● Identité
Nom : Kelevra.
Prénom : Straw.
Sexe : Masculin.
Age : 26 ans.
● Caractère
Straw n'est à proprement parler ni bon ni mauvais. Son caractère est changeant, selon ses besoins. Si son travail le demande, il peut être d'une extrême bonté, et divertir n'importe quelle foule. À l'inverse, il peut aussi se fondre dans une foule pour ne pas être vu, et pas présenter la moindre force de caractère. Cependant, il ne s'agit là que d'un acte, coïncidant avec la devise qu'il tient de son père : « Business is business ».
Quand il n'est pas soumis par ces règles, il n'est pas vraiment bavard, mais s'applique à avoir le mot juste. Il est la plupart du temps incisif et explosif, car il n'a aucune patience et refuse tout type de compromis. L'autorité ne lui convient pas, et si l'usage de la force n'est pas une option, le cynisme et la mauvaise foi peuvent être ses armes de prédilection.
Ce refus de plier le genoux est issu et facilité par son manque de considération pour sa personne et sa vie. Straw est un homme qui ne veut rien et qui repousse, souvent avec violence, tout ce qui pourrait lui faciliter la vie ou la rendre plus agréable.
À une exception près, cependant. Il existe un frisson pour lequel il donnerait tout. Celui de la plus violente des passion. Voir un Homme se débattre corps et âme pour un idéal, un objet, une personne ou même sa vie lui procure une brève félicité.
Straw est un indifférentiste. Pour ce qu'il en sait, les Dieux pourraient s'être désintéressés d'Arcane et créé un autre monde ailleurs, plus adapté à leurs convenances. À son sens, il est tout aussi dénué de sens de vénérer les Dieux que de les défier ouvertement. S'ils se préoccupaient du monde, ou plus particulièrement de lui, ils n'auraient pas laissé son père mourir par la main de ses alliés. Sans doute ne l'auraient-ils pas non plus permis de prendre la vie d'hommes innocents juste pour son propre profit.
Quant aux Invocations, elles ne sont pour lui que des outils. Vivants, doués de conscience, cela va sans dire, mais des outils malgré tout. C'est principalement par absence de besoin, et désir de rester seul, qu'il n'a pas fait la tentative d'en acquérir une. Cependant, il se doute qu'une de ses prochaines missions risque de nécessiter l'emploi d'une Invocation.
● Physique
Du haut de son mètre soixante-dix-sept et de ses soixante-dix kilos, Straw n'est pas une force de la nature. Il est cependant taillé pour la vitesse. Son visage est encadré de cheveux châtains mi-longs, qui masquent partiellement son œil gauche. Son visage est dur, et ses yeux verts mettent en relief la moindre de ses émotions. S'il lui arrive de sourire, il sera cruel ou moqueur. Parfois les deux. À le regarder, il est difficile de l'imaginer simplement heureux.
Ses vêtements sont souvent amples, afin de ne pas gêner ses mouvements. Il dispose cependant d'une grande variété de costumes, adaptés à toutes sortes de situations que peut lui imposer son travail de Jack-of-all-trades.
● Vie
Famille : Straw n'a pas de famille. Sa mère lui est tout bonnement inconnue, et son père a toujours refusé de parler de son sort. Quant à ce dernier, capitaine d'un navire pirate, il a été envoyé par le fond au cours d'une mutinerie. Après son arrivée à Lüh, il a fait la rencontre d'un escroc nommé Alastor qui l'a pris sous son aile, mais il se refuse catégoriquement à lui donner le statut de famille pour ne pas se risquer à subir une deuxième fois la douleur de perdre son père.
Histoire
Deux coups sourds sont frappés à la porte de mon bureau. D'une voix neutre, je lance une invitation à entrer, et me redresse dans mon fauteuil, avant de frapper ma pipe d'un coup sec sur le rebord du cendrier posé sur la table basse entre l'homme fraîchement entré et moi-même. L'air gêné, l'inconnu referme prestement la porte derrière lui, avance, et tire la chaise que je l'invite à prendre d'un signe de la main. D'un coup d'œil, je le jauge. Il est nerveux, pas à l'aise. Je l'intimide, et il n'en faudrait pas beaucoup pour qu'il prenne la poudre d'escampette sans même me faire part de la requête qui l'a mené ici. Pour moi-même, je soupire, et lui lance d'un ton las des mots empreints d'un semblant de réconfort.
