Finalement, il s'était assoupi sans le réaliser. La voix de Lagertha le tira hors de sa torpeur, alors que le ciel s'obombrait davantage, semblant épaissir la brume omniprésente. Maintenant qu'elle le soulignait, il avait une conscience plus fine de la froideur montante. Effectivement, mieux valait dormir à l'intérieur... Le jeune homme se redressa de toute sa hauteur, avant de saisir son barda, accorder une caresse à Eylun, puis emboîta le pas à la nordienne.
Une fois sur le pas de la porte de la demeure lui étant provisoirement attribuée, il resta interdit quelques instants. La pièce commençait progressivement à se réchauffer, grâce à la flambée mise en route depuis peu. Il se rapprocha de la douce chaleur émise par le brasier, puis s'affaira afin de s'installer. Il n'avait pas le désir de dormir aussi vite, ni dans un lit, au fond. C'est pourquoi il vint chercher de ses grandes mains le sac de couchage qui résidait dans son sac sans-fond, l'étala, puis étendit une couverture par dessus.
Cela fait, il prit le temps de réaliser une brève toilette, avec un broc d'eau claire mis à sa disposition, puis enfila des vêtements de rechange pour la nuit, afin de conserver pour demain ceux, encore propres, qu'il avait porté la journée.
Assis en tailleur sur son lit improvisé, il fixa l’ondoiement diapré de ses prunelles songeuses. Puis chassa la moindre réflexion inutile, tâchant de se focaliser sur la douceur présente et instantanée de la soirée. La porte de la petite maison était restée légèrement entrouverte. Un oubli du à sa distraction caractéristique.
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Tant de travail. La construction de leur chez-eux avance lentement mais sûrement. D'après les mots de Sig. Xion porte du bois, essentiellement. La plupart des pierres ne rentrent pas dans sa mâchoire. Et ses appendices ne possèdent pas la même force. Alors elle ramasse, achemine et pose les végétaux de ce renouveau. Un calme paisible, suite d'une sanglante conquête. Le noir pour le blanc.
Seule, la renarde s'ennuie. Autant aider, même sans obligation. Tout le monde le fait. En particulier le fils d'Ignis et celui d'Aer. Ce dernier a pris forme humaine. Quand il disparaît subitement, la renarde s'alerte. Elle lâche son tronc, qui rate de peu le pied de Lothar. Les grognements lui échappent. Son corps se tend. Lagertha a quitté le camp sans un mot, plus tôt. Est-elle en danger ?
Pourquoi appeler seulement le griffon ? Sa queue bat l'air avec inquiétude. Pas de questions, elle le sait. Si sa cheffe ne la prévient pas et ne requiert pas sa présence, c'est qu'elle n'a nul besoin d'elle. L'enfant divin est faible. Le Maître l'a confirmé. La réponse n'a pas changé.
Ses crocs se referment sur le matériau. Son regard lumineux demeure vissé sur l'entrée du village, au-delà de sa vision. Elle s'avance. Lothar se jette au sol pour éviter d'être renversé par l'arbre coupé. Nouveau râle. Elle ne s'arrête pas. Il faut la voix du grand poilu pour interrompre sa progression. L'homme débarque à sa hauteur en agitant les bras pour récupérer son attention.
Patte droite avant levée dans un mouvement presque digne, Xion l'observe avec étonnement. Une seconde. Ses pupilles dorées s'égarent déjà. Le rondin avec.
« Pose ça Xion s'il te plaît, ça ira. » Elle s'exécute docilement. Il soupire de soulagement, et l'observe un instant. « Ils vont revenir. Tiens, et si tu allais les attendre sur la place ? »
L'enfant d'Aqua pèse les mots compréhensifs du barbu. Oui, bonne idée. Son corps se dirige mollement jusqu'à l'endroit indiqué. Elle se couche au pied de l'arbre trônant au milieu. Et attend.
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Quelque soit le temps passé, il s'avère long quand enfin l'enfant céleste perce la brume. Il atterrit précautionneusement sur la grande place. Xion n'ose pas s'approcher. Un humain se trouve avec son élue. Son regard lumineux vérifie par dessus l'épaule de Sig qu'elle ne soit pas blessée. Rien. Mais la gêne de la jeune femme effleure sa psyché. L'étrange duo s'éclipse rapidement.
Sa queue remue l'air nerveusement. Lagertha ne ramène jamais personne. Pas de questions. La renarde piétine sur place. Un grondement vibre dans sa gorge. Elle se secoue et s'élance d'un bond. Retourner aider pour ne pas y penser. Oui, bonne idée.
Ͼ
Ils sont restés longtemps dans la maison de la cheffe de clan. Et l'humain plus encore dehors, en compagnie de sa bête. Aqua a depuis chassé Ignis du domaine d'Aer. L'homme s'éveille sous l'impulsion de son élue. Elle comprend. Sa voix berce telle une mélodie et peut guider n'importe où.
Xion l'observe disparaître à l'intérieur d'une bâtisse. Le travail fini, elle s'est roulé en boule dans un coin. Qui a changé plusieurs fois. Elle aurait pu jouer avec Hedda, mais celle-ci préfère le fils du feu maintenant. Peu importe. Elle attend qu'on ait besoin d'elle.
Pourtant son regard glisse sans cesse vers l'endroit où réside l'invité. Il est si différent des membres du clan. Il semble important. Personne ne lui parle. Est-il un ami ? Comme Rym. Va-t-il rester longtemps ? Il a laissé la porte entrouverte. Est-ce qu'il attend quelqu'un ? La chaleur va partir. Il semblait si calme, assoupi contre le variquan. Est-ce qu'il dort à présent ?
S'il dort, elle peut aller voir et satisfaire sa curiosité. Pas sûre que ce soit une bonne idée. Tant pis. La créature abyssale s'aventure jusqu'à la porte en bois. Elle renifle en silence. Son corps longiligne se faufile à travers l'interstice. Le battant grince. Elle s'immobilise, le postérieur toujours dehors.
Ses moustaches frémissent. L'inconnu ne dort pas, mais ne se retourne pas. La renarde demeure ainsi un moment. Elle craint de refaire du bruit en sortant, ou en finissant de rentrer. Ses yeux détaillent le dos de l'individu puis ses objets. Il y en a beaucoup. L'un, assez gros, attire son attention par son étrange forme bombée. Elle se rapproche inconsciemment.
Son pas feutré oublie ses deux cent kilos, le plancher un peu moins. Elle poursuit son avancée, absorbée par la matière fibreuse à quelques mètres. Son esprit focalisé ignore les flammes de l'âtre. Enfin son museau rencontre le mystère. Elle hume le sujet de ses interrogations. Ça sent la corde. Oups. L'humain la regarde. Silence.
Xion fait un bond en arrière, comme soudainement brûlée. La proximité du feu se rappelle vivement à ses sens. Son regard doré ne quitte pas le faciès humain pour autant. Il brille d'un éclat incertain, tantôt gêné tantôt méfiant. Elle ne devrait probablement pas se trouver ici. Mais est-ce grave qu'elle le soit ?
L'enfant d'Aqua s'assoit. Ses pattes avant piétinent brièvement le sol. Sa longue queue, semblable à une rivière figée, s'agite. Ses narines expirent lentement. Elle penche la tête sur le côté. La curiosité vainc finalement le reste.
Les variations d’incandescences dessinaient de mystérieux motifs à travers le corps de Svaarnelg alors qu’il déposait nonchallement la charge qu’on avait placée sur ses bois. Il n’avait pas fallu longtemps pour que la troupe de sa nouvelle maitresse adopte le cerf flamboyant et accepte de lui confier des tâches de construction.
Certes c’est un camp de guerre qui se forme, mais il est assez confiant sur le fait que Lagertha ne l’appellera pas au combat. Elle est d’ailleurs partie avec seulement Galifey si ses observations sont bonnes. Il n’aime pas voir Xion s’agiter et paniquer, mais les rares fois où il s’était rapproché, cela avait plutôt accuenté le comportement de l’autre invocation, aussi il gardait un œil, mais de loin. Il continuait son transport, répondant parfois aux gamins qui venaient piailler près de lui, voir en prendre quelques-uns sur son dos. Il était étonné de la désinvolture avec laquelle le peuple considérait les invocations maintenant. De ses derniers souvenirs, personne n’osait s’en approcher à part leurs maitres. Cela plaisait à Svaarnelg. Ils lui montraient du respect, mais sans lui vouer une vénération pompeuse, qui siérait mal à une créature faisant du travail de bat pour le moment.
La journée poursuivit son cours jusqu’à ce que l’énorme griffon atterrisse dans la place. Un peu d’agitation... Puis retour aux tâches lentes et progressives.
La nuit s’est installée et Svaarnelg en profite pour regarder les petits feux épars allumés un peu partout dans le camp. Il aurait adoré danser autour, les intensifier et courir de foyer en foyer pour répandre des braises. Mais sa maitresse lui avait interdit après un léger incident, personne ne comprenait la beauté d’un brasier ici.
Son pas léthargique s’interrompit lorsqu’il entendit un choc dans une bâtisse. Il n’avait pas encore intégré exactement qui était où, mais il se rapprocha et comme la porte était ouverte, il put entendre la conversation qui venait de s’entamer.
