Coeurs ardent & Eaux paisibles

Sa peau caresse la mienne et une douce chaleur envahis mon visage. Comme une respiration difficile, mais salvatrice. Son intention attire mon regard à lui, presque meurtris. Sclérosé, mais allégé. Comme s’il déliait l’ombre, ou la faisait disparaitre. J’ai envie de me briser entre ses mains et le laisser tout recoller. Comment pouvait-il faire ça ?

Il m’abandonne pour fouiller dans son sac et je sens mon corps se déchirer. Une envie insidieuse de le retenir m’envahis. Il n’est pourtant pas si loin, mais ne me touche plus. Et c’est suffisant pour créer un manque. Nerveusement alors, je serre les dents, préférant rester rationnelle malgré tout. Je l’observe en silence et m’installe une fois finit. J’aurais pu l’inviter dans mon propre lit, le confort aurait été plus grand. La proximité moindre aussi.

Je m’allonge alors sur le dos, il fait de même sur le flan. Je sens son regard sur moi. Le mien s’abaisse, n’a pas d’ancrage. Le silence est envahissant est apaisant. Sa main saisie la mienne. D’abord prise d’une courte surprise, je la serre un peu plus. Je le sais à mes côtés, mais le sentir est autrement plus rassurant. Finalement j’observe le plafond, prends une longue respiration et soupire silencieusement. Puis sa voix caressante perce, m’invitant presque à fermer les yeux pour en profiter pleinement.

Je comprends où il veut en venir et je pourrais y adhérer avec le recul. Mais j’avais aussi l’impression de ne pas mériter tant de compréhension. De sa part, comme de la mienne. En simple réponse pour l’instant, je rouvre les yeux et hoche sensiblement du fief. Simplement pour lui certifier que j’écoute. Et que je l’écouterais à n’en plus finir si je le pouvais. La suite, en revanche, éveille des ressentiments plus douloureux.

Mes traits se crispent, légèrement. Il a tort, je ne me suis pas écouté. Et malgré tout, si, je les ai abandonnés. Car au contraire, si j’avais suivi mon instinct, je serais restée. J’aurais probablement péri, mais j’aurais suivi mes convictions. Pas Ses ordres. Leur souvenir me tord l’estomac et serre ma gorge. Je ne voulais pas les suivre, à ce moment-là, elle m’y a forcé. Galifey aussi a essayé de me faire entendre que c’était le meilleur choix, mais malgré tout, je ne lui ai jamais pardonné… Il avait raison sur un point cependant, je n’ai pas eu la force. J’ai été « faible ». Mon visage se tiraille davantage, car c’est la voix du Démon que j’entends. Et j’ai envie d’exploser.

Les mots qu’il profère me sont difficiles à écouter. Pas par manque d’intérêt, mais parce que je me battais intérieurement pour ne pas craquer. Mes paupières sont serrées, ma main sur la sienne aussi. S’il ne l’avait pas relâché pour attirer mon regard à lui, il aurait été trop tard. Il le verrait dans mes yeux probablement, même si en voyant les siens, la plupart des ressentiments fuis avec le vent. Malgré une envie tenace de m’effondrer.

Jusque-là, je n’avais réussi à partager son regard et enfin, je lui accordais. Non pas avec grand mal, je me sentais pourtant percée à jour. Ses mots me touchent, profondément et avant que ne se déverse une larme, je me tourne complètement dans sa direction et me recroqueville au plus près de lui, légèrement.


Et c’était peut-être mieux ainsi. Il est probable qu’une des raisons pour laquelle je me sentais apaisée en sa présence, soit sa méconnaissance. Il ne savait pas grand-chose, sinon il aurait déjà fui. Et ainsi, je ne risquais pas d’être jugée ou évaluée. Et c’était… sécurisant. Si on n’envisageait pas que la vérité éclate un jour. Je mettrais donc un point d’honneur à la garde en sécurité. Égoïstement. Pour pouvoir le garder à mes côtés.

