Le ciel était bleu, la vie était belle, les oiseaux chantaient et les insectes vrombissait dans une cacophonie grave aux tonalités orageuses, rien ne semblait déranger cette journées qui faisait chantonner Gozuitl, fils d'Aer le stupéfiant, qui assistait avec émoi à la naissance de moult larves fragiles auprès d'une reine frelon épuisée, soutenue par son protecteur divin.
Pendant ce temps, dehors, il guidait également - par des signaux graves servant de percussions - par où commencer le butinage afin de ne pas épuiser les plus fragiles de la ruche.
Se furent ses sens qui trahirent l'intrus dans le domaine. Divin comme égal, il dégageait un nectar si étranger et fort que le demi-dieu ailé s'aventura à sa rencontre pour s'enquérir de toutes ces nouvelles informations qui l'émerveillaient.

"Dôôôô la foreeeeeuuuuut ! Pleineuh deuh zinsectes et de polleeeeeeen ! Milleeeeeeeeeuh marvaaaaaailleeeeeux côpagnooooons !"

Le timbre androgyne de sa voix résonnait doucement sans déranger les percussions incessantes de ses mandibules déployées au niveau de sa bouche.
Arrivé à hauteur de son ami le demi-dieu inconnu, il le fixa de ses grands orbites à facettes noirs et finit sa chansonnette personnelle aux sons aussi étranges qu'atonaux.
Puis, d'une voix claire et légèrement aiguë, il parla avec un désir et une curiosité propre à lui-même, gloussant légèrement.

"Bonjour. Huhu ! T'es qui ? ♪"

Alors même que son frère bougeait et parlait, il était dans un état d'émerveillement et d’exaltation tel que ses yeux se seraient encore plus agrandis s'ils avaient pu. Ses petits doigts prirent délicatement place près de sa bouche alors qu'il se délectait de tout ce qu'il vivait. Pareil à un enfant recevant un merveilleux cadeau, il s'approcha doucement en voletant, s'arrêtant à hauteur de la tête du singe qu'il félicita d'une voix à la fois douce et chargée d'émotions.

"Je suis... Gozuitl... Oh ! Amko'Unn... Tu es... Magnifique..! Regarde toi ! Un long corps, des membres souples, une fourrure que je pense si douce ! Oserais-je te demander de la toucher ? Olala, et ces mains, si complexes, si agiles, regarde ! Tu as des doigts ! Hahaha ! Et ces yeux, c nez, cette bouche ! Tu peux vraiment les bouger autant ? Tu as sûrement une langue aussi... Quelle merveille ! Tu es splendide ! Et cette odeur ! Tes fluides, la terre, le sable et un je ne sais quoi d'exotique, c'est tout simplement prodigieux !"

Dévorant son nouvel ami de ses sens, Gozuitl avait commencé à lui tourner autour à très lente vitesse, dessinant chaque forme de ses deux doigts chitineux sans jamais oser toucher la créature qu'il avait peur d'altérer.

Il frétilla de plaisir en contemplant l'état d'éveil de sa nouvelle connaissance divine. Alors qu'il s’apprêtait à plonger ses longs doigts chitineux dans la fourrure épaisse du primate volontaire, celui-ci reprit déjà la parole en évoquant les subtilités qu'offraient le vol en sensations nouvelles.
Plongeant son corps tout entier dans le pelage dorsal, ses ailes vibrant dans une cacophonie enjouée qui écrasait presque le son fluet de sa voix. Se perdant presque dans les sensations chaleureuses sous ses doigts, il réussit tout de même à balbutier quelques mots cohérents.

"Tu ve-... Tu-Tu veux voler... A-hic-vec moi ? Toutdouxtoutdouxtoutdoux..."

Les mots étaient bien trop rapides pour sembler réellement sains d'esprit mais le ressenti de Gozuitl était plus intense que ses barrières mentales, et de loin. Prêt à partir au dessus des arbres avec son chargement, il n'arrivait pas à concevoir un refus de sa part ; sans doute aurait-il du mal à comprendre en restant statique comme un phasme le temps d'analyser l'information... Bah ! Ce n'était pas une inquiétude envisageable pour l'instant de toute façon.