Avant toute chose, il vous faut savoir que je suis un fidèle serviteur d’Ignis, et ce, qu’importent tous les événements qui pourraient se produire. Qu’importe qui vous êtes, mon Créateur sera bien au-dessus de vous, et sans regret, je sacrifierai votre vie s’Il me la requière.

Je suis un Demi-dieu, un être bien plus puissant en ce jour que tous ceux peuplant le Nouveau Monde. Et cela, j’en ai conscience. De plus, je considère mon Père comme le détenteur de l’Elément le plus puissant des Quatre. C’est pourquoi, j’ai une estime de moi-même qui est bien grande.

Mais je sais me soumettre à ceux auxquels je dois allégeance. Même si, jusqu’à maintenant, seul Ignis fut mon ‘Maître’.

J’apprécie également les combats. Mais uniquement face à mes Frères et Demi-Frères. Pour ce qui est des autres, ils ne sont que trop faciles. Alors que face à d’autres Subalternes des Dieux, l’affrontement n’est que plus spectaculaire et je peux me dépenser sans retenue.

Je n’apprécie pas en revanche être… un ‘lion en cage’. Et cela provient de ma Quête. De cette mission qu’Ignis me donna lorsqu’Il m’accorda la vie sur cette planète. Depuis, j’ai apprécié voyager et découvrir de nouvelles terres. Mais aussi apprendre et comprendre.

Contrairement à votre race, il n’y a qu’une chose que je n’apprécie pas. Les Fils et Filles d’Aqua. Jadis, ils avaient déjà la connaissance de leur force face à nous, de l’avantage que leur procurait Aqua sur nous, Descendants d’Ignis. Et, à chaque affrontement avec l’un d’eux, il se vantait de cela. Depuis, j’ai du mépris pour ces Divinités ne sachant ce que signifie Humilité. Cela pourrait paraître bien étrange provenant de moi, mais même si j’ai le sentiment d’être supérieur aux autres, jamais je ne leur dirai ou ferai ressentir. Là est toute la différence entre moi, et eux.

Mon comportement en société m’est inconnu. Jamais depuis mes millénaires d’existence, je n’ai jamais vécu aux côtés d’hommes. Mais je ne pense pas que je les mépriserai et les jugerai coupable. En effet, ils sont la création de nos Pères. Ceux qui jadis détruisirent leurs Œuvres sont désormais dans le territoire d’Aqua d’après mes dernières informations. Eux, sont une race vivant leurs premières années, leurs premiers siècles.

Je pense que pour mes qualités, être le Fils de la Flamme est la plus importante. La fidélité que j’accorde à celui, ou celle, qui m’asservira en me libérant en est une également.

Par ailleurs, je suis en proie à des colères depuis quelques siècles. Espérons que je ne causse pas la destruction de la Capitale… Pour ce qui est du reste de mes défauts, et même de mes qualités, cela fait si longtemps que je ne fais que dormir, que je pense les avoir oublié…




Livre de l’Ancien Monde
Chapitre XXIV
Témoignage d’un rescapé de la destruction de Minéapolis.

