Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
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Un épais bloc de glace barre l’entrée de la cellule de Xion. Bien que taillé pour correspondre à l’espace disponible, deux mètres de haut pour un de large, il n’a de porte que le nom et la fonction. Aucune poignée n’est visible. Sa surface est entièrement opaque. Malgré cette nature gelée indiscutable, la température ne se refroidit pas à proximité. Si vous décidez de le toucher, la glace vous brûle sans vous blesser. Impossible de briser le contact, mais la surface gelée se met à fondre pour devenir une cascade d’eau qui ne mouille pas. Il est désormais possible d’entrer. L’eau se solidifiera après votre passage.
Consignes:
Bienvenue dans cette épreuve. Sachez que :
-> Je peux gérer plusieurs candidats à la fois, seulement vous ne vous croiserez pas à l’intérieur de la cellule.
-> La fiche de Xion est restée volontairement énigmatique sur son caractère actuel. Vous pouvez la lire sans problème si vous le souhaitez.
-> L’enfermement a fait naître en Xion un bon degré d'impulsivité. Selon votre comportement et vos paroles, votre personnage pourra être blessé. En passant l’épreuve, vous l'acceptez.
Bon jeu !
La salle, pas très grande, est plongée dans le noir le plus total. Des points lumineux bougent au loin avant de s’évanouir entièrement. La magie du temple s’est activée. La luminosité revient très brusquement, avant de se tamiser progressivement. Les murs sont entièrement recouverts d’une épaisse couche de glace où dansent les reflets d’une eau claire, doucement agitée. De petites flaques gisent en effet au bas des parois, formées par leur écoulement. À y regarder, votre propre réflexion semble floue ou déformée. Peut-être qu’ils représentent des souvenirs ou le simple fruit de votre imagination. La température ambiante est un peu fraîche mais reste agréable, l’air un peu humide, à l’image d’un gouffre où reposerait un lac souterrain. Il semble n'y rien avoir d'autre.
Plus j'essayais et plus j'avais la sensation que ce parcourt n'aurait jamais de fin. Baphomet avait manqué de me briser en miles morceaux, je ne pouvais pas l'oublier. Mes erreurs du passer il me fallait passer outre et les corriger.
“ Me voilà devant un nouveau dieu. ”
J'avais débuté par le temple de la Terre, puis par le temps de l'Air, pour enfin être face au temple de l'Eau. Il s'agissait du temple qui me nouait le plus l'estomac : celui-ci où Catherine avait délivrée son demi dieu. L'eau était sûrement mon élément préféré après l'air notamment sur le fait qu'elle était froide et infinie. Sa fraîcheur était le moment où je me sentais le mieux.
Face à la porte de glace, je posas les doigts sur la fraîcheur qui me brûla immédiatement. Je voulu retirer mes doigts, un peu paniqué, avant de lever la tête vers la porte qui s'ouvrait sous la forme d'une cascade. Je tournai mon regard vers mes doigts, ça faisait mal, une douleur que je commençais à avoir l'habitude de subir, et pourtant aucun rougeur, aucune gouttelettes d'eau, la magie divine m'étonnera sans cesse.
Je m'engouffrais dans ce nouveau horizon, intrigué, il était beau autant qu'il représentait une cage lugubre et sans sorties. J'avançais sans faire attention à ce qui m'entourait, je faisais abstraction, j'avais un but précis et je me devais de le réussir.
Ne voyant pas le divin, arrivant enfin dans la salle du divin, je fini par parler, j'espérai au moins la faire apparaître, j'espérai qu'elle m'accepte et que je puisse lui offrir une liberté.
“ Bonjour enfant des divins. Je suis Heanius de Téthys, je viens afin de vous libérer de votre prison. ”
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Rang : le fauve Crédit Avatar : Project Badwater: Doherty Date d'inscription : 11/05/2017 Messages : 1595Liens vers la fiche : Fiche Métier : Cheffe de Clan Invocation(s) : Xion & Svaarnelg Inventaire : 10 128 Ŧ Gourde
┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈┈ Armement
Séjourant à Heilan, je m'étais décidé à l'aube, de retrouver le temple de l'eau après une longue concertation avec moi même et le tissu blanc autour de mon poignet. Je l'avais fixé de longue minute, couché sur mon lit dans la chambre à l'auberge. J'avais bondis, littéralement, brusquement et rassemblant mes affaires. Je n'avais prévenu personne, encore une fois, mais j'avais le besoin de retourner là bas.
L'échec que j'avais connu avec l'hydre là-bas m'étais resté en travers de la gorge. J'avais franchis une étape important auprès de mon clan et puis, j'étais surtout juste à côté du Temple, alors pourquoi ne pas en profiter ? Voilà pourquoi je me retrouvait à nouveau devant l'édifice, les rayons orangés du soleil commençant à éclairer son sommet. La brise était fraîche en ce matin de printemps, caressant mon visage et faisant se tendre la peau de mes joues.
J'entrais donc, prestement à une allure appuyée et une marche déterminée, fixant l'horizon que me peignait les couloirs qui se présentaient à moi. Quelques minutes à travers ses derniers et finalement, c'était une porte en particulier qui m'interpella. Enfin, plutôt un gros bloc de glace. Le souvenir de la porte qui emprisonnait l'hydre ressurgit, puisqu'elle était elle aussi prisonnière de la glace. Je vérifiais rapidement que ce n'était pas la même avant de la détailler plus amplement, me penchant sur elle en fronçant les sourcils, mon regard la parcourant.
Me redressant subitement, je ne pouvais rien faire d'autre qu'admettre qu'aucune poignée ne semblait apparente. Je croisais donc mes bras sur ma poitrine, un peu agacée avant de me décider à effleurer du doigt la glace, histoire de. Je le retira rapidement, alors qu'une sensation de brûlure m'avait prise, m'arrachant une grimace de douleur. Mais j'avais beau regarder mon doigts, je ni voyais aucune trace. Mais alors que je relevais les yeux vers le bloc de glace, se dernier s'effondra en une cascade, glissant sur le sol. Je fis alors un pas en arrière, histoire d'épargner à mes bottes cette eau mal-intentionnée. Pourtant, je ne pus sauver le bout de ma botte droite qui, étrangement, n'avait pas l'air d'en avoir souffert.
Intriguée, j'avançais ma main vers la cascade, ne sentant rien de l'eau ruisselant sur ma peau. Je la ressortais, parfaitement sèche. Plutôt très surprise, je relevais mon regard vers la cascade. Prenant ma respiration instinctivement, je m'élançais et traversais la cascade d'une traite, avant que cette dernière ne se change à nouveau en glace derrière moi, me provoquant un long soupire. Je me retournais alors, faisant face à une noirceur menaçant, qui m'obligeait à me mettre sur mes gardes. Des points lumineux attirèrent mon regard au loin et je commençais à vouloir m'en approcher, avant qu'ils ne disparaissent. La seconde d'après, la lumière revenait brusquement me faisant plisser les paupières quelques secondes avant de m'en accoutumer. Mon regard parcourait alors la pièce en m'avançant encore, les murs étaient de glace et l'eau ruisselait derrière eux. Je m'avançais vers eux, fixant avec perplexité mon reflet, flou et irrégulier. Pendant une seconde, j'avais eu l'impression de voir Son visage à la place du mien.
Cette simple vision me fit reculer d'un pas et secouer brusquement ma tête pour m'enlever cette idée de l'esprit. L'instant d'après, je me retrouvais à observer la pièce, en long en large et en travers. La température avait beau être agréable et la décoration sympathique, il n'y avait rien d'autre. Aucun enfant d'Aqua à l'horizon. Cette évidence m'arracha un profond soupire qui résonna dans la pièce. Je levais alors les yeux au ciel, comme si il s'y trouvait, lui adressant mes pensées de ma voix contrariée
❝ Ma vie est déjà trop courte pour qu'on perde du temps à jouer à cache-cache, non ? ❞
Codage par Libella sur Graphiorum
Dernière édition par Lagertha le Jeu 30 Aoû 2018, 13:21, édité 1 fois
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Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
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Dès que l’humain élève la voix, perçant la semi-pénombre des environs, un épais brouillard se forme au fond de la cellule. En perpétuel mouvement, il décrit parfois de petits cercles, parfois des zigzags. Il bouge dans un sens puis dans l’autre, comme s’il était soufflé par le vent, et dégage une aura étrange.
De ses yeux perçants, Xion, indicible au regard du mortel ayant pénétré l’enceinte de sa cage, observe l’inconnu. Sa taille est très mince et plutôt petite. L’enfant d’Aqua pense d’abord avoir affaire à un adolescent. Mais sa voix et son calme n’ont rien d’enfantin, ni même d’innocent. Puisqu’il est homme, il doit passer pour un faible auprès de ses pairs. Un peu à son instar, dans son Monde, avec sa fine carrure. Il semble déterminé lui aussi, et pourtant ne s’avance guère. Est-ce un trait de caractère ou une apparence ? De la prudence ou de l’hésitation ? Il dit être là pour sa libération. N’est-ce pas le cas de tous ceux qui s’aventurent derrière la cascade ?
Il y en avait bien un, une fois, qui était venu pour mourir, sans se soucier de l’état de son bourreau. Xion l’avait observé des jours durant, sans précipiter son trépas et sans lui adresser la parole, se contentant de le regarder avec impassibilité. Que faire d’un autre être qui ne veut plus ressentir ? Est-ce que celui-là ne lui causera également que de l’indifférence ?
Au milieu de la salle, éclairé par un halo de lumière blafarde, apparaît soudainement un miroir grand d’un peu plus d’un mètre, suspendu dans le vide, mais à hauteur humaine. Son cadre doré est arrondi, large de presque dix centimètres, et d’un raffinement exquis. Du moins en partie, car certains endroits sont légèrement abîmés, comme si l’objet avait beaucoup voyagé. La surface lisse et solide, au contraire, ne comporte aucune imperfection. Si vous vous placez devant et regardez avec beaucoup d’attention, vous verrez le reflet de l’être le plus cher à votre cœur.
Lagertha:
Une humaine. L’hôte involontaire de ces lieux marins relève distraitement la tête pour l’observer. Emplie de méfiance, elle réagit à tout, la lumière, l’ambiance, la magie. On dirait même qu’elle se perd un instant dans la contemplation de ces eaux troubles qui couvrent les parois. Xion se redresse. Elle a des démons. Et ils apparaissent vite. Toujours à l’abri du regard de la femme, l’enfant d’Aqua relâche son souffle en même temps qu’elle. À ses premiers mots, un épais brouillard se forme au fond de la cellule. Il est en perpétuel mouvement, décrivant parfois de petits cercles ou des zigzags, dans un sens puis dans l’autre, comme s’il était soufflé par le vent. Il dégage une aura étrange.
Xion demeure immobile, ne réagissant pas à la provocation. Expressive. Impatiente. Le silence plane encore quelques secondes bénéfiques à son examen. Le corps de l’inconnue s’apparente aux tous premiers humains. Forts. Rudes. Taillés pour survivre et appréhender la nature qu’eux, les demi-dieux, entretenaient. Capables de construire comme de détruire. Un souvenir. Impossible de lui attacher une émotion. Il s’échappe de son esprit pour glisser sur les murs gelés de cette cage, laissant brièvement derrière lui un reflet doré.
Au milieu de la salle apparaît soudainement un miroir grand d’un peu plus d’un mètre, suspendu dans le vide, mais à hauteur humaine. Son cadre rectangulaire en bois dur est large de presque dix centimètres. Il accuse des affres du temps. Pourtant, les coins semblent faits d’or. Ils inviteraient presque l’humaine à les gratter pour enlever tout le bois et révéler sa nature d’origine, une facture magnifique. La surface lisse et solide, au contraire, ne comporte aucune imperfection. Si vous vous placez devant et regardez avec beaucoup d’attention, vous verrez le reflet de l’être le plus cher à votre cœur.
Un brouillard épais s'était formé devant bois. D'abord méfiante, je reculais une jambe et faisais mes appuis plus sûrs et stable, instinctivement. Cela ne me disait rien qui vaille après tout, j'aurais tord de rester ainsi, sans me préoccuper de ce qui venait d'apparaître. Mais la seconde d'après, il se mit à bouger, rapidement même, de façon vive et inattendue. Sans attendre, j'attrapais la poignée de l'Indomptée rangée dans mon dos, sans la dégainer pour autant. J'étais prête à le faire, mais bien que ce brouillard n'avait rien de rassurant, il n'avait pas l'air de représenter de danger pour l'instant. J'étais cependant prête à rétorquer, s'il se montrait menaçant. Bien qu'on pouvait se demander ce que ma lame pourrait bien faire contre quelque chose d'aussi intangible qu'une brume, mais je ne pouvais aller contre mon instinct.
Puis soudainement, me faisant reculer de quelques pas, un miroir apparaît devant moi, sortit de nul part. Je le détaillais rapidement, relâchant la prise que j'avais sur mon épée, ne l'effleurant plus que du bout des doigts pour finalement la lâcher complètement. Un vieux miroir à y regarder rapidement, mais ses détails me laissaient perplexe une seconde. J'aurais pu m'y attarder, mais mon attention fut subitement détourner par autre chose. Face à moi, le reflet de ce miroir ne me renvoyais pas moi, mais bien quelqu'un d'autre. Au début, cela n'avait que d'une silhouette très familière, trop familière. Je me rapprochais donc et plissais les paupières pour y voir mieux.
La silhouette floue se faisait alors reflet très net et face à moi, dans les profondeurs de ce miroir, se présentait ma mère, Lagertha. Mes muscles se crispèrent ainsi que ma mâchoire, quand mes poings se serrèrent dans le même temps. Sa vision me fit d'abord détourner le regard sur la droite, l'accompagnant d'un souffle prompt et agacé. Les traits de mon visage étaient tirés et mimait en de petites grimaces ma contrariété. Finalement, au bout de quelques secondes, mes yeux sombre revenaient doucement vers Elle, glissant d'abord sur sa silhouette pour finalement trouver son regard. L'instant me coupa le souffle avant que je ne prenne une respiration des plus profondes, soulevant ma poitrine sur laquelle je croisais mes bras.
Je la fixais à présent, moi tendue que tout à l'heure, acceptant que devant moi il n'y avait rien d'autre que de la magie illusoire. Mais sa vision me piquait tout de même l'âme. Même si, il y a peu, j'avais relâcher toute la rage et la colère que j'éprouvais concernant sa mort. Ca m'avait fait un bien fou et terriblement de mal en même temps. Mais ça m'avait au moins permis de vider un vase débordant depuis bien longtemps. Pensant à tout cela, je laissais passer quelques secondes de silence avant de prendre la parole, m'adressant au fils d'Aqua comme à moi même.
❝ Elle n'est plus de ce monde. Je l'ai accepté maintenant, il n'y a rien d'autre à ajouter. ❞
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Invok eau
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L’humaine reste sur ses gardes. Elle semble régie par son instinct. Un instinct vif, et possède même des réflexes de combattante. À l’image de leurs ancêtres, encore une fois. Elle laisse parler sa nature, mais qu’en est-il de ses émotions ? Sont-elles aussi puissantes que celles qui ont guidé les hommes et femmes créés jadis ? Ce sont elles qui avaient attiré la curiosité de Xion à l’époque.
Le brouillard, lentement, se diffuse autour de la jeune femme, créant un cercle dont le miroir et sa personne constituent le centre. Il se trouve au moins à trois bons mètres, laissant pour l’instant l’espace nécessaire pour ne pas être gêné durant l’épreuve. Il n’est pas si opaque, parfois les reflets des murs de glace parviennent à percer son écran. La tension s’empare des muscles de l’humaine face à sa vision. C’est souvent le cas. Mais elle ne crie pas. Elle ne pleure pas. Elle ne s’emporte pas. Elle garde un calme contrastant nettement avec ses premiers pas dans cette cellule, du moins en apparence. Xion hoche la tête puis s’approche doucement de cette force tranquille, d’abord avec hésitation, avant de venir se poster derrière elle. Ainsi, la vision du miroir lui parvient également.
