Protecteurs de la meute

01/10/2018

Un loup qui danse et qui chante, un spectacle certes étonnant pour un humain. Je surprenais souvent dans l'ancien temps lorsque j'offrais mes premiers mots. J'étais une légende à l'époque, un mirage. Il était rare de m’apercevoir et encore plus rare de recevoir quelques mots de ma part. Ainsi Danae fut surprise quand je lui dit que je chantais et dansait sous l'aurore boréale. Elle aurait aimée voir ça mais je ne pouvais lui offrir ce spectacle... Chanter ici, au cœur d'une maison elle même en sein d'une grande ville humaine n'aurait pas été respectueux. Pour ce qui est de la danse : je n'avais tout simplement pas la place...

Je l'observe diriger son regard distrait vers la fenêtre et esquisser un timide et tendre sourire en déposant que je n'avais finalement pas besoin de chance et que Valion et moi nous étions bien trouvés. Je fus content d'entendre ces mots apaisants, j'avais trouvé l'objet de ma quête en montant jusqu'ici. Je déposais les mots suivants :

« Difficile de percevoir le message du lac quand il est agité par le jet d'un caillou. Mais si on le laisse s'apaiser, la réponse devient claire. »

Bien sur elle n'allait pas comprendre le message : mes deux phrases allaient l'occuper durant quelques jours ou au minimum quelques heures. Je me redressais en position assise lentement :

« Je vais te laisser te reposer tant que ton énergique cousine n'est pas là. Je ne serai pas loin si tu souhaites ma présence. Puisses-tu trouver la paix et le repos. »

Danae m'ouvrit la porte que je franchis, tête baissée pour ne rien abîmer. Je l'entendis la refermer derrière moi : plus de retour possible, le demi-tour n'était pas envisageable. Je m'arrêtais au sommet de l'escalier que j'observais avec une légère appréhension : le monter était assez facile, le descendre en revanche... J'évitais toujours les escaliers dans l'ancien temps : préférant effectuer un détour quand c'était possible. Celui ci était raide et étroit autrement dit très délicat pour un être de ma morphologie. Je déposais la première patte, la plus facile puis je cherchais le bon appuie avec la seconde. Je me retrouvais en équilibre instable dès la recherche du troisième appuie. La descente fut lente et délicate : je ne voulais pas faire de bruit, déranger personne. J'étais fier de moi quand il ne restait que deux marches à descendre mais j'en ratais soudain une avec ma postérieure droite. Un :

« Oh ! »

Retentit suivis d'une successions de trois chocs sourds : mon arrière train tomba lourdement sur l'escalier et je glissais jusqu'en bas. Ridiculement assis, les fesses sur la dernière marche, l'air tout penaud, c'est ainsi que Valion me trouvera une seconde plus tard alors qu'il faisait un pas pour se renseigner sur l'origine du bruit. Mes oreilles se plaquèrent aussitôt sur mon crane et je pris un air d'excuses en baissant la tête :

« Je te demande pardon. Je crains d'avoir raté une marche... »

Je ne pensais pas qu'il allait me disputer : il était trop gentil pour ça mon Valion. Néanmoins j'agissais comme si il allait le faire. J'espérais qu'il comprendrait tous les efforts que m'avais demandé de monter puis redescendre ce raide et étroit escalier. L'artisan qui l'avait construit n'avait pas pensé un seul instant qu'un individu comme moi l'utiliserai un jour. Maitre Ya-tso aurait pleuré de rire s'il me voyait...

▼ Succès ▼▲ Succès ▲

27/01/2018

Protecteurs de la meute

avec Slavko

Les lèvres entrouvertes par l'étonnement, et un brin d'incompréhension, Danae écouta les paroles du fils d'Aqua. Songeuse, la mine indécise, elle accueillit les propos suivants comme un répit. La conversation méritait déjà son lot de réflexions pour qu'elle y rajoute quelques conseils nébuleux. La nuit porterait le repos nécessaire pour les aborder avec davantage de sérénité.

Remerciant Slavko avec un petit sourire, elle ouvrit la porte et lui souhaita une bonne nuit.

Installé dans un fauteuil devenu moins confortable avec le temps, Valion relatait la chasse au sein des Montagnes Zan, et la recherche de cette légendaire créature. Silam, qui naviguait dans la maison au gré de ses envies volatiles, s'était enfin installée pour écouter son cousin avec fascination. Lorell demeurait un peu à l'écart, tricotant quelque chose qui n'avait pas encore de forme définie. Elle dodelinait la tête au son d'une musique inaudible pour le reste de la famille.

Un bruit sourd retentit dans toute la maisonnée, suivi de deux autres. L'inquiétude marqua le visage de chacun et l'aîné des Lameblanche fut le plus prompt à se lever et s'enquérir de la situation. La scène déroulée au pied de l'escalier fit naître en lui des sentiments très différents. Il se pinça les lèvres en voyant la posture de son compagnon divin, relativement ridicule pour son gabarit, combiné à son air très peiné. Le pauvre n'avait rien fait de mal et semblait être la victime de cette épique histoire.

Entre le rire et le souci, Valion ne sut pour quoi opter. Ce fut Silam, déboulant dans la pièce une vingtaine de secondes après, qui l'aida à se décider. La demoiselle explosa tout bonnement de rire. Le jeune homme laissa filer quelques éclats, puis se retint, par peur de vexer la divinité. Enfin il s'approcha et demanda avec compassion :

« Est-ce que ça va ? »

Il se doutait bien que quelques marches ne vaincraient pas le fils d'Aqua, mais s'assurer de son état était un réflexe plus fort que sa pensée. Même Danae en haut, ouvrit à nouveau la porte. Quand elle vit que la situation était prise en charge, par son frère qui plus est, elle retourna siéger sur son lit. Finalement, Lorell et Eira apparurent aux côtés de la petite troupe. Non sans un sourire, la matriarche prit la parole.

« Je suis navrée Slavko, de voir que notre escalier ne vous a pas à la bonne. »

Tous rirent doucement, avec complicité, et sans aucun manque de respect. La situation semblait tellement courue d'avance que personne ne pouvait en vouloir au Mange-lune. Valion s'était approché, tentant d'estimer si Slavko avait besoin de son aide pour se sortir de là. Auquel cas il suivrait ses indications.

Cet épisode amusant dissipé, le chasseur annonça leur départ. Il était temps de prendre congés, surtout que la journée avait été épuisante pour eux. Chacun se souhaita bonne nuit et Silam s'aventura à refaire un petit câlin à l'enfant des neiges. Puis une voix alerte s'éleva.

« Vous partez quand ? Vous revenez après ? »

Le jeune homme, qui les avait déjà informées de l'expédition sur l'île, indiqua qu'ils partaient le lendemain, et devraient revenir au plus tard dans deux semaines. Il ajouta même qu'il resterait plusieurs jours en ville après son retour. Cette réunion familiale lui avait fait le plus grand bien et visiblement, Slavko avait tout autant apprécié. Ainsi, ils pourraient repasser les voir avant de poursuivre leur aventure.

Codage par Libella sur Graphiorum
Crédits Image - Tyler Smith

▼ Succès ▼▲ Succès ▲