Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
Rang : Reflet Crédit Avatar : squidina Date d'inscription : 15/08/2018 Messages : 301Double Compte : Valion Lameblanche, Qilin Lù, Markus, Rao Liens vers la fiche : Qui j'étais Qui je suis Elément : Métier : Fléau Invocateur : Lagertha Inventaire :
Il croit bien que oui. Les choses qui tourbillonnent dans sa tête n'étant pas bien claires, il a décidé d'en faire abstraction pour l'instant, de se vider les méninges pour laisser un peu de place aux paroles de l'homme en face. Ce dernier lui demande de vivre, alors pourquoi ne pas lui montrer comment il fait, lui ? Une histoire. Xion aime les histoires. Quelqu'un de très très grand, dans ses souvenirs, avait l'habitude de lui raconter les siennes.
Aux premiers mots de l'humain, les parois glaciales se mettent à briller de mille couleurs. Le tableau de sa vie qu'il peint avec douceur s'y reflète, évolue au fil de l'histoire. Avec l'eau qui emplie désormais totalement la pièce, les images sont encore plus vives. Surpris, Xion relève la tête pour les observer. La magie de sa cellule est encore active ? Ce sont les paroles de Geoffrey qui l'animent ? Il pensait que seules les émotions pouvaient donner un reflet.
L'enfant d'Aqua revoit la femme de ses peurs. Elle rayonne dans ce récit, là où son père n'est qu'une ombre. Xion écoute sagement. Il laisse le vieux lui montrer son monde à travers ses yeux. Ses émotions sont inaccessibles de toute façon, alors il se contente de cette vision-là. Et au fond, peut-être, il se demande si ce n'est pas pour le mieux vu son esprit fragile.
La plupart des termes employés par Geoffrey fait écho à des connaissances qu'il ne peut atteindre, mais devine qu'elles sont là, quelque part dans un coin sombre de sa mémoire. Ce nouveau monde ne semble pas si différent de l'univers créé par ses propres enfants. Il avait passé suffisamment de temps à les observer pour comprendre leur fonctionnement sociétal.
Puis la silhouette de Lucille apparaît. Xion sent quelque chose. Il écarquille légèrement les yeux, sans pouvoir les détacher de cette sœur inconnue. Il sait que cela ne vient pas du vieux combattant. Après tout, sans les capacités d'un télépathe il ne pourrait plus le ressentir, l'épreuve s'est fermée à lui. Certes, ce sont les mots qui l'ont réveillé mais l'origine est autre.
Là. Il l'aperçoit. C'est un sentiment dont il n'a aucun souvenir, dont il ne connait plus le nom. Celui que Geoffrey éprouve envers la fille d'Aqua. Le renard pose sa patte sur la sculpture. Il aimerait la voir complète. En face, le roc se fissure légèrement. L'enfant des abysses le voit avec distance. C'est étrange pour lui, de considérer un humain de la sorte, de sa propre position, et non en se mettant à sa place.
Son regard doré reste appuyé sur ce visage abîmé par le temps et la guerre pour les paroles suivantes. Il les entend, les laisse s'imprégner. Quand le fils vaillant termine, Xion se laisse descendre au sol pour s'asseoir. Il observe les roches, pensif, avant de reporter son attention sur son vis-à-vis.
« Le sacrifice est la voie que tu as choisi, humain. Mais... je crois que je comprends. »
Tout un tas de questions lui sont venues pendant cette histoire, mais a-t-il vraiment la curiosité de les poser ? Sans pouvoir le déterminer, il reste dans cet entre-deux calme et reposant, où il n'a ni à éprouver, ni à réfléchir. Quand la folie ne le prend pas dans cette cage, c'est généralement là qu'il se trouve.
Et puis, finalement, n'a-t-il pas déjà les réponses ? Ils vivaient dans la lumière mais Geoffrey est le seul à avoir affronté sa peur. Ils n'ont pas d'enfants, non pas que les demi-dieux en soient techniquement capables, mais il les aurait mentionné. Xion se redresse. L'eau commence à se vider.