C’est donc une femme. Xion sent la magie du Temple, peut-être la sienne, s’activer. À moins que ce ne soit une de ses propres illusions. Les paroles de la blonde l’aide à éclaircir ce reflet, à défaut des autres. Elles la laissent pensive quelques secondes. Puis, elle imite l’humaine, lâchant sa réflexion dans le vide de sa cellule, à qui veut bien l’entendre.
« Rares sont les humains qui ne fléchissent pas devant la mort. »
La renarde des abysses laisse ses mots en suspens. Sa voix est un peu rauque. Elle ignore à quand remonte la dernière visite. Sa présence glaciale rafraîchit progressivement la zone. Xion l’ignore et observe à son tour le miroir, guettant le regard doré et perçant qu’il est censé lui renvoyer. Une forme floue se dessine brièvement sur la surface traîtresse. C’est un grossier reflet de son visage. La jeune femme à la chevelure blonde l’apercevra peut-être avant qu’il se dissipe, si elle n’est pas trop préoccupée par l’air étrangement frais dans son dos. Agacée, bien qu’ayant déjà prédit cet échec dans sa contemplation narcissique, Xion relâche un souffle fébrile.
« Je... »
Elle bondit ensuite dans la brume, sans jamais être perçue. À l’abri dans ce repaire naturel, elle observe le premier miroir s’effacer, et deux nouveaux apparaître devant la guerrière. Ils sont placés côte-à-côte et ne semblent pas posséder de verre, juste un cadre. Celui de gauche projette une lumière pâle, très forte, froide mais qui rayonne dans toute la salle. Celui de droite diffuse une brume noire, opaque, tortueuse mais étrangement chaleureuse. Les deux semblent inviter la candidate à passer de l’autre côté.
En pénétrant dans l’un des miroirs, vous serez aveuglés l’espace d’une seconde puis vous retrouverez dans un environnement issu de vos souvenirs et/ou de votre imagination. Le miroir blanc révélera votre peur la plus vive, le miroir noir votre plus profond désir.
De retour devant le Temple de l'eau, là où tout a commencé. Je ne sais pas si j'ai vraiment voulu remettre les pieds ici ou si mon subconscient m'a conduit là, mais me voilà. J'entre sans faire attention, et le malaise grandit en moi jusqu'à ce que j'atteigne la porte que je cherchais.
Là, devant moi, ma Lucille est enfermée. Je pose ma main contre le bois fin. Je sais qu'il ne faudrait qu'une impulsion pour l'ouvrir, pour enfin revoir celle que j'aime, mais je ne peux pas. Elle a choisit de partir, et je ne peux pas la forcer à revenir vers moi. Ce serait contre... Tout ce que je suis.
Et puis merde. Pourquoi est-ce qu'il a fallut qu'elle m'abandonne alors que j'ai justement besoin de l'aide divine pour sauver Arcane !?
Mon poing m'échappe et je le laisse s'écraser contre la porte. Le bruit résonne dans le couloir et je frissonne. Est-ce qu'elle a entendu ? Est-ce qu'elle sait que c'est moi ? Elle doit s'en douter. Peut-être qu'elle peut m'entendre ?
Je grogne et me détourne. J'suis pas venu ici pour elle, de toute façon. Qu'elle aille au Diable, à croupir dans sa cellule, si c'est ce qu'elle veut. C'est pas comme si j'en avais quelque chose à foutre. Non, moi je suis ici pour une raison. Une raison parfaitement logique et réfléchie. Pas comme sa décision stupide.
J'sais même pas ce que je cherche et déjà mon regard est attiré par une autre porte. J'ai l'impression d'être ramené des années en arrière, quand je m'amusais encore à sauter de cellule en cellule malgré les dangers pour sauver des enfants divins ingrats. Aujourd'hui, c'est pas bien différent. J'ai encore la même peur au ventre, celle de mourir, mais aussi cette excitation de venir en aide à quelqu'un. Bon j'avoue c'est plus aussi fort qu'avant, j'suis plus tout jeune et tout... Mais quand même. Ouvrir une porte au hasard, me confronter à une divinité... Essayer de la sortir de sa prison...
Je souffle avec un léger amusement. C'était le bon vieux temps.
Ma main se pose sur la porte gelée qui m'a attirée. J'sais pas pourquoi j'ai choisi celle-là. Je sais jamais pourquoi je choisis quoi que ce soit, en fait, mais c'est juste comme ça. C'est celle-ci ou rien du tout, et je me contente de poser ma main dessus.
Quand la chaleur monte, jusqu'à me brûler, je serre les lèvres sans pousser le moindre son, puis je laisse l'eau prendre la forme d'une cascade sans bouger. Les demi-dieux ont toujours aimé la théâtralité, selon moi. J'veux dire... Quel intérêt de faire une porte aussi... heu... originale ? Si au final ça ne change rien à leur épreuve ?
J'entre sans me presser, un peu ennuyé déjà, mais surtout curieux. Quel être mystique vais-je découvrir ici ? Découvrir un nouveau demi-dieu est une merveilleuse expérience à chaque fois. Ils sont tous tellement uniques...
Bon, comme la plupart du temps, il fait un noir de chien là-dedans. Je peux bien apercevoir des trucs lumineux devant moi, bien au loin, mais leur éclat est trop lointain pour éclairer quoi que ce soit. Et puis de toute manière, voilà qu'ils ont déjà disparus. Super. La lumière qui revient d'un coup m'aveugle et je passe mon bras droit devant mes yeux en saisissant la garde de Hurricane de ma main gauche. J'ai l'habitude des demi-dieux qui décident de se battre dès que j'entre chez eux, alors je suis préparé. Pas que j'ai de grandes chances de survivre si une de ces créatures décide de me tuer, mais au moins j'me serais défendu.
Je dégaine pas ma lame pour autant, puisque doucement la lumière se tamise, et que je comprends que la cellule est "vide". Bon, celui-là joue à la cachette.
Sans trop faire attention à la beauté des lieux, je m'avance jusqu'au centre de la pièce. Les murs sont recouverts de glace, et les reflets de l'eau dansent sur les parois. Je souris. Bon, d'accord, c'est un joli spectacle. Pas le genre plein d'artifice, mais le genre simple et doux. Je peux pas m'empêcher de me perdre une seconde dans la contemplation des lieux, avant de finalement laisser ma voix s'élever.
C'est un murmure, qui ne veut pas briser la paix des lieux.
« Fils d'Aqua... Mon nom est Geoffrey. Pourquoi te caches-tu ? »
Je pose la question par politesse. De toute manière, peu importe ce que je dis, ça changera rien au cours de l'épreuve. Il ou elle a planifié ça pendant des siècles sûrement. Je vais pas lui gâcher son plaisir en paroles vaines. À la place, je ressers ma cape sur mes épaules, et j'attends. J'ai tout mon temps, de toute façon.
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Cette fois, c'est un vieil homme qui passe sous la cascade. Xion a essayé de s'y plonger à plusieurs reprises, sans pouvoir non plus sentir l'eau couler sur ses écailles, et encore moins sortir. Tout n'est qu'illusion visiblement. Quoique la semi-divinité crée, rien n'est senti comme vrai. Alors quel est l'intérêt d'enjoliver sa cage ? Elle est à son image, lumière et noirceur, eau et glace. Un peu froide, empreinte de reflets incertains, de souvenirs de plus en plus flous.
L'enfant d'Aqua demeure en position allongée, observant le nouvel arrivant avancer dans la pièce après avoir été ébloui. Sa chevelure blanche et sa peau abîmée contraste avec ses réflexes et son imposante stature. Qu'est-ce qu'un combattant en fin de vie vient faire dans sa cellule ? Est-il en quête d'une dernière aventure ? Ou vient-il trouver une mort plus remarquable que celle de son âge ? Ces humains aux longues et pourtant si courtes années sont rares en ces lieux, mais pas autant qu'on le penserait. Peut-être qu'ils ont moins à perdre que les autres.
Lorsque le vieux à la démarche assurée l'interpelle doucement, un épais brouillard se forme tout au fond de la salle. Il ne cesse de bouger mais ne se déplace pas vraiment, décrivant seulement de petits cercles ou des zigzags. Il dégage une aura étrange, et l'air autour est nettement plus frais. Habituellement, Xion ne parle pas avant la première épreuve. Mais il y a quelque chose dans les paroles de cet homme que la semi-divinité se doit de souligner. Comme un équilibre à rétablir. Une certitude qui n'a pas, du moins encore, lieu d'être.
« Fils, Fille... Comment savoir sans voir ? »
La voix est également un murmure qui se répercute sur les murs de glace. Impossible d'en discerner la nature, elle semble mixte, peut-être brouillée par la magie. Malheureusement, et bien que la réponse soit l'évidente volonté de ne pas se montrer, Xion reste incapable de parler si directement, pour l'instant.
Au milieu de la salle, éclairé par un halo de lumière blafarde, apparaît alors un miroir grand d’un peu plus d’un mètre, suspendu dans le vide, mais à hauteur humaine. Son cadre rectangulaire est large de presque dix centimètres et entièrement fait d'or. Cependant, il est très abîmé, et accuse des affres du temps autant que ceux de l'acier. La surface lisse et solide, au contraire, ne comporte aucune imperfection. Si vous vous placez devant et regardez avec beaucoup d’attention, vous verrez le reflet de l’être le plus cher à votre cœur.
Apparemment, l'enfant d'Aqua enfermé ici a décidé de réagir à mes propos. J'apprécie sa réponse, que j'accueille avec un haussement d'épaules. Je sais pas trop ce qui lui prend à vouloir souligner un détail qui me semble si peu important, mais bon... C'est son épreuve hein. Je m'approche du brouillard qui est apparu au fond en resserrant ma cape autour de mes épaules. Le tissu rouge contraste avec la glace comme du sang qu'on y aurait étalé par mégarde. J'aime pas trop l'image, mais c'est ce que ça me renvoie en ce moment. Tout en avançant, je continue de murmurer pour répondre à la créature.
« Même en voyant, c'est souvent difficile de donner vous donner un genre... Je suppose qu'enfant d'Aqua serait plus approprié. »
Je parle pour meubler le silence, je pense, parce que dès que ma voix cesse de se répercuter dans la cellule, je me sens de plus en plus mal à l'aise. C'est sans doute rien, mais cette ambiance... J'ai l'impression qu'un truc va sortir des murs pour me sauter à la gorge.
C'est pas exactement ce qu'il se passe, du coup, puisque ce qui apparaît alors n'est autre qu'une lumière de laquelle émerge un miroir. Juste devant moi. Je m'arrête et en contemple la fabrique. Le cadre en or est usé par le temps, mais la glace est lisse et parfaite. Les miroirs, dans les épreuves, c'est jamais bon signes, si vous voulez mon avis. Mais bon, pas le choix, j'avance et je fais face. Je suis même pas surpris de trouver le reflet de ma Lucille, sous sa forme humaine.
Je peux même pas arrêter mes lèvres qu'un sourire s'y est déjà glissé. Bon, c'est quoi mon problème ? Je devrais pleurer et frapper ce putain de miroir plutôt que d'y sourire mais... Regardez-moi ses yeux... Elle a toujours eu les plus beaux yeux qui existent. Je sais que je ne les verrais plus jamais en face, alors ce miroir... Bah ça me convient pour l'instant présent.
Sans détourner les yeux du miroir, et toujours en murmurant, je m'adresse à l'enfant qui ne veut pas d'étiquette de genre.
« Tu la vois ? C'est Lucille, une fille d'Aqua. Si tu aimes les histoires, je pourrais te raconter la notre. »
Je plonge ma main dans mon sac, et en sort la dernière sculpture de bois sur laquelle je travaille. Une réplique de Lucille sous forme divine. Je sais pas pourquoi, mais pendant un moment, en attendant la réaction du demi-dieu, je me contente de laisser alterner mon regard entre la baleine et l'humaine.
Ouaip, j'arriverais jamais à reproduire ses yeux, moi.
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Au second murmure du vieil homme, les moustaches de l’enfant d’Aqua s’agitent très brièvement, titillées par une pointe fugace et indicible. Est-ce de l’amertume ? De la tristesse ? C’est vrai, le genre est un concept plutôt étranger pour les premiers enfants des Quatre. Xion pense avoir eu cette connaissance avant, mais elle s’est effacée, comme tout le reste. Plus rien ne lui est propre. Et il lui est impossible de se voir depuis de nombreuses lunes, là réside son problème.
À l’abri au sein de cette brume qui se diffuse lentement autour de l’humain pour créer un cercle dont le miroir et lui sont le centre, Xion observe de loin, fixant un moment la couleur écarlate qui tranche avec le bleu environnant. Le brouillard est assez opaque et laisse rarement filtrer les reflets des murs de glace. La semi-divinité est déjà convaincue de l’issue de cette première étape, et ne prend donc pas la peine d’aller voir la surface du miroir.
Celui qui fut sans doute un redoutable combattant maintient son calme devant la vision. Il sourit même. Xion penche la tête sur le côté. Est-il heureux ? Il est rare que les apparitions ne soient pas accompagnées de regrets. Finalement, Xion vient lentement se poster sur la gauche de l’humain, sans que ce dernier puisse l’apercevoir, bien que sa présence amène un air plus froid. Suivant l’invitation, son regard lumineux se porte sur le reflet qui se dessine grâce au candidat.
À première vue, c’est une femme. Xion sent la magie du Temple, peut-être la sienne, s’activer. À moins que ce ne soit une de ses propres illusions. Et puis elle apprend qu’il s’agit en réalité d’une de ses sœurs. L’homme est saisi par un sentiment poignant à son égard, c’est évident. Mais la renarde des abysses est bien incapable de mettre des mots dessus. Ça l’intrigue autant que ça l’énerve. Brièvement. Cette impression s’efface déjà pour laisser place aux paroles du vieil homme, qui lui demande si elle veut entendre son histoire.
Puis il sort un objet, un vrai, pas comme tout ce qui se trouve ici. Par un réflexe animal, ou peut-être ce qui fut de la curiosité, elle s’approche pour le sentir. Son reniflement perce doucement le silence de la pièce. Elle met quelques secondes avant de reconnaître la matière de Terra, mais reste inapte à qualifier l’ouvrage. Ne serait-ce pas agréable de s’allonger contre le sol de sa cellule, les yeux tournés vers le plafond obscur, ses sens reposés, l’esprit attentif au récit de cet humain et de cette congénère ?
« Je... »
Xion soupire à peine devant cette image éphémère, incapable d’en ressentir la moindre chaleur. Elle se tourne un instant vers la sculpture, qu’elle aurait bien attrapé entre ses crocs ou ses moustaches pour en saisir les détails, mais cet intérêt s’est lui aussi déjà envolé. Lasse, elle retourne dans le brouillard.
Le premier miroir s’efface, et deux nouveaux viennent prendre sa place. Collés l’un à l’autre, ils ne semblent pas posséder de verre, juste un cadre. Celui de gauche projette une lumière pâle, très forte, froide mais qui rayonne dans toute la salle. Celui de droite diffuse une brume noire, opaque, tortueuse mais étrangement chaleureuse. Les deux semblent inviter le candidat à passer de l’autre côté.
En pénétrant dans l’un des miroirs, vous serez aveuglés l’espace d’une seconde avant de tomber sur un environnement issu de vos souvenirs ou de votre imagination. Le miroir blanc révélera votre peur la plus vive, le miroir noir votre plus profond désir.
La créature renifle ma sculpture et je souris. Au moins ça a le mérite de l'intéresser. Quant à ma proposition, elle reste sans réponse. Du moins, j'obtiens un début de réponse, mais la suite ne vient pas. Tant pis, apparemment je vais être celui qui fait la conversation ici. Au moins, je pense savoir où se trouve l'enfant d'Aqua puisque l'air se refroidit par instant, comme pour marquer une présence. Je ne saurais dire si mon intuition est bonne, puisque je ne distingue rien, mais je vais faire comme si.
