Retrait... désintérêt... Curiosité? Celui qui me sied le plus, n'est probablement guère au goût de tous. Cela n'a cependant pas d'importance, j'évolue sur les bords, une présence diaphane, tel l'éclat du soleil sur le sable du désert, visible mais imperceptible physiquement. L'argent de mes iris se déporte, d'une maille à l'autre de cette complexité intrigante qui se tisse devant, à côté, autour, en dedans et en dehors de moi. Le faciès du primate exprime une neutralité exemplaire, qui ne doit pas ravir l'homme et son fanfaron divin... Mais plaire à la délicieuse proie qui surnage, avant de s'envoler.
Nulle mort... Des symbioses vécues et observées, la dynamique qui caractérise les liés possède une beauté étonnante. Divins ou humains, la fascination en résulte dans bien des sens. Il m'a été donné de sentir, à mon degré de perception actuel et singulier, une multitude d'émotions dont peut se passer aisément mon corps pour le moment. Peur, rage, impuissance, orgueil, dépit, ... Oh, bien sur ce ne sont là que des mots pauvres et dérisoires. Dans le regard de chacun, résidait une infinité de vécus complexes, s’entrelaçant au présent, pour enrichir la dimension globale de tout leur être, ainsi que les liens qui les unit à autrui.
Si je suis resté à distance, l'envol du grand dadais emplumé m'a fait me rapprocher. De nouvelles observations et interactions vont poindre et alimenter ma psyché curieuse... Si seulement deux petites choses n'étaient pas venues mobiliser une autre partie de ma pensée.
Le timbre de sa voix... Le souffle léger sur ma crinière, alors que le vent ne s'est pas levé... L'ombre de sa silhouette, à présent tissée à celle d'une autre, plus petite, vient de disparaître sous la mienne. Fort heureusement, le temple si proche, me permet de plaquer les deux corps contre la parois rocheuse. Le reste du mien fait barrage, lacéré par les lames de vent d'une tornade divine. J'ai réussi à coincer d'un geste rapide la petite boule écailleuse entre elle est moi, au niveau de mon torse, là où la protection est plus grande. Elle a baissé naturellement le fief entre mes épaules, et maintenant ne reste qu'à attendre la fin du déchaînement de la magie d'Aer.
Douleur... Mm, je grogne intérieurement. Je ne sais pas si cela m'est désagréable. Tention hein, j'suis pas dans le genre maso, mais... Je ne me souviens plus de la dernière fois où j'ai pu ressentir quelque chose avec autant de prégnance. Cependant, le centre de mon attention est ailleurs, peut-être que cela atténue l'impact des griffes de la magie aérienne? J'ai plaisir à songer qu'elles s'inscrivent dans ma chair et non la sienne... Mais... C'est aussi agréable lorsque le vent se couche enfin...
Qu'est-ce que ça pique maintenant bordel."Grmmraa, saleté piaf!" Encore heureux qu'on est pas devant le temple de mon père, imaginez les grains de sable dans toutes les embouchures et les blessures après? Je m'écarte un peu chancelant et me redresse en douceur le visage légèrement crispé. Les opales grises de mon regard cherchent l'homme et son compagnon, afin d'évaluer la situation et si des soins leur sont nécessaires, je m'occuperais de mon corps plus tard...