« Tu ferais un bon parent. »
Une fois le liquide aqueux magiquement évacué, le demi-dieu s'approche pour déposer soigneusement la sculpture entre ses doigts. Puis, il se recule sensiblement.
« Ferme l’œil. »
D'un souffle puissant, le renard chasse toute l'humidité de la peau et des vêtements du guerrier. Il le contemple pendant de nombreuses secondes, en silence. Ses mains gantées de cuir. Sa cape rouge. Sa longue cicatrice. Sa barbe et ses cheveux blancs. Et enfin ce regard singulier, ambré. Xion se rassoit. Il s'exprime avec calme, d'une voix plus profonde.
« Maintenant pars. Ou je choisirais la facilité de ta mort. »
Je lève mon regard vers l'enfant d'Aqua. Oui, le sacrifice est mon choix, pourtant je ne peux imaginer une vie où le sacrifice n'est pas nécessaire pour poursuivre ce qui pousse chaque être à inlassablement se relever à chaque chute. Ma motivation est le bonheur des autres, mais elle est différente pour chacun. Suis-je fermé de refuser de considérer une vie où la facilité offre un chemin vers n'importe quel objectif ? Je m'apprête à ouvrir la bouche, mais préfère laisser cette énigme planer en moi. Après tout, s'il en vient à sortir, il réalisera bien vite ce que la vie prend en échange de chaque accomplissement.
Ou peut-être pas. Peut-être que cette magnifique créature continuera de vivre dans cette tempête, la camouflant derrière un brouillard épais où sa seule direction est celle qu'on lui indique.
Son autre commentaire, par contre, me touche directement. Je suis déstabilisé, soudainement projeté au coeur de cet océan qui semble s'être apaisé. Je manque de tendre la main vers l'enfant qui s'y trouve, prêt à l'enlacer, mais je me retiens. À la place, j'incline légèrement la tête en remerciement. Je retiens les larmes qui pourraient perler. J'sais pas pourquoi, d'ailleurs, je refoule ces larmes-là. Peut-être parce que je refuse d'accepter cette fatalité ? Celle qui me dit que je n'aurais jamais d'enfant ? Ou peut-être que c'est juste une stupide habitude, celle de refouler mes émotions devant mes élèves. Je sais pas, mais en tout cas ça me prend à la gorge. Les paroles que je lâche, elles viennent du fond du coeur, même si je ne les pèse pas avant.
« J'espère l'être déjà pour les enfants que j'ai choisi. »
Oui. Peut-être que j'serais jamais père, jamais pour de vrai... Mais les enfants comme lui, que je trouve un peu partout, que j'aide et tiens dans mes bras... Pour ces enfants-là, je ferrais tout. Peu importe la distance, peu importe le temps qui s'écoule, peu importe qu'ils se détournent de moi. Je suis et serrais toujours derrière eux pour rattraper leurs faux pas. Je me rappelle du visage de chaque jeune garde que j'ai guidé sur le bon chemin, et je me souviens surtout de ceux qui me sont revenus, des années plus tard, pour me remercier ou me demander conseil. Même maintenant que je suis sur la route, je sais qu'ils peuvent compter sur moi. Un signe et je viendrais en courant, parce que je suis trop faible pour fermer mon coeur à un enfant.
J'ai un rire intérieur en me disant que c'est bien ironique, sachant que j'suis pas particulièrement fan des vrais enfants, ceux en dessous de 16 ans, même si j'peux pas m'empêcher d'vouloir le meilleur pour eux aussi.
Finalement, j'obéis à sa demande et me retrouve tout sec, et Lucille de nouveau entre mes mains.
