● Nom : /
● Prénom : Garm
● Sexe : Masculin
● Élément associé : Terre
● Tache dans l'ancien monde: Assurer la décomposition des corps sans vie
● Endurance : 57

Si Garm avait dû vivre dans la peau d'un Homme, il aurait été le plus grand charlatan que l'être humain aurait pu imaginer. La timidité est un trait de caractère entièrement inconnu au canidé squelettique : qu'il ait à faire à un humain ou à un demi-dieu, il sera toujours celui qui aura le dernier mot. Tout est prétexte pour lui à parler, à blaguer, à taquiner, à mener la discussion pour qu'elle aille dans son sens.

De par cette manie de toujours vouloir être le centre de l'attention, il peut parfois paraître incroyablement individualiste et imbu de lui même. Et si ce second trait n'est pas vraiment erroné, le premier ne l'est pas tout autant. En réalité, même s'il n'est pas toujours évident de s'en rendre compte, Garm est un être qui souhaite rarement le malheur des autres. Il pourra cependant assez régulièrement lui arriver de blesser son entourage sans vraiment en avoir l'intention, par quelques remarques un peu trop cinglantes.

Mais plus encore que bavard ou taquin, Garm est surtout un roublard cupide. Il a très rapidement compris que s'il y avait bien une chose qui gouvernait le monde des hommes, c'était l'argent. Etant donné sa fascination pour ces derniers et leur mode de vie, bien plus divertissant que le sien, Garm a très vite développé un amour incomparable pour les pièces d'or, jusqu'à rêver de devenir l'être le plus riche possiblement imaginable. Bien sûr, comme tout cupide digne de ce nom, sa seule vraie crainte serait de tout perdre, ou pire encore, de ne même pas pouvoir espérer gagner ou dépenser cet argent.

Car s'il était favorable à la décision des Dieux de tout détruire suite à l'expansion nuisible de la race humaine, il n'empêche qu'il avait développé un certain amour pour eux, et l'ennui de l'enfermement commence sérieusement à lui poser problème... Difficile pour un être aimant tant être éloquent de supporter ce silence éternel.

Garm n'est pas vraiment le demi-dieu le plus physiquement plaisant à voir aux yeux des humains. En réalité, il est même plutôt généralement symbole de peur, de mort. Sa tête dépourvue de chair en est certainement une raison, ainsi que son aspect sombre de gros chien errant.

Du haut de ces 90 centimètres au garrot et de ses 70 kilos, on le distingue aisément par son pelage ébouriffé aussi noir que la nuit, bien que parsemé de quelques poils grisâtres au niveau de la queue. Seul le jaune intense de ses deux yeux ronds et perçants viennent contraster la noirceur de son pelage, ancrés au cœur des orbites de ce crâne immaculé qui lui sert de tête.

Son pelage est plus long sur son cou que sur le reste de son corps, et même si Garm est plus gros et plus lourd qu'un chien mortel, il n'est pas aussi lourd que sa taille devrait l'imposer. On pourrait d'ailleurs croire qu'il est mal nourri, renforçant son apparence de chien errant, car la forme de ses os est légèrement visible sur son dos et ses côtes.

Ses quatre pattes au pelage aussi sombre que le reste de son corps ne sont d'ailleurs pas très fournies en chair et en muscles non plus. Elles se terminent en quelques griffes noires suffisamment acérées pour pouvoir creuser le sol sans aucune difficulté.

Même si Garm ne voit pas vraiment le problème avec son physique, pourtant si bien adapté à sa tâche, il a bien conscience de la peur qu'il provoque auprès des humains qui croisent son chemin. C'est pourquoi il profite généralement de sa forme humaine pour apparaître bien plus soigné que sous sa forme originelle, sans pour autant trahir son essence. Ainsi, quand il décide de se fondre parmi les Hommes, il garde sa grande taille et sa silhouette fine, une peau noire rappelant son pelage, ainsi que des cheveux et une barbe grise comme les poils de sa queue. Quand il le peut, il se permet même de se dessiner un crâne blanc sur son visage, mais il préfère ne pas le faire quand il s'agit simplement de vivre calmement parmi les humains, il avait appris à ses dépends que ce n'était pas vraiment un look très bien vu par ces derniers, contrairement à ses vêtements.

Il choisit toujours un beau costume trois pièces, un peu extravagant mais jamais vulgaire, composé d'une veste et d'un pantalon zebrés ainsi que d'un veston noir dont les boutons jaunes rappellent ses yeux, qu'il ne change d'ailleurs pas d'apparence. En dessous, on peut distinguer une chemise mauve, qui ira toujours à merveilles avec son chapeau haut de forme. Oui.. Avec tout ça, il arrive très bien à vivre parmi les humains tout en restant au centre de l'attention.

