Percée dans la brume

La plaine brumeuse. Zone difficile à arpenter, encore plus à investir. Elles imposaient de rester sur ses gardes et d'être sur le qui-vive, nos pauvres perceptions humains ne pouvant voir qu'à peine plus loin que cinq mètres dans cet épais brouillard. Par chance, l'endroit que nous vision était juste aux abords des plaines, ainsi la brume y était un peu moins dense. L'ennui cependant, c'était que le coucher du soleil n'allait pas tarder et avec les Montagnes Zan toute proche, le manteau nocturne allait recouvrir rapidement les lieux. Cependant, un petit mont non loin nous avait permis de nous poster quelque peu en hauteur pour ainsi observer ce qu'il en était, du moins, ce que la brume nous permettait de voir.

D'ici, l'on entendait guère les bruits d'une quelconque vie humaine, comme indiqué par Galifey après avoir repéré cet endroit. Il n'y aurait donc pas de confrontation et nous pourrons sans doute investir rapidement les lieux. Par contre et comme il fallait s'en douter, les sens de Xion avait repéré des bruits de battement d'aile, sans doute des charognards. Après tout, les circonstances qui avaient vidé ce village nous étaient inconnues. Une bataille, des monstres ? C'était difficile de savoir, encore plus de loin. Il fallait faire vite cependant. Galifey m'avait ramené Sig et Falko et était reparti vers Heilan, pour prendre avec lui ce qui restait du clan. Nous concernant, nous avançions maintenant vers ces remparts de bois qui abritait bien des mystères.

Pour être certains de ne pas prendre de risque inconsidérés, nous avançions à pas de velours, tandis que Xion était parti en tête pour capter la moindre présence indésirable. Une fois arrivés, nous nous plaquions derrière les remparts et glissions ainsi jusqu'à l'entrée principale, ouverte de surcroit. Xion était à l'opposé et cadrait avec moi l'entrée, c'est donc avec un mouvement de tête vif que je lui intimait d'entrer la première. Nous prenions ainsi successivement sa suite, sur nos gardes, armes à la main. Nos pas étaient lents et souples, nos regards circulaires pour être prêts à la moindre attaque. Hagen était au centre du petit cortège formé, arc à la main. Le silence était de mise, bien que les battements d'ailes se faisaient entendre. Bien vite, nous pouvions voir quelques grands oiseaux noirs picorer les derniers corps laissé ici. A nous maintenant de les faire fuir. Xion avait sans doute déjà commencée, mais le but n'était pas de les tuer. Si un simple avertissement pouvaient leur permettre de déguerpir, cela nous éviterait une dépense d'énergie.

C'est Lothar qui ouvrit les hostilités de notre côté, chargeant en beuglant comme une ours. Pour ma part, je décidais de rester en retrait, à l'image d'Hagen, m'armant moi aussi de mon arc. Le reste de clan chargea à leur tour. Si quelques uns consentaient à s'éloigner, cinq ou six d'entre eux étaient récalcitrants et n'hésitaient pas à jouer du bec contre nos armes. Je me rapprochais alors de notre jeune archer qui en avait déjà mis un à terre de deux flèches, nous offrant sans doute le dîner de ce soir. Pour ma part, l'une de mes flèches en frôla un qui était un peu plus agacé que les autres et qui piqua vers moi. Dévoilant alors mon épée, un petit affrontement commençait à se jouer.

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Percée dans la brume

Blessée. Xion l'est depuis l'affrontement contre les armures dorées, au Temple de Terra. Un échec. Encore. Ses plaies ont guéri grâce à la puissante énergie du fils d'Aer. Ses écailles ont regagné leurs beaux reflets avec le temps. Mais ça ne fait pas tout. La douleur est toujours présente. Et le silence s'épaissit.

Xion est de plus en plus taciturne. Même Hedda ne parvient guère à égayer son esprit. Elle évite Galifey pour ne pas avoir à parler, mais se laisse parfois engloutir dans ses plumes duveteuses. Le nouvel arrivant est ignoré. Un fils d'Ignis. Cette pensée lui donne à chaque fois envie de dévorer le monde.

La fille des abysses secoue la tête. La distance avec son élue s'est réduite aujourd'hui. Un besoin. Un combat. Parfait. Ses pattes longues et fines lui permettent de devancer le petit groupe en une foulée. D'autres suivent pour l'éloigner. Sa silhouette gracile s'enfonce dans la brume. Il ne fait pas nuit, mais le soleil perce difficilement ici. Un bon point pour la renarde, qui apprécie déjà l'endroit.

La concentration prend toute la place. Un camp abandonné et des charognards. Elle compte les volatiles à proximité, les seuls discernables, et informe sa cheffe. Puis elle s'avance comme indiqué. La renarde progresse les griffes sorties. Les pointes grattent le sol dans un son infime, audible pour la plupart des proies. Un avertissement. Puis elle bondit et grogne sèchement. Assez pour effrayer, pas pour se faire entendre dans toute la plaine.

Le blond le plus poilu en décide autrement. Sous forme humaine elle aurait levé les yeux au ciel. Son regard doré glisse vers Lagertha, armée d'un arc, et elle reprend l'assaut. Ses mâchoires claquent. Après quelques coups dans le vide, le sang et les plumes emplissent sa gueule. Certains ont l'instinct de survie moins développé.

L'homme jeune recule d'un pas. Sa cheffe s'est engagée au corps-à-corps. Nouveau saut, nouveau claquement. Le volatile qui piquait vers le membre le plus vulnérable du groupe s'écrase au sol, une aile en moins. L'enfant d'Aqua l'achève immédiatement. Puis crache frénétiquement et sans aucune élégance les trop nombreuses phanères qui chatouillent sa langue.

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Percée dans la brume

Le combat n'est pas réellement difficile. Ces volatiles, bien que farouches pour ceux qui sont restés, sont loin d'être les plus résistants que j'ai croisé. Je n'eus pas tant de mal à tuer celui qui s'était attaqué à moi, bien que quelques uns de ses coups de becs avait réussis à atteindre mon épaule droite, sous des grognements venant de ma gorge. Xion nous avait rejoins, Hagen et moi, pour le protéger d'un de ces volatiles qui l'avait pris pour cible. Rapidement, le combat fut terminé. Trois étaient donc au sol, ayant perdu leur dernier souffle de vie quand le reste, blessé, avait fini par fuir.