« Maintenant pars. Ou je choisirais la facilité de ta mort. »
Je relève même pas la menace, pas du tout même. Je me contente de me lever comme si sortir d'ici était la dernière chose que je comptais faire. C'est un peu le cas. Tout en rengainant Hurricane, je fais jouer Lucille dans ma main. Elle est jolie, c'est vrai, mais... Je la repose devant moi. Sans un mot, parce que je ne veux pas lui laisser une chance de refuser. À la place, je me mets à fouiller dans mon sac, et en sors un petit sifflet. C'est l'un des nombreux que j'utilisais pour dresser certains oiseaux. J'en ai bien d'autres, mais celui-ci est une belle pièce. Constitué de bois et de métal, l'alliance des deux matériaux est agréable, et le tout tient au bout d'une ficelle. Je n'oserais pas l'attacher moi-même au cou de l'enfant, mais je veux qu'il puisse le transporter.
« Je reviendrais. Pas dans ta cellule, je comprends que mon temps ici est compté, mais je reviendrais dans ce temple, une fois de temps en temps. S'il advient que tu sortes d'ici, poses la statuette devant ta porte. Je saurais alors que tu es libre. »
Je dis ça comme l'ordre que donnerais un vieux père bourru à son enfant avant que celui-ci ne parte à l'aventure. Je m'agenouille ensuite en face de lui, ne lui laissant toujours pas le temps d'en caser une.
« Et je te donne ce sifflet. Il n'y a pas des centaines de sifflets sur Arcane produisant un son semblable, alors si j'en entends un jouer sa mélodie, j'aurais peut-être l'espoir de te revoir. »
Après avoir déposé le sifflet entre nous, je me relève, et fait volte-face pour me diriger tranquillement vers la porte. Dans un dernier souffle, j'exprime la plus importante des pensées qui me viennent.
« À Selmar, tu trouveras beaucoup de gens qui me connaissent. Si un jour le poids de ce monde te plaque au sol, tu trouveras toujours chez moi un soutien indéfectible. Alors n'oublie pas mon nom... Geoffrey. »
Je lui lance un sourire un peu triste par-dessus mon épaule, envahi d'un mauvais pressentiment, celui qu'on a quand on est sur le point de perdre quelque chose à quoi on tient, et je passe finalement la porte, le laissant avec un simple "À bientôt, enfant d'Aqua dont j'ignore le nom". C'est vrai ça. Il ne m'aura jamais dit son nom. Mais est-ce que ça importe vraiment ? Une fois sorti, je marche un peu, jusqu'à atteindre les grandes marches de l'entrée. L'âme lourde, je me laisse tomber sur l'une d'elle et plonge mon regard vers l'horizon.
J'ai déjà vu tellement d'enfants des dieux refuser mon aide... Mais celui-ci, cette créature au regard de tempête et de torrents enfouis sous une glace vide et sans couleurs... J'ai le coeur qui se serre de plus en plus. Est-ce que je devrais y retourner ? Le forcer à se réveiller ? À me suivre ?
Non, j'ai fait de mon mieux, je lui ai offert un peu de lumière... J'ai fait la seule chose qu'un inconnu peut faire, je lui ai offert une main tendue. Je ne sais pas si ce que je lui ai dit restera, s'il m'oubliera, s'il détruira Lucille, s'il laissera le sifflet dans un coin de sa cellule... Mais peu importe. Seule la vie nous dira ce qu'il en est, et je prie Aqua pour qu'elle laisse son enfant avoir sa chance.
Faîtes que son futur porte les couleurs les plus chatoyantes, et qu'enfin sa cage de glace explose...
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J'espère l'être déjà pour les enfants que j'ai choisi.
Est-ce qu'il souhaite avoir un parent au lieu de son reflet qu'il cherche désespérément ? Un humain façonné par les mêmes créateurs que lui ? N'est-il pas déjà un parent ? A-t-il besoin d'un père ? Cela mériterait des jours et des jours de réflexion pour espérer contrebalancer des années d'enfermement et de déni. Le vaillant n'a, après tout, gratté que la surface de la glace qui l'entoure, mais reste le seul à l'avoir fait.
