Aussitôt dit, aussitôt fait. La jeune femme suivit Aldvin du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’étage. Arthuria se leva alors à son tour et salua l’émissaire et le barman avant d’aller dans sa propre chambre. Elle prit son sac à dos, son gros manteau ainsi que son épée et son arc. Elle prit aussi des provisions pour le voyage au cas où ils n’arriveraient pas à chasser du gibier, ce dont elle doutait… Mais elle prenait toujours beaucoup de précaution. Une fois sa gourde dans son sac elle partit en ville vers la boutique magique.
Les objets y coutaient chers, elle hésita un moment devant tous les artefacts avant de se décider, l’heure tournait.
La chasseresse acheta un sac sans fond, utile pour récolter toute la laine et pour plus tard aussi, ce serait efficace. De plus elle prit une fiole de curaga, pour soigner les blessures. C’était mieux que rien, même si cela voulait dire qu’ils ne pourraient soigner qu’une blessure grave. Elle n’avait pas de quoi acheter d’avantage hélas. Pas le droit à l’erreur…

Arthuria se dirigea ensuite vers l’entrée de la ville. Elle était un peu en avance et attendait patiemment. Elle se posa quelques questions quand Aldvin ne montra pas le bout de son nez à l’heure prévue. Il apparut avec dix minutes de retard. Elle en fut plutôt soulagée et ne fit aucun commentaire. Le mercenaire possédait un cheval, elle allait encore voyagée à pied tandis que son compagnon serait porté par sa monture.

En fait ce ne fut pas le cas. Ils se mirent d’accord sur la route qu’ils allaient suivre, puis lorsqu’ils se mirent en route, il ne monta pas sur son cheval, le tenant par la bride.
Elle comprit plus tard qu’il était un grand bavard et voulait en apprendre d’avantage sur la vie de la chasseresse. Comme à son habitude elle répétait ce qu’elle disait à tout le monde. Elle parlait de son futur plutôt que de son passé. La jeune femme racontait qu’elle voulait devenir une chasseresse dorée, pour son honneur. Et qu’elle voulait aller quérir une invocation mais hésitait encore sur le temple où elle allait la chercher.
Elle lui posa aussi des questions sur sa vie à lui. Pas qu’elle voulait tout connaitre du mercenaire, mais c’était comme un échange de bon procédés.
Le soir ils chassaient le gibier chacun leur tour pendant que l’autre faisait du feu. Arthuria s’endormait vite et se réveillait tôt. Elle aimait voir le jour se lever.
Aldvin se levait un peu plus tard qu’elle et faisait tout un tas d’exercice avec ou sans arme. La première fois elle l’avait regardé faire avec perplexité. Les autres jours elle allait plutôt voir si elle pouvait cueillir quelques fruits sans trop s’éloigner de leur petit camp.
Ensuite ils reprenaient la route. Si la chasseresse avait le malheur de ne pas discuter avec lui, il se mettait à chantonner ou bien à parler avec son cheval. Elle ne faisait pas de remarque non plus, mais elle appréciait plutôt le silence.
Silence qui se faisait lorsqu’ils passèrent près de Nécra, le mercenaire était sur ses gardes. A chaque fois qu’il était à l’affût il restait silencieux. Il pouvait donc devenir sérieux.

Ils arrivèrent dans la vallée sereine après deux jours et demi de marche. Arthuria avait enfilé son manteau, il faisait beaucoup plus frais dans la région. La vallée sereine portait bien son nom, si l’on faisait abstraction des prédateurs. Une brise fraiche faisait bouger les herbes hautes, de grands espaces s’étendaient jusqu’à l’horizon. Il avait plu sur la région cette nuit. Les deux voyageurs avaient évité cela de justesse.
Il suffisait maintenant de trouver un troupeau qu’ils ne tardèrent pas à dénicher.

Ils montèrent leur petit camp un peu plus loin, pour entreposer les affaires dont ils n’avaient pas besoin.
La chasseresse regardait le troupeau, puis posa son regard sur son compagnon de chasse.