« Je pourrais t'apprendre à sculpter, si ça t'intéresse. »
J'ai proposé ça en rangeant ma petite Lucille, mais la seule réponse que je reçois, c'est le miroir qui disparaît pour laisser place à deux nouveaux... cadres. Mon oeil valide se plisse devant la luminosité soudaine, et je serre la garde d'Hurricane. Pour le moment, le détenu n'a fait preuve d'aucune agressivité, mais on sait jamais. Quand je comprends que rien ne va bouger, je prends un instant pour étudier les deux presque miroirs. L'un irradie de blanc, tandis que l'autre vomit une brume noire et épaisse. Je suppose que c'est déjà une sorte de question et que mon choix aura un impact, mais j'ai appris il y a longtemps que ça ne sert à rien de mentir. Alors j'y vais avec mon intuition, au fond de mes tripes, qui me pousse vers l'immaculé. Quand j'y entre, je suis un instant aveuglé, mais rapidement, mon oeil d'habitue à la luminosité, et je fait face à... Au hall d'entrée de l'ancien manoir des De Vaillance. Eh beh. Je sais pas trop ce que je fais ici. C'est moi où il y a plus de tableaux que la dernière fois ? J'observe les murs. Des ancêtres toujours plus vieux, comme des démons venus du passé. Je n'ai jamais entendu parler d'aucun de mes ancêtres, mais je sais que beaucoup étaient comme ma mère. Des chasseurs, des protecteurs de la veuve et de l'orphelin. Des héros portant le flambeau de la justice avec eux. Leurs regards sur moi me mettent un peu mal-à-l'aise, quand bien même je sais que ce n'est qu'une épreuve. Une illusion.
Quel est le point de tout ça ?
Et là, ma mère apparaît devant moi, aussi belle qu'elle l'était dans ses jeunes années, quand on parcourait encore Arcane ensemble. Le truc, c'est qu'elle a pas l'air des plus ravies de me voir. En fait, elle semble même assez méprisante. Un peu comme quand je perdais mon temps dans la Garde Dorée.
« Geoffrey... Je ne pensais vraiment pas être appelée des morts pour te voir à nouveau. »
Je hausse les épaules. Est-ce mon propre esprit qui crée cette scène ou est-ce l'enfant d'Aqua qui décide des paroles de ma mère ? Je suppose que ce doit être un peu des deux, puisque je suis un peu perdu. Un sentiment étrange est en train de venir me serrer la gorge. C'est pas comme de la tristesse ou du regret... C'est le genre de sentiment qui me donne envie de prendre mon épée pour fendre l'illusion.
« Réalises-tu ce que tu es en train de faire ? »
Je fronce les sourcils et m'approche doucement. J'ai vraiment du mal à comprendre le point de cette mascarade.
« Geoffrey ! Tu joues les imbéciles sur Arcane, encore ! Et où es-tu en ce moment ? Dans un Temple ! Tu perds ton temps, comme d'habitude ! »
Je reste immobile sous les reproches, incapable de formuler la moindre pensée cohérente. Qu'est-ce que tout cela veut dire ? Et pourquoi est-ce que tous ces regards me semblent de plus en plus pesants ?
« Tu ne sers à rien ! Les De Vaillance ont toujours fait de leur mieux pour aider Arcane à prospérer et toi, que fais-tu !? Tu t'amuses sur les routes, et tu ne sers à rien ! Tu as même quitté le seul endroit où tu te rendais utile ! »
Le sentiment se fait encore plus invasif, et je me sens obligé de dégainer Hurricane, comme si au fond de moi, quelque chose me poussait à agir. Mes lèvres sont serrées, mais mon esprit est plongé dans un tel chaos que je ne sais pas quoi faire.
« Geoffrey. Tu es une disgrâce pour tous les De Vaillance. »
Les dents serrées et les jointures blanches, je bondis en avant et tranche le spectre de ma mère. C'est bon, j'ai compris le point de cette stupide illusion, et c'est le souffle court que je me redresse et que je range mon arme. L'image est encore là, inchangée puisqu'elle réside dans mon esprit, et je réalise que mon geste n'était pas très respectueux. Mais c'est mon caractère. Devant la peur, j'agis, je saute, je mord. Je ne suis pas capable de rester figé à attendre que la situation s'arrange d'elle-même.
« Ma plus grande peur, c'est ça ? »
Je m'adresse à l'enfant d'Aqua. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pris le temps de réfléchir sur moi-même. En fait, la dernière fois, j'étais encore garde doré. C'est vrai que les épreuves ont toujours eu ça de bon. Elles font réfléchir, et à force d'être remis en question, on réalise certaines choses sur soi-même.
« C'est vrai. J'ai peur de soudainement devenir inutile, et de décevoir ma mère et ce pourquoi elle s'est battue toutes ces années. Je veux être à la hauteur de mon nom, et j'ai peur d'échouer. »
Je me détourne du spectre et hausse les épaules en reprenant lentement une respiration égale. Parfois, la peur est quelque chose de trop profond pour la définir clairement. Elle reste tapie au fond de soi, et il est dur de l'en faire sortir, de réaliser ce qui nous fait vraiment peur. Je sais que c'est stupide, que je ne décevrai jamais ma mère, mais c'est tout de même la peur qui m'habite. Devenir inutile aussi. J'ai toujours détesté cette éventualité, mais je réalise aussi qu'elle me fait incroyablement peur.
« Les humains sont faits de peurs, et j'accepte les miennes. »
Et c'est vrai. J'accepte mes peurs, et je sais que je ferais tout pour les combattre. Est-ce que cet enfant d'Aqua sera prêt à les combattre à mes côtés ? À surmonter les siennes ? Je ne sais pas si je devrais poser la question, mais comme mon calme est revenu, je me contente de la laisser glisser doucement, un murmure lent et doux. Comme un vieux grand-père qui se veut rassurant. Ce que je suis en fait.
« Et toi, enfant d'Aqua ? Est-il des peurs que tu acceptes ou les refuses-tu ? »
Le brouillard commençait à former un cercle, lentement, autour de moi. Je le surveillais du coin de l'oeil, plutôt méfiante. Même si pour l'instant il n'avait montré aucun signe inquiétant, il n'avait pour autant rien de très rassurant. Puis une voix derrière moi, résonnant dans la pièce, me surpris. Je me mis à la chercher, quelques instants, lançant mon regard un peu partout sans rien voir d'autre que le brouillard autour de moi.
❝ Je la croise tous les jours. Heureusement qu'elle ne me fait pas fléchir si facilement, sinon je ne serais pas allé bien loin... ❞
Ma réflexion s’essouffla dans la brume et la fraîcheur environnante qui commençait à devenir un peu plus poignante. Je revenais alors, un peu désabusée par la situation, vers le miroir où je retrouvais Ses yeux. Bien que j'avais accepté Sa mort, Sa vision n'avait rien d'agréable et parvenait même à faire trembler mon cœur. Mon regard, quelque peu touché, se baissa et trouva, dans le coin gauche, une autre pair d'yeux que je n'identifia pas. Je fronçais alors les sourcils, interrogative avant de me retourner vivement, à nouveau sans rien voir d'autre que le brouillard. J'essayais de le percer de mes iris brunes mais rien n'y faisais. Résignée, je me retournais pour m’apercevoir que le miroir avait disparu pour laisser place à deux cadres.
Les observant tour à tour, celui de gauche m'obligea à me cacher les yeux de sa luminosité, avec mon avant bras. Contrainte à détourner le regard, il se posa sur celui de droite dont émanait une brume noire. Je fis un premier pas vers lui, me sentant doucement attirée par un chaleur enveloppante. Sans réfléchir, je faisais un deuxième pas et m'y engouffrais, après avoir regardé une dernière fois derrière moi.
L'instant d'après, je fermais les yeux face à une lumière aveuglante qui me força à nouveau à me protéger les yeux. Puis, au travers de mes paupières, l'éclat disparu aussi vite qu'il était venu. Je les rouvrais en de multiple battement avant que mon souffle ne se coupe. Mon corps tout entier s'était stoppé net, dardant de mon regard l'homme qui se trouvait face à moi.
Nous nous trouvions au beau milieu d'une multitude de cadavre, un champ de bataille ensanglantée et encore chaud. Le ciel était sombre et la pluie commençait à tomber, goutte à goutte, s'écrasant sur le haut de mon crâne. Je ne voyais presque rien de la scène dans laquelle j'avais pris place, trop occupé à le fixer, lui, face à moi. Mon regard se vida, un instant, avant de s'emplir d'une noirceur si profonde que je la sentais pulser dans mes orbites.
Il était là, Sangtis, pieds et poings liés, à genoux dans la boue rougeâtre et les bras écartés. Mes babines se retroussaient pour laisser apparaître mes crocs dans ma mâchoire serrée. Je tenais dans ma main droite une hachette que je serrais de toutes mes forces.
❝ Tu va payer Sangtis... Payer de ta vie... ❞
Ma voix tremblait de haine et de colère. Il releva à peine le visage vers moi avant de me cracher dessus, se laissant tombé, soutenu par ses liens. Il n'avait atteint que ma cuisse et je ne prit pas même la peine d'essuyer son crachat. Il était épuisé, fatigué de notre affrontement qu'il avait perdu. Sa défaite avait été cuisante, aucun des siens n'avaient survécu et lui n'allait pas tarder à les rejoindre. Il allait mourir oui, dans une lente et douloureuse agonie.
Mon regard plein de colère s'assombrit du sang que j’allais verser. Il n'y avait plus de place pour le reste, plus de place pour les doutes. J'avais devant moi le but que je visais depuis si longtemps. Alors, lentement, je commençais à lui tourner autour, arrivant dans son dos.
❝ Crois moi, tu va me supplier de t'achever... ❞
Si il avait répondu quelque chose, je n'avais rien entendu. Ce que je voulais entendre, c'était ses cris, ses supplications, ses pleurs. J'inspirais, profondément, ingurgitant toute la haine que je ressentais à son égard. Je levais alors ma hache avant de la planter dans son épaule droite, lui arrachant un râle contenu. Son sang gicla sur mon visage et ses gouttes perlaient sur mes joues. Je faisais alors glisser la lame le long de sa colonne, sectionnant sa peau, pénétrant sa chair, suffisamment pour le faire saigner comme un porc mais pas assez pour le tuer. Ses plaintes devenaient un peu plus présentes quand, en plusieurs longues secondes, j'atteignais le bas de son dos.
Puis je me reculais et commençais à observer. Je passais une seconde fois ma lame, suffisamment pour laisser entrevoir sa colonne. Là, il commençait à être un peu plus expressif. Mais bien loin de me suffire, je continuais, frappant ma lame à la jointure de ses côtes, plusieurs fois avant qu'elles ne cèdent. Je lui avais finalement arracher un cri qui m'avait fait me reculer pour m'en délecter, fermant les yeux et pointant le visage vers le ciel. La pluie tombait délicieusement sur ma peau, balayant de quelques trainées le sang qui la maculait.
Je plongeais alors ma main dans son dos, attrapant une des côtes les plus au milieu et la tira vers moi, emportant avec elle ses sœurs et la peau les recouvrant. Il y avait une certaine retenu, je dû mettre un peu de force pour agir mais finalement, elles avaient finit par s'ouvrir, lui arrachant un cri qui résonna dans mon crâne et m'arracha un léger sourire.
Un peu essoufflé par mon travail, je me reculais à nouveau et observais, la tête penchée sur le côté. Il commençait à supplier. Que c'était bon d'entendre ça. Je croisais alors les bras et observait encore, quelque chose me fascinait dans ce que je venais d'accomplir. Ses côtes droites ainsi ouvertes me faisait penser à une aile. Et si je déployais l'autre ? Sans plus attendre, je m'attelais à la tâche, renouvelant mes actes avec un peu moins de précipitation, comme si je voulais bien faire. Il hurlais, toujours conscient de toute la souffrance que je lui infligeais. Je sentis alors un léger frisson me parcourir le dos quand je me reculais à nouveau pour faire face à mon œuvre.
Oui, cela ressemblait à des ailes. C'était presque poétique, au point que je veuille donner un nom à cette chose. J'attrapais alors mon menton puis ordonnais alors qu'on le pende par les pieds, ses organes tombant et se balançant au dessus de ses épaules. Je me plaçais alors face à lui et le contemplais à nouveau, son esprit l'avait quitté je pense. Je m'accroupissais, approchant mon visage du sien avant de lui rendre son crachat, sans plus de retenu.
L'odeur de ses tripes embaumait l'endroit. D'un mouvement vif et sec, je lui tranchais la gorge, son sang s'écoulant lentement, se vidant totalement jusqu'à ce que son teint ne devienne blafard. Je glissais alors deux doigts dans sa plaie qui n'allait bientôt donner plus aucune goutte. Je laissais ensuite le bout de mes doigts, imprégnés de son liquide rouge, glisser sur mon visage, de mon front, passant sur mon nez, puis arrivant à mes lèvres pour finir sur mon menton. Ce moment m'insuffla un bien être immense, fermant les yeux dans un soupir de plaisir, me délectant du goût qu'avait son sang sur mes lèvres.
Puis les rouvrant, tout avait changé. Il n'y avait plus de cadavre, plus de Sangtis écartelé, même plus de pluie. Au contraire, le ciel était clément et bleu, la brise était froide. Je me trouvais au milieu d'un camp qui ressemblait à s'y méprendre à celui qui était le nôtre, avant. J'étais vêtue d'un long manteau de fourrure et le sol était jonché de la neige des Landes Nord. Car j'étais dans le Nord, je le savais, je le sentais. J'étais à la fois intriguée et animée par une force qui me fit marcher, comme si j'habitais ses lieux depuis toujours. Autour de moi plusieurs personnes s'attelait à prendre soin de ses lieux, en nourrissant les cobas, en solidifiant les habitations. J'en reconnu quelques uns, Lothar et Ivar notamment. Mais tous se retournèrent sur mon chemin, me saluaient et me souriaient.
Juste devant mes jambes, me forçant à m'arrêter, plusieurs enfants se poursuivaient en courant, éclatant de rire et de joie. Je marchais, me retournais, croisait les regards qui avaient l'air heureux. J'aperçu au loin Sig, qui vint à moi avec Hedda avant de m'enlacer pour me saluer. Un peu plus loin devant nous étaient posté Amalrik et le Tréant, tout deux me regardaient avec des yeux plein de respect et de tendresse. J'étais si étonnée, vivant l'instant presque à distance. Pourtant je me sentais réagir avec plaisir à tout cela, je me voyais les saluer tous en retour. Tout avait l'air... de bien aller. Une sensation étrange m'envahit alors. Une douce chaleur qui enlaçait mon ventre. Je me mis à tourner sur moi même et observant cette endroit qui respirait la vie et le bien-être, me délectant de l'harmonie que j'en percevais, jusqu'à sourire moi même.
Avant que tout ne disparaisse à nouveau, m'arrachant à ce paysage si doux et réconfortant. Était-ce finalement ça que je désirais, au plus profond de mon âme ? Que les miens puissent vivre une vie telle que celle-ci ? Puis soudain, je revenais à la réalité, me rappelant que tout cela n'était pas un rêve mais une illusion. Mes épaules tombèrent sous le poids de la déception. J'aurais voulu rester dans cette illusion, encore un peu. Je n'avais pas de mot, je sentais mon regard se vider et tomber vers le sol, sans retenue, plongée dans un mutisme de quelques instants avant que mon regard ne se redresse, subitement, plein de détermination fixant devant moi.
❝ Bien. Tu en sais maintenant plus sur moi que n'importe qui d'autre, es-tu satisfait au moins ? ❞
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Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
Dès que le vieil homme s'engage dans le miroir de gauche, le plus lumineux, les murs de glace s'agitent sous ses pensées, et la magie de la cellule transforme l'environnement pendant qu'il est aveuglé. Xion lève ses yeux sans iris vers le haut plafond, observant l'immensité de la pièce. C'est vraisemblablement une demeure d'humains. Elle n'en a guère vu avant la Punition des Quatre, mais en a déjà visité dans sa cellule, grâce à la vision d'autres candidats. L'endroit est un peu oppressant, un sentiment qui ne fait que s'accroître. C'est plutôt normal lorsqu'elle assiste à une peur.
La renarde pose son regard sur celui qui se clame vaillant, en attente de la suite des événements. Un fantôme du passé surgit alors, et la fille d'Aqua vient se placer derrière cette apparition pour guetter la moindre des réactions de son prétendant. Sans comprendre à quoi les propos qui s'ensuivent font allusion, elle les devine accablants. Va-t-il rester calme devant les reproches ? Va-t-il craquer ? Quoiqu'il en soit, il n'a pas l'air terrifié.
