Pour cette fois si, mon apparence humaine me faisait moins défaut que la dernière fois. Ce corps faible et maigrelet me semblait déjà plus léger, plus aisé à contrôler. D'autant que la chaleur d'Ignis sur la finesse de ma peau était apprécié à sa juste valeur. Quoi qu'au début, j'avais davantage l'impression d'être sévèrement brulé tant la sensation était plus importante que sous ma forme originelle. Mais les quelques brises aidant, je m'y suis fait assez rapidement. Je suivais donc Rymaïn, au creux de ces rues animées, le pas souple et les mains jointes dans le dos. Mon regard vairon était assez curieux, une fois encore. J'entendais moins bien, mais d'être ainsi sous cette forme, tout me paraissait plus grand, c'était si étrange et si nouveau. Alors mes yeux couraient dans tous les sens, observant en hauteur les bâtisses qui nous cachaient parfois des rayons d'Ignis.

C'est en les laissant s'abaisser qu'ils trouvèrent ceux olives de l'humaine. Son regard ne me disait rien qui vaille et je penchais ainsi la tête sur le côté, l'observant d'un air légèrement interloqué, les sourcils froncés. En y repensant, c'est vrai qu'elle m'avait appelé pour une raison particulière, sans doute. Ce n'est pas comme si elle avait l'habitude pour m'appeler juste comme ça. Je penchais alors ma tête de l'autre côté, quand elle s'exprima enfin.

" Cette fois, dis-tu ? "

Mon air se fronce alors, plein d'incertitude, le regard se perdant dans le vide pour réfléchir à cette simple phrase qui avait semblé si lourde. « Cette fois » ? Cela signifiait qu'il y en avait eu une autre, avant celle-ci. De quoi voulait-elle parler ? De la fois où nous avions arpenté ces rues ensemble ? Peut-être bien, il faut dire que ce moment là n'avait été effectivement pas été des meilleurs, ce qui justifierait une telle phrase. En tout cas, pour l'un de ses sens au moins. C'est en tout cas ce à quoi j'essayais de réfléchir quand elle se décida à s'arrêter et à se tourner vers moi, d'un air déjà moins troublé. Abandonnant mes réflexions pour lui apporter toute mon attention, je la fixais sans ciller, écoutant le moindre de ces mots et essayant de discerner la moindre lueur dans son regard qui me mettrais sur la voie.

Si bien que sans m'en rendre compte, la fixant silencieusement et intensément, je m'étais rapproché d'elle. D'elle et de son visage, bien plus en hauteur que le mien. Mes paupières se plissaient pour lire au travers d'elle, mais rien ne venait. L'intuition du corps humain était pathétique. Me rendant alors compte du malaise qu'instaurait cette proximité de quelques centimètres, je me secouais vivement le crâne avant de revenir à une distance plus confortable. Reprenant un air investis je lui répondais.

" Ça me convient. "

Me tournant ensuite de droite à gauche, pour observer cette rue très animée où j'étais persuadé qu'elle m'avait pour la raison qu'elle venait d'évoquer, j'observais avec insistance ce qui se présentait. Mais malgré ma bonne volonté, je n'arrivais pas à grand chose alors, préférant m'en remettre à elle, je porte mon visage vers le sien d'un air assez neutre.

" Bien. Par quoi commençons nous ? "

Un sac sans fond ? Un sac dans lequel on peut mettre tout et n'importe quoi, sans jamais qu'il déborde ? Quelle est donc c'est magie ? C'est avec un air outré et étonné que je suis Rymaïn dans cette boutique. D'abord assez hébétée par ce que j'y vois, je dois prendre quelques instants avant d'y pénétrer complètement, mon regard écarquillé ne sachant pas réellement où se poser. Je ne fais même pas réellement attention à l'humaine alors que mes pas me guident au devant des étales. J'entends les clients parler, énumérer les attributs de certains objets, quand je lis les indications d'autres. Mais par les Quatre ! Qu'est-ce que ces humains font ici ? Et comment le font-ils surtout ? La tension commence à arriver dans chacun de mes membres. Tout ça me semble fort peu naturel, surtout pour eux, ces viles humains. J'en fais d'ailleurs la remarque, quoi qu'un peu moins acerbe que ma pensée et c'est Rymaïn, dont la présence fait à nouveau surface dans mon esprit, qui me réponds.