● Histoire: Tout a un prix. Bien avant la création des Hommes, bien avant de les découvrir, eux et leurs cultures gouvernées par l'argent, bien avant de les observer, de se fondre parmi eux, de développer les mêmes envies qu'eux, cette loi était déjà vraie. Car pour que la vie elle-même puisse se répandre, pour qu'elle puisse prendre forme et émerveiller le monde comme elle seule sait le faire, elle a besoin de la mort de quelque chose. La mort du vide, quand elle naquit avant toute chose, la mort de cellules, pour en développer d'autres, la mort d'une plante ou d'un animal, pour en nourrir un autre. Telle était la tâche de Garm depuis sa naissance : s'assurer du bon fonctionnement de ce relais entre la mort, et la vie. S'assurer que la vie de chaque entité ne s'éteigne pas tout à fait, mais serve de graine à une nouvelle pousse.

Ce travail n'était pas aussi compliqué qu'il n'en avait l'air, avant la création des Hommes. Tout n'était que nature, terre, mer, vents. Quand un corps perdait sa vie, ses restes finissaient engloutis soit par la terre pour être distribués aux racines environnantes, soit par d'autres animaux affamés, sans vraiment que Garm n'ait à y faire grand chose. Parfois il déplaçait un cadavre, ou creusait un peu la terre pour accélérer le processus. Parfois il enterrais les os, qui avaient toujours un peu plus de mal à partir par la nature elle-même. Mais la plupart du temps, il ne faisait qu'observer, s'assurer du bon fonctionnement de la chose. Et rapidement, il fut pris par l'ennui.

Lui qui aimait tant bouger et parler avait rarement l'occasion de le faire. Certes il parlait toujours aux os qu'il enterrait, mais ils ne lui répondaient que rarement. Alors il essayait de parler à d'autres demi-dieux, mais rares étaient ceux qui s'ennuyaient comme lui. Les autres étaient occupés, émerveillés, ils n'avaient pas le temps ni l'envie d'entendre Garm leur parler pendant des heures en attendant qu'un os ait besoin d'être enterré.

Il fallut attendre des années et des années avant que l'ennui ne s'empare d'autres demi-dieux, mais l'attente en valait la peine. Plus encore que se trouver des partenaires de discussion, Garm et les autres ennuyés imaginèrent une nouvelle façon de s'occuper : la création d'une toute nouvelle race. Bien plus avancée que les simples animaux, bien plus intelligents, bien plus intéressants : les êtres humains.

Et quelle création ! Il ne fallut guère longtemps pour que ces nouveaux nés ne se rassemblent, créent des villages, des villes, se mêlent, se disputent, se fassent la guerre, s'allient, s'amusent ! Qu'il était grisant de prendre leur forme et de se fondre parmi eux, de crier sur la place publique, d'attirer toute cette attention ! Il faut dire qu'ils étaient vite impressionnés. Il suffisait que Garm passe la nuit entre les cimetières et les ruelles sombres sous sa forme originelle pour que des histoires se forment à son sujet, histoires qu'il se faisait une joie d'amplifier dès le matin sous sa forme humaine. On l'appelait alors le Cerbère, le Croque-Mitaine, Papa Legba, Baba Yaga, tous ces noms qui faisaient peur aux enfants mais qui apportaient tant de divertissement au chien divin. Mais le vrai divertissement arriva quand il découvrit la valeur de l'argent aux yeux des Hommes.

Quitte à passer le plus clair de son temps parmi les humains, bien que leur arrivée lui apportait également plus de travail au niveau de sa tâche divine, autant faire en sorte de vivre comme eux. Ainsi il découvrit que pour chaque service, il fallait donner un certain nombre de pièces en or ou de billets en papier, selon l'époque. Il découvrit également que plus on avait de ces pièces ou de ces billets, mieux on était vu par la population, et plus on attirait l'attention des gens. Il découvrit, bien rapidement, que TOUT tournait autour de ces pièces et de ces billets dans le monde des Hommes. Et qu'il était aisé d'en gagner. Plutôt que de maintenir les rumeurs sur le monstre noir au crâne blanc comme la mort et aux yeux monstrueusement jaunes, il fallait en créer des nouvelles.