« Ne soyez pas si nerveux, vous n'avez rien à craindre de moi. Vous êtes venu chercher mon aide, et je suis disposé à vous l'offrir. »Pour un prix, cela va sans dire. L'homme hoche la tête par saccades, et semble choisir ses mots un moment. Je ne le lâche pas du regard, et me retiens de faire paraître mon irritation. Je ne supporte pas les pertes de temps. Mais pour ce type-là, je me dois de faire une exception, et de faire le nécessaire pour qu'il me dise ce que je peux faire pour lui. Finalement, il ouvre la bouche, et je m'adosse dans mon fauteuil de soulagement.
« J'ai euh. Un ami m'a dit que vous pouviez... Que vous aidiez quiconque en avait besoin en restant discret.
-Pour un prix.
-Oui, oui, bien sûr, pour un prix. J'ai de l'argent. J'en ai.
-Très bien. Quelle est la nature du travail ? »Il se tortille sur sa chaise, se pince les doigts, comme s'il hésitait. C'est là le point critique. Un mot de travers, et il ferait demi-tour. Cela dit, sans mot du tout, il partirait peut-être aussi. Dans un bruissement de tissu, je me lève, remplis ma pipe, l'allume à l'aide d'une longue allumette, et fais le tour de la pièce, tout en lui adressant les mots suivants :
« Monsieur, soyez assuré que votre entreprise n'aura aucune emprise sur moi. Je fais ce travail depuis des années, et j'ai eu des boulots stupides à faire pour certains. Faire passer une lettre romantique, chercher un animal perdu, garder des enfants parce que la personne en charge ne pouvait être là mais voulait être payée malgré tout, même si ce n'était que pour un tiers de la garde... Certaines requêtes plus honteuses sont elles aussi passées par ce bureau. Vérifier les parties génitales des deux genres pour tel ou tel problème fait définitivement partie des requêtes les plus entendues. Espionner un homme ou une femme pour m'assurer qu'ils trompent ou non leur conjoint. Oh, et les quelques uns qui sont venus, avez ou sans tact, me demander de leur fournir mes propres économies. Je peux vous certifier que c'est devenu honteux pour eux. Enfin, j'ai mené à bien un certain nombre de vols, d'intimidations et d'assassinats. Alors vous pouvez craindre le jugement de quiconque en-dehors de cette pièce. Mais je ne vous jugerai qu'au nombre de piécettes que vous pourrez me rapporter. » Mon regard, qui a erré dans la pièce tout au long de mon discours, se pose finalement sur lui. Ses yeux sont grands ouverts, et ses lèvres tremblent. Peut-être mentionner les assassinats n'a pas été une bonne idée. Mais j'ai fait valoir mon point de vue. Le reste dépend de lui. Une poignée de secondes passe sans qu'il n'esquisse le moindre geste. Quand enfin...
« Ma femme... Je veux savoir si ma femme m'est infidèle. »Il baisse la tête, et verse sans doute une larme, de honte ou d'anticipation, qu'en sais-je. Un sourire cruel apparaît un instant sur mon visage. Je le savais. J'en étais sûr. C'est lui. Et je le tiens. Mon visage redevient dur, comme si ce bref instant de joie sauvage n'avait jamais eu lieu.
« Entendu. Écrivez-moi ses plans de la semaine, votre adresse, ses habitudes, tout ce qui vous vient en tête. Nous parlerons paiement une fois la mission accomplie. »
Quelqu'un frappe à la porte. Cette fois, je me lève et lui ouvre moi-même. C'est lui. Il entre, et je referme la porte. Il est tout aussi agité que la dernière fois, mais d'une frénésie différente. La pression de l'attente. Une semaine entière passée dans l'expectative d'une réponse, positive ou négative, à sa question la plus pressante. Sans poser la question à voix haute, ses yeux remplissent tout à fait ce rôle. Je porte ma pipe à ma bouche, et inhale la fumée de ma bouffée pendant une longue seconde. Puis la relâche en brisant le silence.