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Rang : Le Vagabond Crédit Avatar : Djamila Knopf Date d'inscription : 29/05/2018 Messages : 383Double Compte : Amko'Unn סּ Rymaïn סּ Braith סּ Eira Liens vers la fiche : . סּSaen Ninn ~ Drôle d'oiseau סּTribulations Envolées Métier : Explorateur & Vagabond Invocation(s) : Ashraï ♪ Tusàra ♪ Inventaire : סּCollier avec l'écaille
de Pru'ha סּLarge chapeau tressé
solidement ꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹꔹ ▼ Sac sans fond ▼ 1155 Ŧ.
Les fins grincements boisés laissaient l'homme indifférent. Trop absorbé qu'il était par le crépitement chaleureux de l'âtre sous son regard orangé. Saen demeurait d'un calme étonnant en bien des situations. Malgré des remous récents, il ne se sentait pas mal à l'aise en ces lieux. C'est pourquoi la présence inconnue ne l'interpellait guère avec surprise. Si ce n'est celle du plaisir d'un agréable imprévu.
Figé momentanément par le regard humain, le museau divin semblait respirer la paille tressée de son large chapeau un instant plus tôt. Un léger sourire ourla discrètement le coin des lèvres du gaillard assis. Ce dernier ne bougeait pas plus et conservait une attitude qu'il jugeait accueillante. Sans chasser l'être qui venait de pénétrer dans la petite maison.
Les prunelles détaillèrent avec un certain ravissement le miroitement bleuté des couleurs de l'enfant divin. Reflété par les flammes dansantes. Mais il n'eut pas le temps de poursuivre, car son invité bondi soudainement en arrière. Saen leva doucement la main, craignant lui avoir fait peur d'une façon ou l'autre, mais cela ne semblait pas être le cas. Finalement, son hôte pris place assise, l'observant avec assiduité. Et curiosité, peut-être? Cela l'amusait, il retrouvait là comportement similaire au sien.
Son timbre grave et bas répondit à cette question, simple et pourtant si complexe à la fois. "Je me nomme Saen." L'homme posa ses bras tendus derrière lui, reportant son regard vers le feu ondoyant. "Mais je ne suis pas certain de savoir qui je suis... Un être en quête de joie et de sérénité, sans doute." Son faciès obliqua partiellement en direction de la créature.
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Tout incite au calme chez cet humain. Sa main cherche l’apaisement. Sa position semble stable, simple, confortable même. Il lui fait penser à un rocher, immuable et capable de résister à tous les éléments. Sa voix grave confirme l’impression. Xion ne suit pas son regard vers l’âtre, elle ne le quitte pas des yeux. Cette réponse n’est pas celle attendue, mais la seconde partie fait sens. Plus que la plupart. Elle sonne presque comme une Tâche.
La première partie l’intrigue. Facile de savoir qui on est. Lui n’est pas certain. Etrange. “Saen” n’aurait pas de parent ? Les humains ne se définissent pas forcément ainsi, elle le sait. Le Maître par exemple, est un maître. Lagertha est une cheffe, une guerrière aussi. Galifey est doux. Le cerf est agaçant. Personne ne peut être “rien”. Ne pas en avoir conscience, oui, la renarde comprend la différence.
« Ça doit être dur de ne pas être certain. Je suis Xion. Je suis une enfant d’Aqua. Je suis faible. »
Aucun complexe n’étreint ses pensées. Elle énonce un fait. La créature abyssale se couche lentement. Sa nuque reste dressée, sa tête droite. La curiosité la tient en éveil. La méfiance sommeille. Elle a envie de poser une question. Si ce n’est pas lié à ses proches, elle peut se le permettre, non ? L’interrogation tourne en boucle dans son crâne, sans réponse. Autant demander.
« Est-ce que je peux poser une question ? »
L’assentiment de l’humain lui procure un certain contentement. Ce qu’elle fait n’est pas si mal, pas interdit ici. Elle formule dans sa tête avant d’ouvrir la gueule.
Alors que la déité prenait place confortablement, Saen nota le regard qui lui était accordé. Elle fixait ses prunelles sans détour, il lui rendit son attention, conservant un doux sourire. L'homme écoutait, ouvert à la discussion, comme toujours. Le propos vint chatouiller ses pensées, agréablement. Amenant une réflexion intéressante. Tout autant que la suivante, qui s'épanouissait dans la bouche de l'être divin, après qu'il ait acquiescé à sa requête.
Une amorce grave et basse, replaça le fil de l'échange. L'individu tâchait de ne pas égarer son vis-à-vis, soucieux d'être compréhensible. Depuis quelques temps, Saen avait davantage pris conscience de sa propension à tirer sur trop de fils simultanément lors de diverses conversations. Ici, il ferait plus attention. Ou du moins, essayerait. Il commença par la bienséance.
"Enchanté de te rencontrer, Xion." Puis, laissa de la place à d'autres rebondissements sur le reste de cette présentation reçue, au cœur de sa psyché. Plus tard, peut-être.
Son bras retrouvait déjà sa cuisse, alors qu'il détournait le regard vers l'âtre. Observer les flammes ne signifiait nullement qu'il se désintéressait de Xion ou de leur échange. Il était ainsi à l'aise, et conservait simplement cette position pour délier la suite de ses idées.
"C'est peut-être dur, parfois, oui. Mais... D'autres fois, non. Être certain, c'est posséder un ou plusieurs repères. Cela apporte une forme de sécurité indéniable. Cependant, j'aime aussi avoir la possibilité de me choisir. Me redéfinir, m'adapter." Calmement, laissant les mots s'imprégner dans l'atmosphère feutrée de la pièce, il poursuivit. "S'égarer, afin de créer de nouveaux repères, a quelque chose de grisant. Briser ses limites, les dépasser... Aller au delà, vers l'inconnu... C'est un sentiment qui me plaît beaucoup."
Il se tu. Laissant planer un doux silence. Sans réellement attendre de retour. Il n'était que partage. Après quelques minutes silencieuses, il ramena le sujet sur la question posée pus tôt. Avec cette même tranquillité.
"A mon sens, la joie, comme la sérénité, sont des émotions fortes et tranquilles. Elle véhiculent en moi une énergie qui m'apaise, mais m'enivre également. Celle-ci me porte, m'accompagne et colore mes actions, mes pensées, mes mots... Je ne sais si je suis vraiment clair à ce propos. Mais, sache qu'à mes yeux, ce sont là deux forces puissantes et positives. Dont il est agréable, tant de jouir que de les partager, voire les offrir."
Ce n'était pas simple, de poser des termes sur des ressentis. Probablement pas sa plus grande qualité. Cela importait peu cependant, les mots venaient du plus profond de son cœur, avec ses maladresses verbales, entiers, bruts. Donnés et reçus à la manière de chacun.
L'orange de ses iris côtoyait toujours ses jumelles dansantes et enflammées, lorsqu'il déposa simplement, et lentement, ceci.
"Y a t-il des joies, à tes yeux, qui pourraient transformer cette réalité d'être faible, que tu sembles porter à ton égard? Insuffler sur ce repère qui est tien, une énergie capable de de le dépasser, pour créer autre chose?"
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Xion ne le quitte pas des yeux, même quand son regard bascule sur l'âtre. Après tout, personne ne l'a identifié comme ami du clan. Certes, son entrevue privée avec Lagertha le qualifie de personne importante à ne pas tuer sans aval. Mais rien ne l'efface de la liste des potentiels ennemis. Quoique. Si sa cheffe le laisse se balader sans surveillance, il ne représente probablement pas une menace.
La tête de la renarde penche légèrement sur le côté. Les propos de l'humain lui échappent. Elle ne comprend pas, ou ne perçoit pas l'intérêt qu'il y trouve. Se définir, s'adapter, mais en fonction de qui, de quoi ? Briser ses limites semble… dangereux. Il ne blesse personne quand ça arrive ? En tant qu'un humain, ce doit être plus logique.
La réponse à sa question éclaire la brume. Certains points font sens, d'autres l'interrogent. En ayant de l'attention, de l'affection. Un acquiescement secoue lentement le museau bleu. La joie et la sérénité, des émotions, oui. L'ivresse de la joie. Que ce soit en compagnie d'Hedda ou de Lagertha, l'enfant d'Aqua la ressent en jouant. Le blanc. Ce n'est le chemin arpenté, mais celui qu'elles défendent. Le noir pour le blanc.
Ce serait une force ? Le visage carapacé valse subtilement de gauche à droite. Impossible. Sinon, elle ne serait pas faible. Elle pourrait protéger son élue de tout. Toute cette réflexion grignote la place prise par la méfiance. Xion ne prend pas conscience du silence tant ses pensées l'absorbent. À côté, la question posée appelle un retour évident. Sa voix neutre s'élève vivement, sans hésitation.
« La joie d'être forte. »
Les pupilles lumineuses fixent Saen. Peut-être qu'elle n'a pas compris. Est-il satisfait ou attend-il autre chose ? Et pourquoi regarde-t-il autant le feu ?
« Tu n'as pas peur ? »
Ses yeux font nerveusement l'aller retour entre l'âtre et lui.