Pour ma part, ma rétorque n'a l'air de rien d'autre qu'un bref soupir irrité alors qu'elle regle ce fichu sac avaleur d'objet. Elle me le tends alors et me montre comment l'attacher, mes yeux disparates suivant ses gestes d'un air très incertain quant à ma capacités à recevoir ce sac étrange. Quelque peu alourdis, je regarde cette chose d'un air très méfiant alors que nous quittons enfin cet entre de l'abomination. Rymaïn me signifie alors que nous allions partir en direction d'un endroit où me fournir une arme alors, mon regard revenant à elle dans un léger sursaut, j’acquiesçais d'un hochement de tête saccadée. Ça allait si vite, il y avait tant de choses qui m'agressaient en tout sens.

Nous marchions donc vers ce fameux endroit dans lequel j'allais m'octroyer une arme. Ce que c'était pathétique d'avoir recours à un morceau de je ne sais quoi pour se défendre quand je n'avais besoin de rien d'autre que mes griffes en temps normal. Je grognais quelque peu en arrivant dans ce nouvel endroit qui était un peu plus calme que l'autre, même si il n'avait déjà pas été très bruyant. Un instant stoïque, je laisse mon regard se promener un peu partout, étrangement intéressé par ce que j'y vois. Je chercher aussi ce dont elle m'a fait mention, une petite lame, même si ma curiosité était davantage stimulée par les grandes. Grimaçant un peu, je me force donc à me diriger vers les plus facilement transportables, six me faisant face.

Rapprochant mon visage de chacune d'entre elle, un peu trop sans doute, mais ma vision étant abominablement mauvaise je n'avais pas vraiment le choix. Il y en avait une que j'aimais bien, de part sa forme qui ressemblait à mes griffes. Les mains jointes dans le dos, je me penchais encore pour mieux l'observer, sous toutes les coutures. Je me redressais vivement, une moue dubitative sur le visage, observant Rymaïn de haut en bas. Puis à nouveau les petites lames. Choisissant donc sur un coup de tête mais surtout, visuel, je désignais d'un doigts tendu la plus droite d'entre toutes.

L'humaine semblait satisfaite de ce choix, d'un point de vue certainement pratique. Ce qu'elle ne savait pas par contre, c'est que mon choix n'avait été que celui de la couleur, semblable celle de sa tunique. Si j'avais visé juste, c'était bien sûr bon dans tous les cas. Comme dans la boutique d'avant, elle se contente de régler l'objet et de me le tendre une fois dehors. L'attrapant du bout de mes doigts frêle, je sors la lame lentement de son fourreau, la levant devant mes yeux pour mieux l'observer. Puis, sans crier gare, j'effectue un mouvement circulaire ascendant suffisamment vif pour que ma faiblesse lâche tout simplement sa prise, laissant ma nouvelle lame s'échapper de mes doigts.

C'est donc avec un regard horrifié que je l'observe voler ainsi, le temps semblant s'être ralentis considérablement. Essayant ensuite, par je ne sais quel tour de mon instinct, de la rattraper avant qu'elle ne tombe tout en lâchant son fourreau, c'est évidemment bien maladroitement que je m'entaille un doigts ou deux. Récupérant vivement  mes mains, la lame tombe finalement dans un léger fracas assez aigüe. Ainsi, debout au dessus d'elle, je l'observe silencieusement, complètement stoïque, une moue très dubitative soulevant mes lèvres. Mes yeux se redressent ensuite vers Rymaïn.

" Tu penses me montrer comment m'en servir dans longtemps ? » "

En posant mes yeux disparates sur Rymaïn je commençais à me dire que, vraiment, son visage manquait cruellement d'expression. Ce n'était pas avec elle que j'allais apprendre à me comporter de manière adéquate avec les humains, en tout cas sur un plan relationnel. Je ne doutais pas, cependant, que pour ce qui avait attrait aux armes, elle serait une enseignante hors pair. Je n’eus cependant pas le loisir d'y réfléchir davantage que je sentais ses mains prendre les miennes. Mon regard sautait successivement de nos mains à son visage. Soigner ça ? Encore ? Mais qu'elle empoté je faisais moi. Déjà la dernière fois je m'étais aussi ouvert la paume, à croire que tout n'est qu'un éternel recommencement.