« Parlons paiement. Je vous ferai mon rapport ensuite. »Ses lèvres s'entrouvrent dans un signe de protestation, mais il se ravise quand mon regard se pose sur le sien, froid et tranchant comme l'acier. Il déglutit et baisse le regard, me demandant de le suivre, parce que son argent est caché quelque part dans la ville. Qu'à cela ne tienne. Nous sortons et traversons la ville. En passant par la Grand Place, je capte du regard deux silhouettes capées qui nous suivent à distance. Ma main se porte machinalement à la garde de mon sabre, mais la relâche bien vite, tandis qu'un léger sourire naît sur mon visage. Nous marchons jusqu'à un petit parc au nord-est de la Place, et sortons du sentier pour nous enfoncer dans un ensemble d'épais buissons. Là, mon commanditaire s'arrête et commence à creuser la terre à mains nues. Cette dernière ne semble pas avoir été retournée depuis un bon moment. Après cinq bonnes minutes, il finit par empoigner une corde et la tire, faisant s'ouvrir une malle. Par-dessus son épaule, j'aperçois le scintillement d'un nombre non-négligeable de Tsuries. Il se retourne, essuyant ses mains sur ses genoux déjà terreux.
« Prenez ce que vous voulez, et dites-moi.
-Ce genre de filature n'est pas coûteux. Je ne vous en demanderai que cinquante Tsuries.
-Ils sont à vous. Votre rapport ! »Je me penche et ramasse mon dû, le fourrant dans une bourse à ma ceinture. Le coffre reste plein. Toute la fortune de mon client doit être dans cette cachette au milieu de nulle part. Je me redresse, frappe ma pipe contre ma jambe pour en faire jaillir les cendres, et la range, avant de donner à l'homme la réponse qu'il attend tant.
« Bien que la filature n'aie rien donné, je peux vous dire avec certitude que votre femme vous est infidèle. Je peux aussi vous dire qui est impliqué, et le sérieux de leur relation. »Mon regard se tourne vers le sentier d'où nous venons, là où les buissons que nous avons traversé se plient et craquent sur le passage des deux individus camouflés qui nous ont suivi jusque là.
« Mais je vais les laisser vous l'expliquer eux-même. »Les capes tombent à l'instar de la mâchoire de mon client, pour découvrir sa femme et son amant, l'ami qui l'a conduit sur le pas de ma porte il y a une semaine. Ce dernier est le premier à parler.
« Tu ne peux pas imaginer... J'attends ce moment depuis sept ans. Que tu révèles la cachette de ton précieux héritage. Et dire que j'ai dû faire appel à un mercenaire pour ça ! Mais ce n'est pas grave. Tout l'argent que tu as ne vaut pas le document du mariage qui nous permettra de profiter de tes biens une fois mort. »Mon regard se porte sur la femme. Sans désapprouver, elle n'est pas aussi encline à cette arnaque que l'est son amant. Je ne peux que l'imaginer, portée par le courant d'un homme trop ambitieux pour elle. Enfin, ce ne sont pas vraiment mes affaires. Je tourne la tête vers mon client le plus récent. Il n'a toujours pas repris ses esprits. Il essaie toujours de comprendre la situation. L'amant en profite pour se jeter vers le coffre, y fouille un instant avant d'en sortir un papier noirci par l'âge et l'oxydation, mais dont la valeur était conséquente malgré tout. Le mari lève un regard sur moi.
« V-vous...
-Oui, je travaille aussi pour votre ami. Ma mission était simple : vous amener à me découvrir cet endroit quand il vous aurait mené jusqu'à moi. Je prends l'argent, il prend le papier. »Mon visage reste froid. Je ne prends aucun plaisir à lui découvrir le plan qui va vraisemblablement l'amener à sa mort. Business is business.
« J'ai le papier. Tuez-le, maintenant ! »Ma main se porte sur la garde de mon sabre et la tire lentement, gracieusement vers le ciel. Ce n'est qu'une fois la pointe libérée que... Je souris.
« Maintenant, passons au clou du spectacle, si vous le voulez bien. Ce type m'a proposé tout votre or. Et vous, que me proposez-vous, monsieur ? Que vaut votre vie à vos yeux ?
-Que... Quoi ? »Derrière moi, l'amant est incrédule. Mon sourire s'intensifie. Je lui parle sans même me retourner.
« Ne m'en voulez pas, je ne cherche que la meilleure récompense sur le marché. »Business is business.
