Je ne crois pas au destin. Mes parents sont des adeptes accomplis de la destinée, mais personnellement je pense que l'on a toujours le choix, et que nos actes quels qu'ils soient incident toujours sur notre avenir.
Ma manière d'agir est bien plus souvent réfléchie que spontanée. Je préfère retourner le problème dans tous les sens et avoir pensé à tous les choix envisageables et aux possibilités qu'ils m'offrent. Si j'étais amené à prendre une décision rapide...je ne sais absolument pas comment je me débrouillerais. Je suppose que je n'arriverais sûrement pas à me fixer et demanderais un avis extérieur. J'aime tenir compte des dires d'autrui, car même si je ne semble pas très prompt à engager une conversation, s'ouvrir sur d'autres pensées me semble vital pour l'esprit. Les gens bornés, campés sur leurs positions et voulant les répandre ne m'intéressent pas ; à l'inverse des personnes sachant s'affirmer tout en restant respectueuses des croyances des autres.
Je me suis toujours efforcé d'avoir l'esprit critique, voir de me contraindre à penser le contraire de la majorité et de me dire « Pourquoi pas ? ». Même si mes idées sont parfois retords, je les assume entièrement ; car voilà la vraie richesse de l'homme : la différence. Se sentir singulier est la clé de la liberté selon moi. J'ai souvent tendance à m'emporter -et c'est un euphémisme- lorsque des sujets me touchant particulièrement sont abordés au point d'effrayer les personnes me connaissant d'ordinaire sous mon aspect effacé, voir muet. Mon cœur se met alors à battre la chamade et mon âme se grise totalement alors que je ne réponds carrément plus de moi même et laisse mes émotions prendre le dessus, ma langue se délier et le flot de paroles s'écouler.
Vous pouvez penser que j'ai de l'assurance à revendre...eh bien détrompez-vous. Car même si, comme je l'ai affirmé plus tôt j'ai des idées, ce n'est pas pour autant que j'arrive facilement à m'exprimer. Je n'irai pas de moi même vers les gens, ça c'est certain, malgré le fait que je ne demande qu'à élargir mon point de vue. Le premier contact doit venir de la personne si elle le désire. Oui...je me sens parfois de trop. Bon d'accord : très souvent de trop ! Je suis d'une nature réservée et assez pessimiste je l'avoue. Ainsi la mort m'a très souvent préoccupé, voir fasciné...we can't change.
And flash right through the scene...
Je pense atteindre le mètre quatre-vingts et ne me considère pas comme quelqu'un de physiquement blindé. Pas très musclé, plutôt sec, en cas de combat au corps à corps avec un mastodonte, je ne fais pas le poids. On dit ensuite que je ressemble beaucoup à ma mère : j'ai hérité de ses cheveux noir corbeau et de ses yeux bleu roi. Pour faire court, ma sœur aînée m'a gentiment appelé « son éphèbe de frangin » ; à voir s'il faut le prendre comme un compliment, ou pas.
Venons en aux habits ; ils proviennent tous de Lüh, où ma sœur allait elle même les choisir pour moi. Elle a bien essayé de m'emmener mais devant mon manque total de goût vestimentaire, elle y a bien vite renoncé. C'est elle qui se chargeait alors faire les emplettes à ma place. Je n'étais pas toujours d'accord avec ses choix mais de peur de la vexer -et n'ayant rien d'autre à mettre, soyons réalistes-, je me pliais à sa volonté. Ainsi, je me trouvais tantôt avec des vêtements bariolés et fantaisistes, tantôt avec des tenues plus sombres dans les tons vert et marron. Ne quittant presque jamais ma cuisine, porter du rose ou du jaune ne me gênais pas...can't you see what I mean ?
J'ai vu la lumière dans un petit village à l'orée de la Forêt de Jade, assez proche de Lüh. La taverne de mes parents, Gerenn et Rose, « La Nichette » ne possédait pas de grande notoriété mais cela leur importait peu ; ce qu'ils espéraient de leur établissement était de porter assistance aux voyageurs cherchant un endroit où manger, boire et se reposer un peu. Le chiffre d'affaires étant relativement bas, je ne pus aller à l'école, contrairement à ma brillante sœur, Jayla. C'est pour cela que ma mère, Rose, s'est évertuée à m'enseigner la sublime langue qu'est l'anglais -même si nous ne la pratiquons qu'entre nous-, la géographie et ce qu'elle savait de l'histoire d'Arcane. J'étais littéralement fasciné par les histoires de Dieux fondateurs de l'Île et des temples élémentaires disséminés à travers elle. En échange de chaque leçon, j'aidais ma mère à faire la vaisselle où à préparer quelques plats destinés à repaître les voyageurs. Je développai ainsi une engouement particulier pour les vers anglais puis, une étrange attraction pour les couteaux.
