« […] et les dieux ne sont pas avec nous… »

La jeune femme soupira. Les dieux n’avaient en rien avoir avec cette stupidité humaine. Elle finit de coiffer ses cheveux en une élégante tresse, n’écoutant que d’une oreille distraite les commentaires d’Izaya. Si cet imprévu lui déplaisait quelque peu, cela n’était une raison pour en vouloir à quelqu’un. Cela n’était qu’un petit détour, une route qui allait assurément être toute aussi fleurit que celle qu’elle voulait emprunter. Elle ajusta ses habits de voyage, vérifia qu’elle avait bien toutes ses affaires dans son sac sans fond. Cette fois-ci, il ne fallait rien oublier. Elle se releva alors, rejoignant le petit groupe qui l’attendait à l’entrée de sa demeure.

« Ne traînons pas. Il faut rejoindre le prochain village avant la nuit. On nous attend à l’auberge du sifflet. »

Elle aimait ce genre de voyage. Certains la suivant par contrainte, par devoir, par volonté. Ce n’était pas tellement l’affection qui l’animait, mais cela n’était important. Ils passèrent les portes de la ville et attirèrent quelques regards. Il fallait avouer qu’un groupe sans monture, constitué d’une personnalité bien gardée pouvait tiquer la curiosité des passants. Après tout, leurs montures les attendaient un peu plus loin, tout comme le convoi d’armement. Sa présence était finalement requise pour mener à bien cette affaire ; Rorn était une ville bien compliquée. Les temps étaient en train de changer, après tout.
Et son commerce fleurissait, encore plus.

Elle posa son regard sur son invocation, souriant légèrement. Elle savait, en posant un instant ses yeux sur lui, qu’il n’appréciait pas cette situation et le besoin de rester sous forme humaine ; en ville cela n’était guère aisé à balader. Peut-être avait-il l’habitude dorénavant, même si elle se trompait souvent à son sujet. Lentement mais sûrement, le petit groupe s’éloignait de la capitale sous le soleil d’Ignis, brillant de tout son charme. Au moins, le temps était assez dégagé pour une balade en plein air.

Elle fit jouer sa chevalière entre ses doigts. Lorsqu’elle la portait, elle avait l’impression de revêtir son costume de haute noble ; elle la portait avec une chaîne autour de son cou, jamais à son doigt. Il était ainsi moins aisé de l’oublier, au plus près de son cœur, mais caché de ses prunelles. Ce début de voyage fut sans encombre, les abords de Lüh étant bien plus sûr que les contrées lointaines qu’elle avait déjà foulée. Les cliquetis des armures sonnaient comme une berceuse qu’elle ne connaissait que trop bien. Son regard se perdit dans les paysages les entourant, dans ses pensées qui imaginaient bien autre chose. Ce n’est que lorsqu’elle sentit sa manche la tirée légèrement qu’elle releva le regard.

Lorsqu’Izaya se tendait, il était facile de le remarquer. Cela amusait grandement la jeune demoiselle, qui parfois était tentée de se laisser ensevelir par les problèmes pour voir encore une fois ce visage si expressif. Elle avait ses habitudes de garde dorée un peu brusques, si charmantes. Cette dernière avait mis l’une de ses mains sur sa garde, fixant un petit duo qui s’était arrêté, un peu devant, qui les regardait. Et l’homme les arrêta. Il était facile de rencontrer des monstres et de périr. Cela pouvait se passer si rapidement. Mais il était encore plus dangereux de rencontrer des hommes, car la mort avait le temps de se tapir dans l’ombre. Cependant, la jeune femme n’eut le temps de s’interroger plus amplement sur les intentions du voyageur, ce dernier leur adressant directement la parole.

Le silence de la brise lui répondit. Si effectivement il pouvait déranger, cette phrase n’avait en soit pas besoin de réponse. Nérée haussa un sourcil, avec à ses côtés ses chers gardes du corps sur leurs gardes. Allait-il demander de l’argent ? Des renseignements ? A côté de l’inconnu se tenait une grande femme, lance à la main. Une bien faible protection humaine.
Et le silence se prolongea lorsqu’il précisa sa demande. Il fallait avouer que la jeune femme était quelque peu prise au dépourvu. Elle laissa alors le silence se prolonger, se contentant de songer à ce qu’elle venait d’entendre. Il n’était pas rare pour elle d’être abordée pour un quelconque service, mais celui-ci était plutôt original. Nérée fixa l’homme aux allures de mendiant, sans réelle expression.

