fois qu’elle utilisait son prénom, ce n’était même pas le bon. Il y avait encore du progrès à faire.

« Si tu n’as rien de mieux à faire… »

Elle avait remarqué cette main tendue, alors lui donna les rennes de sa monture. Elle ne se laisserait pas bercer par cette gentillesse illusoire. Peut-être était-elle vraie, peut-être que Rymaïn essayait de repartir sur de bonnes bases. C’était impossible.

« J’espère que tout ceci n’est seulement qu’une farce des Quatre. »

Elle n’avait pas réellement dit cela avec amabilité, il fallait se l’avouer. Il n’y avait de toute façon pas d’autre oreilles que les sienne pour entendre ses paroles. Peut-être laissait-elle entendre que Rymaïn faisait exprès de se retrouver à ses côtés. Comment était-ce possible autrement ? Et comment était-ce possible qu’elle y arrive ? La noble posa un instant ses prunelles dans les sienne, pour s’en détourner aussi rapidement. Il y avait quelque chose d’insupportable. Nérée ne savait guère quoi penser de tout ça, mais cela ne présageait rien de bon. Elle tourna les talons, n’attendant pas franchement de réponse, avec pour but de rejoindre les autres mercenaires.

Nérée retourna auprès des mercenaires qui avaient dressé un campement de fortune. D’eux d’entre eux observaient les alentours, tandis que les deux autres prenaient une petite pause. Un nouveau soupir. Ce simple échange avec Rymaïn avait suffi pour l’irriter, tant par son comportement que le sien. Peut-être qu’il était mieux de limiter toute parole entre elles. Elle regarda en arrière un instant, s’assurant que sa jument était bien entre de bonnes mains.

Elle s’assit sur l’un des troncs d’arbre à terre, sortant un petit sachet de rondelettes séchées de son sac sans fond. Elle en proposa tour à tour aux mercenaires présents à ses côtés, qui ne refusèrent pas cette petite collation. Elle ne parla pas plus que ça, un peu pensive. Après un petit quart d’heure, le chef du groupe commença à rassembler les affaires et à activer ses compagnons. La jeune noble revint alors auprès de sa jument, vérifiant que tout allait bien, puis la détacha. Rymaïn n’était pas bien loin, encore en retrait.

Sans vraiment savoir pourquoi, la jeune noble s’en approcha. Elle semblait observer l’horizon, silencieusement. Arrivée à quelques mètres d’elle, elle hésita un moment, puis ressortit le sachet de son sac.

« Tiens. » Elle lui lança le petit sachet en tissu à ses pieds avec dedans, quelques rondelettes séchées. Elle reprit : « Si tu as faim. »

Le silence retomba. Nérée regarda un instant ce paysage si paisible. Si seulement cela pouvait en être autant pour elles. Il n’y avait plus rien à dire. Si elle lui posait la moindre question, elle s’enflammerait aussitôt ; ou partirait. Elle n’avait de toute façon plus envie de lui demander quoi que ce soit.

« …On va bientôt repartir. »

Il n’y avait plus la même amertume qu’avant, dans sa voix. Un peu fatiguée de cette relation qui n’en était pas une. Elle attendit une quelconque réaction, avant de vraiment lui tourner le dos.

Elle s’était trompée. Il n’y avait nullement besoin de questionnement pour enflammer cette rousse. Il lui suffisait d’un rien, d’un geste ou d’un mot dérisoire. Elle s’enflammait toute seule. Sa réaction ne se fit guère attendre, la jeune noble n’eut à peine le temps de se retourner que déjà, Rymaïn l’avait rattrapée. Comme contagieuse, l’agressivité qu’elle éprouvait envers elle fit s’envoler toute volonté de discussion un tant soit peu réfléchie. Elle fit aussi naître en elle une colère un peu incontrôlable. Elle n’aurait même pas dû essayer.

Elle ne laissa cependant pas Rymaïn s’éloigner, lui attrapant le poignet. Sa poigne était assez ferme, pour ne pas qu’elle lui échappe sur l’instant. Lui cracher de genre de phrase pour ensuite lui tourner le dos était un peu trop facile à son goût.

« Tu n’as pourtant jamais arrêté d’aboyer. »

Si elle tenait tant à faire le rapprochement avec un chien, elle n’allait guère se gêner. Son geste partait d’une bonne intention, il n’y avait que son interprétation qui pouvait conduire à ce genre de basse réflexion. Cette femme était réellement idiote pour réagir de la sorte. Ce regard noir qu’elle lui lançait, elle ne s’en détourna pas, lui en offrant un similaire.

« Il n’y a pas que mon attitude qui devrait être remise en cause. Tu ne crois pas que tu es toute aussi désagréable ? »

Tant qu’elle la retenait, Nérée n’allait pas se priver pour se libérer de toute cette frustration contenue depuis un moment. Une part pourtant n’était pas sortie de sa gorge, comme si elle ne voulait pas complètement briser l’infime lien qui les reliait.

