Je marchais inlassablement et silencieusement, déambulais davantage comme un esprit sans corps. Les yeux rivés vers le sol, ma démarche était mal assurée, je le savais mais je m'en fichais, tant que je parvenais à marcher et à m'éloigner d'elle. Les gouttes de sang continuais à perler sur le sol, le long de mes doigts. Ce n'était pas horrible comme sensation, une simple coupure. Mais ça piquait et me faisait grimacer.
De temps à autre, on me bousculait, mon épaule heurtant beaucoup de ses congénères. Au final et plus j'avançais, je me sentais me recroqueviller sur moi même, croisant mes bras et les serrant fort contre ma poitrine menue -et étonnement encombrante-, attrapant mes épaules. J'avais sans doute l'air d'une fille fragile ainsi et je l'étais à ce moment là. Perdue dans mes pensées je continuais à heurter dos et épaules, entendant les grognements et les plaintes. Je leur accordais à tous un regard noir qui n'allait pas du tout avec ma posture. Ils n'avaient pas intérêt à rétorquer sinon au diable cette apparence qui me rendait faible ! Ah, je soupirais mon agacement contraint.
Si j'apparaissais au milieu de ces rues aussi inopinément, je croyais moyennement à ce qu'on me laisse repartir tranquille. Alors je restais, à déambuler, lentement, le soleil se levant de plus en plus. Puis je commençais à sentir ma gorge se sécher et ma salive doubler de volume. J'avais visiblement soif alors du regard, je cherchais ce un bâtiment qui pourrait étancher mon besoin. Pourtant, distraitement, je continuais à marcher jusqu'à me prendre de plein fouet une énième personne, me faisant tomber à nouveau sur les fesses, grimaçant de douleur.
J'aurais peut-être du me métamorphoser avec des fessiers plus rebondis, ça aurait atténué les innombrables chutes. J'allais finir par vraiment m'énerver, relevant mon visage vers mon assaillant, prêt à en découdre s'il le fallait...
Dans cette ruelle étroite et sombre à l’écart du brouhaha incessant de la ville de Lüh il n’y avait que moi. Moi, et mon adversaire invisible, droit devant. Je le fixais du regard, imperturbable. Sans le quitter des yeux un seul instant, je me mis à bouger autour de lui. Mes pas étaient légers, vifs, calculés. Quelques bonds sur le côté, des pas feutrés en avant, en arrière. Mon bras droit supportant mal le poids de mon épée à lui seul, il fut rejoint par mon bras gauche. Ma prise était plus ferme, mais mes mouvements moins précis. Il était temps pour moi de frapper. Je levai mes bras au dessus de la tête, prêt à abattre mon épée d’un geste sec et rapide, puisant dans toute ma force, mais au moment de rabattre mes bras devant moi, le poids s’échappa de mes mains et vola loin devant, atterrissant quelques mètres plus loin dans un vacarme métallique. Mon visage se crispa et mes yeux se fermèrent en entendant le son de mon échec. Encore une séance d’entraînement se soldant de la plus pitoyable des façons. A ce rythme mon épée allait se briser avant même de pouvoir pénétrer la chair de quelque monstre que ce soit. Au moins personne ne m’avait vu… Je ramassai mon épée et la rangeai à ma ceinture avant de quitter la ruelle pour rejoindre les rues de la ville, bien plus peuplées.
Perdu dans mes pensées, mon regard était tourné vers le ciel bleu du printemps, ma tête soutenue par mes mains alors placées derrière elle. Je marchais sans vraiment faire attention à ce qu’il se passait devant moi. Bien sûr je me faisais bousculer de temps en temps, mais rien de suffisant pour me sortir de mon petit monde intérieur. Je pensais à ma vie, à ce que j’en faisais depuis que je m’étais échappé de chez moi. Peu de temps auparavant j’étais déterminé à braver tous les dangers pour devenir chasseur, pour aller toquer à la porte de la cellule d’un demi-dieu. J’étais même allé jusqu’à Trare avec Valion dans ce but… Et puis la réalité m’avait rattrapé. Comment une crevette comme moi pouvait espérer mener une vie pareille ? Déjà que je n’arrivais pas à prendre correctement mon épée en main… Alors j’étais rentré à Lüh. Si ça continuait comme ça j’allais même devoir retourner au domicile familial… Non, impossible. Le simple fait d’imaginer la réaction de mon père s’il me revoyait au pas de sa porte me fit sourire. C’était si absurde.
C’est alors que mon petit monde s’effondra brusquement par un choc frontal. Le choc me fit partir en arrière, mais mes jambes reprirent leur appui avant que je ne tombe complètement. Il me fallut quelques longues secondes pour reprendre mes esprits et me rendre compte que je venais de rentrer en plein dans une jeune femme, désormais par terre devant moi. Incroyablement gêné, je m’empressai de m’excuser.
“Pardon ! Excusez-moi je ne regardais pas où j’allais, vous allez bien ?”
En tendant ma main vers elle pour l’aider à se relever, je remarquai quelque chose de plus grave qu’une simple collision. La jeune femme avait la main en sang. En regardant un peu derrière elle, je me rendis compte que le sol était jonché de quelques taches fraiches et rouges. De toute évidence je n’étais pas à l’origine de cette blessure, ce qui me rassura un peu. Puis mon esprit un peu angoissé repris son cours. Et si elle venait de se frotter à quelqu’un de peu fréquentable ? Et si en la bousculant je permettais à ce quelqu’un de la rattraper ? Et de me voir entrain de l’aider ? Je ne pouvais pas non plus partir comme ça…
“Vous saignez…” fut la seule chose qui sortit de ma bouche, accompagné d’un regard un peu paniqué, bien que ma main restait dirigée vers elle, prête à l’aider.