Ah. La réponse qui vient est d'une telle évidence, que Saen reste silencieux en tournant ses prunelles, brillant d'un certain éclat, vers Xion. Cela le fait un rien sourire. Oui au fond, c'est une manière de transformer ce qu'on considère comme ses faiblesses. Ou, plus exactement... La faiblesse elle-même en terme de concept. Lui opposer celui d'être fort ou forte. Il rit légèrement. Puis reporte son regard sur l'âtre, et son esprit sur la question de l'enfant divin. Peur? Mmm... La divinité est aquatique, peut-être que les flammes l'effrayent?
"Non. Je trouve cela apaisant... Observer les flammes absorbe mes pensées. Ce qui est parfois un soulagement. Mais nous pouvons nous éloigner si tu n'aimes pas cette proximité."
Il joint le geste à la parole en se redressant, pour venir s'assoir un peu plus loin, tout en restant proche de la déité, qui a le loisir de reculer également maintenant. Songeur, il détaille à nouveau d'un œil admiratif les reflets bleutés, puis s'interroge.
"Tu es liée à Lagertha, n'est-ce pas? Comment te sens-tu auprès d'elle?" Sans vraiment réaliser qu'il superpose deux réalité probablement très différentes, Saen s'intéresse sincèrement à l'avis de la renarde abyssale. Si elle l'accompagne, son point de vue pourrait lui offrir un nouveau regard sur la jeune femme. Car en cet instant, Saen demeure perplexe, perdu sans doute... Malgré les affirmations et choix posés plus tôt dans la journée.
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Pourquoi rit-il ? Sa réponse l'amuse ? Qu'y'a-t-il de drôle à vouloir être forte ? C'est normal non, si on est faible ? Elle veut juste être capable de protéger son élue. Peut-être que le noir sera assez vif un jour pour y arriver seul. Une moue légèrement vexée pousse ses lèvres vers l'avant. Son visage vient se poser sur ses pattes avant. Ainsi de biais, l'âtre n'arrive qu'au bout de son champ de vision.
Comment peut-il trouver ce spectacle apaisant ? Ça se voit qu'il n'a pas connu leur colère ardente. Un soupir manque de traverser ses narines. La fille d'Aqua le rabroue en entendant sa proposition. Quelque chose râcle sa gorge. Elle crache. Le filet d'eau magique éteint sans mal le feu.
« Voilà. »
Il s'était levé. Tant pis. La disparition de cette manifestation d'Ignis lui procure une profonde satisfaction. Ses moustaches vibrent sensiblement. La totalité de son attention revient à l'étranger. Ses iris bruns, où brille une subtile teinte orangée, la fixent étrangement. La gêne pointe le bout de son nez. Puis s'évanouit sous l'explosion de joie allumée par une telle demande.
« Oui ! » Xion se lève pour s'asseoir plus près de Saen. « Elle est mon élue. » Elle reprend sa position couchée, buste droit, tête haute. Sa queue s'agite vivement.
« Je me sens très bien près d'elle. Et souvent mal quand elle est loin. Je ressens ce qu'elle ressent. Mais je suis surtout contente d'être à ses côtés. »
Son museau dodeline au fil des mots. Sa voix sautille gaiement. Comme si elle sautait d'un courant à l'autre. La sensation s'avère très agréable. Elle est à l'aise. Elle pourrait parler de Lagertha durant des heures.
« Je me sens moins engloutie par ce monde, quand elle est là. Son cœur est le plus fort que j'aie vu ! Assez pour illuminer mes profondeurs. Et redonner de la couleur aux choses. »
Heureuse, elle enchaîne, emplie d'une curiosité débridée.
Sans plus tergiverser, l'enfant d'Aqua crache un filet d'eau sur le petit foyer qui s'éteint subitement. Saen observe un instant l'âtre, crépiter brièvement de bois mouillé. Puis éclate de rire. "Ah ah ah! Simple et efficace. Tu as bien fait !" Evidemment, qu'il va finir par mourir de froid dans une ou deux heures. Evidemment, qu'il préfère ne pas rallumer le brasier par crainte de contrarier et effrayer Xion. Saen, bonjour.
La réponse le tire aussitôt de ses réflexions -comme mourir de froid- sans intérêt. L'intonation et le plaisir palpable dans le timbre de la divinité lui procure une toute nouvelle forme de chaleur. Elle l'envahit progressivement, il se sent étreint... Par une caresse aussi brûlante que le sable qui s'est gorgé des rayons d'Ignis toute la journée...
Son regard soudain se perd en des lieux autres, il s'ébroue le fief en fermant les yeux, afin de se recentrer sur Xion. Une lueur de mélancolie et d'incertitude voile un bref instant son regard. Mais ses traits récupèrent rapidement la joie qui lui fait face, un fin sourire habille son faciès bêtement heureux. Au fond, le souvenir lui offre également une joie particulière, dès qu'il en occulte toute autre attache.
Un élan empathique bien plus démesuré qu'à l'accoutumé gagne ses sens. D'esprit, comme de corps. 'Je me sens très bien près d'elle. Et souvent mal quand elle est loin.' Le constat personnel l'atterre. Comme s'il n'avait jamais réellement saisi une telle évidence. Cloîtrée quelque part, avec bien d'autres, assurément. Et s'il ne peut s'empêcher d'éprouver un bonheur certain à l'écoute de l'enfant divine, il se sent étrange et... Distant vis à vis de lui-même.
Sans qu'elle ne lui laisse le temps d'une réponse, une question étrange tombe dans la pièce.
"Ah!" Un rien dubitatif, voire perplexe, Saen analyse la question. Le contexte. Les liens. Il ne comprend pas. Un ami de Lagertha? Un ami "en soi"? Hésitant, il frotte sa fine barbe en levant les yeux au plafond.
"Je ne sais pas exactement... Je n'ai pas vraiment d'ami. Mais je peux en être un, il me semble! Quoi qu'il en soit, je suis heureux de te savoir aussi bien en compagnie de Lagertha. J'ai éprouvé la même chose." Est-ce encore le cas? Il enfoui cette pensée.
Un peu triste à l'idée de ce monde qui semble dévorant, il ajoute, le ton empli d'optimisme. "J'espère que tu croiseras d'autres personnes capables de colorer ton monde, afin de connaître la joie même lorsque ta liée n'est guère présente."
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Les magnifiques reflets aqueux ondulent sur l’étrange crin bleu nuit. Au gré des mots, ce dernier navigue sur le plancher. En face, l’homme semble se perdre volontairement. De vagues émotions défilent sur son visage. Ses yeux s’illuminent de temps à autre. Xion ne parvient à les déceler malgré son intérêt. Ses sens captent presque exclusivement celles de son élue.
L’intrigante réponse déclenche un flot de réactions diverses. Sous sa fine carapace, les pensées de la renarde se tordent de confusion. Elle ne comprend pas ce qu’il veut dire. Impossible d’éprouver la même chose, il n’est pas elle. S’il ressent toutefois semblables sentiments, ça ne lui plaît pas. Pourquoi au passé ? Qu’éprouve-t-il pour son élue à présent ?
L’espoir dans sa voix perce l’esprit de l’enfant d’Aqua. Aussitôt, l’image de Rym s’impose. Elle peut parfois lire son visage, sa gestuelle, et ressentir plus aisément en sa compagnie. « Oui ! » La joie noie à nouveau le reste. « J’en connais une ! Elle est très gentille. Elle aide les autres et tient toujours ses promesses. » Il lui tarde de la revoir, de passer plus de temps avec elle. La jeune femme avait une tâche à lui confier. Elle s’en montrera digne. Aucun doute ne la saisit sur le sujet.
Le barrage temporaire s’effondre sous le fleuve d’interrogations. Si la présence de Saen ne la dérange nullement, elle ne parvient à l’identifier. Lui-même en semble incapable. Cela lui pose problème. Son ton reste curieux et innocent.
« Tu n’as pas d’ami. Du coup Lagertha n’est pas ton amie. Elle est ta famille ? Tu fais partie du clan ? »
Saen semble saisir... Un bref et indéterminable moment de flottement? Il ignore la nature exacte de cet interlude, si fugitif, entre deux expressions empreintes d'une joie similaire. La réponse qui fuse, tout aussi enjouée que la précédente, l'apaise. Ou plus exactement, le réjoui. Oui, l'enfant divin diffuse une simple allégresse dont il s'imprègne avec plaisir.
"Alors, c'est bien ainsi. Il faut garder cette belle âme dans ton cœur autant que tu le peux." Oui. Même lorsqu'ils ne sont guère présents, les êtres qui nous touchent peuvent agir. Leur pensée est réconfort ou ravissement, chaleur ou sérénité... Les déclinaisons sont multiples et liées.
L'homme repose ses mains sur ses genoux, toujours assis en tailleur, il demeure pensif quant à cette dernière interrogation. Dont il ignore quoi faire exactement. Comment... L'interpréter? Peut-être sans se poser davantage de question. C'est probablement là sa meilleure arme en bien des circonstances. Il sort de son mutisme momentané, le regard posé sur le sol devant lui. Sa voix calme se délie, profonde, avec un écho empreint de tendresse.