Tout le monde se relâcha alors et la nuit avait fini par nous recouvrir entièrement. Grâce à Xion, il nous était possible d'y voir tout de même un peu étant donné que la brume empêchait même la lune de la percer facilement. Il nous faudrait rapidement allumer un feu et des torches pour nous aider à y voir plus clair, c'était donc cet ordre que je donnais à tous. Récupérer des morceaux de bois de maison pour allumer un feu. Leur silhouette m'était visiblement, mais pas leur détail. A part celle d'Hagen, illuminé par le scintillement de Xion. Pourtant, un bruit vraisemblablement non humain se fit entendre. A vrai dire, plusieurs petits.


Annonçais-je à tout le monde tandis que chacun s'était rapproché des autres. Épée au point et prête à continuer à en découdre, j'essayais de discerner ce qui nous attendait au travers de cette brume sombre et épaisse.

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Percée dans la brume

Une bulle de satisfaction gonfle le poitrail de la renarde à la vue des volatiles en fuite. Une victoire, enfin. Le sentiment se dilue rapidement. Le mérite est aussi faible que ces ennemis. Ses iris dorés, guidés par son odorat, s'attardent sur les trois cadavres au sol. Le prochain repas du groupe.

L'astre d'Aqua emplit maintenant les cieux de toute sa grâce. Xion soupire doucement. La différence est à peine notable avec cette brume. À nouveau, elle puise dans les courants d'énergie qui la constituent pour tenter de la dissiper. Impossible. Il y a forcément une magie tierce qui bloque la sienne. Peut-être que Galifey pourrait la dissiper d'un puissant coup d'ailes. Il est toujours plus utile qu'elle.

Ses muscles se tendent sous le crépitement des torches. L'enfant des abysses se retient de grogner et accepte cette nécessité à contre-cœur. Elle s'ébroue, puis avance, prête à explorer le campement. Ses sens frémissent. Une aura naturelle effleure la sienne. Elle se divise lentement autour d'eux. Xion se dresse sur ses pattes, alerte.

« D'autres créatures. Plus puissantes. »

Lagertha transmet l'information et chacun se prépare. Les créatures se rapprochent. Le fracas métallique de ses compagnons ne l'aide pas à discerner leurs déplacements. Cette fois elle élève la voix pour que tous l'entende.

« Elles essaient de nous encercler. Je crois. »

Un grondement rauque s'échappe de sa gorge divine. Mais cette nouvelle menace n'a pas l'air décidée à fuir. Bien. Le sang macule trop peu ses écailles. Elle peut faire mieux. La victoire n'en sera que plus délectable. Xion raffermit ses appuis, prête à laisser la rage prendre les commandes.

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Percée dans la brume

D'autres créatures, plus puissantes ? Génial. Je serrais les dents et montrais les crocs alors que mes pas, à reculons, retrouvais instinctivement le dos de Hagen qui tenait son arc près à tirer. J'émis alors un court grognement, mon la blessure à mon épaule se faisant quelque peu plus chaude et présente. Ma voix s'élevait alors dans la brume, après que Xion nous ai informé d'une encerclement.


La brume n'était déjà pas un allié, loin de là, elle avait même plutôt tendance à nous diviser et le combat nous avait éloigné les uns des autres. Alors le reste du clan se rapprocha de ma voix, jusqu'à percevoir nos silhouettes. Des petits couinements se faisaient entendre au fond du brouillard, rien qui ne m'indique réellement de quoi il s'agissait. S'ajoutait pourtant à cela plusieurs pairs de ce qu'ils me semblaient être des yeux, brillants, se rapprochant de nous. Un court frisson me parcouru alors que je balayais du regard les environs. J'en dénombrais quatre, je crois, quatre pairs d'yeux assez bas du sol. De quelle bête s'agissait-il ? si je le savais... Un murmure m'échappa alors.


Mon regard perçait jusqu'à elle, sans ordre à lui donner, je lui intimais simplement que je comptais sur elle. S'ils n'étaient que quatre c'était peut-être jouable, mais sans les connaitre rien n'était moins sûr et peut-être qu'ils étaient davantage derrière le manteau brumeux. Sans crier gare, l'un deux le transperça et se jeta sur moins, sans doute attiré par l'odeur du sang qui perlait sous mon épaulière. A son arrivée grondante, je grognais à mon tour, tenant fermement mon épée pour parer les crocs qui s'étaient jetés vers ma jambe. Hagen fit un pas sur le côté, bandant son arc avant de décocher une flèche dans son flan.

Les autres en profitèrent pour attaquer eux aussi, le reste du clan, faisant grogner bien plus fort que moi Lothar dont l'imposante silhouette perçait la brume. Les grognements humains et bestiales s'entremêlaient sur cette plaine floue et le bruit de la chairs tranchée et des crocs claquant marquaient le rythme d'un combat qui ne se présentait pas comme facile.

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Percée dans la brume

Forte. Le sera-t-elle assez ? Le doute ronge les entrailles de Xion. Il amène une colère noire qui étreint progressivement ses sens. Ses griffes grattent le sol, avec nervosité cette fois. Ses crocs dévoilés laissent entendre un grognement continu. L'attente accélère la contamination. Que les bêtes attaquent. Elle veut en finir.

La voix de son élue pèse sur ses frêles épaules. La volaille à peine chassée ne compte plus dans l'équation. Les orbes luisent dans la pénombre. Ils semblent la toiser avec moquerie.  La respiration de la renarde s'accélère. Ne pas échouer. Elle fait appel à la rage. Son essence divine vacille. La peur lui répond et la cloue sur place. Xion perd l'initiative. La bête noire attaque sans qu'elle puisse réagir. Hargneuse, elle bondit. À peine la flèche pénètre son flanc qu'elle dégage la créature d'un coup de patte.

Ça y est. La décharge magique réveille son corps. Une puissance démesurée pulse dans ses veines. Son ennemi paraît si petit et faible maintenant. Incapable de lui résister. Il recule. Son ventre frôle le sol. Il crie pour l'intimider. La gueule de la renarde s'approche sans pitié. Le semblant de rongeur balance ses griffes dans l'espoir de l'en dissuader. Mais les marques sanguinolentes qui barrent sa joue ne l'empêche pas de refermer ses crocs sur lui. Il se débat. Elle refait claquer sa mâchoire, jusqu'à la clore entièrement et que plus rien ne craque.

L'enfant d'Aqua jette la carcasse sans ménagement. Ses pupilles dorées cherchent un nouvel adversaire. La hâte entraîne sa course. L'homme aux cheveux châtains se démène avec l'une des bêtes. Elle le bouscule pour libérer la voie et attraper sa proie. Mais celle-ci disparaît dans la brume. Xion se jette à sa poursuite dans un cri rageur. Sa peau perd toute sa luminosité pour un combat plus égal.