"C’était… Effroyable. Ils sont venus tout droit du volcan que l’on croyait endormi.
Ils… Ils étaient deux. Oui deux. Mais je n’en ai vu qu’un. Il mesurait au moins deux mètres, deux mètres dix. Son poids était suffisamment élevé pour faire plier nos véhicules quand il marchait dessus. Ce qui était horrible, c’est qu’il avait le visage d’un lion. Pourtant, il n’en était pas un nan ! Il… Il marchait ! Sur deux pattes ! Et puis, ses yeux, ils brillaient ! Non, non, ils… ils brûlaient ! D’ailleurs, l’esquisse de son corps aussi brûlait, mais pas en dessous de son armure. Oui, car il avait une armure ! Elle était en or, mais aussi en bronze à certains endroits. On distinguait aussi comme, comme un dessin sur son torse, juste en dessous de deux cercles aussi gravés qui retenaient une cape rouge s’arrêtant un peu avant ses chevilles. Ce qui m’a le plus marqué, c’est qu’en dessous de ses yeux de flammes, il y avait des crocs aussi blancs que la neige ! Et ses quatre canines, mis à part la taille, n’étaient pas différentes de toutes ses dents !
Mais aussi, il… il avait une arme.
Une lourde hache double faite d’or et de pierres précieuses. Il faut dire qu’avec son physique imposant, sa taille plus grande que la notre et son arme toute aussi imposante, il en a détruit des immeubles ! D’ailleurs, il rattrapait ceux essayant de fuir en prenant plus de vitesse, du coup, il courait sur ses quatre pattes. Et pour ceux en hauteurs, il arrivait à les atteindre d’un bond incroyable ! Cette bête, on n’en avait jamais vu ! Même ses griffes étaient uniques ! Il les rentrait et les sortait de plusieurs centimètres sans même avoir à les regarder ! Et puis un moment, il nous a repéré moi et Michel, c’est mon ami qui m‘avait rejoint sous des décombres, alors qu’ont étaient à plusieurs mètres de lui ! En quelques secondes il a parcouru la distance nous séparant et à envoyé à plusieurs mètres de là les lourds murs nous écrasant. Son regard s’est planté dans celui de Michel et il a rugit si fort que mes tapants ont presque explosés ! Je ne sais pas se qu’il a fait à Michel, je suis partis en le laissant derrière, profitant de l’arrivée de nos soldats. Mais cela fait quatre jours, et personne n’est revenu de là-bas…"




Ce fut le quinzième jour de la Grande Création des Sous-Dieux que je fus envoyé sur cette planète. Mon Père m’instruit de tout son savoir et m’équipa afin que durant son absence, je puisse veiller à son Œuvre. Beaucoup de mes Frères eurent pour tâche de protéger les volcans, aussi appelé les ‘montagnes d’Ignis’, ou encore les ‘gardiens de l’Elément’. J’aurai aimé avoir ce même devoir, mais il n’en fut rien. Mon destin n’était pas de surveiller l’élément pur de mon Créateur. Je dus protéger une autre de ses créations : Les Astres.

Lorsque Ignis partit, j’eus du mal à comprendre comment je pouvais maintenir cette œuvre en sécurité et l’améliorer, la rendre plus belle. Et alors que je parcourais le monde, la révélation me vint. Allongé au sol en pleine forêt, je compris que ma tâche était de permettre à tous êtres en tous lieux, d’admirer la Divine Création.

Je connu ainsi beaucoup de divergences avec ceux que j’appel mes ‘Demi-Frères’, les Descendants d’Aër, de Terra ou encore d’Aqua. Ces derniers ne souhaitant pas refléter sur leurs eaux les Astres, les fils d’Aër jouant que trop souvent avec de lourds nuages une fois la nuit tombée ou de par de trop hautes montagnes, réduisaient à néant l’observation du ciel illuminé. Quand aux fils de Terra, ils ne supportèrent guère que je détruise partiellement, ou entièrement, nombre de leurs arbres bien trop épais à mon goût.

Quand j’y repense, c’était l’Age d’Or. Je pouvais avant tout servir mon Père, en rassasiant ma soif de voyages et mes envies de combats. Oui… Je connu de véritables adversaires. Pas ce gibier s’étant développé seul, mais bien des combattants expérimentés et tout aussi puissants que moi : mes ‘Demi-Frères’. Nous eûmes d’abord une effroyable peur après notre premier combat. Tout autour de nous, le paysage était détruit. Mais n’observant pas le retour des ‘Quatre Grands’ comme avait l’habitude de dire une fille d’Aër, les batailles se multiplièrent.