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Rang : Simple membre Crédit Avatar : The Orphan Beast by Gorrem Date d'inscription : 07/08/2018 Messages : 96Double Compte : Lagertha, Sarabi Liens vers la fiche : https://arcane.forumactif.fr/t2546-baphomet-la-sentinelle Elément : Invocateur : Rymaïn Sorts : terre_5;
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Alors que je m'apprêtais à rétorquer avec agressivité, mon élan fut étouffé dans l’œuf. Devant moi se présentait un jeune homme, à l'allure frêle et incroyablement gêné. Il se confondait en excuse et tant de délicatesse me fit pencher la tête sur le côté. Je l'observais comme on observe un oiseau rare, intrigué et déconcerté tout autant qu'éblouis. Moi qui avait essuyé nombre de brimades à chaque retour au sol, lui me semblait bien différent de mes précédents assaillants.
Il me tendit sa main tout naturellement, sans doute pour m'aider à me redresser. Avec un léger temps de latence, j'avançais la mienne sans grande conviction avant de stopper, une fois encore, mon élan. Ma main mollement tendue vers lui, il l'observais, puis derrière moi. Mon regard suivit la direction du sien en m'apercevant que j'avais perdu plusieurs gouttes de sang et que ça se voyait. C'est finalement la voix du jeune homme qui ramena mon regard disparate à lui. Mes yeux s'écarquillèrent en fixant à nouveau ma main blessée.
" J'en ai bien peur. "
Je rangeais alors cette main dégoulinante pour lui tendre la deuxième, moins ensanglantée. M'aidant ainsi à me relever, j'époussetais ma tunique du revers de ma main saine. En plus d'être frêle, il était plus petit que moi. Je l'observais alors à nouveau avec insistance, mes paupières se plissant avec intérêt. Il dégageait quelque chose d'agréable et le simple fait de le ressentir me troublait. Cependant, je n'allais pas laisser passer cette occasion de me faire aider. Puisque je ne pouvais ni ne voulais compter sur l'Humaine rousse pour ça, j'allais solliciter quelqu'un d'autre de plus capable.
Joignant mes deux mains, la saine pour collecter le sang qui n'avait de cesse de s'écouler, je lançais un regard hésitant au petit humain brun.
" Est-ce que... vous pourriez m'indiquer un endroit où je pourrais faire soigner ça ? "
La jeune femme semblait aussi étonnée que moi de ce qu’il venait de se passer. La façon dont elle m’observant était à la fois amusante et un petit peu gênante, un peu comme si elle n’avait jamais vu personne comme moi. Pourtant je n’étais pas bien spécial… Peut-être s’attendait-elle à ce que je ne m’arrête pas pour l’aider à se relever, tout simplement ? En tout cas elle ne semblait heureusement pas être poursuivie par qui que ce soit comme j’avais pu le craindre. Après s’être rendue compte à son tour qu’elle venait de me tendre sa main ensanglantée, elle la retira pour me proposer la deuxième, grâce à laquelle je pus l’aider à se remettre sur pieds. Elle était plus grande que moi, comme une bonne partie de la population de Lüh et probablement d’Arcane en général. Une fois relevée elle avait continué de m’observer étrangement, avant de finalement me demander de l’aide pour soigner sa blessure.
Cette fois-ci c’était moi qui avait dû la regarder bizarrement. Je ne m’attendais pas vraiment à une telle demande. A vrai dire je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise quoi que ce soit à part peut-être un “merci” avant de repartir comme elle était arrivée. Je me mis alors à réfléchir rapidement. Je n’allais pas l’amener voir un médecin, je ne savais pas si elle avait de quoi payer, et moi non plus… Je ne pouvais pas non plus la laisser comme ça… La blessure ne semblait pas si grave, une simple coupure à vue d’oeil. Je pouvais peut-être l’aider moi-même ? Cette journée prenait définitivement une tournure inattendue…
“Euh… Je peux peut-être faire quelque chose oui. Il faudrait d’abord nettoyer un peu la plaie, il y a une fontaine non loin d’ici, sur la grande place, ça pourrait faire l’affaire !”
Je n’étais pas vraiment doté de connaissances médicales, mais j’avais déjà soigné une blessure du même type… Ma soeur s’était blessée avec mon épée alors qu’elle s’en servait pour ses entraînements secrets. N’ayant pas encore préparé d’excuse pour la couvrir auprès de mon père, j’avais plongé sa main dans l’eau d’un puit avant de lui faire un bandage improvisé avec un morceau de tissu. Si ça avait marché pour elle, ça pourrait aussi marcher pour cette jeune femme. A moins peut-être que sa blessure à elle ne fut plus grave que ce que je ne pensais…
“Vous venez avec moi ?” dis-je à l’intéressée, un sourire bienveillant aux lèvres.
[Même si inRP on se déplace vers la grande place je pense qu'on peut continuer sur ce topic, ce sera plus simple non ?]
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Après ma demande qui m'avait l'air pourtant bien formulée, le jeune homme me regardait d'un air perplexe. Je lui renvoyais le même regard, penchant à nouveau ma tête sur le côté, sollicitant -avec l'insistance de mon regard- sa réponse. Par quoi était-il perturbé, je ne savais pas vraiment et n'avait pas l'intention, pour l'instant, de lui demander. Il se décida tout de même à me répondre, me suggérant qu'il allait lui même s'occuper de me soigner. Je haussais les sourcils de surprise avant de revenir à une moue plus normale, observant distraitement les plaies au creux de ma main.
Mon attention fut immédiatement happée, m'efforçant de comprendre comment j'en étais arrivé à me trouver sous forme humaine, si diminué et injustement blessé sans même pouvoir y remédier moi même. Ce que c'était agaçant. Mais bien vite, le jeune homme rappela mon regard à lui quand il m'invita à le suivre.
" Bien sûr. "
Sans attendre et avec un peu plus d'assurance, je me calais à ses pas en le suivant, posté à ses côtés. Je joignais mes mains devant moi pour éviter d'en mettre davantage sur le sol. J'essayais de donner à ma démarche un semblant de féminité et de légèreté avant de pivoter mon visage vers le jeune homme, lui adressant un sourire timide, mais doux.
" C'est gentil à vous de prendre de votre temps pour m'aider. "
Puis l'air un peu plus grave, je regardais vers l'avant, continuant à marcher et à suivre la trajectoire.