Un instant, je reste prostrée, le temps d’un silence dont je profitais allègrement, au plus près de la chaleur qui émane de son corps. Une attirance naissante. Ça me permettait de fuir son regard, à nouveau. Pourtant, ses derniers mots me reviennent en tête. Il m’attribue une force dont il n’était, selon lui, pas capable. De ma propre perception, il s’agissait de l’inverse. Mais ce que j’en retenais, c’était une sorte de regret. Me reculant légèrement, levant quelque peu le visage, je l’observe sans le regarder. Il est vrai que j’ai passé le plus clair de mon temps, à ses côtés, à profiter de ce qu’il m’apportait. A l’inverse, je ne lui rendais pas la pareille. Je m’étais contenté de le trouver trop doux pour ce monde, sans chercher davantage à le connaitre. Je ne prétends pas à autant d’agilité verbale, évidemment, mais sa dernière phrase me troublait.


Le couperet tombait seul. Avec les années, j’ai fini par abandonner l’idée de parvenir à me contrôler. Peut-être que je réessaierais. Mais si Saen avait cette force en lui, je me rassurais de le savoir s’éloigner de certains dangers. Eriger des barrages pour éviter l’inondation demandait bien plus de détermination que de se laisser submerger à la moindre occasion.

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Lui aussi est en fuite, mais nous ne combattons pas les mêmes dangers. Quand il s'échappe de ses propres émotions, je n'assume pas les répercussions des miennes. En détaillant distraitement son visage tourné vers le plafond, je tente de cerner qui de nous deux suit le meilleur chemin. A mon sens, le sien était le moins risqué, mais il semblait lui attribuer une toute autre saveur. Son ton a beau être d'une neutralité presque parfaite, il porte un lourd fardeau à n'en pas douter. Je voulais lui dire tout ça, mais mes lèvres s'entrouvrent à peine qu'il freine mon élan en s'adressant plus directement à moi.

Il s'est tourné, m'invitant avec douceur à le regarder et mon corps s'est arrêté. Mon cœur, lui, s'emballe et alimente mon être en chaleur. Et pourtant, ses mots me tourmentent. Mes traits se tiraillent quelque peu. Lui qui m'apporte tant sans savoir et qui pourtant estime ne rien y faire. Les mots me manquent, soufflés par une envie qui s'insinue en mon épiderme. De l'attirer à moi, de lui assurer qu'il a tord. Mes yeux se perdent un peu. L'envie de...

Mais il me quitte et se redresse, m'arrache son oxygène. Quelques secondes me sont nécessaires pour reprendre mes esprits, comme si on venait de tout me voler. J'aurais presque pu entendre mon cœur se briser. Sa voix douce, tiraillée, perce alors le silence de mon inconscience et m'attire à lui, comme toujours. Si facilement.

Je me redresse et me glisse plus proche. Mes gestes me sont presque dictés par une magie imperceptible, comme le pacte d'un Demi-Dieu à son libérateur. D'une main posée non loin, à moitié à genou dans une stabilité précaire, recouvrant presque ses jambes, je saisi délicatement sa joue et guide son visage jusqu'à moi. D'une seconde à l'autre, je fond sur lui et dépose mes lèvres sur les siennes, d'un élan quasi incontrôlable et pourtant si confortable. Je les presse longuement, comme mes doigts sur sa peau et freine difficilement mon attraction. Les paupières closent, mon corps s'est attisé en un rien de temps et l'envie de l’entraîner me submerge. Mais je me retiens avec force, rompant finalement le contact dans un souffle meurtris par la séparation.

Mes dents maltraitent ma lèvre inférieure alors que je demeure dans la même position, l'espace d'un instant avant de m'écarter lentement pour retrouver un peu plus de stabilité, ma main libérant son visage pour se reposer quelque part sur l'une de ses jambes. Le regard bas et un peu honteuse d'avoir ainsi détourné ses interrogations. Les avais-je fuis elles aussi ? Je ne pouvais pourtant me résoudre à lui apporter satisfaction, très égoïstement.