« - Tu as une idée de plan ? A part les tuer j’entends. »

Au fil du voyage elle avait appris à le tutoyer puisqu’il lui demandait sans cesse. Elle se moquait un peu de lui depuis la question qu’il avait posé à l’émissaire dans l’auberge.

Arthuria écouta attentivement les plans de son coéquipier. Ils étaient tous plus ou moins intéressants, mais deux d’entre eux retinrent plus son attention.

« - Moi qui comptais leur courir après et essayer de les attraper… En fait je trouve que l’idée de la nourriture et de la cage est pas mal. Mais tu oublies un détail, les cobas sont herbivores et ça m’étonnerait qu’ils aillent préférer l’herbe sous la cage que celle qui est sous leurs pieds. Sauf si tu es très patient et qu’on attende qu’ils aient mangé la vallée entière. Et puis je n’ai pas de corde sur moi pour attacher ta cage.
Je veux bien essayer de tirer avec tes flèches en tout cas. Enfin j’espère que si tu le proposes c’est que tu en as. Parce que je n’ai pas ça sur moi.
Pour l’idée de creuser un trou, c’est à éviter, le coba pourrait se tordre un membre en y tombant.
Ensuite il reste le dernier plan… Piéger l’un deux en l’amenant dans un cul de sac. Si cela existe dans cette région. »

Pour la plupart de ses chasses, Arthuria avait dû tuer les animaux pour récupérer ceci ou cela dessus. Là c’était différent et il fallait être plus subtil. Si seulement le marchand avait commandé sa laine à un berger... Mais évidemment monsieur voulait la meilleure qualité... Elle ne savait pas si la différence était flagrante, mais d'un autre côté grâce à lui Arthuria et Aldvin seraient payés cher.

De toute façon ils avaient aussi le temps d’essayer plusieurs plans. Elle sentait que l’après-midi serait longue, et surtout cocasse. Elle voyait déjà le tableau, les cobas allaient se fichtre d’eux et se moquer par la même occasion, à les voir essayer de les attraper.

Il avait en effet raison pour la corde. Cela pouvait être utile dans bien des cas, elle le nota mentalement dans sa tête : Acheter une corde. Tous leurs plans tombaient à l’eau. Sauf que le mercenaire avait plus d’un tour dans son sac.
Il partit s’asseoir dans l’herbe fraîche, pour ne pas dire trempée, et se mit à réfléchir. C’est alors qu’il eut un nouveau plan.
A chaque fois qu’il en avait énonçait un, il était astucieux. Arthuria ne pensait jamais à faire autant de chose pour attraper ou tuer les animaux de ses chasses. Elle manquait d’expérience, c’était évident. Elle s’en voulut de ne pas être aussi rusé que lui. Elle essaierait de penser à plus de choses la prochaine fois pour élaborer ses plans. Et aussi avoir plus de matériel. Elle qui pourtant s’organisait en avance, là, elle s’était précipitée. Peut-être était-elle fatiguée ? Ce n’était pas comme ça qu’elle deviendrait une chasseresse dorée.

Le plan d’Aldvin semblait parfait. Néanmoins, il y avait quatre barrières à un enclos, et ils n’étaient que deux. Ils ne pouvaient pas soulever les quatre d’un coup donc. Mais elle eut une idée. Il fallait faire un mécanisme en attachant les barrières pour que lorsqu’on en soulevait deux, les deux autres suivaient elles aussi. Elle pensait que c’était faisable, ils verraient plus tard malheureusement pour faire leurs essais.