" Voilà un certain temps que je marche et vous êtes le premier à vous montrer... agréable. "
Je grognais discrètement. Ces humains ne méritaient décidément pas mon indulgence. En pensant à ces quelques humains que j'avais bousculé -sans faire exprès- et qui s'étaient montré tout simplement odieux, je grimaçais d'énervement. Quelle idée de m'être ainsi plongé au milieu d'une foule qui ne méritait rien d'autre que mon dédain ? En la rencontre du jeune homme à mes côtés, je voyais une lueur d'espoir. Enfin non, je n'espérais plus rien des humains évidemment. Mais ce petit humain était appréciable pour le moment et à lui seul, il pouvait peut-être me donner envie de rester un peu plus ici.
Sans réfléchir, je lui accordais un nouveau sourire, plus discret cette fois-ci, mon regard disparate se posant dans le sien.
" Est-ce que cette fameuse place est loin ? "
Simple curiosité mais aussi pour une question de fatigue que je préférais garder pour moi. Me mouvoir dans ce petit corps frêle avait quelque chose de fatiguant. Ou peut-être était-ce ce dit corps frêle lui même qui rendait chaque chose éprouvante. J'aurais peut-être dû opté pour un grand homme fort. Mon regard se perdait vers l'avant, en pleine réflexion.
Alors que la jeune femme et moi marchions côte à côte vers la grand place, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que j’étais bien entrain de faire. La situation ne m’était pas vraiment habituelle, et je ne savais pas vraiment si j’avais agi de la bonne façon en lui proposant mon aide comme ça. Je ne la connaissait aucunement, et je ne savais même pas si je pouvais vraiment soigner sa blessure. Mon cerveau ne cessait de se poser toutes sortes de questions. Pourtant, au moment de lui proposer mon aide, je n’avais pas vraiment hésité. Alors que mon regard se tourna vers le sien, je me rendit compte qu’elle me souriait légèrement. Elle me dit ensuite que j’étais gentil, et que c’était apparemment assez inhabituel. Sa remarque fit apparaître un sourire un peu gêné sur mon visage, avant qu’elle ne se remette à regarder devant elle. Je crois que je venais de comprendre pourquoi je trouvais la situation étrange.
C’était la première fois depuis que j’étais parti de chez moi que j’avais une interaction normale avec quelqu’un. Je faisais enfin quelque chose qui n’avait rien à voir avec la chasse, avec l’aventure ou avec le danger. Quelque chose que je savais faire, où je n’avais rien à prouver. Être gentil. En y réfléchissant, même quand j’étais encore au domicile familial ce n’était pas chose fréquente, j’étais bien trop occupé à me battre avec mon père et à me chamailler avec ma soeur. Mon sourire gêné s’était transformé en sourire sincère, alors que mon regard croisait à nouveau celui de la jeune blessée qui me demandait si nous étions loin de la place.
“C’est juste une rue plus loin, par là !” dis-je en la guidant vers un tournant à un croisement de rue. En quelques secondes nous quittions les rues étroites de Lüh pour arriver sur la vaste place principale de la ville, où se tenait une grande fontaine en son centre, marquant le point d’ancre entre les quelques grands boulevards. Je connaissais bien l’endroit. Je l’empruntais presque tous les jours avant, pour aller de ma maison à la bibliothèque. On pouvait presque voir cette dernière si on laissait nos yeux s’aventurer loin dans l’un des boulevards. Mais pour le moment je me dirigeais vers le centre, la jeune femme à mes côtés. Elle devait sûrement avoir mal, la pauvre, il valait mieux régler ça au plus vite. Alors que nous nous assîmes sur le rebord de la fontaine, je m’adressai à elle en la regardant, un léger sourire aux lèvres :
“Je peux regarder votre main ?” dis-je alors en tendant la mienne, sans la toucher. Je ne voulais pas vraiment la gêner, même si elle avait accepté que je la soigne en premier lieu. Je ne voulais pas non plus être trop maladroit comme à mon habitude… “Je m’appelle Nathan, au fait.” Ajoutai-je alors, attendant sa réponse. Je ne savais pas vraiment s’il était normal de se présenter aussi vite, mais je voulais mettre à l’aise la jeune femme, comme je le faisait avec ma soeur avant que je ne la soigne d’une blessure douloureuse.
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Rang : Simple membre Crédit Avatar : The Orphan Beast by Gorrem Date d'inscription : 07/08/2018 Messages : 96Double Compte : Lagertha, Sarabi Liens vers la fiche : https://arcane.forumactif.fr/t2546-baphomet-la-sentinelle Elément : Invocateur : Rymaïn Sorts : terre_5;
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Ma question satisfaite par sa réponse, nous arrivons aussi rapidement qu'il l'avait dit à cette fameuse fontaine. Face à elle, je m'arrête une seconde, la contemplant avec un certain intérêt. Je ne sais quoi en penser, la beauté de l'eau d'Aqua y est exacerbée, voletant et tombant si joliment. Les humains avaient un certain don en matière d'esthétique, mais pour nourrir leur savoir-faire, ils ne pouvaient s'empêcher de capturer et asservir l'objet de leur désir. L'eau d'Aqua, ici, ne faisait pas exception. Même si elle dessinait de joli volute, elle n'en était pas moins recluse à ce seul endroit, sans jamais pouvoir en sortir. Comme moi dans ma cellule. Et comment se sent-elle, cette eau ? Une attraction pour les humains, tout en ne pouvant pas retrouver sa liberté de rivière ?
Je détourne mon visage brusquement en rejoignant le garçonnet, m'asseyant à sa suite sur les rebords solide de cette fontaine. Il s'adresse à moi, un sourire sur les lèvres tandis que mon regard disparate se pose sur son visage. La contrariété qui venait de me fendre le cœur peut se lire allègrement sur mon visage, que je tente tout de même de dissimuler. Sans aucune parole, je lui tends ma main blessé, légèrement, lui offrant ma paume ensanglantée dont il prend soin. Il se présente également et je lui réponds simplement, dans un souffle.
" Enchanté Nathan. "
Je baisse ensuite les yeux, attirés inexorablement par la surface de l'eau à nos côtés. J'y vois le reflet de Cyrène, mon aimée dont j'ai revêtue les traits. Dans un nouveau souffle, je lui rends ses présentations.