Songeant à la fatalité de la chose, je laisse tomber ma tête en arrière en soupirant bruyamment. C'est quand je ne sentis plus le contact de sa peau sur la mienne que je revenais à elle, alors qu'elle ramassais la dague, ma dague, que j'avais laissé bêtement tomber au sol. Il y a quelques temps de cela, j'aurais trouvé ça parfaitement normal qu'elle s'abaisse ainsi à ramasser mes étourderies. Mais là, je n'étais pas sûr d'y avoir goût. Mon air devint soudainement incertain en l'observant faire alors qu'elle s'attelait à s'occuper de mes blessures. En tenant fermement le linge qu'elle m'avait donné, je ne suivit pas ses pas dans l'immédiat, un temps de latence m'ayant été nécessaire avant de reprendre moi aussi notre route.

Je la suivis donc, presque difficilement au vue de la foule dans cette rue. Par les Dieux ce que ces humains faisaient du bruit et encore, j'étais soudainement bien heureux de ne pas disposer de mon ouïe de fils de Dieux. Quelle agonie cela aurait pu être autrement ?! Et puis ces vêtements... ah. Ils étaient vraiment trop grand et mes mouvements n'étaient pas simples à effectuer. Il faut dire que Rymaïn était plus grande que moi, ou que j'étais plus petite qu'elle allez savoir. C'était certainement mieux dans ce sens puisque j'avais moi même choisis cet apparence. En tout cas, je n'aimais pas trop avoir la sensation d'être inférieur à beaucoup de ces humains que je croisais, ne fut-ce que par la taille.

Enfin, on nous arrivions dans le nouvel endroit. Assez différent de l'autre, tout du moins concernant les objets en vente. Je n'étais pas sûr d'être très à l'aise dans cet environnement en tout cas. J'observais un peu les environs, mon regard tombant ensuite sur Rymaïn qui me conseillait sur les choix à faire. Ah, il était temps ! Tout ça commençait sérieusement à user de ma patience. Je répondis alors pas un nouveau soupire, l'air irrité avant de m'approcher des vêtements. Plutôt désinvolte et pas très intéressée, je croisais mes bras sous ma poitrine en jaugeant les choses d'une moue dubitative.

" Je pense que quelque chose à ma taille serait bien, dans un premier temps. Et dans un second, facile à mettre. "

Me remémorant les habitudes vestimentaires de Cyrène, un type de vêtement en particulier faisait surface dans mon esprit. Quelque chose qui couvrait tout le corps, d'un seul morceau de tissu et qui laissait libre les jambes. Ainsi, je serais vêtues et pourrais marcher sans doute assez facilement. Partageant les informations glanées dans mon esprit avec Rymaïn, celle-ci m'informa qu'il s'agissait certainement d'une robe et me mena jusqu'en face de plusieurs d'entre elle. Ma moue dubitative ne faisant qu'accentuer, je décroisais enfin mes bras pour toucher à ces fameuses robe robes et en soulever une en face de moi pour mieux l'observer. Non. Non. Pas celle-là. Argh, cette couleur est horrible. Non plus. Hm. Voilà que mes mains attrapèrent l'un d'entre elle, simple, blanche avec quelques décoration sur la partie haute. Je ne savais pas à quoi ça correspondait exactement et ce que cela donnerait une fois porté, mais il me semblait que Cyrène portait des couleurs clairs. Me laissant tenter par mon instinct vestimentaire tout bonnement inexistant, je laissais à Rymaïn le loisir de me mener jusqu'à l'endroit où je pourrais essayer ce morceau de tissu.

Avec un peu de son aide, je retirais sa tunique et enfilais la nouvelle, dans cette endroit, caché par un grand morceau de bois, où se présentait cette fameuse chose qui me renvoyait mon reflet mieux que la surface de l'eau. Enfin vêtue de cette nouvelle robe et faisant face à mon reflet, mon corps s'immobilisa dans l'instant. Mes lèvres entrouvertes me donnaient un air béat quand mes yeux s'étaient écarquillés face à cette image qui me coupait le souffle. Et puis petit à petit, l'étonnement laissait place à une forme de peine. Si je m'efforçais d'en montrer le moins possible, en réalité, je sentis mon cœur se déchirer en milles morceaux.