"J'ignore quel lien nous unit encore. Mais j'éprouve une profonde affection à son égard. J'apprécie sa compagnie. Je la respecte et l'admire en tant qu'être singulier, aussi. Lagertha m'est... Infiniment précieuse. C'est là tout ce que je sais."
Le clan... La famille... Des termes qui résonnent en fond et en boucle sans qu'il ne le désire réellement. Il chasse ces pensées. Saen n'a plus vraiment de famille, de clan. Il connaît néanmoins des personnes qu'il aime et dont la présence l'enchante, chacune à leur manière. "Elle m'a offert... Une part de moi-même dont j'ignorais l'existence. Une découverte qui n'a pris forme qu'en passant par la sienne."
Un fin soupir, mêlé d'une étrange sérénité s'échappe de ses lèvres. Que demander de plus? Pourquoi vouloir plus? N'a-t-il pas déjà reçu bien trop, ainsi? Sans aucun doute. Oui.
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Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
Question à peine posée, l’enfant d’Aqua se redresse. Son corps longiligne s’approche de l’étranger. Elle renifle ses frusques, sa peau, en restant à un demi-mètre de lui. Une information lui a peut-être échappé. L’humidité de la plaine brumeuse, l’odeur de paille, celle du variquan, et l’effluve complexe de son élue. Rien de nouveau.
Pas d’essence divine surtout. Du moins, à sa perception. Il n’est pas impossible qu'un autre demi-dieu ait été délivré sans qu'elle soit au courant. Peut-être un d’Ignis encore. Un plus puissant que l’ongulé aux grands bois. Après tout, combien d’épreuves a-t-elle passé depuis sa propre libération ?
Infiniment précieuse. Xion se fige. L’écho se répercute dans les abysses. Après la bataille visant à gagner leur nouveau foyer, Lagertha lui a offert ces mots. Cette tendresse. Son affection. Une démonstration similaire. Un voile assombrit ses pupilles lumineuses. Elle se recule pour observer l’homme dans son ensemble. Puis s’assoit. Sa respiration s’allonge discrètement.
Il ne sait pas. Ni clan, ni famille, ni ami. Cela ne laisse guère d’options. Mais il se tient ici sans chaînes. Et, comme elle, sans informations. Elle se souvient de la gêne de sa cheffe, à leur retour. Pourquoi a-t-elle ressenti ça si elle éprouve les mêmes sentiments que lui ? La méfiance alourdit son souffle. Est-il une menace dont l’humaine n’ose se défaire ?
Sa gorge s’assèche. La renarde se lèche les babines. Une découverte qui n'a pris forme qu'en passant par la sienne. À l’image d’un reflet. Son cœur se serre. Un petit couinement lui échappe. Comment est-ce possible ? A-t-il passé son épreuve ? Fait-il partie de ses souvenirs perdus ? Il est lié à sa guerrière d’une manière qui lui échappe. Pourquoi ? Comment ? Leur lien doit-il être priorisé ? Pourquoi n’a-t-elle jamais entendu parler de ce Saen ? Un grondement sourde dans tout son être. Qu’est-ce que Lagertha lui cache encore ?
Xion s’avance, menaçante. Ses lèvres retroussées dévoilent ses crocs acérés.
Laissant Saen se reposer au creux de la chaleur relative de nos maisons, j'imaginais que je serais apaisée et que je pourrais m'offrir le luxe de dormir. Il n'en était rien. Les minutes défilent, peut-être même les heures, sans que je ne parvienne à trouver le sommeil. La réapparition du vagabond embrume mon esprit à l'image des plaines. Éveillée, je ne cesse d'y réfléchir et sonder les raisons de mon tracas. Seule dans mon lit, je me tourne et me retourne sans y parvenir. Sur le dos, je lève mon bras et scrute le tissu jaunis autour de mon poignet. Voilà longtemps que je ne l'avais fais. Est-ce que je l'avais simplement oublié ?
Un grondement amer bourdonne dans ma gorge. J'avais un certain nombre de raison qui pourrait le justifier pourtant, je ne m'en satisfait pas. Et pourquoi cherchais-je à m'en accommoder de toute manière ? Finalement, comme les rares fois où j'avais focalisé mon attention sur ce petit bout de tissu, l'effet récolté se révèle à l'opposé de celui escompté. Le balayant de ma vue, mon bras s'échoue lourdement sur les draps. Je fixe le plafond et écoute le silence alors que mes pensées voguent vers les souvenirs de ces courtes retrouvailles et des autres avant cela. Ses mots résonnent. Pourquoi est-il encore là ? Pourquoi est-ce qu'il reste malgré mes efforts pour l'éloigner ? Moi qui n'accorde que de rares réponses à ses questions, préférant moi-même éviter d'y penser.
Est-ce que cela me va ainsi ? Laisser de côté cette « chose » qui nous lie, pour éviter de m'y confronter ? Ce sont mes habitudes oui. Mais le mérite-il ? Aaah... Il n'y avait vraiment que la présence de Saen pour me forcer à autant d'introspection et m'imposer la nette impression que seule, je n'arriverais à rien de bon. Il n'était d'ailleurs pas le seul à me tourmenter. Il y avait le Démon et mes propres agissements récents. S'ils s'accordaient avec l'Ombre, ce ne seraient sans doute pas le cas avec le vagabond. Est-ce que ça suffirait à lui faire entendre raison ?
Ah fais chier ! Je me redresse et m'assois sur le rebord du lit. Emprisonnant mes tempes avec mes paumes, je les retiens d'exploser. Crachant l'amertume dans un long soupire, je me redresse, enfile mes bottes et traverse les pièces. J'attrape la longue cape de fourrure installée sur le dossier d'une des chaises et quitte la maison qui était la mienne. De longue enjambées me font traverser le pont, puis le village. La brume y est plus épaisse la nuit, mais les quelques torches allumées suffisent à m'orienter.
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, me voilà devant la porte derrière laquelle devrait être Saen, à quelques mètres. Elle est entrouverte et aucune lumière ne s'en échappe. Bien la peine de lui offrir un toit si c'est pour laisser toute la chaleur s'en échapper. Immobile, l'espace de quelques secondes, j'hésite à me raviser. Et puis finalement, le son de deux voix m'interpellent. Les traits interrogatifs, je crois reconnaître celle de Xion et à y regarder de plus près, il me semble discerner ses lueurs.
Que fait-elle là ? Suffisamment interloquée et oubliant presque la raison de ma venue, je m'avance et ouvre le porte dans un grincement distinct. Face à moi alors, une scène improbable. Mon regard saute de Saen à Xion, la mine interdite.
❝ Xion ! Arrêtes ! Qu'est-ce que tu fais ? ❞
A peine entrée, le spectacle m'horrifie. Mon cœur bat à tout rompre et mon sang bouillonne d'une irritation que je ne parviens pas à cerner. Mes paupières clignent frénétiquement, me pensant dans un rêve. Ou plutôt un cauchemar. La compréhension m'échappe et la frustration enfle dans mes tempes, me forçant à l'immobilisme.
La divine créature s'est redressée, elle s'approche et commence à sentir son odeur. Immuable, le vagabond la laisse faire. Comme bien souvent, Saen éprouve des difficultés à percevoir ce qui anime l'être en sa compagnie. Pourtant, nulle crainte ne l'habite. Peut-être la renarde cherche-t-elle des informations qui ne lui sont autrement accessibles? Ou peut-être qu'il pue? C'est vrai qu'il ne s'est pas vraiment décrassé depuis leur dernier bivouac dans la Plaine. La rencontre, totalement imprévue, de la nordienne, a changé le cours des choses.
Xion s'immobilises tandis qu'il parle. Dans l'obscurité désormais présente, c'est avec une aisance désagréable qu'il semble percevoir une ombre obscurcir le regard doré. Saen hésite, son comportement ou ses propos sont-ils inadéquats? La déité s'est rassise, après avoir reculé un rien. Malheureusement, porté par sa lancée, il achève néanmoins d'exprimer son ressenti.
Le couinement de la créature lui vrille les tympans. Le son, pourtant assez bas, s'amplifie par le doute qui a saisit l'homme. Abîmant ses barrières mentales, fragilisant les murs qui le protègent des agressions sensorielles. Il n'est pas stupide, quelque chose cloche. Et c'est sa responsabilité, à l'évidence. Mal à l'aise, il entrouvre la bouche, mais l'enfant d'Aqua réagit plus vite. Un grondement sourd résonne, tandis qu'elle s'avance, la menace planant sur ses traits. Ok. Il a définitivement fait une connerie. Laquelle? Son cerveau tourne, afin de chercher une solution, une origine, un apaisement...?
La question répond à toutes les siennes. Quel idiot! Bien sûr! Mais la résolution lui échappe de nouveau. Un grincement dans son dos l'alerte, la silhouette qui se découpe dans l'encadrement lui est familière. La voix fuse avant même qu'il ne puisse réagir. Et Xion se stoppe aussitôt.
Saen se redresse, levant en douceur les bras, écartés, tâchant d'inciter chacun au calme. "Ce n'est rien Lagertha, c'est ma faute. Je n'ai probablement pas... Été suffisamment clair dans mes propos." Le regard orangé se porte sur les prunelles faites d'ambre, avec douceur, un air désolé sur le visage. "Pardonnes-moi."