" Je me nomme Cyrène. "
Et mon regard ne décroche pas de son objet d'intérêt : cette eau emprisonnée. Pendant mes soins, à quelques instants, je ne peux retenir des rictus de douleurs, grimaçant en jugeant ma blessure. Quelle faiblesse. Ces humains sont si pitoyable de fragilité et pourtant si destructeur une fois en masse. Mes yeux vairons se rejoignent le visage de ce petit humain qui, seul, prends soin de moi sans même savoir qui je suis. Seuls, ils peuvent se montrer délicats. En groupe, ils deviennent si facilement indésirables.
J'inspire et soupire doucement, mon regard retrouvant la surface de cette eau presque factice, ondulant légèrement sous ses propres coups.
" Pourquoi vous faut-il toujours emprisonner et asservir ce qui est libre ? "
En parlant ainsi, je m'est inévitablement à mal ma couverture. Mais je peux tout aussi bien passer pour une humaine sensibilisée par l'injustice de ce monde. Je ne me suis d'ailleurs presque pas rendu compte que j'avais énoncer mes questionnements, aussi simplement que cela...
Malgré mes tentatives pour la mettre le plus à l’aise possible, celle qui venait de se présenter sous le nom de Cyrène semblait quelque peu contrariée. Pourtant elle me laissait la soigner, le regard fixé vers l’eau de la fontaine. Quelque chose la perturbait, de toute évidence, mais j’étais incapable de déterminer si j’y étais pour quelque chose ou non. Décidant de ne pas me mêler de ce qui ne me regardait probablement pas, je pris la main de la demoiselle pour observer la plaie de plus près. Elle n’était pas bien profonde, comme je le pensais, mais elle semblait tout de même bien douloureuse.
“Ça va peut-être piquer un peu…” dis-je avant de plonger doucement la blessure dans l’eau froide de la fontaine afin de la nettoyer un peu. Le sang séché autour de la plaie partit facilement, dévoilant un peu plus cette dernière. En la sortant de l’eau je pus apercevoir quelques morceaux de verre enfoncés dans la paume de la main de la jeune femme. Ils étaient resté accrochés malgré le premier nettoyage, mais ne résisteraient pas à quelque chose de plus précis. Avec mon autre main, je passa délicatement mes doigts autour de la plaie, essayant de retirer les bouts de verre un à un. Cyrène laissait échapper quelques râles, mais elle ne semblait pas vouloir que j’arrête, alors je continuais, jusqu’à ce que je juge le nettoyage terminé. Pour bien faire il aurait bien fallu y mettre un peu d’alcool, mais la taverne n’était pas vraiment à côté, et j’avais suffisamment dérangé la jeune femme. Il était temps d’appliquer un bandage autour de la plaie, ce qui posait problème lorsque l’on avait pas grand chose sous la main.
Ne trouvant pas d’autre solution, j’arrachai un bout de ma manche à l’aide de mes dents et de ma main libre. Je sortis ensuite la main de Cyrène de l’eau afin de l’envelopper dans ce bout d’étoffe verte, fermé avec un simple noeud. Une fois fait, je voulu regarder la jeune femme avec un sourire, mais son regard ne décrochait pas de son reflet. Quelque chose trottait définitivement dans sa tête. C’est alors qu’elle me posa une question totalement étrange. Je ne répondis pas tout de suite, surpris. Elle me reprochait d’emprisonner quelque chose ? A moins qu’elle ne me parlait pas directement ? Mais alors qui était ce “vous” ? Les hommes peut-être ? Je repensais à ma première théorie, celle qui disait qu’elle s’était blessée en échappant à des gens dangereux. Peut-être parlait-elle d’elle en mentionnant la liberté asservie ? Après tout son regard était perdu dans la fontaine, sur son reflet…
“Je… Êtes-vous en danger ? Tout va bien avec moi, je vous promets que je ne souhaite emprisonner personne, je ne voudrais pas vous donner cette impression.” Une partie de moi voulait lui dire qu’elle était libre de partir, si ça pouvait la rassurer. Mais si elle était effectivement en danger, était-ce vraiment une bonne chose à faire ? D’un autre côté, je n’étais pas vraiment certain d’être capable de la protéger si elle en avait besoin. Au moins je portais mon épée à la ceinture, je pourrais essayer. Sa question résonnait néanmoins dans mon esprit. Si on oubliait le fait qu’elle semblait viser quelqu’un en particulier, c’était assez vrai en général de l’être humain. Enfermer pour mieux contrôler, j’imagine. Espérant ne pas être directement concerné par sa question, j’ajoutai :
“J’imagine que les gens enferment ce qui est libre soit par quête de pouvoir, soit par amour. Les premiers sont mauvais, les seconds pensent agir dans l’intérêt du prisonnier… Ils ont tous les deux tort, selon moi.” Cette fois c’était moi qui observait mon reflet. N’avais-je pas été prisonnier de mon père, en y réfléchissant ? Prisonnier de ses idées, de ses plans pour moi, là où je n’aspirais qu’à l’exact inverse. Au final, j’avais brisé mes propres chaînes en fuguant, et désormais j’étais libre. Libre, mais contraint à vivre en totale précarité, incertain de là où je dormirai le prochain soir, de ce que je mangerai au prochain repas. Certains pourraient dire qu’une cage a aussi ses avantages, mais je n’étais pas près de revenir sur ma décision.
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Je l'avais laissé prendre soin de ma plaie sans trop broncher, même si inévitablement, le froid mordant ma chair humaine me fit grimacer plus d'une fois. Mais ce petit humain, "Nathan", était étonnement doux. Pour son âge en tout cas. On serait tenté de croire qu'un humain si jeune serait moins délicat et surtout moins adroit. Je l'observais de temps à autre, du coin de l’œil, s’affairer à venir en aide à l'humaine que j'étais. Mais qu'en serait-il si je me trouvais face à lui en cet instant, ma gueule pleine de dents acérées et mon front pleins d'yeux jaune. Il ne me regarderait certainement pas de la même manière. Qu'est-ce que cela pouvait bien me faire, de toutes façons ?