L'odeur du sang guide ses pas. Une forme humaine apparaît brusquement sur son passage. Elle saute par-dessus et s'abat sur la créature qui lui fait face, gueule ouverte. L'animal roule plus loin, la gorge ensanglantée. Elle se lance pour en finir. Ça va trop vite. Déjà deux mort. Peut-être davantage à cause des humains. Il lui faut un troisième. Où sont-ils ? Elle s'élance encore, haletante. Un grondement rauque file de ses babines vermeilles.

« Ce n'est pas assez. J'en veux plus. »

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Utilisation de Rage 5 : Tour 1/6

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Percée dans la brume

La combat faisait rage sous le manteau brumeux et bien que notre vision soit significativement restreinte, les râles et rauques guerriers, autant qu'animaux, ne faisait défaut à aucune ouïe. Des couinements rugissaient et étaient les témoins de la défaite de certains de nos ennemis dont je ne discernais les traits que lors de leur dangereuses approches. Aux côtés d'Hagen, je n'avais pas à m'en faire et pouvais charger alors qu'il assurait mes arrières, à bonne distance.

Du côté des autres, cela semblait aller mais bien vite, le repère lumineux qu'était Xion disparu. Sur le moment, cette absence capta mon attention et dans la seconde qui suivit, j'entendis un râle de douleur provenant de la gorge d'Ivar. Mon regard tenta frénétiquement de percer la brume en vain et sans attendre, je m'élançais en sa direction pour arriver face à l'évidence : il était à terre aux prises avec des mâchoires saillantes et claquante. Arrivant comme une furie, j'envoyais valser d'un lourd coup de pied la bête, l'éloignant suffisamment de notre position pour pouvoir prêter main forte à la relevé d'Ivar.

En fond sonore, je percevais aisément les râles de Xion, caractéristiques d'une adrénaline que je commençais à lui connaître. Ses grondements résonnaient en moi comme un écho de ma propre colère et sans plus attendre, je lui indiquais la cible à abattre.


Je ne doutais pas qu'elle arriverait la seconde suivante et plutôt que m'en assurer, ayant toute confiance en sa rage, je m'en retournais à un autre combat. Une dernière bête, je crois, plongea sur nous et alors que je m'apprêtais à l'arrêter de ma lame, c'est une flèche dans son dos qui l'arrêta à mes pieds, la faisant glisser jusque là. C'est sans plus attendre que je l'achevais en plantant ma lame dans son flan. Derrière elle apparu Hagen, toujours aux aguets mais bien vite, le silence commençait à revenir sur les lieux, parsemés de quelques grognements abyssaux. Épée en main, je restais tout de même sur mes garde, Ivar à mes côtés faisant de même, tentant de distinguer un quelconque bruit dans la brume.

Arpentant la zone lentement, Ivar et Hagen sur mes talons, nous retrouvions Lothar sur le chemin, passant au dessus des diverses cadavres, qu'ils soient humains ou bestiaux. C'est un peu plus loin que je notais un regard brillant au loin, pointés sur nous. Celui-ci semblait maintenant réticent à charger sans retenu, ce qui ne fut pas le cas de Lothar qui voulu plonger dans la seconde. Ce fut alors mon bras tendu qui l'arrêta, ma lame le menaçant si il persistait dans son avancée. Loin de moi l'idée de tuer sans réfléchir ses bêtes sans prétention machiavélique. Ainsi, nous restions là, sans bouger, attendant que ce soit lui qui vienne ou qu'une certaine renarde s'en occupe elle-même.

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Percée dans la brume

L'indication de son élue alerte sa conscience, aiguisée sur certains points et diminuée sur d'autres. Xion ne réagit pas immédiatement. Elle fulmine et cherche encore dans cette maudite brume. Jusqu'à ce que les mots atteignent enfin son esprit. Elle s'élance. Sa gueule attrape la créature une seconde avant qu'elle atteigne les jambes de l'archer.

Son regard doré suit la trajectoire de la flèche tirée. La renarde bondit. Mais la lame de Lagertha s'enfonce dans le corps avant ses crocs. Un grognement marque sa déception. Fini ? Non. Non ! Sa queue fouette l'air. L'épais brouillard l'handicape davantage qu'à l'accoutumée. Elle tente de discerner les particules aqueuses qui le composent. En vain. Elle essaie de puiser dans l'énergie magique en son sein. La concentration la fuit. Un jappement agacé conclut ces efforts inutiles. La rage pulse et lui ordonne de détruire. C'est tout.

Quand enfin un ennemi se dessine à ses sens, un humain s'agite. Ses mâchoires claquent devant lui sans remarquer le bras déjà tendu. Qu'il ose lui voler sa proie… L'enfant d'Aqua détache bien vite son attention de lui. La bave emplit sa bouche à l'idée de savourer le sang. Elle s'approche lentement de la créature, sans vouloir croire qu'il s'agit de la dernière.

Un feulement perce les environs. Il est si faible et ténu. Un rire moqueur, teinté d'un voile cruel, lui fait écho. Xion se lèche les babines. La bête lui tourne le dos pour s'échapper. Grossière erreur. Elle n'obtient qu'une dizaine de mètres avant d'être déchiquetée. Ses poumons expulsent un long souffle rauque. La rage reste accrochée.

La renarde fait demi-tour. Elle renifle chaque corps adverse pour s'assurer de leur trépas. Ses gestes nerveux la rendent rapide et insaisissable. L'inspection faite la déçoit. Un puissant cri émerge de ses entrailles. Il appelle d'autres êtres à se manifester, à la défier. Et si personne ne l'arrête, elle s'enfonce dans la brume pour aller les dénicher.

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Utilisation de Rage 5 : Tour 2/6

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Percée dans la brume

La réaction de Xion ne se fait pas attendre, mais ce n'était pas réellement celle que j'avais imaginé. Dans le prolongement de mon bras armé, elle claqua des dents devant Lothar, ce qui l'arrêta sans doute plus que moi-même. Assez surprise et incertaine, mon regard plongea directement vers la renarde des abysses, sans réellement savoir comment réagir. Je sentais le regard de Lothar se tourner vers moi, interrogateur plus qu'inquiet ou vexé, mais pour ma part, je restais fixé sur Xion. C'était bien la première fois que je la voyais réagir de la sorte, montrer les crocs contre un membre du clan. Si son comportement était digne de ce dernier, ou de moi si j'avais été face à un ennemi que j'aurais voulu tuer moi-même, l'étonnement était tout de même présent, sans savoir s'il était positif ou non, dérangeant ou pas.