Au contraire. La créature abyssale a du mal à saisir ce qu'il éprouve, aussi elle s'approche, contournant la silhouette spectrale pour venir se placer aux côtés de son sujet d'examen, sans qu'il puisse la voir. Ses moustaches se dressent, les pointes s'illuminent et elle l'effleure. Ses appendices nerveux se retirent et un sourire fugace se dessine sur ses babines alors qu'elle reprend sa position initiale.
Il y a eu plusieurs signes, mais quand vient enfin la réaction de l'âme du combattant, Xion sent ses muscles se tendre légèrement, en réponse à cette frustration. Derrière son calme et son sa bienveillance, il fonctionne à l'instinct. Comme le prédateur qui peut être proie. Comme elle, désormais. Elle n'en reste pas moins surprise qu'il ait agi face à sa peur, un fait rare, surtout quand celle-ci prend l'apparence d'un être cher.
« Oui. »
Elle s'exprime essentiellement pour rappeler sa présence, puisqu'elle demeure invisible. Elle n'a pas besoin de le faire, mais quelque chose l'y pousse. Xion s'assoit quand l'homme explique sa vision. Sa rapide prise de recul contraste également avec la majorité des participants. Elle n'avait pas agi, elle, à l'époque. Ça n'était pas son rôle, alors elle ne l'avait jamais fait.
Rester utile. Être à la hauteur. Ne pas échouer. On dirait presque l'objectif d'un demi-dieu, et pourtant il est humain. À sa remarque, elle se remet à bouger pour venir lui faire face, tout en gardant une certaine distance. Qu'il les accepte ou qu'il les nie, ça l'indiffère. Tous les vivants ont une peur, c'est ce qui peut les rendre si intéressants pour elle, pour cette épreuve. Elle va s'éloigner quand l'homme s'adresse directement à elle, encore une fois, avec plus de conscience pour sa personne qu'elle n'en a.
La question lui pose un plus grand problème qu'il n'y paraît. Incapable de fournir une réponse concrète, elle se met à réfléchir en faisant les cent pas, relativement agacée. Pour accepter ou refuser, cela implique qu'elle ait le choix. Le choix de quoi ? Elle a peur, c'est tout. Elle sait que c'est là, mais elle ne peut pas le contrôler. À mesure qu'elle y pense, les battements de son cœur s'accélèrent. Sentant les manifestations de sa propre peur monter, elle cherche un point de repère, et tombe sur la silhouette de l'homme, dont le murmure solaire emplit encore l'atmosphère. La pointe de panique redescend, mais se tapit non loin de la surface. Alors, elle déclare simplement :
« Je n'ai pas le choix. »
L'illusion s'effondre immédiatement, et Xion est laissée à découvert. Elle fixe le vieux de son regard lumineux un instant, puis bondit à nouveau dans la brume ayant réapparu au bas des parois gelées. Ainsi dissimulée, elle est à l'abri ce qui s'ensuit. De petites secousses saisissent la salle, comme si Terra elle-même en avait foulé le sol. Elles s'accompagnent de bruits sourds semblables à des pas colossaux martelant la surface de la cellule. En effet, deux entités jumelles sortent de la brume. Elles doivent avoisiner les 5 mètres de hauteur. L'une est blanche, l'autre noire. Elles sont engagées dans un féroce combat à puissance égale. Que fera la crinière pâle devant ce spectacle ?
Entités:
Vous êtes libres d'agir comme bon vous semble, de rejoindre le combat comme de l'ignorer.
Une humaine qui côtoie la mort quotidiennement et l’accepte, d’après ses dires. En voilà un chemin particulier. Et c’est donc presque naturellement que les ténèbres du miroir de droite l’attirent davantage. Xion a toujours accordé autant d’attention à la vie qu’au trépas, aux prédateurs comme aux proies, jusqu’à ce que l’équilibre soit rompu par leur propre création, et qu’elle perde le rôle donné par sa mère.
Toujours invisible aux yeux de la femme, la renarde découvre la scène en même temps qu’elle. Postée derrière l’inconnu agenouillé, elle hume l’odeur du sang qui emplit les environs. Elle a déjà vu des batailles et leur issue dans les visions des autres candidats. Mais celle-ci a quelque chose de foncièrement différent. Il ne s’agit pas d’une peur, et pourtant le climat est oppressant. Sans une once d’intérêt pour le vaincu, elle observe la guerrière dont l’aura intimidante alerte ses propres sens.
Ce regard. Les muscles de la fille d’Aqua se tendent immédiatement. Cette noirceur. Ses griffes se plantent dans le sol maculé. Cette haine. Un sourire se dessine sur ses lèvres, révélant ses crocs acérés. Ils sont si intenses qu’elle peut les sentir. Son cœur semble retenir son souffle en attente des prochains mouvements de la guerrière, dévorant de ses yeux perçants les vives émotions qui bouillonnent en elle.
Xion connaît la rage. Toutes ces années, c’est la seule qui lui ait tenue compagnie dans sa cage. Peut-être parce qu’elle est la plus facile à éprouver. Peut-être parce qu’elle est plus forte que toutes les autres. La voir avec tant d’ampleur chez cette humaine fait trembler son propre corps. Les paroles de cette dernière résonnent dans sa tête et électrisent ses muscles. Quand la femme se met à lui tourner autour, la renarde fait machinalement le mouvement inverse, se retrouvant face à l’homme et la Mort venue le chercher.
Le premier coup la fait tressaillir. Mais ce n’est pas de la peur, ni du dégoût. C’est l’excitation. Le deuxième lui tire un râle fébrile tandis que ses yeux lumineux se délectent toujours avec ravissement de cette transe implacable. Elle se lèche les babines quand le sang gicle. Elle grogne quand les os craquent. Elle ne voit même pas l’être qui se fait massacrer, elle est bien trop subjuguée par la violence qui anime le bras de la vengeance. Puis, incapable de tenir en place, elle se met à tourner inlassablement autour de ce spectacle, en grattant la terre et en fouettant l’air de sa queue.
Elle se fiche éperdument que l’homme meure ou vive. Seule cette folie meurtrière lui parle. Elle seule anime son corps de vie et son esprit de couleurs. Elle n’a pas à réfléchir, juste à ressentir. Comme une bête. Xion daigne enfin reporter son attention sur le mutilé lorsque ses ailes sont dépliées. Un souvenir la saisit brièvement. Elle lève le regard vers ce ciel pluvieux et illusoire. Elle a presque l’impression de sentir les gouttes glisser sur ses écailles et son visage. Elle pense aux enfants d’Aer, et plus particulièrement les Griffons. Elle voit l’animal, grand, majestueux, qui semble avoir en partie inspiré leur parent pour leur donner ce plumage royal.
« Un aigle… »
C’est la première fois que l’image dans sa mémoire est aussi nette, aussi belle. Xion secoue la tête pour revenir à l’instant présent, à la colère qui fait vibrer cette humaine, et elle-même, par extension. Voyant le cadavre suspendu à l’envers, elle accoure pour se placer derrière la guerrière. Elle ne veut rien rater, pas la moindre goutte de sa haine sanglante. Elle veut que le liquide écarlate recouvre son visage, à elle aussi. Ça a l’air tellement plaisant, tellement jouissif.
Et soudain, la vision change. La renarde écarquille des yeux. Le rouge laisse place au blanc. Elle retient son souffle. Plus rien ne vibre, l’endroit est calme, paisible. Elle panique. L’inconnue avance dans ce nouvel environnement, à l’aise, comme si elle appartenait à ce tableau.
Pourquoi ça a changé ? Est-ce que la femme s’est menti ? Où est la haine ? Si vive, si belle ! Xion secoue la tête. Non. Il y a des humains, des animaux, elle progresse malgré elle dans ce village. Elle ne les connaît pas, eux. Et elle ne veut pas savoir, elle s’en fiche ! Ça ne la touche pas. Et pourtant, ce n’est pas de son ressort. Elle ne peut s’empêcher de saisir le nouveau sentiment qui envahit le cœur de l’humaine, car il est puissant. Mais elle ne le comprend pas. Il ne s’agite pas, il ne l’envahit pas. Il est juste là.
L’image s’efface doucement. Xion fait les cent pas, nerveusement. Ses longues moustaches se contorsionnent, elle bouge la tête frénétiquement, sa queue fend l’air. Elle n’est même plus cachée dans la brume, qui sommeille toujours près des murs de glace. Elle n’entend même pas les paroles de l’humaine. Il n’y a plus rien. Elle cherche, elle creuse le sol. Tout est parti. Elle est vide.
Elle redresse brusquement sa gueule et fixe l’humaine, se souvenant alors de sa présence. Elle s’avance d’abord lentement, comme le prédateur glisse subtilement vers sa proie, puis bondit sur la femme, la plaquant au sol. Sans lui faire mal mais avec fermeté, ses pattes avant maintiennent ses bras pour l’empêcher de réagir. Xion cherche à accrocher son regard, elle la renifle, ses moustaches se dressent pour capter la moindre miette qu’elle aurait pu laisser. Mais l’intense noirceur a disparu de ses iris bruns.
Alors qu’elle veut rattraper la rage qui coure dans ses veines, elle ne trouve qu’une sorte de sérénité, la dernière chose éprouvée par l’humaine. Elle tremble toujours, fébrile, et ne sait pas où regarder maintenant qu’elle a perdu le repère trouvé dans le regard de cette femme. On ne peut pas être en colère et être paisible, ce n’est pas possible !
« Le noir. Le blanc. Tu ne peux pas avoir les deux. C’est forcément l’un, ou l’autre. Choisis. Choisis-en un ! »
Xion s’éloigne et reprend sa marche hystérique. La brume referme légèrement le cercle, elle devient plus opaque et plus froide.
Face à moi, l'enfant d'Aqua avait enfin daigné se montrer. Je le fixais, suivant sa marche frénétique qui allait et venait. Il avait l'air agacé, contrarié mais je ne savais pas à cause de quoi. Mes mots, il ne leur avait accordé aucune importance. Alors pendant ce court laps de temps ou le silence c'était installé entre nous, je l'observais avec intérêt. Sa beauté était palpable, pleine de grâce malgré sa démarche nerveuse. Puis soudainement, alors que mes yeux se perdaient en suivant les lignes de son corps, je le voyais se retourner vers moi, l'air aussi menaçant qu'un prédateur.
Je fis d'abord un pas en arrière, puis un deuxième alors qu'il s'approchait encore. J'allais pour attraper mon arme dans mon dos quand il bondit sur moi sans prévenir, me plaquant sur le sol, m'arrachant une grimace et un râle de douleur, mon dos était encore sensible. Je me retrouvais ainsi, bloqué sous ses pattes puissantes, essayant de me dégager. Là, nos regards se sont croisé et me stoppa net dans ma riposte inutile. Je sentais ses pattes trembler sur mes bras, il semblait chercher quelque chose à travers moi.
Moi, j'avais arrêté de gesticuler, mais je ne pouvais m'empêcher d'essayer de comprendre en l'observant agir. Il était nerveux, bien plus que ce que je ne l'aurais imaginé au vue de la tension qui faisait trembler tout son corps. Qu'avait-il ? Finalement, je commençais peut-être à comprendre quand l'enfant s'adressa à moi. Visiblement, ma vision ne le satisfaisait pas. Pire, elle semblait l'avoir troublé. Mais comment expliquer quelque chose dont je n'avais moi même pas conscience jusque là.
Il se retira ensuite, me laissant ainsi, le dos sur le sol, observant fixement le plafond. Je ne savais pas quoi faire, pas quoi répondre. Mes traits étaient tirés par la frustration et le dépit. Restant ainsi couché, je pensais à Saen en amenant mon poignet noué du lingue blanc devant mes yeux. Lui aurait certainement su répondre quelque chose de philosophique et incompréhensible. Je soupirais alors, face à mon incapacité à savoir exprimer ce que je souhaitais lui répondre. Mais j'allais essayer. Dans un souffle, je laissais échapper un :
❝ Pourquoi ? ❞
Presque innocemment. Pourquoi choisir l'un ou l'autre alors que les deux font visiblement partis de moi ? Pourquoi ne pourrais-je pas les conserver, toutes les deux, ces facettes si distinctes et à la fois si liées ? Je soupirais alors à nouveau, me redressant avec un petit rictus sur le visage, mon dos picotant légèrement. Je m'aidais de mes mains, posées sur le sol, m'asseyant face à l'enfant d'Aqua qui faisait les cents pas. Du coin de l’œil je voyais la brume se rapprocher de nous, devenir plus opaque, à l'image de ce Demi-Dieu qui avait l'air renfermé. Je ramenais un de mes genoux vers mon buste, posant mon bras dessus. J'y déposais le haut de mon crâne, le triturant doucement essayant de trouver les mots. Au moins commencer, peut-être que le reste viendrait plus facilement.
❝ Ma... Ma mère me disait souvent que... « choisir c'est renoncer ». ❞
Tiens, j'avais réussis à l'évoquer sans trop de peine. Peut-être que cela marquait une étape, que mon deuil commençait à réellement faire son chemin et que j'acceptais sa mort, vraiment, sans me mentir. Je relevais alors le visage et fixais l'enfant d'Aqua, le suivant du regard. J'essayais de m'ouvrir, avec beaucoup de peine. J'allais donc m'aider des autres, comme je venais de le faire.
❝ Notre Sage dit aussi que « L'un sans l'autre, lumière et obscurité n'existeraient pas », je crois que je comprends mieux maintenant que j'ai vu certaines choses... ❞
Je baissais un instant le regard, prenant quelques secondes de réflexion avant d'essayer de continuer, sans savoir réellement où je voulais vraiment en venir. J'inspirais alors, je sentais mes doigts se crisper et mes poings se serrer, tout comme ma mâchoire. Mon regard s'ancra juste devant moi, sur le sol, il fallait que je me concentre.
❝ Je crois pas pouvoir choisir un part de moi même, au détriment d'une autre. C'est grâce au noir que je peux avoir le blanc. Et c'est pour le blanc, que j'utilise le noir. ❞
Je ricanais, une seconde, tout ça était vraiment incompréhensible et idiot, je me sentais moi même bête. Inutilement compliqué pour n'exprimer rien de d'autre que quelque chose d’énigmatique, même pour moi même alors que c'était mes propres mots. Je n'y arrivais pas, à exprimer quelque chose joliment. Mes yeux revenaient alors vers le Demi-Dieu, essayant de capter son regard.
❝ Qu'est ce qui te dérange là dedans ? ❞
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Rang : Arcanien/Arcanienne Crédit Avatar : Kabusu Date d'inscription : 29/08/2018 Messages : 47Double Compte : Quack et la pirate Métier : Pretty boy
Sa réponse, puisque j'en espère une, met du temps à venir. Je me dis que peut-être je devrais arrêter d'être aussi invasif, après tout on s'connaît pas vraiment, et la plupart des gens -et des divinités- aiment pas trop les questions personnelles... Mais j'peux pas m'en empêcher. Chercher à connaître le demi-dieu qui habite cette cellule, c'est chercher à comprendre ce qu'il vit, ce qu'il ressent, ce qui le motive, ce qu'il cherche à accomplir dans le nouveau monde. J'ai vu tant de personnalité différentes croupir dans ces cellules... Des demi-dieux destructeurs ne cherchant que la damnation de l'humanité, des êtres doux et bienveillants n'aspirant qu'à la caresse du soleil sur leur peau, des enfants des Dieux curieux voulant évoluer aux côtés de l'homme... Je pense à ça, et en même temps je revois toutes les épreuves que j'ai passé, tous les demi-dieux avec lesquels j'ai échangé, tous les points de vue que j'ai pu contempler, toutes les fois où j'ai failli mourir entre les griffes des Temples... Je me souviendrais à jamais de chaque cellule dans laquelle je suis entré. C'est trop exceptionnel pour s'oublier. Des prisonniers, j'en ai rencontré trop, et je sais que mes émotions vis-à-vis d'eux sont des montagnes russes. Un moment j'peux pas supporter l'idée qu'ils soient enfermés, puis le moment d'après je m'en fous. Je sais pas pourquoi, mais d'un côté j'peux pas passer ma vie à m'inquiéter pour quelque chose que je peux pas changer.