« J’accepte. »

Il n’y avait pas besoin d’y aller par quatre chemins pour en venir à sa conclusion. Ce ne fut cependant pas au goût de tous ; Zachary tourna le regard, surpris. L'homme avait déjà étonné le groupe, mais sa propre réponse était d'un autre niveau. Et le commentaire ne tarda guère, comme s’il n’y avait plus qu’eux.

« Attends, tu ne peux pas accepter comme ça... » On sentait l’hésitation dans la voix de son homme de main. Après tout, il la connaissait bien, et savait qu’il fallait réfléchir avant d’adresser la parole à la jeune femme. Cette dernière, après un petit instant, reprit avant lui : « Mh… tu as raison. » Un petit sourire illumina son visage. La vie n’était pas facile. « C’est peut-être un peu trop facile. »

Nérée tourna alors son sourire malicieux envers l’inconnu. Sa simple introduction laissait beaucoup à réfléchir ; peut-être était-ce une imprudence de sa part, une simple honnêteté pouvant pencher en sa faveur. Cela avait malgré tout attiré sa curiosité, et son intérêt.

« Pour fuir des pirates, vous devez avoir une histoire intéressante à me conter. Que diriez-vous de l’échanger contre mon accord ? »

Il y avait toujours cette pointe de malice dans son regard. Ce genre de situation, elle ne les connaissait que trop bien, et elle faisait en sorte que la situation tourne toujours en son avantage. Nérée restait une commerçante, même derrière ce visage angélique et ses belles paroles. Cette fois-ci, ce fut la compagne de l’étrange homme qui prit la parole. En avait-il trop dit, parlait-elle, elle aussi, sans réfléchir ? Cette femme était grande, aux allures de guerrière. En vue de ses réactions, elle était toute aussi surprise des premiers échanges. Son sourire s’élargit, pour s’effacer aussitôt.

Elle soupira faiblement. Elle s’attendait à beaucoup mieux de la part de ce petit groupe. S’ils étaient aussi versatiles, elle n’allait pas réellement tirer profit de cette protection. Leur histoire était bien plus banale qu’elle ne l’aurait imaginée. Les présentations avaient été rapidement faites, du moins, de leur côté. Le sien était un peu plus compliqué ; l’homme reparla une nouvelle fois, demandant et dévoilant beaucoup. Peut-être était-il un expert en mensonge, ou tout simplement un simple d’esprit. La jeune femme se laissa bercer par la deuxième solution, bien plus propice à l’amusement.

« Mh… »

La jeune noble n’arrivait pas tellement à réfléchir. Peut-être était-elle un peu prise de court. Même si elle avait les réponses à toutes ces interrogations, elle ne savait quoi révéler dans un premier temps. Elle n’était pas aussi inconsciente qu’elle n’y paraissait, lorsqu’elle le voulait. Et peut-être fut-elle sauvée par la réaction d’Izaya, qui elle, ne semblait pas aussi emballée que le reste du groupe par cette histoire. Sa garde avait toujours été ainsi. Méfiante, protectrice, ne dérogeant jamais à ses principes ; aussi futiles étaient-ils.

« Hier ? Quel est le nom du capitaine ? Et l’équipage ? Et vous êtes poursuivi pour seulement un jour ? Ne vous moquez pas de moi ! Vous êtes encore des pirates ! Si vous pensez pouvoir nous prendre par surprise en blablatant… ! »

Elle avait empoignée avec un peu plus la garde de son épée, l’ayant légèrement sorti de son fourreau. Après tout, elle ne pouvait pas faire confiance aussi facilement a des inconnus, et encore moins à des pirates. En vue de cette réaction un peu exagérée, Zachary se redressa légèrement, prêt à agir pour s’interposer si la situation tournait mal. Autant éviter toute violence. Et elle allait mal tourner, assurément. Elle tournait souvent mal, avec Nérée.

Ils n’avaient cependant pas fait un mauvais choix en jouant la carte de la clarté ; la jeune noble n’arrivait à douter de ses intentions. « Du calme... Mais c’est vrai que c’est assez étrange… surtout cette histoire d’immortalité. » Etait-ce seulement possible ? Elle savait déjà que ces paroles n’allaient pas plaire à quelqu’un. Elle reprit alors, riant presque de bon cœur : « C’est assez amusant de vouloir ainsi défier les Dieux. Et bien plus intéressant que votre histoire. »

Rien que cette idée lui faisait tendre vers une réelle acceptation du « contrat ». Au moins, elle avait exposé clairement que leur passé n'avait aucune importance pour elle. Elle était la première à vouloir dépasser les limites, quel que soit les conséquences que cela pouvait entraîner. Alors elle allait être aussi la première à s'investir dans une cause aussi stupide était-elle.