Interloquée, mon regard la suivait toujours alors qu'une animosité s'exprimait davantage que sa divinité. Ce qui ne me posait pas de problème, cela m'aurait certainement galvanisé en d'autre circonstances mais là, cela m'inquiétait un peu. Tout simplement parce qu'en face, il n'y allait plus avoir grand chose à tuer et je ne connaissais que trop bien cette grande frustration. Celle de ne plus pouvoir assouvir son désir de violence. J'étais sur mes gardes, sans savoir pour autant comment réagir au mieux quand je la perdais dans l'épais brouillard, n'entendant que les sonorités d'un affrontement déjà perdu, pour l'un comme pour l'autre.

Les secondes passent et Xion ne s'arrête pas pour autant. Chacun des humains présents continuaient son inspection, mais étaient rapidement rattrapé par Xion qui en faisait de même et bien plus rapidement qu'eux. Finalement, tous s'arrêtèrent et se regroupèrent. Pour ma part, je n'avais pas bougé, me contentant de suivre au mieux la silhouette de Xion dans la brume. Je me sentais subitement impuissante, ne sachant pas comment réagir au mieux. Je ne comptais pas l'arrêter dans son élan, ce serait contre productif et sans doute très mal accueillis si j'en croyais mais propre ressentis. Tout ce que je voulais, c'était l'aider, mais comment ? En la laissant décharger sa rage contre moi ? C'est ce que j'aurais fais si elle était humaine, sans hésiter, mais là je risquais beaucoup trop gros et je ne tiendrais sans doute pas longtemps face à elle sous forme originelle. Alors quoi ? Lui ordonner de se transformer ? Non, certainement pas, pas après ce qui s'était passé la dernière fois. Alors il ne me semblait rester qu'une solution, pas forcément moins dangereuse pour autant.

Juste avant de prendre ma décision, je posais une main entendue sur l'épaule de Lothar avant de faire volte face et de courir en direction de la sortie. Le bruit de ma course allait certainement alerter Xion, mais cela n'allait certainement pas suffire dans son état.


Un rapide regard dans sa direction et je continuais ma course, évitant et sautant par dessus le moindre obstacle de chair se présentant sous mes pieds. Il fallait sortir, la laisser sortir, elle et sa rage. Il ne faisait aucun doute que le charnier créé allait appelé d'autres créatures et je laissais ainsi le bon soin aux autres de se barricader pour les éviter, mais nous, Xion et moi, irions à leur devant. Oui, c'était encore une décision dangereuse, je le savais certainement mais n'y pensais pas, ce n'était pas le plus important en cet instant.

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Percée dans la brume

Ses sens captent le pas de course. La renarde s'arrête. Pas un ennemi. Xion reprend son avancée dans l'épaisse brume. L'hésitation la fait ralentir. Il s'agit de son élue. L'ordre tranche en faveur de celle-ci. La renarde grogne. Frustration. Son corps suit le mouvement de l'humaine sans avoir le choix. 

Sa première indication lui a donné une cible. Ici, rien. Son esprit enragé reste focalisé sur la perspective d'un combat. La notion de danger lui échappe. Elle ne comprend pas l'intention de Lagertha. La curiosité saisit ses traits, même si elle grogne toujours une fois sa cheffe rattrapée.

La fille d'Aqua sonde les environs à la recherche d'êtres vivants. La jeune femme semble l'imiter. Elle ne s'en étonne pas, mais se surprend de la savoir à ses côtés. Elle ralentit inconsciemment pour se placer à hauteur de l'humaine. Sa poitrine se gonfle. Lagertha veut se battre avec elle. Son regard défie les environs masqués.

Un bruit particulier attire enfin son attention. Xion s'immobilise. Un grattement, la terre remuée. Ses flancs se rapprochent du sol. Elle bondit. Ses crocs manquent de se refermer sur un corps frêle. La proie détale dans un couinement de panique. Insignifiant.  La prédatrice émet un râle agacé. Son souffle chaud emplit la brume d'humidité. 

Lagertha retrouvée, elle poursuit sa recherche. Un battement d'ailes très léger perce l'épaisseur de l'air plus loin. Une créature volante. Les babines de l'enfant des abysses s'emplissent de bave et de haine. Elle bondit pour tenter de l'attraper. En vain. Elle réessaie. Avec plus de hargne. Mais la bestiole lui échappe encore. Pire, elle l'entend s'enfuir.

Xion se lance à sa poursuite sur une centaine de mètres. Puis parvient à freiner cette ambition démesurée. Sa colère explose. Plusieurs grondements et glapissements se mêlent pour crier sa frustration à la face de ce monde. Aucun adversaire n'en vaut la peine. 
Un contact froid la fait sursauter. Seules ses pattes avant l'empêche de chuter au sol. Les deux arrières sont emprisonnées dans un puissant étau qui la tire. Sa silhouette gracile se tord sur elle-même. Elle referme sa puissante mâchoire sur l'inconnu. Un goût étrange emplit sa gueule. Le liquide venimeux pénètre son organisme. 

Le corps écailleux se retire aussitôt. Blessé, pas vaincu. Enfin un ennemi.

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Utilisation de Rage 5 : Tour 3/6

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Percée dans la brume

Une fois à l'extérieur, l'une à côté de l'autre, sondant les environs, cela semblait être une idée acceptable. Je brandissais mon épée et montrais mon dos à Xion, dans l'éventualité qu'une bestiole attaque ses flancs. J'aimais assez cette position, la dernière fois que nous avions combattu toutes les deux remontait à... cette fois là. Non, pas de pensées pour ça Lagertha, tu t'es engagé dans un tout autre combat là, laisse ton esprit s'y ancrer sans penser au reste. Cependant, à chacun des souvenirs pour cette nuit là, la cicatrice sur mon cou redevenait quelque peu douloureuse et me fit légèrement grimacer, voir grogner. C'était sans compter sur la suite. Aussitôt un bruit, Xion s'engouffra dans la brume et disparu de ma vision.