« Bonne paie aujourd'hui, Straw ? »Je lève mon nez de mon énième verre. Le patron de la taverne me lorgne avec une risette. Je me frotte les yeux. J'pense que je me suis endormi une minute. J'avale d'un trait le fond de bière qu'il me reste. Elle est définitivement chaude. Je fais la moue et relève les yeux vers mon interlocuteur.
« Ouaip', pas mal. Tu vas me voir plus souvent.
-Essaie de pas tout dépenser en beuveries, cette fois. Ou alors au moins, ne bois pas tout seul.
-Hmrf, j'ai personne avec qui boire. Tu veux un verre, toi ?
-Non, pas moi. T'as bien des amis en ville, quelque part, non ?
-Des amis ? Assieds-toi, assieds-toi, j'vais te dire si j'ai des amis. »Après un regard sur la salle, et un geste à un de ses employés pour le remplacer un moment, il s'exécute. Je le scrute du regard. Il m'a l'air d'être vraiment intéressé par ce que j'ai à lui dire, mais avec l'alcool, je peux pas vraiment en être sûr. Peu importe. Pour la première fois, j'ai envie de parler. Et quand j'ai envie de parler, je parle.
« Mon père il en avait, des amis, lui. Mon père il était capitaine d'un bateau. C'était un pirate. Euh... Ouais enfin j'sais pas si j'devrais te dire tout ça, mais bon, tu gardes ça pour toi. Enfin voilà, il était pirate. Il volait des marchandises et les revendait dans les terres de non-droit. Et à chaque razzia, lui et son équipage, bah ils fêtaient ça. Des fois j'étais là, quand il me le permettait et que le plan était pas trop dangereux, donc je connaissais tout le monde. Y avait Martin, l'homme de vigie. Il était aussi perché au sol que dans son nid-de-pie. De temps en temps, il me glissait une pièce par-ci par-là, le genre d'attention qui lui coûtait que dalle mais qui valait beaucoup pour moi. Il m'a aussi appris un peu d'anglais et de latin, même si personne ne parle plus ces langues. Puis y avait Lou, le géant. Doux comme un agneau, mais con comme un manche à balai. J'étais petit, donc il me jetait en l'air et il me rattrapait. J'avais l'impression de voler. Puis y avait... Enfin tout ça, tu t'en fous, je divague. Bref, mon père, il avait une devise. Business is business. Le problème c'est que parfois, suivre cette devise à la lettre, ça mettait pas toujours tout le monde d'accord, dans l'équipage, tu vois. Donc ouais, y avait des tensions. Mais c'était ses amis, tout se passerait bien au final, pas vrai ? »Les deux derniers mots ont été prononcés malgré moi sur un ton tranchant. Je jurerais même que le tavernier a eu un mouvement de recul. Sans vraiment m'en rendre compte, je sers les dents. Il faut que j'arrête de raconter cette histoire.
« Un jour, le bateau est arrivé au quai. J'étais pas dessus, cette fois-là. Mais j'ai couru jusqu'au quai pour aller voir mon père. Et ses amis. »Avec chaque mot, mon cœur bat plus fort, et mes poings se serrent sur la table. Une flamme, longtemps restée sourde se ravive dans mon estomac, et irradie mon corps d'une chaleur suffocante. Je commence à m'énerver. Il faut que j'arrête de raconter cette histoire tout de suite.
« Mais mon père n'était pas là. Il ne manquait que lui. Jeté par-dessus bord par le « nouveau capitaine ». J'me suis enfui. Avant qu'un de ses... Qu'un de mes « amis » décide que je pourrais devenir une menace. C'est Lou qui m'a dit de faire ça. C'est aussi lui qui a balancé mon père par-dessus bord. »D'un mouvement vif du bras, j'envoie mon verre se briser contre le mur le plus proche... Et la colère retombe. Bientôt remplacée par une lourde lassitude. Le tavernier est toujours là. Maintenant j'en suis sûr, il veut m'entendre parler.
« Alors non, je n'ai pas d'ami. Pas le moindre. Je travaille seul, je fête ma paye seul. Si quelqu'un doit me poignarder, ce sera dignement, parce qu'il l'aura mérité. Pas dans le dos. Jamais dans le dos...