La jeune femme abordait un petit sourire mais ce dernier devint de plus en plus crispé au fil des secondes. Même pour elle, la situation commençait à lui échapper quelque peu et elle se demandait bien comment tout cela allait évoluer. Surtout qu’ils étaient plus ou moins pressés.

Entre ses gardes qui étaient tendus, son invocation qu’elle voyait du coin de l’œil réagir au quart de tour, et les deux inconnus liés par le lien du sang sur la défensive… il fallait bien s’avouer que cela n’était guère le signe d’une bonne entente. Elle resta silencieuse un temps, écoutant les remarques de la lancière puis, directement après, celles de Shénzi. Ce dernier n’avait pas de réelles chaînes quant à son comportement ; c’était bien plus amusant ainsi. Lorsqu’il regagna sa forme originelle, Nérée su que les choses allaient un peu plus dégénérer mais elle n’intervint pas. Peut-être partageait-elle un peu son point de vue.

Cependant, avoir deux morts sur les bras n’était pas quelque chose d’envisageable. Après tout, s’ils devaient rejoindre le point de rendez-vous avant la fin de journée, il ne fallait pas non plus apporter d’autres ennuis supplémentaires. De plus, les deux cibles de sa divinité ne semblaient pas vouloir se laisser faire. L’un avait bandé son arc, l’autre… avait été dévoilé. Etait-ce grâce à la bêtise ou la volonté d’intimider ? L’information qu’avait laissé échapper le guérisseur n’échappa pas aux oreilles de la jeune noble. Elle qui avait une invocation en sa possession ne pouvait que comprendre ses dires. Son excuse le confirma. Avoir deux morts sur les bras était un poids, mais il semblerait qu’arriver à cette finalité serait plus amusant qu’elle ne l’aurait imaginé.

« Attends. »

A cet ordre, elle intimait au demi-dieu de ne pas passer tout de suite à l’action, mais se dévoilait aussi comme étant sa propriétaire. Cela n’était cependant guère important. Elle avait besoin de temps pour réfléchir. Peut-être que cela s’adressait aussi à sa garde qui ne bougea pas ; ce combat n’était pas de taille pour eux s’il allait vraiment avoir lieu. Elle passa une main dans sa chevelure. A vrai dire, elle ne savait ce que cette relation pouvait avoir comme conséquence sur son image. Les temps étaient en train de changer, après tout, et elle était bien placé pour le savoir : les armes se vendaient de mieux en mieux.

« Si vous vous y prenez toujours de cette manière, il n’est pas étonnant que vous soyez ainsi poursuivis… »

Une remarque assez juste, après tout. A vrai dire, même si cela était problématique, elle s’amusait beaucoup de la situation actuelle. Ses journées étaient plutôt sans intérêt, et les voyages qu’elle faisait étaient juste longs. Enfin, cette histoire de recherches était intéressante et ne devait pas tomber entre de mauvaises mains. Si cette méthode d’approche était hasardeuse, la clémence envers le mensonge pouvait différer selon chacun.

« Sauf si vous y tenez vraiment, je ne pense pas qu’en venir au combat soit utile. » Reprit-elle alors. Elle avait déjà assez de sang sur les mains comme cela. Elle reprit : « Que recherchez-vous réellement ? »

La jeune femme reposait la question, quand bien même les informations avaient été dévoilées quelques instants auparavant. Le mensonge qui se mêlait à cette histoire la poussait à vouloir trouver la vérité, s’il y en avait une.

La jeune demoiselle était presque déçue qu’aucun combat n’ait eu lieu. Elle savait que son invocation reprenait peu à peu ses forces, mais savoir jusqu’où s’étendait son pouvoir maintenant aurait été intéressant ; et distrayant. Malgré tout elle avait stoppé le combat d’un mot, rendant quelque peu grognons son compagnon divin. Le reste du groupe se calma par la suite, quand bien même la tension était toujours palpable. Elle voyait bien du coin de l’œil que tout comme Zachary, Izaya n’était pas enthousiaste quand à ce ralliement. C’était des pirates. Des menteurs, peut-être des opportunistes. Des hommes, en somme.