« - J’ai du mal à le reconnaitre mais ce plan semble parfait, ou presque. Il faudra attacher les barrières de sorte à ce qu’elles coulissent entre elle pour soulever les quatre d’un coup par contre. Si tu vois ce que je veux dire…  Je suppose que la chasse, ce ne sera pas pour aujourd’hui. Sauf si on tente de les avoir ce soir ou cette nuit. Ça doit bien dormir ces bêtes là…
Tiens d’ailleurs cela aurait fait un bon plan d’attendre qu’elles s’endorment… -Elle soupira- On peut les additionner ce n’est pas grave… De toute façon elles ne se laisseront pas faire une fois réveillée.
Ne trainons pas, nous aurons le temps de nous reposer plus tard. »

La jeune femme reprit donc ses affaires sans se plaindre, en direction de la forêt, suivant Aldvin. Après quelques heures comme prévu ils arrivèrent dans la forêt. Ils ne s’y enfoncèrent pas beaucoup pour éviter de rencontrer quelques monstres peu commodes. Ils ramassèrent du bois et Arthuria mit ce qu’elle pouvait dans le sac sans fond qu’elle venait d’acheter. Elle allait déjà le salir avec du bois… Tant pis, ensuite il y aurait de la laine alors à quoi bon. Enfin, s’ils arrivaient à l’avoir cette laine !
Ils prirent beaucoup de temps à ramasser du bois pour ne pas en manquer une fois qu’ils auraient presque terminé l’enclos.
Ensuite ils rebroussèrent chemin pour revenir près du troupeau de cobas qui n’avait pas tellement bougé. C’était maintenant la fin d’après-midi et ils pouvaient se mettre en œuvre.

« - Hum… Si tu pouvais me montrer comment tu fais ce serait bien. »

Arthuria était une jeune femme très débrouillarde, hélas elle n’avait jamais fait de barrière et il fallait qu’elle soit efficace. Elle préférait donc demander à Aldvin, en espérant qu’il savait et qu’il ne voulait pas que ce soit elle qui lui montre. La chaseresse espérait aussi qu’il ait assez de corde.

Le soir tombait bien vite dans la région et il fallait faire un travail rapide et efficace avant qu’il fasse nuit noir. Même si Aldvin avait fait un feu, Arthuria préférait finir la barrière avant qu’ils aient besoin de s’éclairer avec. Question de pratique.
Le mercenaire lui expliqua alors comment il fallait s’y prendre de son avis pour fabriquer l’enclos à cobas. Il fallait qu’elle soit solide et assez haute pour ne pas qu’ils la brisent ou sautent par-dessus.
Elle taillait les branches pour les lisser et pouvoir les fixer facilement sur les autres. Maintenant qu’elle savait faire, elle ne posait plus de questions. Les informations rentraient vite dans sa tête.

« - Pour faire rentrer les cobas dans l’enclos il suffira de faire du bruit derrière eux. Le mieux ce serait d’être deux pour qu’ils n’aillent pas dans toutes les directions, hélas il faut que l’on soit ici pour lever les barrières. Il faudrait un mécanisme qui fasse du bruit pour nous, ou bien courir très vite. Et si tu utilisais ton cheval ? Cela rendrait les choses plus simples. J’ose espérer qu’elle court plus vite qu’un coba. –elle sourit en coin- Pour les barrières elles ne tiendront pas toute seule une fois levée. Si rien ne les tiens, elles tomberont sur l’autre face.
Je propose que l’on construise des piquets verticaux surmontés d’un V horizontal. Ainsi les barrières pourront s’y imbriquer aux quatre coins. Dans ce cas-là cela veut dire que le la pointe du V est vers l’intérieur de l’enclos. Mais on peut aussi mettre la pointe vers l’extérieur pour que les branches du V maintiennent la barrière de chaque côté. »

Elle soutint ses propos à l’aide de quelques branches en montrant plus précisément à quoi cela ressemblait.

« On peut aussi placer un V en bas pour que cela soit encore plus solide. Les piquets seraient plantés à égales distances. Cela nous permettra par la même de mieux voir si les cobas sont entrain de fuir dans l’enclos ou pas. Il vaut mieux avoir un repère visuel. On peut aussi planter deux piquets sur les côté de l’enclos. Ainsi il suffira de tirer sur les cordes jusqu’à ce que les barrières frappent les piquets, puis attacher la corde pour éviter que les barrières retombent au sol. »

Dans sa tête c’était très clair, elle espérait qu’Aldvin ait compris lui aussi.
Elle s’attelait toujours à la tâche, mais regardait de temps en temps autour d’elle. Le crépuscule amenait toujours quelques bêtes. Même s’il était encore tôt, elle se méfiait. Elle aimerait mettre en place des tours de garde cette nuit, pour surveiller le troupeau et eux même.