« Je n'ai pas le choix. »
Je relève la tête et sors de mes pensées comme l'illusion se brise brusquement. Je suis de retour dans la cellule, et le demi-dieu est face à moi. Comme je le disais au début de l'épreuve, même en le voyant, aucune idée de son genre. Sa voix aide pas non plus. Mais wow. Peu importe son genre, parce que sincèrement on s'en fout, wow.
Chaque fois je suis impressionné. Chaque fois.
Bon, celui-là, je saurais pas trop le décrire. Un mélange de poisson et de chien masqué, je suppose, mais aucune de mes descriptions ne rendrait hommage à un tel physique. Je sais pas pourquoi, mais mon regard est surtout attiré par sa queue. On dirait une rivière.
Et puis comme d'habitude je me plonge dans les yeux de la créature devant moi. Les yeux montrent tellement de facettes d'une personne que des fois je me demande si j'pourrais pas m'y perdre des heures durant. Juste regarder dans les yeux des gens et leur parler pour apprendre ce qu'ils sont. Qui ils sont. Je sais que tout le monde a une histoire intéressante à raconter, que je pourrais jamais imaginer tout ce qu'une personne a pu traverser, que chacun a ses raisons d'agir comme il le fait... Bref.
Ses yeux. Ils sont dorés, magnifiques, mystérieux, et j'aurais aimé en tirer plus mais l'enfant d'Aqua a pas l'air de vouloir de ma compagnie. Il disparaît derrière la brume. J'suis quand même pas si laid que ça ? Hehe. Un ptit sourire perce mes lèvres mais je le perd vite quand le sol se met à trembler légèrement. Encore une fois, ma main va se poser sur Hurricane. J'ai pas trop de temps à perdre à me laisser intimider par quelque danger que ce soit.
Pourtant ce qui apparaît, c'est pas quelque chose qui me menace directement. En fait, j'ai l'impression que la divinité m'a oublié Devant moi, deux entités géantes, l'une noire et l'autre blanche, mènent un combat qui semble violent, mais où aucun des deux ne peux prendre l'avantage. Je sais pas trop ce que l'enfant d'Aqua attend de moi... Alors je me contente de rester immobile, à regarder les deux monstres combattre.
En fait, j'trouve pas super productif de regarder des gens se battre, surtout quand le combat se rapproche de moi et que je dois éviter un coup en sautant sur le côté. Tout en me mettant tranquillement à l'abri, puisque apparemment je suis d'aucune importance aux molosses, je commence à monologuer. En vrai j'aime bien monologuer. Les épreuves c'est bien pour ça. Je peux parler et me vider le coeur, et poser des questions, et au final ça fait d'une pierre deux coups parce que les demi-dieux apprennent plein de chose sur moi et ça me permet de me détendre l'esprit. Fantastiquement utile. Alors en regardant le combat, je parle.
« Un combat. On en voit beaucoup de nos jours, des combats. Dans le monde extérieur à ta cellule, je veux dire. Sur Arcane. Ça bouge un peu trop si tu veux mon avis. C'est pour ça que je cherche de l'aide, d'ailleurs. Enfin, tu m'as pas posé de question alors je suppose que ça t'intéresse pas trop. »
Un coup de poing dévié vole vers moi et je bouge agilement -avec l'agilité qu'il me reste du moins- pour me mettre en sécurité de nouveau. Faut que je fasse le tour de la cellule, parce que loin de moi l'idée de prendre part dans un combat dont j'ignore tout.
« Alors dis-moi... Enfin, te sens pas obligé ou quoi, c'est plus une façon de parler, hein. Je me demande juste c'est quoi leur problème. Leur combat. Pourquoi se battent-ils ? Dehors, on se bat pour pleins de choses différents. Pour des rois, pour des lois, pour le respect, pour se défendre... On se bat parce que ça détend l'esprit et ravive les muscles, parce que des fois c'est plus facile de dégainer son épée que de marchander. On se bat aussi parce qu'on veut mettre sa famille en sécurité, et parce que les menaces sont réelles. Et puis on se bat parce que parfois y'a pas d'autres choix. Tous les combats ont leur raison d'être, même si par moment c'est vraiment stupide comme raison. Bref. Ils se battent pourquoi ces deux-là ? Ils m'ont l'air vraiment similaires... Enfin, j'sais pas pourquoi je vois ça comme une raison de s'entendre quand on sait que les humains se ressemblent tous vachement et que pourtant on se bat pour un oui pour un non. »
Je valse de nouveau entre les jambes des deux combattants et je me retrouve près de l'entrée de la cellule. J'ai pas l'intention de partir, mais c'est un endroit comme un autre pour éviter de se faire marcher dessus.
« J'ai beaucoup parlé, non ? Des fois ça me délit la langue d'être le seul à tenir la conversation. C'pas un reproche, bien sûr, j'oserais pas. »
Je me tourne brièvement vers la brume en bas des murs de glace, comme pour chercher une réponse, un signe, là où la divinité se terre. Et puis c'est là mon erreur. Je me suis laissé déconcentrer du combat, juste une seconde, et c'est assez pour qu'un pied se dirige à toute vitesse vers moi. Une fois de plus, les réflexes embarquent, et ma main trouve d'elle-même la garde d'Hurricane pour l'amener devant moi et m'en servir de protection. Tout en me jetant de côté, j'essaie de dévier le pied avec ma lame, et pis je suis content de voir que ça a marché. Par contre, maintenant, j'peux plus clamer ma neutralité. Sans le vouloir, j'ai pris part au combat.
Épée au poing, j'attend une réponse à mes paroles, ou alors j'attend qu'un combat s'engage contre les deux entités.
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Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
L'esprit de Xion s’agite comme un animal en fuite. Elle n’arrive pas à saisir une seule pensée, et se remet difficilement des émotions qui l’ont saisie dans la vision de l’humaine. Elle a encore oublié sa présence, et pourtant, désespère d’entendre une réponse. Elle cligne frénétiquement des paupières, toujours en faisant les cent pas, jusqu’à ce que la voix féminine l’interrompe. Une question qui la fige intégralement. Un frisson parcoure l’ensemble de son corps. Pourquoi choisir ? Sa mâchoire se serre, ses griffes raclent le sol gelé. Elle secoue la tête nerveusement. Mais enfin, parce que… parce que si on ne choisit pas, on se retrouve sans rien.
Ses yeux lumineux fixés sur le visage de la guerrière vengeresse, Xion écoute ses paroles avec une attention sans faille, et sans remuer une seule écaille jusqu’à la fin. Il y a quelque chose de fébrile dans sa voix, dans sa position. De vulnérable et de doux, qui l’attire inconsciemment. Puis, elle reprend sa ronde nerveuse, jetant parfois des coups d’œil à l’humaine pour surveiller ses réactions. Sa voix tremble par instant.
« Mais il faut renoncer. À un des deux. Sinon on perd tout. Tu as raison. Les deux existent. Mais pour agir, il faut prendre l’un ou l’autre. Ne pas choisir, c’est ne rien faire. C’est vouloir garder un équilibre impossible. Tu ne peux pas éprouver les deux à la même mesure. L’un prendra toujours le dessus. Tu le dis toi-même. Pour le blanc, tu prends le noir. Tu ne peux pas avoir les deux en même temps. »
La jeune femme lui a toutefois posé une question, remuant ces choses qui la dérangent dans ces propos et qu’elle n’arrive pas à expliquer. Elle a ri aussi. Étonnant. Xion peut lire les émotions des humains ici, mais les siennes lui demeurent inaccessibles. Elle s’enlise dans une réflexion insensée, essayant de chercher dans ses souvenirs incomplets pour trouver une réponse.
« Je suis née dans le noir, et pourtant je peux incarner le blanc. Mais je ne sais plus qui je suis. Car je n’ai pas choisi. Et maintenant, je ne vois même plus les autres couleurs... Elle m’a montré le rouge. Il était beau. »
La haine et le bonheur ne vont pas ensemble. Ça ne marche pas, pas pour Xion en tout cas. L’humaine ne peut vraiment, profondément, en ressentir qu’une à la fois. La renarde finit ce constat en tournant le dos à la candidate, contemplant vaguement la pénombre de sa cellule. La brume se rapproche et continue à s’épaissir. Sa panique et cette incertitude la renvoient à des sentiments enfouis, trop douloureux pour qu’elle veuille les déterrer. Les humains sont incapables de se donner à fond dans plus d’une mission. Les demi-dieux aussi. Ils ont été créés pour effectuer une tâche unique. C’est ce qui leur permet d’être efficaces, de réussir.
Heureusement, la femme a fait preuve de calme en ces lieux, ce qui empêche l’enfant d’Aqua de succomber complètement à cette terreur qui lui secoue les entrailles. Xion prend quelques minutes pour se stabiliser, expulsant longuement et difficilement tout l’air de ses poumons, puisant dans la présence de l’humaine derrière pour y parvenir. Celle-ci semble perdue, confuse peut-être. Comme elle.
Dans un dernier soupir, elle se retourne puis se rapproche lentement de la guerrière. Elle décrit un cercle autour de sa personne puis s’arrête devant elle, à un mètre, et la toise avec méfiance. Une peur pleine d’espoir. Son corps mince, encore tendu, se penche vers l’arrière, elle baisse le museau pour arriver à hauteur de son regard. Son esprit reste fébrile, mais sa voix ne vacille pas.
« Que veux-tu faire de moi ? »
Geoffrey:
Il parle beaucoup, ce vieux. Mais ses paroles ont quelque chose d’apaisant, alors Xion l’écoute, tranquillement, à l’abri dans sa brume. Elle ne souhaite toujours pas en sortir pour l’instant, mais peut-être que la voix de l’homme l’y amènera. Encore une fois, il reste calme face à l’épreuve tout en maintenant ses instincts éveillés. La plupart des humains se jettent dans un combat ou le fuient dès son approche, pour le résoudre, en profiter ou simplement l’éviter. Lui ne s’éloigne pas, il évalue, et cherche à comprendre, quitte à se mettre en danger.
La renarde ne s’est pas trompée dans son observation, il possède des réflexes affûtés, que le temps n’a pas complètement réussi à émousser. L’homme lui explique pourquoi il est ici. L’enfant d’Aqua relève la tête, détournant son regard doré du combat. Il a tort. Ça lui importe beaucoup, de savoir ce qu’il espère trouver dans sa cellule.
De l’aide. Il lui explique ce qui se passe au dehors. Elle écoute distraitement, le quotidien des mortels l’indiffère. Elle retient surtout que son but serait le sien. Certaines des raisons qu’il évoque la plongent dans une étrange réflexion. Pourquoi ces deux entités-là se battent ? C’est si simple pour elle, et pourtant il remet plus ou moins ça en question. Elle l’observe esquiver, tentant d’échapper au conflit, ou au choix qu’il représente. Jusqu’à ce qu’inévitablement, il soit forcé d’y répondre.
La renarde ne relève pas son dernier commentaire, puisque ça ne la dérange toujours pas. Mais cela reste étrange, l’état dans lequel ça la plonge, la distance que ça lui fait prendre, comme si on l’invite à ne pas se contenter de ressentir, à appréhender et non éprouver. Elle ne sait pas ce que ça lui fait, elle n’a pas l’habitude, ce n’est pas ce qu’elle recherche. Et pourtant il est encore là, ce vieil homme. Elle le voit, il la cherche du regard. Ses moustaches sont parcourues d’une vague nerveuse au moment où il est amené à se protéger. Pas de blessure, mais les deux entités se sont arrêtées. Chacune darde son regard brillant sur le combattant.
Calmement, Xion sort de la brume pour venir se poster aux côtés du vaillant, sans quitter des yeux le Noir et le Blanc. Elle s’assoit, dépassant à peine le géant parmi les hommes. Après quelques secondes de silence et d’immobilité, elle répète l’une de ses paroles puis tourne son visage masqué vers lui.
« On se bat parce que parfois y'a pas d'autres choix. Et si tu pouvais choisir ? »
Les entités reprennent leur affrontement sans plus se préoccuper de l’homme, sûrement grâce à la présence de la fille d’Aqua à sa gauche.
« Elles se battent parce qu’elles pensent avoir toutes les deux le droit d’exister. Mais si l’une ne cède pas sa place à l’autre, alors aucune ne gagne. Qui doit prendre le dessus ? Qui doit rester en retrait ? »
Son regard dérive vers le sol, sur ces bottes d’excellente facture éprouvées par les voyages. Enfin elle le pose à nouveau sur les deux incarnations, tout en s’adressant à l’humain.
« Toi qui souhaites mon aide, attends-tu de moi que je me batte ? »
Elle penche légèrement la tête sur le côté, curieuse de sa réponse.
J'étais toujours assise sur ce sol frais, un genou ramené vers ma poitrine. D'un œil inquiet je ne pouvais m'empêcher d'observer la brume de temps à autre. Mais mon attention était pourtant bien plus accaparé par l'enfant d'Aqua. J'avais noté qu'il s'était complètement figé à mes mots et il fallait bien que je l'admette, je n'étais déjà pas très doué pour comprendre les réactions humains alors celles des Demi-Dieux, n'en parlons pas. Pourtant, j'avais cru déceler un certain intérêt face à ma réponse qui m'avait paru plutôt très bancale.
Ses mots résonnaient dans ma tête et ma réflexion me fit baisser les yeux, d'un air perplexe essayant de saisir tout ce que m'offrait sa réponse. Je penchais un peu la tête en fronçant les sourcils, essayant d'y voir un peu plus clair, de démêler nos propos respectifs quand les miens me paraissaient déjà un peu trop flous. Pourtant, il me semblait qu'aucun de nous n'avait tord et que malgré une opposition palpable, nos propos étaient loin d'être divergents, je les trouvais même complémentaire. Cela dit, je commençais à sentir pointer un mal de crâne. Moi qui avait assez peu l'habitude de réfléchir ainsi à des questionnement dit « de l'esprit ». Pourtant, j'avais envie de finir et d'amener mon dernier avis, en ramenant mon regard vers l'enfant.
❝ Tu as raison. Les deux ne peuvent peut-être pas cohabiter, du moins... en même temps. C'est un peu comme le soleil et la lune. Chacun apparaît quand l'autre disparaît, mais les deux existent... ❞
Voilà que je n'arrivais plus à continuer, la bouche entre ouverte, prête à sortir la suite, celle-ci ne venait pourtant pas. Je connais le noir, je le suis même surement plus souvent que le blanc. A vrai dire, avant aujourd'hui, je ne pensais pas que le blanc était aussi ancré en moi. Je n'en avais pas conscience. Bien sur que les miens m'importe, mais aujourd'hui, ma vengeance reste la plus importante. Sans elle, je ne pourrais pas avancer, nos morts ne pourront pas trouver la paix et nous ne pourrons pas prétendre au moindre avenir. Je savais qu'ils étaient presque tous d'accord avec moi et c'est peut-être pour cela que je suis aujourd'hui aveuglé par ma vengeance. Si il y avait un choix à faire, impérativement, dès à présent, je choisirais le noir, j'en étais certaine, car sans ça, je ne pourrais pas nourrir mon âme assoiffée du sang des Sangtis.
Pensant à cela, je sentais mes poings se serrer et mon regard se durcir. J'étais trop déterminée pour lâcher prise maintenant et me laisser aller à des questionnements flous que je ne concevais pas moi même. Le blanc arrivera quand il arrivera. Le choix de l'un ou de l'autre s'est toujours imposé à moi sans que j'y réfléchisse. Pourtant, je ne pouvais pas nier que mon cœur était noir surement dans le seul but d'amener la clarté chez les miens. Si c'était moi qui devais sombrer, je le ferais, sans hésitation.
Mon visage se releva vers le Demi-Dieu et je pointais sur lui un regard perçant, déterminé et peut-être un peu plus sombre que l'instant d'avant. Je repensais à cette vision de Sangtis, le corps écartelé entre mes doigts et je n'avais qu'un désir, que tout cela arrive bel et bien. Et ce mal de tête qui était bien là, tirant mon visage dans des rictus de gêne.