J'ai commencé à manier les lames vers mes 9, 10 ans peut être, alors que je cuisinais pour la première fois un tandori. Pour découper la viande il m'a fallu usé d'un couteau -ustensile dont je ne me servais pas avant car je ne faisais que de la pâtisserie-, et je ne sais pas comment c'est venu mais je me suis mis à jongler avec, à le changer de main, le faire tourner de plus en plus vite...le tout naturellement, comme si j'avais fait cela toute ma vie. L'excitation me gagnait au fur et à mesure que je tentais des figures toujours plus périlleuses mais ma petite expérience à coupé court -sans jeu de mot- puisque la lame m'a glissée des doigts et a fait perler quelques gouttes de sang sur mon avant bras droit. Sur le coup j'ai eu mal, je l'avoue ; mais étrangement la douleur m'a ensuite parut agréable, douce, mordante et presque irréelle. Les jours suivants je renouvelai l'expérience encore et encore ; plus je m'améliorais, plus des zébrures rouges apparaissaient sur mes bras, plus je me sentais vivre. Je cachais les blessures comme je pouvais, certain que si mes parents découvraient mon nouveau passe-temps, ils me puniraient. Les mois s'écoulèrent, mais ce qui devait arriver arriva.
À toujours tenter de plus en plus d'acrobaties périlleuses, je finis par me blesser gravement ; la lame de la dague s'était fichée dans mon poignet. La blessure étant trop profonde pour que m'en occupe seul, je n'avais d'autre choix que d'en parler à mes parents. Je choisis d'aborder le sujet côté maternelle, pensant qu'elle serait sans doute plus clémente quant à mes pratiques. Pour faire court ma mère a trouvé cela merveilleux, mon père, inconscient. Ils me firent bien comprendre que j'avais intérêt à me tenir éloigner de toute lame. Je me fichais un peu de leur décision. Ils durent exprimer leur désaccord à trop vives voix, puisque quelques jours plus tard, un habitué du bar m'a interpellé et proposé un jeu : celui de donner des coups de couteau entre mes doigts sans les toucher. «
En échange ? » demandai-je. Il resta silencieux et me tendis une dague, une vraie. Moi qui m'entraînais jusqu'à présent avec des couteaux de cuisine, je n'avais jamais vu pareille beauté : un manche recouvert d'un joli cuir brun, une garde fine et élégante, elle possédait même une gorge centrale ! La lame m'hypnotisa carrément ; je ne vis plus qu'à travers elle.
«
Elle est à toi si tu réussis. », m'intima-t-il alors en me la tendant.
Je m'en emparai et sans attendre le coup d'envoi, m'exécutai. Évidemment, dans ma précipitation, je me blessai l'annulaire en quelques secondes.
«
Dommage, j'aurais cru que...
- Encore ! » le coupai-je en recommençant.
Je me tallai une fois de plus le doigt mais repris, encore et encore. Les quelques clients s'étaient rassemblés autour de la table et observaient en silence. Je crois me souvenir que je ne ressentais plus rien à ce moment là, ni la lame dans ma main, ni le sang couler ; je pensais juste à gagner, gagner, gagner et gagner. J'allais recommencer pour la énième fois, mais l'homme assis à côté de moi stoppa mon geste : «
Ça suffit ! ». Je le regardai, complètement égaré.
«
Mais vous vouliez que...
- C'est bon petit... Tu m'as prouvé que tu la méritais. », sourit-il en se levant.
Les personnes amassées autour de nous vaquèrent à leurs occupations tandis que l'homme se dirigeait vers la sortie.
«
Eh !, lui lançai-je alors qu'il franchissait le pas de la porte.
Merci. »
Il inclina son chapeau puis sortit. A peine la porte se referma derrière lui que mon père m'entraîna par le collet en direction de la cuisine. J'allais sans doute prendre une correction pour avoir enfreint son interdiction.
Laissez-moi ensuite vous relater un jour comme on n'en a qu'un dans sa vie. Les affaires de « La Nichette » s'amélioraient avec le temps ainsi, ma mère et moi partions deux fois par semaine chercher de l'eau pour en remplir les réservoirs. Rien ne laissait présager ce qui allait arriver : ciel clair, eau pure et herbe verdoyante étaient au rendez-vous. Nous avons donc gaiement rempli nos seaux et les accrochions aux selles de nos chevaux quand la terre trembla sous nos pieds. Je regardai ma mère, surpris, lorsqu'elle afficha une expression que je ne lui connaissais pas d'ordinaire : elle était effrayée. «
Qu'y a-t-il ? » demandai-je en m'approchant d'elle. Et comme si mes pas résonnaient, le sol fut secoué plus violemment. «
RECULE ! »
Alliant le geste à la parole, elle me poussa à terre. Un cruentur perça alors la terre sous ses pieds, referma sa mâchoire énorme sur la taille de ma mère et la brisa en deux. Elle devint poupée de chiffon tandis que la terreur avait paralysé chacun de mes membres et que des larmes brûlaient mes joues. La bête laissa la dépouille derrière elle et dessina un étrange angle avec son cou afin de me regarder. Elle n'hésita cependant pas longtemps et s'apprêtait à fondre sur moi quand une énorme boule de feu l'atteignit au flanc. Un homme semblait la défier...mais comment pouvait-il maîtriser un élément ? Je n'allais pas voir la fin du combat, ni même répondre à cette question puisque l'inconscience vint me faucher de la réalité.
