Une fois dans la rue Imaq et Bororo continuaient de se taquiner, allègrement, bien trop heureux de retrouver leur complicité passée. Le jeune homme attaqua son amie sur le sujet d’une prétendue jalousie de la demi-déesse, cette dernière ne put s’empêcher de plonger sur l’occasion d’en remettre une couche.

« La jalousie ? C’est tout ce que tu entrevois dans ma sollicitude ? » Elle porta une main à son cœur et une autre à son front paume vers le ciel. « Voyez comment on me traite ! Je pense à sa pauvre mère et voilà qu’on me soupçonne d’une vulgaire jalousie de bas étage. »

Toujours en avançant pour rejoindre la rue commençante, Imaq croisa les bras avec une mine peinée digne d’un mauvais comédien.

« Ah… Les enfants de nos jours ont bien changé. » Elle porte une main à sa joue en hochant la tête, et leva sa seconde main en supplication au domaine d’Aer. « Douce nostalgie des jours passés alors qu’ils ne sont que de tout petits dulcius…. »

C’était presque si Imaq ne semblait pas retenir des larmes. Mais son visage se fronça avant de s’étirer dans un rire franc et clair, ne tenant plus le ridicule des âneries qu’elle débitait.

« Pfffft ! Hahahaha ! Ah…. Serait-ce déplacé de demander à connaître le nom de l’âme qui règne sur le cœur du descendant de la grande famille Bororo ? » dit elle avec un grand sourire malicieux alors qu’elle tapotait la joue du guérisseur de bout de l’index.

Imaq riait silencieusement en voyant  le jeune homme rougir. C’était avec un grand sourire malicieux qu’elle entendit le nom de la dulcinée du guérisseur. Un sourire qui se crispa quelque peu quand ce même nom semblait familier. Elle ralentit la marche se laissant devancer par le guérisseur tout à ses explications.

«  Ariez ?»

Le visage d’Edvah la capitaine pirate flotta dans l’esprit de la demi-déesse. Ce prénom était peut être un prénom courant dans ce nouveau monde ? Il l’avait rencontrée à Heilan pas à Lüh… Cela pouvait en être une autre n’est ce pas ? N’est ce pas ?!

Quand la vérité tomba, Imaq ne put empêcher sa main droite de venir claquer son front. Non non, il fallait que ce soit CETTE Ariez là. Devait-elle continuer à jouer le jeu avec Bororo ? Peut être que la nouvelle serait plus digeste ainsi ? Ou peut être qu’elle s’inquiétait pour rien car elle était au courant et l’avait pardonné ?

Imaq eut un sourire d’excuse et prit un visage innocent, mains croisées dans le dos. Elle prit un pas léger comme si elle sifflotait.

« Oh ce n’est pas moi qui m’opposerais à votre union avec la belle forgeronne mon bon seigneur... Mais il se peut….que nous connaissions tout deux quelqu’un qui pourrait causer du tort à cette idylle...»

Bien que tout son corps semble guilleret, un voile de tristesse passa dans ces yeux. Peut être l’avait-rencontré quand il avait tout oublié. Probablement aussi, qu’avec la nuit noire et la pénombre des torches ce soir là, elle n’avait pas vu clairement son visage.

« Vous souvenez vous de ce fait divers l’année dernière où deux forgeronnes avait été enlevées par des pirates ? Heureusement elles sont rentrée saines et sauves, les dieux soient loués, mais savez vous si votre douce amie était parmi elles ? »

Elle ne savait pas si Bororo se souvenait de cette période, ou si il ne l’avait pas écarté de son esprit pour se préserver. Malheureusement, elle préférait savoir et être sure, qu’elle sache si son apparence originelle allait faire ou non voler en éclat ce nouvel amour.

Le ton soudainement sérieux surpris la jeune femme bicolore. Il avait retrouvé toute sa mémoire. Ne sachant pas trop que répondre à cette affirmation, elle se contenta de suivre le jeune homme avec un air légèrement préoccupé.

« Oh. »

Se doutant que le guérisseur n’en resterait pas là, elle demeura attentive alors qu’ils marchaient tranquillement devant les commerces, se frayant parfois un chemin entre les passants. Elle regarda droit devant elle, ses yeux légèrement dans le vague alors qu’elle essayait d’imaginer  ce qui avait pu être peu ou prou le contenu de ces discutions. La mention de l’arc fit revenir ses iris couleur ciel sur lui.  La question du guérisseur lui tira un sourire amusé. Elle souffla un rire.


« Ha. Oui, les objets lient parfois les destins de curieuse façon. »

Elle prit un air peu impressionné et haussa un sourcil face la tirade suivante. Bien qu’en réalité elle était particulièrement fière de voir qu’il avait temps muri, ce soudain accès de confiance ne demandait qu’à être testé voir un peu compensé par une pitrerie. La jeune femme au visage constellé de tâche de rousseur passa un bras autour du cou de Meslial.

« Oh tu sais, avec la chance que cette femme possède, elle aura probablement fait le tour de l’île avant de décider d’ouvrir un taverne où compter ses aventures... »

Elle hocha brièvement la tête avec un air de vieux sage, avant de tenter d’ébouriffer les cheveux du brun perdu dans ses pensées avec un poing amical en riant. Chose impossible du temps du précieux chapeau léopard.

« Regardez moi ce jeune fringant bouffi de confiance en lui ! »

Elle le chahuta ainsi quelques instants avant de le lâcher en posant les mains sur ses hanches. Elle lui jeta ensuite un regard en biais.

« Si j’ai bien compris ces grandes discussions avec ta chère et tendre compagne font que je n’ai plus besoin de me cacher. Il n’y aura aucun problème si elle me voit...Telle que je suis ? »

La demoiselle s’étira et poussa un soupire. Elle aurait bien repris sa forme originelle après cette question, mais les vêtements qu'elle portait ne provenait pas de l'illusion du sortilège de métamorphose, elle risquait dont de les abimés voir tout simplement d'être à l'étroit et dans l'inconfort pour le reste de la balade. Elle pouvait patienter encore un peu.

« Par quoi commençons tes achats ? Le sac ou les livres ? »