Tout avait commencé à Lüh il y avait deux semaines de cela. Alors que le sage Valefor discutait avec leur amie commune, Serindë, l'autre invocation du jeune homme l'incitait à accomplir de plus nobles actions héroïques. Armé de sa rapière désormais au maximum de son potentiel, il lui fallait bien prouver sa valeur autant que possible. D'autant plus, en tant qu'invocateur, il avait l'occasion d'appeler une de ses deux magnificences à la rescousse en cas de besoin.

Tout enthousiaste qu'il était, il se rendit à la taverne pour y trouver une bonne aubaine afin de faire parler de lui et profiter de quelques avantages financiers. Une chasse fans le nord-est, à la frontière des terres du nord ? Cela l'intéressait grandement ! Il y avait des caravanes fréquemment qui partaient de Havrejaune jusqu'à la fameuse Sirk, s'y rendre ne serait sûrement pas un gros soucis !

Une fille le sortit de ses réflexion. Elle avait les cheveux auburn, coiffés avec une demi-queue lui allant à merveille et vêtue d'une cape en tissu précieux couvrant une robe apparemment rouge dissimulant les pieds de la demoiselle. Le remarquant, elle lui parla de longues minutes durant en lui confiant une tâche précieuse qu'il accepta sans plus attendre. Un sourire honnête sur le visage, il s'engagea solennellement à mener à bien cette mission.

Préparant ses vivres les deux jours suivants, il partit donc vers Havrejaune où il s'arrêta une nuit pour profiter de sa famille et reprit la route le matin suivant, escorté par son frère en personne sur autorisation du chef de la Garde Dorée de Havrejaune : Rolland de Camina.

Sur place, son frère lui indiqua la demeure du comte Katar, fondateur de la ville et initiateur de la chasse dont il comptait s'occuper. Katar. Akelar Katar. Ce nom revenait souvent ces derniers mois. Employeur d'Era - qu'il espérait revoir - et potentiel futur époux de sa plus fidèle compagnonne, il se devait de se faire un avis propre de l'homme en question. Présentant la lettre remise par la jeune dame de la taverne, les gardes lui permirent de traverser le pont menant à la résidence du maître des lieux. Une fois devant la demeure, il s'éclaircit la gorge avant de parler d'une voix contrastant avec son apparence enfantine.

"Au Comte Akelar Katar, maître du domaine Katar et fondateur de la bourgade de Sirk, de la part de la baronne Florencia Hedimber, héritière du domaine Hedimber et de l'exploitation de Gykeo. Hu-hum.
Akelar,
A quelle heure je vois ton ombre glisser près de mon toit ?
Dans la joie j'accours, près de ta lueur je me vois toujours.
Akelar,
A quelle heure devrais-je croire que je ferai ma vie avec toi ?
Je me noie tous les jours dans la splendeur de tes discours.
Akelar,
A quelle heure l'eau miroite ton doux sourire que je bois ?
Mes lèvres courent sur ton reflet comme je rêve de beaux jours.
Akelar,
Le temps passe et mes avances n'avancent que pour toi.
J'attendrai chaque nuit une étreinte dans tes bras."

Plongé dans le personnage, le ton était vivant et larmoyant, émotif avec justesse aux bons moments. Nulles rougeurs et nulle honte, Simon récitait son texte à la manière d'un conte.
Sous quelques rires de dames choquées par les avances prononcées par le jeune homme et sous quelques timides applaudissements, il fut ensuite éconduit hors du périmètre du manoir où les gardes s'assurèrent qu'il ne revint pas.

C'est donc à la taverne que notre héros reprend son aventure, demandant sans grand succès des informations sur le travail d'une chasse affichée même dans ladite taverne. Moqué et ignoré, il continuait d'insister jusqu'à ce qu'une femme le prenne à parti pour l'inviter à la même mission qu'il recherchait.
Ravi, il lui sourit toutes dents dehors, lui répondant d'une voix enthousiaste.

"Je pense posséder les qualités requises, ma dame ! Appelez moi Simon ! Je serais honoré de travailler à vos côtés pour vous protéger."

Il ne connaissait pas les compétences de la-dite dame et se voyait actuellement plutôt en gardien qu'en tant que boulet. De toute façon, il préférait ne pas juger un livre par sa couvertures, cette femme semblait pleine de ressources et ses capacités héroïques lui indiquaient qu'elle pouvait lui faire découvrir tout un 'nouveau monde. Bref, elle changeait de ce qu'il avait l'habitude de côtoyer.