-Mais tu risques d'avoir besoin d'amis pour te venger de ces types-là, non ? »Je soupire. D'une main, j'attrape ma pipe, et de l'autre, ma blague à tabac. Tout en la bourrant, je rétorque avec flegme.
« Je n'irai pas venger mon père. Ce qui lui est arrivé est de sa faute. Et puis à l'heure qu'il est, ils se sont sûrement tous entre-tués.
-À ta place, je vouerai ma vie à la vengeance de mon père.
-Mais tu n'es pas à ma place, pas vrai ?
-Alors quoi ? Tu vas continuer à accomplir les basses besognes des autres et dépenser ton argent en bière pour le restant de tes jours ? »Je ne sais pas quoi répondre. Ce n'est pas vraiment qu'il a raison. C'est qu'il n'a pas entièrement tort. Expirant un large nuage de fumée, je tente de lui répondre.
« Depuis que je me suis installé à Lüh, en tant que Jack-of-all-trades, j'ai fait énormément de petits boulots. Pas mal d'arnaques, aussi. Et parfois, y a des petits sursauts... Des instants où je plonge mon regard dans les yeux d'un homme qui se débat pour quelque chose. Son image, sa famille, sa vie... Peu importe ce que c'est, à chaque fois que je vois ça, je deviens fou de joie. J'aime voir les gens se donner cœur et âme pour quelque chose, quitte à le provoquer. C'est pour ces rares instants, comme aujourd'hui, que je continue à être Jack.
-Et toi ? Tu ne te débats jamais pour rien ? »Ma pipe frappe la table et y vide son contenu. Je la range et me lève, avec un dernier regard pour lui.
« Regarde-moi. Je n'ai rien qui mérite de me débattre. À demain. »Sans un regard en arrière, je quitte la taverne. Durant les dix minutes que durent le trajet de retour, je ne peux m'empêcher de me demander... Et si j'avais une chose pour laquelle me débattre ? Je souris. Dans un crissement, mon sabre quitte son fourreau et se trouve en un instant dressé vers le ciel nocturne. Une idée séduisante.
« Et je me débattrai si fort que j'en ferai trembler le monde ! »Suite à ce cri adressé à un éventuel ennemi, une volée d'injures vint des habitations voisines. Je rengaine mon sabre et souris de plus belle. Un jour, peut-être, je donnerai ma vie pour quelque chose, et en prendrai d'autres sans être payé pour ce faire. Mais d'ici-là...
« Business is business... »
La porte s'ouvre à la volée, et des pas nombreux semblent en franchir le seuil. Allongé dans le fauteuil, un linge sur les yeux, je gémis un
« sortez » qui sonne sans doute comme un
« hmpfoté ». Sous mon front, mon sang bat la mesure si bien connue de la gueule de bois. Un choc dans le pied me force à me redresser et à jeter le linge par terre. Dans l'ombre de la pièce, je distingue trois silhouettes. Deux d'entre elles semblent armées, mais n'ont vraisemblablement pas dégainé. La dernière ne m'est que trop familière. Alastor.
« J'ai entendu dire que tu avais été grassement rémunéré, hier ? Et tu n'es pas passé me payer ce que tu me dois ?
-Tu me fais surveiller, maintenant ? Malgré la douleur engendrée par la répercussion incessante de sa voix dans ma tête, je souris, moqueur.
Assieds-toi. Et renvoie tes gorilles, on n'a pas besoin d'eux pour discuter. »Il sourit lui-même, et s'exécute. D'un geste de la main, il ordonne la sortie de ses hommes, et prend place sur la chaise de l'autre côté de la table, pendant que je me lève péniblement pour ouvrir les rideaux, tout en plissant les yeux. Je bourre une pipe sans y penser, et la considère un instant, avant de la poser sur la table, nauséeux à la simple idée de l'allumer. Puis, je récupère la malle contenant les Tsuries récoltés la veille. Malgré les verres ingurgités la veille, son contenu n'a pas semblé diminuer. Je la porte péniblement et la place sur la table afin qu'il puisse en compter le contenu, ce qu'il s'affaire à faire. Mon regard se porte à nouveau sur ma pipe, et je finis par l'allumer.