« Et arrête de m’appeler de la sorte. Je préfère encore que tu ne dises rien. »

Cela faisait un moment qu’elle avait l’envie de lui faire cette remarque, mais de cette manière, agressive, peut-être n’était-ce pas des plus juste. Duchesse, elle n’avait que ce mot à la bouche, comme si cela résumait ce qu’elle l’était. Elle n’était personne pour l’appeler ainsi. Elle aurait presque pu ressentir de la pitié, puisqu’elle ne pouvait que la résumer à cela, n’ayant eu l’intelligence de creuser sous cette apparence. Elle relâcha ce poignet, qu’elle avait tenu un peu trop fortement à son goût, puis la regarda encore quelques instants.

Ne rien dire, peut-être était-ce là la solution à leurs chamailleries incessantes. S'éviter, puis se quitter, une bonne fois pour toute. Elle se doutait bien que le voyage n'allait pas leur faciliter la chose.

La violence répondit à la violence. Il n’y avait de toute façon plus que cette unique solution, le seul moyen de communication encore possible avec Rymaïn. Peut-être que c’était seulement ainsi qu’elles pouvaient se faire comprendre. Un bien triste constat.

« Pardon ? Je n’ai jamais eu de telles intentions ! »

Comment osait-elle prétendre qu’elle avait voulu la contrôler ? Rymaïn n’avait, à ses yeux, jamais fait aucun effort pour la comprendre Nérée n’en avait de toute façon que faire d’elle. Elle n’avait ni besoin d’elle, ni besoin d’entendre ces idioties. Elle en avait assez de tout ça. Elle laissa alors le silence réponse au reste de ses paroles. Elle allait faire de même, et ne plus chercher le contact, tout simplement. Elle se retourna vers l’horizon qui lui paraissait dorénavant tout aussi désagréable que la conversation qu’elle venait d’avoir avec Rymaïn, qui, elle, retournait déjà auprès des autres mercenaires.

Il fallait avouer que cet énervement n’était pas une simple réponse à celui de la rousse. Ses paroles, elle ne pouvait que les avoir entendu. Si elle n’allait pas se l’avouer, elle ne pouvait nier avoir été un peu touchée par ce que lui avait dit Rymaïn. Cela n’avait d’ailleurs aucun sens, puisqu’elle ne ressentait qu’une amertume profonde envers elle, en cet instant. Sa jument broutait non loin d’elle, peu dérangée par les éclats de voix des deux femmes. Elle la regarda, puis rangea le petit sac que lui avait redonné la nordienne, en se focalisant sur la plaine.

Rien que penser à Rymaïn suffisait pour faire remonter son agacement. Il n'y avait qu'elle pour réussir à l'énerver autant ; une prouesse en soit. Elle aurait dû ouvrir les yeux dès le départ. Elle avait raison. Aller contre la mort qui lui était destiné, pour n'avoir que de la haine en retour, avait été une erreur de sa part. Elle aurait simplement dû laisser les Quatre décider de son sort, au lieu de s'impliquer de la sorte.

Au niveau du petit campement, les préparatifs touchaient à leurs fins. Les quatre hommes avaient déjà rassemblé leurs affaires, ils étaient prêt à partir. Ils avaient observé de loin la scène, et même s’ils n’avaient pas pu entendre ce qu’il s’y était échangé, il régnait maintenant une atmosphère assez étrange, depuis le retour de Rymaïn. Surtout que la jeune noble, au loin, ne semblait vouloir revenir vers eux. « Qu’est-ce qu’elle fait, la dame ? » Ils n’allaient pas partir sans elle, mais il fallait tout de même partir à un moment ou un autre. « J’vais aller la voir. » Reprit Dayne, en même temps qu’il commençait à marcher en sa direction.

Nérée entendit des pas se rapprocher d’elle. Elle tourna un instant le regard puis, voyant que c’était l’un des mercenaires, elle s’en désintéressa. Pire, avant même qu’il ne dise quelque chose, elle annonça la couleur de la suite des événements.

« Je ne partirai pas. »

Net et précis. La jeune noble ne pouvait guère être plus claire dans ses propos. Des propos qui surprirent Dayne, se demandant bien d’où pouvait venir cette soudaine attitude. « Mais on va… » Nérée le coupa tout aussi sèchement qu'elle avait dit ses première paroles, visiblement encore énervée par l’altercation avec l'autre rousse. « Vous ne m’avez pas bien comprise ? »

Elle lui avait lancé un regard froid, puis, comme pour appuyer un peu plus ses propos, lui tourna le dos pour s’asseoir au sol, en tailleur. Elle ne ferait pas un pas de plus en compagnie de Rymaïn. Ni avec ces idiots.

« Je n’ai plus envie de continuer un voyage de la sorte. »

Le silence retomba. Le pauvre mercenaire fit demi-tour, après un moment à la regarder, ne sachant pas trop quoi répondre ni faire. Il ne comprenait pas sa réaction, ce qui n’était guère étonnant. Les bras ballants, il retourna après du reste du groupe, qui attendait pour reprendre la marche.

« Elle n’veut pas… »