A ce moment là, ça n'était plus du tout une bonne idée. Heureusement, peut-être, ses râles me guident assez pour la rattraper à chaque fois, mais je devais bien avouer que je passais davantage mon temps à la chercher qu'à être sur mes gardes ou à me battre. Le peu de petites bestioles qu'elle croisait trépassait sous ses crocs ou s'enfuyait. Il faut croire que même la faune sentait la rage de Xion qui ne semblait plus vouloir se taire. Très franchement, je n'arrivais pas à savoir comment réagir au mieux, pour le coup, je me contentais de suivre les conséquences de la décision irréfléchie que j'avais prise. Jusqu'à ce qu'à nouveau, je la perde. M'enfonçant sans attendre dans la direction qu'elle avait prise, j'apercevais dans la brume une silhouette qui ne semblait pas être le sienne. Bien plus grande, différente.

Je grondais intérieurement en percevant les sons d'un combat qui venait de commencer. Après de multiples enjambés, j'arrivais sur place et freinais immédiatement. Là, on avait à faire à un gros morceaux. J'avais déjà entendu parler de ces monstres là, ils n'étaient pas des moindres. Pourtant, même face à un adversaire de taille, un sourire carnassier étira mes lèvres. Une Vipère. Voilà de quoi émousser quelques rancœurs enfouies. Pourtant, je ne fonçais pas tête baissée, non, au contraire. Je décrivais un cercle lent autour de la bête, tandis que Xion se battait crocs et griffes. Je ne devais pas foncer tête baissée, je n'en sortirais pas en bon état. La brume autour de nous semblait nous cercler d'un mur d'arène et mes yeux restaient fixés sur la Vipère qui elle, avait bien noté ma présence. Elle répondit d'ailleurs aussitôt, en envoyant sur moi un rocher magique, que je parvins à éviter d'une roulade engagé dans un sursaut instinctif.

Me relevant d'un même mouvement, j'attrapais l'épée que j'avais gagné au festival de Terra, rangé sur mon flanc droit. Il me semblait qu'elle avait de quoi répondre à ce genre de magie, elle remplacerait donc mon bouclier durant ce combat. Deux épées en mains pour un combat que je n'envisageais pas au corps à corps, bien joué Lagertha. L'option de l'arc me venait, me me rendrait très vulnérable, alors tant pis. Je fondais sur la Vipère, derrière qui j'avais atterris après mon roulé-boulé, tandis que Xion se démenait elle aussi. La queue de la Vipère n'arrêtait pas de gigoter et manqua de me faucher les pieds, après l'avoir esquivé, j'en profitais donc pour essayer d'y planter mon épée et l'immobiliser autant que je pouvais. Malheureusement, elle glissais sous le fil de ma lame qui se planta dans la terre, avant que je ne la retire aussitôt pour me replacer.

Ce combat n'allait pas être de tout repos, mais je sentais déjà l'air chaud emplir mes poumons et gonfler ma poitrine. Mon cœur tambourinant à m'en faire battre chaque muscle. Non, cela n'allait pas être simple, mais il n'y avait rien de plus jouissif qu'un combat non couru d'avance.

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Percée dans la brume

Ça glisse sur le sol comme sous ses pattes, de façon lisse et insaisissable. Xion distingue clairement le corps reptilien dans la pénombre. La brume se mêle parfois à sa vision, sans parvenir à dissimuler les grandes écailles sombres. Un sourire d'excitation étire ses babines dégoulinantes. Enfin un ennemi, et un gros.

Elle se jette dessus sans attendre ni réfléchir. La grande patte avant du monstre balaie son offensive. Le coup en plein visage la désarçonne. La renarde bondit maladroitement en arrière. Ce réflexe la sauve d'un revers du même acabit. Elle secoue la tête pour chasser le trouble et retrouver ses repères. Un grognement rageur galvanise ses muscles. C'est reparti.

Griffes en avant, elle tente de percer la défense du serpent. Ses membres relevés accusent la force démesurée de Xion mais ne cèdent pas. Ils répliquent aussitôt. Nouvelle esquive de l'enfant des abysses. Le grondement intimidant se transforme en grognement agacé. Elle veut sentir le sang couler dans sa gorge, la chair fondre dans sa gueule. L'attention de son adversaire se perd ailleurs. Surprise, ses pupilles dorées cherchent l'origine de cet affront. Qui constitue une plus grande menace que sa personne ?  

Lagertha. L'autre concentre sa magie. Xion en profite pour lui sauter à la gorge. Ses crocs pénètrent la carapace. L'être gigote pour la dégager. Elle tient bon. Sa mâchoire se resserre. D'un oeil elle voit l'humaine s'agiter pour planter sa petite lame. Le serpent finit par plaquer son corps contre la terre. Elle lâche prise. Il disparaît rapidement dans la brume.

La frustration reprend ses droits. La silhouette agile s'enroule autour de la guerrière. Ses sens restreints se portent sur les alentours. Son regard doré s'ancre dans le brun. Il n'y a plus de concentration pour les mots. La rage s'exprime facilement, et sans les nombreux doutes et hésitations habituelles. La gueule de la fille d'Aqua claque.

« C'est MA proie ! »

Nagah a raison. Elle ne peut pas se battre et s'occuper de son humaine simultanément. Et pour preuve, l'ennemi fond avant qu'elle puisse le repérer. Sa charge envoie le duo bouler à quelques mètres. Xion libère la jeune femme de son étreinte protectrice. Elle la pousse dans la brume environnante d'un coup de museau.

« Tu me gênes. »

Pas de place pour autre chose que le feu ardent et magique qui brûle ses veines. La renarde poursuit le combat, libérée de cette attache si possible. Ses griffes grattent le sol. Un rocher fuse dans sa direction. Elle l'évite habilement. Concentrée sur les deux billes noires, elle ne réalise pas l'étau progressif que forme la queue du monstre. Il se referme autour d'elle, en partie dissimulé par la brume. Le mouvement s'accélère. Trop tard. Plutôt que de fuir encore, elle s'y attaque directement. Déterminée à l'emporter seule et à brandir sa victoire, elle s'engage dans un duel de force. Ses crocs s'enfoncent et la prison se referme sur son corps mince.

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Utilisation de Rage 5 : Tour 4/6


Attaque de la Vipère : -7pt x2

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Percée dans la brume

Les choses s'accélérèrent rapidement, et d'une manière bien étrange en comparaison à ce que je connaissais. Ma courte bataille avec la Vipère s'était rapidement arrêté, au profit de Xion qui l'avait assaillit de ses crocs et griffes. Si j'étais prête à en profiter et à retourner au front, la tournure que prit les évènements me surpris. Sur mes appuis, le renarde abyssale me retrouva et m'entoura de son corps quand la Vipère s'était évanouie dans la brume. Un instant, je cru y comprendre une volonté de me protéger, de combattre à mes côtés, je m'y sentais galvaniser, mais... Ce n'était pas ça.