Mon timbre est hésitant, mais tellement sincère. Mes doigts se crispent sur sa cuisse, incertaine de vouloir poursuivre et regrettant déjà d'en avoir peut-être trop dit. J'en étais sûre, si il avait connaissance des plus sombres ténèbres de mon âme, il partirait. Si il ne le faisait pas, son opinion changerait. Pour le pire. Je ne voulais pas que ce que nous avions change. Je me savais parfaitement égoïste, mais je ne pouvais me résoudre à faire autrement. Du moins, pas autant que ce qu'il en espérait peut-être.


Je relève les yeux, plonge mon regard dans le sien et freine mon élan. Je m'apprête à lui servir une semi vérité, suffisamment révélatrice pour faire naître le doute en lui. Je voulais lui demander de me laisser la possibilité de taire certaine chose, si j'en ressentais le besoin. Ce serait des paroles déjà trop claires pour moi qui voulais les cacher. Et malgré mon envie d'aller en son sens, je ne parviens pas à aller à l'encontre de ce que je ne voulais pas. Je fini par détourner le regard et conclure sur une réponse plus vague que prévue.

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Comment avais-je pu douter à ce point, par le passé ? Les secondes défilent, ses gestes se succèdent, son regard me transperce et son intention, à mon égard, m'envahis. Quelles forces m'avaient empêché, à ce point, de voir l'essentiel jusque là ? Au fond de moi et faisant face à sa bienveillance, quelque chose se déchire d'une culpabilité à la nature incertaine. J'avais l'impression d'avoir fauté en le repoussant et de m'avoir blessé, indirectement, en me privant de sa présence. Tout de lui m'inspire la quiétude, l'altruisme et la compassion. Je n'étais sans doute pas aussi étrangère à cela, que ce que je voulais me forcer à croire et même si je n'estimais pas en être particulièrement digne, tout en lui, me poussait à le prendre.

Il m'attendrait, j'en suis convaincue. Et je le voulais, c'est certain. J'aurais souhaité lui dire, mais les sentiments qui m'envahissent serrent si fort ma gorge que je ne peux m'exprimer. En tout cas, par des mots. Ce n'était pas mon habitude, il le savait. Il s'en contentera, j'en suis persuadée.

Ma main sous la sienne se crispe sur sa cuisse et je m'avance vers lui, cueillir ses lèvres à nouveau. En un instant, mon corps glisse jusqu'au sien, s'enroule autour de lui. Mes bras enlacent ses épaules et mes cuisses capturent ses hanches. Notre baiser se renforce, se multiplie et s'intensifie. Et au delà de l'attirance physique, du profond désir, une émotion incontrôlable inonde mon esprit. Mes yeux clos s'humidifient et des larmes en jaillissent. Ce n'est pas de la tristesse, ni de la colère, je le sais. Je suis juste... Submergée.

Et ce flot d'émotion en entraîne d'autres. Il m'empresse. Je le veux, maintenant. Mes gestes n'en sont pas désordonnés, seulement, particulièrement prononcés en comparaison au passé. Même si, selon toute vraisemblance j'ai souvent manqué de délicatesse, ici il en était autrement. Mes mouvements sont mesurés, mais passionnés. Mon corps se comprime au sien, imprime quelques ondulations quand j'y pense. L'esprit trop décontenancé pour réagir comme d'habitude. Sans jamais rompre le lien de nos lèvres entre elles, si ce n'est pour respirer.

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Les battements de mon cœur s’accélèrent et entrainent avec eux l’intensité de ma respiration. Je me sens à la fois galvanisée et sur le point de perdre pied. Il imprime son corps sur le mien par ses bras m’enlaçant et un souffle presque gémissant m’échappe. La foudre d’Aer me traverse, ma peau me pique et ses mains qui la parcourent sont comme le ruissellement d’une eau chaude qui l’apaise.

L’instant où il délaisse mes lèvres me déchire et j’entends sa voix comme une écho lointain, tant mon sang tambourine dans ma tête. Je saisi ses mots, mais les accepte difficilement. Davantage tourmentée par de telles paroles que fière de les entendre, les traits de mon visage se crispent légèrement avant qu’il ne revienne à moi pour leur accorder un répit apaisant.