Arthuria regardait toujours son interlocuteur. Il n’avait vraiment pas l’air de comprendre ce qu’elle disait et c’était aussi pour cela qu’elle avait continué son explication et proposé d’autres techniques. Il avait acquiescé à plusieurs de ses suggestions ce qui laissait croire qu’il n’avait pas rien compris du tout. Il allait lui demander de répéter lorsqu’il s’arrêta soudainement pour observer quelque chose derrière elle. Au cas où, la chasseresse ne fit aucun mouvement brusque et ne regarda que par-dessus son épaule, attrapant la garde de son épée. Elle aperçut son sac à quelques pas derrière elle au même moment qu’Aldvin expliquait la situation. La jeune femme se leva donc doucement, tirant son épée.
Si c’était plus gros cela les aurait peut être tué en effet, et surtout cela aurait fait plus de bruit. Elle s’approcha doucement du sac et élargit l’ouverture à la pointe de sa lame. Rien, à part ses propres affaires. Elle s’accroupit pour vérifier qu’il y avait tout. Il manquait sa gourde, la fiole qu’elle venait juste d’acheter et sa bourse était ouverte, laissant croire que quelques pièces avaient été prise.
Il s’agissait donc d’animaux petits et pilleurs qui aimaient les choses belles et brillantes. Il était évident qu’il ne pouvait pas s’agir d’un oiseau. Arthuria réfléchit un instant en se souvenant de ce qu’elle avait lu et apprit auprès de son père. Elle se releva et rengaina son épée en soupirant.

« - Ce sont probablement des siamois. Je ne savais pas qu’ils étaient assez courageux pour s’aventurer jusqu’ici. Ils m’ont volé plusieurs choses, dont peut être la plus importante : Une fiole de curaga. J’aimerai au moins récupérer cela, mais nous ne pouvons pas laisser le camp sans surveillance. »

Elle prit son arc puis une branche qu’elle laissa quelques secondes dans le feu avant de ressortir avec une flamme sur le dessus. Elle n’avait rien pour se créer une véritable torche et c’était beaucoup moins efficace. Pour cela il fallait du tissu et du vinaigre et la chasseresse n’avait pas envie de s’arracher un vêtement pour cela. Avec un peu de chance elle les retrouverait avant qu’il fasse nuit noire.

« Je peux y aller seule pendant que tu surveilles nos affaires. Je rebrousserai chemin quoi qu’il arrive lorsqu’il fera nuit. »

La jeune femme regardait en même temps aux alentours pour voir si elle ne les voyait pas et aperçut quelque chose.

« Il ne va peut-être pas falloir s’éloigner tant que ça finalement … »

Elle courut dans la direction de ce qui était certainement les siamois, le plus silencieusement possible. Elle les rattrapa bien vite avec ses grandes jambes. D’un seul coup elle s’arrêta, pris son arc et une flèche et tira devant les petites bestioles de façon à leur couper la route. Elle espérait qu’ils s’arrêteraient au moins pour échanger les objets contre leur vie, bien qu’elle n’ait pas envie de les tuer.