Sur la fin de ses paroles, je n'avais rien répondu, je n'avais rien à répondre à cela de toute façon, je ne saisissais que trop peu ce que dégageaient ses mots. Pourtant, l'enfant d'Aqua me tourna le dos, me redressant un peu par surprise devant une telle réaction. J'étais perplexe et interrogative, sans trouver de réelle raison à tout cela, j'observais la brume devenir encore plus dense et envahissante. Je ne pouvais retenir ma méfiance et mon regard vissé sur elle. Jusqu'à ce que ce soit le Demi-Dieu qui rappelle mon attention, se rapprochant de moi, lentement, décrivant un cercle autour de moi. Je m'étais alors redressé, m'asseyant avec un peu moins de nonchalance, presque en tailleur. Je l'avais d'abord suivis du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse dans mon dos, me forçant à fixer le sol, sans bouger, avant qu'il ne réapparaisse sur mon autre côté. Il n'y avait que mes yeux qui le suivaient quand mon corps, lui, restait droit, avant qu'il ne se fixe devant moi.
Mes yeux s'étaient plantés dans les siens, sans un mot, je n'avais pas cillé. Ses pupilles brillantes arrivèrent à mon niveau et je les fixaient en m'y perdant presque. Qu'est ce que je voulais faire de lui ? Une question qui revenait si souvent entre les murs de ces temples, une question si légitime et qui pourtant ne leur assurait absolument rien. Je n'étais pas du genre à mentir, alors face à un Demi-Dieu encore moins. Je lui demandais après tout de lier sa vie à la mienne en venant ici, j'estimais donc n'avoir aucun intérêt à user de faux semblants. Alors ainsi, fixé l'un en face de l'autre, je répondais sans ciller.
❝ Rien que tu ne voudrais pas. ❞
Ces simples mots, insuffisants je le savais, s'étaient pourtant posé en laissant un court silence s'installer, me voulant presque rassurante, les dernières syllabes disparaissant dans un léger souffle.
❝ Mais je ne te mentirais pas. Comme t'as pu le voir, j'ai des ambitions qui nécessitent de la force et de la puissance, que ce soit pour une vengeance ou pour protéger ceux qui me sont chers. Et je ne te cacherais pas que c'est aussi la fierté et l'orgueil qui m'ont amené ici. Ce que je veux faire avec toi, c'est continuer à survivre dans ce putain de monde. ❞
Mes mots s'étaient fait plus tranchants, plus téméraires et déterminés. Ce discours ressemblait à celui que j'avais servis à Winglèce et qui pourtant n'avait pas forcément porté ses fruits. Je persistais alors qu'avec j'avais déjà échoué, pourtant je ne troquerais mon authenticité pour aucun mensonge face aux enfants des Dieux, pas même pour atteindre le plus important de mes objectifs. J'agissais avec eux comme avec les miens, je ne les obligeais à rien et s'ils voulaient se défaire de moi, je ne les empêcherais pas. Il en allait de même pour cet enfant d'Aqua, je ne l'obligeais pas à me suivre et s'il le faisait, je ne l'obligerais pas à faire quoi que ce soit qui serait contraire à ses principes.
❝ Et toi ? Qu'est-ce que tu veux faire ? ❞
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Rang : Arcanien/Arcanienne Crédit Avatar : Kabusu Date d'inscription : 29/08/2018 Messages : 47Double Compte : Quack et la pirate Métier : Pretty boy
Les deux créatures s'immobilisent, comme des statues, et leurs regards se posent sur moi. Je me redresse, les épaules carrées et le dos droit, prêt à m'engager dans le combat pour défendre mon propre côté. Pourtant y se passe rien. Je fronce les sourcils et j'attends. Pas grand chose d'autre à faire dans c'te situation, m'direz-vous.
J'suis quand même étonné que l'enfant d'Aqua décide de revenir me voir. Même qu'y se poste juste à côté de moi, face aux géants et le regard posé sur eux. J'me demande ce que j'devrais faire, mais pour une fois, ma voix m'a lâché. Je sais pas quoi dire. J'ai posé trop de questions, et sans réponses, j'sais pas où s'en va mon monologue. En fait, pour le moment, j'suis plutôt resté bloqué sur un petit truc. La raison du combat. Des fois, quand on y pense, faut pas nécessairement de raison pour un combat. Les lames parlent tellement mieux que l'humain que des fois c'est trop tentant de sortir son épée. J'sais pas trop l'sentiment, j'suis l'genre qui préfère parler, parce que taper sans réfléchir c'est pas mon truc... Mais je comprends. J'ai vu des tas de jeunes passer par ce stade du "je tape parce que je connais pas d'alternative". Des fois on a juste pas le choix.
Étonnamment, c'est là-dessus que la créature renchérit, récupérant mes paroles pour me poser une question, son visage masqué tourné vers moi. Je reste silencieux, parce que j'ai l'impression que l'air a cette pression, comme si elle allait continuer à parler, alors j'attends. Les créatures recommencent à se battre et l'enfant divin continue doucement. Sa voix est calme, détachée du monde, comme quelque chose qu'on tirerait de force hors d'un rêve. Un espèce de mélange de ce qui a été et de ce qui ne sera jamais. J'sais pas trop comment décrire ça, mais c'est tout c'que ça m'inspire. J'suis sans doute bien à côté d'la plaque. Mais bon.
Je réfléchis à ses paroles. Je comprends bien, hein, que le blanc et le noir représentent le bien et le mal, ou un truc du genre, mais... J'peux simplement pas regarder ça et me dire qu'une comparaison peut se faire. Encore une fois, j'me plonge dans le regard de la créature d'eau, et je sais pas pourquoi mais ça me sert le coeur. J'ai l'impression de parler avec une jeune recrue, qui s'est foutue dans une vision binaire du monde, où tout est blanc ou noir, et j'sais pas pourquoi mais sur le coup ça m'donne un peu envie de pleurer. C'est tellement triste d'avoir une telle vision du monde, où tout appartient à deux entités magnanimes et maîtresses de tout. Le bien, le mal, ces deux choses n'existent pas, et pourtant... Pourtant j'en vois trop qui cherchent à justifier, à classer... L'humain peut pas... Les demi-dieux non plus... Personne peut définir clairement c'qui est bien et mal. Y'a rien de binaire, rien qui ressemble à ces deux monstres qui se mettent sur la gueule.
Pendant un moment, plongé dans ces yeux dorés, j'me demande ce que tous ces siècles d'enfermement ont pu avoir comme impact sur l'esprit du pauvre demi-dieu. Est-ce qu'il était comme ça avant ? Ou est-ce que c'est la punition cruelle des Dieux qui lui a donné cette vision du monde ? Est-ce qu'il est sorti depuis tout ce temps ? A-t-il vu ce qu'on voit dehors ? Ce qui donne foi en Arcane, en ce monde et en son futur ?
À sa dernière question, j'ai envie de l'enlacer, comme j'enlaçais mes deux plus vieux amis, et comme j'enlaçais Lucille quand elle allait mal, et comme j'enlaçais ma soeur, et comme j'enlaçais toutes les personnes qui ont cherché mon épaule. Le truc c'est que lui... elle... cherche pas mon épaule. Je sais juste pas quoi faire. Alors j'fais c'que j'fais le mieux. Je parle.
« Non. Non, non... Si tu décides de prendre les armes à mes côtés, ce sera ton choix, et je ferais rien pour t'y contraindre. J'attends rien de toi, seulement que tu prennes tes propres décisions et que t'acceptes de découvrir Arcane à mes côtés. Que tu m'accompagnes, et que tu partages un pan de ta vie avec moi. »
J'penche la tête sur le côté. T'façon y'a un autre sujet à aborder avant, d'autres questions qu'il a posé, et je réponds le plus honnêtement possible.
« Ces deux entités... Y'a rien qui existe de pareil dans ce monde. J'sais pas si j'suis à la bonne place pour t'apprendre ça, mais... Tu verras jamais le bien se battre contre le mal. Jamais. Y'a rien de tel que le bien, et rien de tel que le mal. Tout comme on trouve pas de noir ou de blanc chez quelqu'un. Y'a que du gris. Des entités grises qui se battent contre des entités plus claires ou plus foncées. Le truc c'est que les deux se pensent claires. Le blanc, le bien, c'est un truc tellement abstrait. Chacun le perçoit à sa façon, alors quand bien même j'pourrais avoir l'impression d'être immaculé, les gens me verraient jamais d'la sorte. C'est pas... C'est pas un truc comme ça. Y'a pas ce genre de combat dans le coeur des gens, parce qu'aucun peut gagner, aucun peut disparaître. On a besoin des deux pour vivre, des deux qui cohabitent. C'est comme si on prenait ces deux trucs, qu'on les réduisait en une petite boule grise et qu'on la plaçait dans le coeur de quelqu'un. La boule se battrait jamais contre elle-même, elle se contenterait de changer doucement de couleur dépendamment des actions de la personne. Mais si tu tiens vraiment à ce que je m'en tienne à ce combat... Alors j'te dirais que celui qui doit rester en retrait, celui qui doit prendre le dessus... Ça dépend de la situation. Parfois t'auras besoin du noir, parfois du blanc, et tu peux pas juste t'en tenir au blanc, ou juste t'en tenir au noir toute ta vie. Le mieux ce serait une trêve, j'aime pas trop les combats inutiles. »
Pendant mon p'tit discours, j'ai bougé mes mains comme quand je raconte des histoires, englobant le combat et les entités, mimant la petite boule, me tapotant le coeur... Quand j'raconte des trucs profonds, auxquels je crois plus que tout, j'suis pas capable de m'en empêcher. J'me met à faire de super grands mouvements des mains, comme si c'était l'truc le plus important au monde... Pis je sais bien que ça me donne l'air un peu ridicule, parfois. Finalement, je répond à sa première question.
« Tu sais, si un jour on me donne le choix, dans une situation où j'aurais pas eu le choix autrement de me battre... Alors je vais essayer de trouver la solution moins violente, celle qui permet à tout le monde de s'en sortir. Par contre, si j'ai pas le choix de me battre, alors je vais me battre. Parce que la première chose qui me pousse à me lever tous les matins, c'est ma liberté, et si un jour j'ai pas le choix de quelque chose... C'est qu'on m'aura enlevé ma liberté. Et ça, j'le permets pas. »
Je hausse les épaules, coupable devant ce défaut de vieux chien. Acculé dans un coin, j'mords. Avant j'me r'tenais et j'souriais, mais maintenant c'est différent. Ma vie m'appartient plus qu'à moi maintenant, et j'vais m'battre jusqu'à en perdre chacun d'mes bras si c'est c'qui faut.
« Ta liberté aussi, c'est important. Si tu me la confie... »
Je prend une inspiration et je parle doucement, comme si c'tait une confidence, mais en fait c'est que j'me replonge dans beaucoup de souvenirs d'un coup.
« Je ferais tout pour la protéger. Je sais que beaucoup de gens promettent ça, la liberté... Mais j'peux pas simplement te promettre ça, parce que parfois j'peux rien faire contre le courant de la vie. Alors j'te promets de défendre ta liberté comme j'défendrais la mienne. Et si ton choix c'est de retourner ici, de quitter mon chemin, ou de simplement te cacher là où tu te sens en paix jusqu'à ce que je meurs, alors soit. Ta vie sera tienne. »
Je me tourne de nouveau vers lui, mon regard un peu plus hésitant.
« Qu'est-ce que tu veux faire en sortant d'ici ? »
Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
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Ainsi tournée vers les parois glaciales de sa cellule, Xion ne voit pas l'humaine mais prête toute son attention à sa réponse. La brume opaque et froide est à l'image de sa réflexion tourmentée. L'humaine parle du soleil et de la lune, est-ce qu'elle peint les différents émois comme un cycle ? Tous présents, tous complémentaires... tous nécessaires. Si Xion a déjà trop réfléchi à cette question épineuse, cette conclusion s'ancre dans un coin de sa tête, à l'abri de sa conscience. Peut-être qu'elle en ressortira un jour.
Étrangement, ces paroles l'ont calmée, même si elle peine à en comprendre le sens. Elle n'est pas la seule à devoir démêler les fils de son esprit. Le silence qui s'ensuit prolonge cette sensation d'apaisement. Si la femme avait poussé le débat, la renarde ne l'aurait sans doute pas supporté. Elle sent que cette dernière est prête à trancher si elle ne peut comprendre, à son image encore une fois. Quoiqu'il arrive, l'humaine agira. Elle fera parler son instinct.
Xion s'assoit et serre la mâchoire face aux premiers mots de la guerrière. Elle fait pourtant un effort afin de ne pas réagir davantage et laisse donc le silence prendre ses aises. L'humaine a deux buts, elle ne peut pas prétendre être ici par hasard ou du moins sans chercher à les atteindre. Les miroirs l'ont révélé. Et en effet, elle ne s'en cache pas. C'est curieux. Il faut toujours laisser du temps aux Hommes pour se développer. Un temps qu'ils n'ont pas, ou qu'ils utilisent à mauvais escient.
Vengeance. Protection. Orgueil. Fierté. Elle ne ment pas, Xion les a toutes éprouvées avec elle. Sa dernière parole lui tire même un sourire amer, et triste. Personne n'a survécu au monde d'antan. Parce qu'ils n'ont pas choisi. Ses frères et sœurs, ses cousins et cousines, ils ont essayé de restaurer l'équilibre. Et quand ils ont voulu opter pour l'extermination, il était déjà trop tard.
Cette enfant ressent la violence des émotions. Le feu d'Ignis brûle en son sein et l'attire dangereusement. Le monde l'a malmené, et elle le malmènera en retour. Elle est actrice de son histoire, et pas une simple spectatrice. Son esprit est brumeux mais sa volonté incroyable. Elle renferme en son cœur l'eau changeante et la glace intransigeante. Sa détermination est d'une beauté sans pareille. Elles ne se comprennent pas mais se ressemblent. Sa rage l'entraîne et son calme la rassure autant qu'il l'effraie. Oui, cette humaine lui laisse entrevoir de belles couleurs.
Même plongé dans ses pensées, son regard n'a pas quitté un instant ce visage franc. Xion n'est jamais sortie. Mais tous les défis qui se sont présentés à l'humaine appuient une honnêteté qui va au-delà de sa prison. Soudainement, la femme lui retourne son interrogation. Ses yeux légèrement agrandis révèlent sa surprise. Décidément, ils ne comprennent jamais.
« Je l'ignore. »
Xion reste calme. Elle accepte cette question même si elle la déteste, et se retrouve capable de s'exprimer comme rarement. Elle ne se connait plus, mais l'humaine lui a montré une personnalité qui lui plaît, une vie qui donne envie. C'est la seule chose dont elle est sûre.
L'enfant d'Aqua se relève. À nouveau elle fait lentement le tour de l'humaine, en l'effleurant du bout de ses moustaches. Sa queue fouette l'air et chasse la brume qui disparaît complètement. L'atmosphère reste humide mais la température s'adoucit considérablement.
« Ton cœur est fort. J'éprouverai le monde à travers celui-ci. Je n'ai d'autre volonté que de suivre la tienne. Je serais l'instrument de tes ambitions. »
Elle s'arrête devant la femme, très près. Son regard doré se pose sur elle avec profondeur. La rivière qui émane de sa croupe se solidifie et s'enroule autour de la taille de la guerrière avec pression sans toutefois gêner sa respiration. Tout ce qui est fait d'os et d'écailles et sa queue sont froids au toucher, tandis que sa peau de requin et ses moustaches dégagent de la chaleur. Doucement, Xion vient poser son visage contre celui de l'humaine.
« Car si je suis à toi, tu es à moi. »
Puisse l'humaine comprendre cela, tôt ou tard, pour son propre bien. Ses moustaches se glissent autour des avant-bras de l'élue sans la serrer. Puis, la fille d'Aqua recule son masque carapacé pour mieux l'observer en attendant sa décision.
« Acceptes-tu ? »
Geoffrey:
Déterminée à obtenir une réponse à l'intérieur de sa cellule, même en ayant si peu conscience de sa demande, Xion n'est jamais sortie, puisqu'elle ne l'a jamais trouvée. Elle a si peu conscience d'elle-même, ainsi renfermée dans les ténèbres de sa maigre existence et de sa longue captivité, qu'il lui est difficile de s'interroger et de se mettre en avant pour répondre au vieux combattant. Mais ses questions sont posées avec tant de patience et de douceur, de compréhension et de calme, qu'elles parviennent progressivement à tracer un chemin dans son esprit, là où elles l'auraient d'ordinaire mise en furie.