Lentement, je m'étais rapprocher du miroir, sans même m'en rendre véritablement compte, observant ces traits qui n'étaient pas les miens en cet instant. Ma main commençait à s'approcher de ce visage triste qui me faisait face, ce visage que je ne pouvais supporter de voir ainsi. Et puis, soudainement, la réalité des choses me revint en voyant cette main s'avançant vers moi, tout en étant rattaché à mon propre corps. Reculant brusquement d'un pas, je me rabrouais pour reprendre mes esprits, retrouvant un air détaché.

" Bien, celle là est bien. "

Ne prenant même pas la peine de lui demander son avis ou de la regarder, je revenais à la partie principale de la boutique, manquant presque de la percuter tant j'avais quitté cet endroit me renvoyant son reflet précipitamment. Posant mes poings sur mes hanches fermement, je cherchais ma deuxième tenue du regard

" Quelque chose de plus sombre et moins léger peut-être... "

L'un de mes sourcils se arquant, ma tête se tourna jusqu'à regarder Rymaïn.

" Qu'en penses-tu ? "

Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais en lui posant cette simple question. Si d'abord sa réaction me surpris, elle me rendait ensuite rapidement nerveuse voir agacé. Pour quelle raison obscure réagissait-elle de la sorte ? Contre moi ? D'une mine renfrognée, je croisais mes bras d'une manière sévère avant de lui répondre d'un regard noir. La suivant ainsi, elle prit l'initiative de finir notre petit séjour dans cette boutique, sans même m'accorder la moindre explication en plus de ça ! Non mais quel manque de respect ! C'est donc avec cette allure particulièrement fermée et vexée que je la suivait au dehors, la fixant d'un regard austère sans jamais me défaire de mes sourcils froncés. Alors comme ça c'était les humains qui lui tapaient sur les nerfs. Bien étonnant venant de l'une d'entre elle. Cela dit en y réfléchissant, pour ma part à ainsi passer du temps parmi eux, je ressentais l'opposé. Sans forcément avoir eu de réel contact jusqu'à présent aujourd'hui, je me rappelais aux souvenirs avec eux, aux bons pour une fois. Ce qui était plutôt étonnant mais là n'était pas la question.

J'étais énervé, vexé et frustré qui plus est maintenant et j'attendais bien des explications ! C'était d'ailleurs la seule raison qui me fit la suivre jusqu'à cette petite place somme toute charmante, mais qui ne m'apaisait pas pour autant, loin de là. Finalement, elle mima ma position, que je n'avais quitté aucunement elle non plus, pour s'adresser à peine à moi. Je levais alors un sourcil interrogatif, sans pour autant détendre mes traits. Elle finit par se détourné, visiblement pas très à l'aise, alors qu'on s'était éloigné des humains ? C'était à n'y rien comprendre. Soulevant le menton d'un air détaché, je soufflais nerveusement avant de la contourner d'un pas lourd et assurément marqué, me dirigeant vers le banc de pierre avant de m'y asseoir dans un petit gémissement vexé, les yeux mi-clos et le visage détourné.

" Qu'est-ce que quoi ? Tu étais bien plus loquace tout à l'heure quand tu me parlais sur un autre ton. Est-ce que la présence de ces humains t'aurais ramollis le cerveau ? "

Je conservais mes bras croisés, rejoins par mes jambes et mon visage détourné d'elle. Elle avait intérêt à s'excuser et à avoir une bonne raison de s'être ainsi adressé à moi. Que ma condition d'humaine ne lui accorde pas le droit de me parler comme si j'en étais vraiment une. Moi qui commençait à tenter de la voir autrement que celle qui n'avait de cesse de me manquer de respect, ça risquait d'être compliqué si elle continuait ainsi.

Le visage toujours stratégiquement détourné d'elle, la particularité de son ton ne m'échappa cependant pas du tout. Ainsi elle avait l'audace de me répondre avec du sarcasme. Je commençais à me tourner, lentement vers elle, d'un air qui s'apprêtait à la remettre à sa place, sur le point de lui exploser ma rancoeur au visage. Et pourtant, pourtant... ses mots qui suivirent me firent l'effet du tonerre frappant mon corps tout entier. Ainsi immobilisé par ses paroles et vers ce à quoi elles me renvoyaient, mes yeux la fixaient, écarquillés, sans ciller.