Et puis visiblement, il n'avait pas compris ma question. Dans un premier temps, je me tourne vers lui, l'air un peu contrarié par tant d'incompréhension de sa part. Suis-je si difficile à comprendre pour les humains ? Hm. Sans doute, au vue de ma forme actuelle, cela pouvait être déroutant.
" Mais non voyons, je ne suis pas en danger. "
Je soupire quelque peu, grimaçant avant que mes yeux disparates ne rejoignent à nouveau l'eau ondulante. Le petit humain continue cependant, arpentant une réflexion plus en adéquation avec ma question. Mon visage se ferme en entendant ses paroles, mon regard se durcit et mes traits se figent. "Soit par quête de pouvoir, soit par amour" ? Mes yeux se perdent dans mes pensées. Pour les humains c'était sans nul doute la quête du pouvoir qui prédominait. Quoi que, concernant cette eau par exemple, n'est-ce pas juste parce qu'il en aime sa beauté ? Elle est aussi un breuvage pour eux, alors ce n'est plus de l'amour mais bel et bien le pouvoir désaltérant de l'eau qu'ils cherchent également.
Je grimace et mon regard se perd un peu plus. Et nos pères dans tout ça ? Du pouvoir ils en ont suffisamment et nous n'avons rien à leur apporté sur ce plan. Nous auraient-ils donc enfermé par amour ? Cet idée me rend perplexe, pourtant elle semble juste. Nous sommes leurs enfants après tout, c'est en effet une punition qui nous incombe, mais peut-être pour une finalité bien plus grande que ce que nous vivons en ce moment même. C'est étrange, j'ai l'impression de commencer à les comprendre, seulement maintenant. Nous avons tous, sans distinction, été enfermé. N'est-ce pas seulement parce que nous sommes frères et que nous nous devons de nous soutenir, dans les épreuves comme dans les joies ?
Mes muscles se détendent quelque peu, j'ai l'impression qu'un poids s'allège. L'instant de silence que j'avais imposé par cette réflexion touche à sa fin. Je lance un regard léger au petit humain, observant à nouveau l'eau captive.
" Je parlais de l'eau. "
Concernant l'humaine alors ? Quoi qu'on en dise et malgré la liberté qu'elle est sensé m'apporter, je suis son captif, d'une certaine façon. Mais je ne sens ni quête de pouvoir ni véritable amour venant d'elle. De l'amour sans doute pour ma condition, mais pour moi-même, certainement pas. Qui l'en blâmerait ? J'ai été épouvantable. Nous devrions peut-être discuter de toute cela, mais pas maintenant. La concernant et malgré mon esprit quelque peu allégé, j'éprouve toujours des ressentiments. Je soupire longuement avant de revenir vers l'humain, désignant ma main soignée d'un mouvement de tête.
" Merci, pour ça. Tu n'étais pas obligé. Sans vouloir me monter plus indiscrète que je ne le suis déjà : pourquoi estimes-tu qu'ils ont tous les deux tort ? "
Je suis surpris de voir que son état d'esprit m'intéresse. Lui qui, ne nous connaissant en aucune façon, m'avait fait réfléchir sur l'essence même de mon existence actuelle. Il méritait que je passe un peu de temps en sa compagnie.
L’eau ? Mais de quoi pouvait-elle donc parler ? Un de mes deux sourcils se leva alors que j’essayais d’y voir plus clair. L’eau de la fontaine ? Emprisonnée par cette dernière peut-être ? Plus cette journée avançait, moins je comprenais ce qui se passait. Comment pouvait-on philosopher au point de se demander le sentiment de l’eau quand elle est enfermée dans une fontaine ? Je pouvais comprendre ce genre de questions pour les animaux domestiques, pour les invocations, pour les gens, mais l’eau ? C’était comme se demander si une plante ne s’ennuyait pas enfermée dans un pot. Remarque, peut-être Cyrène le pensait aussi ? Mais si l’eau est enfermée dans une fontaine, ne l’est-elle pas aussi lorsqu’elle est bloquée entre deux parois de roche ou de terre formant une rivière ? N’est-elle libre que quand elle est sous forme d’océan ? Et les lacs alors ? A moins que l’on ne considère tout ce qui est naturel comme non restrictif, et qu’on ne la considère comme emprisonnée seulement lorsque l’Homme s’en mêle ? Ça expliquerait son “vous”… Mais n’était-elle pas humaine elle-même ? A moins que… Une métamorphose ? C’était possible. Ça expliquerait bien des choses. Je ne me voyais pas lui demander directement, ceci dit. Si elle n’en était pas une, elle se vexerait sûrement. Si elle en était une, peut-être ne voudrait-elle pas être démasquée. Elle me remercia finalement pour les maigres soins que je lui avait apportés, et m’interrogea un peu plus sur ce que je venais de dire. Sortant de ma réflexion intérieure, je répondis :
“Et bien… Je pense que priver quelqu’un de sa liberté est un acte très violent. Notre liberté est l’essence de toutes nos décisions, de toute notre vie. Alors se la voir interrompue par quelqu’un d’autre…” Je stoppai ma réponse pour me laisser le temps de réfléchir un peu plus longtemps. Ce n’était pas vraiment une question à laquelle j’avais du répondre très souvent…
“Disons que priver quelqu’un de sa liberté pour une histoire de pouvoir, c’est égoïste et cruel. Sur ce point, je pense que beaucoup pourront être d’accord. Mais par amour… L’intention est bonne. Un parent qui enferme son enfant pour le punir de sa conduite ne cherche qu’à lui faire comprendre son erreur. Si l’enfant en question n’est plus libre, il se sentira tout de suite privé de son droit le plus fondamental, alors il cherchera à le récupérer en réparant son erreur. Un mal pour un bien…”
Je marquai une nouvelle pause. Mon exemple commençait de plus en plus à faire écho à mon histoire, et je commençais à m’en rendre compte. Voulais-je vraiment continuer sur cette voie ? C’était dévoiler mes sentiments les plus profonds à une simple inconnue… Après tout, je restais suffisamment vague pour qu’elle ne comprenne pas forcément que j’avais vécu ça… Et puis il fallait bien que je termine pour expliquer pourquoi même ceux qui enferment par amour ont tort de le faire…
“Seulement… C’est une punition à double tranchant. Si l’enfant trouve son erreur, la comprend et l’accepte, il acceptera aussi de la réparer pour retrouver sa liberté. S’il ne l’accepte pas… Il refusera de rester enfermé plus longtemps. Il cognera à la porte pour qu’on vienne lui ouvrir. Puis il cognera aux murs. Jusqu’à se briser les os. Jusqu’à fendre la pierre. Jusqu’à détruire tout ce qui l’empêchera d’être libre à nouveau. Parce qu’il préfèrera mourir que de rester enfermé injustement.”