Je me délecte de ses doigts qui me dénude et fait de même avec lui, d’une avidité contenue avant d’observer un instant son corp nu. Je suis tiraillée. Je nourris autant le désir de faire durer le plaisir que de m’en saisir tout de suite. Je pourrais fondre sous ses mains et ses baisers qui pressent ma peau, tant ils attisent une flamme ravageuse qui m’enivre toujours un peu plus. Un peu plus ? Beaucoup plus. Sous chacun d’eux, une décharge m’inonde et comme appelé à lui, mon corps se délie pour en cueillir la suite.

Et finalement, le gémissement qu’il m’arrache en pressant sa main contre mon intimité me décide, en une fraction de seconde. Je perds beaucoup de lucidité, mes mâchoires se serrent et je n’ai qu’un désir, celui d’arracher les derniers tissus qui nous séparent, déplorant ma préférence pour un pantalon quand une longue jupe aurait été plus que bienvenue. Je me sens entravée et mon empressement prends le dessus sur le reste. Comme un petit parasite qui prendrait le contrôle de mon être.

Avec ardeur, je saisi la mâchoire de Saen avant de libérer ses lèvres des miennes. Un murmure que je ne peux rattraper m’échappe. ❝ Tu es à moi. ❞ Et mon esprit s’accélère. Mes démons me rattrapent. Mes gestes se hâtent. Je me libère de son étreinte pour finir de me dénuder avec empressement avant de l’enfourcher à nouveau. Dans le même élan, je le repousse pour l’allonger et ouvre son pantalon que j’empoigne et abaisse jusqu’à ses cuisses. Un sourire vicieux s’esquisse. Mon regard a perdu l’ancrage du sien tant mes vices ont la main mise. Je glisse et m’agenouille à sa hauteur, bien décidée à prendre ce qui m'appartient.

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Oui. Oui il est à moi et en cet instant, s’il m’avait retourné la question, ma réponse aurait fait l’écho de la sienne. Mais il ne le fait pas. Saen. Il n’est pas comme ça. Et de cette manière, toute particulière qu’il est, je le voulais pour moi tout entier et sans condition. Avec passion, je m’en délecte et conte par mes lèvres toute l’envie que j’ai de lui. L’envie que j’ai de m’offrir aussi.

Sa main se pose pourtant sur mon épaule et me stoppe malgré tout. Incertaine, je m’écarte et me redresse, le fixant avec interrogation un instant alors que je comprends rapidement de quoi il retourne. A genoux sur ses cuisses, nue face à lui, j’esquisse un large sourire, teinté d’amusement comme de compréhension. De fierté peut-être un peu aussi. Lui, à l’air perdu et gêné par les évènements alors, avec l’intention de le rassurer, je me penche lentement vers lui pour saisir ses lèvres avec les miennes, étouffant ainsi je l’espère, ses tourments pour lui murmurer chaudement quelques mots ensuite, en plongeant mon regard dans le sien. ❝  Ne t’en fais pas. ❞

Mes lèvres glissent ensuite au creux de son cou, sur le sillon de son torse puis vers son nombril, avant de descendre encore pour le couvrir de baiser moins empressés que l’instant d’avant. Mes doigts dansent, mes lèvres les accompagnent et après de longues secondes, je m’aperçois que son désir pour moi s’éveille à nouveau. M’attardant un instant, j’avais pourtant en tête d’en profiter plus pleinement, moi aussi.

Ma main se délasse au bout d’un temps et je me redresse à peine alors que je me déplace au-dessus de lui, tel un félin prêt à mordre ses lèvres. Un baiser langoureux, passionnée et d’une longue intensité. L’une de mes mains caresse glisse sur son bras jusqu’à entremêler ses doigts avec les miens, les guidant sur ma cuisse avant de conclure ce lien qui m’avait tant manqué, avec lui. Un profond et chaud soupire m’échappe alors que, de concert, je perpétue nos baisers, entamant cette danse langoureuse avec volupté et une pointe d’empressement qui, avec les secondes passant, finirait inévitablement par s’endiabler.