Avait-elle vraiment oser ? De la sorte ? Aborder un sujet qui ne la regarde en aucune façon, même de façon si succinte qu'une simple phrase... et pourtant quelle phrase ! Puisqu'elle avouait tout naturellement avoir noté le mal-être que cela m'avait provoqué. C'était pire que tout ! Pire que l'irrespect ! Pire que me dénigrer ! C'était... blessant. Mon regard se détendit alors quelque peu, mais pour se faire morose alors qu'il se baissait, ne voulant pas voir son semblant de culpabilité.

J'aurais vraiment souhaité m'énerver, m'en aller ou que sais-je encore. Mais je n'y arrivais pas, parce que je ne m'étais pas préparé à ça, à me sentir ainsi dépourvu de tout. Le respect qu'elle me devait était une chose, aborder des choses qui la dépasse surement en était encore une autre, mais ça, ça c'était au delà de ce que j'avais imaginé. Mes bras étaient toujours croisées, mais davantage comme un humain qui serait prit par le froid et mes doigts se crispèrent sur ma peau, sa peau. Je ne pouvais plus, j'aurais dû savoir que ce n'était pas une bonne idée de prendre son apparence. Pourquoi avais-je été aussi bête. Ma voix s'éleva enfin, après plusieurs longues minutes de silence.

" Peu importe que tu ai peur ou que tu ne comprenne pas. "

Je me relevais alors du banc, l'air absent, quoi qu'avec une pointe d'amertume qui faisait légèrement grimacer mes lèvres. Peu m'importait d'être méchant ou injuste avec elle, je m'en fichais cruellement à cet instant. Je commençais alors à m'éloigner de quelque pas, avant de m'arrêter pour me tourner légèrement vers elle, le regard fuyant.

" Il nous reste beaucoup de chose à faire ? "

Je voulais simplement en finir de cette journée.

Ma première réaction fut de lever les yeux au ciel, soupirant brièvement avant de me repositionner complètement dos à elle. Je me fiche qu'elle ai eu peur et surtout peu en importait la raison. Pour moi ? Grand bien lui fasse, moi je n'en avais cure. Je n'avais pas besoin d'elle pour se préoccupé de moi. J'étais un fils de Terra après tout, que pouvais-je bien faire de l'inquiétude d'une humaine, aussi lié à moi soit-elle par la magie. Cette évidence me crispa alors de nouveau, soulevant mes épaules dans un mouvement de léger sursaut. Lui expliquer ? Qu'elle fasse quelque chose ? Par les Dieux... cela me fit rire nerveusement, haussant mes sourcils de dépit. Que croyait-elle pouvoir faire, sincèrement ?

Et même si toutes ses tentatives m'agaçaient au plus au point, je restais là, sans bouger à l'écouter. Peut-être parce qu'au fond ça me touchait, bien que je ne le veuille pas. C'était peut-être même pour ça que je la repoussais sans cesse, pour ne pas m'inquiéter de son état et ne rien éprouver pour elle qui pourrait m'affaiblir ou me faire perdre mes moyens. Elle n'était qu'un outil, même si j'avais essayé de me persuadé du contraire cette fois là, dans les Montagnes. Ce qui me fit réagir finalement, c'est qu'elle m'évoque l'importance que j'avais pour elle. Pourquoi ? Pourquoi alors que je n'avais de cesse d'être mauvais avec elle ? A nouveau alors, mes doigts se crispèrent sur ma peau de nouveau et brusquement, je me retournais pour m'approcher d'elle, lui faire face et planter mon regard dans le sien, sombrement et sévèrement, malgré ma petite taille.

" Est-ce que tu es capable de me renvoyer dans le passé ? De me rendre ma vie d'avant ? De ramener les morts à la vie ? Non ? Alors tu ne peux rien pour moi. Cesse donc de tergiverser à ce sujet et finissons cette maudite journée ! "

Finissant sur une note nerveuse, je montrais les crocs avant de me détourner vivement, lui présentant mon dos comme si je n'aimais pas, moi-même, la façon dont je lui parlait alors qu'elle essayait visiblement d'être agréable à mon égard. Mes poumons s'emplirent d'air, amplement et lentement avant de tout laisser s'échapper.

" Tu veux bien simplement... laisser ça de côté... s'il te plait. "

Je n'avais vraiment pas le cœur d'évoquer quoi que ce soit à propos de Cyrène, pas aujourd'hui et certainement jamais. J'aimerais juste oublier pour le moment, si toutefois c'était du domaine du possible bien sûr.