Un chemin fragile, qu'elle est incapable d'arpenter à l'heure actuelle, mais dont elle aime la description que cet homme lui fait. Elle sait que le noir et le blanc peuvent cohabiter, qu'ils le doivent peut-être, mais qu'ils se mélangent ? Qu'ils soient égaux ? S'agit-il du gris qu'il essaie de lui dépeindre ? La renarde l'observe décrire avec ses mains comme avec ses mots, expliquer les paroles de son esprit comme de son cœur. Elle admire sa confiance et sa maîtrise. Sa conviction la fascine mais la tient aussi à distance. Il n'y a pas de place pour le doute. Exceptionnel pour un humain.
Elle n'arrive pas à croire ses paroles, même s'il lui en donne l'envie. Elle n'a rien vu de son monde, qui a l'air très différent du sien, elle n'a donc aucune idée à laquelle s'attacher, et aucune volonté de le faire. Alors elle continue à l'écouter, assise, laissant son regard dériver vers les parois de glace dans l'espoir d'y trouver son reflet, mais ne voit que l'âme du guerrier, avant qu'elle-même ne s'efface pour laisser un tableau du monde extérieur.
Curieusement, ce monologue apaise la fille d'Aqua. La brume se dissipe. L'aura de Geoffrey la rassure. Il embrasse ses regrets, a pris la lumière pour chasser ses peurs, et combat l'ignorance et la facilité. Il a choisi, peut-être inconsciemment. Il n'a montré ici qu'une facette de Xion, un éclat particulièrement vif et pur de son potentiel. Et il l'invite à découvrir les autres à ses côtés. Néanmoins, sans guide pour lui montrer, cela lui est impossible. Elle entend son raisonnement, mais pas assez clairement ses émotions.
« Je l'ignore. »
La renarde des abysses soupire longuement. Est-ce un regret ? En se relevant, elle porte toute son attention sur les deux entités, qui ne vivent que pou leur éternel affrontement. Le bout de ses moustaches s'illumine et frémit. Elle grogne. D'énormes pics de glace jaillissent du sol à une vitesse folle et sinuent jusqu'aux monstres pour les empaler brutalement. Leur corps s'évanouit sans un bruit. Il n'y a qu'une seule issue à sa connaissance dans un combat à force égale.
« Je ne sais pas pour ton monde, homme vaillant, mais dans le mien, le noir a terrassé le blanc. Peut-être est-il apparu éventuellement, mais en fin de compte, il n'y a eu aucune place pour le gris. »
Sa voix neutre se teinte de tristesse. Elle vient se placer devant l'humain, à une distance respectable, et le contemple. Sagesse. Conscience de soi. Elle s'inspire de tout ce qu'il lui renvoie. Elle tait ses émotions. Jamais elle n'a réussi à être clairvoyante depuis la punition de ses parents.
« J'aurais aimé que nos enfants te ressemblent davantage. »
Peut-être que les choses auraient été différentes.
« Nos parents semblent avoir réussi là nous avons échoué, avec un gris si joli mais pour moi depuis longtemps inaccessible. J'aurais dû choisir. »
Perdue dans son passé, elle semble oublier la présence de l'humain un instant. Il ne l'a pas assez nourrie d'émotions pour qu'elle puisse garder le même état d'esprit que lui. Et le conflit qui l'habite ne peut être réglé par des mots seuls. Aussi, cette perception redevient rapidement brumeuse. Le silence s'installe, elle ne peut plus rien entendre. Il lui fait miroiter des aspects qu'au fond, inconsciemment, elle s'interdit.
Xion reprend finalement la parole, sa neutralité retrouvée.
« Je n'ai pas besoin de cette liberté dont tu parles. Je ne saurais pas quoi en faire. Ce n'est pas ce que ma mère me donne en me laissant sortir d'ici. Si tu n'attends rien de moi, je ne peux rien attendre non plus. J'ai besoin de toi, mais tu n'as pas besoin de moi. »
Elle se met à faire les cent pas, agitée. Son regard s'accroche à la cape rouge sang. Elle a rarement autant parlé à un humain.
« Il y a une flamme qui crépite en toi. Or, les eaux dans lesquelles tu navigues sont sereines. Je ne comprends pas, je ne mérite pas la paix que tu m'offres. »
Embrouillée dans tous ses questionnements, elle finit par s'asseoir en lui tournant le dos. Puis, au bout de quelques secondes, qu'importe ses paroles s'il y en eût, elle lâcha dans un murmure :
Ainsi donc, cet enfant d'Aqua ignorait tout de ce qu'il désirait faire une fois offert au monde extérieur. Est-ce que cela signifiait qu'il ne le connaissait pas assez, voir pas du tout, pour avoir le moindre désir le concernant ? Ou était-ce là un simple manque d'envie ? Je comprendrais les deux, surtout la deuxième option. Moi même j'avais tendance à penser que le monde dans lequel nous évoluions était trop cruel de manière générale, à quoi bon nourrir de profondes envies dans ce cas ?
Perdue dans mes pensées, celles-ci devenaient de plus en plus flou face à l'enfant Divin, assit devant moi. Je prenais quelques instants pour le contempler avec un peu plus d'aisance. Il était grand, imposant de finesse et arborait des couleurs sombres. A l'instar de Galifey qui, lui, brillait par le chatoyant de son pelage, ce Demi-dieu, lui, inspirait par la profondeur de ses nuances. Mon regard se glissaient sur ses traits, de sa coiffe à sa queue.
Il se met à décrire à nouveau un cercle autour de moi, chassant la brume qui s'était beaucoup épaissis autour de nous. Étrangement, je ressentais comme un poids qui s'était envolé. Je sentais alors ses fines et longues moustaches m'effleurer, sans trop savoir ce que j'en ressentais. A ses mots je baissais les yeux, quand il était encore hors de ma vue. Je fronçais les sourcils en osant penser que cela signifiait qu'il acceptais de me suivre dans cette vie tumultueuse que je lui avais présenté. Je décidais instinctivement de me relever avant qu'il ne me fasse face, prête à entendre ainsi son verdict.
J'observais sa queue s'approcher et s'enrouler autour de moi, intrigué et je dois bien l'avouer, quelque peu inquiète. Son toucher est froid et vient faire frémir ma peau sous mon habit. Je relève alors le regard vers le Semi-Divin et celui-ci vint poser son front sur le mien. Je soupirais alors, lentement, fermant les yeux à ce contact, le genre que j'avais l'habitude de partager avec Gyllir, de la même manière. C'était une sensation apaisante par son accoutumance et la chaleur qui s'en dégage.
"Car si je suis à toi, tu es à moi" ? Une phrase qui me surprenait, je n'en saisissais pas le sens dans l'immédiat. Cela me faisait penser à une sorte de déclaration d'amour que nous, les humains, pouvions énoncer. Mais après tout n'est-ce pas là le principe d'un pacte ? Lié deux individus, dans un sens comme dans l'autre ? Je ne répondis pourtant rien à cela, le laissant attraper mes bras délicatement, les réchauffant à leur tour. Et alors qu'il recula son crâne du mien, nous nous fixions un instant. "Acceptes-tu ?". Quelle question... J'inclinais respectueuse mon visage, lentement, soufflant ma réponse.
❝ Bien sûr... ❞
Puis je retrouvais son regard. J'étais satisfaite et j'espérais qu'il l'était également. Comme à chaque fois qu'un enfant divin acceptais de me suivre, je sentais une vague légère de chaleur enivrer mon corps. Était-ce l'expression du lien qui nous unissait, ou la simple satisfaction ? Je n'en savais rien et préférais seulement profiter de cette sensation plaisante. Je le laissais alors relâcher son étreinte, ou pas et continuais.
❝ Quel est ton nom ? ❞
Car nous ne nous étions pas présenté et j'avais besoin de le connaître car, jetant un œil à la porte, je n'étais pas tout à fait certaine qu'il pourrait la passer. S'il me demandait le mien en retour, je lui donnerais sans hésitation. Ce n'était pas comme avec les humains, j'avais beaucoup plus de facilité à me livrer aux enfants Divins.
❝ Il est temps de sortir d'ici Xion ? ❞
J'aimais ce nom. Simple, doux et vif. Je l'invitais alors à me suivre à travers la porte et si toutefois cela se révélait impossible pour lui, je l'informais que j'allais l'appeler dès ma sortie du temple. Pleine de fierté, je quittais sa cellule sur un pas franc et déterminé.
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Rang : Arcanien/Arcanienne Crédit Avatar : Kabusu Date d'inscription : 29/08/2018 Messages : 47Double Compte : Quack et la pirate Métier : Pretty boy
L'enfant d'Aqua s'est détourné, enfoncé dans une négation attristante. Je le regarde un moment, sachant pas trop que penser. J'ai l'impression qu'une porte vient de se fermer brutalement, et je suis là, face au battant, à me demander si j'ai pas fait une connerie. La pointe de tristesse que j'ai ressenti plus tôt revient à la charge, mais cette fois dénuée de l'envie de réconforter la créature divine. Je suis pas Aqua, je suis pas celui qui a choisit sa punition. Est-ce que pour autant il a raison de s'y enfoncer comme s'il n'y avait pas de meilleur sort possible ? Je regarde son dos, ses antennes, sa queue, et je bouge pas d'un pouce. Mon regard de vieil homme se porte sur une nouvelle recrue. Un enfant qui cherche son chemin. Un jeune dont l'avenir lui semble bien sombre une fois tracé par ses parents. Un soldat qui ne sait pas encore quelle cause défend son épée.
J'aimerais plonger mon regard dans le sien encore une fois, mais je me retiens et je reste là, parfaitement immobile. Lentement, j'essaie d'effacer ma grande gentillesse, celle qui me dirait de m'asseoir près de lui. Clairement, il ne veut pas de ça. Alors je la chasse, je la tais dans un fond de mon être et je pose la pointe de mon épée au sol, les deux mains sur la garde. Mon regard, qu'il ne voit probablement pas, se fait graduellement plus dur et je ferme mon visage pour offrir celui du vieil instructeur. Je le regarde de haut, comme je regarderais un élève présomptueux.
Sa vision des choses l'emprisonne dans un cycle de douleur et de désabusement, de peine et de malheur. Comment le laisser faire ? Comment le laisser s'enfoncer dans cette autoflagellation et ce pessimisme ? Peut-être que je comprends pas toute la situation. En fait, c'est clair que je la comprends pas au complet. J'aimerais savoir ce qu'il se passe, mais la gentillesse du vieux grand-père a servi à rien, alors j'endosse ce rôle-ci. Celui qui m'a toujours permis d'aiguiller les jeunes sur le bon chemin.
« Tu ne me feras pas sortir d'ici aussi facilement. Fais-moi face. »
J'ai ce ton autoritaire. Celui qui est froid, qui se confond avec les murs accusateurs de la cellule et la glace destructrice. J'ai endossé mon armure une nouvelle fois, et je serais même pas étonné de voir se dessiner l'emblème de la Garde Dorée sur mes vêtements. J'ai quitté leurs forces mais celui que j'y ai été me poursuit, en bien comme en mal. Je tapote le sol à mes pieds avec ma lame.
« Fais-moi face, enfant d'Aqua, et donne-moi une bonne raison pourquoi tu ne mériterais pas la paix. »
Je ne bouge pas. Il n'arrachera de moi aucun mouvement, seulement un jugement stricte mais bienveillant. Je regarde son dos et annonce ma sentence finale d'une voix forte et grave qui se répercute contre tous les murs, qui aurait brisé la glace aurait-elle été aussi fragile que les torrents me faisant face sont agités. L'âme de cet enfant est tumultueuse, ravagée par un mal qui m'est inconnu.
« Fais-moi face, ou bats-toi pour me faire sortir. Si tu te contentes de me jeter dehors, je reviendrais encore et encore, jusqu'à ce que tu te décides à me tuer. »
Je me connais. Je suis beaucoup trop têtu pour mon propre bien. S'il me fait bel et bien disparaître en un coup de vent, je reviendrais, et j'ouvrirais sa porte jusqu'à ce qu'elle ait l'empreinte de ma main. Je n'abandonnerais pas avant d'avoir ma réponse. Pas avant d'avoir compris ce qui l'habite et le ronge.
Et s'il décide de se battre, soit. Je me battrais jusqu'à l'épuisement, parce que parfois le combat rapproche plus que n'importe quel discours, parce qu'à ce moment peut-être s'ouvrira-t-il à moi.
Et... Si au final il décide de me tuer... Alors je saurais, dans une ultime erreur, que cet enfant ne veux point apprendre.
Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
Le souffle de l'humaine pousse doucement ces quelques mots, l'acceptation de ce lien, et de son sort. Xion est confiante. Elle se laisse guider par l'instinct pour aborder cette nouvelle situation. Elle se recule calmement, mais l'une de ses moustaches reste enroulée autour de l'avant-bras droit de l'humaine.
« Ton corps est celui d'une guerrière. Il doit être parsemé de marques... »
Son contact se refroidit rapidement jusqu'à devenir glacial, et développer les mêmes propriétés qu'une brûlure.
« Voici la mienne. »
Celle de leur Pacte.
Quelque peu désolée de lui infliger une douleur supplémentaire mais consciente de sa nécessité, Xion la soutient du regard. Elle se retire ensuite pour la laisser reprendre contenance mais se tient toujours près. Puis, la jeune femme lui demande son nom. La renarde se redresse et reste silencieuse quelques secondes. Cela fait tellement longtemps qu'elle ne l'a pas prononcé à haute voix.
« Xion. »
Son corps est parcouru d'un frisson. Elle a un nom, c'est vrai. Cette pensée lui fait quelque chose. Elle réalise que l'épreuve est terminée, qu'elle va enfin sortir, quitter l'ombre de son antre pour les lumières du nouveau monde. Ses muscles se contractent brièvement. C'est beaucoup de pression, et d'appréhension. Pour chasser sa peur, elle repose son regard doré sur son humaine. Un peu général comme appellation. Elle penche la tête sur le côté, curieuse.
« Quel est le tien ? »
Lagertha.
La sonorité est à la fois douce et rude, à l'image de son visage. Et de la neige aussi. Il lui va bien, et cette ambivalence continue à lui plaire, finalement. Xion se redresse et s'engage à la suite de Lagertha. Elle ne lui obéit pas, mais répond désormais à ses paroles et gestes, tout simplement. L'enfant d'Aqua sent sa respiration lui échapper, à mesure qu'elle s'approche du bloc de glace, éternel gardien de sa cellule. Ayant suivi le regard brun de l'élue, elle lui dit doucement, en reportant son attention sur la porte :
« Je peux passer. »
Elle se rend même compte qu'elle en a envie, au fond. De glisser sous la cascade qui apparaîtra dès que la jeune femme aura de nouveau posé sa main sur la surface froide. Et lorsqu'elle le fait, lorsqu'elle quitte les murs de cette prison, Xion l'imite. Elle a toujours hésité, même encore. Mais aujourd'hui, elle a trouvé en cette enfant des Quatre la force de franchir le pas et de lever les yeux vers sa nouvelle existence.
Geoffrey:
Xion rumine, et en même temps, s'efforce de ne plus penser. Sa respiration est lourde, bruyante, légèrement saccadée. L'homme reprend la parole d'un ton qu'elle ne lui connait pas. Sa crinière osseuse se dresse, son corps est parcouru d'un frisson. C'est ce ton autoritaire. Il lui donne un ordre avec une volonté de fer. Mais rien ne la force à obéir.
Elle ne comprend pas. Qu'est-ce qu'il veut ? Qu'est-ce qu'il cherche ? Lui faire face pourquoi ? Elle l'a déjà regardé, et elle n'a pas vu son reflet. Il n'est pas un miroir, il est autre chose, qu'elle n'arrive pas à définir. Et ça l'énerve. Pourquoi est-il encore ici ? Le cliquetis métallique de son arme hérisse ses nageoires. Il revient à la charge. Elle ne se retourne toujours pas mais sa queue commence à balayer le sol nerveusement. Il n'est pas impossible qu'il soit éclaboussé par ce geste plus instinctif que puéril.