Les deux petites bestioles lâchèrent des objets qui scintillèrent à la flamme de la torche improvisée d’Arthuria avant de s’enfuir. Elle se dépêcha d’aller ramasser ce qui était tombé. Elle mit les pièces dans l’une de ses poches et courut de nouveau après les siamois. Elle n’était pas aussi inquiète qu’Aldvin au sujet de leur pouvoir. Dans sa tête, ces animaux fuyaient en priorité au lieu d’attaquer s’ils étaient en danger.
Les deux fuirent jusqu’à un regroupement d’arbres et montèrent sur l’un d’eux. La chasseresse grogna, elle détestait monter aux arbres et n’avait vraiment pas envie de le faire dans la pénombre du crépuscule. Elle n’avait pas remarqué que son partenaire de chasse l’avait suivi, trop concentrée sur les siamois. Il ne valait mieux pas qu’elle l’apprenne…

Les boules de poil la regardaient et se moquaient d’elle, nom de nom elle détestait ça. Alors qu’elle allait laisser tomber l’affaire, quelque chose chuta devant ses yeux. Elle s’accroupit pour voir ce dont il s’agissait : La perle de feu des siamois !
C’était sa chance, elle ramassa l’orbe et la détailla du regard, avant d’observer les deux petits êtres avec un sourire narquois. Elle pouvait très bien leur laisser une gourde et une fiole de curaga pour leur priver de leur magie… Ils seraient punis de leur fait, et Arthuria pourrait faire ce qu’elle voulait de cette perle. Comme la vendre ou bien la transformer en objet magique à la boutique de Lüh.
Elle soupira, elle ne pouvait pas priver ces deux petits singes de leur magie dans au monde aussi dangereux que l’île. Elle ne tenait pas à les tuer avec cet acte.

Elle regarda les siamois et pointa la perle rouge qui se trouvait dans sa main droite, avant de monter le premier siamois au sol, et le deuxième plus haut dans l’arbre. Elle voulait leur dire qu’elle échangerait la perle de feu contre les deux derniers objets qu’ils lui avaient volé.
La chasseresse tendit alors son bras, poing bien fermé sur la perle de feu vers le singe sage et attendait que les deux lui rapportent ses objets. Elle montrait de son index un endroit prés de ses pieds pour signifier que c’était là qu’elle voulait les objets.

« Et oui, il faut parfois vous avouer vaincus… »

Oui… Si seulement elle avait des petits enfants un jour. Pour le moment elle n’avait pas vraiment envie d’en plaisanter. Elle savait très bien qu’elle le raconterait plus tard et en rirait, mais sa mauvaise foi sur le moment l’empêchait de prendre de l’avance et d’en rire tout de suite.
Il parlait beaucoup et l’aidait peu. La jeune femme était très irritée alors s’il pouvait arrêter de bavasser et se mettre à la soutenir…
Enfin Aldvin se mit au travail, il ramassa les objets qu’elle n’avait pas pu prendre à une main et la soutint de son autre bras, l’emmenant au camp.
Arthuria n’avait pas envie de lui répondre, en fait elle n’avait pas envie de parler, elle sentait la peau de son visage s’étirer, comme lorsque que le soleil la brûle. Et puis elle serait très désagréable, il valait mieux ne rien dire. Ce n’est pas un « petit tissu froid » qui ferait quelque chose, et elle n’avait pas envie de se saouler pour ça. Elle préférait avoir mal et être fraîche au petit matin.
La chasseresse était déçue de ne pas pouvoir continuer à faire la barrière avec le mercenaire, ainsi cela irait plus vite… Ils avaient du travail, beaucoup de travail.

Arrivée au camp, elle se sentait déjà un peu mieux. Elle se dégagea d’Aldvin et vint s’allonger prés de ses affaires. Affaires qui auraient très bien pu s’envoler lorsque que son compagnon était parti. L’homme vint lui apporter un bout de tissu mouillé et elle l’appliqua sur son visage. Arthuria portait des marques mais elles n’étaient qu’éphémères heureusement. Tout cela partirait au bout de quelques semaines, cependant elle ne le savait pas encore et cela rajoutait du piment à son irritation.