La mâchoire de Xion claquait non loin de mon visage et ses mots étaient aussi acérés que ses dents. D'abord interloquée, je ne saisissais pas tout de suite ses propos, ou ne le voulais pas. C'était sa proie. Ni la mienne, ni la nôtre. La sienne. Bien, pas le temps de me poser la question, je pouvais comprendre. Un instinct devait avoir pris le dessus, je pouvais le concevoir. Même si il m'était difficile de contenir l'adrénaline qui avait fait tambouriner mes veines, j'essayais de me freiner. Mes appuis se renforcèrent, un grognement fit vrombir ma gorge. Après tout, j'étais venu jusqu'ici pour lui permettre d'exploser, à mon image. Je lui laisserais donc la primeur du combat, me contentant de l'assister de loin, peut-être ?

Non. Mes appuis sont mis à mal, elle me pousse plus loin dans la brume. L'écho de ses paroles à percé mes tympans, mais ne semble pas atteindre la conscience de mon cerveau. Je me sens balloté vers l'arrière, comme une poupée de chiffon. J'aurais bien pu tomber, tant mon esprit semblait soudainement ailleurs. Quelques pas m'avait éloignés d'elle qui disparu presque immédiatement dans la brume, pourtant, mes yeux bruns restaient rivés vers la dernière présence qu'elle avait eu face à moi. Je restais ainsi, immobile, silencieuse, le visage crispé et les épaules soudainement lourdes. Mes bras tombent lentement, jusqu'à ce que les pointes de mes épées touchent le sol.

Mon regard se perdait finalement dans la brume et je ne saurais dire pendant combien de temps j'étais resté ainsi, debout les bras ballants, ayant perdu toutes notions de temps ou d'espace, la brume ne m'aidant pas de m'ancrer au monde. Qu'est-ce que je faisais là, après tout ? A croire qu'en tant que pauvre petite humaine je pouvais être d'une quelconque aide à un être divin ? Perdant toute posture martiale, je me tenais là, les yeux balayant le gris autour de moi, cherchant le vide. Je la gêne. Évidemment. Face à un ennemi telle que cette Vipère, j'étais sans doute davantage un boulet plus qu'un atout. Qu'on doit surveiller en plus de ça. Un boulet fragile. C'est normal après tout, si j'en venais à périr, elle devrait disparaître elle aussi. Elle m'en voudrait, c'est certain. Comme j'en voudrais à quiconque de m'arracher à un combat dont j'avais besoin.

Elle avait sans doute raison. Je n'avais rien à faire ici, pas en l'état. Elle est bien belle la Nordienne avec ses trois Demi-Dieux, si elle même ne peut même pas les assister. Alors quoi ? Je les aurais délivré pour les utiliser comme des armes ? Non. Ce n'est pas ça que je voulais et pourtant, ça y ressemblait...

Les fracas du combat non loin, la chair, le fouet des griffes, me revenaient lentement. Comme un écho lointain se rapprochant, me faisant revenir à la raison que j'aurais préféré fuir. Fuir. Non. J'ai envie de disparaitre, tout de suite. Mais comment faire. Il n'y a rien autour de moi qui pourrait m'aider, même en cherchant. Je regarde autour de moi et tout ce que je vois comme échappatoire est la course, mais le bruits de mes pas risqueraient de la gêner, non ? Pire, d'attirer la Vipère. Un rire nerveux pique mes lèvres. Avec le petit reptile j'aurais pu disparaître rapidement, mais là encore, je n'avais pas été assez forte pour le libéré. Pire, c'était l'autre qui me l'avait pris. J'aurais dû la tuer. Si j'avais été assez forte à ce moment là, j'aurais pu éviter cette... gêne à Xion.

Je levais les yeux au ciel. Galifey me paraissait être la meilleure solution, mais il était aux côtés des autres en ce moment, je ne pouvais leur retirer cette défense. Le cerf ? Le problème resterait le même. Il courrait et ferait du bruit, la Vipère nous suivrait peut-être. Elle m'en voudrait de lui retirer sa proie. Je n'avais pas de solution, alors plutôt que d'en chercher une, mes pas décidèrent à ma place et je commençais une lente marche, vers le camp, à travers la brume. Silencieuse, le regard à peine ancré sur le sol, j'avançais seulement.

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Percée dans la brume

Prise au piège, la renarde s'acharne. Ses crocs traduisent sa volonté de tuer. Ils pénètrent la chair plus profondément. L'étau se resserre. Un grognement continu file de ses entrailles. Plus étroit encore. Ses côtes se dessinent dans la douleur. Sa queue fouette l'air. C'est à qui cèdera en premier.

La magie pulse dans ses veines. La défaite l'aurait cueillie sinon. Le sang coule sur les écailles et les babines de la prédatrice. Celle-ci secoue la tête pour déstabiliser son ennemi. Les pattes avant de la bête tentent de la frapper. Peu efficace. L'angle l'avantage. Pire, le serpent se découvre à se débattre autant. La gueule de l'enfant d'Aqua libère la gorge pour se refermer sur les mâchoires. Il tente de se reculer. En vain, elle tient bon.

Ses crocs ont raté de peu les yeux du reptile. Xion redouble d'efforts dès qu'elle sent les os sous la fine peau noire. Ils craquent légèrement. Le monstre relâche son étreinte. Les coussinets de ses pattes arrières touchent le sol. Elle prend appui afin d'asseoir sa supériorité. Enfin la tête de son adversaire s'écrase. Le corps longiligne tressaute puis se dénoue.

Un râle vainqueur marque sa victoire. Xion exulte. Sa liberté de mouvements retrouvée, elle secoue la carcasse en bondissant. Elle la lâche puis la reprend. Comme un lupus jouerait avec son os. Le manège dure plusieurs minutes. Ses griffes tranchent la carapace. Son museau se colle aux écailles pour s'imprégner de l'odeur de la mort.

La satisfaction finit par se montrer. Un long soupir expulse l'air rageur de ses poumons. Son être frémit. Sa conscience s'extirpe des eaux troubles. La force part. Elle s'effondre par terre, vidée. Ses flancs se soulèvent frénétiquement. Son corps demeure ainsi le temps que l'adrénaline disparaisse. Une étrange sensation l'étreint. Aucune pensée ne lui vient.