Ces jours, Xion ne peut les offrir à Geoffrey. Sa conscience est maintenue hors des flots depuis déjà de longues minutes. Il n'en a plus l'habitude. La crise a été évitée par les mots doux et habiles du vieux guerrier, mais l'enfant d'Aqua est épuisé. Bientôt, il n'aura d'autre choix que de laisser place à ses instincts ravageurs pour se reposer. Il anticipe sans le savoir afin de se protéger, lui, mais aussi cet homme. C'est ainsi.
« Maintenant pars. Ou je choisirais la facilité de ta mort. »
L'humain s'active devant lui, réagissant pour une fois avec ses mains et non sa bouche. Il range son arme. Est-ce le signe de son départ ? Il n'a pourtant toujours pas l'air d'accepter les paroles de la créature abyssale. Le regard doré suit les gestes avec minutie. La précieuse statuette et ce qu'il appelle un sifflet, tout en lui expliquant son fonctionnement. Une pensée potentiellement amusée lui traverse l'esprit. Il lui sera sans doute plus facile de communiquer avec des objets qu'avec des mots. Enfin, si ces instructions parviennent à rester ancrées dans sa mémoire. Comme le reste. Son nom. Et ce sourire ténu.
« Geoffrey. »
Xion l'interpelle avant qu'il ne sorte. Pourquoi ? Son cœur se serre imperceptiblement. Cette nouvelle incertitude chante la venue de la tempête. Le vieux s'arrête mais ne se retourne pas. Tant mieux. Il doit partir. Il le faut. Ses pupilles lumineuses se posent sur cette cape rouge sang, une dernière fois. L'enfant d'Aqua se rapproche, lentement. Il a beau être plus grand que l'homme, son corps fébrile est souvent arqué.
Il n'a pas envie qu'il parte. Mais il n'a pas non plus envie de le suivre. Alors, doucement, Xion pose son visage contre le dos vaillant. Il reste ainsi plusieurs secondes et finit même par fermer les yeux, s'abreuvant de sa présence comme il profiterait d'une source pure et éclatante. Il se répète son nom silencieusement avant de souffler longuement. C'est un air lourd et douloureux qu'il expulse de ses poumons. Est-ce là le prix de l'existence ?
« ... Merci. »
Puis il le pousse très légèrement et se retourne. Il ne le regarde pas partir. Il ne veut pas.
Quand le bloc de glace se reforme derrière son passage, Xion relâche sa respiration. Ses côtes lui font mal. Ses yeux fixent un point sombre au loin sans savoir quoi regarder. Sa mâchoire se serre. Au bout d'un temps incalculable d'immobilité et de silence pesant, il se met à faire les cent pas, nerveusement. Il essaie de garder le vide, difficilement. Une pensée s'échappe. Vite. Il s'élance contre l'une des parois de sa cage et tente d'y graver un S, puis un E suivi d'un L. Il sait. C'est à peine visible. Dans quelques minutes, heures, ou jours, la glace magique brillera d'un nouvel éclat.
Ses griffes grattent la roche de manière frénétique. À mesure qu'il parcoure la salle, il finit par marcher sur quelque chose de très fin. Surpris, il contemple le fil sous sa patte puis soulève l'objet y étant toujours accroché. La statuette repose à côté. Xion se calme et s'assoit. Il souffle fort, tentant d'évacuer sa panique. Il manque quelque chose. Quelque chose est parti. Non, ce n'est qu'une illusion. Il est tout seul. Il n'y a personne.
Plaquant son visage contre l'objet de bois, il ferme les yeux. Combien de temps parviendra-t-il à rester calme ? Combien de fois pourra-t-il retrouver des paroles qui ne sont pas les siennes ? Une volonté qui prône son existence ?
Peut-être sont-elles perdues à jamais. Peut-être sont-elles scellées dans les abysses de son inconscient, à l'abri du torrent, attendant sagement que la marée descende pour refaire surface. Des bribes échouées. Inutiles ? Oubliées ? Comme tous ces visages et personnalités de l'ancien monde.
Et pourtant, Xion choisira une enfant elle aussi dévouée au sacrifice.