Mon regard s’était perdu dans la fontaine, mes poings s’étaient refermés sans même que je ne m’en rende compte. Même après plusieurs semaines sans le voir, mon père continuait de me hanter. Lui et la vie qu’il avait choisi pour moi. J’ai cogné à la porte, il n’a pas répondu, alors j’ai défoncé les murs. J’ai brisé les chaînes qui nous liaient, qui me retenaient à lui.
“Est-ce que l’eau de la fontaine voudrait en faire de même ?” pensai-je à voix haute d’un ton involontairement sec, mon regard toujours planté dans mon reflet.
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Rang : Simple membre Crédit Avatar : The Orphan Beast by Gorrem Date d'inscription : 07/08/2018 Messages : 96Double Compte : Lagertha, Sarabi Liens vers la fiche : https://arcane.forumactif.fr/t2546-baphomet-la-sentinelle Elément : Invocateur : Rymaïn Sorts : terre_5;
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Assis sur le rebord de cette fameuse fontaine, prison de l'eau, je me tiens bien droit, les mains posés sur mes cuisses à peine croisées. Ma blessure ne me pique plus autant, c'est un bon début. Plus que de me soucier de ma paume, j'observe le jeune homme devant moi, répondre à mon interrogatoire sans doute surprenant. La liberté essence de nos décisions ? Je baisse le regard un instant, penchant la tête légèrement en signe de réflexion. En transposant ces mots à ma propre condition, qu'est-ce que cela pouvait bien donner ?
En tant que Demi-Dieu, crée pour une tâche particulière et nécessaire, avons-nous finalement vraiment eu la moindre liberté ? Ceux qui en ont souhaité ce sont mis à copier les Dieux pour, librement, créer leur propres enfants et qu'est-ce que cela à donner ? Absolument rien de bon. Ai-je jamais été libre ? Dans l'ancien monde, peut-être pas autant que ce que je pensais. La seule liberté que j'ai eu était celle de découverte, celle-ci m'ayant finalement été apporté que par la création des humains. La Nature, je la connaissais du bout des griffes, j'étais certes libre de la parcourir, mais je me devais également d'accomplir ma tâche. Aurais-je toujours été prisonnier, dans une certaine mesure ?
Mon regard revient vers lui, une seconde, le temps d'écouter la suite. Comprendre son erreur en étant privé de son droit de liberté ? Mes sourcils se froncent, tant par contrariété que par étonnement. Évidemment oui, dans notre cas précis, nos Pères cherchent sans doute à nous faire comprendre notre erreur et c'est bien normal. Quel genre de Dieux et quel genre de Demi-Dieux serions nous en ayant si lourdement faillit à notre tâche la plus essentielle, sans en assumer les conséquences ?
La suite me fit tourner le regard vers l'eau, à nouveau. Cette suite faisait intimement écho à ma punition. Sauf que, au contraire, j'avais cédé à l'abandon, puisque je ne voulais en aucune façon accepter ma punition que je trouvais injuste. J'ai abandonné, puisque je n'avais aucun moyen de sortir de ma cellule autrement qu'en acceptant et ce n'est pas faute d'avoir frappé les murs sur chaque centimètre qui le compose. Mes yeux se baissent, soudainement accablé par tant de réflexion qui, à ma grande surprise, me prenaient le corps, le cœur et l'esprit.
A sa question qui termine sa réponse, j'intensifie mon regard disparate et humain sur la surface de l'eau.
" L'eau n'a pas été créée pour se retrouver ici, cloitrée dans de la pierre plus froide qu'elle. Elle est faite pour abreuver la faune et la flore et puisqu'elle abreuvait aussi les humains, ceux-là se sont dit qu'ils pouvaient la prendre et l'enfermer, pour en disposer à leur guise. "
Mes doigts fins et humains viennent effleurer la surface de l'eau, créant de légers sillons derrière eux, des cercles aussi.
" Mais je ne m'exprimerais pas à sa place, à toi de songer à la façon dont tu perçois cet acte de confinement pour un usage... personnel. "
Je me penche légèrement, plongeant un peu plus ma main que j'observe au travers de la création d'Aqua, agitant doucement mes doigts. Son contact est étrange, un peu éloigné de celui que j'ai sous ma forme originelle. Il est toujours plaisant cependant, d'une autre manière peut-être.
" Si le puni récupère sa liberté par la force, sans avoir saisi le sens de son erreur, est-ce qu'elle aura le même goût que celle dont il disposait, avant ça ? Est-ce que la punition, bien que de bonne intention, aura servie à quoi que ce soit et si non, lequel des deux partis est le plus fautif ? Celui qui à enfermé pour rien et qui n'aurait peut-être pas dû ? Ou celui qui n'a pas voulu comprendre son erreur et qui n'a ainsi, mûri en aucune façon ? "
Ces questions, je les avais dîtes sur un ton neutre, léger, comme si elles ne s'adressaient à personne. Pourtant, j'aimerais avoir son avis, mais j'avais conscience que cela pouvait paraître quelque peu insistant. Il avait déjà fait beaucoup pour moi, je me devais de lui proposer de lui rendre... sa liberté.
Je me redresse alors et arbore un léger sourire en me tournant vers lui, reposant ma main à présent humide, sur la robe qui habillait mes cuisses.