Acquiesçant aux dires de la jeune et sympathique dame aux cheveux d'automne, il ne fallut pas demander deux fois pour qu'il la suive jusqu'à un vieux monsieur gris comme la neige nocturne. Il s'appelait Solow bien qu'il eu l'air de voir passer du monde toute la journée ; récitant son discours d'embauche sans commettre d'impairs, il déploya une quantité de question assez dense, forçant Simon à se concentrer pour se souvenir des premières quand il finissait sa liste.

"Bonjour monsieur ! Merci de nous recevoir déjà ! Si ça ne dérange pas, je préférerais commencer à répondre pendant que tout est encore frais dans ma tête."

Jetant un rapide coup d’œil implorant à Rymaïn, il attendit tout de même une forme d'approbation avant de répondre réellement."

"Alors voilà, j'ai deux invocations, une de feu et une de terre. En vrai à part en cas d'extrême urgence, j'aimerais ne pas avoir à les appeler, elles sont actuellement bien occupées... Mais je préfère prévenir qu'en cas d'urgence, mes arrières sont couvertes. Pour ma part, je me bats avec une rapière magique possédant toutes les propriétés que le meilleur forgeron de Lüh peut offrir. J'ai également des armes de rechanges, magiques également, que j'ai obtenu au festival de Terra. J'ai aussi des objets magiques, de quoi fuir principalement - il s'agit de ma principale stratégie lorsque mes plans échouent... Je suis du genre intellectuel, moi, je suis pas du genre à foncer dans le tas quand il n'y a aucune chance de victoire. Généralement je me sers de l'environnement afin de piéger mes ennemis et les immobiliser : la capture revient au même que de les achever pour moi. S'il s'agit par contre de cibles humaines, par un hasard malencontreux, je ne promets pas de suivre vos consignes si je peux éviter les bains de sang à ma façon. Pour que je tue un autre être humain, ça ne serait qu'en dernier recours ou avec des explications en amont avant que la mission ne commence et que j'approuve les circonstances. Sinon, si des armes sont disponibles, je sais me servir de toutes les armes courantes à un niveau académique moyen je dirais... Pas de quoi tirer une flèche sur un adversaire mobile en plein vent mais je saurais assassiner un adversaire immobile si je dispose d'un camouflage correct. Hummm... Et bien... Voilà pour moi, je pense avoir dit tout ce qui est susceptible de vous intéresser."

Ponctuant sa tirade par un sourire amical et soulagé, il se tourna de nouveau vers la jeune femme pour s'abreuver des connaissances et possibilités de leur collaboration future.

Simon enregistrait tous les éléments comme un élève particulièrement studieux. Dans les deux choix proposés, celui des fulminas ne l'enchantait pas plus que cela. C'étaient des monstres, certes, mais quitte à avoir le choix, il préférait les tuer proprement pour leur couper des extrémités plutôt que de les laisser vivre atrophiés avec cette image dans l'esprit.
Se tournant vers l'aventurière, il répondit d'une voix légèrement gênée, une moue indécise sur le visage.

"Hmm, je préférerais tondre des cobas, si tu es d'accord. Ce n'est pas le plus glorieux mais je ne suis pas là pour la gloire personnellement... Si je peux aider et gagner mon pain sans tuer - puisqu'il s'agit de ta condition - je préfère autant ne blesser personne et en laisser d'autres s'en charger... Sauf si c'est vraiment ce que tu désires, bien entendu."

Il ne savait pas à quoi s'attendre. La cruauté de la reconnaissance et du défi était un point décisif dans les décisions de beaucoup de gens, cette simple question permettait de juger facilement s'il s'agissait d'une personne qu'il souhaitait fréquenter à long terme ou non.
Choisir un contrat était plus difficile qu'il n'y paraissait quand il n'était pas avec Oblivion... Cette dernière s'enroulerait sûrement dans la laine qu'il serait parti tondre d'ici les années à venir. Solow serait sans doute une personne avec qui elle aurait beaucoup de contacts pour ses affaires et requêtes. Un sentiment bizarre commença à l'habiter alors que ses pensées vaguaient vers un futur qui n'était pas encore arrivé.