L'attention de Saen retourne à la guerrière, sa voix demeure bienveillante, tachant de n'heurter personne. "Tu peux lever ton ordre Lagertha, ne la restreint pas à cause de moi, elle n'y est pour rien."
L'homme baisse doucement les bras et se rassied. Il s'adresse à nouveau à Xion, avec calme.
"Accepterais-tu de m'expliquer ce qui t'as dérangé? Je ne voulais pas te heurter. Sache que je ne te souhaite aucun mal, ni à toi, ni à Lagertha. Mais... Les mots, les conversations, ce n'est pas ma spécialité. Parfois je suis maladroit. Comment pourrais-je me rattraper? Te rassurer?"
Il oblique brièvement du fief vers la nordienne. Lui présente sa paume ouverte, afin de l'inciter à approcher. Espérant également son assentiment pour une discussion plus ouverte. Peut-être pourrait-elle l'aider également? Sa liée lui est proche, et Lagertha doit sans doute mieux cerner que quiconque les composantes de l'enfant divin...
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Le grincement du bois produit un frisson désagréable dans le corps de la renarde. Il se contracte. Sa crête osseuse se dresse de plus belle. Elle paraît plus menaçante encore. Le grognement s’interrompt. Ses lèvres tremblent nerveusement. Ses pupilles dorées fixent l’ouverture. Lagertha en émerge. Une seconde s’éteint en silence.
L’ordre fuse. L’entièreté de son être se fige. L’étau divin l’ancre sur place et l’enserre dans une immobilité parfaite. Elle ne comprend pas. La situation lui échappe, cette réaction aussi. La frustration monte en parallèle, accroche ses griffes sur l’échelle de l’ignorance. La sensation d’horreur se répercute sur sa psyché.
Xion ne fait plus de bruit. Les pensées s’égrainent à peine saisies. Tout est arrêté. Son regard saute d’un point à l’autre. Sa respiration se raccourcit. Les émotions naissent mais ne s'expriment qu'à demi, étouffées. Tout le système ne s’accorde pas. C’est la première fois. Elle ne l’a jamais ressenti comme ça. Sa volonté reflète toujours celle de son élue. Non ? La panique émerge.
Mon regard paniqué suit la levée de Saen. Sa faute ? Est-ce qu'il croit que j'estime Xion responsable ? Mes yeux glissent sur ses elle, maintenant teintés d'un éclat à part, difficile à cerner. Est-ce que je le croyais ? La question ne s'était pas posée, la seule chose qui m'avait assaillit était le risque qu'elle s'attaque à lui. C'est d'ailleurs pour cela que... Je m'immobilise, pétrifiée et le souffle court.
❝ Je ne... ❞
Voulais pas lui donner un ordre. Pourtant, j'avais déjà fais l'erreur de la contraindre par le passé. Et la réaction de Saen me forçait à l'évidence que ce devait être dans mes habitudes puisque là encore, la teneur de mes propos m'avait échappé.
Mon cœur bat à tout rompre et à nouveau mes yeux voguent entre Xion et Saen. Mes paupières papillonnent et un goût amer perle dans ma gorge. L'émotion précédente, aussi soudaine que celle-ci, m'attire dans des profondeurs au fond desquelles j'ai la sensation de me noyer. J'entre ouvre finalement les lèvres pour laisser passer l'oxygène, au risque d'en oublier de respirer. La main et la voix de Saen attirent mon attention et m'invite à prendre une profonde et silencieuse inspiration par le nez. L'air sensiblement en souffrance, mes yeux plongent dans ceux de ma fille d'Aqua.
❝ Libère toi de cet ordre Xion, je n'aurais pas dû te le donner. ❞
Presque honteuse, je fais au mieux pour le cacher . Je demeure stationnée debout, à les observer en silence malgré l'envie de prendre la main de Saen sans l'assouvir. Finalement, je me décide à les rejoindre discrètement alors que leur conversation s'ouvre, m'agenouillant à bonne distance.
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Enfin libérée des chaînes du Pacte. La tension retombe seulement en partie. L'homme a dit que c'était de sa faute. Son visage carapacé pivote vers lui. Vraiment ? Les eaux s'agitent. Les pupilles lumineuses s'ancrent au port habituel. Lagertha s'excuse. Elle attend. Rien.
Saen a parlé. Beaucoup. Il s'excuse, veut comprendre. L'attention qu'il lui porte est grande. Peut-être appréciée. Mais ne l'intéresse pas. Son élue s'installe en silence. Pourquoi est-ce lui qui veut discuter et la rassurer ? Est-il le nouveau Maître ? Faut-il également se plier à sa volonté ? Elle ne sait pas. Personne ne lui indique la marche à suivre.
Xion veut grogner. Ses cordes vocales semblent s'être nouées. Impossible de produire un autre son. Elle n'a probablement pas le droit d'exprimer ça.
La rage monte. Pas la magique. Ou peut-être. Quelle différence ? Elle darde son regard sur l'humain. L'animosité crépite. Pas à son égard, plus vraiment. Il n'est probablement pas un ennemi puisque Lagertha le protège. Une réaction simple répond à ses demandes. « Non. » Son timbre se montre froid mais guère virulent.
Elle n'a rien à faire là. Sa queue fouette l'air. La renarde bondit vers la sortie. Sa Mère saura la réconforter. Une fois dehors, elle s'élance à toute vitesse et gagne rapidement l'enceinte sud du village. Un guetteur l'interpelle, captant son intention manifeste de partir. "Xion ! Attends, où est-ce que..." Elle l'ignore. Son essence résonne avec la terre gorgée d'eau. Celle-ci la propulse avec force. Elle saute par dessus le mur avec aisance.
L'enfant d'Aqua s'immerge dans la Rivebrume. La fraîcheur caresse ses sens. Elle s'abandonne au courant, qui la porte lentement vers l'océan. Puis elle se laisse tomber au fond, indifférente à la faune locale. Par chance, ils l'ignoreront. Le cas échéant n'a pas d'importance.
Si le calme semble revenu, l'atmosphère demeure pesante. Lagertha dénoue le fers invisibles, Xion reste statique. Elle l'a écouté... A priori. Qu'en pense-t-elle? Son regard est empreint d'un sombre sentiment, aux contours flous. L'agressivité est nettement moins palpable cependant, elle se dissipe doucement.
La renarde abyssale répond. Avec simplicité mais sincérité. Soit, c'est là son droit. Saen comprend, même s'il regrette ne pouvoir agir davantage... Ou dire? Pour apaiser. L'absence soudaine accapare l'attention de la nordienne, qui les avait rejoint, encline à partager avec eux. Le jeune homme se redresse lentement, l'interpelle de sa voix douce et profonde.
"Elle a peut-être besoin de solitude. Accordes-lui l'espace nécessaire, elle reviendra." Pourquoi, en cet instant, sa pensée se profile aussi clairement? Il ne connaît rien de leur lien et de leur relation. Si ce ne sont les couleurs offertes par Xion quelques instants plus tôt. Des instants plus joyeux. Oui, c'est pour cela. Il n'a pas à douter. Elle tient à sa liée, même si leur lien paraît bien plus complexe qu'on ne pourrait le croire. Comme tout lien entre deux êtres, sûrement? Un sourire presque imperceptible habille ses lèvres.
Saen s'affaire auprès de son sac, se repérant dans l'obscurité, maintenant que ses yeux s'y sont accommodé. "Tu peux venir t'installer auprès de moi, si tu le souhaites. J'essayerais de t'expliquer."
Il retire une fiole bien protégée et solidement fermée, aux teintes oranges, puis ôte les bûches humides de l'âtre, afin d'y replacer des sèches. D'un geste, il ouvre la fiole et déverse un peu de son contenant, une poudre très inflammable. Une pierre à briquet dans sa main, une fois la poudre rangée, il l'embrase d'un geste. Des fines flammes crépitent, dévorent les petits bois placés sous le tas plus imposant. Rapidement, le cœur du foyer s'enflamme.
Son visage hâlé se tourne vers la jeune femme, aux traits un rien marqués. Les ombres dansent agréablement sur sa peau claire, Saen étire un fin sourire, l'invitant à s'asseoir. Au sol, toujours présents, l'épaisse couverture et le sac de couchage sorti plus tôt. Il s'y installe en tailleur. Patient. Il ne veut pas la forcer et ignore si sa venue le concernait lui, ou Xion.
"Nous pouvons aussi rester au calme, le silence a autant sa place ici, si tu préfères." Les flammes répandent une douce chaleur, dans la pièce précédemment rafraîchie par la porte laissée entrouverte et la mort du feu.
La honte me submerge et m'impose le silence en l'attente de leur conversation. De laquelle je voulais être spectatrice, simplement. Pourquoi ? Lagertha, tu n'es plus une enfant qu'on réprimande et qui doit attendre sagement que ses parents négocient ton sort. Quelle pensée étrange. A la fois culpabilisante et profondément puérile. Depuis quand je fuis ainsi mes responsabilités à l'égard de Xion ?