On me secoua par l'épaule et je m'éveillai dans ma chambre ; Jayla, à mon côté, semblait paniquée. «
Viens, viens vite ! Il veut parler !, chuchota-t-elle.
-
Quoi ? D-...de qui ? », réussis-je à articuler.
Faisant fît de mon état plus que brumeux, elle me tira hors du lit et m'entraîna avec elle. «
Où est papa ?-
Pas encore rentré de Lüh », m'informa-t-elle.
Nous traversâmes le couloir jusqu'à la salle principale de la taverne et nous attablâmes avec l'homme qui avait osé secourir ma mère trop tard. Je m'empressai de le détailler : ses cheveux blonds filandreux serpentaient autour de son visage carré et anguleux tandis que ses prunelles d'acier liquéfiaient toute âme ayant le malheur de les croiser du regard.
«
Jeune homme, je vous ai sauvé, vous me devez donc quelque chose. Que me proposez-vous ?, lâcha-t-il simplement.
-
Où est ma mère ?-
Mon allié l'a incinérée ; le cadavre nous aurait encombré en cours de route. », me répondit-il naturellement en ancrant son regard en le mien.
Jayla étouffa un petit cri ; j'aurais aimé qu'elle apprenne la nouvelle autrement. Elle pleura sur mon épaule je serrai alors sa main pour la réconforter -peut être plus pour moi que pour elle d'ailleurs-. Mais l'homme ne parut pas affecté le moins du monde : «
Alors ? Vous me proposez quelque chose ?-
Mis à part des vivres, nous ne possédons rien de part-...-
Non, cela m'importe peu !, me coupa-t-il. Écoutez, je suis pressé mais je repasserai. J'aurai mon dû un jour où l'autre, soyez-en sûr ! »
Il se leva alors et se dirigea vers la sortie. Je n'avais que faire de sa décision : quand s'il revenait, mon père serait là et lui réglerait son compte. Je regardai l'étranger quitter l'auberge, faisant claquer sa cape derrière lui d'un geste se voulant noble. Le blason qui l'ornait m'était inconnu et représentait un masque étrange à l'allure de crâne humain. Lorsqu'il referma la porte, j'aperçus dans l'entrebâillement ce qui me semblait être un fils d'Ignis.
Quatre ans s'étaient écoulés sans que je ne me laisse engouffrer par le vide resté derrière ma mère. Mon père me confiait souvent que je lui ressemblais de plus en plus, les larmes aux yeux. Mon mépris envers ma propre existence ne cessait de croître, mais je continuais tout de même à vivre, me disant que je devais bien ça à mon paternel ; je lui avait ôté son amour, j'étais impardonnable. Il avait beau me sermonner, me répéter que c'était le « destin »... Ce foutu destin ! Rien à faire, j'étais coupable ; et je pensais racheter ma faute en veillant du mieux possible sur ma sœur aînée Jayla. Je savais pertinemment que cela ne changerait rien, que ma mère ne reviendrait pas, mais je m'étais cantonné à cette tâche. A la taverne, le jeu du couteau était devenu un moyen pour moi de gagner un peu d'argent en prenant des paris. J'en faisais une énième démonstration quand un homme héla ma sœur : «
Oh ! Bonasse ! Une bière ! ». En levant la tête, je découvris son visage creusé, ravagé, dévoré par l'alcool ; visage qui ne m'était pas inconnu. En effet, cet ivrogne avait déjà attiré mon attention quelques soirs plus tôt alors qu'il avait fait des avances à Jayla. Pour le rappeler à l'ordre, j'avais lancé la lame avec laquelle je jouais pour clouer sa manche à la table.«
La prochaine fois, c'est ta tête... », avais-je alors menacé -peut être un peu excessif, je l'avoue-. Mais ce soir il revenait à la charge, ignorant mon avertissement. Une main se posa tendrement sur mon épaule, me tirant de mes pensées : «
Pas de bêtise, je t'en prie...-
S'il se tient, j'en ferai de même. Ne t'inquiète pas Jayla. », lui souris-je.