« Bientôt, je t'aurai payé tout ce que je te dois. L'appartement, le contenu, l'éducation... Après vingt ans de dettes, j'en vois finalement le bout. »Je soupire nostalgiquement. Après avoir fui ma terre natale et avoir voyagé sans but en diverses compagnies sur les routes, et comme toutes ces dernières menaient à Lüh, y arrivant maladif et loqueteux, j'ai eu la chance de tomber au hasard d'un vol à la tire sur un des plus grands escrocs des bas-quartiers de la capitale. Un des plus grands en accord avec la taille de son réseau, et intouchable parce que c'était ce dernier qui faisait ses quatre volontés, tandis que lui faisait figure d'homme exemplaire. Autant dire que s'il m'a pris sous son aile, ce n'était que pour l'étendre. Cependant, en voyant mon insistance quant au fait de travailler seul, je ne suis pas devenu son subordonné au sens propre du terme, mais un électron libre. Enfant, il m'a habillé, instruit, nourri, et m'a donné un toit. Puis quand j'ai grandi à l'instar de mes besoins, il a cédé au moindre de mes caprices. Jusqu'à me donner l'appartement dans lequel je traite mes affaires aujourd'hui. Et quand enfin j'ai eu l'âge de travailler, je suis devenu Jack-of-all-trades, afin de rembourser mes dettes. Cela fait maintenant huit ans.
« J'ai bien du mal à t'imaginer voler de tes propres ailes, gamin. Une idée de ce que tu comptes faire après ça ?
-Je vais continuer. Il y a bien plus de travail à la capitale qu'ailleurs. Puis j'ai trouvé dans ce travail des choses que j'imaginais pas trouver.
-Ouais, je comprends ça. N'hésite pas à venir me demander quoi que ce soit.
-Pour accumuler d'autres dettes ? Oublie ça, Alastor. »Au-dessus du coffre, le visage ridé mais encore acéré de celui qui a été mon bienfaiteur pendant des années me sourit. Puis il retourne à ses comptes. J'inhale la fumée de ma pipe et la recrache en reprenant la parole.
« Tu tiendras ta promesse ?
-Laquelle ?
-Celle de me dire lequel de tes deux gorilles est ton Invocation. »Il ne répond rien, ne me regarde pas, mais sourit de plus belle. Je soupire et frappe ma pipe pour en faire tomber les cendres. C'était tout ce que je pouvais attendre de la part d'un maître-escroc.
Le compte des pièces a duré un certain temps, mais une fois terminé, Alastor s'en est allé en me laissant de quoi vivre un moment. Nous n'avons pas plus parlé. C'est ainsi que nous nous apprécions l'un l'autre. Sans fioriture, sans débordement inutile. Il n'en ira pas différemment lors de mon paiement final, probablement notre dernière entrevue. C'est mieux ainsi. Je ne veux pas pleurer deux fois la mort d'un père.
● Autres
Métier : Jack-of-all-trades.
Signes particuliers : Une pipe longue et droite qui l'accompagne partout, qu'il fume avec ferveur.
Rêve : Le rêve de Straw n'est ni plus ni moins que trouver quelque chose qui compte à ses yeux. Une cause à laquelle se dévouer, une personne ou une possession à protéger... Trois choses qu'il refuse catégoriquement d'entrer dans sa vie sans vraiment s'en rendre compte.
● Hors Jeu
Comment avez vous découvert ce forum ? J'ai dû taper un truc du genre « meilleur forum RP » dans Google. Et c'est même pas d'la lèche.
Comment trouvez vous l'intrigue de ce forum ? Jusque là, je suis un peu en période de découverte. J'hésiterai pas à donner mon avis une fois plus investi.
Comment trouvez vous le design de ce forum ? Ouais, alors là, joker. J'ai jamais eu aucun goût pour le design. Pour moi, c'est « on s'y retrouve, ça me plaît », ou l'inverse. Pour ce forum, on s'y retrouve. Ça me plaît.
Avez vous lu le règlement ? [Validé par l'hydre schizophrène]Avez vous vu le tchat ? Ouais. On s'y retrouve dans cinq minutes ?
Savez vous comment voter pour le forum ? Ouais, mais avec toute la bonne volonté du monde, je suis nul nul nul nul nul nul nul nul nul nul nul nul nul nul nul nul à ce genre de truc, et si je le fais une fois par mois, c'est cause de célébration. Navré.