Peu de temps pour chercher une réponse, la sienne me glace le sang. Non. Simple, efficace et si difficile. Un souffle court s'échappe de mes poumons, comme après avoir essuyé un coup en plein estomac. Mon sang se glace et je la fixe, immobile, sans parvenir à produire le moindre son. Elle s'échappe et d'instinct, je la poursuis d'un bon.
Prête à passer l'encadrement de la porte, la voix de Saen m'immobilise. Besoin de solitude. Pourquoi suis-je incapable de l'accepter alors que j'en étais la reine ? A nouveau, j'avale ma salive pleine d'amertume et je sens gonfler dans mes veines une crispation criante. Dos à Saen, il ne voit pas mes babines se retrousser, mes crocs se dévoiler. Mes poings se serrer peut-être et mon dos se voûter légèrement sûrement. J'essaye de comprimer quelque chose, l'empêcher de se manifester, sans savoir quoi.
J'entends Saen s'affairer et m'inviter à le rejoindre mais pour l'instant, j'en suis incapable. Je ne peux lui offrir ce visage crispé par l'émotion douloureuse qui me submerge. Incapable de m'exprimer, de comprendre. Avais-je seulement essayé ? Depuis longtemps je sais avoir des difficultés avec Xion, mais jamais je n'ai réellement cherché à les résoudre. Par peur de m'y confronter sûrement, comme souvent. Plus le temps passe et plus je me renferme. Ceux à qui je crois pouvoir m'ouvrir m'abandonnent. Ou sont chassés.
Cette fine pensée à l'égard du vagabond me ramène à une surface relative. Une petite bouffée d'oxygène que je m'autorise, même avec la culpabilité qui me ronge. Je me redresse lentement et fixe l'horizon, sombre et brumeux, dans lequel s'est évaporé Xion depuis longtemps. Un souvenir apparaît, celui dans sa cellule. Et je capitule. Il a sans doute raison.
Je me détourne lentement et lui fais face, arborant difficilement des traits moins tiraillés que l'instant d'avant. Je ne partage pas son regard et plonge le mien directement dans les flammes qu'il vient d'allumer. D'autres souvenirs remontent, bien plus récents. Je ferme ma main tuméfiée avant de fermer la porte de l'autre. Le silence m'est pesant. Il s'allège quand la voix de Saen le rompt.
❝ Le silence laisse trop de place au tourment. ❞
Ma voix est étouffée, s'éteint dans un soupir. Debout, immobile et le regard bas vers le feu, je ne sais plus quoi dire ni quoi faire. Je sens mon esprit à la fois lourd et vaporeux. Impalpable. Durant quelques secondes du silence que je venais de refuser à demi-mot, je me perds dans la danse incandescente. Du calme. Peut-être que j'en ai besoin finalement. Les événements se sont enchaînés si rapidement. J'avais atteint mon objectif, mais à quel prix ?
Mes traits se fondent en une mine morne et sombre. Finalement, mes yeux se relèvent vers Saen de qui je n'estimais plus mériter grand chose. Pour plusieurs raisons. Une fois encore, une profonde envie de l'inviter à s'éloigner me tord les entrailles et de mon regard à son encontre transparaît la supplique de ne pas me laisser. Tiraillée de toute part, moi, j'ai envie d'abandonner.
Une émotion me submerge. Je l'empêche de jaillir en fermant les yeux, détournant sensiblement le visage vers le bas avant d'en fixer le vide. C'est cela, que je mérite. Et de ce vide nait un fin soupir et une voix souffrante.
❝ Tu ne me dois rien. Ni explication, ni compagnie. ❞
Plaine Brumeuse, Harask ¤ Ignis, an 59 Saen & Lagertha
Aux rives de son horizon, malgré qu'il se soit mis en mouvement, il perçoit la silhouette demeurée dans l'encadrement. Un regard momentané lui octroie quelques bribes qui parcourent ou dévoilent l'état émotionnel possible de Lagertha. Comme toujours, l'interprétation de ce type de chose ne lui est guère aisée. Mais il n'est point indifférent à l'intensité négative qui crispe la poigne d'une main, ou courbe le dos d'un être. Sans contours définis, il peut néanmoins saisir la douleur, quelle que soit ses nuances.
Ses propres traits se crispent à cette captation, peut-il seulement faire quelque chose pour elle? Il aspire tant à aider, mais ne possède aucune arme, juste lui-même. Et tandis que les lueurs dansent sur son profil détourné, il peut voir la jeune femme quitter cet espace fixe et lourd qui la maintien loin de lui. Un fin sourire accueille ce regard fuyant et cherchant l'âtre chaleureuse. Son visage, qu'il perçoit mal depuis sa position, se devine aussi peu éclairé en dedans qu'en dehors. Elle fait écho à la proposition qu'il lui soumet alors.
Le timbre de sa voix s'éteint. Et l'estomac du vagabond se serre, son cors se gorge des émotions qui émanent de la nordienne, bien qu'elle tente au mieux de ne pas les exposer. Le silence fuit, s'étire pourtant dans la pièce. Il n'ose brider la jeune femme, avec des mots maladroits. Ses prunelles orangées trouvent enfin celles de Lagertha. Quelque chose dans ce regard l'appelle, il ne comprend pas comment ou pourquoi, mais, pour la première fois, il sait ce qu'il perçoit. Finalement, elle quitte son faciès, et ses yeux fixent le plancher.
La douleur qui s'échappe de ses mots le transperce. Mais c'est d'une voix calme et profonde que l'homme dépose dans le silence, avant qu'il ne reprenne plus de place, une réponse. "Il ne s'agit guère de les devoir, à mon sens. Cependant, j'aimerai te les offrir, si tu le souhaites?" Une porte ouverte. Simplement là, qu'elle peut saisir si le cœur lui en dit, Saen ne la forcera jamais d'aucune façon.
Il se redresse, et s'approche lentement. "Je suis là." Sa main, à moitié refermée, se glisse sous le menton de la guerrière farouche. Il y imprime un doux mouvement, afin de retrouver les teintes brunes de son regard, pour y plonger le sien. Dans un souffle, il murmure une réalité. Une certitude, ancrée depuis leur première rencontre. Il le pensait à cet instant qui semble si lointain et si proche à la fois. Il le pensera toujours. "Je ne partirai jamais complètement, Lagertha."
Ses paroles enserrent mon cœur et comprime mon estomac. Est-ce que je souhaites ces cadeaux, de sa part ? Certainement. Mais comme l'enfant que j'étais il y a un instant, je culpabiliserais de voler une récompense que je ne mérite pas. Quelle idiotie. Je n'avais rien fais pour Saen, je ne lui avais rien offert qui justifierait le moindre présent. Au contraire. Mon fief se secoue à peine, en signe de négation évoquant tout le doute qui me submerge en l'instant.
Et pourtant... Le froid me mord, le trouble me foudroie et c'est bien la douce flamme d'Ignis qui enveloppe mon âme quand j'entends ces mots. « Je suis là. » Ils résonnent, me pétrifient. Avais-je bien entendu ? Ou mon esprit me joue des tours ? La chaleur de ses doigts s'imprime sur ma peau, se propage et m'invite à rejoindre son regard. Ses paroles sonnent, bondissent dans ma poitrine et à nouveau, l'émotion gagne mes iris. Mes yeux brillent, rien ne coule. Pourquoi tant de tourment pour si peu de mot ? Les questions me submergent alors. Pourquoi ? En quel honneur ? Est-ce qu'il le souhaite ? Qu'est-ce que cela veut dire ? Pour lui ? Mon regard se perds dans le sien et les questions se multiplient.
L'incertitude, à nouveau me gagne et fait ployer mes yeux. Lentement, j'attrape sa main, l'invite à s'abaisser et la conserve au creux de la mienne un instant. Mes pupilles se relèvent à peine, discerne les flammes au delà de sa silhouette et l'évidence m'assaille. Le Démon. J'avais passé deux saisons à devoir mériter son attention, son intérêt, son affection. C'était là ma vie également, de tous les jours. Obtenir par la force ou le mérite. Et voilà que face à moi se présente un être qui ne demande rien de tout cela. Qui m'offre sa présence sans condition et m'a accordé son absence à ma demande. Alors ici, maintenant, je perds lentement mes repères à nouveau.
Ma main tremble à peine sur la sienne. Mon pouls s'accélère légèrement et mon souffle tout autant. J'ai l'impression de toucher quelque chose du doigt et l'envie de l'attraper m'envahis. Un peu moins terne, le brun rejoint l'ocre et une voix incertaine s'échappe.
❝ Tu... Tu dois comprendre que je n'ai... Pas l'habitude. ❞
Mon regard se détourne et mes lèvres se pincent. Mes traits se durcissent quelque peu, d'inconfort plus que d'irritation. Cela sera sans doute plus facile s'il ne me fait pas face, à ce point. J'enserre légèrement sa main dans la mienne avant de la libérer de mon étreinte. Je le contourne, rejoins sa son sac de couchage et dévoile quelques paroles sur le chemin.
❝ Les choses, selon moi, se gagnent ou se méritent. Les souhaiter ne suffit pas. ❞
J'accorde un regard au feu central avant de m'asseoir souplement, jambes repliées sous le menton. Je les encercle entre mes bras, emmitouflée sous ma fourrure. Fixement, j'observe en silence l'espace d'un instant. Envoûtée pas la danse d'Ignis, j'inspire et soupire par le nez, amplement. Quelques images, maintenant désagréables, me reviennent malgré tout mais à ce stade, il est préférable de les ignorer. Et je m'exécute.