Je ne faisais halte que très rarement, souvent pour lutter afin d’imposer aux yeux de tous la Divine Création dont j’avais la garde. Et un début d’après-midi, alors que j’entrais dans un territoire des Fils de Terra, il m’eut donné l’occasion d’observer une bien étrange créature. Si seulement il m’avait été donné le Don de Voyance, je l’aurais aussitôt dévoré…


Cette bête m’étant inconnue à ce moment était replié sur elle-même et ce, au sens propre du terme. Elle avait en ses pattes un lourd morceau de bois, du moins, pour elle. Son pelage était plus important sur son crâne et elle émettait des bruits. J’eus crû pendant un instant qu’il s’agissait d’une espèce inferieure dont Ignis avait prit exemple pour dessiner mon apparence. La créature s’avança et commença à frapper mon armure, s’amusant ou s’effrayant par le bruit provoqué, elle fit quelques pas en arrière et recommença, poussant un rugissement des plus déplorables. Il fut évident qu’un être aussi fier que moi en eus rapidement assez et le saisis par la gorge en le soulevant, réduisant à néant son pitoyable son. Ses globes oculaires s’agrandissaient de plus en plus. Après avoir observé sa dentition, sa condition physique et quelques autres détails, j’en conclus que je ne provenais en rien de cette bête, et la jeta plus loin.

C’est à ce moment, qu’un Fils de Terra s’avança à ma rencontre. Comme tant de ses frères, il arborait une ressemblance troublante avec un chêne. Quand il fut à ma portée, il tint le langage de l’hérétique…

- Ne craint rien Fils d’Ignis, je suis Béhémot, Descendant de Terra. Ce que tu vois là ne peut être détruit de ta patte.

J’en eu un large sourire. Oui je me souviens, j’en montrai toutes mes dents. Tout d’abord, ce fut à l’idée que moi, noble Subalterne d’Ignis ne pouvait mettre à mort un si misérable mâle. Ensuite, ce fut quand il m’annonça que je n’avais rien à craindre de lui. Si seulement il connaissait le nombre de ses frères que j’ai brûlé les croyant de simple frêne, et par la suite, réduit à l’humilité… Oh oui, je me rappel très bien, je souriais en ce temps…

- Tu as devant toi ce que nous avons appelé : l’Homme.

Mon sourire se referma aussitôt. Mes yeux de félins se replièrent légèrement et mon iris s’affina.

- Tu n’insinues pas que vous avez utilisé votre Don de Création pour donner la vie à une nouvelle espèce ?

- Si.

- Pauvre fou ! Ce Don est nôtre afin d’améliorer l’œuvre de nos Pères et non pour donner la vie à une nouvelle race !

- Calme-toi, nous l’avons doté d’intelligence. Elle en est pour l’instant qu’à son premier stade de développement.

Quand j’eus voulu mettre à mort cette infâme trahison envers nos Pères, et que mes poils commencèrent à s’enflammer au même rythme que ma hache, il m’affirma que cela n’aurait aucun impact. Que biens des Demi-dieux avaient leurs propres Hommes, composé aussi de femelles afin qu’ils se reproduisent. Et que si celui-ci venait à trouver la mort, ce ne serait qu’une perte bien vite remplacé.

Honteux de cette découverte, je mis un terme à mon excursion et retourna dans la plaine où je vis le jour pour la première fois. Durant des années, des siècles j’implorai le retour de mon Créateur. Mais je n’en eus aucunes réponses.


Une fois une centaine, peut être moins, de siècles écoulés, des colons vinrent en ma plaine. Durant une demi-dizaine de siècles qui suivirent, tous ceux s’aventurant périrent en se heurtant à mon refus. Tous les nouveaux siècles, de nouveaux Hommes venaient. Plus nombreux, mieux protégé et bien plus équipé. Et alors que je repoussai leurs attaques, alors que leur puissance de feu augmentait, je me sentais plus faible. Peu à peu, ma Divine Magie disparaissait…

Je compris plus tard, que ma faiblesse provenait des Hommes. En détruisant la Nature, il anéantissait notre supériorité. Honteux comme jadis, j’allais trouver refuge chez un de mes Frères, au sein d’un Volcan, abandonnant mes croisades au nom de mon Créateur. En son cœur, j’abusais d’un luxe fictif pour nous, Demi-dieux, le sommeil. Des siècles par centaines défilèrent, et je restais là, allongé, à dormir ou attendre le retour de mon Père, mon Armure et ma Hache Double qu’avait forgé mon Paternel dans le seul but que je les porte fièrement, posés dans un coin.

