Retour en fanfare Les secondes s'écoulent, armées de son silence. Un temps sans doute court alors que ma perception semble l'étirer jusqu'à l'éternité. Immobile face à elle, emmuré dans un mutisme, je l'observe se rapprocher. Elle, son visage et ses yeux. Les miens suivent sa lente avancée. Pris dans l'engrenage précédemment cité, mes lèvres s'entre ouvrent à peine, mais certainement. Tout semble s'arrêter jusqu'à ce que son contact, aussi faible soit-il, électrise chaque parcelle de mon corps.
Réveillé en sursaut d'un rêve profond, j'ouvre les paupières et la vois se reculer. Comme cette fois là à l'orée de la forêt, j'ai vers elle un élan que j'étouffe violemment. Je me redresse d'un bond, plaque ma paume sur mes lèvres, leur ordonnant silencieusement de faire taire le frisson qui ne veut plus les quitter. Les yeux écarquillés et un pouls assourdissant au creux des oreilles, je la fixe. Pétrifié. Par quoi ? Les pensées se bousculent et envahissent mon esprit. Elle ne me regarde pas, je trouve ça attendrissant, mais il y a surtout autre chose.
L'évidence m'assaille. Mes jambes se crispent, enfermant l'éveil d'une pulsion avant que je ne me tourne vivement vers la porte, presque honteux. Fixant le bois, mes doigts compriment mes joues et mes mâchoires se serrent, avalant difficilement ma salive. A mon tour de ne pas parvenir à la regarder. Je fixe plutôt la porte face à moi et libère assez ma bouche pour pouvoir répondre. Du moins essayer.
❝ Je... C'est... Pas grave. ❞
T'es plus loquace que ça en général. Mais j'ai chaud et suis déstabilisé.
❝ Je ferais mieux d'y aller. ❞
J'ouvre finalement la porte et m'engage dans l'encadrement, me forçant à opter pour la fuite malgré l'envie viscérale de rester. Je m'arrête finalement avant de quitter définitivement la pièce, m'éclaircis la gorge et termine.
❝ Merci pour... la dague. ❞
Et enfin, je m'engage vers un départ calculé. Sa cheville blessée, elle ne me poursuivra pas et même si elle l'envisageait, je suppose que mon comportement lui passerait l'envie d'essayer. Mais si elle s'y risquait... :copyright: 2981 12289 0
Revna attendit que le jeune homme soit en dehors de son champ de vision pour s'autoriser à analyser la scène venant de se dérouler. Elle venait de se faire rejeter, et crûment. L'empoisonneuse se sentait à la fois triste et étonnée de l'impact de ce refus sur son humeur. Elle n'était certes pas habituée à se voir dire non, mais cela ne justifiait pas les larmes perlant au creux de ses yeux. La jeune femme les essuya d'un revers de main, agacée de sa propre faiblesse. Et surtout, qu'est-ce qu'il lui avait pris de l'embrasser ? Elle s'était ridiculisée, et n'allait sans doute jamais revoir le milicien. Cette pensée la peinait considérablement. Mais tout cela était peut-être un mal pour un bien : ils n'avaient de toute façon rien à faire ensemble. Un garde et une criminelle, ah, on aurait cru à une histoire d'amour mièvre vendue sur le marché. L'empoisonneuse cahota jusqu'à son lit, et s'y effondra. Son estomac grognait mais la fatigue était plus forte. Bientôt, elle se sentit happée dans un lourd sommeil sans rêves, duquel elle ne se réveilla que lorsque l'astre d'Ignis était bas dans le ciel.