" Ne te sens pas obligé de répondre, je m'en voudrais de te retenir. C'est déjà très aimable d'avoir consentis à discuté avec moi. "
Mon analyse sur l’enfermement semblait avoir plongé Cyrène dans une réflexion interne que je n’osais pas déranger. Je n’aurais peut-être pas du parler autant, après tout. Chacun avait sa propre idée de la punition et de l’enfermement, la mienne pouvait être bien différente de celle des autres… Et puis je ne savais toujours pas si je m’adressais réellement à une humaine, ou à une invocation métamorphosée. Si tel était le cas, mon analyse pourrait être interprété de bien des façons. Un demi-dieu ne pouvait échapper à son enfermement, qu’importe la force qu’il entreprendrait pour cogner aux murs, qu’importe s’il le trouvait justifié ou non. C’était encore plus cruel maintenant que j’y pensais… Un demi-dieu qui n’approuverait pas cette punition préfèrerait-il mourir que de rester enfermé ? Le pouvait-il seulement ?
Finalement la jeune femme sortit de ses pensées en éclaircissant son point de vue sur l’enfermement de l’eau dans la fontaine. En me mettant à sa place, je pouvais comprendre sa pensée, mais je n’arrivais pas à la partager. Est-ce que l’on pouvait vraiment parler d’enfermement pour une chose dénuée de conscience ? De vie ? J’aurais déjà eu du mal à être en accord avec elle si elle m’avait parlé d’une plante, mais alors de l’eau… Il ne s’agissait que d’une matière, une force servant à abreuver ce qui était vivant. Comme l’air, par exemple. Cyrène penserait-elle que l’air était privé de sa liberté lorsqu’il était enfermé entre les quatre murs d’une maison ?
“Je ne pense pas que l’eau puisse avoir conscience de son enfermement, alors j’imagine que cela ne me dérange pas vraiment. Mais je comprends votre point de vue.” Dis-je d’un ton plus calme que tout à l’heure. “Et puis… Pour être honnête je ne saurais pas vraiment quoi faire pour la libérer de sa prison. Détruire la fontaine ? J’ai bien peur que la milice de Lüh ne partagerait pas nos intentions libératrices,” ajoutai-je un sourire aux lèvres, préférant ajouter un peu d’humour à la conversation.
Cyrène enchaîna ensuite sur le reste de mon analyse. Elle ne semblait pas totalement d’accord avec tout ce que j’avais dit, du moins elle avait trouvé quelques failles à mon explication. Le puni était-il fautif s’il décidait de s’enfuir avant de comprendre sa punition ? Certainement. S’enfuir par la force se devait d’être le dernier recours, une fois avoir déjà murement réfléchi sur les raisons de l’enfermement. Une fois que le puni est absolument certain que sa punition est injuste. Alors que je réfléchissais à ma réponse, la jeune femme me proposa aimablement de ne pas répondre si je le préférais, mais cela ne me dérangeait pas vraiment. C’était agréable de pouvoir parler à une inconnue comme ceci.
“C’est un sujet intéressant, je suis content de pouvoir en parler avec quelqu’un. Et pour vous répondre, je pense que le goût de liberté ne sera qu’encore meilleur s’il est acquis par soi-même. Mais tout ceci ne reste vrai qu’à condition d’avoir pris le temps de réfléchir au but de cette punition auparavant.” Je marquai une pause avant de reprendre, cherchant un exemple qui ne serait pas le mien. “L’eau de la fontaine, si elle pouvait réfléchir, pourrait ainsi penser que son enfermement est injuste, qu’elle n’a aucune raison d’être enfermée pour le bien de quelqu’un d’autre. Elle n’a rien fait de mal, et n’a rien à apprendre de sa prison, alors elle n’a rien à y faire plus longtemps. Si elle réussissait à s’en échapper, elle ne pourrait qu’être ravie de retrouver sa liberté perdue, j’imagine.” C’était en tout cas ce que j’avais ressenti en m’échappant de chez mon père. “Bien sûr, la liberté vient avec un prix. Si l’eau s’enfuit de sa prison, elle se retrouvera sur le sol, incapable d’aller plus loin sans aide, et n’aura plus qu’à attendre que le soleil l’achève. Parfois, s’enfuir signifie simplement choisir sa cellule. Attendre que quelqu’un vienne avec un autre récipient, pour l’amener dans un autre endroit…”
Je ne savais pas vraiment si je parlais de ma propre expérience ou de celle d’un demi-dieu avec cette dernière phrase. Quand j’étais parti je me suis retrouvé seul, presque sans argent, à devoir me débrouiller pour vivre, et me débrouiller signifiait demander de l’aide à d’autres personnes. Et pour un demi-dieu, la seule solution pour retrouver la liberté et de se lier avec un être humain, autrement dit rester enfermé, mais d’une autre manière…
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Rang : Simple membre Crédit Avatar : The Orphan Beast by Gorrem Date d'inscription : 07/08/2018 Messages : 96Double Compte : Lagertha, Sarabi Liens vers la fiche : https://arcane.forumactif.fr/t2546-baphomet-la-sentinelle Elément : Invocateur : Rymaïn Sorts : terre_5;
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Sa pointe d'humour me fait à peine sourire, suffisamment tout de même pour qu'il n'ai pas l'impression que j'y suis complètement insensible. Il faut dire que je n'ai vraiment pas la tête à rire, malgré l'échange avec ce petit humain plus que satisfaisant. La suite n'en est d'ailleurs que plus étonnante. Ce Nathan avait vraiment de quoi me surprendre, pour son jeune âge il avait une vision intéressante, bien construire et pleine de nombreuses vérités.
En évoquant à nouveau l'eau, je ne peux m'empêcher de me tourner vers elle, à nouveau, songeant à ce qu'elle devrait penser de tout cela. Même si, au fond de moi je savais qu'il avait raison et qu'elle ne détenait pas de conscience semblable à celle de la faune, voir de la flore, je ne pouvais faire autrement que de la prendre comme un être à part entière.
Comme un cheminement, mon regard suit les explications du jeune homme, passant de l'eau calme, à la fontaine, puis sur les dalles de pierres en contre bas. Ici, le regard posé sur ces derniers, mon visage se tord dans une légère grimace contrariée. D'autant que son exemple est des mieux choisis au vue de ma condition.