Soudainement, Shénzi reprit la marche, alors que la lancière expliquait une énième fois leur intention. Ce qui étira les lèvres de la jeune noble fut la réaction d’Ouro ; le groupe allait se remettre en marche, ensemble. Cela ne donnait pas d’autres possibilités, alors Nérée emboita le pas à son invocation, quelques mètres derrière elle. Cette dernière allait être ravie de faire un bout de chemin avec celui qu’elle voulait voir mort. Izaya fermait la marche, gardant un œil sur la lancière, Zachary marchant à leur côté. Elle savait qu’une discussion avec eux allait être de mise, plus tard.

« La vie de pirate peut être amusante, pourtant. »

Parfois, elle s’imaginait menant une vie de débauchée. Celle-ci lui paraissait bien plus vivante que la sienne ; l’herbe était toujours plus verte dans le jardin d’à côté, après tout. Le groupe avait encore de la marche devant eux, il était donc judicieux d’en profiter pour discuter. Ainsi, elle reprit :

« Je suppose que comme vous n’avez fait partie de l’équipage qu’une poignée d’heures, cela sera plus facile pour faire passer tout cela sous silence… » La jeune noble se tourna envers sa garde dorée personnelle, qui n’approuvait qu’à moitié ses paroles. Même si elle avait une immunité, Nérée était toujours à la limite de l’acceptable. Après tout, l’inverse ne serait guère amusant, n’est-ce pas ? « Vous dirigez-vous vers Rorn ? »

Nérée y songeait sérieusement, à cette protection. Après tout, s’il y avait quelques détails gênant à fixer, cela pouvait à long terme lui être bénéfique, en plus qu’elle semblait faire une bonne action. Cette pensée étira ses lèvres une nouvelle fois ; c’était bien un comble pour elle. Elle posa son regard sur le paysage qui défilait lentement, se disant que cette journée qu'elle voyait ennuyeuse était en train de changer de direction, peu à peu.

Tout était redevenu tranquille dorénavant. Le groupe s’était agrandit et avait repris la marche. Ils allaient sûrement faire un bout de chemin ensemble, finalement. Heureusement que le point de rendez-vous n’était plus très loin, avoir des montures sera bien moins épuisant. La jeune femme ne doutait pas qu’elle pourrait en trouver une ou deux supplémentaires. Pour le moment, elle marchait avec une divinité à ses côtés, qui ne lui appartenait pourtant pas. Sa remarque ne la laissa d’ailleurs guère indifférente.

« Peut-être oui. » Dit-elle dans un doux rire.

Elle avait raison, assurément. De toute façon, une divinité ne pouvait se tromper face à une mortelle comme elle. Nérée, malgré tout, respectait plus que tout cette différence et la place particulière que devait avoir les demi-dieux. Ses yeux se posèrent un moment sur le dos de sa propre invocation, qui semblait avoir abandonné toute idée de meurtre ; pour le moment. Elle semblait même contente de discuter avec l’étrange vagabond. Puis son attention revint sur sa propre compagne de discussion, lorsque celle-ci lui fit une remarque sur la noblesse et sa prétendue politesse. Son rire fut contagieux, ce qui contrastait avec les regards sérieux des deux protecteurs de la noble, qui fermaient la marche.

« La politesse n’est qu’un mot. Mais il est vrai qu’il serait temps que je me présente… » Elle-même était à cheval sur les politesses, après tout. Mais elle avait appris à ses dépens que la prudence était de mise, dans ce genre de rencontre. « Je me nomme Nérée Helireah. »

Elle passa sous silence ses titres et appellations, ici cela n’avait pour le moment aucune importance. Peut-être connaitraient-ils son nom, peut-être pas. Ils avaient de toute façon le temps de poser plus de questions, le voyage allait être long. Après un temps de silence, elle reprit : « En parlant de cheval, si vous êtes décidés à nous accompagner jusqu’à Rorn, nous ferons halte un moment. Nous pourrons ainsi prendre des montures. »

Ils pourraient même devancer le convoi pour aller plus vite. Nérée était obligée de se rendre à Rorn, mais ce n’était pour le moment guère sa destination préférée. En tant que noble et proche du prince, elle faisait partie d’un camp. Et elle avait failli y mourir, et il était certain qu’une seconde attaque était inévitable ; de n’importe quel côté. Mais lorsque l’on tenait un commerce d’arme, il n’y avait pas de réel mauvais côté. Peut-être était-ce une chance ou un piège dangereux qui allait tôt ou tard la prendre à revers. Mais pour le moment, ces soucis étaient bien loin. La jeune femme porta son regard sur la fausse humaine à ses côté.