Elle soupira avant d'aller servir l'énergumène ; je la suivis du regard. Docile, ma sœur posa la choppe devant lui, puis tourna les talons aussitôt. Ensuite, tout se passa très vite : le gueux eut un mouvement de la main vers le bas-dos de ma sœur, le couteau que je tenais à la main traversa la salle et le frappa en pleine tempe...côté pommeau. Tout le monde cru que je venais de rater un quelconque assassinat. Mais pas les hommes attablés avec moi ; ils comprirent que mon intention n'était que de l'assommer. Le responsable de l'information du village, présent dans l'assemblée, sortit en trombe de la taverne tandis que mon père passait discrètement en cuisine, en me signifiant que je devais le suivre.
Nous passâmes derrière le bâtiment ; le ciel était clair, dégagé, on y voyait poindre les premières étoiles. Mon père se tenait quelques mètres devant moi, me tournant le dos. «
Je crois que le moment est venu..., déclara-t-il sans bouger.
-
Quel moment ?!-
Celui pour toi de partir. »
Il se retourna alors d'un mouvement rapide et tira une lettre de sa poche qu'il me tendit. «
Lis ça, je vais chercher Drem...-
Quoi ? Mais attends je v-...-
Ne discute pas...s'il te plaît. »
Il sembla m'implorer du regard puis se détourna et partit en direction des écuries. Quelle mouche l'avait piqué ? Surpris, je dépliai délicatement le papier qui dégagea une délicieuse odeur de...rose ! Les larmes me montèrent aussitôt aux yeux et je m'empressai de découvrir l'auteur de cette lettre, rédigée en anglais, qui comme je le pensais n'était autre que ma chère mère. Mes larmes imprégnèrent doucement le papier tandis que je commençai à lire...
- Mon petit Calann,:
Ne pleure pas. Sache que je suis heureuse que ton père ait attendu le moment opportun pour te remettre cette lettre. Il a dû également te donner mes derniers présents ; j'espère qu'ils te plairont.
Je me devais de te dire la vérité un jour où l'autre, mais de manière à ce que ton père ne souffre pas. En fait...Gerenn n'est pas ton véritable père. Je t'en prie, ne te met pas en rage ! Tu sais bien que cela ne mènerait à rien...
Je n'ai pas la force de tout te relater en ces mots. Tu devras retrouver Léode ; il vit à Lüh et saura te raconter la véritable histoire.
Avant de te laisser, j'aurais une dernière requête : libère un demi-dieu pour moi ! Je n'ai eu l'occasion de partir dans un temple élémentaire et j'aimerais vraiment que tu fasses cela pour moi. Ces divinités sont une bénédiction pour notre monde !
Sèche tes larmes mon fils,
«
...et puissent les ombres ne jamais te trouver... »
J'avais prononcé cette phrase à voix haute car elle était sa favorite, son mantra éternel ; elle me le murmurait à l'oreille dans les moments difficiles et me redonnait ainsi force et courage. Mon père revint prestement, tirant Drem, notre vieil et unique cheval. Il ne m'interrogea pas sur le contenu du message laissé par ma mère et me remit simplement les rennes avant de m'étreindre chaleureusement. Je sentis ses larmes chaudes dans mon cou, mais restai les bras ballants, ne sachant comment réagir face à cet homme que je croyais connaître jusqu'à présent. «
Ne laisse jamais personne te dire ce que tu as à faire, mon fils...et n'oublie jamais tes modestes origines..., murmura-t-il en me relâchant, la voix brisée par l'émotion.
-
Ce n'est pas un adieu. Je reviendrai ! Je t'en fais le serment... », lui souris-je tristement.
Il me donna une tape sur l'épaule et m'aida à monter en selle. Je remarquai alors une petite sacoche de cuir que je n'avais jamais vue attachée à la selle ; sans doute les présents dont ma mère avait parlé.
«
Allez, va !, fit Gerenn les yeux brillants.
-
Tu n'aur-...-
VA JE TE DIS ! », cria-t-il presque en claquant sur la croupe de Drem.
Ce dernier démarra en trombe ; malgré son âge avancé, il ne manquait pas de célérité. Je tentai de me retourner une dernière fois, mais ne pus rien distinguer car des larmes brouillaient ma vision. Je me fis alors la promesse d'aller de l'avant...
and always live in the now.
Métier: Il ne possède pas de qualifications particulières, mais pense faire office de cuisinier
Signes particuliers: Il a un côté masochiste, c'est certain, mais il refuse de se l'avouer
Rêve, ambition: Il veut retrouver Léode et découvrir la vérité sur son véritable père
Comment avez vous découvert ce forum? En'trie une ancienne membre m'a gentiment conseillé ce forum pour un premier RP
Comment trouvez vous l'intrigue de ce forum? Très captivante et très complète. J'adopte !
Comment trouvez vous le design de ce forum? En accord avec l'histoire sans tomber dans le design "bois brute" de certain forum