" La liberté c'est choisir sa prison... "
Je laisse s'échapper cette phrase, dans un murmure presque inaudible, davantage pour ma réflexion que pour lui répondre. C'est cela que j'avais retenue de son opinion en tout cas et j'avais la nette impression qu'elle était très proche de la vérité, surtout pour moi qui ne suis plus qu'un être partagé entre la noirceur d'une cellule palpable et les chaînes invisibles de l'asservissement.
Mon souffle s'échappe de mes lèvres à peine ouverte, un long bruissement comme pour évacuer toutes les tensions accumuler pendant cette rencontre. Mes muscles se détendent, un à un et un silence s'installe, presque chaleureusement. Ma tête réfléchit encore et je sens le regard de ce petit humain sur moi, sans doute pas très à l'aise avec mon mutisme du moment. Puis après quelques instants, je finis par relever le visage, plongeant mon regard disparate dans le sien, lui accordant un fin sourire, léger, penchant sensiblement la tête.
" Tu es un jeune humain intéressant, Nathan et tu as beaucoup à dire malgré ton âge précoce. C'est assez admirable je dois dire, d'autant plus quand on sait dans quel genre de Monde nous sommes aujourd'hui. "
Je laisse quelques secondes de silence s'écouler à nouveau, lui accordant un regard presque bienveillant.
" Tu m'as aidé à y voir plus clair en tout cas et pour cela je t'en suis redevable. "
J'accompagne mes remerciement part un souple hochement de tête.
" Je vais rester ici encore un petit moment, pour digérer tout ça. Merci de t'être si bien occupé de moi. "
Sans l'inviter ni le repousser, à l'image de notre conversation, je lui laissais faire le choix de sa nouvelle situation. Mettre fin à ce moment agréable pour partir en quête d'un autre, sans doute. Rester ici, avec moi et prolonger le moment pour peut-être en laisser passer des meilleurs. Choisir c'est renoncer, après tout mais, choisir c'est aussi avancer.
Cyrène semblait réfléchir bien sérieusement à tout ce que je venais de dire. Mes paroles avaient l’air de résonner en elle, au vu de ses quelques réactions. En joignant ça et la façon dont elle parlait, dont elle me désignait comme “humain”, dont elle parlait de l’eau et de l’enfermement, j’étais désormais certain que j’avais à faire à un demi-dieu ayant pris la forme d’une jeune femme. Cela ne changeait pas grand chose, à vrai dire. Je n’étais pas un demi-dieu, et j’arrivais pourtant à comprendre le sentiment d’enfermement, suffisamment pour lui en parler correctement apparemment.
Elle me complimenta et me remercia pour cette discussion, en me regardant d’une façon qui me rappelait la façon dont nous nous regardions, ma soeur et moi, quand nous discutions de nos désirs entravés par mon père. Elle me manquait, cette petite Ophélie. Je lui avais promis de lui écrire de temps en temps dans mon mot d’adieu, et je ne l’avais toujours pas fait. Elle devait être folle de rage, si je la croisais dans les rues de Lüh, elle me frapperait très certainement jusqu’à me briser quelques articulations. J’imagine que je le mériterais.
Cyrène me dit ensuite qu’elle comptait rester ici un petit moment pour réfléchir, et me remercia de m’être occupé de sa blessure. Je lui répondit d’un sourire, avant d’ajouter : “C’était un plaisir de discuter avec vous, et j’espère que votre blessure se refermera vite et sans douleur.”
Je me levai ensuite de la fontaine et étirai mers bras vers le ciel pour me dégourdir, accompagnant ce geste d’un léger râle. Cette conversation m’avait fait complètement oublier mon entourage, j’avais l’impression de sortir d’une grande bulle qui n’aurait entouré que la fontaine, la jeune femme et moi. Je regardai à nouveau cette dernière, toujours en souriant.
“J’espère que vous arriverez à trouver des réponses à vos questions, et que vous réussirez à apprécier votre vie, même sous cette malheureuse condition qui vous a été imposée par vos pères,” dis-je d’un ton bienveillant, lui révélant ainsi en quelque sorte que j’avais compris à qui je parlais. “Je vais vous laisser à vos pensées maintenant, mais sachez que je serai ravi de vous revoir un jour si le destin nous le permet.”
J’accompagnai la fin de ma phrase d’un hochement de tête en signe d’au revoir, et attendis quelques instants pour lui laisser le temps de me répondre, avant de finalement me retourner et quitter la place de la fontaine, heureux d’avoir pu aider quelqu’un dans le besoin et d’avoir pu réfléchir à ma propre condition.
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J'étais plutôt satisfait d'entendre que le plaisir de notre conversation avait été partagé. Rien d'égocentrique dans tout ça, quoi que ça aurait pu en d'autre circonstances. "Évidemment que converser avec moi est toujours un plaisir". Ahah, non, pas cette fois. Ce petit être méritait beaucoup de considération.
La surprise me gagne alors quand il fait mention de mes pères. Mes yeux écarquillés se projettent sur lui et finalement, la surprise se dissipe rapidement. Ce n'était pas étonnant, il avait l'esprit vif et je n'avais pas été très discret quant à mon élocution. Je m'accorde alors un léger rire. A ses dernières paroles, je réponds moi aussi d'un hochement de tête qui je crois, est respectueux chez eux.
" Il en va de même pour moi. "
Un sourire sincère, bien que fin, étire mes lèvres alors que je l'observe s'éloigner de moi. De nous. Moi et mon ami l'eau de la fontaine, vers laquelle je retourne mon attention, laissant à nouveau ma main s'immerger dans sa fraîcheur. Le contact est différent, cette peau humaine est très fine comparé à mes écailles épaisses. C'est étrange, mais pas moins confortable.
Mes yeux disparates se laisse plonger dans sa transparence, pendant des secondes qui se transforment en longue minute. Ma condition me paraissait bien différente maintenant, qu'il y a quelques heures, là où j'avais presque demandé à l'humaine aux cheveux de feu de me renvoyer. Quelle grossière erreur cela aurait été. Un coup de tête, comme je savais si bien en user. Non. Pour m'avoir ne serait-ce qu'insuffler une légère envie de sortir de ma cellule, elle méritait que j'y réfléchisse avec plus d'intérêt. Oui, j'y réfléchirais.