Au troisième appel, Xion grogne. Son visage pivote pour entrevoir la posture déterminée du vieil humain. Ses griffes raclent le sol. Est-il fou ? Cherche-t-il la mort après tout ? Elle sait que non, qu'il a fait preuve d'un sérieux et d'une honnêteté jusqu'ici qui appuient ses dires. L'enfant d'Aqua se retourne sans cesser de gronder sourdement. Elle montre ses crocs même. Oui, elle a envie de le jeter dehors pour cette insistance déraisonnable. Mais elle le croit, non sans crainte. Il serait bien capable de revenir.
Le tuer alors ? Elle commence à faire les cent pas, foudroyant tantôt le sol tantôt l'homme de son regard glacial. Toute chaleur a disparu de ses yeux lumineux, c'est une couleur blafarde et intransigeante qui domine. Elle ne veut pas le tuer. Elle devrait bondir et lui trancher la gorge. Est-il une menace ? Non. Oui. Elle ne sait pas. Il ne bouge pas. C'est insupportable.
« Pourquoi... »
La confusion perd tous ses sens et égare son esprit. Elle halète comme si elle avait nagé des jours entiers. Ses murmures se perdent dans l'incohérence et le silence oppressant de la salle.
« Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il fait... Je ne veux pas... Je ne... Pourquoi ! »
Xion s'arrête brusquement, fixant le guerrier plus acharné que vaillant. Ses griffes grattent le sol mais n'arrivent pas à en décoller. Lui reste imperturbable et ne montre aucune rage. Mais alors, comment peut-elle en éprouver ? Ça n'a aucun sens !
Dans un grognement colérique, elle s'élance contre les murs de sa cage. Ses pattes raclent les parois dans un crissement désagréable. Les signes de sa férocité sont à peine visibles sur les géants de glace qui l'enferment ici.
« Pourquoi tu me fais choisir !? Je ne veux pas ! »
L'enfant d'Aqua veut fuir, mais il n'y aucune issue, aucun endroit où se cacher comme la dernière fois. Qu'est-ce que c'est ? Son épreuve s'est retournée contre sa personne ? Pourquoi est-ce qu'il lui est impossible de tuer l'homme ? Pourquoi est-ce qu'elle ne veut pas le chasser ?
Xion stoppe sa course frénétique. Sa tête tourne, la douleur tambourine dans ses épaules ayant cogné contre les murs. Il faut reprendre le fil de l'épreuve. Qu'est-ce qu'a montré l'humain dans le premier miroir ? Un homme, une femme ? Le souvenir lui échappe de même que sa perception. Quels étaient ses choix, ses visions ? Il n'y a plus rien. Et pourtant l'humain est encore là. Comment est-ce possible ? D'où vient cette colère alors ?
La créature des abysses tremble. Elle s'arrête non loin du combattant à l’œil aiguisé. Elle s'effondre, plaque son visage masqué contre le sol et ferme les yeux, cherchant une échappatoire face à l'effrayante vérité qui se dessine progressivement devant son esprit.
« Je ne veux pas de ces sentiments. Je ne veux pas ressentir. Je ne peux plus. Je ne dois plus. »
Geoffrey a percé son épreuve, ramené l'autre partie de sa conscience, celle que Xion s'efforçait d'engloutir au plus profond. Trop faible pour affronter ses propres démons, trop faible pour choisir l'espoir. Ça fait mal. Terriblement mal. Des bribes de souvenir remontent à la surface. La souffrance de son peuple. Sa propre lâcheté. Des sanglots secouent son corps. Peu d'humains savent que les demi-dieux peuvent pleurer.
« Le mal dans lequel tu me forces à plonger est trop cruel humain. Va-t-en, je t'en supplie. »
Il doit sortir d'ici. Vite. Pour que Xion puisse oublier, se laisser influencer par un autre de sa race, se laisser guider par les sentiments de leur espèce, et continue à enterrer les siens. Alors seulement, les ténèbres des abysses pourront accueillir la lumière de ce nouveau monde.
La créature n'a pas apprécié. Elle grogne, arpente l'espace face à moi, racle le sol de ses griffes, me foudroie du regard... Je reste stoïque, immobile et impassible devant ses états d'âme. Tant qu'elle ne s'assoit pas devant moi, je ne ferais rien. Ce serait céder à un caprice.
Peut-être que je confonds deux situations bien différentes, mais en agissant comme face à un élève, je suis sur un terrain connu, et j'espère pouvoir lui montrer la bonne voie. Pour cela, seulement, faut-il qu'elle accepte de s'asseoir face à moi.
Sa première question se répercute sur les murs, tout comme ses soudains halètements. Les torrents explosent, se répercutent les uns contre les autres, la tempête est à son comble, et sur mon rocher, je ne peux rien faire d'autre que de regarder cet enfant se perdre dans la mer. Si je ne fais qu'un seul pas vers l'avant, je risque de sombrer à mon tour, de me faire emporter vers les fonds, et la noyade entraînera forcément ma mort. M'approcher, c'est condamner ce rocher sur lequel je suis à se briser. Aussi faible que je suis face aux émotions fortes de ceux que je prends impulsivement sous mon aile, je ne peux pas céder. J'ai la responsabilité de tenir le fort, de répandre ma lumière pour guider son navire et le mener jusqu'à la côte sans qu'il ne se blesse.
Quand la rage explose finalement et que l'enfant d'Aqua s'en prend à la glace, y faisait crisser ses griffes, je cille. Mon pied dérape légèrement à l'assaut de la vague et je fais de mon mieux pour garder pied. L'écume vient m'agresser comme le regard de la créature vient me prendre à la gorge. Je serre la garde de Hurricane, qui est ma force dans la tempête.
« Pourquoi tu me fais choisir !? Je ne veux pas ! »
Je fronce les sourcils. Le choix est un revers de la vie, de ce qu'il incarne en tant que demi-dieu, en tant qu'enfant des Quatre. Et pourtant, il refuse de s'y plier. Je regarde cet esprit déchiré et laisse le mien se lamenter sur cet être qui refuse la vie. Comment rester stoïque face à un pantin qui n'attend qu'un marionnettiste pour activer ses fils ? Comment ne pas pleurer la carcasse vide d'un être se refusant à la lumière du choix et de la liberté ?
Pourtant, à la course effrénée et aux tremblements de la créature, comment oser la qualifier de vide ? Elle se penche sur le sol, fait disparaître le monde en fermant les yeux sur sa cellule, refuse catégoriquement l'humanité qui l'envahit... À ses paroles de pouvoir et de devoir, je cille une seconde fois. La fois de trop. Et ses pleurs, qui viennent déchirer mon armure à chaque sanglots, ne font qu'empirer ma faiblesse. Je refuse sa dernière demande et m'approche. Lorsque nous ne sommes séparés que d'un mètre, je m'assois face à son masque qu'il cache contre le sol. Avec une grande précaution, je pose mon épée entre nous.
« Je te l'ai dit, je ne partirais pas. »
Je parle de la voix la plus douce qu'il m'est possible, un murmure dans la tempête, pour ne pas influencer les eaux, pour les laisser se défouler. Mes coudes sur mes genoux et mes mains jointes, je me penche vers l'avant. Mon oeil valide scrute le corps tremblant de la créature.
« Les démons qui t'habitent semblent dévastateurs, mais ce mal, comme tu l'appelles... Tu dois le vivre. »
Et toujours, dans ce jugement impartial, je réitère ma demande initiale.
« Fais un choix, enfant d'Aqua, et fais-moi face. »
Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
Le tintement de l'épée posée au sol, même minime, attire son attention. Sans relever la tête, ni savoir quoi en penser, l'enfant d'Aqua devine la présence du vieil homme en face. C'est à son tour de rester immobile, dans sa bulle. Malmenée par la tempête en son for intérieur, la créature des abysses cherche le silence. Elle essaie de réguler sa respiration, de se concentrer sur le contact de la roche froide sous son petit ventre chaud.
Et comme pour accompagner cet effort, un murmure vient la bercer. Xion a l'impression d'entendre sa Mère. L'envie de ramper jusqu'à sa voix douce, de se laisser tomber dans ses bras réconfortants le submerge. Plus calme, l'enfant divin frotte son visage contre le sol, lentement. Il sait pertinemment qu'elle n'est pas là, que ce sont ses espoirs qui trahissent son esprit. Il n'y a que l'humain, qui rappelle sa présence avec une nouvelle sommation. Elle reste moins tranchante que la précédente.
Non, il refuse de le vivre. Mais que faire ? Opter pour la colère et le renvoyer hors de sa cellule ? Il essaie de puiser dans le calme dont le vieux fait preuve, de retrouver sagesse et clairvoyance. En vain. C'est compliqué de choisir, et épuisant. Le renard soupire. Il se couche finalement sur le côté, puis au bout de plusieurs secondes, lève le museau vers le roc qui se tient non loin, imposant de droiture et de fermeté, mais également de gentillesse. Son regard lumineux se plonge en silence dans le sien.
Geoffrey ne semble pas vouloir céder. Xion ne sait pas quoi faire. Finalement, ses yeux dorés dérivent vers un point flou, un reflet incertain sur la glace de sa cage. Il essaie de penser à autre chose, maintenant qu'il est plus calme et que le vide s'est fait dans sa tête. De quoi a-t-il envie ? Voilà tellement longtemps qu'il ne s'est pas posé cette question. Ses doigts s'agitent inconsciemment. De nager.
L'eau commence soudainement à envahir la salle. Xion reste inerte. Il sait qu'elle n'est pas vraiment réelle, que ce n'est pas pareil, mais tant pis. Tout va se remplir. Le natif des profondeurs océaniques observe distraitement l'humain. Il est un peu curieux. Va-t-il rester aussi imperturbable alors qu'un torrent plus concret se déverse en ces lieux ? De toute façon, il s'apercevra bien vite qu'il peut respirer et parler sous l'eau en toute normalité. Il va juste être très mouillé.
Xion se laisse flotter sur le dos, il tourne parfois sur lui-même, mais n'a plus la foi de nager, en fin de compte. Il se laisse bercer par sa nouvelle illusion. Il n'a pas changé la constitution de sa prison depuis des années. Tout cela lui rappelle son élément naturel, l'apaise. C'est ce dont il a choisi d'avoir besoin, dans l'immédiat. Ses longues moustaches prennent un peu plus de liberté, venant triturer les bactéries fictives de cet éco-système bien pauvre.
Il penche la tête en arrière, tombant toujours sur cet humain. Bon, il ne peut pas l'ignorer éternellement... Le renard pivote pour s'allonger dans le bon sens. Le bout de ses appendices nerveux s'illumine faiblement. Ils viennent effleurer sa taille, se glissent à l'intérieur de son sac et en sortent le petit objet de bois. N'ayant aucune notion de propriété, Xion l'amène à lui, l'observant en détails plusieurs secondes. Il l'attrape ensuite entre ses pattes et pose sa tête dessus. Son regard se porte sur Geoffrey. Il demande doucement :
Enfin nos regards se rencontrent à nouveau. Peut-être que l'enfant d'Aqua n'est toujours pas prêt à me faire réellement face, mais au moins il ne craint plus mon regard. C'est positif. En me plongeant dans ces yeux dorés, je parviens à effleurer du bout des doigts ce fameux torrent. Mais impossible d'en tirer quoi que ce soit pour l'instant. Non. Pour le moment, je dois rester immobile, stoïque, prêt à sauter dès qu'un appel à l'aide sera lancé.
Quand l'eau commence à envahir la salle, un léger vent de panique souffle sur moi, mais je me ressaisie. Je crois en cet enfant. Il ne me tuera pas, je le sens. Alors je me contente de fermer l'oeil, et attend que l'eau m'ait submergé. La panique enfle encore plus quand je sens le liquide monter, et monter, jusqu'à atteindre les hauteurs de la cellule. Mon souffle m'échappe lentement, sans que je ne puisse rien y faire. Quand au final je n'en peux plus, je me risque à avaler l'eau. Je soupire en comprenant que je peux respirer. Tant mieux, parce que mes vêtements m'auraient maintenus au fond même si j'avais voulu nager.
Je lève la tête vers la créature, qui se laisse porter par son illusion. Elle ne nage même pas réellement, comme si ça n'en valait pas la peine. Je fronce les sourcils, mais ses actions vont de pairs avec son personnage, donc je ne peux me permettre le moindre commentaire. À la place, je la laisse s'installer face à moi, finalement. Ses moustaches viennent fouiller dans mon sac avant d'en sortir ma sculpture de Lucille. Oh...
J'apprécie sa demande, même si pour le coup je n'ai pas grand chose à dire.
« Avec plaisir, si c'est ce que tu veux vraiment entendre. »
J'appuie mes paroles d'un regard entendu, mais ne fais pas d'autre commentaires avant d'enchaîner sur... mon histoire.
« Mon histoire est celle d'un humain, constellé de toutes sortes de couleurs. Je suis né comme fils d'un noble respecté, même si j'ai grandi sur les routes avec ma mère. J'avais vu plus de pays que tous mes camarades lorsque j'ai intégré l'école, mais je ne savais rien de la langue, de l'étiquette, et de toutes ces choses que mon père voulait m'apprendre. On a essayé de me faire croire que mon savoir d'enfant, celui qui s'ouvre sur le monde, était inutile. J'ai appris par moi-même que les seules connaissances qui en valent la peine sont celles qui s'apprennent sur la route. Enfin... J'ai donc suivi le chemin que me traçait mon père, pour servir à ses côtés et aux côtés du Roi. On ne m'a jamais vraiment demandé mon avis, mais j'ai toujours admiré mon père, lorsque j'étais jeune. Maintenant je réalise qu'il n'est rien d'autre qu'un étranger. Un étranger reconnu par la noblesse, mais... rien de plus qu'un inconnu pour sa famille. »
Je caresse doucement le sol, un peu tendu, en me remémorant ces vieux souvenirs. Tout en m'assurant que la créature suit toujours, ou qu'au moins elle en donne l'impression, je continue.
« J'ai été Garde Doré, un rang particulier permettant de servir le Roi et la noblesse. J'ai libéré des demi-dieux, j'ai voyagé, mais j'ai surtout gardé la porte de la chambre du Roi. Puis le Roi a laissé place à son fils, et j'ai suivi mon souverain. Pendant mes années de service, j'ai rencontré Lucille, une fille d'Aqua qui m'a montré son amour du monde, puis son amour des Hommes, et finalement son amour pour moi. Lorsque j'ai quitté la Garde Doré et l'hypocrisie de la Cour, nous nous sommes installé loin de tout, et nous nous sommes mariés. Nous avons vécu ensemble un moment, puis... »
Comment lui expliquer cela ? Je soupire.
« Puis j'ai été moi-même, une fois de trop. J'ai décidé de tout sacrifier pour sauver un monde brillant et plein d'espoir, pour aider ceux qui en ont besoin, et pour me battre du côté de la justice et de la vérité. Lucille avait peur pour moi, et elle a préféré retourner dans sa cellule plutôt que de supporter la vue de ma vieille carcasse se jetant dans une quête impossible et dangereuse. »
Je serre le poing et passe une main contre mon visage. Lentement, mon corps se détend.
« C'est pour cela que j'en suis ici aujourd'hui, dans ta cellule, à te regarder dans les yeux. Toi aussi tu as ce pouvoir de faire un choix, de tout sacrifier pour ce en quoi tu croies. »
Et avec un sourire, je rajoute ce qui me semble essentiel dans la situation de l'enfant perdu.
« Et ce n'est pas un mal que tu ne saches pas encore ce en quoi tu croies. Ce monde, dehors, tu ne le connais pas encore, alors comment pourrais-tu savoir ce qui fait battre ton coeur ? Tu n'as aucune idée de ce qui te ferait sentir bien ou mal... Personne ne te demande de savoir directement ce que tu veux, ou ce que tu cherches... »
Je pose de nouveau mes mains sur mes genoux, dans une posture de sage, et attend patiemment la réaction de l'enfant. Peut-être ai-je été trop direct. C'est souvent mon erreur avec les jeunes. Dès que je cesse de parler en métaphores, ils ne comprennent plus rien, ne veulent plus rien entendre, et s'en vont. Je sais que c'est pour s'éloigner de la vérité et qu'éventuellement mes paroles font leur bout de chemin, mais c'est toujours douloureux de les voir se refermer.