"Avez-vous entendu parler de cette toute nouvelle potion ? Il paraît qu'elle repousse tous les monstres qui apparaissent la nuit tombée ! Je peux vous en vendre pour quelques piécettes... Et ces pommes qui viennent d'un pays lointain ? C'est une variété qui ne pousse que dans les sommets les plus hauts de ces terres, on raconte que si l'on en donne à son amoureux secret, ce dernier n'aura d'yeux plus que pour vous... Je n'en ai pas beaucoup, mais pour une somme raisonnable, je pourrais faire un sacrifice... Et laissez moi parler de cette cape ! Dieux, qu'elle est rare ! Et pour cause, elle appartenait au dernier Roi d'une civilisation très ancienne... Il paraît que celui qui la porte peut parler aux morts, et que c'est comme ça que ce grand Roi avait réussi à connaître tous les secrets de ses ennemis... Dommage qu'il n'y en ait qu'une au monde... Mh ? Vous en avez un gros porte-monnaie !"

Toutes les villes et villages dans lesquels Garm restait plus de quelques semaines l'appelaient le Charlatan. Il ne savait pas vraiment ce que cela voulait dire, mais il aimait bien être connu de tous, et très honnêtement, ça ne freinait jamais la clientèle, bien au contraire... Ainsi mena-t-il sa vie, à voyager entre les habitations humaines, à se faire de l'argent, à le dépenser en tout et n'importe quoi tant que ça l'amusait. Le jour il menait sa vie d'humain, la nuit, celle de demi-dieu, effectuant sa tâche sans vraiment y réfléchir, bien trop occupé à se demander comment il allait berner la population le lendemain.

Ainsi, comme beaucoup d'humains, il ne vit pas vraiment avec quelle gravité cette nouvelle race était entrain de détruire le monde. Du moins, pas assez vite. Mais plus les années avançaient, plus Garm trouvait les nuits courtes. Il avait tant de corps à s'occuper... La nature ne suivait-elle plus le mouvement ? Il retrouvait parfois des cadavres à peine entamés par des animaux, les os à peine visibles, comme s'il n'y en avait plus assez pour finir un simple corps. Même la terre avait de plus en plus de mal à se nourrir, elle semblait mourir à petits feux. Et il se sentait de plus en plus faible, aussi... Lui qui auparavant ne se reposait jamais, enchaînant tâche divine et charlatantisme acharné, se voyait de plus en plus fatigué. Le Charlatan avait quitté les rues, et Croque-Mitaine se laissait apercevoir de moins en moins. Il se retrouvait peu à peu dans la situation de ses frères, soeurs et cousins qui, des millénaires auparavant, étaient trop occupés pour parler avec lui. Plus il essayait d'aider à la décomposition des corps, plus il se rendait compte d'une réalité qu'il n'avait jamais cru possible : il était entrain d'échouer à sa tâche. La mort n'était plus toujours une graine qui apportait la vie. La mort était, simplement, la mort.

Il lui fallut énormément de temps pour se rendre vraiment compte que ceux qui étaient responsable de cette désolation n'étaient autres que les humains qu'il avait aidé à créer. Comment était-ce possible ? Une race si évoluée, si amusante ! Pourtant la réalité était là. Et il était trop tard pour que Garm ne parviennent à empêcher quoi que ce soit. Leur rapide évolution, qui avait jusque là tant émerveillé le canin squelettique, commençait à lui faire peur. Et ils voulaient aller conquérir d'autres planètes ? Pour leur réserver le même sort ? Non... Il fallait faire quelque chose.

Alors, abandonnant sa tâche initiale, Garm se mit à passer jour et nuit à faire des discours vantant les mérites de la nature et de ses bienfaits, demandant aux passants de se reconnecter avec les quelques animaux, les quelques arbres qu'il restaient. Mais le Charlatan ne réussissait plus à convaincre personne. Il avait passé son existence à vendre des raretés qui n'existaient pas, et maintenant qu'il proposait de faire attention à de vraies choses en voie de disparition, personne ne l'écoutait. Il était désormais l'Illuminé, le Hippie, quoi que cela signifie, le Néandertal. Les cadavres s'entassaient, les arbres se mourraient, la terre s'asséchait, la magie disparaissait, et les humains, eux, ne cessaient de se répandre.

C'est alors que les Dieux eux-mêmes réapparurent. Leur décision brisa le cœur de Garm, mais il savait que c'était nécessaire. Alors les Hommes moururent, avec le reste du monde, sous la colère destructrice et sans limite des Pères de Tout. Le Charlatan n'avait plus personne à qui parler dans sa cellule, une fois de plus, et le Croque-Mitaine ne pouvait plus sortir apeurer les passants. Garm était seul, sans voix. Il n'en voulait pas à son Père, il savait qu'il méritait cette punition. Mais il savait aussi que les Hommes étaient finalement réapparus, et qu'il suffisait que l'un d'entre eux vienne le voir dans sa cellule pour que le Charlatan puisse à nouveau se fondre parmi eux. Mais, même s'il attendait désespérément ce jour, les règles n'avaient pas changé : tout a un prix. Et les services de Garm ne sont pas donnés à tout le monde.

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