« Qu’est-ce qui vous a poussé à suivre un humain, jusqu'à vous faire passer pour sa soeur ? »

La curiosité encore guidait ses mots, mais c'est ce qui la caractérisait le plus, après tout.

Converser avec un demi-dieu était une activité qui ne lui avait jamais déplus. Peut-être était-ce pour cela qu’elle préférait parfois leur compagnie à celle de ses pairs. Leur point de vue était si différent de celui des humains, et si intéressant, après tout. Nérée hocha alors silencieusement la tête, alors que la demi-déesse répondait à sa question. Elle en avait encore des centaines en tête, mais elle préféra le silence. Bororo était revenu à leur côté après une brève mais intense discussion avec Shénzi. Ce dernier était d’ailleurs bien calme pour quelqu’un qui avait eu une soif de sang il y a quelques instants. Un sourire étira ses fines lèvres alors que ses yeux se posaient sur le campement, au loin, en bas de la petite colline.

Le voyage ne faisait que commencer, à partir de cet instant. Même si le désert n’effrayait en rien la jeune noble, ce n’était peut-être pas le cas pour le reste du groupe. Ces deux inconnus, allaient-ils périr ? Et elle ? Après tout, les routes étaient de moins en moins sûres ; la menace des hommes se rajoutait à celle des monstres. Cependant, il était habituel pour elle que les ennuis pouvaient commencer avant même le périple. Les pas d’un homme se rapprochant à vive allure firent retourner Zachary et Izaya qui reprirent une posture de défense. Encore une fois.

Le messager était arrivé au niveau du petit groupe. A ses mots, Nérée se retourna en dévisageant un instant l’homme, pour prendre la parole d’un ton neutre.

« Ici même. »

En général, lorsqu’elle entendait ce genre de phrase, cela ne présageait rien de bon. On pouvait facilement voir d’ailleurs que son sourire avait laissé sa place à une mine bien plus sérieuse. Elle se rapprocha alors du messager, lui montrant rapidement la chevalière qu’elle portait à son doigt en guise de preuve et pris la missive qu’il lui tendait. Cette dernière était scellée par un cachet de cire cachetée ; le symbole de la famille royale. Sans plus attendre, elle ouvrit la lettre.

Lettre :

Nérée soupira. Elle avait eu vent de l’attaque de Rorn, des dégâts considérables qu’avait subie la ville, mais aucunement de ce comptoir détruit. Heureusement qu’elle avait un autre entrepôt pour le convoi qui allait partir. Malgré tout, la disparition de Danan la laissait pensive. Si elle ne le portait pas particulièrement dans son cœur, le savoir disparu depuis plus d’un mois ne laissait que deux options possibles : sa mort ou son enlèvement. Elle tendit la missive à Zarachy pour qu’il puisse la lire, tout en lui adressant la parole.

« Je pense que nous allons changer nos plans. Je n’ai pas de temps à perdre à suivre le convoi, je te laisse t’en charger. » Après tout, elle avait confiance en lui. Elle tourna son regard vers sa garde et reprit : « Je suppose que tu vas me suivre… ? »

Nérée connaissait déjà la réponse. Après tout, si elle avait réussi à n’avoir qu’un garde dorée sur le dos, elle ne pouvait pas tout le temps s’en débarrasser. La jeune femme rejoignit les deux nouveaux compagnons de voyage alors que le petit groupe reprenait enfin la marche. « Nous allons rapidement passer au campement pour récupérer des montures. En petit groupe nous irons plus vite. Est-ce que cela vous convient ? » Là aussi elle se doutait bien de leur réponse. Eux qui semblaient fuir une menace n’allaient pas être contre un voyage plus rapide. Avec deux invocations, ils ne craignaient, de plus, pas grand-chose.

Le groupe arriva rapidement au campement qui s’anima à leur arrivé. Chacun s’activait à se préparer à partir. Après un temps consacré à donner quelques consignes et récupérer provisions et montures, la noble rejoignit enfin le groupe avec lequel elle allait faire un bout de chemin. Un groupe atypique qui ne lui déplaisait guère.

« Si vous êtes tous prêts, nous pouvons partir. Il reste un long chemin à faire avant d'arriver à Rorn. » fit Izaya du haut de son variquan.