« - Merci de m’avoir aidé… Cette nuit il faudrait mettre en place des tours de garde. Je propose que tu commences, réveille moi à la moitié de la nuit. Et je ne veux pas de ton alcool. Au moins la douleur me tiendra éveillée tout à l’heure. Bon courage pour la barrière. »

Sur ce, elle ferma les yeux dans le but de s’endormir. Elle n’était pas fatiguée, et la colère et la douleur ne l’aidaient pas. Son corps avait cependant besoin de repos et elle finit par s’endormir…

Aldvin vint la réveiller lors du changement de tour de garde. Son visage la lança de nouveau. Elle souhaita bon repos au mercenaire et s’étira en observant l’horizon. Le ciel n’était pas tout à fait dégagé et elle en profitait pour admirer le paysage lorsque la lune pouvait balayer la plaine de sa lumière. Rien ne se passa pendant la nuit et la chasseresse put admirer le lever du soleil sur la vallée. Il y avait un peu de brouillard par ci par là. Arthuria adorait voir le monde s’éveiller sous ses yeux, elle en oublia sa douleur un instant.


Elle planta l’un des poteaux avec une lourde pierre qu’elle avait trouvé aux alentours. Elle recula de quelques pas et observa un autre poteau, étudiant la ligne imaginaire qui les séparait. Tout avait l’air dans l’ordre.

« C’est bon de ton côté ? »

Arthuria observait son compagnon faire de même un peu plus loin. Ils pourraient ensuite placer les barrières et la chasse serait ouverte.
Les cobas étaient toujours un peu plus loin continuant de brouter. La jeune femme, quant à elle, avait toujours mal de la veille. C’était désagréable mais cela ne la gênerait pas pour chasser les cobas.

Aldvin avait chevauché son cheval. C’était parti. Celui-ci galopa d’abord un petit moment avant de se retrouver derrière les cobas.

« - Ya ! Allez on se bouge ! Celui qui traine finira en brochette ! »

C’était ridicule… mais tant que cela fonctionnait. Et ça, pour fonctionner, cela fonctionnait ! Le troupeau de cobas fonça droit dans le piège et un sourire se dessina sur le visage d’Arthuria. Mais son sourire s’effaça bien vite quand elle réalisa qu’ils n’allaient pas s’arrêter face à la barrière mais l’emboutir ! Il fallait qu’elle n’attrape qu’une partie du troupeau. C’était déjà ce qu’elle avait prévu, néanmoins, il fallait encore réduire le nombre de cobas à capturer. De toute façon il fallait qu’ils récoltent la laine de peu d’entre eux.
Les cobas fonçaient toujours droit vers elle en beuglant de panique. La chasseresse se décala alors pour laisser passer la plus grosse partie du troupeau. Ils étaient tous bien serrés les uns contre les autres, mais comme souvent, il y avait toujours les plus faibles à l’arrière. Les infirmes et les plus jeunes. Un coba faillit la percuter de plein fouet mais elle s’était jetée par terre pour l’éviter. Elle se reprit vite et siffla, doigts dans la bouche pour tenter d’attirer une autre attention des ruminants. Ils allaient peut être ralentir en entendant un autre bruit…
Elle tira enfin sur la corde et visa 3 cobas… Elle ne voulait pas que les pauvres, plus faibles, soient pris de panique parce qu’ils étaient coupés du troupeau. La jeune femme avait pris soin d’en capturer un en bonne santé, pour les rassurer.


Arthuria lia sa corde, bien tendue, au piquet. Et s’élança aux barrières pour les solidifier. Cela n’empêcha en rien à un coba de venir lui brutaliser la main.

« Aie ! Hé, ça va, je ne te veux pas de mal ! »

Décidément elle n’avait pas de chance avec les animaux ces temps-ci. Elle espérait beaucoup que le reste du troupeau n’aurait pas l’idée brillante de venir charger les barrières pour délivrer leurs copains !

« Allez… Chut, tout va bien, il n’y a rien à craindre. L’idiot sur son cheval est parti. Maintenant il y a un cheval d’un côté et un idiot de l’autre… Et ce n’est pas la même chose… ! »

Elle attendit que les cobas se calment avant de passer agilement par-dessus la barrière avec son sac sans fond qui contiendrait toute la laine ramassée.

« Aldvin, aide-moi à en attraper un pour l’allonger et le plaquer au sol pendant que je prends sa laine. Fais le doucement et tente de le rassurer ! »