Rien, jusqu'à un éclat. Une sensation ténue parcoure son essence divine. Son esprit se réveille pleinement. Le combat est terminé. La fierté l'envahit. Sa nuque se redresse. Elle doit présenter sa proie à son élue. Lui faire honneur par sa victoire, peut-être recevoir des félicitations, une reconnaissance quelconque, une preuve qu'elle n'est pas faible. Pour être enfin digne.

La brume l'entoure.

« Lagertha ? »

Rien. Pas même un écho. L'incompréhension saisit ses traits. Puis l'affolement ses sens. Xion se relève vivement. Elle sonde les alentours. Son cœur rate un battement. Elle s'élance malgré l'épuisement. Son habituelle vitesse lui fait défaut. Son corps gémit, ignoré avec l'aisance d'une adrénaline renouvelée. La créature abyssale cherche au fond d'elle-même. Ce lien étouffé. Sa boussole, qui l'a guidée à travers le brouillard et s'est perdue dans sa rage.

« LAGERTHA ! »

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Percée dans la brume

Avançais-je seulement ? Dans la vie, dans mes projets et mes objectifs ? Dans les valeurs que je m'étais fixées ? Il y avait eu d'abord Armalys, qui avait décidé de me quitter car nos idéaux n'étaient plus en bon terme. Je n'avais pas eu le temps de m'attacher et je l'avais rapidement remplacé par Galifey, qui lui, m'avait choisi pour mes faiblesses. Parce qu'il avait jugé que j'avais besoin d'être guidée. N'était-ce pas pire finalement ? D'être choisi par mes échecs. Je l'avais ressentis ainsi à l'époque et je me rendais compte que rien n'avait changé dans mon cœur. Voilà qu'aujourd'hui je me prenais à délivrer un enfant divin sans raison, par colère. Quel égo. Moi qui me targuais de les respecter, je n'avais rien fais jusque là qui le justifiait.

Et aujourd'hui, alors qu'elle était celle que je voulais aider, celle pour qui je pensais être un soutien d'une quelconque manière, et bien... je la gênais. Qui plus est durant une bataille, l'une des seules choses pour laquelle j'étais sûre d'être forte. Là non plus, ce n'était pas le cas ? Bien sûr que non ce n'était pas le cas, comment une faible humaine comme moi aurait pu penser un seul instant pouvoir aider, de ma force, un être telle qu'elle ? Depuis quand avais-je cet égo surdimensionné ? Depuis quand je le laissais me guider ainsi ? Sans réfléchir, sans me remettre en question. N'était-ce pas justement ça que le Démon me reprochais sans cesse ? Je crois bien que si et il ne m’apparaissait que maintenant qu'il avait peut-être raison. Qu'avais-je comme choix cependant ? Comment pouvais-je devenir plus forte et prétendre à l'être suffisamment pour ne plus être un poids, pour quiconque ? Dans l'immédiat, je devais bien avouer que je n'avais pas de solution.

Je n'étais même pas suffisamment forte, maintenant, pour marcher et m'éloigner rapidement comme je l'aurais voulu. Je marchais presque à reculons, mes pieds me trainaient plus qu'autre chose et je ne savais même pas depuis combien de temps je bravais la brume sans réel but. Comment pourrais-je seulement retrouver le chemin du camp ? Ni boussole. Ni carte. Un rire douloureux éclatait de ma gorge. Ce que tu es stupide Lagertha. Tu t'imaginais sans doute qu'il n'y aurait aucun problème puisque tu étais avec Xion, qui elle aurait retrouvé son chemin sans difficulté. Tu n'es rien sans tes invocations c'est ça ? Sans ton clan ? Qui es-tu, pauvre enfant perdu dans un monde dans lequel tu te croyais forte alors qu'il n'en est rien ?

Je m'arrêtais et restais immobile un instant. Encore une bêtise que de t'être rendu jusque là, sans réfléchir, au milieu d'une faune nocturne. Et si une autre Vipère apparaissait, que penserais-tu pouvoir faire ? Rien. Rien de rien. J'étais de toute façon trop vidée pour ça, mon âme me semblait avoir simplement disparu. Mes bras étaient lourds, mes épaules l'étaient aussi et mes jambes ne semblaient même plus assez fortes pour me soutenir. Je me laissais alors tomber à genoux, fixant à peine le sol. Est-ce que c'était ça que tu imaginais quand tu m'as demandé de fuir ? Pensais-tu vraiment que j'étais capable de faire renaître de ses cendres notre clan ? Un nouveau rire, m'arrachant le cœur. Ma tête basculait en arrière, laissant pointer mon regard vers le ciel qui m'était inaccessible. Quelques reflets lunaires perçaient le brouillard. Pourquoi m'as-tu laissé seule ? C'était trop tôt, perdre ainsi mon plus précieux repère est trop difficile. Je n'y étais pas assez préparée. Je fais n'importe quoi et tu n'es même pas là pour m'engueuler...

Je fermais les yeux, les sentant larmoyant et rebasculais ma tête vers l'avant. Je ne voulais pas pleurer, non. Ça ne serait qu'une nouvelle preuve de faiblesse. J'ouvrais alors les paumes de mes mains vers moi, y voyant les traces de quelques allégeances, dont une ne me semblait méritée en aucune façon. Quel genre de chef se tiendrait là, à genoux au milieu de la plaine brumeuse, à avoir l'air d'attendre la mort ?


Mon cœur bondit. Je relevais les yeux soudainement, cherchant nerveusement d'où cela pouvait venir. Par les Dieux, voilà que je commençais à avoir des hallucinations maintenant. J'avais pourtant ardemment espéré que c'était toi, mais il n'en était rien. Tu n'es plus là.


A nouveau, mes oreilles cherchaient. Il me semblait l'entendre plus fortement. Perdue, sans savoir d'où cela provenait, je me relevais lentement, mon regard balayant la brume autour de moi.


Mes yeux s'écarquillaient brusquement, pointant vers la direction de cette voix. Je m'immobilisais et en reprenais immédiatement mes esprits. Xion. C'était Xion, il n'y avait pas de doute. Je me frottais les yeux pour en sécher les larmes qui n'avaient pas coulées et entreprit de marcher vers la direction de la voix de la renarde. Entourant ma bouche avec mes paumes ouvertes pour en décupler la portée, j'appelais moi aussi.


Mon corps était toujours lourd, difficile à faire bouger, mais elle m'appelait. Je ne pouvais rester impassible. Mon coeur s'était mis à battre fort, sans vraiment comprendre, mais cela permettait au moins à mes muscles d'être mieux irrigués. Elle allait sans doute me trouver rapidement, ses sens le lui permettraient. Retrouves-moi Xion. Retrouves moi...