❝ Mais, on va essayer. ❞
Mes yeux se lèvent vers lui, innocemment. Avec Saen, je me fais à l'idée que rien n'est semblable à ce que je connais ou ai connu jusque là. Mes faiblesses, celles que je n'avouent jamais, ou qu'à demi-mot. Mes faux pas et mes maladresses à son égard. Il ne les perçoit pas comme ça, sans que je comprenne pourquoi. Et peut-être alors sa vision me sera bénéfique à nouveau.
❝ Avec Xion... Qu'est-ce que tu as perçu ? ❞
Une lueur d'espoir dans cette sombre brume. Je suis visiblement incapable de m'élever suffisamment et parvenir à apaiser Xion par mes propres moyens. Avec Saen, le pourrais-je peut-être.
Plaine Brumeuse, Harask ¤ Ignis, an 59 Saen & Lagertha
L'éclat miroitant au cœur des yeux de Lagertha l'étreint, de peine? Mais nulle larme ne perle sur les joues de la nordienne. Elle semble aux prises avec des démons qu'il ne connaît guère. La cloison de son empathie, si souvent dressée, se fissure davantage. Laisse filtrer chaque parcelle d'émotion qui lui fait face. La main venue chercher la sienne lui donne suffisamment de force pour ne pas se laisser totalement envahir. Demeurer présent, ses propres émotions ne doivent pas prendre le pas sur cette situation.
Le léger tremblement l'invite à resserrer un rien son emprise, pour la calmer. La maintenir, offrir une bulle qui résistera à toute implosion, et où n'importe quoi peut se déverser, en sécurité. Il récupère un regard perdu quelques secondes plus tôt. Le propos le laisse un rien interdit. L'habitude de quoi? La nordienne rompt à nouveau leur contact visuel. Ses traits peu rassurants. C'est au tour du vagabond de ressentir une pression sur sa main, avant un relâchement... Ah, est-ce qu'il a déjà dit une bêtise? Ou encore. Perplexe il entrouvre les lèvres, tandis qu'elle s'éloigne pour s'installer sur la couverture qui recouvre le sac de couchage.
Ses mots apportent une compréhension qui lui glissait entre les doigts. Un fin sourire se dessine sur son visage, tandis qu'il se rapproche. Il s'installe à ses côtés. D'autres mots glissent dans l'atmosphère feutrée qui réchauffe un peu son âme. Cette ouverture à l'échange représente déjà un grand pas en avant à ses yeux. Le silence accompagne les dires de la nordienne, il s'inscrivent, et la patience du jeune homme attend que la place pour sa voix soit assurée. Il ne désire aucunement la brider.
Un premier écho, avant de répondre à sa dernière question. Une jambe repliée, sur laquelle est posé son avant bras, l'autre en tailleur, il penche le fief, à peine. Vers les ombres dansant sur les traits familiers. La couleur commune à leurs iris se mêle, de sa voix profonde et posée il demande simplement.
"Avant d'y répondre, j'aimerais que tu te poses cette question, Lagertha... N'as-tu jamais pensé, que la personne que tu es, en tant que telle, est purement et simplement méritante? Que ton être possède une flamme naturelle, qui réchauffe et illumine la nuit. Celle qu'ont connu les membres de ton clan... Ta famille, pendant si longtemps? Avant tout, avant d'avoir pu leur trouver ce foyer. Quand ils en avait le plus besoin. Tu étais là. Juste toi, et c'était aussi 'tout' à la fois."
Il ne manifeste aucun besoin d'obtenir une réponse. N'en souhait pas spécialement. Cela lui appartient, elle en fera ce qui lui semble le mieux. Si elle peut simplement l'entendre, il en sera heureux.
Le point relevé précédemment lui revient. La formulation l'apaise. Ce qu'il a 'perçu' une notion bien plus rassurante et familière pour s'exprimer. Percevoir, capter de ses sens, une choses pour laquelle il sait faire, bien mieux qu'avec d'autres modes de communication humaine. Bien qu'il ne réalise pas souvent à quel point y sont entremêlé ses ressentis, ses émotions, ...
"Xion me semble très attachée à toi. Heureuse, dirais-je, de t'accompagner. Pourtant... " Il prend la mesure de ses mots, bien que la spontanéité soit plus prépondérante. "...Je la sens perdue. Comme toi." Les mots de la renarde lui reviennent aisément en mémoire, mais surtout, ce qu'il s'est produit lorsque Lagertha est arrivée.
"Je crois m'être mal exprimé, en répondant à ses questions. Elle m'a demandé si j'étais un ami. Ignorant mon statut exact à ton égard, je lui ai dit que je l'ignorais. Enfin, ce n'est pas très clair pour moi ce qu'elle a pu en retirer, mais... " Raaah, les mots. Non, stop. Mauvais chemin. Il expire lentement, puis reprend une inspiration détendue, avant d'enchaîner différemment. Ses yeux captant à présent les traits orangées qui lèchent les bords de l'âtre avec avidité. Pas d'empressement.
"Lorsque tu es entrée, la tension qui s'est propagée dans cette pièce était étouffante. La tienne, la sienne. J'ai eu la sensation qu'elles ne formaient qu'une seule et unique entité, compacte. Mais... Peut-être pas aussi solide que je le pensais? Comme si une fissure existait, une sorte de contradiction. Xion me paraît vouloir te suivre sans te comprendre. Enfin... Je ne suis pas certain d'être moi-même très clair, pardon."
Une phrase se détache dans son esprit. Plus nette, subitement. Il revient au visage de la nordienne, et amène patiemment la réflexion qui vient de s'attacher à sa pensée.
"Elle m'a dit se sentir vraiment bien en étant avec toi. Et mal lorsque tu es loin d'elle. Elle n'est guère restée auprès de nous cependant. Alors, soit je suis le problème... Ce qui n'aurait rien de surprenant. Soit, comme le fait que tu sembles toi-même t'inquiéter pour elle me le laisse penser, le problème est... Un éventuel manque de compréhension entre vous et vos ressentis respectifs?"
Sa peau caresse la mienne et une douce chaleur envahis mon visage. Comme une respiration difficile, mais salvatrice. Son intention attire mon regard à lui, presque meurtris. Sclérosé, mais allégé. Comme s’il déliait l’ombre, ou la faisait disparaitre. J’ai envie de me briser entre ses mains et le laisser tout recoller. Comment pouvait-il faire ça ?
Il m’abandonne pour fouiller dans son sac et je sens mon corps se déchirer. Une envie insidieuse de le retenir m’envahis. Il n’est pourtant pas si loin, mais ne me touche plus. Et c’est suffisant pour créer un manque. Nerveusement alors, je serre les dents, préférant rester rationnelle malgré tout. Je l’observe en silence et m’installe une fois finit. J’aurais pu l’inviter dans mon propre lit, le confort aurait été plus grand. La proximité moindre aussi.
Je m’allonge alors sur le dos, il fait de même sur le flan. Je sens son regard sur moi. Le mien s’abaisse, n’a pas d’ancrage. Le silence est envahissant est apaisant. Sa main saisie la mienne. D’abord prise d’une courte surprise, je la serre un peu plus. Je le sais à mes côtés, mais le sentir est autrement plus rassurant. Finalement j’observe le plafond, prends une longue respiration et soupire silencieusement. Puis sa voix caressante perce, m’invitant presque à fermer les yeux pour en profiter pleinement.
Je comprends où il veut en venir et je pourrais y adhérer avec le recul. Mais j’avais aussi l’impression de ne pas mériter tant de compréhension. De sa part, comme de la mienne. En simple réponse pour l’instant, je rouvre les yeux et hoche sensiblement du fief. Simplement pour lui certifier que j’écoute. Et que je l’écouterais à n’en plus finir si je le pouvais. La suite, en revanche, éveille des ressentiments plus douloureux.
Mes traits se crispent, légèrement. Il a tort, je ne me suis pas écouté. Et malgré tout, si, je les ai abandonnés. Car au contraire, si j’avais suivi mon instinct, je serais restée. J’aurais probablement péri, mais j’aurais suivi mes convictions. Pas Ses ordres. Leur souvenir me tord l’estomac et serre ma gorge. Je ne voulais pas les suivre, à ce moment-là, elle m’y a forcé. Galifey aussi a essayé de me faire entendre que c’était le meilleur choix, mais malgré tout, je ne lui ai jamais pardonné… Il avait raison sur un point cependant, je n’ai pas eu la force. J’ai été « faible ». Mon visage se tiraille davantage, car c’est la voix du Démon que j’entends. Et j’ai envie d’exploser.
Les mots qu’il profère me sont difficiles à écouter. Pas par manque d’intérêt, mais parce que je me battais intérieurement pour ne pas craquer. Mes paupières sont serrées, ma main sur la sienne aussi. S’il ne l’avait pas relâché pour attirer mon regard à lui, il aurait été trop tard. Il le verrait dans mes yeux probablement, même si en voyant les siens, la plupart des ressentiments fuis avec le vent. Malgré une envie tenace de m’effondrer.