Alors que la nuit obscurcissait les alentours, Aizou, Gardien de la ‘Montagne d’Ignis’ dans laquelle j’avais élu domicile, me fis enfin agir…

- Aslan ! Lève-toi et viens voir !

Lentement, dépourvu de toutes envies, je le suivi jusqu’en haut de son antre. Par-delà le ‘Gardien de l’Elément’, je pus constater l’avancer de l’Homme. Certes il y avait longtemps, ses inventions forçaient à admettre que les Sous-Dieux avaient bien fait de les créer, mais aujourd’hui…

- Que veux-tu que je fasse ? Ils ont soumit la Nature et par ce fait, nous ont réduit au silence. Cette planète appartient à l’Homme.

Aizou m’emmena parcourir les rues de la gigantesque ville se présentant face à nous. Et une fois être entré de quelques mètres il me dit simplement :

- Lève ton regard et dis-moi ce que tu ne vois pas…

Les Astres… Voilà ce que l’on ne pouvait voir. Toutes leurs hautes maisons, comme les montagnes de jadis, empêchaient à tous d’admirer l’œuvre d’Ignis.

- Vois ! Ne pouvant anéantir la Création de notre Père, ils ont caché son Œuvre, la forçant à être oubliée un peu plus chaque année. Et bientôt, tout ce peuple, unique survivant de leur haine, partira par delà le Ciel et mettra un terme aux Astres.

Il ne m’en fallu pas davantage. Prenant de la vitesse sur mes quatre pattes, je retournai au sein du volcan. A nouveau, je mis mon Armure et équipa ma Hache Double. A nouveau digne Fils d’Ignis et au sommet de l’une de ses Œuvres, je poussai mon plus puissant rugissement qui résonna sur des kilomètres. Ce qui suivit, fut la destruction de la ville. Et nous n’étions pas de trop à être deux, car tous deux, n’avions plus qu’une faible magie.

Peut de temps après, tandis que je détruisais ville après ville accompagné par davantage de mes Frères à chacune, mon Père revient. Je le su, car tout brûlait par un Feu bien plus puissant qu’avait été le mien lorsque je connu mon apogée de puissance. La Terre se rompait sous nos pattes tandis que nous tentions de rejoindre un lieu stable. L’Air se faisait violent, nous repoussant à chaque pas. L’Eau quand à elle, nous forçait à prendre de la hauteur.

Quant aux humains, tous périrent ainsi que le peu des autres espèces qu’ils avaient gardé en vie pour s’en nourrir ou les asservir. La Terre réduisit au sol leurs hautes tours, le Feu réduisit en cendre leur fier technologie, l’Air balaya tous rescapés et l’Eau, réduisit au silence pour l‘éternité la prétention de l’Homme.

Nos pères étaient de retour, et nous en subirions les conséquences…


Lorsque j’ouvris à nouveau les yeux après que l’Apocalypse fut faite par les Quatre Grands, je découvrais avec effroi ma nouvelle demeure. J’eus connaissance de ma future destinée, et à nouveau, mon rugissement résonna dans tout le Temple. Mais c’était ainsi, fidèle Descendant d’Ignis, j’acceptai mon sort et avant que je ne perde à jamais ma magie en ce lieu, je gravi sur ma porte :

"Ici repose un digne Fils d’Ignis, qui lui sera fidèle jusqu’à son retour à ses côtés…"

Les lettres s’enflammèrent, et je m’endormi à nouveau, espérant qu’un jour, mon Père pardonne ma faute…




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