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Percée dans la brume

Souffle saccadé, rythme effréné, Xion court. Ses pupilles dorées tentent de percer la brume avec toute sa volonté. Ses sens balaient la plaine. Ils détectent plusieurs essences invisibles mais pas celle recherchée. Jusqu'à un cri.

Un appel. La fille d'Aqua s'immobilise. Non. Aucune magie ne l'attire à son élue. Un grognement s'étrangle dans sa gorge. Elle secoue la tête et relance sa course en direction du bruit. Du moins espérée. Pourquoi ça n'a pas marché ? Quelle étrange sensation. Un lien distendu. Un manque de conviction. Comme si Lagertha avait oublié cette potentialité de leur union. 

Les ombres grouillent. Sa gorge sèche la gratte. L'effort semble aspirer la moindre goutte d'eau de son corps. Ses pattes lui font mal. Peu importe. Elle ne ralentit pas, et scande à nouveau Son nom.

Là. Et autour, ces créatures sombres à l'ouïe bien présente. Assez loin. Déjà proches. La colère tambourine à la porte de son esprit. En vain. La rage a soufflé toute prétention restante. Seule la panique emporte la tête et le cœur de Xion. Sa cheffe se tient difficilement. Sans armes. Cette vision encore brumeuse la terrifie inexplicablement. Sa voix tremble.
 
« Je suis là ! »

Elle ne s'arrête pas. Trop d'élan pour échapper aux prédateurs nocturnes. Sa gueule se referme sur la taille de l'humaine une fois à sa hauteur. La douceur de sa prise ne se maîtrise guère. Heureusement le cuir protège la guerrière. 

L'enfant des abysses hume l'air. Ses sens cherchent le camp. La brume la guide, en quelque sorte. Elle semble moins chargée à un endroit précis. Peut-être un feu. Ou seulement la présence du clan. La renarde ne prend pas le temps d'installer Lagertha sur son dos, craignant d'être ralentie. Rien ne perturbe ses muscles endoloris. Sa concentration unique ne subit aucune faille.

À tel point qu'elle manque de s'écraser contre un mur. Ses pattes s'enfoncent dans la terre. Xion lâche sa protégée au sol et pivote in extremis. Son flanc gauche heurte la pierre dans un bruit sourd. Camp retrouvé. Sonnée, elle fléchit puis titube jusqu'à son humaine. Ses appendices l'étudient sans gêne. Son museau se frotte à ses vêtements. Ils ne baignent pas dans l'odeur de Son sang. Aucune plaie supplémentaire depuis le nettoyage du village n'est détectée.

« Tu ne vas pas mourir. »

Un lourd soupir vide ses poumons. Soulagée, elle se redresse au mieux. Le contrecoup lui tombe dessus comme une masse. L'étreinte du reptile l'a affaiblie plus que la rage lui laissait voir. Sans parler de la course effrénée. Beaucoup de doutes l'entourent mais elle est trop fatiguée pour les entendre. Du bout du nez, elle aide son élue à se relever.

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Percée dans la brume

Pas d'étonnement de mon côté. Mon appel n'était pas celui qui cherchait à faire apparaitre celle que je cherchais. Mon inconscient avait sans doute pris le dessus sur la magie, moi qui nourrissait le désir soudain d'être trouvé. Ah ah. Comme si c'était possible. Ça l'était peut-être, puisque l'ombre de Xion m'apparaissait, sortant de la brume à grande vitesse, comme un mirage au milieu d'une tempête de neige douce. Mes yeux s'écarquillaient, de surprise et de joie dissimulée, sa voix me rassurant presque immédiatement. Mais les choses s'enchainèrent trop rapidement pour me laisser l'exprimer.

Mon corps se renversait soudainement, pris en tenaille entre les crocs de la renarde abyssale. Je grimaçais et retins un grondement d'une courte douleur, la délicatesse ne faisant pas parti de l'ensemble. Quoi de plus normal après tout. Heureusement que je n'étais pas encore assez inconsciente pour me trainer le cul dehors sans protection. J'essaye de me faire légère, comme si il y avait quelque chose de possible là dedans, posant une main sur l'encolure de Xion pour retenir le ballottement de mon corps comme je le pouvais. C'était une sensation étrange que de se faire trainer sans retenue, sans même toucher le sol que je voyais défiler sous mes yeux à une vitesse folle. La brume fouettait mon visage sans qu'aucun son ne s'extirpe de mes lèvres, si ce n'est celui d'un souffle court.

Bien vite, je sentis un choc, rejetée l'instant d'après un peu plus loin. L'élan donné donnait du fil à retordre et j'atterrissais sur les genoux et les mains avant de relever les yeux rapidement, entendant des grondements au loin. L'adrénaline et l'instinct de survie prenant le pas, je me relevais aussitôt et faisais face à Xion qui se mit à me renifler, annonçant que ce n'était pas le jour de ma mort. Je laissais un rire nerveux s'échapper.


Mes yeux s'écarquillèrent soudain, face à l'épuisement visible de Xion. Instinctivement, je m'élançais vers elle pour la soutenir du mieux que je le pouvais.


Prise d'une détermination insuffler par mon sang pulsant dans mes tripes, nous longions le mur de pierre jusqu'à atteindre la porte en bois sur laquelle je frappais avec force.


Il ne fallut que quelques secondes pour que le grincement significatif du bois n'annonce l’ouverture de la porte. Une fois l'espace suffisant créé, je m'engouffrais lourdement, manquant de m'écrouler à nouveau, me retenant in extremis sur mes genoux, le corps basculé vers l'avant. Ma bouche ouverte pour me laisser respirer commençait à s'étirer en un sourire, annonçant l'un des rires habituels qui m'accueillait en ressortant d'une situation pleine d'adrénaline. Cependant, ma conscience revint à l'assaut. Sans même m'enquérir de qui refermait maintenant les portes, je me redressais à peine, pointant le regard vers Xion avant de m'avancer vers elle, la scrutant sous toutes les écailles.


Mon inquiétude se traduisait aisément, nourris pas la culpabilité que j'avais ressentis tout à l'heure, celle de n'avoir pu lui être d'une quelconque utilité. Ivar et Hagen étaient là et bientôt, les autres nous rejoindraient surement.


S'inquiéta Ivar. Continuant mon observation minutieuse de Xion, je lui répondais à peine.

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