Jusque-là, je n’avais réussi à partager son regard et enfin, je lui accordais. Non pas avec grand mal, je me sentais pourtant percée à jour. Ses mots me touchent, profondément et avant que ne se déverse une larme, je me tourne complètement dans sa direction et me recroqueville au plus près de lui, légèrement.
❝ Tu sais pas de quoi tu parles. ❞
Et c’était peut-être mieux ainsi. Il est probable qu’une des raisons pour laquelle je me sentais apaisée en sa présence, soit sa méconnaissance. Il ne savait pas grand-chose, sinon il aurait déjà fui. Et ainsi, je ne risquais pas d’être jugée ou évaluée. Et c’était… sécurisant. Si on n’envisageait pas que la vérité éclate un jour. Je mettrais donc un point d’honneur à la garde en sécurité. Égoïstement. Pour pouvoir le garder à mes côtés.
Un instant, je reste prostrée, le temps d’un silence dont je profitais allègrement, au plus près de la chaleur qui émane de son corps. Une attirance naissante. Ça me permettait de fuir son regard, à nouveau. Pourtant, ses derniers mots me reviennent en tête. Il m’attribue une force dont il n’était, selon lui, pas capable. De ma propre perception, il s’agissait de l’inverse. Mais ce que j’en retenais, c’était une sorte de regret. Me reculant légèrement, levant quelque peu le visage, je l’observe sans le regarder. Il est vrai que j’ai passé le plus clair de mon temps, à ses côtés, à profiter de ce qu’il m’apportait. A l’inverse, je ne lui rendais pas la pareille. Je m’étais contenté de le trouver trop doux pour ce monde, sans chercher davantage à le connaitre. Je ne prétends pas à autant d’agilité verbale, évidemment, mais sa dernière phrase me troublait.
❝ Il en faut plus pour ne pas se laisser envahir par des émotions parasites. Elles nous font prendre des risques, souvent inconsidérés. Savoir se contrôler, c’est une force de l’esprit indispensable… pour survivre. ❞
Le couperet tombait seul. Avec les années, j’ai fini par abandonner l’idée de parvenir à me contrôler. Peut-être que je réessaierais. Mais si Saen avait cette force en lui, je me rassurais de le savoir s’éloigner de certains dangers. Eriger des barrages pour éviter l’inondation demandait bien plus de détermination que de se laisser submerger à la moindre occasion.
Plaine Brumeuse, Harask ¤ Ignis, an 59 Saen & Lagertha
Les émotions qui parcourent la nordienne semblent tumultueuses, mais surtout, fluctuantes, multiples. Peut-être est-ce cela qui exerce une telle attraction sur lui? Tout ce que son corps exprime, les traits de son visage, la tension dans ses muscles, le regard qui se colore de façon variée, ou l'expression corporelle si prégnante... Tout ce que Saen enferme constamment. Emmuré derrière un esprit rôdé et solide. Qui ne laisse de place qu'au calme et au silence.
Perplexe quant à cette propre réflexion sur lui-même, il ne relâche aucunement son attention. Et suit du regard comme de l'écoute, chaque parcelle donnée, éprouvée, distillée dans l'atmosphère bienveillante et propice au déliement des âmes. Il note cependant l'écho peu engageant de ses propres mots. Un voile paraît aveugler en permanence la guerrière. Qui ne perçoit pas plus que des fautes ou des erreurs, même quand on lui apporte un nouveau regard... Le tintement de son rire, peu joyeux, probablement... Ironique? L'attriste. Et plus encore, ses mots qu'elle délivre. A sa propre encontre.
Le jeune homme laisse couler les sentiments et émotions qui s'expriment, sans ponctuer ceux-ci. Pour l'instant. Accrochant les yeux de la nordienne lorsqu'il peut capter ces derniers, pour lui offrir sa compréhension, une acceptation totale de ce qu'elle délivre. Sans le moindre jugement. Les excuses lui paraissent incongrues, mais si elles importent à Lagertha, pourquoi pas?
Et alors que l'éclat dans ses yeux finit par se délier au rythme de ses dires nouvellement amenés, il sent son corps se tendre. Une empathie souvent bridée s'ouvre encore un peu plus, pour recevoir et percevoir davantage ce qui lui est partagé. Une fatigue intense, un trop plein, sans doute... Qui laissent ainsi la place au contenu débordant.
Le fief un rien penché sur le côté, Saen lève une main vers ce visage meurtrit par d'innombrables souffrances. Son pouce recueille une perle humide, appuie doucement sur la peau tirée d'épuisement, avant d'y apposer complètement sa paume. Le calme dans son timbre est mêlé de tendresse et de bienveillance.
"Nous allons faire ça."
Il s'écarte un instant, pour farfouiller dans son sac magique et en retirer une seconde couverture, plus légère. Déjà pliée, il l'installe à l'extrémité du sac étalé, recouvert pas sa paire bien plus épaisse et chaude. Afin qu'ils puissent y poser leur tête et s'installer avec un minimum de confort.
סּ סּ סּ
Il laisse la jeune femme s'allonger sur le dos, préférant demeurer sur son flanc droit, à côté d'elle, pour lui octroyer plus de place sur le lit de fortune. Son regard accroche la joue humide, cachée dans l'ombre des flammes qui éclairent l'autre partie du visage de la silhouette devant lui. Dans un mouvement qu'il souhaite rassurant, sa main gauche vient saisir celle de la jeune femme.
Quelques instants de calme s'égrainent, puis, il parle, de sa voix grave et profonde, avec lenteur.
"Tu n'es guère idiote... Parfois, s'attaquer frontalement à un problème en cause de nouveaux. Si tu ne l'as pas fait, peut-être est-ce parce-que ton instinct t'en a préservé." Les prunelles orangées se perdent vers le plafond où dansent des ombres flamboyante, alors qu'il oblique de la tête. "Parfois, il faut un biais. Parfois, le chemin le plus bienveillants demande des détours, pour ensuite mieux offrir et partager. Mieux écouter et comprendre... Même si cela implique du temps passé, et des erreurs qui le jalonnent. Sans ses erreurs... Il arrive bien souvent qu'on ne soit pas encore prêt à bien saisir le fond d'un problème."
Il laisse au silence la place de s'accaparer ses mots, et à Lagertha, celle de les prendre, ou non. A sa meilleure convenance. Et tandis qu'il croit la sentir réceptive à ce qu'il exprime, une nouvelle pensée se délie.
"Il en va de même pour tes proches. Tu es partie, mais tu ne les a pas forcément abandonné, non, tu t'es écoutée. Tu avais besoin de t'éloigner, tu n'avais pas nécessairement la force de faire face. Et c'est bel et bien en prenant soin de toi, et de tes besoins à cet instant précis... Que tu as été en mesure de revenir leur offrir quelque chose. Comment pourrait-on prendre soin d'autrui, sans avoir d'abord pris soin de soi?"
La question n'en est pas réellement une. Il lui laisse libre interprétation. Mais pour lui, c'est un fait. Comment savoir la meilleure façon de s'y prendre avec les autres, si on y arrive déjà pas pour soi-même? Comment être assez fort pour donner, si on n'a pas pris soin de se prémunir et se renforcer auparavant?
"Il n'est jamais trop tard. Comme pour ton peuple, qui aujourd'hui vit et retrouve la joie, grâce à toi... Xion, demain, ou plus tard, rencontrera sa liée, plus sereine avec elle-même. Et en mesure de lui offrir à elle aussi ce dont votre lien a besoin, la compréhension nécessaire à ce dernier, passe par la compréhension de toi-même Lagertha. Et surtout... "
Il inspire lentement, esquisse un sourire en se tournant à la recherche du regard boisé. Au besoin, relâchant la main qu'il étreint pour amener le visage de la jeune femme à obliquer dans sa direction.
"...Par le mérite que tu as, ici et maintenant d'être toi. Toi, capable de voir tes erreurs. Toi, capable de les ressentir. Toi, capable de les exprimer et de t'exposer... Tout cela demande tant de force. Une force dont moi-même ne suis guère capable, tu sais."
Exprime-t-il vers la toute fin dans un dernier souffle, un peu perdu quant à lui-même.
▼ Sac sans fond ▼
▼ Equipement ▼
Cape avec capuchon
Dagues Orion x2
300Ŧ
Plainte affichée C'est pas ma faute !
Note de Geoffrey et statuette de Lucille en bois
« Pose ça Xion s'il te plaît, ça ira. » Elle s'exécute docilement. Il soupire de soulagement, et l'observe un instant. « Ils vont revenir. Tiens, et si tu allais les attendre sur la place ? »
10 128 Ŧ
Gourde
Armement
L'indomptée
Eraedem
Dague de Kris
Sage
Carquois en bois
Armure⁺⁴ 
Sac sans fond
Hachette
Sceptre de feu
Dragées surprise
Sachet de poudre d'escampette
Lotion désinfectante 
Gélules Anez x8
Cura x2
Sanguine
Cœur tendre x2
Cape en fourrure
Savon capillaire
Carte d'Arcane
Carte de la Vallée Sereine
Fruits & Légumes 
Viandes & Poissons 